Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Langages du pouvoir au Moyen Âge et au début de la modernité
- Pages : 333 à 338
- Collection : Rencontres, n° 517
- Série : Civilisation médiévale, n° 44
Résumés
Catalina Girbea, « Rapport introductif »
Si le pouvoir a fait l’objet de nombreuses recherches concernant l’époque moderne il n’en va pas de même pour le Moyen Âge et le début de la modernité, périodes pour lesquelles il est moins étudié et surtout sous la dimension de l’autorité royale. L’articulation interdisciplinaire entre la question du pouvoir et celle du langage permet au chercheur de saisir d’autres formes de pouvoir.
Christine Ferlampin-Acher, « Paroles d’enchanteurs. Estienne dans deux versions d’Artus de Bretagne et Aroès dans Perceforest »
Estienne et Aroès sont des personnages d’enchanteurs à qui la parole ne confère ni potestas ni auctoritas. Dans Artus la parole d’Estienne n’exerce son pouvoir que dans la sphère intime dans la version du xive siècle et elle est au service d’une auctoritas scolaire illégitime dans celle du xve siècle. Pour Aroès dans Perceforest elle n’est qu’une rhétorique trompeuse. Ces personnages confirment la relation problématique entre le pouvoir et le clerc.
Brîndusa Grigoriu, « Un roi à la recherche du bon langage du pouvoir. Marc aux oreilles de cheval »
Héritier de Midas et d’Œdipe, Marc de Cornouailles devient une caricature du pouvoir royal dans le Tristan de Béroul, où il porte pertinemment ses oreilles de cheval. Cet article explore le langage du pouvoir de l’entité romanesque polyvalente, et tellement efficace de Béroul. Des actes de silence aux actes de parole les plus audibles, Marc expérimente tous les langages du pouvoir disponibles, avant de déboucher sur le « bon », validé par Arthur : celui de la dénégation publique et théologique.
334Lise Fuertes Regnault, « Le lion, le léopard, le dragon et la croix vermeille. Images et discours au service du pouvoir arthurien, dans la Suite-Vulgate (xiiie siècle) »
Dans la Suite-Vulgate du Merlin en prose (xiiie siècle) Arthur est encore contesté en tant que roi par ses barons et par les Saxons. L’analyse du discours de Merlin par les notions de performance des images et du pouvoir des mots met en évidence l’efficacité du discours magique et prophétique. Les figures prophétiques animales, le dragon vivant sur la bannière du roi, le discours persuasif qui subordonne l’animal à l’image de la croix rouge, renforcent le pouvoir temporel et spirituel d’Arthur.
Cristiana Papahagi, « Nommer la langue française au Moyen-Âge. Un enjeu politique »
L’article retrace l’invention d’un nom pour la langue française, sur un corpus de textes allant de 813 à 1396. Utilisant les théories modernes de l’institutionnalisation et de la nomination des langues, l’article montre que le conflit de pouvoir entre la Maison de France et l’Église de Rome s’est reflété dans l’usage du glossonyme, dans les connotations qui lui furent associées et finalement dans la diffusion et le maintien jusqu’à aujourd’hui de deux noms différents, français et gallica lingua.
Cristina Constantin, « Langages du pouvoir dans les apocryphes. Analyse des discours d’autorité de La Pénitence d’Adam – version Andrius »
L’article explore les stratégies de communication dans la Pénitence d’Adam contenue dans le manuscrit Français 95 de la BnF, plus précisément la rhétorique de Dieu et du diable dans la scène de la tentation et surtout les différences de leur discours. À la parole sophistiquée de Satan s’oppose la concision du verbe de Dieu. Le langage apparaît ainsi comme une manière d’exercer des formes de pouvoir, manière derrière laquelle on peut aussi deviner les intentions voilées et les buts de l’auteur.
Diana Gradu, « Pouvoir féminin, domination masculine. Jeux et enjeux de la dynamique des personnages chez Chrétien de Troyes »
Le choix de cet auteur du xiie siècle – le premier de la longue liste glorieuse de la littérature française – est motivé par son statut. L’analyse sera 335circonscrite au thème – langages du pouvoir au Moyen Âge – liée à la dialectique masculin/féminin et à ses manifestations romanesques, discursives, corporelles chez Érec et Énide et leurs compagnons. Ils procèderont à des jeux incessants, signes indubitables de la (re)prise ou, au contraire, de la perte du pouvoir de domination.
Laura Dumitrescu, « Langage du pouvoir, langage de la mélancolie dans Le Roman de Fauvel »
Se situer dans le discours revient à marquer sa position par rapport à ce qui est représenté comme centre du pouvoir. Dans Le Roman de Fauvel, Gervais de Bus et Chaillou de Pesstain se lancent dans un long débat sur la voie à suivre quand le mal envahit le monde. Ce discours devient l’alibi qu’ils s’inventent pour inaugurer une réflexion biaisée sur la façon de dire la vérité sur l’état du monde et sur l’émergence de la subjectivité dans le contexte de l’Apocalypse.
Alexandra Ilina, « Variance et usurpation armoriale. L’écu de Tristan dans quelques manuscrits des xive-xve siècles »
Cette étude s’intéresse à l’évolution de l’écu de Tristan dans quelques manuscrits des xive et xve siècles du Tristan en Prose. Les modifications des armoiries tristaniennes sont intéressantes à plusieurs titres. Il s’agit d’un phénomène strictement iconographique, car aucune indication textuelle de semble justifier les écus peints. Ces modifications semblent suggérer une forme d’usurpation : elles attribuent à Tristan un écu quasi similaire à celui du roi Arthur, d’azur à trois couronnes d’or.
Andreea Popescu, « Language of Power, Language of Subversion. Cultural Readings of Sir Gawain and the Green Knight / Langage du pouvoir, langage de la subversion. Lectures culturelles de Sir Gawain and the Green Knight »
Le poème médiéval Sir Gawain and the Green Knight est l’un des textes arthuriens les plus ambigus. Le langage y joue un rôle important. Il peut aussi bien être un langage de la vérité que de la subversion. Le dernier crée une illusion dangereuse : il attire Gauvain dans le piège du Chevalier Vert. La mission de ce dernier est d’enseigner une leçon morale à la cour arthurienne, lui montrant ses limites.
336Catalina Girbea, « Rhétorique du pouvoir dans le Roman de Carité »
Le Roman de charité, texte moralisateur hybride, soulève le problème du pouvoir du reclus par sa parole qui lui permet de fustiger toutes les couches sociales. Apparenté aux dits et aux fabliaux, le texte est composé de manière fragmentaire. Le voyage imaginaire à la recherche de charité, qui reprend aussi les schémas des romans initiatiques, donne à l’auteur l’occasion de décrire, dans un style particulièrement agréable, le monde qui l’entoure et ses dirigeants, chevaliers, rois et prêtres.
Maïté Billoré, « Rhétorique du pouvoir et rumeurs sous le règne d’Édouard II Plantagenêt (1307-1327) »
Prenant comme cadre le règne d’Edouard II d’Angleterre, l’article analyse les réactions du pouvoir face aux rumeurs et envisage la rumeur comme langage du pouvoir. Du discours officiel qui vise à démentir les bruits et à justifier la répression, à l’instrumentalisation même de la rumeur, la rhétorique des puissants illustre une certaine maîtrise des rouages de la communication. Elle révèle que les bruits ne sont pas l’apanage des oubliés du politique et peuvent être un outil de pouvoir efficace.
Sarah Olivier, « Image du pouvoir et pouvoir de l’image. Parallèles, filiation et légitimation dynastique dans deux enluminures commandées par Jeanne de Bourgogne (~1330-1340) »
Dans la première moitié du xive siècle la reine Jeanne de Bourgogne est la dédicataire de plusieurs ouvrages qui évoquent la situation politique des premiers Valois, alors en crise de légitimité. Par l’étude de deux de ces ouvrages – la traduction du Speculum historiale de Jean de Vignay et un libellus dédié à sainte Clotilde – nous examinons la manière dont Jeanne de Bourgogne se donne à voir et comment le manuscrit se constitue alors politiquement et symboliquement en espace de la revendication.
Vincent Robert Nicoud, « Rhétorique seconde et langages du (contre-)pouvoir dans La Sotie des Sotz escornez »
La Sotie nouvelle à cinq personnages décrit la révolte de trois sots contre leur prince. Cette révolte est caractérisée par un tournant linguistique et lorsque les 337sots tentent de prendre le pouvoir de leur gouverneur leur langage passe de la fatrasie à la ballade en parodiant le discours du prince. Cette étude examine la subversion du langage du pouvoir par la rhétorique seconde (en français et en vers en vernaculaire) et par divers dispositifs rhétoriques et poèmes à forme fixe.
Grigor Grigorov, « The Gestures of the Royal Figure According to the Literary Texts in the IXth-Xth Century in Bulgaria / Les gestes de la figure royale selon les textes des ixe-xe siècles en Bulgarie »
L’article propose d’identifier les significations les plus importantes des gestes du gouverneur oriental selon une série de sources bulgares du haut Moyen Age et surtout selon la Lettre du Patriarche Photius adressée au prince Boris Michael. La recherche est centrée sur les gestes que le roi ne doit surtout pas faire afin de conserver son autorité divine.
Amélie Marineau-Pelletier, « Entre ville francophone et empire germanique. Traductions et personnel urbain à Metz (xve et xvie siècles) »
À la fin du Moyen Âge, la ville de Metz était située dans les territoires romans de l’Empire. Face à l’essor de l’usage de l’allemand dans l’espace impérial, les autorités urbaines, qui utilisaient surtout le français dans leurs communications écrites, durent s’adapter à ce nouvel environnement linguistique. Leurs stratégies incluèrent la pratique de traductions des documents reçus et le recrutement d’officiers urbains, des secrétaires et des juristes, qui maitrisaient l’allemand et le français.
Vanezia Parlea, « Stratégies diplomatiques et communication interculturelle entre la France et l’Orient au xviie siècle »
Malgré une alliance franco-turque mutuellement avantageuse datant du xvie siècle, le début du règne de Louis XIV coïncide avec un moment de crise diplomatique entre les deux puissances. Des tentatives de réconciliation seront faites des deux côtés. Le présent article s’attache à analyser, selon une perspective croisée, les défis de la communication interculturelle en contexte officiel, à partir de deux cas de figure représentatifs pour les relations diplomatiques franco-ottomanes de l’époque.
338Ovidiu Cristea, « Les nouvelles comme langage du pouvoir. La correspondance de la Valachie et de la Moldavie avec la Transylvanie aux xive-xve siècles »
L’analyse de la correspondance médiévale des princes Valaques et Moldaves avec deux cités marchandes du sud de la Transylvanie montre que les nouvelles concernant l’Empire Ottoman ont été des instruments du pouvoir princier dans les rapports fluctuants avec la Transylvanie et le Royaume Hongrois. Les lettres envoyées aux marchands Saxons dévoilent diverses stratégies de persuasion utilisées par les princes des deux principautés de même que des rapports de forces bien différents.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11915-9
- EAN : 9782406119159
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11915-9.p.0333
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/09/2021
- Langue : Français