Lexique de Dorimon et de De Villiers
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Le Festin de Pierre avant Molière. Dorimon, De Villiers, Scénario des italiens
- Pages : 277 à 332
- Réimpression de l’édition de : 1988
- Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 62
289
LEXIQUE
DE
DORIMON ET DE DE VILLIERS t
A, dans, D. 579 734, 918, 1460, 1~1~; V. Iq3, 200, 479, 614, 694, 753, 8q 2, 111, 1~~4. Cf. Haase, Syz:taxe française, I2I A.
— contre, V. ¢82. Cf. Livet, Lexiqzze de la langue de Molière, I, 13, no 22, et notamment l'exemple de Malherbe.
r. J'ai fait figurer dans ce Lexique tous les termes et tours tombés aujourd'hui en désuétude. J'ai consulté, pour le rédiger, les dictionnaires du xvtl° siècle :Nicot, Furetiére, Richelet, Dictionnaire de l'Académie (r6g¢); les C:ariositès françoises d'Ondin; le Dictionnaire comique~de Le Roux; les dictionnaires de Lacurne de Sainte-Palaye et de Godefroy, de Littré, de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas. Pour les grammairiens, je me suis adressé â Vaugelas, Remarquer sur la Langue Françoise, édit. Chassang, Paris, r88o; â Bouhours, Remarques nouvelles sur la Langue Françoise, Paris, r6gg ; â A. Haase, Syntaxe frastçaise du xvu° siècle, tra- duite par M. Obert, Paris, r8g8.
J'ai emprunté des exemples : x° aux grands écrivains du xvn° siècle, et, dans ce cas, j'ai tiré généralement mes citations des dictionnaires cités plus haut ou des lexiques spéciaux de Marty-Laveaux et de Livet.
z° â un dépouillement qu'il m'a paru utile de faire moi-méme, en l'absence de tout lexique, d'un certain nombre d'écrivains secondaires du xvn° siècle, et plus particulièrement d'auteurs comiques. Je me suis adressé aux textes suivants : Sorel, Histoire comique de Fra~uion; Théâtre de Cyrano de Bergerac, Scarron, Chevalier, Hauteroche, Montfleury, Poisson, Boursault, Quinault, Dancourt; Thomas Corneille, Comédies ;
La Fontaine, le Florentin.
J'indique par D. les références ~ Dorimon, par V. celles â de Villiers; le numéro qui suit ces abréviations renvoie au numéro du vers.
Sauf indication contraire, j'ai employé, quand il y avait lieu, pour les auteurs du xvn°siècle, les éditions de la collection des Grands Écrivains.
290 2]ô DORIMON ET DE VILLIERS
— avec, V. S96r 99z-
- en : d mesnze temps, V. 681.
— sous, D. 1158. Cf. Boileau, Art poétigzze, I, v. ;; :
Ara joug de la raison sans peine elle fléchit.
— sur, V. qob. Cf. Moliére, Don Garcie, I, t
Bien que l'on pat avoir des sentiments tout autres,
C'est au Prince, Madame, i se régler aux vStres.
— pour, marquant le but, V. 616. Cf. Haase, o. c., § I23 s. — pour, après un adjectif: bon aacx Dames, V. 1281. Cf. Haase, o. c., § I25 D.
— de : c'est d votes d, V. 1666. Cf. Haase, o. c., § I24, rem. n1.
— au point de : un tymbre feslé, d laisser échapper..., V. I 142- 1143. Cf. Boursault, Fables d'Ésope, III, 5 :
Quand on me croiroit noble à faire du fracas.
— de : après oublier, D. 740-741. Cf. Corneille, Sophonisbe,
IV, 5 :
Le trouble de vos sens, dont vous n'êtes plus maître,
Vous a fait oublier, Seigneur, à me connoitre.
Cf. Haase, o. c., § 124 B, et Vaugelas, Remarques nouvelles sur la Langzee Françoise, II, 42 S
— de, devant un infinitif, après menacer, V. Io68. Cf. Haase, o. c., § Iz4, qui ne cite cependant pas d'exemples avec le verbe menacer.
— vers : avance à nzoy, V. 648. Cf. Haase, o. c., §lao s.
ABANDONNEMENT, action de laisser quelqu'un àlui-même, et non pas état de celui qui est laissé àlui-méme, D. 289. Cf.
Bourdaloue, Pensées (cité par Littré) «Vous devriez vous attendre, de la part du ciel, d un funeste abandonnemezzt.
ABISMER, au propre, D. 1861 ; au figuré, D. 743. Emploi neutre, fréquent encore au sens propre, mais vieilli au figuré. Cf. Garnier, M. Antoine, II, v. 577 :
Jà jâ prest d'abysmer, helas 1 que diroit-on ?
Cf. aussi Haase, o. c., § 61.
291 LEXIQUE 279
ABORD, arrivée, approche, D. 161 ; V. I2o1. Cf. Molière, Tartu,~e, III, 5
Nous allons régaler, mon pére, votre abord D'un incident...
Chevalier, Soldat poltron, sc. 1
Cherchons l'objet de mes amours.
—Monsieur, je l'aperçois qui sort.
— Ah ! que de joie â cet abord !
Id., Pédagogue amoureux, I, 4
On reçoit votre abord d'un si vilain minois,
Qu'on vous donne congé dés la premiére fois.
ABORD (D'), aussit6t, V. 1403. Cf. Livet, o. c., et Boursault, Fables d'Ésope, III, 5
Il ouvre le bec pour chanter
Et d'abord le fromage tombe.
Id., Ésope à Za cour, IV, t
De son hideux aspect on est d'abord frappé.
ABORDER, approcher, V. 651. Cf. Vaugelas, Quinte Curce, (Littré) : « Le mur qui étoit avancé dans la mer... empéchoit qu'on ne pût en aborder.
ABSOLU, assuré, certain, D. 575. Cf. Malherbe, Traduction du Traité des Bienfaits de Sénéque, chop. xxv : « ... Et déjà vain-
queur absolu plantât ses drapeaux sur les portes. »
— absolus, maîtres absolus, V. 638. Cf. Corneille, Cid, II, i
Mais songez que les rois veulent être absolus.
Scarron, Dan Japhet d'Arménie, I, t
II a voulu
Paroitre en son village, ot~ faisant l'absolu...
Id., Fausse apparence, I, 1
...Que tu vis tes desirs sur les miens absolu.
ACCOMMODEMENT (FAIRE UN), céder contre argent, D. 824. Le verbe s'accommoder se trouve chez Molière, Sicilien, sc. ~, avec un sens analogue : « J'ai instruit quelques esclaves qui voudroient
292 2ô0 DORIMON ET DE VILLIERS
bien trouver un maître qui se plût à ces choses... je voudrois vous prier de les voir et de les entendre, pour les acheter, s'ils vous plaisent, ou pour leur enseigner quelqu'un de vos amis qui vou- lût s'en accommoder. »
Accord du verbe avec l'attribut et non avec le sujet, D. go, 1389• Cf. Haase, o. c., § 63, rem. t.
— avec plusieurs sujets coordonnés
I~ Verbe au singulier, les sujets étant, le premier au pluriel, le second au singulier, et tous deux étant réunis par zzi, D. 481- 482 ; V. 1483-1484. Cf. Haase, o. c., § 146, rem. u.
z~ Verbe au singulier, les sujets étant réunis par la conjonction et et formant un tout complet, D. 1616, I q4o. Cf. Haase, § 146.
3~ Verbe au singulier, le sujet étant un adverbe construit avec le partitif de suivi de plusieurs notns au pluriel, D. gIs-g1~. Cf. Haase, § 63, rem. II.
ACHEVER DE PEINDRE, ajouter Uri nouveau mal, D. 1730. Cf.
Scarron, Virgile tz•avesti, édit. Iyos, II, p. zz
Et lors, pour Pacbever de peizrdre,
Cloantltus est prest de l'atteindre.
Saint—Amant, ~zcvres, Biblioth. Elzév., I, p. 470
Et pour m'acl~erer de peindre
Un furoncle me vient.
Cf. Livet, Lexiq:ee de la lang ue de Molière, art. achevé; Lacunie de Sainte-Palaye, citant une définition de H. Estienne, Apologie pour Herodote, chap. xI; Oudin, Curiasitésfrançoises.
AcTlox, mouvement du corps, V. 6z5. Cf. Descartes, Traité des Passions de l'âme, II, 1 t 3 « Il n'y a aucune passion que quelque particulière action des yeux ne déclare. » —Sorel, Fz-anciozz, XII : «Dans ces pays, une simple oeillade ou une petite action en disent souvent davantage que les plus longs entretiens. »
ADIEU, faire à quelqu'un son adieu, le tuer, D. 36. Je n'ai pas rencontré d'autre exetnple de ce sens. Cf. cependant Le Roux,
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Dictionnaire comique : «Adieu vous dis, c'est fait de lui. Pour dire qu'un homme se meurt. u
Adjectif possessif : Ma fidélité (vous songiez encor à), m'@tre fidéle, D. 100 ; Nostre piège (ils cherchent), le piège que nous tendons, D, 58z ; Postre vengeance (cherche), à vous venger, D. 1641. Son supplice (appreste), le supplice qu'il inflige, D. 126.
— omis, D. ~z4.
AFFLIGER, aU pYOpre, maltraiter, D. zyz, 1~g6. Cf. Bossuet, Discours sur l'Histoire universelle, I, ri : «L'Église fut cruelle- ment a~ïigée en Perse. »
AFFRONTER, tromper impudelnment, D. Iz13. « Ce changeur m'a affronté : il m'a donné de la monnoye qui est fausse. » (Fure- tiére). Cf. Scarron, jodelet duelliste, IV, 3
Je suis donc allé voir tantSt sa Dorothée,
Que pour vous affronter il avoit apostée.
— outrager, V. 656, 8g1. Cf. Th. Corneille, Illustres enne- mis, I, 4
Et l'on voit rarement qu'un vieillard qu'on affronte
Sur un autre qu'un Fils puisse épandre sa honte.
Id., ibid.,IV, g
Par des gens apostés il m'a fait affronter.
— affronteter est fréquent chez Scarron et Sorel, Francion.
AGE, vie, V. g8~. Cf. Chevalier, Pédagogue amoureux, I, 3
C'est avoir grand dessein de devenir cornard,
Que s'aller justement é la fin de son âge
Embarrasser encor dedans le mariage.
ALLEGEANCE, soulagement, D. 334; V. 439• C£ Moliére, Étourdi, II, ;
...Quand ses déplaisirs prendront quelque allégeance.
ALUMELLI:, la lame de l'épée, V. 636. Richelet constate qu' « il a un peu vieilli et n'est pas si usité que le mot de lame ».
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AMOUR, au féminin, V. g2, 140. En 164q, Vaugelas déclare que ce mot est féminin. En 162, il constate qu'en prose il est toujours masculin, qu'en poésie il est encore des deux genres. Cf. Montfleury, Femme jute et partie, II, 6 (1668)
Esclave d'une amour que vous avez fait mitre.
Scarron le fait féminin, Th. Corneille des deux genres.
ANTIPATHIE, objet d'antipathie, V. 1168 ; par analogie avec amour, objet d'amour.
APPARENCE, motif plausible, raison, V. 420. Cf. Boileau, Satire x
S'effrayer d'un péril qui n'a point d'appnreuce.
APPARENTE, qui attire l'attention, V. 447. Cf. L. Racine,
Rem. szcr l'Odyssée, ~ (Dictionnaire général) : «Les plus apparents
des Phéaques ». Cf. aussi Boursault, Mercure galant, V, ~
Et ton papier volant, tel que tu le délivres,
Étant vu de messieurs, trois des plus nppare~ats
Réduisirent le tout âtrente-quatre francs.
APPLATIR, s'aplatir, D. 1432. Pour l'omission du pronom régime, cf. Haase, o. c., § 61.
APPROCHER, transitif, D. 1231. Cf. Haase, o. c., § 59.
APRÉS, gagner quelque chose après quelqu'un, D. 368. Cf. Molière, Georges Dandin, III, 6: « La pendarde s'est retirée, voyant qu'elle ne gagnoit rien après moi. » Cf. aussi Haase, o. c., § 132 D, rem.
Article défini mis pour un adjectif démonstratif, V. Iyo2 ; mis pour un adjectif possessif, D. 1339 ; V. 122y, 164, 1793• Cf. Haase, o. c., § 3o c, rem. 1.
— omis : 1~ devant un nom concret : sur table, V. 1379 ; dames de Cour, D. 1160. Cf. Haase, § 28 A.
20 devant un nom abstrait personnifié ou note : amo:cr, D. 26, sy, Ioo; ; raat:cre, D. 866, 12os, 1232 ; dans les expressions
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par raison, D. 236, par douleur, V. 873, par cozzrage et valleur, D. g~o, avoir droit, D. 3, 4z2, avoir jalousie, D. Iog8. Cf. Haase, §28setE.
Article irzdéji~zi omis : 1~ devant un complément direct : faire folie. D. 6z6 ;faire largesse, D. 633 ;avoir bon jugement, D. 6gz ; tenir étole surnatzzrelle, D. 1742. Cf. Haase, o. c., § 57 c.
z~ aprés une préposition :par pz•édiction, V. 1436. Cf. Haase,
§ 57 D.
3 ~ devant même, D. 3 S
4~ devant autre, D. 64. Cf. Haase, § S^ II, rem. I.
S~ devant l'attribut de c'est, D. 1420. Cf. Haase, § S~ E.
6~ devant tel, D. Io33. Cf. Haase, § S9 II.
ASSEURANCE, sureté, D. Io6. Cf. Corneille, Nicomède, V, I Pourras-tu dans son lit dormir en assurance 1
La Fontaine, Florentin, sc. 1
Encor ne la croit-il pas trop en assizz•azzce.
ASSEUREMENT, avec assurance, V. 146. Cf. Corneille, Polyeucte, II, 6
Qui marche assuz•éznent n'a point peur de tomber.
ASSIGNATION, rendez-vous, D. gg ; V. 1688. Cf. Tallemant, Historiettes, Femmes vaillantes : «Une fois elle appela en duel un gentilhomme qui étoit en réputation de brave : il se trouva à l'assigzzation... » —Scarron, Don Japhet d'Arznézzie, IV, 2
Japhet à sa fen@tre en conversation
Doit passer cette nuit par ass::gnation.
ASSURÉ, sùr, certain, D. glg. Cf. Molière, Don Juazz, I, 3 « Il est assuré que je ne suis parti que pour vous fuir. » —Sorel, Francion, XII : « De là il tiroit des conséquences assurées. u
ASSURER (5'~ DE, avoir confiance en, D. g. Cf. Corneille, Rodo- gune, III, 1
...Assurez-vous de l'amour des deux princes.
296 2ô4 DORIMON ET DE VILLIERS
Quinault, Mére coquette, II, 2
Non, je puis m'assurer de son obéissance.
ATTEINTE, coup, D. X81, 136; ; V. 155. Cf. Moliére, Fouz•be— ries de Scapin, I, 3 : «Ces nouvelles m'ont donné une atteizee cruelle. » —Scarron, Jodelet, II, r4
Ce maudit éperon m'a blessé d'une attei~ate.
— SENSIBLES ATTEINTES, V. S7z. Cf. Scarron, Marquis ridicule,
IV, I
Si vous eussiez ouï ses amoureuses plaintes,
Votre coeur en eût eu de sensibles atteintes.
AucvN, personne, D, 1~z1. Cf. Haase, o. c., § ço B, rem. II_ — AucuNEs, au pluriel, D. 1574. Cf. Haase, § So B, rem. III.
AUTANT QIIE, tant que, aussi longtemps que, V. IIz4. Cf.
Corneille, Horace, III, 6
Ils ont vu Rome libre a:etant qu'ils ont vécu.
AVIS ~HTRE SANS, être incapable de donner un conseil, D. çg6. Cf. une expression analogue chez Th. Corneille, Galand doublé, I, 2 : « Étre sans compliment. »
Auxiliaire commun â deux participes passés coordonnés, l'un neutre, l'autre actif, V. 168E-1689. Cf. Haase, o. c., § 149.
AVOIR, impér. prés. 3e pers. a~~e, en z syllabes, D. 814, 943: 1395, ISOI, Iço6. Cf. Hauteroche, Souper mal apprêté, sc. 6: Eh l mon Dieu l lâ-dessus n'aye point de souci.
BALOIIRDE, au masculin, D. IZ1~. Furetiére donne les deux genres.
BANDER ~SE~, tendre ses forces, D. z91. Çf. Malherbe, Lettres
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à divers, 40, t. IV, p. 87) : « Se bander contre les volontés du prince. » —Scarron, Jodelet, IV, Io
Mais que tous mes malheurs, et présents et passés, Se ba~:dent contre moi.
BEL AVOIR) ATTENDRE, ironiquement, avoir un grand avan- tage àattendre, V. 1447•
BENIN, favorable, bienveillant, D. dso, Idoo. Cf. Corneille, Théodore, V, 3
Un astre plus Benin vient d'éclairer tes jours.
Boursault, Fables d'Ésope, III, 3
Honorez, s'il se peut, objet charmant et doux,
D'un regard plus Benin votre futur époux.
BERLU>:: AVOIR LA), V. 143z. «Berluë, éblouïssement de la vuë par une trop grande lumiere, qui fait voir long-temps après les objets d'une autre couleur qu'ils ne sont. » (Furetière). Cf. Quinault, Ansant indiscret, IV, 8:
Vous rêvez, vous rêvez ;vous avez la Berluë.
Chevalier, Amours de Calotin, III, 3
Puis que cette Beauté se montre a vostre veuë, Si vous ne la voyez, vous avez la Berluë.
BIEN, bonheur, D. z9, 77~ 848, 1766 ; V. 803. Cf. Scarron, Jodelet, III, g
le bien qu'aura celui qui sera votre époux.
— LE BIEN DE, l'avantage de, D. 56, 1317 ; V. 4q;. Cf. Livet, o. c., et Scarron, Don Japhet d'Armdnie, III, 17
Monsieur, si le bien de vous voir
A causé votre mal, j'en suis au désespoir.
Poisson, Fous divertissans, III, 11
j'eus le bien
De servir quatre mois un grand magicien.
Boursault, Ésope à la Cour, V, 7
Si jamais mon service eut le bie~t de vous plaire.
298 2$ô DORIMON ET DE VILLIERS
BIZARRE, bourru, qui a l'humeur chagrine, D. ~Sç. Richelet et Furetière donnent ce sens. Cf. aussi Dancourt, Chevalier à la mode, I, y : « Elle a un pére extrêmement bizarre, à ce qu'elle m'a dit. u
BLESSÉ ~ESPRIT~, folie, D. 294. Cf. Scarron, Ennemis gé~:é-
reux, III, 4
D. FÉLIx.
Il ne me manquoit donc, pour combler mon malheur,
Que ta raison blessée auta.tnt que mon honneur.
D. PGDRE.
Mon pére, ma raison ne fut jamais plus saine.
Box—xoMME, vieillard, D. 736. Cf. Corneille, Don Sanche,V, 4 Les comtes font traîner ce bm:hamzxe en prison.
Montfleury, Dame médecin, I, 6
...Ne craignez rien, le bozzhamzne est en ville.
Scarron, Jodelet, IV, 1
Le bonhoznme n'est pas si facile â tromper.
Th. Corneille, Galand dozzblé, V, 2
Madame, le bonhomme est dans la galerie.
BoNxessE, calme de la mer, D. logo. Employé plus générale- ment au figuré, ici au propre. Cf. Corneille, Médée, IV, 1 Comme cette beauté, pour lui toute de glace,
Sur les bords de la mer contemploit la bazzace.
BOUTADEUX, capricieux, D. 1368 ; cf. Le Roux, Dictionnaire comique.
BRANLER, employé absolument, remuer, V. 414, 653. Cf. Cyrano, Pédant joué, lI, 4: «L'autre jour encore, les Polonois enlevèrent bien la Princesse Marie en plein jour â l'h8te1 de Nevers, sans que personne osât branler. u — Hauteroche, Souper mal apprêté, sc. 3 : « VALÉRE, regardant Philipin qui ne bra~ale pas. » —Chevalier, Soldat poltron, sc. 2
Coquin, branle, ayes•en l'audace.
299 LEXIQUE 2ô %
BRAVE, élégant, bien vétu, V. 1184. Cf. Th. Corneille, (~aland doublé, V, 3
Et vous enrageriez cent fois tout votre saoul,
Quand vous me verriez brave, et n'auriez pas le sou.
Chevalier, Avantures de Nuit, II, 6
Et pourroit-on voix Lise et si leste et si brave
Sans qu'au mesure moment on devient son esclave ?
Sorel, Francion, XII : « Le lendemain chacun se fit brave, pour assister au mariage. » Cf. aussi Livet, o. c.
BRAVERIE, bravoure, V. I S 36. Oudin (1642) enregistre encore ce mot que ne donnent ni Richelet, ni Furetière, ni même Nicot. On le trouve chez Malherbe (I, 3 Sy), mais avec le sens de « bravade » : «Une bande de femmes équipées... en amazones lui firent, de braverie, une salve de mousquetades. »
BRAV'HOMhfE, homme brave, D. ~ 13. Cf. Corneille, Cid, IV, 5
Le Comte eut de l'audace; il l'en a su punir:
Il l'a fait en brave homme et le doit maintenir.
BRUIT, querelle, D. q80. «Ces deux cavaliers ont eu ensemble quelque bruit. » (Furetière). — Cf. Molière, École des femmes, i, 1
...Lb-dessus nous n'aurons point de bruit.
Dancourt, Chevalier d la mode, II, 1 : «Est-ce que tu n'étois pas avec elle ce matin, quand elle a eu bruit avec cette femme de qualité ? »
BRUTAL, substantif, V. 46q, 849. Cf. Corneille, Polyeucte, III, S
Albin, comme est-il mort? — En brutal, en impie.
Th. Corneille, Don César d'Avalos, II, 1
J'apperçois un brutal qui chagrinoit deux Dames.
Chevalier, Soldat (poltron, sc. i
Toute cette moralité
Le fait passer pour hébété,
Pour un brutal, pour un stupide.
Ci. plus baS i,APRICIEUX et VULGAIRE.
300 2ôô DORIMON ET DE VILLIERS
BRUTALITÉ, D. 199 ; V. 493• Cf. la définition de La Bruyére (citée par Livet, I, 3oç) : « La brutalité est une... dureté et j'ose dire une férocité qui se rencontre dans nos manières d'agir, et passe m@me jusqu'à nos paroles. »
CADENCE, chute, au sens propre, V. 14ao. — Je ne trouve ce sens dans aucun dictionnaire du xvlle siècle. Le Dictionnaire général le donne en citant : 1 S4o, Guillaume Michel, dans Del- boulle, Recueil.
CAGE, prison, D. 498. Familier au xvll~ siècle. Cf. La Fontaine, Rémois, v. 206
Nos gens sortent de cage.
Scarron, Ennemis généreux, IV, 2
L'avocat fit pourtant rompre le mariage,
Et, sans mes bons amis, j'étois longtemps en cage.
CAPRICIEUX, substantif, V. ç 1 ~. Cf. Livet, o. c., art. adjectif, n~ 1 z. Cf. aussi Th. Corneille, Don César d'Avalos, I, 4 : « un ridicule » ; Sorel, Francion, III : « un rustiq:ee ».
CAPRIOLE (LA), saut en l'air fait par les danseurs dans une figure de la gaillarde, V. 1618. Furetière écrit cabriole; Ménage dit que l'usage était pour cabriole.
CARRAUX, traits de la foudre, D. 31ç, IIo6; V. 8ç1. Cf.
Corneille, Suré~aa, V, ç
Ciel, pour qui gardes-tu tes carrea+ix embrasés ?
CAS RÉSERVÉ, circonstance rare, qui ne se produira pas, D. zoo. « On appelle cas reservex les pechez dont il n'y a que l'Evesque ou le Pape qui puissent absoudre. On dit prou. d'une chose dont on fait mystere et que l'on veut faire valoir par ce moyen, que c'est un cas reservé. » (Académie, 1694).
CASTOR, chapeau en feutre fait de poils de castor, V. Iog6.
Cf. Corneille, Galerie du Palais, I, ~
Des gants, des baudriers, des rubans, des cnstors.
301 LEXIQUE 2ôj
CE cY, V. 405 446. Cf. Moliére, Aaazphitryon, I, 2
Quel diable d'homme est ce ci?
CE DITES-VOUS, V. 1339. Vaugelas constate cet emploi de ce et le condamne comme une négligence. Il est fréquent chez Molière. C£ Livet, o. c., art. ce.
CERVELLE (METTRE EN), mettre en inquiétude, V. 5 3 ç. Cf. Cyrano, Pédant joué, I, i : « Je voulus dépêtrer la nature de ces Dieutelets, dont l'insolence la anettoit en cervelle. » — Th. Corneille, Galand doublé, I, 1
Votre retardement le tient bien eaz cervelle.
Pour cet italianisme, cf. aussi Livet, o. c., art. cervelle et la curieuse citation de H. Estienne.
CHAMPS (Aux), hors ville, d'une façon générale, et non pas seulement à la campagne, D. 733. Cf. Furetiére : « Au pluriel, se dit par opposition à ce qui est enfermé dans les villes. »
CHARMES, puissance magique, D. ggo. Cf. Livet, o. c. CINQ PAS (LEs), figure de la gaillarde, V. 16zo.
CLIMAT, au singulier, pays, V. 1302. Cf. Corneille, Poésies diverses, I.xlx, t. X, p. 194: « ... Un clirraat fécond en glorieux exploits. »
COMME, comment, D. 46, X68, 1488. Cf. Haase, o. c., § 43 E.
CoNc1.vRE, résoudre, décider, D. 1349. Cf. Chevalier, Péda- gog:ze amoazreux, II, 5
J'y suis donc préparé, si le Ciel l'a conclu.
Th. Corneille, Inconnu, IV, i
L'Inconnu seul vous touche, et ma perte est cozzclui.
CONDUITE, art de conduire les choses, esprit de suite, D. 8a ; V. 164, I i i6. Cf. Moliére, Manants ma; nifaques, I, z : «Vous avez
302 290 DORIMON ET DE VILLIERS
de l'esprit, de la conduite, de l'adresse. » —Scarron, Fausse appa- rence, I, 1
Fous savez
Que votre sûreté veut beaucoup de conduite
CONFONDRE, engloutir, en parlant de la mer, V. Io33. Par analogie avec l'expression «que le Ciel te confonde ! »
CONNOISTRE, reconnaître, D. 818, 879 9z7~ V• 773 9z3• Cf. Scarron, Jodelet duelliste, III, 6
Si vous changiez de robe ? on coz:zzoitrn la vôtre.
Th. Corneille, Galand doublé, V, z
Mais tu l'aurois coznzzz, quand tu l'as abordé?
Id., Don César d'Avalos, II, 4
Le plus souvent moi-même, il ne me connoit pas.
CONSIDERANTE (PEU), qui a peu d'égards, D. 345. Donné par l'Académie, 1694.
CONSUL'PER, examiner, V. z 13. Cf. Molière, Amour médecin, II, 2 : «Nous allons consulter ensemble. » —Boursault, Fables d'Ésope, V, 1
J'ai rêvé, consulté, déployé tout mon zéle,
llonné la question â ma pauvre cervelle.
Quinault, Mère coquette, II, 6
Allons-y cozzszzlter ce que nous devons faire.
CONTENT (RENDRE), bien payer, D. 828, 840. Conterzter se trouve chez Molière avec le sens de «payer » : «Nous entendons que vous nous contentiez... pour ce que nous avons joué ici. » (Précieuses ridicules, sc. 17.) Cf. Hauteroche, Sozzper mal ap(~rété,
sc. z7:
LE TRAITEUR.
Adieu; pensez bientôt â nous rendre cotztens [â nous payer].
CONTENTER (SE) QUE, étre satisfait de ce que, D. 1515. Cf. Corneille, Théodore, II, 6
Cmztente;-vous, Madame,
Que je vois pleinement les désirs de votre âme.
303 LEXIQUE 291
CONTESTER, discuter, V. 563, X64, 889, 16q~. Cf. Molière, Fozez•beries de Scapin, II, 6 : « Ne me fais point contester davan-
tage. » —Scarron, Don Japhet d'Armé~zie, II, 3 : «Conteste seu-
lement une fois. u
— me contester, discuter avec moi, D. 839.
CONTREDIT (uN), une affirmation contraire, V. 1171. Cf. Corneille, Galerie du Palais, IV, Io
Je sais ce qu'il m'a dit,
Et ne veux plus du tout souffrir de cmztredit.
CORDEAUX, cordes pour pendre, D. Iz99. C£ La Fontaine
Fables, IX, 15
Ce qui le consola, peut-être,
Fut qu'un autre eût, pour lui, fait les frais du cordeau.
COUP (ENCORE UN), D. 151. Cf. Corneille, Nicomède, I, z
Madame, e7zcore un cozep, cet homme est-il â vous ?
COURAGE, coeur, D. 1433 ; V. z6o. C£ Bossuet, Oraison funèbre de Condé: « Ce grand prince calma les courages émus.
— Th. Corneille, Illustres ennemis, II, z
Puisqu'on ne vit jamais les belles passiotts
Sur des courages bas former d'impressions.
Cours, au figuré, D. 78, Iz8, 130, 388, 436 448, 464, 1632. Cf. Corneille, Don Sanche, I, 2
Et pour trancher le cours de leurs dissensions.
Racine, Béz•ézzice, V, ~
J'ai cru que votre amour alloit finir son cours.
Th. Corneille, Illustres erzzzemis, I, 6 : « le cours de votre honneur ». — Montfleury, Fille capitaizze, IV, 7 : « le cours d'un malheur ».
CREANCE, croyance, D. Iz36, 1421 ; V. 1694. Cf. Molière, Mélicerte, II, 4
Et pour vous arracher toute injuste créazue,
Je vous promets ici d'éviter sa présence.
304 2g2 DORIMON ET DE VILLIERS
CREDIT, avantage, V. Ito4. Cf. Molière, lirnpbitryozz, III, 1
Et voir si ce n'est point une vaine chimére
Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit.
CROUPIERE, derrière, D. So5 . —Signalé par Richelet et Fure- tière comme vulgaire et se disant de préférence en parlant des femmes : «Elle hausse la crazzpière. » (Richelet).
DANGER, faire un saut, en parlant de quelqu'un qui est pendu.
D• 499•
DANS, en, D. 1~1. Cf. Haase, o. c., §Iz6, 3~, c.
— à, V. z88, 630. Cf. Haase, o. c., §Iz6, 30, A.
— pendant, D. 1180. Cf. Haase, o. c.,§ Iz6, 3~, c.
— dans demain, V. Iz6, 14zz ;dans la fin du jour, V. 181,
Cf. Malherbe, Lettre 2 M. de Racan, 18 janvier 16z5 : «Nous
aurons dazzs la fin de ce mois le duc de Bouquinghan. »
— dans pezz, D. I1~z.
DE, après un passif, pour marquer l'auteur ou la cause d'une action, D. 944, X81, 81I, IIz4 ; V. I14o. Cf. Hanse, o. c., § I13.
— marquant la cause, après un verbe qui n'est pas au passif, D. 1845 ; V. Ioo~. Cf. Haase, o. c., § Iog.
— par, avec, D. 1836; V. zz, 497, Iz18. Cf. Malherbe, Traite des Bienfaits de Sénèque, III, 38 : «J'ai vaincu mon père de bien- faits. » —Corneille, Clitazidre, I, g
Je te rends convaincu de ta seule écriture.
Cf. aussi Haase, o. c., § 114.
DE, élément composant de l'article partitif, omis : faire bruit,
D. SgI ;sans faire autre mystère, D. Iozz. Cf. aussi D. 68g,
y14, 1268. Cf. Corneille, Polyeucte, V, z
Je voulois gagner temps pour ménager ta vie.
Cf. Haase, o. c., § I1~.
305 LEXIQUE 293
— suivant la négation ne et précédant un substantif, n'y reçoit de naissance, D. 18. Cf. Hanse, o. c., § i t8.
DE, suivi d'un infinitif, pour : du temps d'achever, V. 1658.
C£ Molière, Dédit amozareux, II, 6
Bon Dieu ! que de discours f
Rien n'est-il suffisant d'en arrêter le cours ?
Malherbe, t. IV, p. 2z4 : «J'ai eu du loisir assez de remar- quer. » Cf. Hanse, o. c., § I Iz, zo, w, rem. II.
DE, avant que de, D. 685. Cf. plus bas DEVANT Q.uE DE.
DE explétif : d'aujourd'huy, aujourd'hui, V. 13oI. Hanse ne signale pas cet emploi curieux.
DEDANS, préposition, D. 81, 175, zO7~ 313 339 444, 47>> 604, 649 656 708 7z7, 745 836, 855, Iz64, 1335, 1370, 16z4, 1627, 1674; V. 6z, 163, 191, 565 649 736 y84~ 1439• Cf. Hanse, o. c., § Iz6.
DEDANS PEU, D. 364. Sens de l'i~atra latin, fréquent dans le vieux français. Ménage déclare qu'« il ne se dit plus que par de> villageois... »
DÉFAUT (A cE), ~ défaut de cela, V. 1541. Cf. Corneille.
Nicomède, V, Io
...d te défiant vous attrez tnotr estime.
DEFFENCE, moyens de défense, D. 46z, 966. Cf. Corneille,
Poésies divea•ses, Lxlx, v. 169
Ces remparts, que la Gréce et tant de dieux ligués
En deux lustres â peine ont pu voir subjugués,
Eurent moins de défense...
DÉNICHER, partir, V. 405. Cf. Molière, École des femsrces, V, 4
...Vous diraichere~ â l'instant de la ville.
Chevalier, Pédagogue amou~•eux, I, 3
Dénichons promptement, de peur que vostre mère...
Ne nous rende tous deux de mille coups perclus.
306 294 DORIMON ET DE VILLIERS
DENTS (MALGRÉ MES), quoique je fasse pour m'en défendre, malgré moi, V. 68z. Cf. Moliére, Médecin malgré lui, III, I « Ils m'ont fait médecin malgré mes dents. » —Scarron, Dor: Japhet d'Armdnie, III, I q
Eh I oui, je vous entends,
Pour la centiéme fois ;mais c'est malgré rues dents.
Montfleurp, Femme juge et partie, I, z
On vit brûler son âme,
Malgré nous et nos der:ts, d'une illicite flamme.
DENTS (MEs) CROISSENT, j'ai faim, D. 1432. Par analogie avec l'expression avoir Zes dents Zongues.
D~PESCHER, se dépêcher, V. IIgB, 1771. Cf. Molière, École
ales femmes, II, 2
Eh I parlez, dépéche;, vite, promptement, t0t.
D$PITER, mépriser, V. 1334• Cf. Malherbe, Poésies, xxxv, cité
par le Dictionnaire général:
...La troupe maudite
Son Seigneur attaché par outrage dépite.
DÉPOUILLER (SE), être dépouillé; V. 8~2.
DESORDRE, trouble, au propre, V. 4os. Cf. Moliére, Amants
rnagni fiques, V, I
Ces vilains sangliers-lâ font toujours du désordre.
Scarron, Jodelet, III, tg : «Quel désordre est ceci ?
— au figuré, D. 966. « Il survint un accident qui mit le
prédicateur en désordre ». (Furetière).
DEssous, préposition, D. 53r 71~ 563r 1539 V• 147r 175 13zo. Cf. Haase, o. c., § I28 A.
DEssvs, préposition, D. 16, ~ 3, ~ I z, I S I %, I S 93 r 1648 ; V. 333, IOII, Ioz8, 1359• Cf. Haase, o. c., § I28 A.
307 LEXIQU$ 29S
DETESTER DE, jurer, blasphémer à propos de quelque chose,
D. Io36. Cf. Corneille, Poésies diverses, LIv, stances
L'un en gémit ; l'autre en déteste.
DÉTOUR, biais pour s'excuser, V. zzg. Cf. Corneille, Sertorius, II,z:
Mais certes le détour est un peu surprenant.
DEVANT, préposition, avant. V. 1453 1474• Cf. Haase, o. c.,
§ 13o A, et Corneille, Illztsion comique, V, 3
Adieu ; je vais du moins, en mourant devant toi,
Diminuer ton crime et dégager ta foi.
Montfleury, Fille capitaine, IV, 12
Qu'on le fasse sans bruit
Partir devant le jour, ou méme cette nuit.
Scarron, Don Japhet d'Arménie, II, 5
La vieille gouvernante
S'y trouva devant moi, plus que moi diligente.
DEVANT QUE, avant que, V. 1451. Cf. Moliére, Prdcieuses ridicules, sc. g : « Je crie toujours : «Voilà qui est beau », devant que les chandelles soient allumées. »
DEVANT QUE nE, suivi de l'infinitif, V. 381. Vaugelas, (Remarques, 1647) dit en parlant de avant que et devant que « L'un et l'autre, devant l'infinitif, demande l'article de ; par exemple, il faut dire :avant que de mourir, et devant que de mourir... »
DIABLE (FAIRE LE) A QUATRE, V. Io6~. L'expression n'a pas ici le sens habituel de «faire beaucoup de bruit ». Elle est prise en bonne part et signifie c se donner beaucoup de peine ». Moliére dit dans le même sens, Remerc. au Roi, v. 52:
Pressez, poussez, faites le diable.
DIABLE (LE GRAND), V. 12z~. Cf. Livet, a. c., et Montfieury, Femme juge et partie, V, 5
Ah I langue de serpent I Mégére abominable I !:turne de l'enfer I Organe du grafid diable !
308 296 DORIMON ET DE VILLIERS
DIABLEMENT, V. 675. Cf. Moliére, école des feznmes, I, I Je vous le dis encor, vous risquez diablenzezzt.
DIABLES DESCHAINEZ, D. 556. Cf. Molière, École des femmes, I, 1: On vous a vu contre eux un diable décl~nivaé.
DIABLE-ZOT (0), V. 815. « On dit ironiquement à des hableurs, pour montrer qu'on ne croit rien de ce qu'ils disent, Au Diable Zot. Il y a apparence que cela vient d'une imprecation tronquée, et qu'on a voulu dire :allez au Diable, au Diable. On a retranché ]e dernier et le premier mot, et on a mis un Z pour éviter la caco- phonie ;car le mot dot n'est point de la langue, de sorte qu'il faut que ce soit une orthographe corrompuë. » (Furetiére). Je cite comme une curiosité cette étymologie fantaisiste. — « On dit populairement et bassement : Diable-Zot, ô diable-Zot, pour dire, II n'en est rien, je n'en croy rien. » (Académie, 1694). — Cf. Baron, Coquette, IV, 11 : n J'ai voulu ouvrir avec la clef ; nu diable Zot ! j'ai trouvé plus de quarante mille trous de serrure. »
DISCRÉTION, ménagement, D. z9S. Se trouve chez Malherbe et chez Molière avec le sens voisin, mais non semblable, de « mo- dération ». Cf. Malherbe, Épîtres de Sénèque, Lxxl, ~ : «Celui qui parmi les prospérités se conduit avec disczétiozz. » —Molière, Avare, II, 1 : « Le tout... rabaissé à la valeur de mille écus, par la discrétiozz du prêteur. »
DISME (AVOIR LA) D'UNE FEMME, prélèvement fait sur son honneur, D. 1162. Je ne trouve pas d'autre exemple. Cf. seule- ment Boursault, Mercure galant, II, z
Vous pretendriez sur elle avoir droit de seigneur, Droit de dîme.
DISTILER, intransitif, V. yo8. Cf. Vaugelas, Qzzinte-Curce, IV, Iz : « Un soldat coupant du pain, on aperçut des gouttes de sang qui en distilloient. »
309 LEXIQUE 29~
DOMINER, avoir de la maîtrise sur, au figuré. D. 69, 1~0, 181. Cf. Pascal, Pensées, XII, 1 : «Toutes les créatures ou l'affligent ou le tentent, et dominent sur lui.
DoxT, avec lequel, avec lesquelles, D. 344 990 ; V. 9q6. Cf. dans Livet, o, c., de nombreux exemples.
DRAPEAUX, linceuls, D. IS72. Synonyme de draps. Au XVIIe siècle, le mot a encore son vieux sens de linges. Le sens est ici moins général.
DROIT (A), V. 733. Cf. Boileail, Satire Iv, v. 39
Les voyageurs sans guide assez souvent s'égarent, L'un â droit, l'autre ~ gauche....
DURER, vivre, D. 2I I, 1443. Cf. Corneille, Horace, III, 6
Il s'est fait admirer tant qu'ont duré ses fréres.
ECHAUGUÉTTE (FAIRE L'), faire le guet, V. So8. Échauguette, guérite ou tour de guet. Oudin donne eschaeeguetter, «épier ». Cf. Sorel, Francion, IV : a Vous regardez avec contentement, du haut de l'échauguette de vos mérites, brûler non seulement les faubourgs, mais encore la ville de mon coeur.
ÉCLAIRCIR, illustrer, V. Ig~. Je ne trouve pas au xvl1~ siécle d'autre exemple de ce sens. Cf. dans Littré l'exemple d'Amyot, Cicéron, z9 : « II n'y en a pas un duquel il n'ayt encore esclar•cy la renommée en escrivant ou parlant honorablement de luy. u
EFFECTUER, passer à l'effet, V. z;i. Cf. Scarron, Jodelet, V, 8:
L'on m'a promis ina soeur, il faut qu'on l'effectue.
EGAUDIR (s'), V. 1639. Je ne trouve aucun autre exemple de ce mot, que les dictionnaires du xvlle siécle ne donnent pas.
ÉLOIGNER, avec le sens de s'éloigner de, V. ysg. Cf. Corneille,
Pompée, III, 1
Ses vaisseaux en bon ordre ont éloigné la ville.
310 29ô DORIMON ET DE VILLIERS
Livet, o. c., art. éloigner, cite pour ce sens de ~ombreux exemples donnés par Ménage.
EMBARQUER ~S'), se mettre à, et non pas : se lancer dans, se risquer à, D. 140.
EMBARRASSER, mêler, D. 805. Cf. Corneille, Ier Discours sur le`Poënze dramatique : «Ces personnages épisodiques doivent
s'embarrasser si bien avec les premiers... »
EMPESTÉ ESPRIT), corrompu, D. 224. Les dictionnaires du XVIIe siécle ne donnent pas ce secs. On trouve ce mot fréquem- ment employé au figuré, mais plut6t avec le sens de «qui répand le mensonge, l'erreur, la calomnie ». Boileau, Satiz•e xII, dit «une bouche empestée », Racine, Athalie, III, 4 : «une chaire empestée », cf. Littré. Cependant, Boursault, Fables d'Ésope, III, 5
Si de sa flatterie il m'avoit infecté,
Et que de son venin mon cæur fût cuzpcsté.
EMPLOY, occupation, fonction, D. g~6. Cf. Moliére, Dorz Gar- cie, III, 2
Contre vos fiers tyrans je conduis une armée ;
Mais je marche en tremblant â cet illustre emploi.
Err, préposition, précédant l'article le et la, élidé ou non,
avec le sens de dans, D. 653, Io6z, 1194, 1363 ; V. Iga, z1a,
800. Cf. Haase, o. c., §Iz6 B.
— dans : en ma, V. 913 ~ 13o9, 1435 ; en tes, D. 1525 ;ezz vos,
D. 805 ; en leur, D. 1513 ; en ce, D. 1664 ; eu cette, D. 143 5
— à: prendre part en, V. 60~. Cf. Haase, o. c., § 126 n.
— à : ezz faveur de ]a nuit, pour â la faveur, D. Sgz. Cf. Cor-
neille, Suite dzz Mente:zr, IV, 4
Pour voir une maîtresse, en faveur de la nuit.
Cf. Haase, o. c., §Iz6, z~, n.
— à :employer ezz, V. 868.
— comme : ezz trente mille Diables, V. ~a4. Cf. Haase, o. c.,
§ Iz6, 20, n, rem. III.
311 LEXIQUE 299
EN, pronom, renvoyant à une phrase, D. 469 490 749>
i800. C£ Haase, o. c., § g, II, s.
— renvoyant â l'idée contenue dans une phrase ou une pro-
position précédente, D. 59r 749 i2o4, i6zg.
— remplaçant le pronom personnel de la seconde personnt•
avec de, V. izz. Cf. Haase, o. c., § g, II, c.
— se rapportant à une personne pour marquer la possession.
au lieu de son, D. 887 ; V. i3zz. Cf. Haase, o. c., § g, II, n. — employé par pléonasme, d'une façon incorrecte, D. 458.
— explétif, D. 557•
ENNUY, souci, violent chagrin, D. 43, io64, iio8; V. iz54. Cf. Racine, Phèdre, I, z
...Quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ?
Chevalier, Amours de Calotizz, II, 4
Helas !que dois-je faire en ce pressant erznuy 1
Quinault, Mère coquette, lI, 6
Ce n'est qti avec le temps qu'un grand erzrzui se passe.
ENNUYEUX, malheureux, V. 34r. Cf. Corneille, Incitation,
IV, Sos:
Tant que l'âme gémit sous l'exil enuuyuzx
Qui l'emprisonne en ces bas lieux.
Scarron, Prince corsaire, V, 5
Qu'un prince fidéle... Succéde en votre cættr au malheureux amant, ...Qui ne peut avoir de fin plus glorieuse, Que de perdre pour vous une vie eztzz:zye+zse.
ERREURS, courses errantes, V. loi, go7. Cf. Corneille, Iliu- sion coznique, I, t
J'ai vu dans mon voyage Le Pd, le Rhin, la Meuse, et la Seine et le Tage Toujours le méme soin travaille mes esprits, Et ces longues errerzrs ne m'en ont rien appris.
312 j00 DORIMON ET DE VILLIERS
Erreurs au pluriel se dit quelquefois pour dire de longs voyages remplis de traverses. Ainsi l'on dit les erreurs d' Ulisse. u (Académie, 1694).
ESCORNIFLEUR, celui qui mange aux dépens d'autrui, D. 1495• Cf. La Fontaine, Fables, IX, 20:
L'écortziflezzr étant âdemi-quart de lieue.
ESPÉRER DE, avec un infinitif, V. 1181. Cf. Racine, Bérénice,
IV, 5
...J'espérois de mourir à vos yeux.
ESPRITS, D. SIg, 644. Cf. Racine, Athalie, II, ç Sa vue a ranimé mes esprits abattus.
Scarron, Dozz Japhet d'Arménie, V, I
Oh ! que mon sot dessein rend tous mes esprits mornes !
Th. Corneille, Illustres ennemis, III, 1
Si totijours la vangeance occupe vos esprits.
EsTeT : l'estat de mon courroux, pour dire : l'expression, la manifestation de mon courroux, D. 268. Je ne trouve pas d'autre exemple de ce sens.
— dans un estat, dans une situation à, D. 230. Cf. La Fontaine, Florentin, sc. ~
Il m'aime, et m'aimera tant qu'il verra mon âme
Libre, et dans uvz état â répondre â sa flamme.
Boursault, Mercure galant, III, i
Et quoique mou amour ne fasse que de naître,
Il est da~zs u~z état â ne pouvoir plus croître.
ESTIME, bonne réputation, D. 93, 106. Cf. Corneille, Ponz-
pee, I, I
I1 faut le délivrer du péril et du crime,
Assurer sa puissance et sauver son estime.
Scarron, Jodelet, II, Io
fit tout menace ici ma vie et mon estime.
313 LEXIQUE 30I
Boursault, Fables d'Ésope, IV, 3
J'ai fait ce que j'ai pu pour le mettre en estime.
ESTONNÉE (UNE AME), une âme troublée, D. 15 So. Cf. Racine, Athalie, III, 5
De vos sens étot:nés quel désordre s'empare ?
ESTONNER (s'), se troubler, D. 158x. CE Scarron, cité par
Livet:
Il 5t bien voir en sa personne
Qu'un coeur qui jamais ne s'étotttte
Peut bien les autres étonner.
ESTONNER (S') COMMENT, D. Io86. Cf. Bossuet, 2e Sernlorl sur la Providence, 1 : «Eux-mêmes... s'étonneront comment ils ne voyoient pas... » Cf. Haase, o. c., § 43, rem. III.
ESTRE (MON), D. a86. Cf. Bossuet, Catéchisme de Meaetx, 168, p. y8 : « Il [Dieu] est en nous, et c'est luy qui continuel- lement nous donne l'estre et la vie.
ETRE A soY, être libre, D. 131 i. Cf. Corneille, Androntède, V, 1 .
L'inconstante, peut-être encor tout étonnée,
N'estoit pas bien it soi quand elle s'est donnée.
EXTRAVAGUER (s'), extravaguer, V. 913. Pour cet emploi du réfléchi, cf. Haase, o. c., § 60. Mme de Sévigné (lettre du 24 novembre 1675, citée par Littré) emploie ce réfléchi avec le sens de faire des digressions hors de pro[~os.
FAIRE DES CRIS, pousser des cris, D. 359• Cf. Livet, o. c., et Boursault, Éso(te à la cour, III, 4
Et pour les apaiser fait des cris éclatants.
FAIRE SA couR, tenir sa cour, D. 483. Pour l'emploi vague
de ce verbe mis à la place de la plupart des autres verbes,
cf. des expressions comme :faire une profession, faire un scru- pule, faire du sang, faire la comédie, faire un dessein, etc.
314 302 DORIMON ET DE VILLIERS
FANTOSMï DE BIEN, D. 1408 ~ FANTOSME DE VERTU, D. 136, expression plaisante sur le modèle de homme de bien, homme d'honneur. Cf. Th. Corneille, Bacron d'Albikrac, I, r : « Je suis valet d'honneur. » —Chevalier, Aznouz•s de Calotin, II, 5 : « Je suis laquais d'honneur. »
FAQUIN, D. 369> 549> IzzS > ~%~ dî4> 1433 154z. Cf. dans Livet, o. c., les exemples de Molière et autres écrivains du
XVIIe Siècle.
FAT, sot, V. 793, 146z. Cf. Scarron, Jodelet, II, 14:
Est-ce que j'ai tenu quelque propos de fnt ?
Id., Don Japhet d'Arménie, III, Ig:
L'empereur, mon cousin, me donne un marquisat?
Bon parent, par mon chef ! le prése~tt n'est pas fnt.
Hauteroche, Souper ncal apprêté, sc. 13
Il a fait la folie ; eh 1 morbleu, qu'il s'en rire ; Je suis un plaisant fat de m'en inquiéter.
Cf. dans Livet, o. c., de nombreux exemples.
FLEAU, en une syllabe, D. 4z8. Cf. Malherbe, Poésies, xvIII, Prière pour le Foy Henri le Grand, allant en Limousin, derniére stance contenue dans le manuscrit B: N. suppl. fr. zg~
11 est temps, d grand Dieu, que les flencex de ton ire
Lui fassent confesser qu'en vain elle desire
FLUTER, jouer de la flîrte, V. 1618, 16zz, 16z~, 16z8, Idzg.
Ce mot, pour dire jouer de la jtute, ne se dit point à Paris, ou il ne s'}' dit que par mépris et dans le burlesque. » (Richelet). Noter que de Villiers le met dans la bouche d'un paysan.
Foxs, D. z94. Cf. Haase, o. c., § 133 A.
FOUDRE (LE), D. X63, Io~1, Iyyo. Cf. Corneille, Cid, II, 1
Avec tous vos lauriers, craignez encor [e foudre.
Cf. aussi Marty-Laveaux, ,Dictionzzaiz•e de la lazzgzze de Cor- neille, art. foudre.
315 LEXIQUE 3~3
FouxaEs, fourberies, D. 2oI. Cf. Corneille, Polyeucte, V, I Albin, as-tu bien vu la fourbe de Sévére?
Th. Corneille, Baro~z d'Albikz•ac, IV, 5
La fo:crbe est commencée, il la faut achever.
FoY, crédulité, V. X18. Cf. Molière, Femmes savantes, I, i
II me le dit, ma smur, et, pour moi, je le croi.
— Ne soyez pas, ma smur, d'une si bonne foi.
FRANC (ÊTRE) nE, être exempt de, D. 661. Cf: Molière, Étour-
di, V, 3
Je crois votre maison fratuhe de tout ombrage.
FRANCHISE, liberté, D. 1156. Le mot s'emploie avec ce sens
dans la langue de la galanterie. Cf. Corneille, l~ezzve, II, 5
Je ne te fais qu'en vain le don de ma fi•a~tchise.
Scarron, Don Japhet d'Armdnie, III, 1~
Je ne rétracte point le don de ma frattcl~ise.
Furetière constate que, dans ce sens, il s'emploie «chez les
poëtes et les amants ». On le trouve encore trés fréquemment
dans Sorel, Frazzcion.
PRIANT (D;IL), voluptueux, D. I I2o. Sens ancien ; cf. La
Pare, cité par Littré
Friazads souris, tout comme en a le traiue,
On vous les voit
FROTTER, battre, D. 356; V. X28, Io66. Cf. Corneille, Illu-
sion comigzze, II, 8
Que le galant alors soit frotté d'importance 1
FUIR, construit au passé indéfini avec l'auxiliaire étre : ils sozzt fuis, D. 619. Cf. l'exemple de Rabelais, Gargantua, I, 39, cité par Littré. Je n'en trouve pas d'exemple au xvlle siècle. Cepen- dant, Scarron, Jodelet, III, 20, dit aussi
Je suis ici couru que l'on crioit bien fort.
316 3~4 DORI~v10N ET DE VILLIERS
GAILLARDE (LA), V. 1606. «Espèce de danse ancienne qu'on dansoit tantost terre à terre, et tantost en cabriolant ; tantost allant le long de ]a salle, et tantost à travers. On l'appelloit aussi Roma- nesque, à cause qu'elle venoit de Rome. Thoinot Arbeau, dans son Orchesographie, dit que c'estoit une danse composée de cinq pas et de cinq assietes de pieds que faisoient les danseurs l'un devant l'autre, avec plusieurs passages, dont il donne la tabla- ture, qui est de six minimes blanches, et de deux mesures ter- naires. » (Furetière).
GALANTERIES, jeux, plaisanteries, D. zoz, 998. Cf. Sorel, Fran- cion, X: « Il ne vouloit pas que cette galanterie servît à faire de mal à personne ; au contraire, il desiroit la rendre utile.
GALLANDS, noeuds de rubans, D. 82I. C£ Corneille, Galerie du Palais, IV, Iz
Vous vendez dix rabats contre moi deux gala~tts. GARENTIR (S'EN), en être garantis, V. Io4~.
GARGAMELLE (LA), le gosier, V. 6; 5. Cf. Hauteroche, Amant
qui ne flatte point, IV, 9
Je vais me rafraîchir un peu la gnrgamelle.
GATÉ, corrompu, au moral, V. 138z. Cf. Bossuet, Variations, 1688, t. II, p. 469, cité par Livet : «L'esprit gasté a bient0t corrompu le coeur. » —Scarron, Don Japhet d'Arménie, III, 3 Il a l'espritgrsté, si jamais homme l'eut.
Chevalier, Soldat poltron, sc. 1
En tous lieux on vous fréquentez,
Ce sont autant de gens gaste~.
GAUCHIR, échapper à, V. zso. Cf. Livet, o. c., et Corneille,
Mélÿte, II, i, variante
Mais hélas ! Qui pourroit gnucbir sa destinée ?
317 LEXIQUE 305
GESNE, tourment, au figuré, D. 258, 418. Cf. Racine, Phèdre,
V, 4:
Sont-ils d'accord tous deux pour me mettre â ]a géne?
GESNES, supplices, au propre, D. 3aq. Cf. Corneille, Médée,
V, q
Préparez seulement des gérais, des bourreaux.
GÉNER, tourmenter, D. 133. Cf. Corneille, Mddée, I, 4: Et les m@mes tourments dont vous gé~:e~ les âmes.
GÉNIE, penchant, D. 6zg. Cf. Çorneille, Cinna, III, 4 Abandonne ton âme â son lâche génie.
Gérondif, D. ~~, 398 So3~ SoS, 589 675, 846, I144.
Cf. Haase, o. c., § 95 n.
GLORIEUX, fier, D. 44 ; V. I18, 466. Çf. Moliére, Bourgeois entilhomme, III, 1 i : «Voyez-vous, diroit-on, cette Madame la Marquise qui fait tant la glorieuse ? » —Scarron, Héritier ridicule,
III, i Je l'aimerai bien mieux
Qu'un incivil, un brave, un pauvre, un glorieux.
Gouco (n), édit. de 1659 ;coco (n), édit. de 1665, D. Iozg, tout son soûl, dans toute sorte de contentement. C£ Voiture, cité par Littré
Moi qui, comme Midrac, Sidrac, Abdenago,
Chautois dans la fournaise et vivois â gogo
Dans les lieux les plus chauds
T11. Corneille, Don Çésar d'Avalos, I, 4
Et jusqu'au conjungo,
Laissez-moi, s'il vous plaît, m'en donner d gogo.
Boursault, Mercure galant, III, z
Hâtez le conjungo.
Tous deux, jeunes, bien faits, vous vivrez ir. gogo.
Chevalier, Avantures de nuit, III, 18
Aprés, nous nous irons divertir d gogo.
318 jOE> DORIMON ET DE VILLIERS
GOUST (PERDRE LE), D. 1315. Dans les Mots à la mode, BOUY- sault se moque de l'abus que l'on faisait de ce Inot. Il ne s'agit pas ici de la faculté de discerner les saveurs, ni de l'appétence provoquée par une saveur agréable, comme dans l'expression familière ~c avoir perdu le goût du pain »pour dire «être mort ». Le sens du mot est plus général : il veut dire « la faculté de sentir ».
GRIPPER, saisir brutalelnent, V. 538, 1419• Cf. La Fontaine,
Fables, V, 6: « La bête fut grippée. » —Scarron, iLlnrquis ridi-
cecle, III, 4:
On m'a greppé
Mon portrait de la rue, aprés m'avoir frappé.
Id., Jodelet, IV, 6
Mais il faut, â la chaude,
La gripper aux cheveux, la saisir au collet.
Th. Corneille, Galand doublé, IV, 8:
Il étoit avec elle,
Monsieur, quand au collet on l'est venu griper.
GRIPEUR, homme qui saisit violemment, D. 614. Les diction- naires du xv11e siécle ne donnent pas ce mot, mais seulement le verbe griper ou gripper.
GUET (DE) A PEND, V. g~1. Tournure ancienne, conforme au sens original : « Daguet prémédité »..Rabelais, III, 44, cité par le Dictionnaire général, dit : « En trahison, de guet à gens, tuérent AUecé. n L'orthographe pecad n'est pas étymologique. Haute- roche, Bourgeois de qualité, II, 4, orthographie de même
Toute cette parure ajoutée ~ vos cltarines
Est un vray guet â pend.
HAZARD (Au) DE, au risque de, V. ~ 3 t . C£ La Fontaine, Fables, YII, I : « Au hazard d'un semblable refus. » —Cyrano, Pidalct joué, IV, 2
Sans vous mettre a:e l~aZard d'étre accablé du ciel.
319 LEXIQUE 3~7
HÉRISSER, se hérisser, V. 1356. Pour l'omission du pronom
régime, cf. Haase, o. c., § 61.
IcY (cE MARIAGE, ce mariage-ci, V. 1616. Cf. Haase, o. c.,
§ zz, et Moliére, Étourdi, II, 5
Je vais faire informer de cette affaire ici
Contre ce Mascarille.
IL, cela, V. 15z4. Çf. Haase, o. c., § z A, et Moliére, Étourdi,
II, 6 Vous vous moquez peut-être. — IZ est trop véritable. IMEECILLE, faible, D. 62. Cf. Moliére, École des femmes, V, 4
Leur esprit est méchant et leur âme fragile ; Il n'est rien de plus faible et de plus imbécile.
IMPRIMER, faire impression, V. 543. Je ne trouve pas d'autre exemple de ce verbe pris absolument, au figuré.
INcorvslnÉRÉ, adjectif pris substantivement, V. 38y. Voyez dans Livet, o. c., I, 42-45, des exemples analogues.
INDUSTRIE, ruse, adresse, V. 8y1, Io15. Cf. Moliére, Tartuffe, IV, z
Et tâchons d'ébranler, de force ou d'industrie,
Ce malheureuxdessein qui nous a tous troublés.
Infinitif avec un complément sujet, V. 849-850: «Vous souf- frez des meurtriers... s'élever... » Cf. Scarron, Typhon, III
Qui n'eût cru par cette retraite
I.a cour céleste éto•e défaitte?
Cf. Haase, o. c., § 8g.
IT;FLUER, faire pénétrer, V. 844. Cf. Bossuet, Libre arbitre, 2
« Dieu qui indue le bien dans tout ce qu'il fait. » —Boursault, Fables d'Ésope, I, 8
Je ne sais quelle étoile, a mon heure premiére, Sur le cours de ma vie influa sa lumiére.
320 30ô DORIMON ET DE VILLIERS
IIvJuRE, dommage causé, D. X58, Io6S. Cf. Malherbe, Poésies,
YXI, cité parle Dictionnaire ; éndral
Enfin nous voyons nos têtes
Hors de l'injure du sort.
— au sens figuré, mal, D. Izo6.
JOINDRE, rejoindre, V. 463, 48~, 634. Cf. Livet, o. c., et
Hauteroche, Deuil, sc. 3
Je ferai mon pouvoir, pour te joi~:dre au plus t0t.
Th. Corneille, Dopa Césas• d'Avalos, II, 6
J'enrage qu'il nte faille aller joindre mon maître.
JUST'AU CORPS, V. Io93. Cf., pour la définition et l'histoire du mot, Livet, o. c.
LAIRRAY, futur de laisser, D. Io23. Cf. Corneille, Cid, V, S
Nous verrons que du ciel l'équitable courroux Vous laina, par sa mort, Don Sanche pour époux.
En 1660, Corneille a corrigé
Et nous verrons du Ciel
Vous Inisser
Vaugelas déclare que «cette abréviation ne vaut rien, quoy qu'une infinité de gens le disent et l'escrivent n.
LAISSÉ DE, abandonné par, D. 4S4• Cf. Corneille, Cid, I, 6 O Dieu 1 ma force usée en ce besoin me Iaisse.
Pour l'emploi de ]a préposition de avec le sens de par, cf. plus haut DE.
LANTURELU, V. 798. «Mot dont ou se sert pour se moquer des choses qu'on nous dit, et qu'on 'fit entrer en un Vau- deville du temps du cardinal de Richelieu. » (Richelet). —
321 LEXIQUE 309 L. Discret, AliZon (1637), III, 3, cité par le Dictionnaire général
Chantons les tricotets ou bien le Lanturlu.
LARGUE (FAIRE), faire place, V. 65q. Cf. Carloix, V, Iz, cité par Littré : « La garde voyant Dom Alphonse fait largue, et laisse entrer tout ce qui se présente. »
LOUP—GAROU (DIABLE), D. I I I2.
MAISON, famille noble, V. 276. Cf. Corneille, Menteur, III, 5 : « Clarice est de maison. »
MAISTRE DE PROVINCE, gouverneur de province, D. 606.
MAISTRE—FOU, D. 347 V• 389• Ci. Scarron, Jodelet, IV, 7: Il faut que vous soyez, certes, un maître fou !
Id., Dotz Japhet d'Arménie, IV, z
Et que veut-elle faire avec ce maître fnc?
MAISTRE GONIN, homme rusé et habile, V. zz6. Gonin était un faiseur de tours qui vivait à la cour de François IeT. Cf. Bran- t8me, Capitaines JranÇois, cité par Lacurne de Sainte-Palaÿe « C'estoit un homme qui entendoit bien les tours de passe-passe non de Maistre Gotzin, mais de Machiavel. » Cf. aussi Dictionnaire de l'Académie (1694), et l'exemple de Voltaire cité par le Dic- tionnaire général, art. Goni~:.
MAISTRE PIERRE, terme ironique pour dire «savant », D. 729. Cf. Lacurne de Sainte-Palaye et la citation de Montaigne.
MAL (SENTIR), sentir mauvais, V. 1477. Cf. 'Malherbe, Lettre à Mme de Colomby, t. IV, p. 74: «Qu'ils [les Juifs] sentent si mal qu'ils voudront, c'est chose dont je n'ai que faire. »
MALEPESTE, juYOri, V. j22, Izo9. Cf. dans Livet, o. c., t. III, p. 2I, l'exemple curieux de Scarron.
322 310 DORIMON ET DE VILLIERS
MALHEUREUX, coupable, criminel, D. z65 ; V. 1236. Cf.
Racine, Athalie, III, ~
Des prophétes divins rnalbeureuse homicide I
MALICE, artifice, D. Sot. Voiture, Poésies, cité par Richelet Sa malice est découverte. »
MANOIR, demeure, D. Iyz~. Cf. La Fontaine, Fables, XI, 3
Peu s'en fallut que le Soleil
Ne rebroussât d'horreur vers le manoir liquide.
Scarron, Ennemis généreux, IV, 3
Je te suis venu voir,
Enragé que ce soit en ce hideux manoir [une prison].
MÉCONTER (SE), D. zz8. Cf. Fénelon, 7'élémagtce, XII « On a beau étudier les hommes, on s'y mécompte tous les jours. »
MENTIR (SANS), V. 263, 460, 476, 576, 18tI. Expression de la langue des Précieuses, fréquemment employée par Voiture.
MÉTIER, usage, fonctionnement, en parlant de l'appétit, D. 1612. Sens vieilli, qui se trouve encore au xvle siècle. Cf. dans Littré l'exemple de Marguerite de Navarre, Nouvelles, xLII : « Un jour, il alla mener ses grands chevaux (dont il commençoit à bien savoir le rnestier) en une grande place de la ville. »
METTRE, conduire, D. 1814. Cf. Corneille, Sertorius, IV, 3
L'avez-vous finis fort loin au delâ de la porte ?
MEURTRIER, dissyllabique, D. 8oI ; V. 849, IO14. Trisylla- bique chez Corneille (cf. Cid, v. q38 ;Cinna, v. 1488), chez Racine (cf. Iphigénie, v. 1225 ;Athalie, v. t;Sg). Cependant, l'Académie (Sentiments de l'Académie sur le Cid) dit : « Ce mot de mercrtrier qu'il (Corneille] répéte souvent, le faisant de trois syllabes, n'est que de deux. »
MEURTRY, tué, V. 1735. Cf. Racine, Athalie, V, 6
Allez, sacrés vengeurs de vos princes meurtris.
323 LEXIQUE 3 I I
MIs~RIcoRDE (A LA), à la merci, D. Sg;. Cf. Sorel, Fran- cion, VIII : «Ayant fermé la porte sur eux, dirent qu'ils étoffent à Zeur miséricorde et qu'il ne tenoit qu'à eux qu'ils ne les tuassent. » Id., ibid., III: « A déjeuner et à got1ter, nous étions d la miséricorde d'un méchant cuistre. » —L'Académie (1694) cite l'expression comme courante.
Mo1Ns, sans article au superlatif, V. 1111. Cf. Haase, o. c., § zg E.
MONDE (IIN), une foule de personnes, D. 154, 1881. Cf. Cor-
neille, Place Royale, I, 1
Un monde m'en console aussitôt ou m'en venge.
MONTER SUR L'OURS, faire une chose difficile ou dangereuse, D. X11. Allusion à un vieux proverbe : « Il a monté sur l'ours », c'est-à-dire, « il ne s'épouvante de rien u. Odet de Tournebu, Comédie des Conteras, I, 6: « Vous estes une amoureuse peu hardie ; vous n'avez pas encore monté sur l'ours. n Cf. Lacurne de Sainte-Palaye.
MONIIMENT (LE), le tombeau, D. 1316, 132, 1380, 1556. Cf. Corneille, Mélite, IV, 6:
Votre fourbe maudite.. .
A couché de douleur Tircis au monument.
Scarron, Jodelet duelliste, V, ~
Par la poste il a su ce matin seulement
Que le marquis son frére est dans le mm:ununt.
MORCEAU (UN) DE COURAGE, V. 6~1.
MOIIVEMENS, sentiments, V. 754, g62, 1314. Cf. Corneille, Cinna, III, 4
J'ob5is sans réserve I tous vos mouvement.
Th. Corneille, Illustres ennemis, IV, g
Vois de quels mouvenuns son coeur est combattu.
— Mouvement, mobile qui pousse à agir, V. g~8. Cf.
324 j I2 DORIMON ET DE VILLIERS
La Thuillerie, Crispizz bel-esprit, sc. 3, cité par Livet
Quel mo:cvezzzezzt secret peut ainsi vous troubler?
— Sentiment violent, courroux, V. 1310.
MoTlrr, peu patient, irascible, D. 355 ; V. 399. Gf. Scarron, Fausse apparence, III, 3
Mais le voici déjâ, cachez-vous, mon cousin, Ce Castillan paroit un vieillard fort mutin.
Montfleury, Fille capitai~:e, II, S
Jamais homme ne fut de si mauvaise humeur, Car il est étourdi, nzzztiz:, fier, querelleur.
Id., ibid., II, 13
Tl est nzutioz en diable.
NARGUE DE, D. Io41. «Nargue, terme de raillerie et de mes- pris, par lequel on marque le peu de cas que l'on fait de quelqu'un ou de quelque chose. Nargue de Zuy, nargue de l'amour. n (Aca- démie, 1694). — Cf. Scarron, Jodelet, IV, S
Et nrzrgzze pour tous ceux qui zt'en sont pas contents.
NE omis devant pas ou poizzt : Io dans l'interrogation directe, D. S18, 1565; V. 9a4, 935, 938 1376, 1377 1456, 1458 1681 ; cf. Haase, o. c., § IOI A ; — a~ dans l'interrogation indirecte, V. 595 ; cf. Haase, o. c., § IOI s.
NECESSITÉ, contrainte, V. I186. Cf. Pascal, Provinciales, XVIII « Dieu dispose de la volonté libre de l'homme sans lui imposer de ~zécessité. I
NON PLUS QUE, pas plus que, D. 1361. Cf. Haase, o. c., §
99 E.
325 LERIQUE 3 I 3
OEjET, femme, D. ~, 24 ; V. I I2o. Cf. Molière, Mélicerte,
I, 4
C'est pour le même objet que nos deux coeurs soupirent.
— au pluriel, V. I Ig1. Cf. Boursault, Fables d'Ésope, III, 3 Ne désunissez point deux coeurs faits l'un pour l'autre Il est d'autres objets bien plus dignes du v8tre.
OBJET, Vue, D. 1132, 1511. C{. Boileau, Lntrin, IV, 21~ A ce terrible objet, aucun d'eux ne consulte.
Corneille, Clitandre, III, 1
L'objet de ta maîtresse
Fait qu'un tel désir céde â l'amour qui te presse.
Scarron, Don Japhet d'Arménie, III, t ~
O le fâcheux objet, alors qu'on n'attend rien,
De voir ouvrir ainsi tant de gueules de chien l
OCCASION, combat, V. 288. Cf. Hamilton, Mémoires de Granz- tnbnt, cité par le Dictionnaire général: « Étre au milieu des enne- mis un jour d'occasion. »
AILLADE, regard, coup d'oeil, D. 1146, 1366. Cf. Malherbe,
Poésies, III, Larmes de saint Pierre, v. 52
Les yeux furent les arcs, les aillades les fléches.
OFFENSE, faute, tort, V. Iogg. Cf. Malherbe, Poésies, xlv,
Aux ombres de Damon, v. 7S
Mes sens qu'elle aveugloit ont connu leur offense.
ORME ATTENDRE SOUS L'), attendre longtemps avant qu'une chose se fasse, D. 538•
Ou, ne marquant pas une différence entre les personnes con- sidérées, mais séparant des façons différentes de considérer lé même personnage, D. 849.
Où, sans antécédent, avec le sens de lorsque, du moment que,
V. Iogg. C£ Haase, o. c., § 38 G.
— substitué à un relatif précédé d'une préposition, l'antécé-
326 314 DORIMON ET DE VILLIERS
dent du relatif étant un nom de personne, D. io5, to6; V. t6o3.
Cf. Corneille, Menteur, I, i
De ces sages coquettes
Oie peuvent tous venants débiter leurs fleurettes.
Montfleury, Danze médecin, IV, 9
Nous proposâmes
D'aller voir deux Cloris où tous deux nous dînâmes.
Cf. aussi Haase, o. c., § 38 A.
— même emploi, l'antécédent du relatif étant un nom de chose, D. ti87, t6z8; V. bis, 865. Cf. Montfleury, Fille capi- taine, IV, ~
C'est l'unique bonheur oic mon amour aspire.
Boursault, Ésope â la Co:zr, II, 2
Les différentes moeurs, le différent langage Ne sont pas des liens par où le ceeur s'engage.
— se rapportant à une phrase : grâce à quoi, à cause de quoi, V. 38r. Cf. Haase, o. c., § 38 E.
OUTRAGER, faire du mal, D. 662, ~8 t, t t z4. Cf. Malherbe,
Poésies, nt, Larmes de saiszt Pierre, v. 28~
Comme un homme dolent que le glaive contraire
A privé de son fils
S'il arrive en la place oir s'est fait le dommage,
L'ennui renouvelé plus rudement l'occtrage.
OUTRAGEUX, sens impropre de nzauz~ais, D. 659, littérale- ment offensant. Corneille dit : « un discours outrageux u, « un espoir outrageux ».
OYE, petite-oye, ensemble des accessoires du costume, V. 896. « Ce qu'on retranche d'une oye, quand on l'habille pour la faire rostir, comme les pieds, les bouts d'aisles, le cou, le foye, le gesier... Petite-oye se dit figurément des rubans et garnitures qui servent d'ornement à un habit, à un chapeau, etc. » (Furetiére). Cf. Molière, Précieuses ridicules, sc. 9 : «Que vous semble de ma petite-oie ? » Cf. aussi Livet, o. c., art. oie.
327 LEXIQUE 3 I 5
PAGNOTTE, mauvais soldat, V. 727. De l'italien pagnotta, petit pain. Primitivement, un soldat qui se loue pour un pain. « En I S4z, dans le Piémont, les Espagnols appelaient les soldats français pagnottes. » (Lacurne de Sainte-Palaye).
PAR, pour, D. 283, ; 43. C£ Bossuet, Histoire universelle, II, 31 ; «Son autorité, révérée autant par le mérite de sa personne que par la majesté de son sceptre. » Cf. Haase, o. c., § 134, 1~.
PARAISTRE, D. 1424. Sens obscur. Peut-être apparaître
« Il apparaît de nouveau n pour dire « deuxiéme apparition ».
PARAISTRE (FAIRE), montrer, V. 1601. Cf. Moliére, Impromptu de Versailles, sc. ro : « Nous allons tous le remercier des extrêmes bontés qu'il nous a fait paroître. » —Sorel, Fra~xcion, XII : « Je fes pourtant bien paroître qu'elle m'avoit touché dans le coeur. »
PARMY, suivi d'unsin gulier, D. 80; V. 1156. Cf. Haase, o. c., §731 A.
Participe passé, précédé d'un complément direct et restant invariable, D. 847, Io48, 1245, 1385, 1588; V. 844• Pour le v. 1588 de D., l'infraction à la règle pourrait être amenée par les exigences de la rime. Cf. Haase, o. c., § g2, et, pour les autres cas, § gz c.
— s'accordant avec le complément direct aprés lequel il es placé, D. 193 ; V. z7a. Cf. Haase, o. c., § 153, a~, et Livet, o. c., t. III, p. 788.
— avec étre ne s'accordant pas avec le sujet, D. 435 ~ V. 937• Emploi fréquent avec le participe de venir et d'aller, Cf. Haase, o. c., § 94 A.
— s'accordant soit avec le complément, soit avec le sujet, D. r i 15 (le cas semble douteux ; peut-être même y a-t-il faute d'impression, l'accord ne se faisant que dans la z~ partie du vers et étant supprimé dans l'édition de 1665). Cf. Haase, o. c., § g2 et rem. II, z~.
328 3 I ô DORIMON ET DE VILLIERS
Participe présent qualifiant le complément, D. 505, 675, I 177, 1441 ; V. 46. Molière, École des maris, II, z Mais savez-vous aussi, lui trouvant des appas,
Qu'autrement qu'en tuteur sa personne me touche?
Th. Corneille, Illustres ennemis, II, 1
Perdnzzt tout avec elle
La façon de la perdre est pour moi si cruelle.
Id., ibid., III, t
Quoi, le croyant revoir, il m'est encor ravi 2
PAs (Au MESME), au même moment, V. 437. Cf. Racine,
Iphigénie, II, I
Votre douleur redouble et croît â chaque pas.
PASSER A, en venir à, D. 277. Cf. Corneille, Attila, V, I
....Des fureurs
Que vous voyez passer aux dernières horreurs.
PASSER LE PAS, céder au caprice d'autrui, D. 83z. Cf. Molière,
Étole des femmes, III, 3
Et dés que son caprice a prononcé tout bas
L'arrét de notre honneur, il faut passer le pas.
Sorel, Franciozz, X : « Je ne croyois pas que cela fût honnête de lui refuser quelque chose ; aussi je passai le pas.
PAYER, satisfaire, D. 4z6. Cf. Corneille, Sertorius, I, z
Pourvu qu'en m@me jour
La Reine se résolve â payer votre amour.
PERRONNELLE, nom de femme, D. Iz6o; V. Iz76. Se trouve
aussi dans Dassoucy, Ovide en belle humeur, 1650, p. Io-1 I
Depuis le chat de Peronnelle
Jusqu'au chien de Jean de Nivelle.
Cl. Livet, o. c.
PESTE (LA) LE... V. S35• Cf. dans Livet, o. c., les nombreux exemples de Molière.
329 LEXIQUE 317
PIÉCE (FAIRE), pris absolument, se divertir aux dépens des
autres en les trompant, D. 94.
— d quelqu'un, D. 203. Cf. Corneille, Menteur, V, 6
Clarice an'n fnit piéce, et je l'ai su connoître.
Th. Corneille, Baron d'Albikrac, II, g
Elle s'est déclarée. —Oui, pour me faire piéce.
Cf. aussi, pour cette expression, Vaugelas et Livet, o. c.
PIED DE GRUE (FAIRE LE), V. 404. Cf. Scarron, Jodelel, I, i ...Dessous un balcon faia•e le pied de gaie.
L'expression est déjâ dans Régnier, Satire III.
PIQUER, émouvoir d'amour, V. Ilzo. Cf. Molière, Étourdi,
V, 6
Pour mettre en mon pouvoir certaine Égyptienne
Dont j'ai l'âme pigaeie.
Sorel, Franciota, XII : « h est d'une complexion si amoureuse qu'il se pique fort aisément.
PLus, encore, davantage, D. 496, Io43 ; V. 185, 31I, 563, 16~~. Cf. Molière, École des femnses, II, S
Si j'y retombe plus, je veux bien qu'on m'àffronte. Scarron, Fausse apparence, V, ~
Dans le rems que sa fille eu son amour fidéle
Me croyoit plies donner des marques de son zèle.
Chevalier, Soldat poltron, sc. 3
Si vous dites plzes un seul mot.
PLus, sans article au superlatif, V. 1483. CE Haase, o. c., § zg s.
PLus OIITRE (Torr), ton «pas plus loin », V. 1731. Je ne trouve pas d'autre exemple ; cependant, Boursault, Ésope à la
cour, IV, 6, dit
Il faudra tout quitter quand elle [la mort] arrivera ;
Et vous ne songez point â ce azoac plus ultra !
330 31ô DORIMON ET DE VILLIERS
POIL, les cheveux et la barbe, V. 466. Cf. Cyrano, Péda~zt joué, V, ro : «Tout cela repeintureroit de noir votre (poil déjà blanc.
Quinault, Mère coquette, I, 4
Mon poil blanc couvre encore un sang subtil et chaud.
POIATCT, moment, V. 1485. Cf. Boileau, Satire III, v. 149
Sur ce point, un jambon d'assez maigre apparence Arrive sous le nom de jambon de Mayence.
POINTURES, piqûres (au figuré), V. X64. C£ Régnier, Satire vII
Mon cæur tendre à l'amour en reçoit la pointure.
PORTER, supporter (au figuré), D. g88. Cf. Racine, Britarztzi-
cus, I, 3
Sans doute on ne veut pas que mêlant nos douleurs
Nous nous aidions l'un l'autre à porter nos malheurs.
PORTÉ DE, poussé par, V. 43. Cf. La Fontaine, Fables, XII, 2~:
Trois saints également jaloux de leur salut,
Portés d'un même esprit
POUR, à: indifférent pour. D. 835. Cf. Haase, o. c., § 134 s.
POUR (ÊTRE), être fait pour, être de nature à, D. 1888. Cf. Molière, Déj~it amoureux, IV, t
Cette affaire venue au point on la voilà
N'est pas assurément pour en demeurer là.
POUR, suivi de l'infinitif, quoique, V. 561. Cf. Moliére, Tartufe, III, 3
Ah !pour être dévot, je n'en surs pas motns homme.
POUVOIR, employé au passé indéfini avec le verbe être au lieu du verbe revoir, D. 618. C£ Moliére, École des fenztzzes, V, ~
Tâchons de nous résoudre, et de nous contenter
Du seul fruit amoureux qui m'en est pz~ rester.
Cf. aussi Haase, o. c., § 68, rem. II.
331 LEXIQUE 31~
PRÉCIPITER, conduire à la ruine, perdre, D. 1803 ; V. 202. Le réfléchi se jrrdcipiter a le même sens chez Corneille, Intitatiort, III, v. Iz85
Et trop courir, c'est te précipiter.
PRENDRE, comprendre, D. 731. Cf. Corneille, 'Andromède, I, z
Vous prenez mal l'oracle; et, pour l'expliquer mieux, Sachez....
PREST DE, prêt à, V. roi. Cf. Corneille, Rodogune, N, 3 Madame, commandez, je suis prét d'obéir.
Cf. Haase, o. c., § I I2, 2~, B.
PRÉTENDRE quelque chose, D. z4, I IS4. Cf. La Fontaine, Fables, I, 6
Comme le plus vaillant je prétends la troisiéme.
Moliére, Don Gnrcie, IV, 8
Et mes voeux aussi bien,
Dans l'état oû je suis, ne préter:derrt plus rien.
Boursault, Fables d'Ésope, IV, 6
Je ne vois lâ pour vous nulle chose â prétendre.
PRIER DE, prier à, inviter à, V. 1176. « On l'a prié des nopces. » (Académie, 1694). — Cf. Boursault, Mercure galant,
III, 5 ...Je vous prie à mon tour de ma noce.
Chevalier, Péda~ogzte amoureux, I, 3
Je vous aurois prié de mon enterrement.
PRIX (AII) DE, en comparaison de, D. 1164. Cf. Corneille,
Hornce, IV, 4:
Mais ce n'est rien encore au prix de ce qui reste.
Scarron, Jodelet, III, 3
Regarde, nu prix de moi, de quel heur tu jouis.
Pronom sujet de la lie personne omis devant le verbe D. 715. Cf. Haase, o. c., § 8 A.
332 j20 DORIMON ET DE VILLIERS
Pronom de la 3e personne rappelant le sujet séparé du verbe par une proposition participiale, D. 5~6. Cf. Haase, o. c., § 6 a.
Propositions coordonnées, régies par le même verbe, l'une dépendant de que, l'autre à l'infinitif, V. 1164-I16s. Cf. Hanse, o. c., § IS1, rem. u.
PROSPERE, favorable, V. Io8o, 1219. Cf. Desmarets, Yisio~z-
rtaires, I, ~
S'il revere les Dieux, ils lui seront prosperes. Chevalier, Amours de Calotin, II, 3
Car si dans un moment tout ne vous est prospere,
La Mort est justement en qui mon.Maistre espere.
Id., ibid., III, 3
Peut-entre que le Ciel me deviendra prospere.
Id., Avantures de nuit, I, z
II prétend par son art nous rendre tout prospere. PROTESTER, attester solennellement, V. ç63. Cf. Scarron,
Ennemis généreux, V, z
Mais tantdt je proteste
Si tu dis oû je suis...
PROTESTER DE, Sll1V1 d'un infinitif, V. 96y. Cf. Molière, Avare, V, 3 : « Je (proteste de ne prétendre rien à tous vos biens. u
— Montfleury, Fi71e capitaine, IV, ~
Oui, je proteste ici de n'aimer rien que vous.
PuxnlzE, en parlant de la mort, D. IoSr.
QuE, mis pour où : le jour que, le temps gue, D. 486, 1~~1 ;
V. 691-692. Cf. Scarron, Héritier ridicule, I, I
Que maudit soit le jour que premier je le vis !
Cf. Haase, o. c., § 36 w.
—au point gue, au point où, V. ~8. Cf. Haase, o. c., § 36.
333 LEXIQUE 3 2 I
QIIE, pour ce que, V. 377, 184. Cf. Hauteroche, Deuil, sc. z
Voilà que c'est d'avoir des péres qui trépassent.
Cf. Haase, o. c., § Ig.
— Que je croy, â ce que je crois, V. 8z4. C£ Boursault, Fables d'Ésope, I, 4
Vous me ferez raison, qr~c je crois.
Tour très fréquent chez Molière. Cf. Livet, o. c., art. que.
QUEL, interrogatif, indiquant, non pas la qualité, ni le carac- tère, mais la personne, D. Iz~s. Cf. Corneille, Mélite, IV, z
Je ne vois point Philandre et ne sais quel il est. Montfleury, Dame médecin, I, i
J'ai vu par la fenêtre un homme tout à l'heure... Va savoir quel il est, son pays.
QuI? qu'est-ce qui ? D. 180, z6o, 62y, 1275, 1~2g. Cf.
Molière, Dépit amoureicx, II, 6
Mais giei cause, Seigneur, votre inflammation ?
QuI, ce qui, dans une interrogation indirecte, V. 1615. Cf. Corneille, Nicoméde, I, 3
Et nous verrons ainsi qui fait mieux un brave homme, Des leçons d'Annibal ou de celles de Rome ?
Cf. Haase, o. c., § 4z.
QUI (QUOY), quoiqu'il, V. 613. Pour la confusion constante de qui et de qu'il, cf. Haase, o. c., § 35 c, rem. t.
QuI (roux), pour lequel, D. 742.
— (snrrs), sans lequel, V. q13.
— (sous), sous lequel, V. 564.
Emploi de qui régi par une préposition et se rapportant à un
nom de chose, constant chez Corneille. Cf. aussi Montfleury, Dame médecin, I, 2
Et cet habit vous donne un air de gravité
Sur qui vous vous pouvez fier en sûreté.
334 322 DORIMON ET DE VILLIERS
Th. Corneille, Illustres ennemis, I, 2
Les plus riches presens que nous obtenions d'elle Sont de foibles appuis sur qui l'honneur chancelle.
Cf. Haase, o. c., § 32.
QUITTER, renoncer à, D. 1147 ; V. 372. Cf. Livet, o. c., et
Scarron, Jodelet, V, 8
Don Juan, quittes donc tous vos jaloux soupçons.
Boursault, Mercure galant, IV, 4
Q:zitte; l'opinion oir cette erreur vous jette.
Chevalier, Avantures de nuit, III, 3
Mais si vous m'en croyez, quittez là cet amour.
QuoY, construit avec une préposition et renvoyant à un nom de chose, V. 264, 728, 1593• Cf. Scarron, Héritier ridicule,
IV, 3
O l'étrange discours â quoi l'amour m'engage !
Sorel, Fras:cion, XI : « Je hais fort les inutiles observations d quoi nos écrivains s'attachent. » Cf. aussi Haase, o. c., § 34•
QuoY (A)? ~ quoi bon? V. Io35. Cf. Scarron, Ennemis généreux, V, 1
A quoi bon, cher monsieur, ce mortel équipage ? A quoi ce pistolet, instrument de carnage?
RADOUCI, V. II1~. Cf. Molière, Misnnthro~ie, I, 1 Et ses roulements d'yeux et son ton radouci.
RAILLER DE, D. 140. « Il ne faut jamais railler des choses
saintes. » (Furetière).
RAISON, pensée, D. 163. Cf. Boileau, Épître v1, v. 26: J'occupe ma raison d'utiles r@veries.
RAISON (AVOIR LA) DE, venir à bout de, V. 1556. Cf. Cor-
neille, Mélite, variantes, t. I, p. 252
De force ou d'amitié, j'en aurai la raison.
335 LEXIQUE 3z3
RAISON (sANs), adjectif, V. 545 • Je ne trouve pas d'autre exemple. Cf. l'expression un sans-souci.
RAISONNER, discourir, V. 879, 1574 1575; discuter, D. I 138, 13oI ; me r.~isozzner, me répliquer, D. 14oz ; chercher à me convaincre par des raisons, V. 1301.
REFUS (ÊTRE SANS). En parlant de la mort, étre disposée à ne pas refuser votre demande, D. 135. Je ne trouve pas d'autre exemple. Cf. les expressions être sans advis, D. Sg6, et être sans offense, V. Io99•
RÉGNER SUR, l'emporter sur, D. 471. Cf. Malherbe, Épîtres de Sénèque, 188, 4 : « La tempérance régne sur les voluptés. »
RENCONTRER (SE), se trouver, D. g21. Cf. Molière, Sicilien, sc. g : « Je me suis rencontré chez le peintre Damon. »
RENDRE UN COMBAT, V. S4. Cf. Corneillë, Cinna, IV, 5
Ce coeur si généreux rend si peu de combat.
RENDRE (SE), se faire, D. 356. Cf. Corneille, Menteur, IV, 6
Elle se rend
Plus douce qu'une épouse et plus souple qu'un gant.
Sorel, Francion, XII: «Elle n'avoit qu'une fille qui s'alloit bientôt rendre religieuse. »
RENONCER quelqu'un, V. 347. Cf. Fénelon, Dialogues des morts, Aszciens, 34 (Dictionnaire général) : «Quand ma patrie m'a renoncé. »
REPENTANCE, repentir, V. IIg6. Cf. Scarron, Héritier ridicule,
V, 3 Si j'allois le trouver, et qu'il fit résistance,
Le malheureux mourroit sans nulle repentance.
RESSERRER, se retirer, V. 1183. Cf. Malherbe, Traité des Bie~z- faits de Sénèque, II, 2a : « Ne resserrons point notre affection faisons la paroître. » On disait un homme resserrt, pour dire un homme qui vit retiré. Cf. Furetière.
336 324 DORIMON ET DE VILLIERS
RESSORT (EN DERNIER), sans appel, V. 350.
RETARDEMENT, retard, D. 456, g63, Io36, 1373. Cf. Moliére, Dozz juan, IV, 6 : « Ce que j'ai à vous dire ne souffre point
de retardement. »
REVERS, changement : z•evers du destin, D. 758. Cf. Th. Cor-
neille, Illzzstres erzzzeznis, V, I :
D'un si prompt changement le rerers favorable.
RICHE, avantageux, en parlant de la taille, V. 465. RIGOUREUSES, cruelles, dans la langue de la galanterie, V. t zz 3 .
BOLET, personnage, V. y; 8. Cf. La Fontaine, Serva~zte j:zsti- frée (Dictionnaire gcncral)
Il continue ~ jouer son Tolet.
Sorel, Frazzciotz, II : « La bonne Pierrette lui ouvrit tout belle- uieut la porte, l'admonestant de bien jouer son Tolet. »
ROME (ENVOYER A), D. 13~. Allusion à un vieux proverbe
Jamais cheval ni mauvais homme
N'amenda pour nller ic Rovre.
Cf. lettre de Bussy à M~~~ de Sévigné, 6 janvier 16go : « Un tnéchant homme n'amende point pour aller à Rozzze. » — Cor- neille, Suite dzz Menteur, I, 1
Vous @tes amendé du voynge de Ronae.
ROMPRE, interrompre, D. 8og. Cf. Molière, Priz:cesse d'Élide,
III, i : « Ne rozupons point encore leur entretien. »
RUINE, chute; au figuré, D. 16g, 18z. Cf. Racine, Britazznictzs,
IV, 3
Il faut que sa ruine
Me délivre â jamais des fureurs d'Agrippine.
SAISON, temps, D. 183, z25 ; V. z61, 1514. Cf. Moliére, Fenznzes savantes, IV, 3
Remettons ce discours pour nue autre saison.
337 LEXIQUE 3 2 j SnNs, sans compter, D. 1245. Cf. Scarron, Daa Japhet d'Ar-
urénie, I, 2
II me faudra six pages,
Saurs les valets de pied qui recevront des gages.
Quinault, Mère coquette, I, 4
Vous m'avez dit cela vingt fois snrrs celle-ci.
SçevolR, connaître, V. 1393. Cf. Th. Corneille, Amour d la
mode, I, 5
Je dus me contenter d'avoir sur sa maison.
Cf. aussi Livet, o. c.
SExs, caprice, désir, D. 288.
SENSIBLE ~ÊTRE~ pour quelqu'un, ëtre ému d'amour pour yuelqu'un, V. 1208.
SEUREMENT, en sécurité, D. 1440. Cf. Molière, Dépit ararou-
reaax, II, 2
Nous serions au logis beaucoup moins sGrenrent.
SÉVÉRE, cruel, D. g19. Cf. Scarron, Marquis ridicule, II, 4:
O Dieu, qu'elle est séa~ére !
Il s'agit d'une femme.
— sens vague :corrompu, méchant, D. I Igo.
SI ~ET~, aussi, c'est pourquoi, D. 1391.
— pourtant, V. 1129. Cf. Molière, Dora Juan, II, t : « Tu ne
m'aimes pas ; et si, je fais tout ce que je pis pour ç1.
Sol, pour Irai, D. 965. Cf. Haase, o. c., § 13 e.
So11., peine, effort, D. goo ; V. 268. Cf. Regnard, Joueaar,
II, Io
Monsieur vaut-il le soiva qu'on se mette en colére ?
Boursault, Ésope d la cour, III, 3
Monsieur, de vos vertus le bruit s'étend si loin Qu'on ne peut pour vous voir se donner trop de soin.
338 326 DORIMON ET DE VILLIERS
So1xs, au pluriel, égards, attentions, employé dans la langue de la galanterie, D. 1683 ; V. 27, ~~, I24. Cf. Molière, Misan- thro(~e, III, S
Et jamais tous ses soins ne pourvoient m'offrir rien
Qui me filt plus charmant qu'un pareil entretien.
Quinault, Mère coq:zette, V, z
Avez-vous pour lui plaire employé bien des soi~zs ?
SORT, vie, par analogie avec destivz, pris constamment au XVIIe siècle dans ce sens, D. 1584•
SORTY (AVOIR), V. 484. Cf. Mme de Sévigné, XI, x (auto- graphe) : « Je n'ai point sorti, » et de nombreux exemples et les remarques des grammairiens dans Livet, o. c.
SOIIFFLER, souflier mot, V. 1408. Cf. Hauteroche, Crispin médecin, I, 2: « Je voudrois bien qu'elle eût soz~~ld devant moi, et qu'elle s'avisât de traverser ce que j'aurois résolu. » Cf. aussi Livet, o. c.
Subjonctif marquant le désir, employé sans que, D. 513 763
1749 V. 524, Iog6, 1408, 1476, Isgo. C£ Scatron, Jôdelet,
II, 5
Et moi, j'en ris aussi, peu s'en faut, ou je meuve !
Cf. Haase, o. c., § 73 A.
— Imparfait du subjonctif employé dans l'acception du conditionnel présent moderne, V. 368, 1724. Cf. Corneille, Cinna, I, 2
Mais encore une fois souffrez que je vous die
Que cette passion dizt @tre refroidie.
Th. Corneille, Illustres en~zemis, I, 5
Il deit moins s'emporter, mais l'offence est reçuë.
Cf. Haase, o. c., § 66 A.
SUBMERGER, pris absolument, D. I044.
SusoxxÉ : un coeur subornd, D. I24. Çf. Scarron, Prince cor- saire, IV, 5
339 LEXIQUE 327
Par quel charme secret, quel ascendant, quel astre, As-tu pu suborner mou csar ~ te trahir ?
Substantif complément placé entre l'auxiliaire et le verbe, D. Io83. Cf. Hasse, o. c., § IS3, 2~.
SuccEz, issue, résultat, D. 32, g6. Cf. Moliére, Dépit anzou-
re:zx, III, ~ :
Daignez, je vous conjure,
Attendre le succés qu'aura cette aventure.
Scarron, Prince corsaire, II, 3 :
L'un et l'autre srzccés, favorable ou contraire, S'oppose également â tout ce que j'espére.
Id., Dan Japhet d'Armézzie, V, 6:
Et je viens tout exprès
Vous faire le récit de ce triste s:eccés.
Boursault, Merczzre galazzt, III, 4 :
De mes prétentions quel que soit le srzccés.
SueGÉRER des conseils, V. 2ç6. Cf. Racine, Athalie, III, 6: Quels timides conseils m'osez-vous suggérer 1
SUIVRE, poursuivre, continuer, V. 130, 1471, 1601. Cf. Cor- neille, Polyezzcte, variante au v. 840 :
Oyez, Félix, suit-il ;oyez, peuple, oyez tous.
Th. Corneille, Illrzslres ennemis, IV, q :
Ah ! sreivozu... Mais hélas ! ne précipitons rien.
SUR, de, V. i~o. Cf. Hasse, o. c., § 128 s.
— avec :surprendre szzr, V. I 11~.
SURMONTER quelqu'un, D. 206. Cf. Fénelon, Télémaque, V : « Un Rhodien surmonta tous les autres. » —Sorel, Francion, XI : « II y aura des peuples inconnus qu'il surmontera. u
SURPRISE (snNs), sens fréquent de méprise, D. 603. « Tom- ber dans une surprise, éviter une surprise. u (Richelet).
340 32ô DORIMON E7' DE VILLIERS
Sus, interjection pour presser, hâter, V. 637. Cf. Moliére,
Étourdi, II, II
Sus donc, préparez vos jambes.
TACHÉ, souillé, D. Izo4. Cf. Corneille, Cid, IV, 5 Que son nom soit taché, sa mémoire flétrie.
Scarron, Fausse apparence, I, 2
Mais l'honneur oil l'on voit la moindre ombre paroitre,
S'il n'est déjâ taché, n'est pas long-lems sans l'@tre.
TAs (ux) d'insensez, V. 685. Cf. Corneille, Cis:na, V, 1
Un tas d'lrommes perdus de dettes et de crimes.
TASCHER A, D. 479, 592; V. IIo8. Avec le sens, non pas de
viser ii quelque chose, mais de tdcher de faire quelque cTiose, s'e~orce7-
d'y atteindre. Cf. Corneille, Polyetrcte, V, 4
Tâche d le consoler, va donc ;qui te retient ?
Montfleury, Dame médecin, II, 4
Tâche âpersuader lâ-dessus ta maîtresse.
TEMPS (LE), le moment fixé, D. 1601.
TEMPS, sans article dans l'expression perdre temps, V. 445• Cf. Haase, o. c., § z8 E.
TEMPS (HORS DE), hors de propos, V. 547.
TESTE-BLEU (PAR LA), V. 513, 900. C£, pour la finale bleu, Livet, o. c., t. II, p. 6z3.
TOPPE A TOUT, je consens à tout ce que vous dites, D. 1323. « Terme du jeu de dez, dont se sert celuy qui tient le dé et qui veut bien jouër la poste qui luy est proposée par celuy qui dit tuasse. » (Furetière). Cf. Boursault, Mercure galatat, III, 2
Et vous toppez â tacet, en fille obéissante.
TOURNER, me tourner, V. I2z5. Cf. Haase, o. c., § 61.
341 LEXIQUE 329 TousJovxs, en tout cas, D. 586. C£ La Fontaine, Fables,
VI, 9
Quand le malheur ne seroit bon
Qu'â mettre un sot â la raison,
Toujours seroit-ce â juste cause
Qu'on le dit bon â quelque chose.
TovT, variable devant un adjectif : tous bons, V. 930. Cf. Haase, o. c., § 46.
TRAISTRE, terme employé à maintes reprises par Dorimon et par de Villiers comme par Moliére et les autres écrivains du
XVII~ siècle, injure vague dans laquelle n'entre guére l'idée de
trahison. Toutefois, le mot a en certains endroits une signifi- cation très précise : le sens d'abord indéterminé finit par 'se
spécialiser, en quelque sorte, dans l'idée de trahison et de lâcheté.
D• 595, 601, 730 748, 871, go6, I23o ; V. 532, Gag, 1566, 164x, 1797, coquin; — D. 493, sot, stupide; — D. 949, 1235
1269 ; V. 4~, 41 S, 95 3 ~ 1242, coquin, avec déjà l'idée de trahi• son et de lâcheté; — V. 128, 1280, cette dernière idée se pré-
cise : le mot est rapproché du mot ldche ; — V. 1428, 1439 lâche ; dans le 2e cas : qui abandonne par lâcheté ; — D. 1181, sens moderne :qui trahit.
TRAISTREMENT, traîtreusement, V. 1321. Cf. Malherbe, Lettre au roy Louis XIII, t. I, p. 353: «Tuer un homme de bien, et
le tuer.., traîtrezne~zt, c'est mettre le crime si haut qu'il ne puisse
aller plus avant. » Le mot ne se trouve ni dans Furetière ni dans Richelet.
TRAVAILLÉ, fatigué, D. 811. Se disait des jambes d'un cheval, cf. Lacurne de Sainte-Palaye. Cf. aussi Corneille, Cid, III, 5
Et je ne saurois voir la main qui m'a vengé.
En vain, je m'y travaille, et d'un soin inutile...
Scarron emploie le mot travail dans le même sens, Prince corsaire, IV, 2
Le travail du combat, de la mer, du naufrage.
342 33~ DORIMON ET DE VILLIERS
TRAVERSER, contrarier, V. 4So, gog. Cf. Racine, Britannicus,
III, 8
Ainsi par le destin nos vceua sont traversés.
TRÉPIGNER, danser sur place, dans une figure de la gaillarde (cf. ce mot), V. Idzo.
TRIGAULT, homme sans franchise, D. Io39. C£ Boursault, Mercure galant, IV, ~
J'enrage de bon coeur quand je trouve un trigaud
Qui Bouffie tout ensemble et le froid et le chaud.
TROP DE... POUR..., plus qu'il n'en faut pour..., D. zig-z80. Cf. Corneille, Héraclius, III, 4
Nous aurons trop d'amis pour en venir i bout.
TROIIBLE, colère, D. 466. Cf. Molière, Fe»ames savantes, V, 3
..Et sans trouble ai-je assez écouté
Votre digne interpréte ?
TROUSSER BAGAGE, partir, D. 36a. Cf. Livet, 0. c., et Th. Corneille, Galand doublé, III, 4
...C'est fait, Monsieur, il faut trousser bagage. TYMBRE FESLÉ (LE), V. I 142. Cf. LiVet, 0. L.
Ux, quelqu'un, D. 1333 > V. S Ig, I158. Cf. Haase, o. c., § 49.
VENELLE (ENFILER LA), prendre la {utte, D. 354 i V. I%%O• Cf. La Fontaine, Fables, XII, Iy
Et le cheval, qu'i l'herbe on avoit mis,...
Fut presque sur le point d'enfiler la venelle.
VENTRE-BLEUP, VeritrebleU, D. 1495•
343 LEXIQUE 331
VERITABLE, qui dit la vérité, en parlant d'une personne, D. 1874 ; V. 6. Quand il se dit des personnes, il signifie qui dit la vérité: « Si vous n'êtes vdritable en cet article, vous @tes suspect en tout. Pascal, 1. 4. » (Richelet). Cf. Malherbe, Lettre d M. de Racan, 13 décembre 1624: « Si le roi est véritable, il ne s'en parlera jamais. » — Hauteroche, Cocher step~osé, sc. 31 : « Ma- dame, il s'explique à coeur ouvert. —Crois-tu qu'il soit véri- table ? » —Boursault, Fables d'Ésope, I, 1
Comme il est dangereux d'étre trop véritable 1
— En parlant d'une chose, sincère :mon vdritable amour,
V. 1218. Cf. Racine, Bérdnice, V, 6
Madame, il faut vous faire un aveu véritable.
VERT (PRENDRE SANS), prendre au dépourvu, V. 6q4. Cf.
Chevalier, Avantures de nuit, I, 1
Et, malgré sa parole donnée,
Vous avoir tout promis, et vous prendre sans vert !
Pour l'origine de cette expression, cE. Livet, o. c., art. vert.
VISTEMENT, avec vitesse, promptement, V. 4oS, 1199> 1353• Cf. Molière, Précieuses ridicteles, sc. ~ : «Payez-nous vitement ! » Scarron, Jodelet, IV, ~
Vous devez vitement en faire la vengeance.
VULGAIRE (uN), un homme vulgaire, D. I S S8. Je ne trouve pas d'autre exemple de cet emploi. Cf. cependant, pour cet adjec- tif pris comme substantif, les nombreux et curieux exemples cités par Livet, o. c., t. I, p. 42-45 : un vertueux, u~z sombre, une gaie, notamment. Cf. aussi plus haut BRUTAL et CAPRICIEUX.
Y remplaçant un pronom de la 3e personne précédé de evz, V. 843 ;précédé de cl~eZ, D. Ig4o. Cf. Haase, o. c., § Io, 11, et Livet, o. c., t. III, p. 818 et suiv.
344 332 DORIMON ET DE VILLIERS
ZEST, D. 1398. « Se dit quelquefois ironiquement pour mon- trer qu'on ne fait point de cas d'une chose, qu'elle est de nulle valeur, comme ]e lest qui est au milieu de la noix. n (Furetière).
DE
DORIMON ET DE DE VILLIERS t
A, dans, D. 579 734, 918, 1460, 1~1~; V. Iq3, 200, 479, 614, 694, 753, 8q 2, 111, 1~~4. Cf. Haase, Syz:taxe française, I2I A.
— contre, V. ¢82. Cf. Livet, Lexiqzze de la langue de Molière, I, 13, no 22, et notamment l'exemple de Malherbe.
r. J'ai fait figurer dans ce Lexique tous les termes et tours tombés aujourd'hui en désuétude. J'ai consulté, pour le rédiger, les dictionnaires du xvtl° siècle :Nicot, Furetiére, Richelet, Dictionnaire de l'Académie (r6g¢); les C:ariositès françoises d'Ondin; le Dictionnaire comique~de Le Roux; les dictionnaires de Lacurne de Sainte-Palaye et de Godefroy, de Littré, de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas. Pour les grammairiens, je me suis adressé â Vaugelas, Remarquer sur la Langue Françoise, édit. Chassang, Paris, r88o; â Bouhours, Remarques nouvelles sur la Langue Françoise, Paris, r6gg ; â A. Haase, Syntaxe frastçaise du xvu° siècle, tra- duite par M. Obert, Paris, r8g8.
J'ai emprunté des exemples : x° aux grands écrivains du xvn° siècle, et, dans ce cas, j'ai tiré généralement mes citations des dictionnaires cités plus haut ou des lexiques spéciaux de Marty-Laveaux et de Livet.
z° â un dépouillement qu'il m'a paru utile de faire moi-méme, en l'absence de tout lexique, d'un certain nombre d'écrivains secondaires du xvn° siècle, et plus particulièrement d'auteurs comiques. Je me suis adressé aux textes suivants : Sorel, Histoire comique de Fra~uion; Théâtre de Cyrano de Bergerac, Scarron, Chevalier, Hauteroche, Montfleury, Poisson, Boursault, Quinault, Dancourt; Thomas Corneille, Comédies ;
La Fontaine, le Florentin.
J'indique par D. les références ~ Dorimon, par V. celles â de Villiers; le numéro qui suit ces abréviations renvoie au numéro du vers.
Sauf indication contraire, j'ai employé, quand il y avait lieu, pour les auteurs du xvn°siècle, les éditions de la collection des Grands Écrivains.
290 2]ô DORIMON ET DE VILLIERS
— avec, V. S96r 99z-
- en : d mesnze temps, V. 681.
— sous, D. 1158. Cf. Boileau, Art poétigzze, I, v. ;; :
— sur, V. qob. Cf. Moliére, Don Garcie, I, t
C'est au Prince, Madame, i se régler aux vStres.
— pour, marquant le but, V. 616. Cf. Haase, o. c., § I23 s. — pour, après un adjectif: bon aacx Dames, V. 1281. Cf. Haase, o. c., § I25 D.
— de : c'est d votes d, V. 1666. Cf. Haase, o. c., § I24, rem. n1.
— au point de : un tymbre feslé, d laisser échapper..., V. I 142- 1143. Cf. Boursault, Fables d'Ésope, III, 5 :
Quand on me croiroit noble à faire du fracas.
— de : après oublier, D. 740-741. Cf. Corneille, Sophonisbe,
IV, 5 :
Vous a fait oublier, Seigneur, à me connoitre.
Cf. Haase, o. c., § 124 B, et Vaugelas, Remarques nouvelles sur la Langzee Françoise, II, 42 S
— de, devant un infinitif, après menacer, V. Io68. Cf. Haase, o. c., § Iz4, qui ne cite cependant pas d'exemples avec le verbe menacer.
— vers : avance à nzoy, V. 648. Cf. Haase, o. c., §lao s.
ABANDONNEMENT, action de laisser quelqu'un àlui-même, et non pas état de celui qui est laissé àlui-méme, D. 289. Cf.
Bourdaloue, Pensées (cité par Littré) «Vous devriez vous attendre, de la part du ciel, d un funeste abandonnemezzt.
ABISMER, au propre, D. 1861 ; au figuré, D. 743. Emploi neutre, fréquent encore au sens propre, mais vieilli au figuré. Cf. Garnier, M. Antoine, II, v. 577 :
Cf. aussi Haase, o. c., § 61.
291 LEXIQUE 279
ABORD, arrivée, approche, D. 161 ; V. I2o1. Cf. Molière, Tartu,~e, III, 5
Nous allons régaler, mon pére, votre abord D'un incident...
Chevalier, Soldat poltron, sc. 1
—Monsieur, je l'aperçois qui sort.
— Ah ! que de joie â cet abord !
Id., Pédagogue amoureux, I, 4
Qu'on vous donne congé dés la premiére fois.
ABORD (D'), aussit6t, V. 1403. Cf. Livet, o. c., et Boursault, Fables d'Ésope, III, 5
Et d'abord le fromage tombe.
Id., Ésope à Za cour, IV, t
ABORDER, approcher, V. 651. Cf. Vaugelas, Quinte Curce, (Littré) : « Le mur qui étoit avancé dans la mer... empéchoit qu'on ne pût en aborder.
ABSOLU, assuré, certain, D. 575. Cf. Malherbe, Traduction du Traité des Bienfaits de Sénéque, chop. xxv : « ... Et déjà vain-
queur absolu plantât ses drapeaux sur les portes. »
— absolus, maîtres absolus, V. 638. Cf. Corneille, Cid, II, i
Scarron, Dan Japhet d'Arménie, I, t
II a voulu
Id., Fausse apparence, I, 1
ACCOMMODEMENT (FAIRE UN), céder contre argent, D. 824. Le verbe s'accommoder se trouve chez Molière, Sicilien, sc. ~, avec un sens analogue : « J'ai instruit quelques esclaves qui voudroient
292 2ô0 DORIMON ET DE VILLIERS
bien trouver un maître qui se plût à ces choses... je voudrois vous prier de les voir et de les entendre, pour les acheter, s'ils vous plaisent, ou pour leur enseigner quelqu'un de vos amis qui vou- lût s'en accommoder. »
Accord du verbe avec l'attribut et non avec le sujet, D. go, 1389• Cf. Haase, o. c., § 63, rem. t.
— avec plusieurs sujets coordonnés
I~ Verbe au singulier, les sujets étant, le premier au pluriel, le second au singulier, et tous deux étant réunis par zzi, D. 481- 482 ; V. 1483-1484. Cf. Haase, o. c., § 146, rem. u.
z~ Verbe au singulier, les sujets étant réunis par la conjonction et et formant un tout complet, D. 1616, I q4o. Cf. Haase, § 146.
3~ Verbe au singulier, le sujet étant un adverbe construit avec le partitif de suivi de plusieurs notns au pluriel, D. gIs-g1~. Cf. Haase, § 63, rem. II.
ACHEVER DE PEINDRE, ajouter Uri nouveau mal, D. 1730. Cf.
Scarron, Virgile tz•avesti, édit. Iyos, II, p. zz
Cloantltus est prest de l'atteindre.
Saint—Amant, ~zcvres, Biblioth. Elzév., I, p. 470
Un furoncle me vient.
Cf. Livet, Lexiq:ee de la lang ue de Molière, art. achevé; Lacunie de Sainte-Palaye, citant une définition de H. Estienne, Apologie pour Herodote, chap. xI; Oudin, Curiasitésfrançoises.
AcTlox, mouvement du corps, V. 6z5. Cf. Descartes, Traité des Passions de l'âme, II, 1 t 3 « Il n'y a aucune passion que quelque particulière action des yeux ne déclare. » —Sorel, Fz-anciozz, XII : «Dans ces pays, une simple oeillade ou une petite action en disent souvent davantage que les plus longs entretiens. »
ADIEU, faire à quelqu'un son adieu, le tuer, D. 36. Je n'ai pas rencontré d'autre exetnple de ce sens. Cf. cependant Le Roux,
293 LEXIQUE 2ôI
Dictionnaire comique : «Adieu vous dis, c'est fait de lui. Pour dire qu'un homme se meurt. u
Adjectif possessif : Ma fidélité (vous songiez encor à), m'@tre fidéle, D. 100 ; Nostre piège (ils cherchent), le piège que nous tendons, D, 58z ; Postre vengeance (cherche), à vous venger, D. 1641. Son supplice (appreste), le supplice qu'il inflige, D. 126.
— omis, D. ~z4.
AFFLIGER, aU pYOpre, maltraiter, D. zyz, 1~g6. Cf. Bossuet, Discours sur l'Histoire universelle, I, ri : «L'Église fut cruelle- ment a~ïigée en Perse. »
AFFRONTER, tromper impudelnment, D. Iz13. « Ce changeur m'a affronté : il m'a donné de la monnoye qui est fausse. » (Fure- tiére). Cf. Scarron, jodelet duelliste, IV, 3
Je suis donc allé voir tantSt sa Dorothée,
Que pour vous affronter il avoit apostée.
— outrager, V. 656, 8g1. Cf. Th. Corneille, Illustres enne- mis, I, 4
Sur un autre qu'un Fils puisse épandre sa honte.
Id., ibid.,IV, g
Par des gens apostés il m'a fait affronter.
AGE, vie, V. g8~. Cf. Chevalier, Pédagogue amoureux, I, 3
C'est avoir grand dessein de devenir cornard,
Que s'aller justement é la fin de son âge
Embarrasser encor dedans le mariage.
ALLEGEANCE, soulagement, D. 334; V. 439• C£ Moliére, Étourdi, II, ;
ALUMELLI:, la lame de l'épée, V. 636. Richelet constate qu' « il a un peu vieilli et n'est pas si usité que le mot de lame ».
294 2$2 DORIMON ET DE VILLIERS
AMOUR, au féminin, V. g2, 140. En 164q, Vaugelas déclare que ce mot est féminin. En 162, il constate qu'en prose il est toujours masculin, qu'en poésie il est encore des deux genres. Cf. Montfleury, Femme jute et partie, II, 6 (1668)
Scarron le fait féminin, Th. Corneille des deux genres.
ANTIPATHIE, objet d'antipathie, V. 1168 ; par analogie avec amour, objet d'amour.
APPARENCE, motif plausible, raison, V. 420. Cf. Boileau, Satire x
APPARENTE, qui attire l'attention, V. 447. Cf. L. Racine,
Rem. szcr l'Odyssée, ~ (Dictionnaire général) : «Les plus apparents
des Phéaques ». Cf. aussi Boursault, Mercure galant, V, ~
Et ton papier volant, tel que tu le délivres,
Réduisirent le tout âtrente-quatre francs.
APPLATIR, s'aplatir, D. 1432. Pour l'omission du pronom régime, cf. Haase, o. c., § 61.
APRÉS, gagner quelque chose après quelqu'un, D. 368. Cf. Molière, Georges Dandin, III, 6: « La pendarde s'est retirée, voyant qu'elle ne gagnoit rien après moi. » Cf. aussi Haase, o. c., § 132 D, rem.
Article défini mis pour un adjectif démonstratif, V. Iyo2 ; mis pour un adjectif possessif, D. 1339 ; V. 122y, 164, 1793• Cf. Haase, o. c., § 3o c, rem. 1.
— omis : 1~ devant un nom concret : sur table, V. 1379 ; dames de Cour, D. 1160. Cf. Haase, § 28 A.
20 devant un nom abstrait personnifié ou note : amo:cr, D. 26, sy, Ioo; ; raat:cre, D. 866, 12os, 1232 ; dans les expressions
295 LEXIQUE 2ô3
par raison, D. 236, par douleur, V. 873, par cozzrage et valleur, D. g~o, avoir droit, D. 3, 4z2, avoir jalousie, D. Iog8. Cf. Haase, §28setE.
Article irzdéji~zi omis : 1~ devant un complément direct : faire folie. D. 6z6 ;faire largesse, D. 633 ;avoir bon jugement, D. 6gz ; tenir étole surnatzzrelle, D. 1742. Cf. Haase, o. c., § 57 c.
z~ aprés une préposition :par pz•édiction, V. 1436. Cf. Haase,
§ 57 D.
3 ~ devant même, D. 3 S
4~ devant autre, D. 64. Cf. Haase, § S^ II, rem. I.
6~ devant tel, D. Io33. Cf. Haase, § S9 II.
ASSEURANCE, sureté, D. Io6. Cf. Corneille, Nicomède, V, I Pourras-tu dans son lit dormir en assurance 1
La Fontaine, Florentin, sc. 1
ASSEUREMENT, avec assurance, V. 146. Cf. Corneille, Polyeucte, II, 6
ASSIGNATION, rendez-vous, D. gg ; V. 1688. Cf. Tallemant, Historiettes, Femmes vaillantes : «Une fois elle appela en duel un gentilhomme qui étoit en réputation de brave : il se trouva à l'assigzzation... » —Scarron, Don Japhet d'Arznézzie, IV, 2
Doit passer cette nuit par ass::gnation.
ASSURÉ, sùr, certain, D. glg. Cf. Molière, Don Juazz, I, 3 « Il est assuré que je ne suis parti que pour vous fuir. » —Sorel, Francion, XII : « De là il tiroit des conséquences assurées. u
ASSURER (5'~ DE, avoir confiance en, D. g. Cf. Corneille, Rodo- gune, III, 1
296 2ô4 DORIMON ET DE VILLIERS
Quinault, Mére coquette, II, 2
Non, je puis m'assurer de son obéissance.
ATTEINTE, coup, D. X81, 136; ; V. 155. Cf. Moliére, Fouz•be— ries de Scapin, I, 3 : «Ces nouvelles m'ont donné une atteizee cruelle. » —Scarron, Jodelet, II, r4
— SENSIBLES ATTEINTES, V. S7z. Cf. Scarron, Marquis ridicule,
IV, I
Votre coeur en eût eu de sensibles atteintes.
AucvN, personne, D, 1~z1. Cf. Haase, o. c., § ço B, rem. II_ — AucuNEs, au pluriel, D. 1574. Cf. Haase, § So B, rem. III.
AUTANT QIIE, tant que, aussi longtemps que, V. IIz4. Cf.
Corneille, Horace, III, 6
AVIS ~HTRE SANS, être incapable de donner un conseil, D. çg6. Cf. une expression analogue chez Th. Corneille, Galand doublé, I, 2 : « Étre sans compliment. »
Auxiliaire commun â deux participes passés coordonnés, l'un neutre, l'autre actif, V. 168E-1689. Cf. Haase, o. c., § 149.
AVOIR, impér. prés. 3e pers. a~~e, en z syllabes, D. 814, 943: 1395, ISOI, Iço6. Cf. Hauteroche, Souper mal apprêté, sc. 6: Eh l mon Dieu l lâ-dessus n'aye point de souci.
BALOIIRDE, au masculin, D. IZ1~. Furetiére donne les deux genres.
BANDER ~SE~, tendre ses forces, D. z91. Çf. Malherbe, Lettres
297 LEXIQUE Zôs
à divers, 40, t. IV, p. 87) : « Se bander contre les volontés du prince. » —Scarron, Jodelet, IV, Io
Mais que tous mes malheurs, et présents et passés, Se ba~:dent contre moi.
BEL AVOIR) ATTENDRE, ironiquement, avoir un grand avan- tage àattendre, V. 1447•
BENIN, favorable, bienveillant, D. dso, Idoo. Cf. Corneille, Théodore, V, 3
Un astre plus Benin vient d'éclairer tes jours.
Boursault, Fables d'Ésope, III, 3
Honorez, s'il se peut, objet charmant et doux,
D'un regard plus Benin votre futur époux.
BERLU>:: AVOIR LA), V. 143z. «Berluë, éblouïssement de la vuë par une trop grande lumiere, qui fait voir long-temps après les objets d'une autre couleur qu'ils ne sont. » (Furetière). Cf. Quinault, Ansant indiscret, IV, 8:
Vous rêvez, vous rêvez ;vous avez la Berluë.
Chevalier, Amours de Calotin, III, 3
Puis que cette Beauté se montre a vostre veuë, Si vous ne la voyez, vous avez la Berluë.
BIEN, bonheur, D. z9, 77~ 848, 1766 ; V. 803. Cf. Scarron, Jodelet, III, g
le bien qu'aura celui qui sera votre époux.
— LE BIEN DE, l'avantage de, D. 56, 1317 ; V. 4q;. Cf. Livet, o. c., et Scarron, Don Japhet d'Armdnie, III, 17
Monsieur, si le bien de vous voir
A causé votre mal, j'en suis au désespoir.
Poisson, Fous divertissans, III, 11
j'eus le bien
De servir quatre mois un grand magicien.
Boursault, Ésope à la Cour, V, 7
298 2$ô DORIMON ET DE VILLIERS
BIZARRE, bourru, qui a l'humeur chagrine, D. ~Sç. Richelet et Furetière donnent ce sens. Cf. aussi Dancourt, Chevalier à la mode, I, y : « Elle a un pére extrêmement bizarre, à ce qu'elle m'a dit. u
BLESSÉ ~ESPRIT~, folie, D. 294. Cf. Scarron, Ennemis gé~:é-
reux, III, 4
Il ne me manquoit donc, pour combler mon malheur,
Que ta raison blessée auta.tnt que mon honneur.
D. PGDRE.
Mon pére, ma raison ne fut jamais plus saine.
Box—xoMME, vieillard, D. 736. Cf. Corneille, Don Sanche,V, 4 Les comtes font traîner ce bm:hamzxe en prison.
Montfleury, Dame médecin, I, 6
Scarron, Jodelet, IV, 1
Th. Corneille, Galand dozzblé, V, 2
BoNxessE, calme de la mer, D. logo. Employé plus générale- ment au figuré, ici au propre. Cf. Corneille, Médée, IV, 1 Comme cette beauté, pour lui toute de glace,
BOUTADEUX, capricieux, D. 1368 ; cf. Le Roux, Dictionnaire comique.
BRANLER, employé absolument, remuer, V. 414, 653. Cf. Cyrano, Pédant joué, lI, 4: «L'autre jour encore, les Polonois enlevèrent bien la Princesse Marie en plein jour â l'h8te1 de Nevers, sans que personne osât branler. u — Hauteroche, Souper mal apprêté, sc. 3 : « VALÉRE, regardant Philipin qui ne bra~ale pas. » —Chevalier, Soldat poltron, sc. 2
299 LEXIQUE 2ô %
BRAVE, élégant, bien vétu, V. 1184. Cf. Th. Corneille, (~aland doublé, V, 3
Quand vous me verriez brave, et n'auriez pas le sou.
Chevalier, Avantures de Nuit, II, 6
Sans qu'au mesure moment on devient son esclave ?
Sorel, Francion, XII : « Le lendemain chacun se fit brave, pour assister au mariage. » Cf. aussi Livet, o. c.
BRAVERIE, bravoure, V. I S 36. Oudin (1642) enregistre encore ce mot que ne donnent ni Richelet, ni Furetière, ni même Nicot. On le trouve chez Malherbe (I, 3 Sy), mais avec le sens de « bravade » : «Une bande de femmes équipées... en amazones lui firent, de braverie, une salve de mousquetades. »
Le Comte eut de l'audace; il l'en a su punir:
Il l'a fait en brave homme et le doit maintenir.
BRUIT, querelle, D. q80. «Ces deux cavaliers ont eu ensemble quelque bruit. » (Furetière). — Cf. Molière, École des femmes, i, 1
Dancourt, Chevalier d la mode, II, 1 : «Est-ce que tu n'étois pas avec elle ce matin, quand elle a eu bruit avec cette femme de qualité ? »
Albin, comme est-il mort? — En brutal, en impie.
Th. Corneille, Don César d'Avalos, II, 1
Chevalier, Soldat (poltron, sc. i
Toute cette moralité
Pour un brutal, pour un stupide.
Ci. plus baS i,APRICIEUX et VULGAIRE.
300 2ôô DORIMON ET DE VILLIERS
BRUTALITÉ, D. 199 ; V. 493• Cf. la définition de La Bruyére (citée par Livet, I, 3oç) : « La brutalité est une... dureté et j'ose dire une férocité qui se rencontre dans nos manières d'agir, et passe m@me jusqu'à nos paroles. »
CADENCE, chute, au sens propre, V. 14ao. — Je ne trouve ce sens dans aucun dictionnaire du xvlle siècle. Le Dictionnaire général le donne en citant : 1 S4o, Guillaume Michel, dans Del- boulle, Recueil.
CAGE, prison, D. 498. Familier au xvll~ siècle. Cf. La Fontaine, Rémois, v. 206
Scarron, Ennemis généreux, IV, 2
L'avocat fit pourtant rompre le mariage,
CAPRICIEUX, substantif, V. ç 1 ~. Cf. Livet, o. c., art. adjectif, n~ 1 z. Cf. aussi Th. Corneille, Don César d'Avalos, I, 4 : « un ridicule » ; Sorel, Francion, III : « un rustiq:ee ».
CAPRIOLE (LA), saut en l'air fait par les danseurs dans une figure de la gaillarde, V. 1618. Furetière écrit cabriole; Ménage dit que l'usage était pour cabriole.
CARRAUX, traits de la foudre, D. 31ç, IIo6; V. 8ç1. Cf.
Corneille, Suré~aa, V, ç
CAS RÉSERVÉ, circonstance rare, qui ne se produira pas, D. zoo. « On appelle cas reservex les pechez dont il n'y a que l'Evesque ou le Pape qui puissent absoudre. On dit prou. d'une chose dont on fait mystere et que l'on veut faire valoir par ce moyen, que c'est un cas reservé. » (Académie, 1694).
CASTOR, chapeau en feutre fait de poils de castor, V. Iog6.
Cf. Corneille, Galerie du Palais, I, ~
301 LEXIQUE 2ôj
Quel diable d'homme est ce ci?
CE DITES-VOUS, V. 1339. Vaugelas constate cet emploi de ce et le condamne comme une négligence. Il est fréquent chez Molière. C£ Livet, o. c., art. ce.
CERVELLE (METTRE EN), mettre en inquiétude, V. 5 3 ç. Cf. Cyrano, Pédant joué, I, i : « Je voulus dépêtrer la nature de ces Dieutelets, dont l'insolence la anettoit en cervelle. » — Th. Corneille, Galand doublé, I, 1
Pour cet italianisme, cf. aussi Livet, o. c., art. cervelle et la curieuse citation de H. Estienne.
CHAMPS (Aux), hors ville, d'une façon générale, et non pas seulement à la campagne, D. 733. Cf. Furetiére : « Au pluriel, se dit par opposition à ce qui est enfermé dans les villes. »
CHARMES, puissance magique, D. ggo. Cf. Livet, o. c. CINQ PAS (LEs), figure de la gaillarde, V. 16zo.
CLIMAT, au singulier, pays, V. 1302. Cf. Corneille, Poésies diverses, I.xlx, t. X, p. 194: « ... Un clirraat fécond en glorieux exploits. »
COMME, comment, D. 46, X68, 1488. Cf. Haase, o. c., § 43 E.
CoNc1.vRE, résoudre, décider, D. 1349. Cf. Chevalier, Péda- gog:ze amoazreux, II, 5
Th. Corneille, Inconnu, IV, i
CONDUITE, art de conduire les choses, esprit de suite, D. 8a ; V. 164, I i i6. Cf. Moliére, Manants ma; nifaques, I, z : «Vous avez
302 290 DORIMON ET DE VILLIERS
de l'esprit, de la conduite, de l'adresse. » —Scarron, Fausse appa- rence, I, 1
Fous savez
Que votre sûreté veut beaucoup de conduite
CONFONDRE, engloutir, en parlant de la mer, V. Io33. Par analogie avec l'expression «que le Ciel te confonde ! »
CONNOISTRE, reconnaître, D. 818, 879 9z7~ V• 773 9z3• Cf. Scarron, Jodelet duelliste, III, 6
Th. Corneille, Galand doublé, V, z
Id., Don César d'Avalos, II, 4
CONSIDERANTE (PEU), qui a peu d'égards, D. 345. Donné par l'Académie, 1694.
CONSUL'PER, examiner, V. z 13. Cf. Molière, Amour médecin, II, 2 : «Nous allons consulter ensemble. » —Boursault, Fables d'Ésope, V, 1
J'ai rêvé, consulté, déployé tout mon zéle,
llonné la question â ma pauvre cervelle.
Quinault, Mère coquette, II, 6
CONTENT (RENDRE), bien payer, D. 828, 840. Conterzter se trouve chez Molière avec le sens de «payer » : «Nous entendons que vous nous contentiez... pour ce que nous avons joué ici. » (Précieuses ridicules, sc. 17.) Cf. Hauteroche, Sozzper mal ap(~rété,
sc. z7:
Adieu; pensez bientôt â nous rendre cotztens [â nous payer].
CONTENTER (SE) QUE, étre satisfait de ce que, D. 1515. Cf. Corneille, Théodore, II, 6
Cmztente;-vous, Madame,
303 LEXIQUE 291
CONTESTER, discuter, V. 563, X64, 889, 16q~. Cf. Molière, Fozez•beries de Scapin, II, 6 : « Ne me fais point contester davan-
tage. » —Scarron, Don Japhet d'Armé~zie, II, 3 : «Conteste seu-
lement une fois. u
— me contester, discuter avec moi, D. 839.
CONTREDIT (uN), une affirmation contraire, V. 1171. Cf. Corneille, Galerie du Palais, IV, Io
Je sais ce qu'il m'a dit,
CORDEAUX, cordes pour pendre, D. Iz99. C£ La Fontaine
Fables, IX, 15
Fut qu'un autre eût, pour lui, fait les frais du cordeau.
COUP (ENCORE UN), D. 151. Cf. Corneille, Nicomède, I, z
Madame, e7zcore un cozep, cet homme est-il â vous ?
COURAGE, coeur, D. 1433 ; V. z6o. C£ Bossuet, Oraison funèbre de Condé: « Ce grand prince calma les courages émus.
— Th. Corneille, Illustres ennemis, II, z
Puisqu'on ne vit jamais les belles passiotts
Sur des courages bas former d'impressions.
Cours, au figuré, D. 78, Iz8, 130, 388, 436 448, 464, 1632. Cf. Corneille, Don Sanche, I, 2
Racine, Béz•ézzice, V, ~
Th. Corneille, Illustres erzzzemis, I, 6 : « le cours de votre honneur ». — Montfleury, Fille capitaizze, IV, 7 : « le cours d'un malheur ».
CREANCE, croyance, D. Iz36, 1421 ; V. 1694. Cf. Molière, Mélicerte, II, 4
Et pour vous arracher toute injuste créazue,
Je vous promets ici d'éviter sa présence.
304 2g2 DORIMON ET DE VILLIERS
CREDIT, avantage, V. Ito4. Cf. Molière, lirnpbitryozz, III, 1
Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit.
CROUPIERE, derrière, D. So5 . —Signalé par Richelet et Fure- tière comme vulgaire et se disant de préférence en parlant des femmes : «Elle hausse la crazzpière. » (Richelet).
DANGER, faire un saut, en parlant de quelqu'un qui est pendu.
D• 499•
DANS, en, D. 1~1. Cf. Haase, o. c., §Iz6, 3~, c.
— à, V. z88, 630. Cf. Haase, o. c., §Iz6, 30, A.
— pendant, D. 1180. Cf. Haase, o. c.,§ Iz6, 3~, c.
— dans demain, V. Iz6, 14zz ;dans la fin du jour, V. 181,
aurons dazzs la fin de ce mois le duc de Bouquinghan. »
— dans pezz, D. I1~z.
DE, après un passif, pour marquer l'auteur ou la cause d'une action, D. 944, X81, 81I, IIz4 ; V. I14o. Cf. Hanse, o. c., § I13.
— marquant la cause, après un verbe qui n'est pas au passif, D. 1845 ; V. Ioo~. Cf. Haase, o. c., § Iog.
— par, avec, D. 1836; V. zz, 497, Iz18. Cf. Malherbe, Traite des Bienfaits de Sénèque, III, 38 : «J'ai vaincu mon père de bien- faits. » —Corneille, Clitazidre, I, g
Cf. aussi Haase, o. c., § 114.
DE, élément composant de l'article partitif, omis : faire bruit,
y14, 1268. Cf. Corneille, Polyeucte, V, z
Cf. Haase, o. c., § I1~.
305 LEXIQUE 293
— suivant la négation ne et précédant un substantif, n'y reçoit de naissance, D. 18. Cf. Hanse, o. c., § i t8.
DE, suivi d'un infinitif, pour : du temps d'achever, V. 1658.
C£ Molière, Dédit amozareux, II, 6
Bon Dieu ! que de discours f
Malherbe, t. IV, p. 2z4 : «J'ai eu du loisir assez de remar- quer. » Cf. Hanse, o. c., § I Iz, zo, w, rem. II.
DE explétif : d'aujourd'huy, aujourd'hui, V. 13oI. Hanse ne signale pas cet emploi curieux.
DEDANS, préposition, D. 81, 175, zO7~ 313 339 444, 47>> 604, 649 656 708 7z7, 745 836, 855, Iz64, 1335, 1370, 16z4, 1627, 1674; V. 6z, 163, 191, 565 649 736 y84~ 1439• Cf. Hanse, o. c., § Iz6.
DEDANS PEU, D. 364. Sens de l'i~atra latin, fréquent dans le vieux français. Ménage déclare qu'« il ne se dit plus que par de> villageois... »
DÉFAUT (A cE), ~ défaut de cela, V. 1541. Cf. Corneille.
Nicomède, V, Io
DEFFENCE, moyens de défense, D. 46z, 966. Cf. Corneille,
Poésies divea•ses, Lxlx, v. 169
En deux lustres â peine ont pu voir subjugués,
Eurent moins de défense...
...Vous diraichere~ â l'instant de la ville.
Chevalier, Pédagogue amou~•eux, I, 3
Ne nous rende tous deux de mille coups perclus.
306 294 DORIMON ET DE VILLIERS
DENTS (MALGRÉ MES), quoique je fasse pour m'en défendre, malgré moi, V. 68z. Cf. Moliére, Médecin malgré lui, III, I « Ils m'ont fait médecin malgré mes dents. » —Scarron, Dor: Japhet d'Armdnie, III, I q
Eh I oui, je vous entends,
Montfleurp, Femme juge et partie, I, z
On vit brûler son âme,
DENTS (MEs) CROISSENT, j'ai faim, D. 1432. Par analogie avec l'expression avoir Zes dents Zongues.
D~PESCHER, se dépêcher, V. IIgB, 1771. Cf. Molière, École
ales femmes, II, 2
D$PITER, mépriser, V. 1334• Cf. Malherbe, Poésies, xxxv, cité
par le Dictionnaire général:
...La troupe maudite
Son Seigneur attaché par outrage dépite.
DÉPOUILLER (SE), être dépouillé; V. 8~2.
DESORDRE, trouble, au propre, V. 4os. Cf. Moliére, Amants
rnagni fiques, V, I
Scarron, Jodelet, III, tg : «Quel désordre est ceci ?
— au figuré, D. 966. « Il survint un accident qui mit le
prédicateur en désordre ». (Furetière).
DEssous, préposition, D. 53r 71~ 563r 1539 V• 147r 175 13zo. Cf. Haase, o. c., § I28 A.
DEssvs, préposition, D. 16, ~ 3, ~ I z, I S I %, I S 93 r 1648 ; V. 333, IOII, Ioz8, 1359• Cf. Haase, o. c., § I28 A.
307 LEXIQU$ 29S
D. Io36. Cf. Corneille, Poésies diverses, LIv, stances
DÉTOUR, biais pour s'excuser, V. zzg. Cf. Corneille, Sertorius, II,z:
DEVANT, préposition, avant. V. 1453 1474• Cf. Haase, o. c.,
§ 13o A, et Corneille, Illztsion comique, V, 3
Diminuer ton crime et dégager ta foi.
Montfleury, Fille capitaine, IV, 12
Qu'on le fasse sans bruit
Scarron, Don Japhet d'Arménie, II, 5
La vieille gouvernante
DEVANT QUE, avant que, V. 1451. Cf. Moliére, Prdcieuses ridicules, sc. g : « Je crie toujours : «Voilà qui est beau », devant que les chandelles soient allumées. »
DEVANT QUE nE, suivi de l'infinitif, V. 381. Vaugelas, (Remarques, 1647) dit en parlant de avant que et devant que « L'un et l'autre, devant l'infinitif, demande l'article de ; par exemple, il faut dire :avant que de mourir, et devant que de mourir... »
DIABLE (FAIRE LE) A QUATRE, V. Io6~. L'expression n'a pas ici le sens habituel de «faire beaucoup de bruit ». Elle est prise en bonne part et signifie c se donner beaucoup de peine ». Moliére dit dans le même sens, Remerc. au Roi, v. 52:
DIABLE (LE GRAND), V. 12z~. Cf. Livet, a. c., et Montfieury, Femme juge et partie, V, 5
Ah I langue de serpent I Mégére abominable I !:turne de l'enfer I Organe du grafid diable !
308 296 DORIMON ET DE VILLIERS
DIABLEMENT, V. 675. Cf. Moliére, école des feznmes, I, I Je vous le dis encor, vous risquez diablenzezzt.
DIABLES DESCHAINEZ, D. 556. Cf. Molière, École des femmes, I, 1: On vous a vu contre eux un diable décl~nivaé.
DIABLE-ZOT (0), V. 815. « On dit ironiquement à des hableurs, pour montrer qu'on ne croit rien de ce qu'ils disent, Au Diable Zot. Il y a apparence que cela vient d'une imprecation tronquée, et qu'on a voulu dire :allez au Diable, au Diable. On a retranché ]e dernier et le premier mot, et on a mis un Z pour éviter la caco- phonie ;car le mot dot n'est point de la langue, de sorte qu'il faut que ce soit une orthographe corrompuë. » (Furetiére). Je cite comme une curiosité cette étymologie fantaisiste. — « On dit populairement et bassement : Diable-Zot, ô diable-Zot, pour dire, II n'en est rien, je n'en croy rien. » (Académie, 1694). — Cf. Baron, Coquette, IV, 11 : n J'ai voulu ouvrir avec la clef ; nu diable Zot ! j'ai trouvé plus de quarante mille trous de serrure. »
DISCRÉTION, ménagement, D. z9S. Se trouve chez Malherbe et chez Molière avec le sens voisin, mais non semblable, de « mo- dération ». Cf. Malherbe, Épîtres de Sénèque, Lxxl, ~ : «Celui qui parmi les prospérités se conduit avec disczétiozz. » —Molière, Avare, II, 1 : « Le tout... rabaissé à la valeur de mille écus, par la discrétiozz du prêteur. »
DISME (AVOIR LA) D'UNE FEMME, prélèvement fait sur son honneur, D. 1162. Je ne trouve pas d'autre exemple. Cf. seule- ment Boursault, Mercure galant, II, z
Vous pretendriez sur elle avoir droit de seigneur, Droit de dîme.
DISTILER, intransitif, V. yo8. Cf. Vaugelas, Qzzinte-Curce, IV, Iz : « Un soldat coupant du pain, on aperçut des gouttes de sang qui en distilloient. »
309 LEXIQUE 29~
DOMINER, avoir de la maîtrise sur, au figuré. D. 69, 1~0, 181. Cf. Pascal, Pensées, XII, 1 : «Toutes les créatures ou l'affligent ou le tentent, et dominent sur lui.
DoxT, avec lequel, avec lesquelles, D. 344 990 ; V. 9q6. Cf. dans Livet, o, c., de nombreux exemples.
DRAPEAUX, linceuls, D. IS72. Synonyme de draps. Au XVIIe siècle, le mot a encore son vieux sens de linges. Le sens est ici moins général.
DROIT (A), V. 733. Cf. Boileail, Satire Iv, v. 39
Les voyageurs sans guide assez souvent s'égarent, L'un â droit, l'autre ~ gauche....
Il s'est fait admirer tant qu'ont duré ses fréres.
ECHAUGUÉTTE (FAIRE L'), faire le guet, V. So8. Échauguette, guérite ou tour de guet. Oudin donne eschaeeguetter, «épier ». Cf. Sorel, Francion, IV : a Vous regardez avec contentement, du haut de l'échauguette de vos mérites, brûler non seulement les faubourgs, mais encore la ville de mon coeur.
ÉCLAIRCIR, illustrer, V. Ig~. Je ne trouve pas au xvl1~ siécle d'autre exemple de ce sens. Cf. dans Littré l'exemple d'Amyot, Cicéron, z9 : « II n'y en a pas un duquel il n'ayt encore esclar•cy la renommée en escrivant ou parlant honorablement de luy. u
EFFECTUER, passer à l'effet, V. z;i. Cf. Scarron, Jodelet, V, 8:
EGAUDIR (s'), V. 1639. Je ne trouve aucun autre exemple de ce mot, que les dictionnaires du xvlle siécle ne donnent pas.
ÉLOIGNER, avec le sens de s'éloigner de, V. ysg. Cf. Corneille,
Pompée, III, 1
310 29ô DORIMON ET DE VILLIERS
Livet, o. c., art. éloigner, cite pour ce sens de ~ombreux exemples donnés par Ménage.
EMBARQUER ~S'), se mettre à, et non pas : se lancer dans, se risquer à, D. 140.
EMBARRASSER, mêler, D. 805. Cf. Corneille, Ier Discours sur le`Poënze dramatique : «Ces personnages épisodiques doivent
s'embarrasser si bien avec les premiers... »
EMPESTÉ ESPRIT), corrompu, D. 224. Les dictionnaires du XVIIe siécle ne donnent pas ce secs. On trouve ce mot fréquem- ment employé au figuré, mais plut6t avec le sens de «qui répand le mensonge, l'erreur, la calomnie ». Boileau, Satiz•e xII, dit «une bouche empestée », Racine, Athalie, III, 4 : «une chaire empestée », cf. Littré. Cependant, Boursault, Fables d'Ésope, III, 5
Si de sa flatterie il m'avoit infecté,
EMPLOY, occupation, fonction, D. g~6. Cf. Moliére, Dorz Gar- cie, III, 2
Mais je marche en tremblant â cet illustre emploi.
Err, préposition, précédant l'article le et la, élidé ou non,
avec le sens de dans, D. 653, Io6z, 1194, 1363 ; V. Iga, z1a,
800. Cf. Haase, o. c., §Iz6 B.
— dans : en ma, V. 913 ~ 13o9, 1435 ; en tes, D. 1525 ;ezz vos,
D. 805 ; en leur, D. 1513 ; en ce, D. 1664 ; eu cette, D. 143 5
— à: prendre part en, V. 60~. Cf. Haase, o. c., § 126 n.
— à : ezz faveur de ]a nuit, pour â la faveur, D. Sgz. Cf. Cor-
neille, Suite dzz Mente:zr, IV, 4
Cf. Haase, o. c., §Iz6, z~, n.
— à :employer ezz, V. 868.
§ Iz6, 20, n, rem. III.
311 LEXIQUE 299
EN, pronom, renvoyant à une phrase, D. 469 490 749>
i800. C£ Haase, o. c., § g, II, s.
— renvoyant â l'idée contenue dans une phrase ou une pro-
position précédente, D. 59r 749 i2o4, i6zg.
— remplaçant le pronom personnel de la seconde personnt•
avec de, V. izz. Cf. Haase, o. c., § g, II, c.
— se rapportant à une personne pour marquer la possession.
au lieu de son, D. 887 ; V. i3zz. Cf. Haase, o. c., § g, II, n. — employé par pléonasme, d'une façon incorrecte, D. 458.
— explétif, D. 557•
ENNUY, souci, violent chagrin, D. 43, io64, iio8; V. iz54. Cf. Racine, Phèdre, I, z
...Quel mortel ennui
Contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ?
Chevalier, Amours de Calotizz, II, 4
Helas !que dois-je faire en ce pressant erznuy 1
Quinault, Mère coquette, lI, 6
Ce n'est qti avec le temps qu'un grand erzrzui se passe.
ENNUYEUX, malheureux, V. 34r. Cf. Corneille, Incitation,
IV, Sos:
Tant que l'âme gémit sous l'exil enuuyuzx
Qui l'emprisonne en ces bas lieux.
Scarron, Prince corsaire, V, 5
Qu'un prince fidéle... Succéde en votre cættr au malheureux amant, ...Qui ne peut avoir de fin plus glorieuse, Que de perdre pour vous une vie eztzz:zye+zse.
ERREURS, courses errantes, V. loi, go7. Cf. Corneille, Iliu- sion coznique, I, t
J'ai vu dans mon voyage Le Pd, le Rhin, la Meuse, et la Seine et le Tage Toujours le méme soin travaille mes esprits, Et ces longues errerzrs ne m'en ont rien appris.
312 j00 DORIMON ET DE VILLIERS
Erreurs au pluriel se dit quelquefois pour dire de longs voyages remplis de traverses. Ainsi l'on dit les erreurs d' Ulisse. u (Académie, 1694).
ESCORNIFLEUR, celui qui mange aux dépens d'autrui, D. 1495• Cf. La Fontaine, Fables, IX, 20:
L'écortziflezzr étant âdemi-quart de lieue.
IV, 5
ESPRITS, D. SIg, 644. Cf. Racine, Athalie, II, ç Sa vue a ranimé mes esprits abattus.
Scarron, Dozz Japhet d'Arménie, V, I
Oh ! que mon sot dessein rend tous mes esprits mornes !
Th. Corneille, Illustres ennemis, III, 1
Si totijours la vangeance occupe vos esprits.
EsTeT : l'estat de mon courroux, pour dire : l'expression, la manifestation de mon courroux, D. 268. Je ne trouve pas d'autre exemple de ce sens.
— dans un estat, dans une situation à, D. 230. Cf. La Fontaine, Florentin, sc. ~
Libre, et dans uvz état â répondre â sa flamme.
Boursault, Mercure galant, III, i
Il est da~zs u~z état â ne pouvoir plus croître.
ESTIME, bonne réputation, D. 93, 106. Cf. Corneille, Ponz-
pee, I, I
I1 faut le délivrer du péril et du crime,
Assurer sa puissance et sauver son estime.
Scarron, Jodelet, II, Io
fit tout menace ici ma vie et mon estime.
313 LEXIQUE 30I
Boursault, Fables d'Ésope, IV, 3
ESTONNÉE (UNE AME), une âme troublée, D. 15 So. Cf. Racine, Athalie, III, 5
ESTONNER (s'), se troubler, D. 158x. CE Scarron, cité par
Livet:
Qu'un coeur qui jamais ne s'étotttte
Peut bien les autres étonner.
ESTONNER (S') COMMENT, D. Io86. Cf. Bossuet, 2e Sernlorl sur la Providence, 1 : «Eux-mêmes... s'étonneront comment ils ne voyoient pas... » Cf. Haase, o. c., § 43, rem. III.
ESTRE (MON), D. a86. Cf. Bossuet, Catéchisme de Meaetx, 168, p. y8 : « Il [Dieu] est en nous, et c'est luy qui continuel- lement nous donne l'estre et la vie.
ETRE A soY, être libre, D. 131 i. Cf. Corneille, Androntède, V, 1 .
N'estoit pas bien it soi quand elle s'est donnée.
EXTRAVAGUER (s'), extravaguer, V. 913. Pour cet emploi du réfléchi, cf. Haase, o. c., § 60. Mme de Sévigné (lettre du 24 novembre 1675, citée par Littré) emploie ce réfléchi avec le sens de faire des digressions hors de pro[~os.
FAIRE DES CRIS, pousser des cris, D. 359• Cf. Livet, o. c., et Boursault, Éso(te à la cour, III, 4
FAIRE SA couR, tenir sa cour, D. 483. Pour l'emploi vague
de ce verbe mis à la place de la plupart des autres verbes,
cf. des expressions comme :faire une profession, faire un scru- pule, faire du sang, faire la comédie, faire un dessein, etc.
314 302 DORIMON ET DE VILLIERS
FANTOSMï DE BIEN, D. 1408 ~ FANTOSME DE VERTU, D. 136, expression plaisante sur le modèle de homme de bien, homme d'honneur. Cf. Th. Corneille, Bacron d'Albikrac, I, r : « Je suis valet d'honneur. » —Chevalier, Aznouz•s de Calotin, II, 5 : « Je suis laquais d'honneur. »
FAQUIN, D. 369> 549> IzzS > ~%~ dî4> 1433 154z. Cf. dans Livet, o. c., les exemples de Molière et autres écrivains du
XVIIe Siècle.
FAT, sot, V. 793, 146z. Cf. Scarron, Jodelet, II, 14:
Id., Don Japhet d'Arménie, III, Ig:
Bon parent, par mon chef ! le prése~tt n'est pas fnt.
Hauteroche, Souper ncal apprêté, sc. 13
Il a fait la folie ; eh 1 morbleu, qu'il s'en rire ; Je suis un plaisant fat de m'en inquiéter.
Cf. dans Livet, o. c., de nombreux exemples.
FLEAU, en une syllabe, D. 4z8. Cf. Malherbe, Poésies, xvIII, Prière pour le Foy Henri le Grand, allant en Limousin, derniére stance contenue dans le manuscrit B: N. suppl. fr. zg~
Lui fassent confesser qu'en vain elle desire
FLUTER, jouer de la flîrte, V. 1618, 16zz, 16z~, 16z8, Idzg.
Ce mot, pour dire jouer de la jtute, ne se dit point à Paris, ou il ne s'}' dit que par mépris et dans le burlesque. » (Richelet). Noter que de Villiers le met dans la bouche d'un paysan.
Foxs, D. z94. Cf. Haase, o. c., § 133 A.
Avec tous vos lauriers, craignez encor [e foudre.
Cf. aussi Marty-Laveaux, ,Dictionzzaiz•e de la lazzgzze de Cor- neille, art. foudre.
315 LEXIQUE 3~3
FouxaEs, fourberies, D. 2oI. Cf. Corneille, Polyeucte, V, I Albin, as-tu bien vu la fourbe de Sévére?
Th. Corneille, Baro~z d'Albikz•ac, IV, 5
La fo:crbe est commencée, il la faut achever.
II me le dit, ma smur, et, pour moi, je le croi.
— Ne soyez pas, ma smur, d'une si bonne foi.
FRANC (ÊTRE) nE, être exempt de, D. 661. Cf: Molière, Étour-
di, V, 3
Je crois votre maison fratuhe de tout ombrage.
dans la langue de la galanterie. Cf. Corneille, l~ezzve, II, 5
Je ne te fais qu'en vain le don de ma fi•a~tchise.
Scarron, Don Japhet d'Armdnie, III, 1~
Je ne rétracte point le don de ma frattcl~ise.
poëtes et les amants ». On le trouve encore trés fréquemment
dans Sorel, Frazzcion.
Pare, cité par Littré
Friazads souris, tout comme en a le traiue,
On vous les voit
sion comigzze, II, 8
Que le galant alors soit frotté d'importance 1
FUIR, construit au passé indéfini avec l'auxiliaire étre : ils sozzt fuis, D. 619. Cf. l'exemple de Rabelais, Gargantua, I, 39, cité par Littré. Je n'en trouve pas d'exemple au xvlle siècle. Cepen- dant, Scarron, Jodelet, III, 20, dit aussi
Je suis ici couru que l'on crioit bien fort.
316 3~4 DORI~v10N ET DE VILLIERS
GAILLARDE (LA), V. 1606. «Espèce de danse ancienne qu'on dansoit tantost terre à terre, et tantost en cabriolant ; tantost allant le long de ]a salle, et tantost à travers. On l'appelloit aussi Roma- nesque, à cause qu'elle venoit de Rome. Thoinot Arbeau, dans son Orchesographie, dit que c'estoit une danse composée de cinq pas et de cinq assietes de pieds que faisoient les danseurs l'un devant l'autre, avec plusieurs passages, dont il donne la tabla- ture, qui est de six minimes blanches, et de deux mesures ter- naires. » (Furetière).
GALANTERIES, jeux, plaisanteries, D. zoz, 998. Cf. Sorel, Fran- cion, X: « Il ne vouloit pas que cette galanterie servît à faire de mal à personne ; au contraire, il desiroit la rendre utile.
GALLANDS, noeuds de rubans, D. 82I. C£ Corneille, Galerie du Palais, IV, Iz
Vous vendez dix rabats contre moi deux gala~tts. GARENTIR (S'EN), en être garantis, V. Io4~.
qui ne flatte point, IV, 9
GATÉ, corrompu, au moral, V. 138z. Cf. Bossuet, Variations, 1688, t. II, p. 469, cité par Livet : «L'esprit gasté a bient0t corrompu le coeur. » —Scarron, Don Japhet d'Arménie, III, 3 Il a l'espritgrsté, si jamais homme l'eut.
Chevalier, Soldat poltron, sc. 1
Ce sont autant de gens gaste~.
GAUCHIR, échapper à, V. zso. Cf. Livet, o. c., et Corneille,
Mélÿte, II, i, variante
317 LEXIQUE 305
V, 4:
Sont-ils d'accord tous deux pour me mettre â ]a géne?
V, q
Préparez seulement des gérais, des bourreaux.
GÉNER, tourmenter, D. 133. Cf. Corneille, Mddée, I, 4: Et les m@mes tourments dont vous gé~:e~ les âmes.
GÉNIE, penchant, D. 6zg. Cf. Çorneille, Cinna, III, 4 Abandonne ton âme â son lâche génie.
Cf. Haase, o. c., § 95 n.
GLORIEUX, fier, D. 44 ; V. I18, 466. Çf. Moliére, Bourgeois entilhomme, III, 1 i : «Voyez-vous, diroit-on, cette Madame la Marquise qui fait tant la glorieuse ? » —Scarron, Héritier ridicule,
III, i Je l'aimerai bien mieux
Qu'un incivil, un brave, un pauvre, un glorieux.
Gouco (n), édit. de 1659 ;coco (n), édit. de 1665, D. Iozg, tout son soûl, dans toute sorte de contentement. C£ Voiture, cité par Littré
Chautois dans la fournaise et vivois â gogo
Dans les lieux les plus chauds
T11. Corneille, Don Çésar d'Avalos, I, 4
Et jusqu'au conjungo,
Laissez-moi, s'il vous plaît, m'en donner d gogo.
Boursault, Mercure galant, III, z
Hâtez le conjungo.
Tous deux, jeunes, bien faits, vous vivrez ir. gogo.
Chevalier, Avantures de nuit, III, 18
Aprés, nous nous irons divertir d gogo.
318 jOE> DORIMON ET DE VILLIERS
GOUST (PERDRE LE), D. 1315. Dans les Mots à la mode, BOUY- sault se moque de l'abus que l'on faisait de ce Inot. Il ne s'agit pas ici de la faculté de discerner les saveurs, ni de l'appétence provoquée par une saveur agréable, comme dans l'expression familière ~c avoir perdu le goût du pain »pour dire «être mort ». Le sens du mot est plus général : il veut dire « la faculté de sentir ».
GRIPPER, saisir brutalelnent, V. 538, 1419• Cf. La Fontaine,
cecle, III, 4:
On m'a greppé
Id., Jodelet, IV, 6
Mais il faut, â la chaude,
Th. Corneille, Galand doublé, IV, 8:
Il étoit avec elle,
GRIPEUR, homme qui saisit violemment, D. 614. Les diction- naires du xv11e siécle ne donnent pas ce mot, mais seulement le verbe griper ou gripper.
GUET (DE) A PEND, V. g~1. Tournure ancienne, conforme au sens original : « Daguet prémédité »..Rabelais, III, 44, cité par le Dictionnaire général, dit : « En trahison, de guet à gens, tuérent AUecé. n L'orthographe pecad n'est pas étymologique. Haute- roche, Bourgeois de qualité, II, 4, orthographie de même
Toute cette parure ajoutée ~ vos cltarines
Est un vray guet â pend.
HAZARD (Au) DE, au risque de, V. ~ 3 t . C£ La Fontaine, Fables, YII, I : « Au hazard d'un semblable refus. » —Cyrano, Pidalct joué, IV, 2
319 LEXIQUE 3~7
régime, cf. Haase, o. c., § 61.
§ zz, et Moliére, Étourdi, II, 5
Contre ce Mascarille.
IL, cela, V. 15z4. Çf. Haase, o. c., § z A, et Moliére, Étourdi,
II, 6 Vous vous moquez peut-être. — IZ est trop véritable. IMEECILLE, faible, D. 62. Cf. Moliére, École des femmes, V, 4
Leur esprit est méchant et leur âme fragile ; Il n'est rien de plus faible et de plus imbécile.
IMPRIMER, faire impression, V. 543. Je ne trouve pas d'autre exemple de ce verbe pris absolument, au figuré.
INcorvslnÉRÉ, adjectif pris substantivement, V. 38y. Voyez dans Livet, o. c., I, 42-45, des exemples analogues.
INDUSTRIE, ruse, adresse, V. 8y1, Io15. Cf. Moliére, Tartuffe, IV, z
Ce malheureuxdessein qui nous a tous troublés.
Infinitif avec un complément sujet, V. 849-850: «Vous souf- frez des meurtriers... s'élever... » Cf. Scarron, Typhon, III
Qui n'eût cru par cette retraite
I.a cour céleste éto•e défaitte?
Cf. Haase, o. c., § 8g.
« Dieu qui indue le bien dans tout ce qu'il fait. » —Boursault, Fables d'Ésope, I, 8
Je ne sais quelle étoile, a mon heure premiére, Sur le cours de ma vie influa sa lumiére.
320 30ô DORIMON ET DE VILLIERS
IIvJuRE, dommage causé, D. X58, Io6S. Cf. Malherbe, Poésies,
YXI, cité parle Dictionnaire ; éndral
Hors de l'injure du sort.
— au sens figuré, mal, D. Izo6.
JOINDRE, rejoindre, V. 463, 48~, 634. Cf. Livet, o. c., et
Hauteroche, Deuil, sc. 3
Th. Corneille, Dopa Césas• d'Avalos, II, 6
JUST'AU CORPS, V. Io93. Cf., pour la définition et l'histoire du mot, Livet, o. c.
LAIRRAY, futur de laisser, D. Io23. Cf. Corneille, Cid, V, S
Nous verrons que du ciel l'équitable courroux Vous laina, par sa mort, Don Sanche pour époux.
En 1660, Corneille a corrigé
Et nous verrons du Ciel
Vous Inisser
Vaugelas déclare que «cette abréviation ne vaut rien, quoy qu'une infinité de gens le disent et l'escrivent n.
LAISSÉ DE, abandonné par, D. 4S4• Cf. Corneille, Cid, I, 6 O Dieu 1 ma force usée en ce besoin me Iaisse.
Pour l'emploi de ]a préposition de avec le sens de par, cf. plus haut DE.
LANTURELU, V. 798. «Mot dont ou se sert pour se moquer des choses qu'on nous dit, et qu'on 'fit entrer en un Vau- deville du temps du cardinal de Richelieu. » (Richelet). —
321 LEXIQUE 309 L. Discret, AliZon (1637), III, 3, cité par le Dictionnaire général
LARGUE (FAIRE), faire place, V. 65q. Cf. Carloix, V, Iz, cité par Littré : « La garde voyant Dom Alphonse fait largue, et laisse entrer tout ce qui se présente. »
LOUP—GAROU (DIABLE), D. I I I2.
MAISON, famille noble, V. 276. Cf. Corneille, Menteur, III, 5 : « Clarice est de maison. »
MAISTRE—FOU, D. 347 V• 389• Ci. Scarron, Jodelet, IV, 7: Il faut que vous soyez, certes, un maître fou !
Id., Dotz Japhet d'Arménie, IV, z
MAISTRE GONIN, homme rusé et habile, V. zz6. Gonin était un faiseur de tours qui vivait à la cour de François IeT. Cf. Bran- t8me, Capitaines JranÇois, cité par Lacurne de Sainte-Palaÿe « C'estoit un homme qui entendoit bien les tours de passe-passe non de Maistre Gotzin, mais de Machiavel. » Cf. aussi Dictionnaire de l'Académie (1694), et l'exemple de Voltaire cité par le Dic- tionnaire général, art. Goni~:.
MAISTRE PIERRE, terme ironique pour dire «savant », D. 729. Cf. Lacurne de Sainte-Palaye et la citation de Montaigne.
MAL (SENTIR), sentir mauvais, V. 1477. Cf. 'Malherbe, Lettre à Mme de Colomby, t. IV, p. 74: «Qu'ils [les Juifs] sentent si mal qu'ils voudront, c'est chose dont je n'ai que faire. »
MALEPESTE, juYOri, V. j22, Izo9. Cf. dans Livet, o. c., t. III, p. 2I, l'exemple curieux de Scarron.
322 310 DORIMON ET DE VILLIERS
Racine, Athalie, III, ~
MALICE, artifice, D. Sot. Voiture, Poésies, cité par Richelet Sa malice est découverte. »
Peu s'en fallut que le Soleil
Scarron, Ennemis généreux, IV, 3
Enragé que ce soit en ce hideux manoir [une prison].
MÉCONTER (SE), D. zz8. Cf. Fénelon, 7'élémagtce, XII « On a beau étudier les hommes, on s'y mécompte tous les jours. »
MENTIR (SANS), V. 263, 460, 476, 576, 18tI. Expression de la langue des Précieuses, fréquemment employée par Voiture.
MÉTIER, usage, fonctionnement, en parlant de l'appétit, D. 1612. Sens vieilli, qui se trouve encore au xvle siècle. Cf. dans Littré l'exemple de Marguerite de Navarre, Nouvelles, xLII : « Un jour, il alla mener ses grands chevaux (dont il commençoit à bien savoir le rnestier) en une grande place de la ville. »
L'avez-vous finis fort loin au delâ de la porte ?
MEURTRIER, dissyllabique, D. 8oI ; V. 849, IO14. Trisylla- bique chez Corneille (cf. Cid, v. q38 ;Cinna, v. 1488), chez Racine (cf. Iphigénie, v. 1225 ;Athalie, v. t;Sg). Cependant, l'Académie (Sentiments de l'Académie sur le Cid) dit : « Ce mot de mercrtrier qu'il (Corneille] répéte souvent, le faisant de trois syllabes, n'est que de deux. »
MEURTRY, tué, V. 1735. Cf. Racine, Athalie, V, 6
323 LEXIQUE 3 I I
MIs~RIcoRDE (A LA), à la merci, D. Sg;. Cf. Sorel, Fran- cion, VIII : «Ayant fermé la porte sur eux, dirent qu'ils étoffent à Zeur miséricorde et qu'il ne tenoit qu'à eux qu'ils ne les tuassent. » Id., ibid., III: « A déjeuner et à got1ter, nous étions d la miséricorde d'un méchant cuistre. » —L'Académie (1694) cite l'expression comme courante.
Mo1Ns, sans article au superlatif, V. 1111. Cf. Haase, o. c., § zg E.
MONDE (IIN), une foule de personnes, D. 154, 1881. Cf. Cor-
neille, Place Royale, I, 1
MONTER SUR L'OURS, faire une chose difficile ou dangereuse, D. X11. Allusion à un vieux proverbe : « Il a monté sur l'ours », c'est-à-dire, « il ne s'épouvante de rien u. Odet de Tournebu, Comédie des Conteras, I, 6: « Vous estes une amoureuse peu hardie ; vous n'avez pas encore monté sur l'ours. n Cf. Lacurne de Sainte-Palaye.
MONIIMENT (LE), le tombeau, D. 1316, 132, 1380, 1556. Cf. Corneille, Mélite, IV, 6:
Votre fourbe maudite.. .
Scarron, Jodelet duelliste, V, ~
Que le marquis son frére est dans le mm:ununt.
MORCEAU (UN) DE COURAGE, V. 6~1.
MOIIVEMENS, sentiments, V. 754, g62, 1314. Cf. Corneille, Cinna, III, 4
Th. Corneille, Illustres ennemis, IV, g
— Mouvement, mobile qui pousse à agir, V. g~8. Cf.
324 j I2 DORIMON ET DE VILLIERS
La Thuillerie, Crispizz bel-esprit, sc. 3, cité par Livet
— Sentiment violent, courroux, V. 1310.
MoTlrr, peu patient, irascible, D. 355 ; V. 399. Gf. Scarron, Fausse apparence, III, 3
Mais le voici déjâ, cachez-vous, mon cousin, Ce Castillan paroit un vieillard fort mutin.
Montfleury, Fille capitai~:e, II, S
Jamais homme ne fut de si mauvaise humeur, Car il est étourdi, nzzztiz:, fier, querelleur.
Id., ibid., II, 13
NARGUE DE, D. Io41. «Nargue, terme de raillerie et de mes- pris, par lequel on marque le peu de cas que l'on fait de quelqu'un ou de quelque chose. Nargue de Zuy, nargue de l'amour. n (Aca- démie, 1694). — Cf. Scarron, Jodelet, IV, S
NE omis devant pas ou poizzt : Io dans l'interrogation directe, D. S18, 1565; V. 9a4, 935, 938 1376, 1377 1456, 1458 1681 ; cf. Haase, o. c., § IOI A ; — a~ dans l'interrogation indirecte, V. 595 ; cf. Haase, o. c., § IOI s.
NECESSITÉ, contrainte, V. I186. Cf. Pascal, Provinciales, XVIII « Dieu dispose de la volonté libre de l'homme sans lui imposer de ~zécessité. I
99 E.
325 LERIQUE 3 I 3
OEjET, femme, D. ~, 24 ; V. I I2o. Cf. Molière, Mélicerte,
I, 4
— au pluriel, V. I Ig1. Cf. Boursault, Fables d'Ésope, III, 3 Ne désunissez point deux coeurs faits l'un pour l'autre Il est d'autres objets bien plus dignes du v8tre.
OBJET, Vue, D. 1132, 1511. C{. Boileau, Lntrin, IV, 21~ A ce terrible objet, aucun d'eux ne consulte.
Corneille, Clitandre, III, 1
L'objet de ta maîtresse
Scarron, Don Japhet d'Arménie, III, t ~
De voir ouvrir ainsi tant de gueules de chien l
OCCASION, combat, V. 288. Cf. Hamilton, Mémoires de Granz- tnbnt, cité par le Dictionnaire général: « Étre au milieu des enne- mis un jour d'occasion. »
AILLADE, regard, coup d'oeil, D. 1146, 1366. Cf. Malherbe,
Poésies, III, Larmes de saint Pierre, v. 52
OFFENSE, faute, tort, V. Iogg. Cf. Malherbe, Poésies, xlv,
Aux ombres de Damon, v. 7S
ORME ATTENDRE SOUS L'), attendre longtemps avant qu'une chose se fasse, D. 538•
Ou, ne marquant pas une différence entre les personnes con- sidérées, mais séparant des façons différentes de considérer lé même personnage, D. 849.
Où, sans antécédent, avec le sens de lorsque, du moment que,
V. Iogg. C£ Haase, o. c., § 38 G.
— substitué à un relatif précédé d'une préposition, l'antécé-
326 314 DORIMON ET DE VILLIERS
dent du relatif étant un nom de personne, D. io5, to6; V. t6o3.
Cf. Corneille, Menteur, I, i
De ces sages coquettes
Montfleury, Danze médecin, IV, 9
Nous proposâmes
Cf. aussi Haase, o. c., § 38 A.
— même emploi, l'antécédent du relatif étant un nom de chose, D. ti87, t6z8; V. bis, 865. Cf. Montfleury, Fille capi- taine, IV, ~
C'est l'unique bonheur oic mon amour aspire.
Boursault, Ésope â la Co:zr, II, 2
Les différentes moeurs, le différent langage Ne sont pas des liens par où le ceeur s'engage.
— se rapportant à une phrase : grâce à quoi, à cause de quoi, V. 38r. Cf. Haase, o. c., § 38 E.
OUTRAGER, faire du mal, D. 662, ~8 t, t t z4. Cf. Malherbe,
Poésies, nt, Larmes de saiszt Pierre, v. 28~
A privé de son fils
S'il arrive en la place oir s'est fait le dommage,
L'ennui renouvelé plus rudement l'occtrage.
OUTRAGEUX, sens impropre de nzauz~ais, D. 659, littérale- ment offensant. Corneille dit : « un discours outrageux u, « un espoir outrageux ».
OYE, petite-oye, ensemble des accessoires du costume, V. 896. « Ce qu'on retranche d'une oye, quand on l'habille pour la faire rostir, comme les pieds, les bouts d'aisles, le cou, le foye, le gesier... Petite-oye se dit figurément des rubans et garnitures qui servent d'ornement à un habit, à un chapeau, etc. » (Furetiére). Cf. Molière, Précieuses ridicules, sc. 9 : «Que vous semble de ma petite-oie ? » Cf. aussi Livet, o. c., art. oie.
327 LEXIQUE 3 I 5
PAGNOTTE, mauvais soldat, V. 727. De l'italien pagnotta, petit pain. Primitivement, un soldat qui se loue pour un pain. « En I S4z, dans le Piémont, les Espagnols appelaient les soldats français pagnottes. » (Lacurne de Sainte-Palaye).
PAR, pour, D. 283, ; 43. C£ Bossuet, Histoire universelle, II, 31 ; «Son autorité, révérée autant par le mérite de sa personne que par la majesté de son sceptre. » Cf. Haase, o. c., § 134, 1~.
« Il apparaît de nouveau n pour dire « deuxiéme apparition ».
PARAISTRE (FAIRE), montrer, V. 1601. Cf. Moliére, Impromptu de Versailles, sc. ro : « Nous allons tous le remercier des extrêmes bontés qu'il nous a fait paroître. » —Sorel, Fra~xcion, XII : « Je fes pourtant bien paroître qu'elle m'avoit touché dans le coeur. »
PARMY, suivi d'unsin gulier, D. 80; V. 1156. Cf. Haase, o. c., §731 A.
Participe passé, précédé d'un complément direct et restant invariable, D. 847, Io48, 1245, 1385, 1588; V. 844• Pour le v. 1588 de D., l'infraction à la règle pourrait être amenée par les exigences de la rime. Cf. Haase, o. c., § g2, et, pour les autres cas, § gz c.
— s'accordant avec le complément direct aprés lequel il es placé, D. 193 ; V. z7a. Cf. Haase, o. c., § 153, a~, et Livet, o. c., t. III, p. 788.
— avec étre ne s'accordant pas avec le sujet, D. 435 ~ V. 937• Emploi fréquent avec le participe de venir et d'aller, Cf. Haase, o. c., § 94 A.
— s'accordant soit avec le complément, soit avec le sujet, D. r i 15 (le cas semble douteux ; peut-être même y a-t-il faute d'impression, l'accord ne se faisant que dans la z~ partie du vers et étant supprimé dans l'édition de 1665). Cf. Haase, o. c., § g2 et rem. II, z~.
328 3 I ô DORIMON ET DE VILLIERS
Participe présent qualifiant le complément, D. 505, 675, I 177, 1441 ; V. 46. Molière, École des maris, II, z Mais savez-vous aussi, lui trouvant des appas,
Th. Corneille, Illustres ennemis, II, 1
Perdnzzt tout avec elle
Id., ibid., III, t
PAs (Au MESME), au même moment, V. 437. Cf. Racine,
Iphigénie, II, I
PASSER A, en venir à, D. 277. Cf. Corneille, Attila, V, I
....Des fureurs
PASSER LE PAS, céder au caprice d'autrui, D. 83z. Cf. Molière,
Étole des femmes, III, 3
L'arrét de notre honneur, il faut passer le pas.
Sorel, Franciozz, X : « Je ne croyois pas que cela fût honnête de lui refuser quelque chose ; aussi je passai le pas.
PAYER, satisfaire, D. 4z6. Cf. Corneille, Sertorius, I, z
Pourvu qu'en m@me jour
La Reine se résolve â payer votre amour.
PERRONNELLE, nom de femme, D. Iz6o; V. Iz76. Se trouve
Depuis le chat de Peronnelle
Jusqu'au chien de Jean de Nivelle.
Cl. Livet, o. c.
PESTE (LA) LE... V. S35• Cf. dans Livet, o. c., les nombreux exemples de Molière.
329 LEXIQUE 317
PIÉCE (FAIRE), pris absolument, se divertir aux dépens des
autres en les trompant, D. 94.
— d quelqu'un, D. 203. Cf. Corneille, Menteur, V, 6
Th. Corneille, Baron d'Albikrac, II, g
Cf. aussi, pour cette expression, Vaugelas et Livet, o. c.
PIED DE GRUE (FAIRE LE), V. 404. Cf. Scarron, Jodelel, I, i ...Dessous un balcon faia•e le pied de gaie.
L'expression est déjâ dans Régnier, Satire III.
PIQUER, émouvoir d'amour, V. Ilzo. Cf. Molière, Étourdi,
V, 6
Dont j'ai l'âme pigaeie.
Sorel, Franciota, XII : « h est d'une complexion si amoureuse qu'il se pique fort aisément.
PLus, encore, davantage, D. 496, Io43 ; V. 185, 31I, 563, 16~~. Cf. Molière, École des femnses, II, S
Si j'y retombe plus, je veux bien qu'on m'àffronte. Scarron, Fausse apparence, V, ~
Me croyoit plies donner des marques de son zèle.
Chevalier, Soldat poltron, sc. 3
PLus, sans article au superlatif, V. 1483. CE Haase, o. c., § zg s.
PLus OIITRE (Torr), ton «pas plus loin », V. 1731. Je ne trouve pas d'autre exemple ; cependant, Boursault, Ésope à la
cour, IV, 6, dit
Et vous ne songez point â ce azoac plus ultra !
330 31ô DORIMON ET DE VILLIERS
POIL, les cheveux et la barbe, V. 466. Cf. Cyrano, Péda~zt joué, V, ro : «Tout cela repeintureroit de noir votre (poil déjà blanc.
Quinault, Mère coquette, I, 4
POIATCT, moment, V. 1485. Cf. Boileau, Satire III, v. 149
Sur ce point, un jambon d'assez maigre apparence Arrive sous le nom de jambon de Mayence.
POINTURES, piqûres (au figuré), V. X64. C£ Régnier, Satire vII
Mon cæur tendre à l'amour en reçoit la pointure.
cus, I, 3
Sans doute on ne veut pas que mêlant nos douleurs
Nous nous aidions l'un l'autre à porter nos malheurs.
PORTÉ DE, poussé par, V. 43. Cf. La Fontaine, Fables, XII, 2~:
Trois saints également jaloux de leur salut,
Portés d'un même esprit
POUR (ÊTRE), être fait pour, être de nature à, D. 1888. Cf. Molière, Déj~it amoureux, IV, t
Cette affaire venue au point on la voilà
N'est pas assurément pour en demeurer là.
POUR, suivi de l'infinitif, quoique, V. 561. Cf. Moliére, Tartufe, III, 3
Ah !pour être dévot, je n'en surs pas motns homme.
POUVOIR, employé au passé indéfini avec le verbe être au lieu du verbe revoir, D. 618. C£ Moliére, École des fenztzzes, V, ~
Du seul fruit amoureux qui m'en est pz~ rester.
Cf. aussi Haase, o. c., § 68, rem. II.
331 LEXIQUE 31~
PRÉCIPITER, conduire à la ruine, perdre, D. 1803 ; V. 202. Le réfléchi se jrrdcipiter a le même sens chez Corneille, Intitatiort, III, v. Iz85
PRENDRE, comprendre, D. 731. Cf. Corneille, 'Andromède, I, z
Vous prenez mal l'oracle; et, pour l'expliquer mieux, Sachez....
PREST DE, prêt à, V. roi. Cf. Corneille, Rodogune, N, 3 Madame, commandez, je suis prét d'obéir.
Cf. Haase, o. c., § I I2, 2~, B.
PRÉTENDRE quelque chose, D. z4, I IS4. Cf. La Fontaine, Fables, I, 6
Moliére, Don Gnrcie, IV, 8
Et mes voeux aussi bien,
Boursault, Fables d'Ésope, IV, 6
PRIER DE, prier à, inviter à, V. 1176. « On l'a prié des nopces. » (Académie, 1694). — Cf. Boursault, Mercure galant,
III, 5 ...Je vous prie à mon tour de ma noce.
Chevalier, Péda~ogzte amoureux, I, 3
PRIX (AII) DE, en comparaison de, D. 1164. Cf. Corneille,
Hornce, IV, 4:
Scarron, Jodelet, III, 3
Pronom sujet de la lie personne omis devant le verbe D. 715. Cf. Haase, o. c., § 8 A.
332 j20 DORIMON ET DE VILLIERS
Pronom de la 3e personne rappelant le sujet séparé du verbe par une proposition participiale, D. 5~6. Cf. Haase, o. c., § 6 a.
Propositions coordonnées, régies par le même verbe, l'une dépendant de que, l'autre à l'infinitif, V. 1164-I16s. Cf. Hanse, o. c., § IS1, rem. u.
PROSPERE, favorable, V. Io8o, 1219. Cf. Desmarets, Yisio~z-
rtaires, I, ~
S'il revere les Dieux, ils lui seront prosperes. Chevalier, Amours de Calotin, II, 3
La Mort est justement en qui mon.Maistre espere.
Id., ibid., III, 3
Id., Avantures de nuit, I, z
II prétend par son art nous rendre tout prospere. PROTESTER, attester solennellement, V. ç63. Cf. Scarron,
Ennemis généreux, V, z
Mais tantdt je proteste
Si tu dis oû je suis...
PROTESTER DE, Sll1V1 d'un infinitif, V. 96y. Cf. Molière, Avare, V, 3 : « Je (proteste de ne prétendre rien à tous vos biens. u
— Montfleury, Fi71e capitaine, IV, ~
PuxnlzE, en parlant de la mort, D. IoSr.
QuE, mis pour où : le jour que, le temps gue, D. 486, 1~~1 ;
V. 691-692. Cf. Scarron, Héritier ridicule, I, I
Cf. Haase, o. c., § 36 w.
—au point gue, au point où, V. ~8. Cf. Haase, o. c., § 36.
333 LEXIQUE 3 2 I
QIIE, pour ce que, V. 377, 184. Cf. Hauteroche, Deuil, sc. z
Cf. Haase, o. c., § Ig.
— Que je croy, â ce que je crois, V. 8z4. C£ Boursault, Fables d'Ésope, I, 4
Vous me ferez raison, qr~c je crois.
Tour très fréquent chez Molière. Cf. Livet, o. c., art. que.
QUEL, interrogatif, indiquant, non pas la qualité, ni le carac- tère, mais la personne, D. Iz~s. Cf. Corneille, Mélite, IV, z
Je ne vois point Philandre et ne sais quel il est. Montfleury, Dame médecin, I, i
J'ai vu par la fenêtre un homme tout à l'heure... Va savoir quel il est, son pays.
QuI? qu'est-ce qui ? D. 180, z6o, 62y, 1275, 1~2g. Cf.
Molière, Dépit amoureicx, II, 6
QuI, ce qui, dans une interrogation indirecte, V. 1615. Cf. Corneille, Nicoméde, I, 3
Et nous verrons ainsi qui fait mieux un brave homme, Des leçons d'Annibal ou de celles de Rome ?
Cf. Haase, o. c., § 4z.
QUI (QUOY), quoiqu'il, V. 613. Pour la confusion constante de qui et de qu'il, cf. Haase, o. c., § 35 c, rem. t.
QuI (roux), pour lequel, D. 742.
— (snrrs), sans lequel, V. q13.
— (sous), sous lequel, V. 564.
Emploi de qui régi par une préposition et se rapportant à un
nom de chose, constant chez Corneille. Cf. aussi Montfleury, Dame médecin, I, 2
Sur qui vous vous pouvez fier en sûreté.
334 322 DORIMON ET DE VILLIERS
Th. Corneille, Illustres ennemis, I, 2
Les plus riches presens que nous obtenions d'elle Sont de foibles appuis sur qui l'honneur chancelle.
Cf. Haase, o. c., § 32.
QUITTER, renoncer à, D. 1147 ; V. 372. Cf. Livet, o. c., et
Scarron, Jodelet, V, 8
Boursault, Mercure galant, IV, 4
Chevalier, Avantures de nuit, III, 3
QuoY, construit avec une préposition et renvoyant à un nom de chose, V. 264, 728, 1593• Cf. Scarron, Héritier ridicule,
IV, 3
Sorel, Fras:cion, XI : « Je hais fort les inutiles observations d quoi nos écrivains s'attachent. » Cf. aussi Haase, o. c., § 34•
QuoY (A)? ~ quoi bon? V. Io35. Cf. Scarron, Ennemis généreux, V, 1
A quoi bon, cher monsieur, ce mortel équipage ? A quoi ce pistolet, instrument de carnage?
RADOUCI, V. II1~. Cf. Molière, Misnnthro~ie, I, 1 Et ses roulements d'yeux et son ton radouci.
RAILLER DE, D. 140. « Il ne faut jamais railler des choses
saintes. » (Furetière).
RAISON, pensée, D. 163. Cf. Boileau, Épître v1, v. 26: J'occupe ma raison d'utiles r@veries.
RAISON (AVOIR LA) DE, venir à bout de, V. 1556. Cf. Cor-
neille, Mélite, variantes, t. I, p. 252
De force ou d'amitié, j'en aurai la raison.
335 LEXIQUE 3z3
RAISON (sANs), adjectif, V. 545 • Je ne trouve pas d'autre exemple. Cf. l'expression un sans-souci.
RAISONNER, discourir, V. 879, 1574 1575; discuter, D. I 138, 13oI ; me r.~isozzner, me répliquer, D. 14oz ; chercher à me convaincre par des raisons, V. 1301.
REFUS (ÊTRE SANS). En parlant de la mort, étre disposée à ne pas refuser votre demande, D. 135. Je ne trouve pas d'autre exemple. Cf. les expressions être sans advis, D. Sg6, et être sans offense, V. Io99•
RÉGNER SUR, l'emporter sur, D. 471. Cf. Malherbe, Épîtres de Sénèque, 188, 4 : « La tempérance régne sur les voluptés. »
RENCONTRER (SE), se trouver, D. g21. Cf. Molière, Sicilien, sc. g : « Je me suis rencontré chez le peintre Damon. »
Ce coeur si généreux rend si peu de combat.
RENDRE (SE), se faire, D. 356. Cf. Corneille, Menteur, IV, 6
Elle se rend
Sorel, Francion, XII: «Elle n'avoit qu'une fille qui s'alloit bientôt rendre religieuse. »
RENONCER quelqu'un, V. 347. Cf. Fénelon, Dialogues des morts, Aszciens, 34 (Dictionnaire général) : «Quand ma patrie m'a renoncé. »
REPENTANCE, repentir, V. IIg6. Cf. Scarron, Héritier ridicule,
V, 3 Si j'allois le trouver, et qu'il fit résistance,
RESSERRER, se retirer, V. 1183. Cf. Malherbe, Traité des Bie~z- faits de Sénèque, II, 2a : « Ne resserrons point notre affection faisons la paroître. » On disait un homme resserrt, pour dire un homme qui vit retiré. Cf. Furetière.
336 324 DORIMON ET DE VILLIERS
RESSORT (EN DERNIER), sans appel, V. 350.
RETARDEMENT, retard, D. 456, g63, Io36, 1373. Cf. Moliére, Dozz juan, IV, 6 : « Ce que j'ai à vous dire ne souffre point
de retardement. »
REVERS, changement : z•evers du destin, D. 758. Cf. Th. Cor-
neille, Illzzstres erzzzeznis, V, I :
RICHE, avantageux, en parlant de la taille, V. 465. RIGOUREUSES, cruelles, dans la langue de la galanterie, V. t zz 3 .
BOLET, personnage, V. y; 8. Cf. La Fontaine, Serva~zte j:zsti- frée (Dictionnaire gcncral)
Il continue ~ jouer son Tolet.
Sorel, Frazzciotz, II : « La bonne Pierrette lui ouvrit tout belle- uieut la porte, l'admonestant de bien jouer son Tolet. »
ROME (ENVOYER A), D. 13~. Allusion à un vieux proverbe
Jamais cheval ni mauvais homme
N'amenda pour nller ic Rovre.
Cf. lettre de Bussy à M~~~ de Sévigné, 6 janvier 16go : « Un tnéchant homme n'amende point pour aller à Rozzze. » — Cor- neille, Suite dzz Menteur, I, 1
Vous @tes amendé du voynge de Ronae.
ROMPRE, interrompre, D. 8og. Cf. Molière, Priz:cesse d'Élide,
III, i : « Ne rozupons point encore leur entretien. »
RUINE, chute; au figuré, D. 16g, 18z. Cf. Racine, Britazznictzs,
IV, 3
Il faut que sa ruine
SAISON, temps, D. 183, z25 ; V. z61, 1514. Cf. Moliére, Fenznzes savantes, IV, 3
337 LEXIQUE 3 2 j SnNs, sans compter, D. 1245. Cf. Scarron, Daa Japhet d'Ar-
urénie, I, 2
II me faudra six pages,
Quinault, Mère coquette, I, 4
SçevolR, connaître, V. 1393. Cf. Th. Corneille, Amour d la
mode, I, 5
Cf. aussi Livet, o. c.
SExs, caprice, désir, D. 288.
SENSIBLE ~ÊTRE~ pour quelqu'un, ëtre ému d'amour pour yuelqu'un, V. 1208.
SEUREMENT, en sécurité, D. 1440. Cf. Molière, Dépit ararou-
reaax, II, 2
SÉVÉRE, cruel, D. g19. Cf. Scarron, Marquis ridicule, II, 4:
Il s'agit d'une femme.
— sens vague :corrompu, méchant, D. I Igo.
SI ~ET~, aussi, c'est pourquoi, D. 1391.
— pourtant, V. 1129. Cf. Molière, Dora Juan, II, t : « Tu ne
m'aimes pas ; et si, je fais tout ce que je pis pour ç1.
Sol, pour Irai, D. 965. Cf. Haase, o. c., § 13 e.
So11., peine, effort, D. goo ; V. 268. Cf. Regnard, Joueaar,
II, Io
Boursault, Ésope d la cour, III, 3
Monsieur, de vos vertus le bruit s'étend si loin Qu'on ne peut pour vous voir se donner trop de soin.
338 326 DORIMON ET DE VILLIERS
So1xs, au pluriel, égards, attentions, employé dans la langue de la galanterie, D. 1683 ; V. 27, ~~, I24. Cf. Molière, Misan- thro(~e, III, S
Et jamais tous ses soins ne pourvoient m'offrir rien
Qui me filt plus charmant qu'un pareil entretien.
Quinault, Mère coq:zette, V, z
SORT, vie, par analogie avec destivz, pris constamment au XVIIe siècle dans ce sens, D. 1584•
SORTY (AVOIR), V. 484. Cf. Mme de Sévigné, XI, x (auto- graphe) : « Je n'ai point sorti, » et de nombreux exemples et les remarques des grammairiens dans Livet, o. c.
SOIIFFLER, souflier mot, V. 1408. Cf. Hauteroche, Crispin médecin, I, 2: « Je voudrois bien qu'elle eût soz~~ld devant moi, et qu'elle s'avisât de traverser ce que j'aurois résolu. » Cf. aussi Livet, o. c.
1749 V. 524, Iog6, 1408, 1476, Isgo. C£ Scatron, Jôdelet,
II, 5
Cf. Haase, o. c., § 73 A.
— Imparfait du subjonctif employé dans l'acception du conditionnel présent moderne, V. 368, 1724. Cf. Corneille, Cinna, I, 2
Mais encore une fois souffrez que je vous die
Que cette passion dizt @tre refroidie.
Th. Corneille, Illustres en~zemis, I, 5
Cf. Haase, o. c., § 66 A.
SUBMERGER, pris absolument, D. I044.
SusoxxÉ : un coeur subornd, D. I24. Çf. Scarron, Prince cor- saire, IV, 5
339 LEXIQUE 327
Par quel charme secret, quel ascendant, quel astre, As-tu pu suborner mou csar ~ te trahir ?
Substantif complément placé entre l'auxiliaire et le verbe, D. Io83. Cf. Hasse, o. c., § IS3, 2~.
SuccEz, issue, résultat, D. 32, g6. Cf. Moliére, Dépit anzou-
re:zx, III, ~ :
Daignez, je vous conjure,
Attendre le succés qu'aura cette aventure.
Scarron, Prince corsaire, II, 3 :
L'un et l'autre srzccés, favorable ou contraire, S'oppose également â tout ce que j'espére.
Id., Dan Japhet d'Armézzie, V, 6:
Et je viens tout exprès
Vous faire le récit de ce triste s:eccés.
Boursault, Merczzre galazzt, III, 4 :
SueGÉRER des conseils, V. 2ç6. Cf. Racine, Athalie, III, 6: Quels timides conseils m'osez-vous suggérer 1
SUIVRE, poursuivre, continuer, V. 130, 1471, 1601. Cf. Cor- neille, Polyezzcte, variante au v. 840 :
Th. Corneille, Illrzslres ennemis, IV, q :
SUR, de, V. i~o. Cf. Hasse, o. c., § 128 s.
— avec :surprendre szzr, V. I 11~.
SURMONTER quelqu'un, D. 206. Cf. Fénelon, Télémaque, V : « Un Rhodien surmonta tous les autres. » —Sorel, Francion, XI : « II y aura des peuples inconnus qu'il surmontera. u
SURPRISE (snNs), sens fréquent de méprise, D. 603. « Tom- ber dans une surprise, éviter une surprise. u (Richelet).
340 32ô DORIMON E7' DE VILLIERS
Sus, interjection pour presser, hâter, V. 637. Cf. Moliére,
Étourdi, II, II
TACHÉ, souillé, D. Izo4. Cf. Corneille, Cid, IV, 5 Que son nom soit taché, sa mémoire flétrie.
Scarron, Fausse apparence, I, 2
S'il n'est déjâ taché, n'est pas long-lems sans l'@tre.
TAs (ux) d'insensez, V. 685. Cf. Corneille, Cis:na, V, 1
Un tas d'lrommes perdus de dettes et de crimes.
TASCHER A, D. 479, 592; V. IIo8. Avec le sens, non pas de
d'y atteindre. Cf. Corneille, Polyetrcte, V, 4
Montfleury, Dame médecin, II, 4
Tâche âpersuader lâ-dessus ta maîtresse.
TEMPS (LE), le moment fixé, D. 1601.
TEMPS, sans article dans l'expression perdre temps, V. 445• Cf. Haase, o. c., § z8 E.
TEMPS (HORS DE), hors de propos, V. 547.
TESTE-BLEU (PAR LA), V. 513, 900. C£, pour la finale bleu, Livet, o. c., t. II, p. 6z3.
TOPPE A TOUT, je consens à tout ce que vous dites, D. 1323. « Terme du jeu de dez, dont se sert celuy qui tient le dé et qui veut bien jouër la poste qui luy est proposée par celuy qui dit tuasse. » (Furetière). Cf. Boursault, Mercure galatat, III, 2
Et vous toppez â tacet, en fille obéissante.
TOURNER, me tourner, V. I2z5. Cf. Haase, o. c., § 61.
341 LEXIQUE 329 TousJovxs, en tout cas, D. 586. C£ La Fontaine, Fables,
VI, 9
Quand le malheur ne seroit bon
Qu'â mettre un sot â la raison,
Toujours seroit-ce â juste cause
Qu'on le dit bon â quelque chose.
TovT, variable devant un adjectif : tous bons, V. 930. Cf. Haase, o. c., § 46.
TRAISTRE, terme employé à maintes reprises par Dorimon et par de Villiers comme par Moliére et les autres écrivains du
XVII~ siècle, injure vague dans laquelle n'entre guére l'idée de
trahison. Toutefois, le mot a en certains endroits une signifi- cation très précise : le sens d'abord indéterminé finit par 'se
spécialiser, en quelque sorte, dans l'idée de trahison et de lâcheté.
D• 595, 601, 730 748, 871, go6, I23o ; V. 532, Gag, 1566, 164x, 1797, coquin; — D. 493, sot, stupide; — D. 949, 1235
1269 ; V. 4~, 41 S, 95 3 ~ 1242, coquin, avec déjà l'idée de trahi• son et de lâcheté; — V. 128, 1280, cette dernière idée se pré-
cise : le mot est rapproché du mot ldche ; — V. 1428, 1439 lâche ; dans le 2e cas : qui abandonne par lâcheté ; — D. 1181, sens moderne :qui trahit.
TRAISTREMENT, traîtreusement, V. 1321. Cf. Malherbe, Lettre au roy Louis XIII, t. I, p. 353: «Tuer un homme de bien, et
le tuer.., traîtrezne~zt, c'est mettre le crime si haut qu'il ne puisse
aller plus avant. » Le mot ne se trouve ni dans Furetière ni dans Richelet.
TRAVAILLÉ, fatigué, D. 811. Se disait des jambes d'un cheval, cf. Lacurne de Sainte-Palaye. Cf. aussi Corneille, Cid, III, 5
En vain, je m'y travaille, et d'un soin inutile...
Scarron emploie le mot travail dans le même sens, Prince corsaire, IV, 2
342 33~ DORIMON ET DE VILLIERS
TRAVERSER, contrarier, V. 4So, gog. Cf. Racine, Britannicus,
III, 8
TRÉPIGNER, danser sur place, dans une figure de la gaillarde (cf. ce mot), V. Idzo.
TRIGAULT, homme sans franchise, D. Io39. C£ Boursault, Mercure galant, IV, ~
Qui Bouffie tout ensemble et le froid et le chaud.
TROP DE... POUR..., plus qu'il n'en faut pour..., D. zig-z80. Cf. Corneille, Héraclius, III, 4
TROIIBLE, colère, D. 466. Cf. Molière, Fe»ames savantes, V, 3
..Et sans trouble ai-je assez écouté
Votre digne interpréte ?
TROUSSER BAGAGE, partir, D. 36a. Cf. Livet, 0. c., et Th. Corneille, Galand doublé, III, 4
...C'est fait, Monsieur, il faut trousser bagage. TYMBRE FESLÉ (LE), V. I 142. Cf. LiVet, 0. L.
VENELLE (ENFILER LA), prendre la {utte, D. 354 i V. I%%O• Cf. La Fontaine, Fables, XII, Iy
Et le cheval, qu'i l'herbe on avoit mis,...
Fut presque sur le point d'enfiler la venelle.
VENTRE-BLEUP, VeritrebleU, D. 1495•
343 LEXIQUE 331
VERITABLE, qui dit la vérité, en parlant d'une personne, D. 1874 ; V. 6. Quand il se dit des personnes, il signifie qui dit la vérité: « Si vous n'êtes vdritable en cet article, vous @tes suspect en tout. Pascal, 1. 4. » (Richelet). Cf. Malherbe, Lettre d M. de Racan, 13 décembre 1624: « Si le roi est véritable, il ne s'en parlera jamais. » — Hauteroche, Cocher step~osé, sc. 31 : « Ma- dame, il s'explique à coeur ouvert. —Crois-tu qu'il soit véri- table ? » —Boursault, Fables d'Ésope, I, 1
Comme il est dangereux d'étre trop véritable 1
V. 1218. Cf. Racine, Bérdnice, V, 6
VERT (PRENDRE SANS), prendre au dépourvu, V. 6q4. Cf.
Chevalier, Avantures de nuit, I, 1
Et, malgré sa parole donnée,
Pour l'origine de cette expression, cE. Livet, o. c., art. vert.
VISTEMENT, avec vitesse, promptement, V. 4oS, 1199> 1353• Cf. Molière, Précieuses ridicteles, sc. ~ : «Payez-nous vitement ! » Scarron, Jodelet, IV, ~
VULGAIRE (uN), un homme vulgaire, D. I S S8. Je ne trouve pas d'autre exemple de cet emploi. Cf. cependant, pour cet adjec- tif pris comme substantif, les nombreux et curieux exemples cités par Livet, o. c., t. I, p. 42-45 : un vertueux, u~z sombre, une gaie, notamment. Cf. aussi plus haut BRUTAL et CAPRICIEUX.
Y remplaçant un pronom de la 3e personne précédé de evz, V. 843 ;précédé de cl~eZ, D. Ig4o. Cf. Haase, o. c., § Io, 11, et Livet, o. c., t. III, p. 818 et suiv.
344 332 DORIMON ET DE VILLIERS
ZEST, D. 1398. « Se dit quelquefois ironiquement pour mon- trer qu'on ne fait point de cas d'une chose, qu'elle est de nulle valeur, comme ]e lest qui est au milieu de la noix. n (Furetière).
- Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN : 978-2-406-09048-9
- EAN : 9782406090489
- ISSN : 2777-7715
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09048-9.p.0289
- Éditeur : Société des Textes Français Modernes
- Mise en ligne : 24/12/2019
- Diffusion-distribution : Classiques Garnier
- Langue : Français