Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Gestes de l’art
- Pages : 273 à 276
- Collection : Fonds Paul-Zumthor, n° 6
Résumés
Yasmina Foehr-Janssens, « L’art comme “désir du geste”. Poésie et gestualité selon Paul Zumthor »
Pour ouvrir le présent ouvrage placé sous l’autorité de Paul Zumthor, nous proposons un rapide parcours dans l’œuvre du savant médiéviste passionné par la présence de la voix dans la poésie et par les expressions du corps et de ses mouvements dans le langage. Pour Zumthor, le geste répond à une norme de convenance plutôt qu’à une codification univoque ; il induit la performance de la poésie jusque dans les modes d’expression littéraires les plus éloignés de toute réalisation physique.
Jean-Yves Tilliette, « Les Mains de l’orateur »
L’actio est l’une des parties constituantes de la rhétorique. Quintilien donne ainsi des indications d’une précision méticuleuse sur la façon dont la gestuelle doit accompagner la parole. Il en ressort que le geste de l’orateur vise moins à traduire de façon redondante ses affects qu’à développer une manière de discours autonome, dont les effets sont d’autant plus puissants sur les émotions de l’auditoire que la « raison des gestes » se situe en-deçà de toute rationalisation.
Guillemette Bolens, « Accorto di sua arte. Les gestes de l’art dans La Divine Comédie de Dante »
Dans Le Purgatoire de la Divine Comédie, Virgile pose ses mains couvertes de rosée sur le visage de Dante. La mise en récit de ce geste remarquable fait jouer un rôle central au mot italien arte. Tout en signifiant « art », le mot arte dans cette scène renvoie également à l’intention qui suscite le geste de Virgile, à la qualité et la facture de ce geste au moment où il s’effectue, puis à l’impact de ce mouvement sur un autrui qui l’anticipe, le comprend et l’accueille.
Laurent Jenny, « Réflexions sur Les gestes de l’art »
Pour penser les gestes de l’art, il peut être utile de les resituer dans le cadre plus général d’une anthropologie des gestes. Le philosophe tchèque Vilém Flusser a proposé une utile taxinomie des gestes en gestes du travail, gestes de la communication et gestes comme « fin en soi ». Mais il montre que ces catégories sont poreuses et que l’art participe des trois.
274Camille Carnaille, « L’art du geste entre esthétique et émotion »
Cette contribution propose d’intégrer le geste émotionnel au rang de l’art des gestes interrogés dans ce volume. S’appuyant sur les études proposées à sa suite, cet article pèse les valeurs du geste de l’émotion, de la monstration au signe, mais aussi de l’artifice, selon une logique esthétique, voire artistique.
Jean-Claude Schmitt, « Paul Zumthor et la question des rythmes »
L’auteur évoque les échanges qu’il a eus avec Paul Zumthor sur l’exemplum et les genres littéraires, les gestes et les rythmes. À partir des litanies, des miniatures et des neumes du Psautier d’Elisabeth de Thuringe (xiiie siècle), il confirme l’intuition de Paul Zumthor concernant le fondement rythmique de la poésie orale et la représentation médiévale de l’espace.
Marielle Macé, «La blessure et son geste »
À travers quelques lectures anthropologiques et poétiques, ce texte explore ce qu’il en est des gestes dans des situations de chute, de blessure ou de maladie. Il oppose deux schématismes du corps, et s’intéresse à des écrivains désireux de penser les gestes non pas comme des images, des signaux ou des postures, mais comme l’engagement d’une capacité, c’est-à-dire aussi d’une incapacité.
Philippe Jousset, « La phrase transitive comme geste. De la grammaire à l’anthropologie »
Si le discours possède une efficience, elle ne s’explique qu’à condition de la relier à des gestes vitaux. Ainsi, la phrase canonique Sujet-Verbe-Objet, qui possède une forte généralité statistique, serait aussi l’expression d’un geste de saisie, formant la structure fondamentale de notre rapport à la réalité. Cette étude conçoit la « littérature » comme une manière d’exploiter le schéma S-V-O, de le varier, le contourner, et d’en jouer.
Isabel Balmori, « Le geste dans la transmission du belcanto entre le xviie et le xixe siècle »
Cet article s’intéresse à l’usage du geste et de la voix chez les chanteurs et chanteuses d’opéra. La lecture des consignes figurant dans les préfaces de partitions ne permet de restituer qu’une partie limitée des gestes de ces artistes et acteurs. En effet, l’apprentissage se fait essentiellement par imitation. Un roman comme Consuelo de George Sand offre une perspective complémentaire d’un grand intérêt.
Dóra Kiss, « Corpus musicale et imaginaire des gestes de la belle danse »
Cet article se réfère largement au volume 27 de L’Encyclopédie méthodique : « Arts académiques, équitation, escrime, danse, et art de nager ». Il développe, en miroir au concept de musica corporis, celui de corpus musicale. 275Harmonieux, le corpus musicale se compose de parties en résonnance les unes avec les autres ; il est particulièrement idéalisé lorsqu’il est dédié à la danse, et pour cause : cette dernière, hormis la musique, n’est-elle pas le plus harmonique des arts ?
Sarah Burkhalter, « Le Corbusier chorégraphe »
À l’appui de dessins, d’écrits et de synopsis, le présent article identifie l’intérêt de Le Corbusier pour la danse et propose de lire la pratique corbuséenne en termes chorégraphiques, où le tracé du geste se conçoit d’entente avec le cheminement corporel dans l’espace. Le Corbusier, en témoin privilégié de la Gymnastique Rythmique d’Émile Jaques-Dalcroze (1865-1950), des Ballets Russes et de Josephine Baker (1906-1975), affiche une sensibilité kinesthésique et un sens chorégraphique certains.
Michel Jarrety, « Valéry Danse Danseuse »
L’intérêt de Valéry pour la danse apparaît très tôt puisque, dès 1901, il songe à un projet de ballet en collaboration avec Claude Debussy et vingt ans plus tard fait paraître un dialogue intitulé L’Âme et la Danse. Les danseuses de Degas sont ensuite évoquées en 1937 dans Degas Danse Dessin et il consacre une conférence à la « Philosophie de la danse ». Philosophie, en effet car il avoue s’ennuyer au spectacle de la danse et préférer y réfléchir.
Darwin Smith, « Les gestes des joueurs de personnages au Moyen Âge. Regards et condensations textuelles »
Par des exemples tirés d’un large corpus de textes dramatiques français de la fin du Moyen Âge, l’article montre l’importance du regard dans le jeu théâtral, ainsi que de différents procédés de formalisation textuelle ou de condensation iconographique de la gestuelle des joueurs. Parmi les exemples présentés : le coup de foudre entre Hélène et Paris dans l’Istoire de la destruction de Troye la Grant de Jaques Milet.
Rosanna Brusegan, « La mesure des gestes. Dario Fo entre Moyen Âge et Modernité »
La fonction principale du théâtre de l’épique préconisé par Dario Fo est de communiquer avec le public pour l’amener à une observation critique de l’actualité. L’acteur s’exprime par une gestuelle stylisée qui récupère la tradition des jeux populaires, de la commedia dell’arte et des jongleurs du Moyen Âge. La mimique de la bouche et des lèvres obéit à une grammaire codée des gestes, tandis qu’une plus grande liberté est accordée aux bras et aux mains.
276Suzanne Liandrat-Guigues, « La conversion au “cinématographe” ou l’art de Robert Bresson »
La conversion au cinématographe pratiquée par Robert Bresson nécessite la mise en œuvre de divers gestes à différents niveaux de la pensée du cinéaste : rhétorique du chiasme dans ses écrits ; emploi du « modèle » opposé au comédien professionnel ; retraitement de scènes d’action. L’attaque d’une banque dans L’Argent (1983) inverse les clichés.
Éric Méchoulan, « “Un geste très simple et très irréparable”. Gestes et dispositifs dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville »
L’enjeu de cette étude est de penser les gestes en rapport avec le dispositif qu’ils produisent et la performance qu’ils engagent à partir de l’analyse du Doulos de Jean-Pierre Melville et de quelques-uns des gestes qui scandent le film (tirer, se raser).
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09412-8
- EAN : 9782406094128
- ISSN : 2425-9799
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09412-8.p.0273
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/04/2020
- Langue : Français