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- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Les Errances de frère Félix, pèlerin en Terre sainte, en Arabie et en Égypte. Tome V. Traités 4 (fin) et 5
- Pages : 7 à 9
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 40
Chapitre d’ouvrage : 1/12 Suivant
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Le cinquième tome des Errances de frère Félix contient la fin du monumental traité 4, consacré au pèlerinage à Jérusalem, ainsi que le traité 5 relatant les événements du mois d’août. Il couvre donc la période du 20 juillet au 24 août 1483 (fo 210 b-255 a)1.
Le 20 juillet, après la baignade au Jourdain, les pèlerins prennent le chemin du retour vers Jérusalem, occasion pour l’auteur de brosser avec beaucoup de vivacité et de réalisme les sentiers dangereux au bord des précipices, les démêlés avec des Arabes leur bloquant la route, le courage admirable des vieilles femmes qui les accompagnent et qui relèguent même les chevaliers parmi les pleutres, et la nuit passée à même le sol au milieu des pierres, des serpents, des scorpions et des « poux du Pharaon » (fo 210 b-212 a). Pendant la remontée vers la cité sainte, les pèlerins croisent de nouveaux lieux bibliques : l’endroit où l’ange Gabriel apparut à Marie, le château de Baurim où Séméi maudit le roi David, le village de Béthanie avec la maison de Marie-Madeleine, de sainte Marthe, de Simon le lépreux et le tombeau de Lazare, puis le village de prêtres de Bethphagé (fo 212 b-215 a). Le soir du 21 juillet, les pèlerins entrent pour la troisième fois au Saint-Sépulcre pour y passer la nuit : frère Félix en profite pour dénoncer avec virulence « ces pèlerins sans sentiments ni discipline », occupés à manger, à boire ou à rire, à discuter des vains problèmes du monde, à commercer avec les marchands, ou, pire encore, à inscrire leurs noms ou leurs armoiries sur les murs du temple (fo 215 b-218 a). Le 22 juillet vient le jour de la séparation entre ceux qui vont quitter Jérusalem et ceux qui vont rester pour entreprendre le pèlerinage au mont Sinaï selon les termes d’un contrat dont Fabri prend soin de transcrire fidèlement les douze articles (fo 218 a-219 a). Puis il évoque en des pages émues le départ de ses compagnons et seigneurs 8vers leur patrie, les pleurs au moment de la séparation et les peines et les malheurs rencontrés par ceux-ci sur le chemin du retour (fo 219 b-221 b). La fin du traité 4 décrit les préparatifs avant le départ pour le Sinaï, la répartition des pèlerins en trois compagnies et les diverses occupations du 23 au 31 juillet (fo 222 a-224 b).
Le départ pour le mont Sinaï n’ayant lieu que le 25 août, frère Félix donne, dans un cinquième traité, le récit des journées d’attente (fo 225 a-255 a). Pour ne pas rester dans l’oisiveté, les pèlerins reprennent les visites de Jérusalem et l’auteur revient sur le passé biblique et antique de la ville. Le 7 août, Fabri s’aventure même seul au pied du mont Sion pour visiter les jardins du roi, la piscine de Siloé, le torrent du Cédron, puis le mont de l’Offense où se dressait jadis un temple à Moloch et la pyramide de Josaphat, un petit périple dont il rentra « couvert de sueur et accablé de chaleur » et dont l’audace surprit le père gardien et tous les frères du mont Sion (fo 231 a-234 a). Le 11 août, après des pourparlers longs et difficiles, les pèlerins partent pour la mer Morte, voyage qui inspire à l’auteur une longue méditation sur le sort de Sodome, une description du monastère de saint Sabba et de celui de saint Jérôme, la relation d’une « aventure plaisante arrivée à FFF », contée avec suspense et humour et suivie d’une petite digression savante sur les coléoptères, et enfin une évocation des régions alentour (fo 234a-246 a). Le 15 août, Félix Fabri fait un « voyage solitaire à Bethléem », accompagné toutefois de deux frères du mont Sion, et découvre des lieux vers lesquels les pèlerins ne sont en général pas conduits : jardin des délices dans le village de Béthyr, bassins du roi Salomon, source où Philippe baptisa un Éthiopien. Différentes visites occupent ensuite les pèlerins jusqu’à la dernière nuit passée, du 23 au 24 août, au Saint-Sépulcre.
On sent clairement dans les dernières pages s’accroître le sentiment que l’attente à Jérusalem, ville pourtant bénie et vénérée, prend presque les allures d’une insupportable détention et monter l’impatience du départ, une impatience que finit par partager le lecteur. Mais, comme pour lui faire encore mieux ressentir le poids de l’attente, Fabri annonce dans la dernière phrase du traité 5 que le moment du départ ne viendra qu’après une description des deux temples et de la cité de Jérusalem, objet du dernier traité de la première partie (traité 6). Il n’en donne pas moins pour le lecteur pressé qui ne voudrait point attendre plus longtemps le numéro du folio de la deuxième partie où le départ enfin sera raconté.
9Sur les principes d’édition, nous renvoyons le lecteur aux explications données dans le premier tome2. Nous tenons ici à remercier une de mes anciennes étudiantes, Noémie Gilberti, qui avait jadis donné, dans le cadre de son mémoire de Master 1, une traduction des fo 221 a à 232 a, dont nous avons tiré profit.
Jean Meyers
1 Le texte latin édité ici correspond aux p. 76-199 du tome II dans l’édition de Hassler : Fratris Felicis Evagatorium in Terrae Sanctae, Arabiae et Egypti Peregrinationem, éd. C. D. Hassler, Stuttgart (« Bibliothek des Literarischen Vereins », 3), 1843, t. II.
2 Cf. t. I, p. 63-65. Je profite de cette note pour signaler que sur le manuscrit d’Ulm et sur ses différentes copies, on peut aujourd’hui consulter le beau livre de K. Beebe, Pilgrim and Preacher. The Audiences and Observant Spirituality of Friar Felix Fabri (1437/8-1502), Oxford, 2014, p. 132-140 (chap. : « Latin Evagatorium Manuscripts »).
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-05955-4
- EAN : 9782406059554
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05955-4.p.0007
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 27/08/2017
- Langue : Français