Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Mondes de l’ingénieur en Inde (xixe-xxie siècle)
- Pages : 441 à 444
- Collection : Histoire des techniques, n° 24
Résumés
Charles Gadea et Roland Lardinois, « Introduction »
L’ouvrage s’ouvre par une esquisse des grandes étapes socio-historiques qui marquent la construction de la profession d’ingénieur dont l’émergence, en Inde, est contemporaine de ce que l’on observe en Angleterre ou en France dès la fin du xviiie siècle. L’Inde est même en avance sur sa métropole coloniale en mettant en place, à partir des années 1850, les premières écoles d’ingénieurs qui demeurent, en ce début du xxie siècle, parmi les plus réputées du pays.
Vanessa Caru, « Ingénieurs et mobilité sociale en Inde à l’époque coloniale »
Cet article analyse la mobilité sociale inter et trans-générationnelle permise par l’accès à la profession d’ingénieur des Travaux publics en Inde, à l’époque de la domination britannique, à partir du cas de la province de Bombay. Il étudie les carrières et les origines sociales des ingénieurs, en cherchant à identifier les fractions de la population ayant été en mesure de profiter du développement de cette nouvelle profession.
Charles Gadea, Roland Lardinois et Aparajith Ramnath (avec la collaboration de), « L’impossible clôture du groupe professionnel des ingénieurs indiens »
Au début des années 2000, diverses tentatives sont lancées pour fédérer les associations professionnelles d’ingénieurs, afin d’établir un titre d’ingénieur garanti par l’État, mais elles n’aboutissent pas. Leur échec s’explique notamment par la résistance de la première association généraliste, l’Institution of Engineers (India), établie en 1920, mais aussi par les réticences des entreprises d’informatique représentées par la National Association of Software and Service Companies (NASSCOM).
442Aparajith Ramnath, « La controverse du pont de Howrah »
La conception du pont emblématique de Howrah, inauguré en 1943 afin de relier la ville de Calcutta à Howrah (banlieue industrielle de Calcutta et liaison ferroviaire cruciale), a fait l’objet d’un vif débat pendant près de trois décennies entre ingénieurs, politiciens, fonctionnaires coloniaux et grandes entreprises. Malgré le processus d’indianisation en cours, les ingénieurs indiens n’ont guère joué un rôle prépondérant dans les débats qui entourent sa conception et sa construction.
Roland Lardinois, « Premières femmes ingénieures au milieu du xixe siècle »
Les femmes ingénieures, dans cet univers très masculin, disparaissent souvent de la recherche, en partie parce qu’elles sont très minoritaires, mais aussi en raison de la rareté des documents. En puisant dans quelques autobiographies construites à partir de diverses sources, on retrace les parcours d’une poignée de pionnières, principalement originaires des états de l’Inde du Sud, qui ont surmonté les résistances sociales pour accéder à cette profession, devenant souvent enseignantes.
Ross Bassett, « La fabrique des ingénieurs indiens aux États-Unis »
Cet article s’intéresse au millier d’Indiens qui ont participé aux programmes de formation d’ingénieurs aux États-Unis, au Massachusetts Institute of Technology et à l’université du Michigan, entre 1945 et 1971. À leur retour en Inde, certains d’entre eux ont été partie prenante de développements technologiques nationaux majeurs comme le programme atomique, les débuts de l’industrie informatique mais aussi, plus tragiquement, l’industrie chimique et le grave accident de Bhopal.
Odile Henry et Mathieu Ferry, « Assignation statutaire et valeur sociale des diplômes »
À partir d’une étude approfondie menée sur un IIT, parmi les plus anciens et les plus réputés, cet article analyse les logiques de placement professionnel de ses élèves dans le secteur privé. Il étudie notamment les disparités d’insertion professionnelle des étudiants selon leur filière, leur diplôme, leurs résultats scolaires et leur statut en termes de catégories de réservation. Il tente également de préciser et de contextualiser les logiques d’investissement du marché du travail.
443Aminah Mohammad-Arif, « Les écoles d’ingénieurs musulmanes de Bangalore »
Cet article étudie trois écoles d’ingénieurs créées par des musulmans à Bangalore et dans ses environs qui relèvent du statut « d’institutions pour les minorités ». Il souligne deux contraintes qui pèsent sur la politique éducative de ces écoles : d’une part l’aspiration à améliorer la condition sociale de la « communauté » musulmane et d’autre part, la nécessité de composer avec les impératifs économiques pour survivre dans l’environnement hautement compétitif des écoles d’ingénieurs.
Bérénice Girard, « Un ingénieur contre l’exploitation hydraulique »
G. D. Agrawal, ancien professeur d’ingénierie environnementale, dirigeant retraité de l’agence centrale de l’environnement, se consacre à partir de 2008 à la lutte contre l’exploitation des sources du Gange pour l’hydro-électricité. Son engagement s’inscrit dans deux histoires longues, celle des débats internes à la profession d’ingénieur sur la construction de barrages et centrales hydro-électriques, et celle des controverses sur la planification de ces mêmes structures sur le Gange.
Bérénice Bon, « Des terres et du rail »
Depuis le milieu des années 2000, certains ingénieurs des chemins de fer sont employés dans un organisme chargé de la valorisation du foncier situé au cœur des métropoles. L’ethos du service public, qui anime encore les plus anciens de ces ingénieurs, s’oppose aux valeurs libérales des plus jeunes générations qui voient dans ces nouvelles fonctions des opportunités pour modifier les pratiques de travail, favoriser le recours aux consultants externes et accélérer le rythme de leur carrière.
Balaji Parthasarathy, Amit Prakash et Supriya Dey, « Technologues imaginés ? »
On parle souvent « d’ingénieur en TI », même si les « ingénieurs en informatique » ou software ingénieurs comptent en fait peu de titulaires d’une licence en technologies de l’information (IT). Il s’est en effet creusé, au cours décennies 1985-2015, un fossé entre le système d’éducation formel et les pratiques hétérogènes de l’industrie, à tel point qu’on peut parler à leur 444sujet de « technologues imaginés » pour souligner combien le groupe manque d’homogénéité et de cohésion professionnelle.
Roland Lardinois, « To B.E. or not to B.E. »
Le développement récent du secteur des technologies de l’information a conduit à l’émergence d’un nouveau genre littéraire en Inde, que l’auteur nomme « littérature d’ingénieur ». Cette étude se concentre sur trois des premiers romans de ce genre, deux écrits par des hommes, Chetan Bhagat et Amitabah Bagchi, et le troisième par une femme, Parul A. Mittal, pour interroger la place qu’occupe le métier d’ingénieur dans l’imaginaire des classes urbaines anglophones dont sont issus les trois auteurs.
André Grelon, « Postface »
Au fil de la lecture des études réunies dans ce volume, cette contribution développe une réflexion de synthèse sur l’émergence du groupe professionnel des ingénieurs en Inde et en France, sur ses transformations et sur les singularités qui caractérisent leurs mondes sociaux observés en face à face. Ce faisant, elle dégage de nouveaux axes de recherches dans une visée comparative.
- Thème CLIL : 3378 -- HISTOIRE -- Histoire générale et thématique
- ISBN : 978-2-406-12658-4
- EAN : 9782406126584
- ISSN : 2264-458X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12658-4.p.0441
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 13/04/2022
- Langue : Français