Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Convertis : parcours religieux, parcours politiques. Tome I. Période moderne
- Pages : 293 à 298
- Collection : Constitution de la modernité, n° 2
Résumés
Pierre Gisel, « Convertis et conversions. Quelques remarques en guise d’ouverture »
La conversion est inscrite dans bien des traditions religieuses. S’y cristallise toute une gamme de questions. Touchant la radicalité de la décision religieuse pour commencer, donc son rapport au non-religieux – le civil et le politique – aussi bien qu’aux autres choix religieux. Touchant ensuite les manières de se situer par rapport à un présent donné, à un passé dont on entend se couper et à un avenir qui s’ouvre, meilleur ou enfin bon.
Pierre-Jean Souriac, « Fidélité et conversion chez les chefs de guerre protestants au début du xviie siècle »
Le parti protestant eut à cœur, à partir de 1598, de donner à son institution politique centrale, l’assemblée générale, les moyens de surveiller et contrôler les nobles de province qui assuraient en son nom et en celui du roi un gouvernement militaire sur une place forte. Ce contrôle visait à garantir l’unité du parti pour lui conserver son potentiel militaire et faire perdurer une pression sur les catholiques du royaume tout autant que sur le roi.
Mathilde Monge, « Les enjeux de la conversion dans une région pluri-religieuse. Parcours de convertis en Rhénanie du Nord (xvie-xviie siècles) »
La configuration religieuse de la Rhénanie du Nord rappelait beaucoup celle des Provinces-Unies ou de la Frise orientale. À partir de quelques témoignages de passages s’étant déroulés dans une région pluri-religieuse au xvie et xviie siècle, dont Gérald Chaix a pu dire que la frontière confessionnelle y était « introuvable », la communication interroge la manière dont le passage d’une communauté de foi à l’autre a pu s’articuler avec les multiples liens et influences qui parcouraient le tissu social.
Monique Weis, « Les catholiques anglais face à la conversion. Parcours et représentations au xvie siècle »
Devenus une minorité confessionnelle, les catholiques anglais sont confrontés à partir du milieu du xvie siècle aux défis de la conversion sous plusieurs aspects. Par la « Mission d’Angleterre », les plus engagés d’entre eux cherchent à convertir au catholicisme leurs compatriotes hésitants. En parallèle, les catholiques anglais font l’objet de tentatives de conversion de la part de l’Église d’État qui a tout un appareil législatif et socioculturel à son service et qui se repose sur une hiérarchie efficace.
Axelle Chassagnette, « Sciences et cultures confessionnelles. Le parcours de Philipp Apian (1531-1589), mathématicien allemand entre catholicisme, luthéranisme et “crypto-calvinisme” »
Philipp Apian est connu pour la réalisation d’une grande carte de la Bavière et de ses territoires pour le duc Albrecht V. Il est accusé d’hérésie et banni des territoires catholiques de l’Empire. Il obtient en 1569 la chaire de mathématiques de l’université de Tübingen. En 1580, il doit quitter ses fonctions après avoir refusé de signer la Formule de concorde luthérienne. Ce parcours témoigne de la fluidité des définitions confessionnelles dans le Saint Empire dans la seconde moitié du xvie siècle.
Julien Léonard, « Nicolas Anthoine (vers 1602-1632). Un converti encombrant dans le contexte de l’affirmation des identités confessionnelles »
Nicolas Anthoine, né catholique en Lorraine vers 1602, converti au protestantisme réformé à Metz, devenu pasteur et exécuté à Genève le 20 avril 1632 pour avoir professé une foi présentée comme du judaïsme est une énigme de la période de l’affirmation des identités confessionnelles. Son cas est connu par les sources judiciaires et normatives, qui présentent sa version des faits, mais qui montrent surtout qu’il pose bien des difficultés à des autorités ecclésiastiques qui tentent de discipliner et d’encadrer.
Boris Klein, « De l’irénisme luthérien au catholicisme. Réflexion sur le parcours d’un universitaire et diplomate dans l’Empire au xviie siècle »
Né en 1624, Heinrich-Julius Blume obtient très jeune une chaire universitaire à Helmstedt, grâce à la protection du théologien Georges Calixte, chef de file des irénistes luthériens. Au terme d’un séjour en Italie, le jeune professeur choisit pourtant de se convertir au catholicisme, puis poursuit une carrière de conseiller et de diplomate à Mayence. Si cette conversion-rupture a déjà fait l’objet de nombreux commentaires, certains éléments du contexte semblent avoir été sous-estimés.
Corinne Marchal, « Paul Pellisson-Fontanier (1624-1693). Une conversion “pour l’avancement de la religion et la gloire du roi” »
Paul Pellisson avait déjà obtenu la reconnaissance du souverain en tant qu’historien et qu’historiographe du roi, lorsqu’il abjura le protestantisme le 8 octobre 1670. Dès lors, ce courtisan exemplaire ne se dévoua plus seulement au service du roi, mais de Dieu : il fut chargé de l’administration de la caisse des conversions dès novembre 1676, puis s’illustra comme controversiste, publiant de 1686 à 1692 quatre traités polémiques dans lesquels il inséra à chaque fois un éloge de Louis XIV.
Véronique Castagnet-Lars, « Six parcours politiques de convertis imprimés par Simon Millanges de 1594 à 1622 »
Entre 1594 et 1622, Simon Millanges, imprimeur bordelais (1572-1623), publie dix récits de conversion. Il apparaît comme le principal acteur de la diffusion de ces imprimés au cours de la période moderne. Leur étude propose une réflexion sur l’introduction d’une dimension politique dans les récits de conversion : la carrière, les fonctions, le rang du converti ; sa participation aux guerres de religion ; l’acceptation ou le refus des honneurs entre le temps de la conversion et celui de sa publication.
Yves Krumenacker, « La conversion de Théodore de Bèze. Réflexions sur les récits de conversion des réformateurs »
Dans la préface de sa Profession de foi, Bèze raconte comment il s’est converti et est allé suivre le Christ à Genève. L’analyse de ce texte permet de mettre
au jour les topoi des récits de conversion des réformateurs. En confrontant ce texte à d’autres récits, l’étude examine ce que la toute première génération de la Réforme appelle conversion et se demande quel est le rôle que jouent ces textes dans la diffusion de la Réforme.
Stefano Simiz, « Récits de conversion et figures de convertis dans les sermons du Grand Siècle »
Présenter les plus célèbres conversions en chaire, celles de Paul et d’Augustin, c’est notamment en étudier les récits directs et indirects qui s’en sont fait l’écho. Les prédicateurs du Grand Siècle en charge de ces sermons hagiographiques offrent un genre de relecture bien singulier, partagé entre la nécessité de rendre compte d’une aventure, celle de raconter un processus de conversion, sans omettre le devoir de dégager une leçon accessible aux auditoires et lectorats contemporains.
Éric Suire, « L’argument politique dans les récits de conversion français du xviie siècle »
Les récits de conversion privilégient les arguments théologiques quand ils abordent les motifs du changement de religion de leurs protagonistes. Mais l’argument politique s’avère bien présent dans les 37 récits consultés, avec des différences en fonction de la qualité du converti et de la période considérée. Plus on s’avance dans le xviie siècle, et plus l’adhésion au catholicisme s’accompagne de l’adhésion à la monarchie absolue, tandis que la foi réformée est dénoncée comme un vecteur de désobéissance civile.
Nicolas Richard, « Convertis ou ralliés ? D’anciens pasteurs devenus curés dans la Bohême de la Contre-Réforme (décennies 1620-1630) »
Le ralliement à l’Église catholique d’une douzaine de prédicants à Prague en septembre 1621 pose une série de problèmes. Les sources permettent de n’en traiter que certains – et non par exemple celui de la part globale des anciens prédicants dans le clergé de la Contre-Réforme. Cette contribution analyse la nature de ce mouvement, une conversion plutôt qu’un ralliement. Elle étudie ensuite deux scandales provoqués par des ralliés et évalue enfin leur place dans le clergé de l’archidiocèse.
Didier Boisson, « La mise en scène de la conversion au catholicisme des pasteurs au temps de l’édit de Nantes »
Sous le régime de l’édit de Nantes, l’Église catholique met en scène la conversion des pasteurs réformés au catholicisme. À partir de l’exemple de pasteurs de l’Anjou et du Maine qui abjurent en 1683, l’article met en avant plusieurs étapes : annonce de la conversion auprès de la communauté réformée, abjuration devant un évêque dans une église cathédrale, respect du rituel, mention de la conversion d’autres personnes qui imitent le pasteur, publication de récits de conversion et d’autres ouvrages de controverse.
Luc Daireaux, « Le choix de la conversion. Les pasteurs face à la révocation de l’édit de Nantes »
L’édit de Fontainebleau de 1685 tente de favoriser la conversion des pasteurs à la religion catholique. Si une majorité des ministres du royaume choisit l’exil, certains abjurent la « Religion prétendue réformée ». Dès la fin du xviiie siècle, l’historiographie du protestantisme préfère stigmatiser ceux qui ont trahi « la cause » pour devenir pensionnaires du clergé catholique. La communication revient sur le nombre et le profil des pasteurs apostats et envisage les motivations et la sincérité des conversions.
Stéphane Gomis, « Entre abjuration et coexistence confessionnelle ? Le droit canonique et royal face aux unions entre catholiques et protestants (France, xviiie siècle) »
La question des « mariages bigarrés » dévoile que les dispositions canoniques sont fidèles à la vision thomiste de la diversité de religion. Si l’union entre baptisés revêt un caractère de validité, elle n’en est pas moins illicite. Pour le prince, ces mariages sont à proscrire. Pour autant, en 1787, l’État finit par reconnaître la cohabitation en un même individu de deux natures : un être dans la capacité de disposer de sa liberté de conscience ; un sujet fidèle au lien d’obéissance qui l’attache à son prince.
Daniel Tollet, « Le messie peut-il se convertir ? Les pseudo-conversions de Jakob Frank au milieu et à la fin du xviiie siècle »
L’activité religieuse de Jakob Frank a connu des phases successives qui furent autant d’étapes dans sa recherche permanente de pouvoir, d’argent et de liberté sexuelle. D’abord il est parvenu à prendre la direction du mouvement sabbataïste. Sa longue détention à Czȩstochowa lui fournit l’occasion de préciser une théosophie qui justifie sa volonté d’abolir la Loi et ses multiples conversions à l’islam et au christianisme. En réalité, le frankisme est devenu une secte conduite par un gourou avide et débauché.
Paul Chopelin, « Les récits de conversion au catholicisme et leurs usages politiques sous la Révolution française »
La Révolution de 1789 fut l’occasion idéale de « rechristianiser » le pays. Pour les partisans de l’Église constitutionnelle, l’établissement de la démocratie et de la république, participe à la réalisation des promesses de l’Évangile. Mais le clergé réfractaire voit dans les événements politiques les effets d’une punition providentielle qui nécessite la conversion des Français. Pour les adversaires de la Révolution, la conversion religieuse des nobles incrédules marque l’ère du rétablissement de l’ordre légitime.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-05796-3
- EAN : 9782406057963
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05796-3.p.0293
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 27/06/2016
- Langue : Français