J’ai les idées brouillées en ce moment. Je crois que, pour finir, j’ai attrapé la peste – à force d’y penser.
Albert Camus, lettre à André Malraux, 1942.
Son élocution est incroyablement claire ; ses mots se déversent comme des petits grains égaux, toujours choisis et toujours prêts à vous servir. D’abord, ça vous plaît, mais, après un temps, ça vous dégoûte, et justement parce que cette élocution est trop claire, parce que ce sont des perles toujours prêtes. Vous commencez alors à avoir l’impression que la langue qu’il a dans la bouche doit être bizarrement particulière, incroyablement longue et fine, terriblement rouge, avec un bout extrêmement pointu, et qui tourne sans cesse et malgré lui.
Fédor Dostoïevski, Les Démons, 1871.
Trouver des mots pour ce qu’on a devant les yeux – comme cela peut être difficile. Mais lorsqu’ils viennent, ils frappent le réel à petits coups de marteau jusqu’à ce qu’ils aient gravé l’image sur lui comme sur un plateau de cuivre.