Résumés des contributions
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Primitivisme des avant-gardes littéraires
- Pages : 297 à 300
- Collection : Rencontres, n° 595
- Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 46
Résumés des contributions
Christine Le Quellec Cottier et Antonio Rodriguez, « Préface. Une esthétique primitiviste face à la pluralité des avant-gardes littéraires »
Le « primitivisme » suscite aujourd’hui des réserves face à un modèle foncièrement asymétrique, même s’il a été un ressourcement pour les avant-gardes qui puisaient dans les marges de l’imaginaire social. Les apports et les écarts du primitivisme littéraire sont à cartographier au xxe siècle, car cette esthétique ne naît pas d’une relation directe à un autre modèle original, « primitif », mais investit une multitude d’objets, de traditions, de styles ou de thèmes, à situer contextuellement.
Isabelle Krzywkowski, « “Bardes du futur” et “primitifs d’une nouvelle sensibilité”. Le primitivisme et le temps des avant-gardes historiques »
S’il est vrai que la notion de « primitivisme » est dans une certaine mesure anachronique, le terme permet de nommer efficacement un faisceau d’aspirations que les avant-gardes historiques associent au « primitif ». Ce dernier peut être redéfini par cette extension, qui accompagne une volonté de rouvrir l’histoire et de penser autrement le temps. Ainsi, loin de s’opposer au « moderne », le primitivisme forme avec lui une polarité fondamentale pour comprendre les avant-gardes.
Antonio Rodriguez, « Les réseaux du primitivisme face au “canon” littéraire national »
Les poètes modernistes sont plus enclins à adopter un imaginaire primitiviste que les romanciers. Cette tendance souligne l’étroite collaboration des poètes avec les milieux de l’art, par des livres d’artiste notamment, et elle se conjugue à la volonté de transformer le patrimoine littéraire national, de renouveler l’esthétique des genres par-delà les valeurs qui les constituent. Il 298est donc nécessaire de comprendre le « primitivisme littéraire » à Paris par les réseaux spécifiques qu’il implique.
Émilien Sermier, « De vive voix. Reviviscences modernistes du “conteur” »
Face aux sensibilités primitivistes et à rebours de la littérature-texte, les poètes modernistes régénèrent la figure immémoriale et démiurgique du conteur. Quelques années avant que Walter Benjamin ne déplore la disparition du Erzähler à l’âge des « temps modernes », de nombreux écrivains revalorisent des énonciations incarnées. Ainsi élaborent-ils des récits, non plus « oralisés », mais vocalisés.
Nadejda Magnenat, « Cinéma “primitif”, muse poétique. Une dynamique primitiviste entre poètes et films au début du xxe siècle »
En considérant le primitivisme comme une relation dynamique toujours située, l’article explore les enjeux poétiques des premiers films et le ressourcement esthétique qu’ils ont pu engendrer pour des poètes précurseurs de la modernité tels Pierre Reverdy ou André Salmon. En partant des débats historiographiques sur le terme « primitif » accolé à cette période des premiers temps du cinéma, l’article tisse des relations diachroniques et synchroniques entre poésies de poètes et premiers films.
Christine Le Quellec Cottier, « Formes et fonctions au sein des avant-gardes littéraires. Un paradoxe primitiviste au début des années 1920 ? »
La sensibilité primitiviste des artistes ne semble plus un cadre de pensée performant au début de 1920. Le primitivisme incarne le rejet des normes, mais il est aussi, par « la pureté et la netteté » de ses formes, une voie empruntée par le fameux retour à l’ordre qui va marquer tant les idéologies que les arts industriels. Cette dualité en forme de paradoxe – arrachement neutralisation – sera interrogée afin d’en dégager des enjeux littéraires, en relisant l’œuvre primitiviste de Cendrars.
299Souleymane Bachir Diagne, « Le Primitivisme aujourd’hui, un monde à repenser ? Entretien »
« L’art africain », un art non mimétique selon Senghor, est confronté aux démarches de l’avant-garde française, au début du xxe siècle, décentrée par cet intérêt à un langage plastique méconnu. Les Européens sont transformés par le contact à des objets performatifs ; la relation est une médiation qui n’est pas appropriation. Mais utiliser de nos jours le mot « primitivisme » doit se faire en mesurant les sensibilités culturelles et politiques.
Bacary Sarr, « De Carl Einstein et Blaise Cendrars à Léopold Sédar Senghor. Entre convergences esthétiques et débats artistiques sur le primitivisme et la littérature négro-africaine »
Cette étude examine d’abord les interfaces qu’ouvrent les postures esthétiques littéraires de Senghor, Carl Einstein et Blaise Cendrars quant aux formes et originalité que prend « l’alternative culturelle négro-africaine » dans un contexte historique traversé par la « crise nègre ». Les trois postures différentes permettront d’interroger, en deuxième lieu, les contours que prendrait un « primitivisme littéraire et artistique » dans leurs écrits sur l’Afrique.
Jehanne Denogent, « Les “Poèmes nègres” par Tristan Tzara et le mythe du primitivisme »
Primitivismes : une invention moderne de Philippe Dagen constitue un des derniers ouvrages d’une longue trajectoire critique. Or, le terme de « primitivisme », très peu employé par les avant-gardes elles-mêmes, n’est pas qu’une « invention moderne », mais aussi une invention des historiens de l’art et de la littérature. À partir des éditions du dossier de « Poèmes nègres » par Tristan Tzara, cet article propose une réflexion critique sur la notion de primitivisme.
Delphine Rumeau, « Primitivismes transatlantiques. Longfellow contre Whitman »
L’idée d’une poésie primitiviste peut être comprise à partir des échanges transatlantiques qui ont constitué un réseau de pensée « primitiviste ». La fascination pour un Homère primitif a nourri la poésie américaine du milieu du xixe siècle, puis, en retour, au début du xxe siècle, cette poésie américaine 300a fourni à l’Europe des paradigmes alternatifs du primitif. L’article met en regard les poésies de Longfellow et de Whitman, modèles contrastés, ainsi que leurs réceptions européennes.
Laura Laborie, « Primitivisme ramuzien et expérience phénoménologique »
En mettant en parallèle l’univers poétique primitiviste de Ramuz et la phénoménologie telle que l’a théorisée Merleau-Ponty, cet article montre comment une semblable compréhension du monde réunit l’écrivain vaudois et le philosophe. À la recherche de substrats sensoriels originaires qui échappent à la raison et qui redéfinissent la nature du langage, les deux auteurs enrichissent notre vision du primitivisme moderne, dont il s’agit de préciser les caractéristiques majeures.
Estela Ocampo, « Primitivisme artistique et performances féministes »
Pour l’esprit colonialiste du xixe siècle, le « monde noir » était associé à une sexualité débridée. En métropole, son équivalent était la femme sexuée, la prostituée. Au début du xxe siècle, ce duo prostituée/colonisée sert d’élément de confrontation. Les femmes artistes (Hannah Höch, Carole Schneemann, Ana Mendieta, Louise Bourgeois, Guerrilla Girls), avec une intention féministe, utilisent principalement le primitivisme dans leur critique des stéréotypes et pour une affirmation de la création.
Serge Linarès, « L’écriture à rebours. Michaux, Dotremont, Blaine »
La modernité poétique de langue française, jugeant le système alphabétique trop arbitraire et abstrait, se forge volontiers un imaginaire des écritures archaïques. En attestent trois cas distincts : Michaux dont l’activité graphique doit beaucoup à l’utopie d’une « préécriture pictographique » ; Dotremont croit encore aux possibilités de travailler l’alphabet au corps ; enfin, Blaine se garde de réduire la performance à l’époque contemporaine et l’arrime aux prémices de l’écriture.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-15120-3
- EAN : 9782406151203
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15120-3.p.0297
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/09/2023
- Langue : Français