Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Les Paradoxes d’Octave Mirbeau
- Pages: 327 to 331
- Collection: Encounters, n° 376
- Series: Nineteenth century studies, n° 42
Résumés
Franco Fiorentino, « Lesfigures de l’énonciation narrative ou comment peut-on échapper au Naturalisme ? »
Mirbeau entretient un rapport paradoxal à l’égard de l’école zolienne : s’il admire l’œuvre de Zola, il souscrit à de nombreux arguments des détracteurs du Naturalisme qui lui reprochent son matérialisme étroit, sa tendance à rapetisser les histoires et les personnages, etc. Cet article se propose d’étudier les stratégies narratives expérimentées par Mirbeau pour renouveler le modèle romanesque dominant, en s’appuyant sur les exemples successifs de L’Abbé Jules et de quelques contes.
Éric Bordas, « Mirbeau, de l’insistance à la tautologie. Pratiques d’une ironie non humoresque »
Les tautologies sont nombreuses dans les dialogues des récits de Mirbeau, mais il s’avère que l’énonciation narrative et la représentation romanesque sont mises en forme dans des structures de phrases et de diction textuelle qui figurent autrement l’enfermement, le repli sur soi, le ressassement. La tautologie dépasse son statut de figure pour devenir principe de pensée. Loin d’être un élément humoristique satirique, la tautologie serait la forme d’une ironie pessimiste, récusant toute perspective de progrès.
Arnaud Vareille, « Les paradoxes de l’anecdote dans les récits d’Octave Mirbeau »
Genre mineur, l’anecdote a pourtant une riche histoire que poursuit le xixe siècle finissant, grâce à la presse en particulier. Mirbeau n’a cessé de critiquer la faiblesse d’un genre cantonné à l’expression du détail ou borné par l’actualité. Paradoxalement, il en usera de manière systématique dans ses récits des années 1900. Cet article interroge cette contradiction apparente pour en dégager les spécificités polémiques et esthétiques.
328Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Mirbeau lecteur de Bourget. Poétique du roman “psychologique” »
En 1891, les « psychologues » sont présentés par Huret comme l’école « qui a le plus de véritable action sur le public ». Bourget en est alors le maître incontesté. Mirbeau, d’abord séduit par une forme qu’il promeut contre le réductionnisme physiologique de l’école zolienne, prend ensuite ses distances. L’étude de ses relations avec Bourget et la lecture des critiques qu’il formule à son encontre tant dans ses articles que dans son œuvre romanesque, permettent de suivre l’évolution de la poétique du roman psychologique chez Mirbeau.
Loïc Le Sayec, « “Soigner l’ordure par l’ordure”. Mirbeau et l’esthétique du dégoût »
Mirbeau est souvent vu comme un écrivain « dégoûtant », qui ferait de l’obscénité une publicité, mais lui-même ne cesse d’exprimer son dégoût pour une telle littérature. Quel est alors le bon usage du dégoût pour Mirbeau ? Il semble que celui-ci prenne toujours les mêmes formes linguistiques, résolvant le paradoxe de l’obscénité. Le dégoût, consubstantiel à l’écriture, permet de lier thérapie personnelle et critique sociale.
Bertrand Marquer, « Mirbeau et le paradoxe du tiqueur »
En prenant pour appui le discours médical traitant des pathologies du langage, cet article entend dégager la fonction du tic dans quelques romans de Mirbeau. Mis au service de la satire, le tiqueur mirbellien est en particulier l’instrument d’un travail de sape du logos, alors même que les romans de Mirbeau peuvent être considérés comme la somme des indignations (d’abord journalistiques) de l’auteur, et qu’ils véhiculent à ce titre des discours apparemment structurés.
Sarah Brun, « Mirbeau, moraliste farceur. Doxa et paradoxes dans les Farces et moralités »
Critique virulent du théâtre de divertissement, Mirbeau choisit cependant de regrouper ses six pièces en un acte dans un recueil intitulé Farces et moralités. Comment comprendrecette apparente contradiction ? Le recours aux types farcesques permet en fait à Mirbeau de mettre en scène la doxa et 329de dénoncer ses contradictions. Ainsi, grâce au renversement carnavalesque, il transforme le genre médiéval en un discours critique sur les défaillances de la société bourgeoise.
Ludivine Fustin, « Octave Mirbeau. Les paradoxes d’un romancier cynique »
Marchant sur les traces de Pierre Michel qui a révélé la parenté philosophique entre la pensée de Mirbeau et celle des cyniques grecs, nous continuons de dérouler le fil idéologique qui lie le romancier au cynisme. Diogène de Sinope cultivait le paradoxe sous toutes ses formes. Ce dernier sous-tend de la même façon la pensée de Mirbeau comme sa démarche romanesque, toutes deux, fondées sur la pratique de la parrêsia, du franc-parler.
Alain Pagès, « L’entrée en dreyfusisme d’Octave Mirbeau »
Cet article analyse le contenu de l’article publié par Octave Mirbeau dans Le Journal, le 28 novembre 1897, sous le titre : « Chez l’illustre écrivain ». Il s’interroge sur l’engagement du romancier dans l’affaire Dreyfus en montrant son caractère progressif, de l’adhésion à la cause dreyfusarde, dès novembre 1897, à la signature, en janvier 1898, des deux pétitions qui ont soutenu le « J’accuse » de Zola, avant que n’intervienne la rupture avec la rédaction du Journal, en août 1898.
Romain Enriquez, « Le Calvaire de Mirbeau, roman halluciné ? Les paradoxes d’un réalisme psychique »
Le Calvaire de Mirbeau se trouve au carrefour de trois voies d’accès à l’hallucination : l’aliénisme d’Esquirol, la psychologie de Taine et la psychanalyse. Littérairement, ces trois axes correspondent à trois manières d’envisager le « réalisme » qu’on prête au roman : d’abord enfermée dans une sorte de camisole réaliste, l’hallucination devient peu à peu la matière d’un réalisme paradoxal, avant d’être transformée en un discours qui fait accéder à la vie inconsciente du personnage.
Émilie Sermadiras, « L’Abbé Jules, un mystique “à rebours de lui-même” ? »
Farouchement anticlérical, Mirbeau reste néanmoins profondément religieux, au sens culturel du terme : sa pensée est imprégnée par des schèmes 330de pensée chrétiens. L’Abbé Jules apparaît à cet égard comme une œuvre paradoxale. Tout en entreprenant un travail de démystification des normes et des institutions catholiques, le récit est informé par des motifs et des structures empruntés aux discours religieux. Cet article montre comment le roman joue avec les modèles spirituels pour mieux les déjouer.
Éléonore Reverzy, « Célestine reporter. Lecture du Journal d’une femme de chambre »
Pour regarder du côté du faux journal intime dans la tradition du xviiie siècle, Le Journal d’une femme de chambre n’en est pas moins aussi un roman de la presse qui combine les formes mêmes du quotidien. La figure de l’enquêtrice parcourt les milieux sociaux, Paris et la province, pour livrer au lecteur de grands reportages, suivant la méthode du immersion journalism.Ce modèle de l’enquête apparente aussi la fiction mirbellienne au Journal des Goncourt dont la publication contemporaine a fait grand bruit.
Pierre Glaudes, « Biographie animale, conte philosophique, satire… La question du genre dans Dingo »
Dingo se présente comme une biographie animale, mais ressemble plus encore à un conte philosophique, dans la postérité du Cynisme antique et de Diderot, qui fait écho aux idées libertaires et au vitalisme nietzschéen. Mais, en portraiturant un chien en surhomme, Mirbeau vise moins la cohérence d’une doctrine qu’une dénonciation des faiblesses humaines : le récit, dans sa structure, est une satire cherchant moins à séparer le bien du mal, le vrai du faux, qu’à provoquer la décision philosophique sans imposer de vérité.
Jacques Dürrenmatt, « Soleils noirs. Résistance de la peinture (Mirbeau/Monet) »
En 1891, dans un des articles qu’il a consacrés à Claude Monet, Mirbeau s’attarde longuement sur un portrait de la belle fille du peintre, qui frappe par sa différence avec le reste de l’œuvre. Au moyen d’un texte de facture poétique, il montre comment le tableau résiste à l’analyse et suggère, de façon plus ou moins explicite, trois lectures possibles qui sont autant de manières pour lui de s’interroger sur les ressorts d’une création digne de ce nom.
331Cyril Barde, « Octave Mirbeau et l’Art Nouveau. Une aversion intelligente »
Il s’agit d’analyser les ressorts et les procédés de la caricature mirbellienne de l’Art Nouveau telle qu’elle se déploie dans la critique d’art et dans l’œuvre romanesque. Si la fameuse courbe en « coup de fouet » est le signe abréviatif choisi par Mirbeau pour exprimer les multiples paradoxes qui travaillent l’Art Nouveau, l’article montre que la ligne abhorrée resurgit là où on l’attendait le moins, sur le capot de la 628-E8.
Marie-Bernard Bat, « La 628-E8, un adieu aux arts ? »
La 628-E8 s’ouvre sur un adieu aux arts et un hommage à Fernand Charron, inventeur de l’automobile dont la plaque minéralogique donne son titre à l’œuvre. Si la machine devient pour Mirbeau un nouveau principe créateur, ce récit de voyage reste toutefois innervé par les arts. Le regard de l’esthète retrouve dans les paysages les peintres du passé, tandis que la voix du critique d’art continue à défendre les artistes contemporains indépendants.
Marine LeBail, « Octave Mirbeau, bibliophile malgré lui ? »
Le catalogue de la bibliothèque de Mirbeau, dispersée en 1919, permet de se faire une idée non seulement du contenu de cette collection, mais également des principes qui la régissaient : bibliophile de son temps, sensible aux progrès de la reliure et de l’illustration, décidé à faire reconnaître le talent d’auteurs méconnus, on verra ainsi que Mirbeau rejette l’obsession stérile de la rareté pour lui opposer une véritable éthique du livre.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-08702-1
- EAN: 9782406087021
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08702-1.p.0327
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-27-2018
- Language: French