Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Geste autobiographique. Écrire sa vie (xviie-xviiie siècles)
- Pages : 323 à 327
- Collection : Rencontres, n° 523
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 38
Résumés
Christine Hammann-Décoppet et Marilina Gianico, « Introduction. Gestes autobiographiques : pratiques disséminées et “moi” partiels »
Le partage générique entre autobiographie et mémoires – et la définition même de l’autobiographie comme genre – sont aujourd’hui questionnés par la critique : la découverte des écrits du for privé et les entrelacs inextricables entre moi privé et moi public dans les textes suggèrent l’utilité d’une nouvelle cartographie des écritures de soi, incluant des œuvres et des genres qui, aux marges de l’autobiographie, offrent au regard les contours d’un geste, plus que d’un genre, autobiographique.
Marc Hersant, « Disséminations autobiographiques »
Longtemps la critique a différencié les Mémoires, genre voué à la représentation d’un moi social, au théâtre de l’Histoire, de l’autobiographie, destinée à saisir les replis de l’intimité et les variations du moi. Or, à considérer les textes d’Ancien régime, de Montaigne à Sade, cette opposition générique s’estompe pour laisser entrevoir la présence, disséminée dans des textes divers, d’éclats autobiographiques.
Philippe Lejeune, « Aux origines du journal personnel. Synopsis »
Présentation d’une recherche en archives visant à éclairer l’émergence d’une nouvelle pratique, la tenue d’un journal personnel ou intime en France à partir des années 1750. Introduction à la lecture du synopsis présentant une trentaine de cas dans le volume publié en 2016 chez Champion, Aux origines du journal personnel, France, 1750-1815.
324Agnès Cousson, « Écriture de l’histoire et écriture de soi. Les Mémoires de Port-Royal »
Les relations des religieuses de Port-Royal autour de la vie de leur première abbesse reformée, qui participe malgré elle à l’entreprise mémorielle, échappent à l’impersonnalité formelle et thématique attendue au couvent, régi par des règles strictes qui limitent les possibilités narratives et stylistiques du récit rétrospectif. Or, un rapport intime à l’écriture se noue dans ces récits de commande, infléchissant les textes vers des formes d’autobiographie qu’il faudra définir.
Yolanda Viñas del Palacio, « “C’est peu de chose qu’on opine mon orgueil”. Enjeux de l’écriture illuminée d’Antoinette Bourignon »
Antoinette Bourignon écrit, sur injonction divine, deux récits autobiographiques qui retracent sa conversion. Peu après sa mort, son disciple Pierre Poiret lui consacre une biographie où ses gestes et paroles paraissent d’autant plus admirables qu’ils font écho à ceux des plus illustres saints et des plus grands prophètes. L’étude rend compte de la rupture qu’Antoinette Bourignon pense cependant incarner, en analysant ses autoportraits et les retouches de Poiret.
Mathilde Mougin, « Les variations de l’intimité dans les récits de voyage de Montaigne et Jean-Baptiste Tavernier »
La dimension intime des récits de voyage ne va pas de soi, à une époque où la vocation documentaire du genre prédomine. Cette étude est consacrée à l’étude des notations personnelles de deux récits de voyage que la modalité terrestre du déplacement rapproche en dépit du siècle et de la destination qui les séparent. Il s’agira d’interroger la frontière entre la dimension documentaire du texte et sa part de témoignage privé en statuant sur le degré d’intimité de plusieurs énoncés personnels.
Stéphanie Bernier-Tomas, « Écrire sa vie d’aventurier sous l’Ancien Régime »
Manifestant un paradigme de tensions dans l’expression de soi, L’Histoire d’Alexandre-Olivier Oexmelin et le Journal de Jacques Raveneau de Lussan ont moins pour finalité de restituer le parcours d’un individu que de brosser les mœurs marginales et subversives du monde de la flibuste. Ces textes 325« amphibies » promeuvent un moi testimonial et auctorial, véritable être de langage dont la parole vise moins la narration cohérente d’un passé que la lente acquisition d’une identité, celle d’un sujet, voire d’une communauté.
Camille Kerbaol, « Méandres de l’intime dans le Journal de mon voyage en Amérique du comte de Charlus »
Le comte de Charlus a laissé un manuscrit remarquable par son statut de chainon manquant entre la « littérature grise » des journaux de bord et l’écriture du journal personnel, si ce n’est intime. D’où une errance tant formelle que thématique, le récit de voyage proposé se substituant à la description de la société des officiers de marine. La violence de cette peinture pose d’autant plus question que le texte est adressé au « plus tendre des pères », qui est également le ministre de la Marine…
Jacques Berchtold, « Guerre et Paix dans les Confessions de J.-J. Rousseau »
Dans les Confessions, Rousseau rapporte les événements à la connaissance de soi et à la révélation de la nature de la Paix, sur les plans de l’anthropologie et de la philosophie politique. L’ouvrage se présente comme mémoire explicatif du processus ayant conduit à la révélation de la juste théorie de la paix et offre à comprendre comment le penseur a produit une configuration d’œuvres décisives sur l’instauration de la paix. Un certain nombre de motifs et d’intertextes représentent autant de signaux décisifs.
Christine Hammann-Décoppet, « Descartes dans les Rêveries du promeneur solitaire. Méditation, méthode et écriture de soi »
Les Rêveries sont au croisement de plusieurs formes de l’écriture de soi dont la méditation. L’étude s’attache à mettre en valeur l’importance et les enjeux de l’intertexte cartésien dans cette œuvre, envisageant de quelle manière Rousseau réinvestit dans son autobiographie intellectuelle les étapes de la méthode, et dans la série des Promenades le cheminement des Méditations métaphysiques, offrant ainsi une réévaluation des conditions de possibilité de la connaissance de soi et d’autrui.
326Marilina Gianico, « Converser avec son âme. Le désir autobiographique de Rousseau au prisme de l’heuristique malebranchienne »
Considérée comme un jalon de l’histoire des écritures de soi, l’œuvre de Rousseau n’a de cesse de ressasser l’expérience individuelle et d’en faire le point départ d’une recherche des universels. La quête éthique qui la sous-tend procède de la clarification des mécanismes de la connaissance et l’écriture autobiographique devient observation scientifique de l’intime (le « baromètre de l’âme »). L’heuristique qui en résulte se rapproche des thèses malebranchiennes de la Recherche de la vérité.
Camille Caparos, « Un écrit à cœur ouvert. La correspondance d’une noblesse provençale au xviiie siècle »
Françoise de Robert d’Escragnolle (1724-après 1792) entretient pendant vingt ans une correspondance avec son époux Alexandre, capitaine de cavalerie. Abandonnée à la tête d’une seigneurie de montagnes, elle utilise abondamment la plume et dépeint le quotidien tourmenté d’une petite noble provençale au siècle des Lumières. La spontanéité, la liberté d’expression et l’intimité de ses missives tendent à interroger la limite entre genre épistolaire et écriture autobiographique.
Valentine Dussueil, « Les “fragments de vie” dans les Mémoires judiciaires de Beaumarchais »
Beaumarchais utilisa ses mémoires judiciaires pour écrire, selon ses propres termes, le « roman » de « [s]a vie ». Il tira profit d’une évolution du genre qui accordait plus de place à la subjectivité, dans la seconde moitié du siècle et qui s’inspirait des formes du récit à la première personne. Ces fragments d’écriture de soi se retrouvent disséminés dans son théâtre et dans sa correspondance et l’on peut se demander si l’œuvre judiciaire ne constituait pas un laboratoire de l’écriture de soi.
327Cyril Frances, « “Les autres admirent mon courage, mais ils ne connaissent pas mes jouissances”. Exposition et repli du moi dans les Mémoires de Manon Roland »
Les Mémoires de Mme Roland décrivent une paradoxale entreprise de repli introspectif et d’exposition héroïque de soi. Écrit intime et auto-destiné autant que vigoureuse adresse à la postérité, ils témoignent de la manière dont l’écriture fut pour l’auteur le moyen de transformer l’emprisonnement en une expérience de ressaisie et d’affirmation du moi.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12060-5
- EAN : 9782406120605
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12060-5.p.0323
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 24/11/2021
- Langue : Français