Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Raison du merveilleux à la fin du Moyen Âge et dans la première modernité. Textes et images
- Pages : 385 à 388
- Collection : Rencontres, n° 399
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 102
RÉSUMÉS/ABSTRACTS
Dominique de Courcelles, « Les arts de la merveille à la Renaissance, automates, anatomies, “moi la matière de mon livre” »
Dans la ligne du livre de la Genèse et de la prophétie d’Ézéchiel, en déclinaison du stasimon de Sophocle, l’approche alchimique permet de croiser l’automate mathématique et le corps humain médicalisé, allant jusqu’à élaborer un homonculus pour la salvation de l’être humain. Elle trouve son renouvellement dans la philologie et la philosophie des humanistes qui font de l’écriture une fiction alchimique bien apte à déchiffrer la nature cosmique et humaine et à faire échec à la mort inéluctable.
Rosanna Gorris Camos, « “La merveille fit le Desir eveiller” (Peletier), plantes merveilleuses entre science et poésie »
La merveille suscitée par les plantes a inspiré de nombreux auteurs du xvie siècle, tels que Jacques Grévin, Guy Le Fèvre de la Boderie et Jacques Peletier du Mans. La notion évoque désormais le contact direct avec l’expérience scientifique. Quand ils se promènent dans les jardins des simples ou dans les parcs parisiens, l’image qui prend corps dans leurs écrits est celle d’un itinéraire de la terre au ciel, comme si l’équilibre (l’harmonia) de la nature n’était rien de plus qu’un état de la création divine.
Sébastien Galland, « Survivances, hantises et attractions du merveilleux chez Giordano Bruno »
Le matérialisme lucrétien de Giordano Bruno fait de la nature une puissance active produisant aussi bien les formes corporelles que les formes incorporelles, une puissance matérielle dont la cause et le principe se trouvent dans la substance divine infinie, en tant que Dieu est cette matière naturelle qui ne cesse de se déployer dans son uni-diversité. Telle est la raison du merveilleux qui joue des associations naturelles ou artistiques. Un éros cosmique unit les êtres.
386Marco Antonio Coronel Ramos, « Las maravillas de la angelología medieval a principios de la modernidad hacía una antropología nueva »
Au début de la modernité apparaissent quelques discours qui définissent et délimitent la dignité humaine. Un de ces textes est écrit par l’humaniste valencien Jean Louis Vivès. Cet article analyse la signification et l’usage donnés par Vivès à l’image étonnante et merveilleuse des hommes occupant les sièges laissés vides dans le ciel par les anges déchus. Cette image médiévale, d’origine néo-platonicienne et augustinienne, servira à élaborer une anthropologie moderne à partir de l’humanisme chrétien.
Philippe Plagnieux, « Entre virtuosité et éblouissement. Une réflexion sur les arts monumentaux en France à la fin du Moyen Âge »
Pour comprendre l’art flamboyant de l’architecture et sa prédilection pour un merveilleux fluide et dynamique, lumineux, divin, c’est toute la société de la fin du Moyen Âge qu’il faut considérer.
Jean-Michel Roessli, « La magie thérapeutique du chant poétique d’Orphée dans l’œuvre et la pensée de Marsile Ficin et de quelques auteurs de la Renaissance »
Lumineux et divin est l’art poétique d’Orphée. En accord avec la théologie du divin Platon, cet art trouve une application dans la harpe et le chant du roi David et il illumine les âmes par magie naturelle. Marsile Ficin, à la fin du xve siècle, reconnaissant son pouvoir merveilleux de medium de la présence divine, atteste de son pouvoir thérapeutique pour les âmes et aussi pour les corps de chair.
Georges Tilly, « La raison de l’étonnement. Le numerus dans l’Actius (1507) de Giovanni Pontano »
Conçu comme une présentation du dialogue Actius de G. Pontano, cet article établit à partir des flottements dans l’usage du mot numerus que cette poétique de l’émerveillement rend manifeste une pratique inédite de la déclamation du texte latin. Plusieurs exemples tirés de l’œuvre de Pontano montrent que l’humaniste suit et dépasse les effets qu’il préconise dans l’Actius.
387Christian Freigang, « La merveille rimée, la merveille construite. Poésie et architecture flamboyante »
Dans l’architecture flamboyante, avec la transcendance de la matière de pierre en une œuvre techniquement virtuose, la création du merveilleux joue un rôle primordial. La contribution démontre les rapports étroits avec la poésie de la « Seconde rhétorique », contemporaine de cette architecture, qui se fonde elle aussi sur des règles de « construction » et d’« ornementation ».
Christoph Strosetzki, « El milagro en Calderón »
Les miracles, dans les œuvres de Calderon, donnent à voir les représentations de l’Amor Dei par rapport à l’amor sui. Ils apparaissent comme la réfutation du paganisme et la cause de la conversion au christianisme, et peuvent être interprétés de façon rhétorique comme des exemples dans le débat entre vraie et fausse religion. De façon didactique, ils apparaissent, par leur dimension morale et anagogique, comme le résultat d’un gratia efficiens, qui présuppose à son tour l’amor Dei et le gratia sufficiens.
Anna Orriols, « Le merveilleux dans l’art catalan de la fin du Moyen Âge. Une approche, entre texte et image »
À partir de la littérature et de l’art, qu’il s’agisse d’œuvres savantes ou populaires, cet article entend reconstruire et interpréter la présence constante, riche et variée, du merveilleux et de la merveille dans la Catalogne de la fin du Moyen Âge. Cet aspect a été peu étudié en raison de la perte de la plupart des œuvres profanes et de la tendance à ne pas tenir compte de la composante merveilleuse dans l’art religieux.
Wolfgang Adam, « Le merveilleux dans la Cosmographie universelle de Sébastien Münster, 1544 »
La Cosmographie universelle de Sébastien Münster est l’essai d’une description encyclopédique du monde. Elle mentionne des miracles et des prodiges afin que le lecteur puisse reconnaître dans la création les « secrets » de Dieu. Cet ouvrage publié en 1556 en français a bénéficié de la haute estime de Montaigne.
388Marie-José Vega, « Con imágenes verdaderas. La ilustración del prodigio en El Prodigiorum ac ostentorum Chronicon de Conrado Lycosthenes, 1557 »
Le Prodigiorum ac ostentorum Chronicon de Conrado Lycosthenes, publié à Bâle en 1557, est une compilation en langue latine des prodiges et des monstres connus depuis l’Antiquité ou ayant fait l’objet d’observations précises, ainsi qu’une encyclopédie visuelle qui définit les modes de représentation et de contemplation de la merveille. L’érudition accompagne l’illustration populaire. Philosophie naturelle et culture populaire, propagande religieuse, défense de la divination se joignent ici.
Christoph Strosetzki, « Rationalisme et fantastique des miracles dans la France de la première modernité »
L’article évoque les tentatives de rationalisation des miracles dans la France de la première modernité : il y a une dualité dans la conception des miracles.
Manuel Ramos Medina, « Sor María de Jesús de Agreda y sus cronistas »
Sor Maria de Jesús de Agreda, moniale de la Conception en Espagne au xviie siècle, connaît des expériences d’extase et d’ubiquité, apparaissant au nord de la Nouvelle Espagne sur le continent américain alors qu’elle habite dans la péninsule ibérique. Les religieux organisent et rationalisent son culte jusqu’à la fin du xviiie siècle, en écrivant les récits de sa vie et de ses merveilles, soucieux de démontrer les liens entre l’Espagne et les territoires américains. La merveille sert ainsi le projet politique.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07917-0
- EAN : 9782406079170
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07917-0.p.0385
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 03/08/2019
- Langue : Français