Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Métaphysiques des Lumières
- Pages : 309 à 313
- Collection : Constitution de la modernité, n° 4
Résumés
Didier Ottaviani, « Foi et raison. Remarques autour d’un paradigme métaphysique »
Les métaphysiques se différencient en utilisant des éléments argumentatifs issus des périodes précédentes, puis en les faisant fonctionner dans de nouveaux contextes qui en modifient le sens et la portée. Les rapports entre foi et raison tels qu’ils sont pensés par les Lumières mettent ainsi en œuvre des opérateurs conceptuels hérités des époques précédentes, comme par exemple les arguments averroïstes, dont l’étude permet de comprendre la manière dont se forgent les discours métaphysiques.
Pierre Girard, « “Homo non intelligendo fit omnia”. Vico et la métaphysique poétique »
Vico offre non seulement une redéfinition de la métaphysique en focalisant son regard sur son développement génétique dans les modifications de l’esprit des premiers hommes, mais parvient par là même à la soustraire du champ de la théologie dans lequel l’avait enfermé le parti des anciens. Tout l’intérêt est de montrer que la métaphysique n’est jamais un champ neutre replié sur lui-même et ses valeurs, mais un lieu de confrontation entre plusieurs forces qui tentent de l’investir et de se l’approprier.
Arnaud Milanese, « La critique berkeleyenne de la matière : une dialectique du sens commun et de la métaphysique »
L’immatérialisme de Berkeley semble régler le sort de la matière dès les premières œuvres, comme celui de la métaphysique, fondée sur elle. Mais prendre en compte l’ensemble de l’œuvre montre plutôt que Berkeley reformule le sens de la métaphysique, tout en révélant un dialogue constant avec les sciences telles qu’elles se font. Ce détour s’articule à un soupçon permanent envers les produits de la vie mentale, y compris le sens commun, qui définit in fine la démarche métaphysique de Berkeley.
310Claude Gautier, « Critique de la métaphysique, philosophie première et construction du réel chez Hume »
La complexité et la richesse de la position humienne – quelques-unes de ses difficultés aussi – tiennent dans la tension entre critique de la métaphysique et constitution d’une philosophie première. L’article s’efforce de dessiner certains contours de cette position et des tensions qui la nourrissent. Ce qui permettra également de montrer que ce point de vue aboutit à l’établissement d’un constructivisme : il n’y a pas de connaissance possible du réel en soi ; ce à quoi nous avons accès est le réel pour nous.
Jauffrey Berthier, « Vérité métaphysique et vérité politique chez Edmund Burke. Une critique politique de la raison pure »
La métaphysique pour Burke désigne avant tout un régime particulier de vérité et de rationalité, marqué par l’abstraction et le primat de la raison individuelle et incapable de s’appliquer à la politique. Tel est le fond de la critique de la « métaphysique politique » qu’il propose dans les textes qu’il consacre à la Révolution française ; événement qui manifeste à ses yeux l’incapacité d’une raison métaphysique purement critique à produire les institutions auxquelles aspire le programme des Lumières.
Julie Henry, « Les Lettres IV et V à Serena de John Toland. Une réforme métaphysique de l’éthique spinoziste ? »
Toland, dans ses Lettre à Serena, fait un pas de plus en regard de Tschirnhaus en formulant ce qu’aurait dû être selon lui le fondement du système spinoziste : le mouvement considéré comme inhérent, essentiel à la matière. Est-ce là le principe qui faisait défaut à l’édifice spinoziste ou bien une thèse l’orientant vers une perspective autre ? Autrement dit, Toland met-il en place une réforme du système spinoziste ou bien s’éloigne-t-il de la visée éthique qui était celle de Spinoza ?
Mogens Lærke, « Mendelssohn, Wachter et les origines du Spinoza idéaliste »
Cet article analyse le rapport entre l’interprétation de Spinoza que M. Mendelssohn propose dans les Philosophische Gespräche (1755) et celle que J. G. Wachter développe dans son Elucidarius cabalisticus (1706). Il montre que 311J. G. Wachter est le premier à proposer l’interprétation idéaliste de Spinoza qui, par l’intermédiaire des Philosophische Gesprache, sera déterminante pour le Spinozabild en Allemagne qui domine dès la Pantheismusstreit.
François Duchesneau, « L’ordre naturel selon Needham. Métaphysique et philosophie expérimentale »
John Turberville Needham, philosophe et naturaliste, tire de ses observations sur les zoophytes et les infusoires un système de la nature qu’il expose dans ses Nouvelles Observations microscopiques (1750). Afin de concilier l’épigenèse des corps organiques et le réquisit d’un ordre téléologique immanent, il transpose et adapte des concepts et des arguments de la monadologie leibnizienne.
Daniel Dumouchel, « Johann Georg Sulzer. La psychologie comme “physique de l’âme” »
Cet article présente la psychologie philosophique de Johann Georg Sulzer. Dans un dialogue constant avec Leibniz et Wolff, d’une part, et avec la psychologie expérimentale en émergence, d’autre part, la pensée de Sulzer se veut une « contribution à la physique de l’âme ». Il s’agit de préciser la signification de cette notion et d’en souligner quelques dimensions : « force » de l’âme, aperception de soi-même, « états » de l’âme et explication des paradoxes de la volonté.
Nigel DeSouza, « Deux périodes et métaphysiques de l’Aufklärung. Herder et sa critique de Wolff »
Le sujet de cet article est la critique de la philosophie de Christian Wolff par Johann Gottfried Herder. Il consiste principalement dans l’analyse du texte Ueber Christian Wolfs Schriften (1768) qui porte sur le Discours préliminaire sur la philosophie en général de Wolff. Herder y imagine le remplacement d’une philosophie comme science des possibles qui repose sur une métaphysique statique des essences par une philosophie anthropologique qui commence par une métaphysique dynamique des forces.
312Christian Leduc, « Métaphysique et mathématique chez Lambert. Une réponse à la Preisfrage de 1763 »
L’article porte sur la réponse que rédigea Lambert à la question de 1763 de l’Académie de Berlin sur les évidences mathématique et métaphysique. Elle se résume en deux points principaux : d’une part, la métaphysique accède au même niveau de certitude que les mathématiques, mais doit de surcroît se fonder sur la perception interne et actuelle ; d’autre part, l’ancrage des vérités métaphysiques dans la réflexion en restreint considérablement la portée et semble exclure toute possibilité de téléologie.
Jean-François Goubet, « L’anthropologie, fille de la psychologie rationnelle ou de la psychologie empirique de l’Aufklärung ? Herbart lecteur de Kant et de Wolff »
Herbart, lecteur de Wolff et Kant, poursuit un projet métaphysique inauguré bien avant lui. La psychologie empirique continue d’exister dans sa doctrine en tant qu’anthropologie populaire, via le moment kantien, ce qui l’émancipe de la métaphysique ; la psychologie rationnelle, pour avoir été critiquée par Kant, n’y est pas abolie mais continue d’y survivre sous une forme propre, plus originelle, dans un questionnement sur les réels au fondement tant de la physiologie que de la psychologie.
François Pépin, « La réduction matérialiste de la métaphysique dans les Lumières françaises (Diderot, d’Holbach, La Mettrie) »
Les matérialistes des Lumières françaises radicalisent la critique contre la métaphysique, qu’il s’agisse des systèmes traditionnels ou d’une pratique philosophique jugée trop abstraite et essentialiste. Pourtant, sans défendre exactement une autre métaphysique, opposée doctrinalement mais de nature analogue, ils s’intéressent à certaines ressources métaphysiques. Mais il faut alors réduire la métaphysique à sa juste expression, qui tend paradoxalement vers sa disparition comme domaine autonome.
Mitia Rioux-Beaulne, « Des billevesées de l’une à la sublimité de l’autre. Les métaphysiques de Diderot »
Cet article s’intéresse au traitement de la métaphysique par Diderot. S’il adopte une attitude négative à l’égard de la métaphysique, on se rend vite 313compte que c’est la scolastique qui est visée. Cela sert en fait à faire valoir une autre pratique de la métaphysique, que nous déclinons ici sous trois chefs : une enquête sur les facultés cognitives, un travail spéculatif sur les pratiques artistiques et scientifiques, une réflexion sur les problèmes qui sont aux confins de la connaissance humaine.
Josiane Boulad-Ayoub, « L’aggiornamento de la métaphysique chez l’abbé Bergier et chez Naigeon »
Confrontant le Dictionnaire de théologie (1790-1791) de l’abbé Bergier au Dictionnaire de philosophie ancienne et moderne (1791-1797) de Naigeon, son adversaire explicite, cet article interroge leurs Discours préliminaires respectifs. Il examine ensuite leur exploitation polémique de la philosophie de Spinoza, la critique adressée à Descartes et les oppositions entre quelques entrées conceptuelles communes autour de laquelle se distribuent les déplacements effectués par rapport à la tradition métaphysique.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-06219-6
- EAN : 9782406062196
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06219-6.p.0309
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/10/2016
- Langue : Français