Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Réception des troubadours au xixe siècle
- Pages : 429 à 434
- Collection : Études et textes occitans, n° 8
- Série : Les Troubadours, n° 4
RÉSUMÉS
Jean-François Courouau, Daniel Lacroix, « Introduction générale »
Cette introduction rappelle le cadre dans lequel les études qui suivent s’insèrent dans un projet de recherche portant sur la réception des troubadours ; or le xixe siècle est sans doute la période où cette réception adopte les modalités les plus variées : invention romantique du Moyen Âge, naissance de la philologie moderne, renaissance occitane, style troubadour.
Georg Kremnitz, « Fabre d’Olivet, du “genre troubadour” à la linguistique romane naissante »
La démarche intellectuelle de Fabre d’Olivet (1767-1825) est inscrite dans une époque qui voit naître la science linguistique. Son intérêt pour les troubadours le mène à s’intéresser à leur langue qu’il analyse comme une forme d’occitan, mais il est resté attaché aux méthodes du xviiie siècle.
James W. Thomas, « La traduction comme moyen de réception des troubadours dans la culture britannique (1800-1825) »
Pendant les quarante premières années du xixe siècle, de nombreuses traductions en anglais de la poésie des troubadours ont été réalisées, notamment pour la revue Blackwoods ou par Louisa Costello. La lecture des troubadours faite en Angleterre au début de l’époque victorienne a occasionné des débats portant sur la morale de la fin’amor.
Jean Thomas, « Henri Pascal de Rochegude (1741-1834) précurseur des romanistes ? »
La réception des troubadours au xixe siècle pose la question de l’état de la romanistique à ses débuts. Or l’apport de Henri Pascal Rochegude (1741-1834), 430notamment, illustre parfaitement les débuts de la romanistique car il ajoute à une culture préscientifique propre au début du xixe siècle une recherche nouvelle portant sur la matière occitane.
Fabienne Bercegol, « Chateaubriand et la littérature des troubadours. Histoire d’une rencontre »
Malgré sa connaissance au départ limitée du Moyen Âge, Chateaubriand a rapidement perçu les enjeux de sa représentation après la période révolutionnaire, et à partir de 1820 son œuvre s’est enrichie de la lecture des poésies des troubadours. Il en découle une réflexion sur l’histoire des civilisations (et notamment des langues), et sur la place que l’amour y occupe.
Philippe Martel, « Simonde de Sismondi et les troubadours »
Jean-Charles Simonde de Sismondi, dans son ouvrage De la littérature du midi de l’Europe (1813), accorde une place capitale à la poésie des troubadours au sein de la littérature de l’Europe médiévale, à un moment où celle-ci reste difficile d’accès. Son Histoire des Français (1821-1844) accorde ensuite une place notable à la croisade albigeoise.
Maïté Bouyssy, « Comment le troubadour du xixe siècle devint-il un objet froid ? »
Le genre troubadour connut son apogée en peinture sous la Restauration. Une étude iconographique montre les nombreuses nuances apparues dans l’utilisation des images médiévales durant cette période, entre reconstruction d’un passé idéalisé et consonance avec les temps présents, à une époque où l’histoire de la France est l’objet d’une perpétuelle construction politique.
Diego Saglia, « Le chant du troubadour dans le romantisme anglais. Gai saber et pouvoir poétique »
La figure du troubadour et de la trobairitz est importante dans la littérature romantique anglaise, au même titre que d’autres images d’artistes médiévaux. Mais la spécificité du troubadour est définie par le fait que celui-ci incarne en propre la personnification d’une subjectivité poétique complexe et d’une création lyrique auto-consciente.
431Magdalena Kowalska, « Les romantiques polonais à la recherche du temps des troubadours »
Le patrimoine troubadouresque fait l’objet d’un intérêt particulier dans la Pologne romantique à partir d’un essai de Wincenty Krasinki (1818). Les troubadours prennent ensuite une place importante dans la poésie de Minckiewicz (1822) et dans les œuvres de Cyprian Norwid dans la seconde moitié du xixe siècle, au sein d’un imaginaire médiéval bigarré.
Xavier Bourdenet, « De l’Histoire au fantasme. Les troubadours ou le mythe de l’origine dans De l’amour de Stendhal »
Dans De l’amour Stendhal accorde une place de choix aux troubadours, à partir des meilleures sources disponibles à son époque. Au-delà d’un mythe des origines qu’ils incarnent pour lui, l’érotique beyliste se définit en intégrant des thèmes que l’auteur leur emprunte : amour de loin, sacralisation de la Dame, passion tragique ou mélancolique.
Claire Toreilles, « Présence des troubadours et conscience littéraire dans l’écriture occitane de la première moitié du xixe siècle »
Dans la première moitié du xixe siècle, la découverte du corpus des troubadours ouvre des perspectives nouvelles aux écrivains occitans en leur apportant des cautions historiques et culturelles, mais sans stabiliser le statut des nouveaux « troubaires » – à tout le moins avant la fondation du Félibrige.
Hervé Terral, « Michelet, Mary-Lafon et un Indigène. Les troubadours sous le regard de la question nationale »
Le xixe siècle interroge les origines de la nation française – sur fond de romantisme et de redécouverte des troubadours. Parmi les auteurs qui se sont intéressé au sujet, trois émergent, aux statuts fort différents et à la filiation très inégale : Michelet, Mary-Lafon et Jules de Gounon-Loubens. Leurs lectures illustrent la diversité de la réception des troubadours à cette époque.
432Marjolaine Raguin, « Redécouverte et lecture de la Chanson de la Croisade
albigeoise au xixe siècle »
La Chanson de la Croisade albigeoise, redécouverte au xixe siècle par les philologues et commentée par des lettrés dans une optique nationale, devient la grande épopée d’un Midi vaincu à l’origine même de son histoire. Ce mythe fondateur définit par là même une identité occitane qui se dessine dans les travaux de Fauriel ou de Meyer, et jusque dans l’œuvre de Mistral.
Fabio Barberini, « Troubadours à Modène au xixe siècle. Le Novellino provenzale de Giovanni Galvani »
Le Novellino provenzale de Giovanni Galvani est la plus ancienne traduction dans une langue romane d’un corpus de vidas et de razos des troubadours. La méthode suivie par l’auteur est double : il réécrit ou remanie les sources qu’il traduit en revenant aux textes des chansons, et il y ajoute des commentaires érudits.
Jean-Yves Casanova, « L’image de la femme, domna et figure romantique, et la lecture troubadouresque des félibres. Mistral, Aubanel et Jenny Manivet »
Héritiers tout à la fois de l’image de la domna des troubadours et des représentations romantiques de l’amour, Mistral et Aubanel définissent une nouvelle image de la femme dans leurs poèmes, qui doit tout autant à des traditions littéraires antérieures qu’à la fréquentation de Jenny Manivet – la Zani de la Mióugrano entre-dubèrto d’Aubanel, qui précède la Mirèio de Mistral.
Corinne Lissalde, « De Mignon à Dono Vióuleto d’Or. Les amours du troubadour Théodore Aubanel »
Le poète Théodore Aubanel a aimé en secret une femme surnommée « Mignon », avec laquelle il échangea toute une correspondance en réactivant le schéma de l’amour de loin (thème hérité notamment du troubadour Jaufré Rudel). On peut suivre cette relation au travers des lettres échangées entre Aubanel et son ami Ludovic Legré.
433Jacques de Caluwé, « Les troubadours dans Calendau. De la fantaisie héroïque à la fiction politique »
Les sources troubadouresques de Calendau s’inscrivent dans la tradition du « genre troubadour », au sein duquel les sources médiévales émergent mal dans les réécritures de l’époque. Mais chez Mistral le rapport au passé change dès lors qu’il inscrit son œuvre dans le contexte politique d’une grande union méridionale. Cet engagement politique peut expliquer le peu de succès de Calendau.
Rose Blin-Mioch, « Les contre-croisades des fondateurs du Félibrige républicain (1876-1880) »
À partir de 1876, les languedociens Louis-Xavier de Ricard, Lydie Wilson de Ricard et Auguste Fourès, apportent une couleur politique différente au mouvement félibréen. Les troubadours nourrissent leurs œuvres, mais la Canso de la crozada est la référence la plus marquante pour d’anciens soutiens de la Commune qui s’opposent désormais à la République de Thiers.
Joëlle Ginestet, « La Chansou Lemouzina (1889). Joseph Roux sur la voie de l’épique chrétien »
L’épopée limousine La Chansou Lemouzina de l’abbé Joseph Roux reflète le parti pris d’un auteur que tout incitait – sa morale chrétienne intransigeante, ses goûts littéraires précis et, sans doute, son idéologie conservatrice – à n’exhumer du trobar que la chanson de geste qu’il considérait comme la seule noble aventure spirituelle, alors même qu’elle tend à disparaître du paysage littéraire français.
Christophe Imbert, « Les troubadours et l’École romane. Une expression significative de la Romania »
Le lancement de l’École romane, en 1891, s’est fait en cautionnant l’idée que la leçon du Félibrige pouvait guider les pas d’une jeune littérature française réagissant contre les influences du Nord. Qui plus est, la poésie de Moréas s’inscrit dans le prolongement d’un légendaire troubadouresque lié au courant préraphaélique dans sa phase tardive fin de siècle.
434Géraldine Vogel, « La Princesse lointaine d’Edmond Rostand ou l’histoire des cœurs »
La Princesse lointaine, pièce créée en 1894, raconte l’aventure du troubadour Jaufré Rudel parti à la rencontre de la dame qu’il aime à distance. Edmond Rostang montre alors le travail du poète composant en l’honneur de sa bien-aimée, et invente une intrigue dans laquelle prime la vérité des cœurs. Il offre ainsi une mystique moderne dans un monde où la foi se meurt.
- Thème CLIL : 4029 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Langues régionales
- ISBN : 978-2-406-14558-5
- EAN : 9782406145585
- ISSN : 2430-8269
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14558-5.p.0429
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 31/05/2023
- Langue : Français