Un fil ténu, pour qui s’en souvient (car voici déjà trente ans passés), se dégageait du sillon, à mesure que le biseau tranchait, et nous le poussions délicatement vers le centre où il s’enroulait tout seul, en pelote, en chignon. C’était bien comme une chevelure de filasse, ce résidu qu’on jetait sans vergogne, sans même reconnaître que, négatif du sillon, il aurait pu aussi bien, lui aussi, reformer ou reformuler la symphonie, ainsi tissée au fil des Parques1…
1 Pierre Schaeffer, « La musique et le pétrole » (1977), in De la musique concrète à la musique même, Mémoire du livre, 2001, p 54.