Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: La Perfectibilité de l’homme. Les Lumières allemandes contre Rousseau ?
- Pages: 1453 to 1456
- Collection: Philosophical Texts, n° 19
Résumés
Introduction générale
Rousseau le montre, on ne peut assimiler Lumières et « progressisme ». L’Aufklärung a été sensible aux tensions du concept de perfectibilité tout en l’accueillant dans un contexte propre à susciter des déplacements. Dans quelle mesure peut-on dire que l’homme se perfectionne « lui-même » ? La perfectibilité est-elle une simple disposition ou un effort ? Peut-on tabler sur son universalité au sein de l’espèce humaine ? Les problèmes que dévoilent les débats montrent la pluralité des Lumières.
Avant-propos
La « perfectibilité », selon Rousseau en 1755, n’est ni la perfection ni le perfectionnement. Elle ne se rabat pas plus sur le libre arbitre. C’est un concept très paradoxal, sans précédent et sans suite pour autant que Rousseau lui-même le refoule aussitôt. Il s’agit d’une métafaculté dont l’activation est deux fois contingente : les circonstances auraient pu ne pas l’enclencher, ou elles auraient pu l’orienter autrement. Outre-Rhin, elle connaîtra des réfractions instructives et diverses.
Premier chapitre
Le chapitre traite de la conception du perfectionnement chez certains des philosophes les plus importants de la première partie du xviiie siècle allemand, avec une référence particulière au centre intellectuel de Halle. On relèvera les interactions très étroites entre le contexte métaphysique de la perfection, lié à la pensée leibnizienne, et le contexte piétiste marqué par l’idée de perfectionnement comme renouvellement à travers la grâce divine.
1454Deuxième chapitre
Le chapitre examine les premiers échos que le second Discours de Rousseau et son concept de perfectibilité trouvent auprès des intellectuels germanophones nourris de métaphysique scolaire (en particulier Lessing et Mendelssohn) et il souligne les effets du transfert dans le contexte berlinois de sa première lecture par Voltaire.
Troisième chapitre
Ce chapitre envisage le concept de perfectibilité à partir de l’idée de « destination » ou « détermination » de l’homme (Bestimmung des Menschen), qui joue un rôle central dans l’articulation de la pensée théologique et philosophique allemande à partir de 1748. À travers ce concept s’exprime la conviction que la vie de l’homme a un sens, que l’homme est fait pour un but vers lequel tendre et qu’il doit, par conséquent, le mettre au jour afin de comprendre qui il est et comment il doit agir.
Quatrième chapitre
Le concept rousseauiste de perfectibilité s’applique à la vie terrestre. Mais une destination de l’homme au perfectionnement ne se prolonge-t-elle pas dans une vie future ? L’infinité de l’existence escomptée n’est-elle pas nécessaire à celle du perfectionnement ? De la théologie à la théodicée métaphysique, au cœur même de la diversité des réponses de l’Aufklärung, la question d’arrière-plan sera celle d’un perfectionnement que l’on puisse ou non imputer au dynamisme propre des créatures.
Cinquième chapitre
Ce chapitre se demande si la perfectibilité est le propre de l’homme ou si elle appartient à toutes les créatures, en tant qu’êtres naturels. Cela conduit en particulier à interroger la notion de « germe », selon qu’on la prend en une acception stricte ou qu’on le fait de façon plus analogique. Le débat sur la perfectibilité des créatures se situe à l’articulation entre observations des naturalistes et théories pneumatologiques (doctrines relatives aux êtres dotés de raison et de libre arbitre).
1455Sixième chapitre
Peut-on concevoir une perfectibilité pré- ou extrasociale comme semble le suggérer Rousseau ? Quel sens le terme de « perfectibilité » peut-il encore garder si l’on lui conteste toute dimension sociale ? Et ne faut-il pas voir dans la perfectibilité le principe fondateur de la société ? Voici quelques-unes des questions qui conduisent les philosophes allemands des Lumières à repenser radicalement le lien entre perfectibilité et sociabilité.
Septième chapitre
Ce chapitre est consacré à l’universalité de la perfectibilité humaine et de son actualisation. Dans le champ théologique, les textes associent cette question au rôle de la Révélation dans la destination de l’homme. Dans le champ psychologique, la force de perfectionnement joue un rôle dans l’analyse de la nature humaine. Dans le champ anthropologique, l’enjeu de la capacité de perfectionnement est celle d’une supériorité européenne supposée, qui peut conduire à une vision racisée de l’humanité.
Huitième chapitre
Le chapitre examine la manière dont le progrès de l’espèce humaine (que les auteurs germanophones réaffirment tous contre Rousseau, à l’exception de Mendelssohn) s’articule avec le perfectionnement de l’individu. Une grande majorité d’entre eux récusant que ce progrès ne soit que le résultat du hasard des circonstances, il s’agit alors pour eux de déterminer s’il est la cause, l’effet ou l’horizon de sens du perfectionnement des individus.
Neuvième chapitre
L’autonomie renvoie au pouvoir de faire quelque chose par soi-même, mais aussi à un terme auquel s’efforcer de parvenir. L’homme ne s’autonomise pas seul, mais il prend une part active à son perfectionnement. Les Lumières allemandes précisent les rôles différenciés de Dieu et de l’éducateur adulte, mère, pédagogue ou plus largement membre de la communauté politique. Sont aussi questionnées les limites de l’éducation à l’autonomie, par rapport à la sensibilité et à la pureté primitive du cœur.
1456Dixième chapitre
Le sensible pèse sur le perfectionnement par sa plasticité. La raison doit alors l’intégrer. Raison et sensibilité se concilient dans la représentation. Cette médiation se définit comme état esthétique. La science du beau ne peut plus faire abstraction d’une telle mixité dont l’agir et le plaisir témoignent. Devant la singularité du sensible, elle passe, au xviiie siècle, de la métaphysique à l’anthropologie, met en avant le rôle du corps et reconnaît que la nature peut accueillir la liberté.
Onzième chapitre
Dans l’espace germanique, la question des fins de l’homme contenue dans les idées de perfectionnement et de destination donne lieu à trois antinomies structurant les réponses : celle des fins de la nature et des fins de l’homme, les secondes s’opposant aux premières ; celle des moyens : si l’homme n’a que des moyens naturels pour réaliser ses fins, comment dépasser celles de la nature ? ; celle de l’articulation des fins visées par l’être raisonnable avec la vie sociale, qui a ses propres fins.
Douzième chapitre
En notant que la perfectibilité est « presque illimitée », Rousseau ouvrait un problème central pour les penseurs européens qui le suivent : celui des limites. Dans quelle mesure l’idée de perfectibilité peut-elle déterminer les limites de l’homme, c’est-à-dire dessiner ce qui le délimite à la fois au sein de la nature et au sein de l’histoire ? Cela va donner lieu, dans le contexte allemand, à la question de savoir si le perfectionnement de l’homme est sans limite ou possède un terme.
Treizième chapitre
Ce chapitre montre comment Kant, Meiners, Eberhard, Fichte, Schiller et Schlegel répondent à la question de savoir si la perfectibilité dans le domaine politique, entendue comme l’obtention de certains droits politiques, concerne toutes les régions du monde, tous les peuples et toutes les classes sociales. Que le perfectionnement politique commence par les individus ou les institutions, la prise de conscience de la capacité à se perfectionner semble politiquement décisive pour les êtres humains.
- CLIL theme: 3126 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie
- ISBN: 978-2-406-12255-5
- EAN: 9782406122555
- ISSN: 2261-0693
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12255-5.p.1453
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 03-09-2022
- Language: French