Avant-propos
- Type de publication : Article de revue
- Revue : La Revue des lettres modernes
2021 – 7. Jouve traducteur, Jouve traduit - Auteur : Lombard (Géraldine)
- Pages : 15 à 17
- Revue : La Revue des lettres modernes
- Série : Pierre Jean Jouve, n° 10
AVANT-PROPOS
Il n’y a pas besoin d’être roi de Jérusalem
Chaque vie s’interroge
Chaque vie se demande
Et chaque vie attend
(N, I, 86)
C’est avec une joie non dissimulée que nous avons accepté la responsabilité de ce dixième numéro, sur la proposition de Christiane Blot-Labarrère. Qu’elle trouve ici l’expression de notre infinie reconnaissance et nos plus vifs remerciements pour la confiance accordée. C’est en suivant son cours de Licence sur Jouve en 1988-1989 que nous avons découvert l’œuvre de celui qui allait bouleverser notre vie. Le choc fut immense et commença par la lecture des premiers romans : Paulina 1880, Le Monde désert et Hécate. Puis vint la poésie, l’un n’allant pas sans l’autre. De ces premières lectures, nous gardons une profonde nostalgie, lectures des découvertes et des premiers questionnements.
Beaucoup de thèmes et d’approches littéraires ou stylistiques ont déjà été abordés dans les neuf numéros précédents de cette revue allant d’études sur les romans, la poésie, les curiosités esthétiques, les jeux de l’écriture, les symboles, la modernité et le baroque mais aussi lors de colloques (Nice, Paris, Cerisy, Arras…) et dans d’autres revues ou publications, sans compter la recherche universitaire. Pour autant, bien peu de critiques se sont penchés sur la question de la traduction, que ce soit sur les œuvres traduites par Jouve ou celles de l’auteur en langues étrangères. Une certitude néanmoins : Jouve a été un grand lecteur comme il l’explique lui-même dans En Miroir : « Je lisais peu de ce qui paraissait, ou rien du tout. Je lisais Pascal, les Romantiques, le dix-neuvième siècle, Dostoïevsky ; je cherchais aussi ma nourriture dans la Poésie étrangère, Dante, Shakespeare et Hölderlin » (EM, II, 161165). Si cet aspect ne constitue évidemment pas la majeure partie de son œuvre, il mérite néanmoins notre attention et il interroge. Pourquoi Jouve a-t-il ressenti le besoin de traduire d’autres œuvres, le plus souvent poétiques ? Était-ce seulement le fruit de rencontres (puisqu’il était souvent co-traducteur ne maîtrisant pas suffisamment les langues étrangères) ? Quelle était sa posture et son rôle dans ces traductions ? Ont-elles influencé sa propre écriture ? Autant de questions abordées par les contributeurs de ce volume.
Ainsi, la première partie est consacrée au « Jouve traducteur » avec tout d’abord, un article d’Éric Dazzan sur la traduction du sixième chant de La morta meditata de Ungaretti, véritable laboratoire d’expérimentation dans lequel le poète Jouve retrouve l’antagonisme entre Éros et Thanatos. Et dans une traduction qui relève davantage de la transposition, il parvient à faire entendre la voix intérieure du poète qui fait écho à la sienne. Nous poursuivons avec le très long et minutieux travail d’analyse que fait Machteld Castelein du poème « Phénix et Colombe » de Shakespeare. Là encore, notre contributrice démontre à quel point Jouve a été sensible au mythe du phénix mais aussi à toute une forêt de symboles et références chrétiennes. Elle s’interroge également sur l’insertion de ce poème à la fin du recueil Mélodrame et en montre les éclairages réciproques ou comment les deux œuvres dialoguent. Enfin, nous partons en promenade avec le parcours original et moins académique que nous propose Jean-Paul Louis-Lambert. Nous pensons que son travail a toute sa place au sein de cette première partie car il nous permet de comprendre comment Jouve a procédé pour traduire des textes étrangers dont il ne maîtrisait pas les langues, s’entourant de précieux collaborateurs plus ou moins dévoilés.
La deuxième partie de ce numéro porte exclusivement sur la traduction des œuvres de Jouve en langues étrangères. Ainsi, la première contribution se penche sur certaines traductions en arabe de ses œuvres. Ce sont Anis Nouaïri et Besma Kamoun-Nouaïri qui nous la proposent en analysant les mécanismes par lesquels une poésie, a priori très ancrée dans l’imaginaire occidental, peut être transposée dans une langue et une culture qui lui sont étrangères. Ils analysent également l’influence que Jouve a pu avoir sur la poésie arabe. Notre ami japonais Takayuki Ozaki fait ensuite un panorama complet de la traduction des œuvres de Jouve dans son pays. Enfin, nous dressons une liste des traductions des 17œuvres de notre auteur, certes non exhaustive, mais qui prend toute la mesure du rayonnement de Jouve dans la littérature mondiale.
C’est un entretien avec le grand poète contemporain Yves Bonnefoy qui constitue à lui seul la troisième partie de ce volume. Grand admirateur de Jouve, qu’il a bien connu et qui l’a profondément inspiré, Bonnefoy nous livre une série d’anecdotes et de réflexions sur la poésie de Jouve, sur les rapports parfois conflictuels qu’il entretenait avec ses admirateurs, sur ses traductions mais aussi sur les liens invisibles qui unissent leurs œuvres poétiques.
La quatrième et dernière partie propose aux lecteurs un carnet critique comprenant l’étude d’un ouvrage récent. Elle est suivie d’annexes comportant l’état de la recherche universitaire sur Jouve et de listes recensant, d’une part les documents audiovisuels disponibles sur internet, d’autre part les œuvres traduites pour prolonger aisément des recherches ou poursuivre quelques « promenades » en compagnie de notre auteur.
Géraldine Lombard
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12057-5
- EAN : 9782406120575
- ISSN : 0035-2136
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12057-5.p.0015
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/09/2021
- Périodicité : Mensuelle
- Langue : Français