Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Poésie dramatique comme discours de savoir
- Pages : 321 à 324
- Collection : Kaïnon - Anthropologie de la pensée ancienne, n° 16
- Série : Symposia, n° 6
Résumés
Marie-Laurence Desclos, « Préface »
Dans la continuité du précédent volume sur La poésie archaïquecomme discours de savoir, cet ensemble de communications a pour ambition de prendre la mesure des survivances et des innovations qui, chez un Eschyle, un Euripide ou un Aristophane, trahissent les continuités ou marquent les différences qu’il s’agisse des représentations théologiques, politiques, médicales, éthiques, dramaturgiques ou – selon la dénomination que nous leur donnons aujourd’hui – « philosophiques ».
Xavier Gheerbrant, « La poétique de Choérilos de Samos. Remarques sur l’originalité compositionnelle d’un poème historique de la fin du ve siècle et sur son interprétation »
Dans le poème des Persika, Choérilos justifie l’ouverture d’un nouveau type de discours de savoir dans la poésie épique de son temps : il donne l’histoire récente pour thème à son poème. La relecture de ce poème, éclairée d’une étude de la poétique des fragments, montre que le poète exprimait ce matériau original dans le cadre d’une poétique qui ne se laisse pas réduire à la simple reproduction d’une forme qui lui aurait préexisté.
Sandrine Coin-Longeray, « Σοφία et σοφός chez Eschyle »
Les emplois qu’Eschyle peut faire de la famille de sophos sont d’un grand intérêt, le poète s’inscrivant dans le cadre politico-culturel de la jeune démocratie athénienne, et dialoguant également avec la sophistique à l’influence grandissante. Se côtoient des emplois très « techniques », comme celui de la divination, et des emplois plus abstraits, dont le point commun reste la sagesse, l’expertise née de l’expérience qui donne à l’homme sa faculté d’adaptation dans un monde sombre et changeant.
322Nuria Scapin, « La Grâce Violente du dieu. Une interprétation du Zeus de l’Orestie d’Eschyle à la lumière de la théologie présocratique »
Cet article propose une interprétation du Zeus d’Eschyle à la lumière de la théologie présocratique. Il se focalise sur les facultés cognitives et opératives de ce dieu en relation avec la théologie de Xénophane, sur la fonction abstraite d’unité des opposés par rapport à Héraclite et met l’accent sur la représentation de cette unité comme source ultime du savoir tragique, à travers laquelle Eschyle semble revendiquer la primauté d’un discours de connaissance qui ne peut pas être réduit au savoir philosophique.
Maria Michela Sassi, « Le savoir de Médée »
Qu’en est-il de la conduite de Médée dans le drame d’Euripide ? Comment la vengeance qu’elle espère tirer de Jason peut-elle prendre la forme d’un infanticide, en dépit de la claire conscience de la souffrance qu’il lui faudra alors endurer ? Au moment culminant de son célèbre monologue, Médée n’envisage même pas la dimension « morale » de son acte, parce que la passion qui la domine l’empêche de prendre en considération l’attachement d’une mère envers ses enfants.
Maria Paola Castiglioni, « La sophia de Mélanippe. Théâtre athénien et discours de savoir féminins »
Une partie des fragments de la Mélanippe philosophe, pièce d’Euripide malheureusement perdue, font allusion à un savoir cosmogonique transmis à l’héroïne par sa mère Hippè dont le contenu n’est pas sans rappeler les théories d’Anaxagore. L’analyse de ces fragments permettra de s’interroger sur le sens de ces discours de savoir, sur l’osmose entre philosophie et théâtre au ve siècle et sur les raisons du choix d’Euripide de confier à une voix féminine une rhésis au contenu philosophique.
Magali Année, « De l’élégie d’Andromaque au σῶμα d’Hélène. Le réinvestissement dramaturgique du savoir-faire koinôgonique de l’ancienne élégie parénétique »
Le savoir poétique de Tyrtée, « générateur de communauté », eut une influence plus grande qu’on est habitué à le penser. En dépit de la différence 323du contexte de sa performance, des modes métriques et des particularités thématiques, la poésie d’Euripide en témoigne : sabotant la forme tyrtéenne originelle (Andromaque), il s’en réapproprie le pouvoir koinôgonique pour le mettre au service de son logos dramaturgique et de la corporéité théâtrale dont il dépend (Hélène).
Valeria Melis, « La maladie d’Oreste. Réalité et apparence entre sophistique et littérature médicale (Euripide, Oreste, 235 sqq.) »
Les vers 235 sq., 258 sq., 311-315 et 408 de l’Oreste d’Euripide s’insèrent dans le débat critique sur la connaissance et sur le rapport entre δόξα et ἀλήϑεια qui remonte au milieu présocratique (voir par exemple le F2 Pendrick d’Antiphon et le fr. 82 B 11 DK de Gorgias) ; ils offrent également un témoignage du lien étroit entre sophistique et médecine hippocratique. Des vers de l’Oreste émerge par ailleurs la conscience que les perceptions sont liées aux changements des conditions psycho-physiques.
Sandro Passavanti, « Crise de la mantique et pathologie de la perception dans l’Oreste d’Euripide »
Les traits cliniques de la scène de folie de l’Oreste sont interprétés d’ordinaire comme des signes de la dette de son auteur envers la médecine de son temps. En s’appuyant sur l’analyse d’autres scènes théâtrales de folie visionnaire ainsi que sur le compte rendu platonicien de la divination et sur les textes hippocratiques relatifs aux altérations de la perception, nous mettons ici en question cette lecture univoque du rapport entre poésie et art médical chez Euripide.
Davide Susanetti, « Allégorie du mythe et étude de la nature dans le théâtre d’Euripide »
Des Troyennes aux Bacchantes, les multiples références au langage de la philosophie et aux propos tirés de l’étude de la nature finissent par remettre en question le sens du mythe qui définit l’identité des personnages tragiques. Sur la scène, le mythe apparaît soit comme dispositif de pouvoir soit comme discours d’une élite intellectuelle qui réécrit la théologie et l’imaginaire partagé.
324Ghislaine Jay-Robert, « Étude de σοφός chez Aristophane »
À partir d’une étude des occurrences de sophos, sophia et de leurs composés chez Aristophane, on définira la notion qu’ils traduisent pour comprendre l’utilisation qu’il en fait dans ses comédies. Employés aussi bien pour dénigrer Socrate et ses disciples que pour louer le poète et les spectateurs, ils ne désignent jamais la sagesse, et qualifient un certain type de savoir en prise directe avec la « révolution culturelle » que constituent la diffusion du « livre » et l’importance donnée à l’écrit.
- Thème CLIL : 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
- ISBN : 978-2-406-09977-2
- EAN : 9782406099772
- ISSN : 2428-713X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09977-2.p.0321
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/09/2020
- Langue : Français