Bibliographical bulletin
- Publication type: Journal article
- Journal: La Lettre clandestine
2023, n° 31. Les athéismes et la littérature philosophique clandestine - Pages: 311 to 365
- Journal: The Clandestine Letter
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Éditions de textes
Anonyme (xviie siècle), Hypothèse de la nouvelle philosophie. Texte édité et présenté par Sylvain Matton. Avec des études de Maria Teresa Bruno et de José Médina, Paris, SÉHA, et Milan, ARCHÈ, 2022, 242 p.
« Si la fortune de la philosophie de Descartes a été abondamment étudiée, celle de Gassendi, l’autre phare de la philosophie française de l’Âge classique, reste mal connue, et l’on se contente ordinairement de répéter avec Francisque Bouillier qu’elle “n’a fait, au xviie siècle, qu’une bien petite école, elle n’a régné que dans quelques salons suspects de libertinage d’esprit et de mœurs”. Rédigée au début des années 1670 par un partisan du chanoine de Digne, probablement un médecin catholique de Provence, l’anonyme Hypothèse de la nouvelle philosophie, éditée ici pour la première fois, invite à réviser ce jugement comme à comprendre ce qui constituait la posture philosophique essentielle du gassendisme : la liberté de philosopher. Car tout en adhérant à un atomisme conforme jusque dans le détail à celui de Gassendi, l’auteur de Hypothèse de la nouvelle philosophie se place aussi sous l’égide d’autres grandes figures de la “nouvelle philosophie” qui ont toutes en commun d’avoir rompu avec la scolastique et d’avoir adopté, chacune à sa façon, une conception atomistique ou corpusculaire de la nature, à savoir Descartes, Mersenne, Regius, Rohault, Maignan, Kircher, Van Helmont, Digby, et il le fait en avertissant qu’“il ne les suivra pas en disciple, c’est-à-dire en aveugle, mais en maître, examinant leur raisonnement et leurs expériences par les siennes”. L’Hypothèse de la nouvelle philosophie nous offre ainsi une description précise des avancées et des difficultés des sciences dans la seconde moitié du xviie siècle. »
Sylvain Matton : Présentation. José Medina : « Le gassendisme de l’Hypothèse de la nouvelle philosophie : la liberté de philosopher ». Maria Teresa Bruno : « “La logique n’est pas une partie de la philosophie”. Le statut de la logique selon l’Hypothèse de la nouvelle philosophie ».
312Hypothese de la nouvelle philosophie
– Preface.
– Traicté prologomenique. I. Maxime de la philosophie françoise. II. De la nature et de la division de la philosophie.
[Livre premier]
– Traicté I. De l’art de raisonner. I. [De la logique]. II. Des idées universelles. III. Des categories, ou arrangemens des estres. IV. Qu’il n’y a point de relation réelle. V. Qu’il n’y a que le mode de Barbara qui conclue, supposant que le sillogisme peut conclure ce qui est faux.
– Traicté [II.] De quelques propositions de morale. I. Que l’amour est l’unique passion qui domine dans l’homme. II. Que les animaux irraisonnables raisonnent.
Livre second. De la phisique.
– Prologue (Ce que c’est que la phisique. Quelles sont les differentes manieres de connoistre. Advis touchant les mots). I. Du lieu. II. Continuation de la mesme matiere, et des espaces imaginaires. III. De la durée du temps. IV. Des principes de tous les corps ou des athomes (Contre les principes des peripateticiens. Des principes nouveaux. De l’indivisibilité et petitesse des athomes. De la figure et du mouvement des athomes. Dans lequel on respond à quelques objections qu’on peut faire contre les athomes). V. Des formes substantielles (Les raisons des anciens refutées. Comment on sauve les effects des formes quoy qu’il n’y en aye aucune.
– [Des qualités des corps en general]. I. Seconde categorie. De la quantité. Solution, tirée d’une objection du mistere de l’eucharistie. II. Du mouvement. III. Des autres qualités, et premierement de la secheresse et de l’humidité du composé (De la rareté et densité du corps. De la diaphanité ou transparence des corps. De la chaleur et du froid. Corollaire de l’antiperistase). IV. De la lumiere (De la nature de la lumiere. [Réponse] à quelques objections. Des proprietés de la lumiere. Du froid). V. Des couleurs (Des couleurs en general. Des couleurs en particulier. De l’humidité, de la fluidité, de la solidité, de la secheresse et de la legereté des corps).
– Traicté second. Du monde. I. Des divers systemes du monde (Du systeme de Ptholomée. Des excentriques, concentriques et de l’episcicle. Du systeme de Copernic. Du systeme de Tychon. Examen des divers systemes du monde. Si le firmament se remue par les intelligences et s’il y a des influences, et de l’horoscope. De la sphere du feu et de l’air. De l’air. De la pesanteur de l’eau dans son centre. De l’ascension de l’eau sur un niveau, par un tuyau estroit. La maniere de connoistre la pesanteur des liqueurs sans peser). II. Des principaux meteores de l’air (Du vent. De l’arc-en ciel. Des comettes). [III]. De la terre et de l’eau (Si l’eau et la terre ne font qu’un mesme globe. Si elles sont d’une figure ronde ou carrée. De l’origine des fontaines et des rivieres en commun et du Nil. Des fontaines et des rivieres en commun. Du Nil et de son debordement. Du fleux et du refleux de la mer. De la salure de la mer et des diverses proprietés des eaux. Des feux soubterrains. Du tremblement de terre. Des pierres. De l’aimant. Que la terre est un aimant. Pourquoy est-ce que la terre est au milieu. Des metaux.)
313– [Des sens en particulier]. [I]. Des saveurs (Des saveurs en general. Pourquoy les corps durs sont insipides et que les viandes cuites ont une autre saveur que lors qu’elles sont crues. D’où vient qu’entre les saveurs on en trouve d’acides, de douces, d’aigres, d’ameres, etc.). II. Des odeurs (Des odeurs en general. D’où vient que les chiens sentent lors que leur maistre ou un lievre auront passé en quelque lieu. Pourquoy les fleurs ne sentent pas lors qu’elles sont flestries). III. De la veue (Description de l’œil. Divers poincts d’optique).
– Notes sur les sources de l’Hypothèse. Index des noms et des ouvrages anonymes.
Aubert (Jean-Louis), Correspondance littéraire de Karlsruhe. Tome VI (2 janvier 1775 – 31 décembre 1777). Textes édités par Bénédicte Peralez-Peslier, Henri Duranton, Samy Ben Messaoud. Et Tome VII (15 janvier 1778 – 31 décembre 1780). Textes édités par Sébastien Drouin, Ghazi Eljorf et Camelia Sararu, Paris, H. Champion, « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux », 2023, resp. 454 et 386 p.
« La correspondance littéraire de Karlsruhe a été adressée pratiquement sans interruption de 1757 à 1783 à la Markgräfin Karoline Luise von Baden-Durlach. Seule la mort de la destinataire y a mis fin. Le manuscrit, presque intégralement conservé, contient plus de 600 lettres. Il constitue une partie de l’importante collection des écrits de la margrave conservée actuellement dans le “Großherzogliches Familienarchiv des Badischen Generallandesarchivs” à Karlsruhe. Le contour de cette correspondance a été fixé dès le début de l’abonnement. Conformément aux désirs de la destinataire, elle offre un vaste panorama de la vie culturelle et de la société parisiennes. Chaque envoi contient des nouvelles sur les dernières parutions, sur le théâtre, ainsi que, dans une moindre proportion, sur des événements du moment, politiques et sociaux, et il se clôt, selon une règle non écrite, mais observée par tous les écrits de ce type, par des pièces en vers, relevant du genre de la poésie fugitive.
Quatre correspondants se sont succédés pour assurer la continuité sans faille de cette chronique de la vie parisienne : Pierre de Morand, Antoine Maillet-Duclairon, Pougin de Saint-Aubin et l’abbé Jean-Louis Aubert. »
T. VI. Abréviations et sigles, puis :
Année 1775 (Bénédicte Peralez-Peslier)
Année 1776 (Henri Duranton)
Année 1777 (Samy Ben Messaoud)
Index des incipit des pièces en vers. Index des titres. Index des noms.
T. VII. Abréviations et sigles, puis :
Année 1778 (Sébastien Drouin et Camelia Sararu)
Année 1779 (Ghazi Eljorf)
Année 1780 (Ghazi Eljorf)
Index des incipit des pièces en vers. Index des titres. Index des noms.
314La Boétie (Étienne de), Discours de la servitude volontaire. Texte établi par Malcolm Smith, annoté par Malcolm Smith et Michel Magnien. Transcription par Charles Teste. Avec des textes de Miguel Abensour, Arlette Jouanna, Francine Markovits et André Pessel, Pascal Quignard et James C. Scott, Klincksieck / Droz, 2022, 174 p.
« Penseur météorique, auteur d’une hypothèse aussi subversive que scandaleuse, Étienne de La Boétie est âgé de dix-huit ans lorsqu’il écrit un texte que son ami Montaigne intitulera plus tard Discours de la servitude volontaire et auquel les calvinistes donneront le titre régicide de Contre Un.
L’hypothèse de la “servitude volontaire” inaugure une des enquêtes les plus vertigineuses sur la domination puisqu’elle interroge le “vice monstrueux” conduisant les dominés à consentir à leur servitude, et même à combattre pour elle. Selon un mouvement d’analyse inconnu jusqu’alors, La Boétie questionne la capture dangereuse du désir par le nom d’Un et ouvre le passage du psychique au politique. Interrogation intempestive de notre rapport au politique, médiateur de la dimension d’énigme de la domination, le Discours de la servitude volontaire n’a jamais cessé d’ouvrir et de déplacer le périmètre de sa réception.
Le parti pris de cette édition est de croiser l’interprétation d’une historienne (Arlette Jouanna) avec celles d’un anthropologue (James C. Scott), d’un écrivain (Pascal Quignard) et de trois philosophes (Miguel Abensour, André Pessel et Francine Markovits) pour que l’entrée dans la lecture suive une découpe pluridisciplinaire, prometteuse de nouvelles lumières. »
– Arlette Jouanna : « Liberté et obéissance ».
– André Pessel et Francine Markovits : « L’ouvroir de la tyrannie ».
– LeDiscours de la servitude volontaire. Manuscrit de Mesmes. Transcription de 1836.
– James C. Scott : « Une part non négligeable de la résistance consiste à simuler la servitude volontaire. “Ce n’est quand même pas à toi que je vais apprendre ça, Étienne !” ».
– Pascal Quignard : Lettre sur La Boétie. Sur la dépendance passionnée de l’âme à sa parole.
– Miguel Abensour : « Lettre et notes inédites sur La Boétie » ; « Du bon usage de l’hypothèse de la servitude volontaire » ; « Spinoza et l’épineuse question de la servitude volontaire ».
La Mettrie (Julien Jean Offray de), L’Homme-machine. Édition de Solange Gonzalez, Paris, Classiques Garnier, Coll. « Textes de philosophie », 2023, 224 p.
– Introduction. Biographie et œuvres de M. Machine (Sa carrière de médecin. Sa carrière de pamphlétaire). Tentative d’épuisement d’un lieu cartésien 315(« Encore une fois, voilà les seuls Physiciens qui aient le droit de parler ici ». « Il est vrai que ce célèbre Philosophe s’est beaucoup trompé, et personne n’en disconvient, mais enfin il a connu la Nature Animale ». « Ne bornons point les ressources de la Nature ». « Le corps humain est une Machine qui monte elle-même ses ressorts ». « Tout s’imagine ». « Des animaux à l’homme, la transition n’est pas violente »). De l’organisme à l’orgasme (« La Nature nous a tous créés uniquement pour être heureux ». « […] les mêmes plaisirs [sont] plus ou moins vifs suivant l’empire de l’imagination et la délicatesse des nerfs ». « Qui sait d’ailleurs si la raison de l’Existence de l’Homme, ne serait pas dans son Existence même ? »). L’art des préliminaires (« Ce n’est point ici une Dédicace ». « Volupté de l’Étude. Tel est le sujet de ce Discours ». « C’est moi-même, et non mon livre que je vous adresse »). La réception de L’Homme-machine (Une lecture métaphysique. Une lecture matérialiste. Une lecture politique impossible).
– Notice bibliographique.
– L’Homme-machine. Avertissement de l’imprimeur. À monsieur Haller, professeur en medecine à Gottingue. L’Homme-machine.
– Glossaire. Bibliographie. Index nominum.
Lévesque de Pouilly (Louis Jean) et Lévesque de Burigny (Jean), L’Antichristianisme des Lumières // Judaïsme et déisme dans les écrits clandestins des frères Lévesque. Textes en grande partie inédits, Paris, présentés et annotés par Miguel Benítez, Paris, S.É.H.A., et Milano, ARCHÈ, 2023, 3 vol., 1393 p.
« Cet ouvrage porte sur les travaux de jeunesse des frères Louis Jean Lévesque de Pouilly (1691-1750) et Jean Lévesque de Burigny (1692-1785), tous deux membres de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Miguel Benítez étudie ainsi la collaboration de Burigny à L’Europe savante, le périodique fondé par Thémiseul de Sant-Hyacinthe, ses travaux sur l’autorité du pape et sur l’histoire de la philosophie païenne, les mémoires de Pouilly sur l’histoire ancienne de Rome (ici édités d’après les manuscrits conservés dans les Archives de l’Académie) et surtout les textes antichrétiens produits par les deux frères dans le premier tiers du siècle. Ces derniers textes attaquent le christianisme selon une double perspective, juive et déiste. Dans la première, les frères Lévesque exploitèrent des arguments trouvés dans la littérature juive rédigée en espagnol et en portugais, notamment les ouvrages d’Orobio de Castro et de Saul Levi Mortera, pour produire une Dissertation sur le Messie qui circula dans des copies manuscrites avant d’être imprimée vers 1770. Mais ils travaillèrent aussi à un second ouvrage, dont nous ignorons le titre et dont il ne reste que des fragments, en puisant chez des auteurs chrétiens tels que Richard Simon, Jacques Abbadie ou Jacques Basnage, qui tous avaient rapporté, d’une manière ou d’une autre, les critiques avancées par les juifs contre les chrétiens. Dans la seconde, les deux frères composèrent sous le titre Sur la vérité de la Religion un long traité d’inspiration déiste, achevé en 1733 316et compilé à partir de nombreux ouvrages et extraits de périodiques. Miguel Benítez a identifié comme des parties de ce traité plusieurs fragments qui avaient été confondus avec le traité Des trois imposteurs d’Étienne Guillaume, et en a découvert quelques autres. La présente édition savante de l’intégralité de la littérature antichrétienne des frères Lévesque connue à ce jour, en grande partie inédite, s’accompagne d’une identification exhaustive des sources exploitées et d’études détaillées portant tant sur la structure matérielle des ouvrages que sur les idées qu’ils véhiculent. »
[Volume I]
I. Les travaux de jeunesse des frères Lévesque
– 1. Un long traité fragmentaire sur la religion (Une série de textes faisant apparemment partie d’un traité sur la religion. Un Traité sur la religion extrêmement complexe. Un recueil de textes clandestins tirés pour la plupart du traité sur la religion).
– 2. L’identification du traité fragmentaire Sur la religion. – Art 1. le traité Des trois imposteurs du curé Étienne Guillaume (L’affaire Étienne Guillaume. Le traité manuscrit sur les trois imposteurs. Les fragments du traité sans titre sur la religion ne font pas penser à un ouvrage sur les trois imposteurs. Les fragments du traité sans titre sur la religion ne sont pas tirés Des trois imposteurs de Guillaume). – Art. 2. Le traité Sur la vérité de la religion des frères Lévesque (§. 1. La coterie des frères Lévesque : Une encyclopédie d’extraits. Un journal “catholique” imprimé en Hollande. Gallicanisme et jansénisme. Le crédit de l’histoire : Pouilly sur l’histoire de l’ancienne Rome. Philosophie et histoire : Burigny sur la philosophie païenne. §. 2. Le traité Sur la vérité de la religion : le chancelier d’Aguesseau en tant qu’involontaire agent provocateur).
– 3. Le traité Sur la vérité de la religion et les fragments du traité sur la religion : un seul traité sur la vérité de la religion ou plusieurs textes différenciés ? (§. 1. Lévesque de Burigny et la Dissertation sur le messie. §. 2. Les chapitres du traité fragmentaire sur la religion. §. 3. Les fragments du traité Sur la vérité de la religion : les affinités matérielles. les affinités intellectuelles. la datation des fragments).
– Appendices. I. Le cas des traités sur l’âme (deux traités sur l’âme, un seul compilateur. À la recherche des racines des traités sur l’âme : des arguments fondés sur une connaissance insuffisante des textes. Les vrais rapports des traités sur l’âme avec les fragments du traité sur la religion. Une conjecture somme toute plus solide : le traité sur l’âme du cure guillaume). II. L’Histoire des premiers siècles de rome dans les mémoires de Lévesque de Pouilly à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres : les versions manuscrites (Dissertation sur l’incertitude de l’histoire des quatre premiers siécles de Rome. Essay de Critique – fragment. Incertitude de l’ancienne Histoire Romaine). III. La première version de la morale naturelle de Pouilly (Deux éditions différentes dans un même recueil. Le rôle de Saint-Hyacinthe et de Pouilly dans l’établissement de la première édition). IV. Le calcul des probabilités à la rescousse de la théologie : Lévesque de 317Pouilly et sa démonstration géométrique de l’existence de Dieu (L’Histoire au service de la théologie. Une démarche doublement extravagante. Aux origines de la démonstration géométrique de l’existence de Dieu. Pouilly et Bolingbroke ; le chancelier d’Aguesseau juge contaminée d’épicurisme la démonstration géométrique de l’existence de Dieu). Retour au point de départ : le hasard et la loi dans la production des êtres. La posterité de la démonstration géométrique de l’existence de dieu.
– Les écrits clandestins antichrétiens des frères Lévesque. Édition, annotation et commentaire. L’ordre et la disposition des textes. Critères généraux pour l’établissement des textes.
Première partie : la perspective juive de l’antichristianisme :
Dissertation sur le messie.
Les écrits attribués par Burigny à Orobio de Castro. L’établissement du texte de la présente édition. Sources. La dissertation sur le messie, plaidoyer juif contre le christianisme. Une adroite exploitation de l’apologétique juive (les sources et leur manipulation. la construction du texte. un écrit antichrétien à l’adresse des chrétiens). II. La diffusion des raisons qui assistent les juifs dans leur rejet du christianisme (L’auteur et son traité. un argument qui n’est pas dans les règles. La reprise de l’argument : avertissements de dieu aux juifs contre la religion du messie chrétien).
Un traité d ’ inspiration judaïque contre le christianisme – fragments
L’établissement du texte de la présente édition. Sources. Le messie promis aux juifs (un discours juif composé avec des textes pillés aux chrétiens : un traité fragmentaire sans titre ; une mosaïque composée à partir d’une poignée de sources chrétiennes ; la défense de la synagogue au détriment du christianisme. Le messie des chrétiens n’est pas celui promis aux juifs : Dieu seul sauve les juifs, et non le messie. le christ n’est pas le messie promis aux juifs. un meurtre dans les règles).
[Volume II]
Seconde partie : la perspective déiste de l’antichristianisme.
Sur la vérité de la religion – fragments.
L’établissement du texte de la présente édition. Préface du traité sur la Religion de M.
Que le Monde est éternel. Dissertation sur Moyse. De Jesus Christ. Histoire des suppositions d’ouvrages faites dans les premiers Siecles. Sur les ouvrages apocryphes supposés dans les premiers siècles de l’Église. De la Trinité. Traité des Miracles. Traité des Oracles.[Des Démons. D’où est venue la croyance des Démons]. [De l’origine des Demons]. De la conduite qu’un honnête homme doit garder pendant sa vie. Sources.
[Volume III]
La religion des incrédules
– I. Un ouvrage mosaïque. 1. Une compilation qui ne dit pas son nom. 2. L’identification des sources. 3. La complexité des sources (L’exploitation des ouvrages : faire feu de tout bois. Le territoire hétéroclite de l’incrédulité. Les 318ambiguïtés du savoir. Le pillage des périodiques : un réservoir de matériaux ; etc.). 4. L’exploitation des sources (La griffe du compilateur : la construction matérielle du traité. La manipulation des sources. Les rares passages attribuables au compilateur. Etc.). 5. Un édifice difforme.
– II. Panthéisme et antichristianisme. 1. Un traité de la vraie religion contre la superstition (La vraie nature de la religion dévoilée par son histoire naturelle. §. 1. Le dieu de la nature. §. 2. L’improbable existence des esprits. §. 3. La morale de la nature). 2. L’examen des religions (La raison contre le dogme. Le scepticisme entre la métaphysique et l’histoire). 3. L’imposture des législateurs (Le fourbe moïse. Jésus-christ, le prophète désarmé. Imposteurs et fanatiques. La fausseté de la doctrine : le dieu trine des chrétiens ; l’économie chrétienne du salut. L’histoire d’une supercherie : une histoire frauduleuse et incertaine ; l’histoire mystifiée : christianisme et platonisme ; l’apologétique du miracle).
– Conclusions. Un antichristianisme déployé sur un double front. Bibliographie des ouvrages cités. Table analytique des matières. Index des noms.
Spinoza Œuvres complètes. Édition et trad. par Bernard Pautrat. Avec la collaboration de Dan Arbib, Frédéric de Buzon, Denis Kambouchner, Peter Nahon, Catherine Secretan et Fabrice Zagury, Paris, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, 2022, 1952 p.
Ce volume contient : Traité de l’amendement de l’intellect ; Court traité ; Les Principes de la philosophie de Descartes ; Pensées métaphysiques ; Traité théologico-politique ; Éthique ; Traité politique ; Correspondance ; Précis de grammaire de la langue hébraïque. Appendices : Inventaire après décès et bibliothèque de Spinoza ; Préface de Jarig Jelles aux Opera posthuma ; Index des Opera posthuma ; Vie de Spinoza attribuée à J.-M. Lucas : Préface de Sébastien Kortholt au Livre des trois grands imposteurs de Chr. Kortholt ; La Vie de Spinoza, par Jean Colerus.
« Composé de traductions nouvelles ou récentes, ce volume établit sur de nouvelles bases le corpus des Œuvres complètes de Spinoza et y ajoute des appendices substantiels qui apportent un précieux éclairage sur une trajectoire intellectuelle sans équivalent.
Malgré la difficulté de son “ordre géométrique”, l’Éthique, œuvre majeure de Spinoza, publiée posthume en 1677 et qui éclipse si souvent les autres traités, fascine. Comment, après avoir acquis la langue des lettrés, un latin sûr et précis, une bonne culture classique, ainsi que les outils conceptuels de Descartes, ce jeune Juif de la communauté portugaise de Hollande, frappé en 1656 par un anathème rabbinique, en vient-il à quitter la voie cartésienne et à tracer son propre chemin ?
Le Traité de l’amendement de l’intellect et le Court traité (1661 ?) aident à le comprendre. Spinoza y énonce déjà ce qui sera son fil conducteur : “rechercher s’il y aurait quelque chose qui fût un vrai bien”, “qui pût se partager” et qui 319permette de jouir “d’une joie continuelle et suprême pour l’éternité”. Si la “manière géométrique”, à laquelle il s’essaie dans les Principes de la philosophie de Descartes (1663), s’impose à lui, c’est qu’on ne démontre que le vrai, qui du même coup démontre que le faux est faux. L’homme pense, et il existe un moyen de le faire penser à coup sûr dans un certain sens : démontrer.
Avec le Traité théologico-politique (1670), Spinoza devient du jour au lendemain le prototype haï de “l’athée méchant homme”, car s’il fait de l’“union en Dieu” la seule voie de la béatitude, son Dieu se distingue radicalement de celui qui n’est qu’un outil de pouvoir servant à manœuvrer le peuple par l’espérance et par la crainte, et à le tenir ainsi assujetti.
L’Éthique, qui met le salut à portée de main, via l’intelligence, n’arrangera rien : théologiens et philosophes, comprenant qu’elle n’est qu’une autre bible, sans majuscule, s’emploieront dans toute l’Europe à en réfuter la doctrine – non sans se laisser parfois séduire par elle, chemin faisant.
La béatitude est une affaire privée, mais la concorde générale, la société heureuse, dépendent de conditions tout autres. Elles seront l’objet du Traité politique, resté inachevé, mais complément indispensable de l’Éthique.
Le Précis de grammaire de la langue hébraïque, œuvre posthume et inachevée du philosophe, révèle la figure méconnue d’un Spinoza grammairien. »
Voltaire, Lettres sur les Anglais, vol. I : Introduction, Letters concernant the English Nation, éd. dirigée par Nicholas Cronk, Œuvres complètes, vol. 6A, Oxford, Voltaire Foundation, 2022, 730 p.
« Les Lettres sur les Anglais constituent un chef d’œuvre clé des Lumières, un manifeste qui illustre une manière de pensée qui a participé à la création d’une vision du monde demeurée importante aujourd’hui. C’est par cette œuvre aussi que Voltaire s’est réinventé en écrivain de prose, après une première phase de sa carrière où il était surtout connu comme poète. Le présent volume retrace la genèse et le contexte des Lettres (le séjour anglais de Voltaire, entre 1726 et 1728), et en dégage les principaux enjeux. L’introduction de N. Cronk est suivie d’une liste complète des éditions parues du vivant de Voltaire, des traductions de ce texte, et de la version anglaise dont la publication en 1733 précéda de peu la parution du texte en français. » Geneviève Artigas-Menant et Anna Marie Roos ont collaboré à ce volume.
320Études critiques
Actualité de Spinoza : Cahiers philosophiques, no 169 (coord. Jacques-Louis Lantoine), janvier 2023, 128 p.
« Si l’on en juge par les différentes réceptions dont elle a fait l’objet aux xviiie, xixe et xxe siècles, on se risquera à considérer que la philosophie de Spinoza fait preuve d’une actualité “chronique” quoique sans cesse renouvelée par les questions vives du moment. L’actualité présente tient d’abord à une nouvelle édition latine de l’Éthique consécutive à la découverte inespérée du manuscrit “du Vatican” ainsi qu’à une nouvelle traduction française, riche des enseignements fournis par cette copie qui donne accès à un état de l’œuvre en 1675. Elle tient aussi à une situation écologique et politique inédite et particulièrement critique, et aux outils théoriques que la philosophie de Spinoza permet d’investir à nouveaux frais : un concept de “nature” critique de l’anthropocentrisme ; un “naturalisme” distinct d’un physicalisme et qui ne requiert pas, au contraire, l’affirmation d’une césure entre les sciences de la nature et les sciences humaines et sociales ; une pensée de la liberté démocratique dans laquelle le devenir libre ne se confond pas avec l’expression individuelle débridée d’affects et d’imaginations peu soucieuse du savoir, sans pour autant rejeter ni mépriser ceux qui pensent et vivent dans des connexions imaginaires. »
– Actualité de Spinoza. Marc Daëron et Vincent Legeay : « La fonction en biologie. Une critique spinoziste » ; Moa de Lucia Dahlbeck : « Le prophète et la vérité. Une approche spinoziste de l’écologie moderne » ; Mogens Lærke : « Spinoza et la liberté de philosopher » ; Blanca Missé : « Spinoza et la puissance de la liberté de penser » ; Jacques-Louis Lantoine : « Génétique de la famille. Nature et culture chez Spinoza ».
– Les introuvables des Cahiers. Jacques-Louis Lantoine : « Maudsley, Spinoza et les “machines pensantes” » ; Henry Maudsley : Physiologie de l’esprit (extraits).
– Situations. Éditer et traduire Spinoza. Entretien avec Pierre-François Moreau.
– Parutions. Comptes rendus par Jacques-Louis Lantoine de Spinoza today (dir. Agon Hamza et Frank Rud, Crisis and Critique, VIII-1, août 2021) et de Spinoza et Leibniz : réception et usages croisés dans la pensée moderne et contemporaine (dir. Thomas Detcheverry et Arnaud Lalanne, Lumières 37/38, 1er et 2nd semestre 2021, P.U. de Bordeaux, 2022).
Audidière (Sophie), Passions de l’intérêt. Matérialisme et anthropologie chez Helvétius et Diderot, Paris, Honoré Champion, 2022, 478 p.
« Qu’en est-il de la “philosophie de l’intérêt dans l’histoire du matérialisme du xviiie siècle ? En prenant l’intérêt depuis son déploiement anthropologique 321chez Helvétius et Diderot, ce livre apporte les éléments pour une révision de l’histoire moderne de la philosophie. On suivra le fil conducteur qui définit la science de l’homme comme le domaine des lois de l’intérêt, c’est-à-dire ce qui, chez Condillac, présidait à la genèse des opérations mentales : un mouvement propre à l’homme ordonné par la recherche du plaisir et la fuite de la douleur. La science de l’homme comme être intéressé se déploie en une théorie de la connaissance comme intérêt, une analyse des passions comme affects socialisés, et une politique de l’utilité dont la visée est l’émancipation. Cet ouvrage fait apparaître un matérialisme éclairé, ancrant la dynamique d’émancipation dans le corps sensible et laborieux, sans l’y fonder ; relevant d’une appréhension de l’expérience et de la pratique humaines, mais non de la substance ou de la production. Philosophie non utilitariste de l’intérêt, elle appréhende l’humain par tout ce à quoi il prend part et par quoi il est pris, y compris son aspiration à l’émancipation. Le sujet qui juge y est un corps sensible engagé dans l’histoire, cogito particeps, chez qui l’entendement n’est pas la mesure de la vie mais une de ses ressources. »
– Introduction. D’une histoire française. L’intérêt, passion française. Helvétius, la philosophie et les Lumières. Peut-on (encore) récrire l’histoire ? De quelques évidences héritées. Des commencements. De quelques enjeux : philosophie des pratiques, matérialisme, anthropologie.
– Première partie. L ’ intérêt pour base : juger et sentir. – Que peut le corps ? I. « Juger n’est que sentir » : les détours de la réduction helvétienne (1. La sensibilité physique et la mémoire. 2. La sensibilité physique et l’organisation. 3. La sensibilité physique et le langage). II. « Le plaisir attendra » : les voies de traverse de Diderot (1. Douleur et plaisir, deux irréductibles après Condillac. 2. Percevoir des rapports et régler la distance. 3. Une espèce d’anatomie métaphysique). III. Réfutations croisées (1. Le passage aux causes morales et à la théorie des passions : la double réfutation de la thèse physique et de la thèse de l’organisation par Helvétius. 2. Le passage à l’anthropologie : la Réfutation d’Helvétius et la réfutation du mécanisme).
– Deuxième partie. L’intérêt pour moteur : de l’agréable à l’utile. – Inquiétude ou désir ? Un mouvement propre à l’homme. I. Dynamique de l’intérêt et genèse des connaissances (1. Diderot et l’anatomie de l’attention : a. Une affaire de sensation. b. Les acceptions du mot « sentir ». 2. Comme un système de forces : Helvétius et le ressort puissant de l’intérêt : a. Être heureux plutôt qu’être : une philosophie de la facticité. b. Les lois secondes de l’intérêt : gravitation et force répulsive). II. Physiologie et mécanique du désir, histoire des plaisirs (1. Faire pour soi : Diderot ou la question du travail : a. Quels plaisirs ? b. Rétractation, dilatation et contradictions du désir. c. « Le plaisir d’être à moi » ou la valeur du travail. 2. Mettre le plaisir au travail : Helvétius ou la question de la position : a. « L’unique objet de ses désirs ». b. Le sens de l’éducation : apprendre à s’aimer. c. L’anatomie du moi de position). III. L’utile : apprécier son intérêt. Cyrénaïques et Épicuriens antiques et modernes : 322le calcul des plaisirs et des peines. (1. Le modèle probabiliste de Diderot. 2. La balance des plaisirs et des peines d’Helvétius).
– Troisième partie. L ’ intérêt pour règle : joindre l ’ utile à l ’ agréable. – La statue de la liberté.I. Une espèce humaine expérimentale : morale naturelle et politique de l’utilité selon Diderot (1. L’absence d’un régime de la raison : a. L’insuffisance du *DROIT NATUREL. b. La lutte commune et l’originarité des liens. c. L’espèce est, comme le temps, sans limite. 2. L’invention politique : a. De Rome à Otaïti, joindre l’utile à l’agréable. b. Contre la domination : la police et l’administration).II. Le public comme un corps politique : justice et utilité selon Helvétius. 1. Justice et vertu : a. Une loi naturelle faite de conventions. b. L’équilibre de la puissance : les lois de police et l’horizon républicain. c. Qui dit le juste ? 2. Les positions publiques : a. Un effet de désintéressement. b. La « postérité vivante » : l’étranger, les jeunes gens, les Académiciens. c. Éclairer les publics).
– Conclusion. Lumières matérialistes sur la modernité (Quelques résultats. Ni utopie, ni éducation, ni progrès ? Anti-utilitarisme spinozisto-hobbiste ? ! Matérialistes jamais modernes).
– Tableau chronologique des œuvres et traductions citées (1695-1829). Index des noms cités.
Benigni (Fiormichele), compte rendu de G. Paganini, M.C. Jacob, J.C. Laursen (dir.), Clandestine Philosophy : New Studies on Subversive Manuscripts in Early Modern Europe, 1620-1823, dans Historia Philosophica. An International Journal [Pisa / Roma], 20, 2022.
Benítez (Miguel) : voir dans la section « éditions » sous Lévesque (Louis-Jean et Jean), L’Antichristianisme des Lumières.
Biard (Joël), Hypothèse matérialiste et pensée radicale. La philosophie de la nature de Blaise de Parme, Paris, Vrin, Coll. « Sic et Non », 2022, 192 p.
« Dans sa philosophie de la nature, Blaise de Parme (Italie du Nord, fin du xive siècle et début du xve) confronte les interprétations possibles de l’hylémorphisme aristotélicien avec une doctrine faisant de la matière le sujet unique des qualités. Les rapports entre qualités, combinés avec l’action des astres, conditionnent l’émergence et la succession des formes. Cet ouvrage explore la théorie de la matière, des éléments, de la génération, mais aussi les points de vue sur l’indépendance de l’âme par rapport au corps et le rapport entre liberté et influence astrale. »
Bloch (Olivier), Molière. Commicità e communcazione. A cura di Paolo Quintili, Acireale, Bonanno, Coll. « Classici del Pensiero Critico », 2022, 140 p.
Traduction du livre d’O. Bloch, Molière : Comique et communication (Montreuil, Le Temps des cerises, 2009) avec une Introduction de Paolo Quintili dans 323une nouvelle collection consacrée aux « Classiques de la pensée critique ». En effet, « Qu’est-ce que la pensée critique ? Nous pouvons partir de ce qu’Emmanuel Kant considérait comme le fondement de sa “critique” : un discours sur les conditions et les limites de la connaissance humaine. Si nous élargissons la portée historique et théorique des deux concepts clés, conditions et limites, nous nous rendons compte que, depuis le siècle des Lumières jusqu’à nos jours, tout type de pensée qui soumet le champ du discours, ainsi que celui des pratiques humaines et de l’expérience historique en général, à un questionnement plus ou moins explicite (mais aussi, parfois, implicite : entre les lignes) sur ses limites et ses conditions de possibilité est “critique”. Conditions et limites du dire, faire, agir, sentir etc. d’une individualité historique donnée, d’un sujet donné, d’un discours donné. En vue précisément d’une critique de l’état actuel des choses et de sa transformation. L’objectif de la série est donc de restituer au public contemporain de lecteurs “critiques” un corpus de textes, inédits et/ou oubliés, d’inspiration hétérodoxe, subversive et non-conformiste, qui, du siècle des Lumières à nos jours, ont maintenu vivante une tradition philosophique très récente et, à notre époque, très précieuse. »
Bombart (Mathilde), Cornic (Sylvain), Keller-Rahbé (Edwige), Rosellini (Michèle), (dir.), « À qui lira ». Littérature, livre et librairie en France au xviie siècle. Articles sélectionnés du 47e Congrès de la North American Society for Seventeenth Century French Literature (Lyon, 21-24 juin 2017), Tübingen, Gunter Narr Verlag, Biblio 17, Suppléments aux Papers on French Seventeenth Century Literature, vol. 222, 2020, 750 p.
Ce gros ouvrage « réunit les contributions de chercheurs et chercheuses en histoire du livre et de l’édition, d’une part, en histoire littéraire, de l’autre, afin de mettre en lumière, par le concours de leurs connaissances et de leurs méthodes spécifiques, les interactions politiques, économiques et culturelles entre le monde du livre et la création littéraire dans la France du xviie siècle, et d’interroger les représentations qui s’y attachent. Leurs approches croisées permettent de saisir les enjeux de la publication imprimée (pouvoirs, savoirs, imaginaire), ses cadres matériels et juridiques (librairie, censure), ses tendances émergentes (illustration, livres de théâtre, périodiques) et ses valeurs pérennes (livres de dévotion, “secrétaires” et autres guides). Une place importante est faite aux humanités numériques et au renouvellement que les bases de données et les éditions critiques qu’elles développent apporte au champ des études dix-septièmistes. »
– Avant-propos, par M. Bombart, S. Cornic, E. Keller-Rahbé, Michèle Rosellini.
– Présentation par Mellot Jean-Dominique
324I. La fabrique du livre. 1. Usages du manuscrit. 2. Le livre illustré. 3. Pratiques éditoriales
II. L’imprimé dans la société. 1. Le livre à Lyon. 2. Livres et pouvoirs. 3. Savoirs du livre, savoir par le livre
III. L’imaginaire du livre.
IV. Lectures numériques.
D’assez nombreux articles sont susceptibles de croiser le champ des études sur la publication clandestine, comme celles de Dimitri Albanese : « Le cas du Paris ridicule de Claude Le Petit, itinéraire d’un manuscrit interdit » (p. 31-42) ; Anne Régent-Susini : « Le manuscrit, une leçon de style ? L’exemple du Sermon sur le Jugement dernier de Bossuet… » (p. 65-77) ; Julie Ménand : « Les stratégies éditoriales du père Garasse » (p. 227-236) ; Dominique Varry et Marie Viallon : « Mattias Kerner, l’imprimeur qui n’existe pas » [autour de la Satyre Ménipée] (p. 281-297) ; Delphine Reguig : « De la transgression au contrôle éditorial : les imaginaires philologiques boléviens » [autour des Satires de Boileau] (p. 247-257) ; Anne Béroujon : « La littérature clandestine et les libraires lyonnais au xviie siècle » ; Dominique Varry : « Lyon capitale de la contrefaçon au xviie siècle ? » (p. 361-366) ; Hervé Baudry : « Les index de censure en France aux xvie et xviie siècles » (p. 386-400) ; Pierre Bonnet : « L’affaire Blégny (1688) : une “topographie générale” du livre interdit et de sa police dans le dernier tiers du xviie siècle » (p. 401-412) ; Coralie Biard : « Censure “parisienne” et poésie “gasconne” : le cas de François Maynard » (p. 413-422) ; Elena Muceni : « Un best-seller de l’imprimerie clandestine : l’histoire éditoriale des Provinciales » (p. 477-489) ; Pierre Ronzeaud : « Entre “Mêmes” et “Autres” : les bibliothèques imaginées dans les récits utopiques de Foigny, Veiras, Fontenelle, Gilbert et Tyssot de Patot » (p. 617-624) ; Claudine Nédelec : « La représentation de la “librairie” dans les mazarinades » (p. 643-654) ; etc.
Brenner (Anastasios) et Brigitte Pérez-Jean, (dir.), L’Incertitude chez les anciens et les modernes, Paris, Honoré Champion, 2022, 240 p.
« À la différence de la certitude ou de la probabilité, l’incertitude constitue dans l’histoire de la philosophie et de la culture un thème négligé. Rapportée à des événements, à des états de choses ou à leur représentation, l’incertitude est par définition une modalité vague ; rapportée à l’esprit lui-même, elle revêt, avec une valeur exclusivement négative, une coloration psychologique et affective que n’a pas, sinon à un moindre degré, le doute, disposition intellectuelle ou cognitive plus déterminée dans ses objets et dont il existe toute une culture. Il importait donc d’explorer le champ propre et de reconstruire la trajectoire de la notion d’incertitude, depuis la skepsis pyrrhonienne telle que restituée par Sextus Empiricus jusqu’à Wittgenstein et à la science du xxe siècle. Entre ces deux pôles, cette reconstruction, confiée à des spécialistes d’époques et de disciplines différentes, s’intéresse à des auteurs trop peu pratiqués (Gassendi, 325G.E. Schulze), mais aussi particulièrement à Cicéron, Montaigne, Descartes, Pascal et Hume. »
– I. L’Antiquité. Brigitte Pérez-Jean : « À la recherche de l’incertain : Sextus Empiricus, voisins et ancêtres » ; Lorenzo Corti : « Scepticisme, doute et croyance chez Sextus Empiricus » ; Sabine Luciani : « In diem vivere. Cicéron et l’expérience de l’incertitude ».
– II. La Renaissance et l’Âge classique. Sylvia Giocanti : « Le scepticisme de Montaigne : une philosophie moderne de l’incertitude » ; Delphine Bellis : « Incertitude et probabilité dans la philosophie de Gassendi » ; Denis Kambouchner : « Descartes et les limites de la certitude » ; Thierry Martin : « Agir en situation d’incertitude : remarques sur la “géométrie du hasard” de Pascal ».
– III. Des Lumières aux temps présents. Claire Etchegaray : « Usages de l’incertitude chez David Hume » ; Olivier Tinland : « G.E. Schulze et les enjeux métacritiques du scepticisme postkantien » ; Layla Raïd : « De l’assurance réaliste à l’exil sceptique : les multiples visages de Wittgenstein » ; Anastasios Brenner : « L’incertitude des temps présents : la science entre scepticisme et dogmatisme ».
– Bibliographie. Index nominum.
Brucker (Nicolas), Lumières et religion. La transcendance dans le roman : Prévost, Rousseau, Rétif, Paris, Honoré Champion, coll. « Les Dix-huitièmes siècles », 2022, 400 p.
« Le roman au xviiie siècle intègre à sa matière proprement littéraire les questions de théologie ou de métaphysique alors en débat : il se présente comme un moyen de penser ces questions, non pas in abstracto, mais par l’expérience exemplaire des passions, figurée dans le récit et portée par des personnages. Les problèmes classiques, touchant l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, le salut personnel ou la justification du mal, prennent corps dans des trajectoires singulières ; ils sont portés par le point de vue des acteurs, animés dans des dialogues ou des lettres, inscrits dans l’espace et le temps de la fiction. La notion de transcendance, en ce qu’elle conjugue le lointain et le proche, la verticalité et l’horizontalité, le mouvement et l’arrêt, est l’instrument idéal pour mener l’investigation. Elle jette sur les grands romans de Prévost (Mémoires et aventures, Cleveland, Le Doyen de Killerine), Rousseau (Julie ou la Nouvelle Héloïse) et Rétif de la Bretonne (Le Paysan et la paysanne pervertis) un éclairage neuf, enrichi de tout l’apport de la phénoménologie contemporaine. »
– Introduction. Déclin ou renouveau de la théologie ? Au-delà de la religion. Lumières du roman. Pouvoir critique du roman. L’homme, le monde, Dieu. Transcendance et immanence. Transcendance de Dieu, transcendance de l’homme. Question de terminologie. Méthode et corpus.
– Première Partie. La transcendance subjective. Chap. i : l’expérience Intérieure (Le cœur. Les passions. L’amour). II. La conscience (L’œil vivant. La vérité 326dévoilée. Du corps au texte). III. La conversion (L’altérité. Le drame de la conversion. Le modèle).
– Deuxième partie. La transcendance objective. IV. La croyance (Croyance et incroyance. Liberté et contrainte. Le credo personnel). V. Le surnaturel (Songes prémonitoires. Superstitions : le fantastique, magie et supercherie, opérateurs et sorciers, philtres et élixirs, savoirs cachés. Fonctions du mystère : foi et raison, présence du sacré, puissance du mystère). VI. La loi (Norme et désir. Loi du père et loi du fils. Généalogies).
– Troisième partie. Transcendance et fiction. VII. La Providence (Providence et liberté. Providence et fatalisme. Théodicées). VIII. Qui est Prophète ? (Vrais et faux prophètes. La parole inspirée. Voix et vérité). IX. Eschatologies (Vu du tombeau. Espaces de l’ailleurs. Les temps sont accomplis).
– Conclusion (Une nouvelle énergie religieuse. Lumières voilées. « La vertu dans le ciel ». Le moi prophétique).
– Bibliographie. Index des noms. Index des notions.
Casanova-Robin (Hélène), Furlan (Francesco), Wulfram (Hartmut), (dir.), Serio ludere. Sagesse et dérision à l’âge de l’Humanisme, Paris, Classiques Garnier, Coll. « Rencontres », 2020, 371 p.
« L’ouvrage explore le serio ludere, dans les formes variées que ce langage emprunte chez les Humanistes, pour réévaluer les codes littéraires et exprimer une contestation fantaisiste et néanmoins virulente des mœurs ou des courants de pensée contemporains. »
– Introduction, par Hélène Casanova-Robin.
– I. Écrire le serio ludere. Innovations littéraires et auctorialité. Giovanni Lombardo : « Le σπουδαιογέλοιον et les antécédents antiques du serio ludere » ; David Marsh : « Seria et iocosa in Alberti’s De commodis and Intercenales » ; Hartmut Wulfram : « The Æsthetics of the False. Paradoxical Encomium and Virgilian Allegoresis in Poggio Bracciolini’s De avaritia » ; Paolo Gattavari : « Satira, filologia e verità. Codro Urceo e Leon Battista Alberti » ; Stefano Grazzini : « Sublime satirique et humour juvénalien selon la tradition exégétique jusqu’à Politien ».
– II. Lire le serio ludere. Sagesse et dissimulation. Francesco Tateo : « Arte della dissimulazione e dissimulazione dell’arte » ; Hélène Casanova-Robin : « La déraison du sage, dans l’Asinus de Pontano » ; Pierre Laurens : « D’Alberti à Érasme, le paradoxe du mendiant-roi » ; Florence Vuilleumier-Laurens : « Fabulari paulisper lubet, sed ex re. Le jeu de Politien dans la Lamia ou “la philosophie pour les nuls” » ; Monica Centanni : « Con il corpo e con l’anima, la sintassi ossimorica dell’impresa rinascimentale. Il dialogo teorico tra Paolo Giovio e Girolamo Ruscelli (1555-1566) ».
– III. Le serio ludere, une arme de combat ?Polémiques et controverses. Francesco Furlan : « Entre malentendus, mésintelligences et paradoxes. La première circulation du Momus » ; Gilbert Tournoy : « Entre Érasme et Thomas More, le De Europae dissidiis de Juan Luis Vives » ; Katharina-Maria Schön : « Prosecturus 327eram longius hoc dulcissimum somnium. Lucianic Esprit and Menippean Satire in Thomas Morus’ Utopian Dreams » ; Yves Hersant : « L’Utopie de Thomas More, un jeu sérieux » ; Lorenzo Geri : « La lezione di Luciano contro gli scolastici. Serio ludere e polemica religiosa negli umanisti germanici (1511-1520) ».
– Bibliographie générale. Index nominum. Résumés.
Cellamare (Davide) et Mantovani (Mattia), (dir.), Descartes in the classroom. Teaching Cartesian Philosophy in the Early Modern Age, Leiden, Boston, Brill, Coll. « Medieval and Early Modern Philosophy and Science » (vol. 35), 2022, 588 p.
« Ce volume représente la première étude à grande échelle de l’enseignement de la philosophie de Descartes au début de l’ère moderne. Ses vingt chapitres explorent le conflit entre la “nouvelle” philosophie de Descartes, d’une part, et les pratiques pédagogiques et les préoccupations institutionnelles établies, d’autre part, ainsi que les diverses stratégies employées par les partisans de Descartes pour communiquer ses idées à leurs étudiants. Le volume examine un vaste éventail de sujets, de sources et d’institutions, par-delà les frontières nationales et confessionnelles, à l’intérieur et à l’extérieur du cadre universitaire (conférences publiques, cours particuliers, enseignement à distance par lettre) et nous permet ainsi de reconsidérer sous un angle nouveau l’histoire de la philosophie et de l’éducation au début de l’époque moderne. »
– Introduction, par Davide Cellamare et Mattia Mantovani. 1. Theo Verbeek : « Descartes and the Classroom » ; 2. Howard Hotson : « The Philosophical Fulcrum of Seventeenth-Century Leiden : Pedagogical Innovation and Philosophical Novelty in Adriaan Heereboord » ; 3. Antonella Del Prete : « Teaching Cartesian Philosophy in Leiden : Adriaan Heereboord (1613-1661) and Johannes De Raey (1622-1702) » ; 4. Domenico Collacciani : « Reassessing Johannes De Raey’s Aristotelian-Cartesian Synthesis : The Copenhagen Manuscript Annotata in Principia philosophica (1658) » ; 5. Henri Krop : « “Let Descartes Speak Dutch” : Spinoza’s Circle Teaching Cartesianism » ; 6. Pietro Daniel Omodeo : « Patronage as a Means to End a University Controversy : The Conclusion of Two Cartesian Disputes at Frankfurt an der Oder (1656 and 1660) » ; 7. Erik-Jan Bos : « Cartesian and Anti-Cartesian Disputations and Corollaries at Utrecht University, 1650-1670 » ; 8. Andrea Strazzoni : « Between Descartes and Boyle : Burchard de Volder’s Experimental Lectures at Leiden, 1676-1678 » ; 9. Davide Cellamare : « Medicine and the Mind in the Teaching of Theodoor Craanen (1633-1688) » ; 10. Daniel Garber : « Cartesius Triumphatus : Gerard de Vries and Opposing Descartes at the University of Utrecht » ; 11. Igor Agostini : « Debating Cartesian Philosophy on Both Sides of the Channel : Johannes Schuler’s (1619-1674) Plea for libertas philosophandi » ; 12. Sarah Hutton : « Descartes by Letter-Teaching Cartesianism in Mid-Seventeenth-Century Cambridge : Henry More, Thomas Clarke 328and Anne Conway » ; 13. Roger Ariew : « Teaching Descartes’s Ethics in London and Cambridge » ; 14. Christoph Sander : « Teaching Magnetism in a Cartesian World, 1650-1700 » ; 15. Mattia Mantovani : « The Anatomy of a Condemnation : Descartes’s Theory of Perception and the Louvain Affair, 1637-1671 » ; 16. Carla Rita Palmerino : « Descartes’s Theory of Tides in the Louvain Classroom, 1674-1776 » ; 17. Steven Coesemans : « Traces of the Port-Royal Logic in the Louvain Logic Curricula » ; 18. Marie-Frédérique Pellegrin : « Cartesianism and the Education of Women » ; 19. Mihnea Dobre : « Rohault’s Private Lessons on Cosmology » ; 20. Tad M. Schmaltz : « French Cartesianisms in the 1690s : The Textbooks of Regis and Pourchot ». Bibliography. Index.
Coquillard (Isabelle), Corps au temps des Lumières. Les docteurs régents de la Faculté de médecine en l’Université de Paris au xviiie siècle, Paris, Honoré Champion, coll. « Sciences, technique et civilisations du Moyen Âge à l’aube des Lumières », 2022, 800 p.
« Au xviiie siècle, les docteurs régents de la faculté de médecine de Paris bénéficient, avec les médecins en Cour, du privilège de pouvoir pratiquer la médecine dans la capitale. Partageant une même formation médicale donnant accès à la qualité de régent, les docteurs ont les membres d’un corps puissant – la Faculté – dirigé par son doyen. Enseignants, ils investissent les institutions savantes, participent à la circulation et au contrôle des savoirs médicaux. Soucieux de satisfaire leurs “patients-clients”, les docteurs régents prennent position dans le marché thérapeutique avec les autres professionnels de santé et les “charlatans”. Lucratives, leurs activités professionnelles les intègrent dans la bourgeoisie parisienne. La monarchie, soucieuse de l’encadrement sanitaire de ses sujets les mobilise en raison de leur expertise. En s’appuyant sur des sources variées, cette étude montre que les docteurs régents de la faculté de médecine en l’Université de Paris conjuguent logique corporative et liberté professionnelle pour étendre leurs espaces d’intervention et demeurer au sommet de la hiérarchie des professions de santé. »
– I. Un corps, des itinéraires. Chap. 1. Savoirs et savoir-être des docteurs régents (Docteur régent, un statut aux nombreux privilèges. Les Cursus d’incorporation au corps de la Faculté de médecine de Paris. Une formation timidement modernisée). 2. Vivre au rythme du corps de Faculté (Choisir Paris et la médecine. La Faculté, un corps autonome dans l’Université. Représenter la Faculté dans les autres institutions savantes).
– II. Professionnels de la médecine, enseignants et savants. 3. Dominer les professions de santé (Une nécessité : se différencier des « chartlatans ». Se situer dans le champ des professionnels de la santé. Une nouvelle menace sur le pouvoir de police de la Faculté, la Srm). 4. Enseigner la médecine hors de la Faculté (dans les cours des institutions savantes. Dans les cours privés. Dans l’espace de l’hôpital). 5. Corporation et liberté professionnelle. Les docteurs dans les 329débats scientifiques des Lumières (Le débat sur l’inoculation, 1720-1780. Le débat sur le magnétisme animal, 1778-1785).
– III. De riches bourgeois à Paris au temps des Lumières. 6. Le cadre d’exercice de la pratique privée de la médecine (Le Paris professionnel des docteurs régents. Le carrosse : une « affiche roulante [pour] se faire reconnaître ». Le « cabinet-bibliothèque » : un lieu d’activité professionnelle privé et public). 7. La place des docteurs régents dans le marché médical (Intervenir dans le marché des services médicaux. Se constituer un socle de patients-clients fidèles et Conquérir de nouveaux malades. Le quotidien du docteur régent auprès de son patient-client. La valeur des services médicaux des docteurs régents). 8. La vie privée des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris (les docteurs régents jeunes mariés, entre 1700 et 1789. Les épouses des docteurs régents. Des fortunes sans infortunes).
– IV. Du médecin à l’administrateur. Les docteurs régents dans la constellation des services de santé publique. 9. Des acteurs institutionnels de l’encadrement sanitaire des populations civiles (Les services sanitaires parisiens : une Altaïr à investir et à organiser. Trouver sa place dans l’univers en expansion de la politique sanitaire du royaume. Réformer des hôpitaux civils et promouvoir la centralisation des secours, 1780-1789). 10. Les docteurs régents dans l’organisation des services de santé de la guerre et de la marine (L’organisation générale du service de santé militaire. Être médecin militaire sur terre et sur mer. Les travaux et les jours des docteurs régents dans le champ militaire).
– Conclusion. Sources. Bibliographie sélective. Index nominumdes docteurs régents
et docteurs non régents de la faculté de médecine en l’Université de Paris.
Desarbres (Paul-Victor), Tristan Vigliano, Frank Lestringant, Émilie Le Borgne (dir.), Guillaume Postel (1510-1581). Écrits et influence, Paris, P.U.P.S., « Cahiers V.-L. Saulnier », no 39, 2022, 310 p.
« Guillaume Postel, à la fois marginal et omniprésent au xvie siècle, est une figure dont l’illuminisme, contagieux pour les chercheurs même, a suscité de nombreux travaux. En se fondant sur la lecture des textes et en sondant son influence effective, cet ouvrage se propose pour but une réévaluation du personnage et de sa pensée. On découvrira sous un nouveau jour le partisan d’une concorde qui n’est pas tout à fait la nôtre, l’apôtre d’une restitutio replacée dans son contexte, l’orientaliste sans scrupules, l’élève exemplaire dans l’apprentissage de l’arabe, le “lecteur royal de mathématiques”, avide d’horizons lointains – le prophète sincère jetant parfois la poudre aux yeux. »
– [Introduction]. Frank Lestringant : « Guillaume Postel depuis quarante ans (1981-2021) ».
– I. Raisons de la concorde. Olivier Millet : « La notion de restitutio chez Postel » ; Tristan Vigliano : « La beauté du problème de plan dans le De orbis terrae concordia ».
330– II. Postel et les langues. Marie-Luce Demonet : « Guillaume Postel et Teseo Ambrogio, collectionneurs de langues » ; Emilie Picherot : « Postel arabisant ? Sur trois de ses manuscrits arabes conservé à Berlin ».
– III. Mesurer une influence. Isabelle Pantin :« Postel lecteur royal en mathématiques (?) » ; Rosanna Gorris : « Méandres vénitiens : Guillaume Postel et ses réseaux entre Venise et Padoue ».
– IV. Postel et les Turcs. Émilie Le Borgne : « Réflexions sur les langues dans les Histoires orientales » ; Frédéric Tinguely : « Le temps du jugement dans La République des Turcs ».
– V. Autres lointains. Marie-Christine Gomez-Géraud : « “Du Giapan” : une pièce du puzzle postellien » ; Vincent Masse : « L’Atlantide aquilonaire de Guillaume Postel, ou conjectures de voyages vers un Canada apocalyptique ».
– VI. Religion postellienne. Paul-Victor Desarbres : « Remarques pour l’étude des Commentarii in Apocalypsim » ; Katherine Stratton : « L’itinéraire des Rois Mages à travers les écrits de Guillaume Postel : 1552, 1568, 1580 ».
– Conclusions. Frank Lestringant : « Guillaume Postel aujourd’hui ».
– Index des noms. Index des écrits de Guillaume Postel.
Donna (Diego), Contre Spinoza. Critique système et métamorphoses au siècle des Lumières, Genève, Georg, Coll. « Lumières 21 », 2021, 312 p.
« Ce livre s’insère dans le débat contemporain sur l’actualité de la philosophie des Lumières discutant en particulier, par le biais des images xviiie siècle de Spinoza, les grands thèmes de l’athéisme vertueux, de la liberté de conscience, du conflit entre esprit de système et esprit systématique. En contre-tendance, mais aussi en dialogue avec l’interprétation des “Lumières radicales” par Jonathan Israel, Diego Donna expose les réserves de diffusion, les métamorphoses théoriques et les ambiguïtés de compréhension que les Lumières réservent à la pensée de Spinoza. Autant de signes de la liberté de la philosophie du “siècle de la philosophie”, qui refuse tout système et tout autorité au nom d’une nouvelle “raison éclairée” ».
Voir https://www.georg.ch/pub/media/productattach/c/o/contre_spinoza_leger.pdf
– Première partie. Système et contagion. Spinoza selon Bayle. Les raisons de l’athée (La diffusion du spinozisme en France. L’athée vertueux. De la foi raisonnable et au roi spinoziste. « Le sceptique et le dogmatique perdront tous deux la raison ». Le Traité théologico-politique face aux antinomies bayliennes de la raison). Contradictions à l’infini (Systèmes en conflit. L’athée de système. L’article « Spinoza ». Systèmes monistes, systèmes dualistes. Spinoza et les manichéens. « Le système de Dieu et le système opposé ». Spinoza et la Chine).
– Deuxième partie. Le système au miroir. Boulainvilliers et Spinoza. Une lente conversion au spinozisme (Le Traité théologico-politique. Traduction et critique. De la critique à la défense du spinozisme. Un nouveau système de la nature. L’Être absolu et l’animal passionnel. L’Essai de métaphysique. Raison 331et sensibilité. Une théorie sensualiste de la connaissance spinozienne). Les raisons de la force (La force ou le désir de persévérance de l’être. Les droits des conquérants. Contre Spinoza. Spinoza et le problème de l’absence de norme en politique. Un spinozisme renversé).
– Troisième partie. Crise et renaissance des systèmes. Condillac dans le labyrinthe des systèmes (Systèmes abstraits et systèmes légitimes. Cause, essence, substance. Le Traité des systèmes et le cas Spinoza. Faits simples et langue bien construite. Mos geometricus et Langue de calculs). Spinoza et les systèmes des philosophes (Systèmes d’athéisme et bon sens de la philosophie. Voltaire et Spinoza. Les articles : « Spinoza », « spinoziste », « athée », « âme », « chaos », « naître », « matérialiste ». Spinoza dans l’Encyclopédie. D’Holbach : Le Système de la nature et le choc des systèmes.
– Annexe. Systèmes de dispersion et théorie des systèmes. Une ontologie historique de nous-mêmes. Aufklärung et critique. Ordre et dispersion des systèmes. Lumières sociologiques et théorie des systèmes. De la puissance de l’infini à l’analytique de la finitude. Causa sui et autoconstitution.
– Références bibliographiques.
Drouin (Sébastien), Journalisme et hétérodoxie au refuge hollandais. Le cas de l’“Histoire critique de la République des Lettres” (1712-1718), Paris, Honoré Champion, coll. « La Vie des huguenots », 2023, 358 p.
« En 1713, le périodique Histoire critique de la République des Lettres (1712-1718) est condamné pour cause d’hétérodoxie par le synode wallon réuni à Bréda. Le directeur du périodique incriminé, Samuel Masson, y a fait paraître des dissertations sur le psaume CX qui déclenchent une longue polémique dont le contexte est ici reconstitué. Au moment de la condamnation, Thémiseul de Saint-Hyacinthe et les collaborateurs du Journal littéraire font paraître Le Chef-d’œuvre d’un inconnu, ouvrage loufoque rempli de doctes âneries dédié à l’auteur de l’Histoire critique de la République des Lettres. En pleine Querelle d’Homère, l’érudition enjouée de Thémiseul de Saint-Hyacinthe contribue à relancer la vogue du commentaire satirique et à couvrir Samuel Masson de ridicule.
Dans cet ouvrage dont le sujet est à la fois savant et comique, Sébastien Drouin brosse un portrait saisissant de la vie intellectuelle dans le Refuge hollandais du premier xviiie siècle dominée par les aventuriers des lettres, les érudits de province, les libres penseurs discrets et de redoutables pasteurs. Les lettres de Samuel Masson envoyées à son collaborateur londonien Pierre Des Maizeaux figurent en annexe. »
– Avant-propos. Introduction.
I ère partie. Érudition et polémique autour de la typologie biblique.
– I. La typologie dans les Provinces-Unies au début du xviiie siècle et l’orthodoxie coccéienne. 1. L’influence de Cocceius au début du xviiie siècle. 2. Pierre de Joncourt contempteur de Cocceius. 3. De Joncourt face aux pasteurs.
332– II. L’affaire du psaume CX. 1. Samuel Masson hétérodoxe ? 2. Condamnations et réfutations : Le synode de Bréda et le Journal littéraire. 3. David Martin ou du bon usage des autorités calvinistes. 4. Masson à la rescousse de Masson.
II e partie. L ’ érudition ridicule.
– I. La studieuse vie de Chrisostome Mathanasius. 1. Parution du Chef-d’œuvre d’un Inconnu. 2. Samuel Masson, victime consentante de la Querelle des Anciens et des Modernes. 3. Les tribulations de Chrisostome Mathanasius.
– II. Le charlatanisme savant. 1. Charlataneria eruditorum et Charlatanerie des savants. 2. Pierre de Montmaur redivivus et Albert-Henri de Sallengre l’insaisissable. 3. L’hétérodoxe, avatar du charlatan (Le théologien hétérodoxe charlatan. L’incrédule charlatan. La circulation de l’obscénité et du blasphème).
– Conclusion.
– Annexes. 1. Lettres de Samuel Masson et de Jean Masson à Pierre Des Maizeaux (1712-1738). 2. Articles résolus au Synode des Églises Wallonnes des Provinces-Unies des Pays-Bas (1707-1713). 3. Jean Le Clerc, Bibliothèque choisie, pour servir de suite à laBibliothèque universelle, Amsterdam, Henri Schelte, 1713, t. XXVII, Seconde partie, p. 378-423. 4. Les grands jours de l’Ignorance. Conte Hollandois.
– Bibliographie. Index des noms propres.
Giocanti (Sylvia), (dir.), Anthropologie sceptique et modernité, Lyon, ENS éditions, coll. « La Croisée des chemins », 2022, 286 p.
« L’Histoire du scepticisme de Richard H. Popkin, qui a dominé la recherche aux États-Unis et en Europe depuis les années 1960, était essentiellement consacrée aux rapports entre scepticisme et foi entre la fin du Moyen Âge et le début du xixe siècle. Et lorsque Stanley Cavell a réintroduit la question de l’homme dans les études sceptiques contemporaines, c’est dans le sillage d’une interprétation du doute hyperbolique des Méditations métaphysiques de Descartes qui conduisait à faire des sceptiques des anti-humanistes renonçant au monde. C’est pourquoi il importait, suivant la suggestion d’Hans Blumenberg, de poser la question anthropologique à partir du rôle clef joué par le remodelage du scepticisme antique dans les Essais de Montaigne. Après s’être demandé s’il y a un sens à parler d’un “naturalisme sceptique” ou encore d’une “anthropologie sceptique de la croyance”, le présent ouvrage s’interroge sur les limites d’une approche exclusivement rationnelle de l’humanité et réfléchit à l’importance de la relation pour la penser non plus en termes de nature mais de condition. Il montre ainsi la contribution paradoxale mais constante du scepticisme philosophique à l’étude de l’homme. »
– Introduction par Sylvia Giocanti.
– I. Le scepticisme exprime-t-il la nature de l’homme ? 1. Jacques-Louis Lantoine : « Spinoza : une anthropologie du sceptique » ; 2. Richard Bett : « Le scepticisme est-il naturel ? Perspectives antiques et modernes » ; 3. Luiz A. Alves Eva : « Y-a-t-il une anthropologie sceptique chez Montaigne ? ».
333– II. Le scepticisme se confond-il avec une anthropologie de la croyance ? 4. Máté Veres : « L’origine de la croyance religieuse selon Sextus Empiricus » ; 5. Nikolaus Egel : « La naissance du fidéisme sceptique : Jérôme Savonarole inspirateur de Jean-François Pic de la Mirandole » ; 6. Barbara de Negroni : « Les effets des croyances selon Montaigne ».
– III. Quelle est la valeur de l’opinion humaine en régime d’incertitude ? 7. Masako Tanigawa : « Anthropologie sceptique et croyance historique : le pyrrhonisme historique de Pierre Bayle dans la Critique générale (1682) » ; 8. Gianni Paganini : « Scepticisme, croyance et opinion : Descartes et les néo-académiciens ».
– IV. La réhabilitation des sens et de l’imagination au sein de l’anthropologie sceptique. 9. Nicola Panichi : « Anthropologie et imagination : de Jean-François Pic de la Mirandole à Montaigne » ; 10. Celso Azar : « Lucrèce contre Lucrèce : la vérité des sens dans l’Apologie de Raymond Sebond de Montaigne » ; 11. Olivier Tinland : « À quelles conditions un ironisme libéral est-il possible ? Scepticisme et politique selon Richard Rorty ».
– V. Quel usage de la raison autorise la conception sceptique de l’homme ? 12. Plínio Junqueira Smith : « Une manière sceptique de raisonner : suspension du jugement et observance de la vie quotidienne dans le pyrrhonisme » ; 13. Raphaël Künstler : « Le contre-argument pyrrhonien du contre-argument possible ».
– VI. La relation constitutive de l’anthropologie sceptique moderne. 14. Sophie Peytavin : « Montaigne, une anthropologie de la relation » ; 15. Sylvia Giocanti : « L’anthropologie sceptique de Montaigne à l’épreuve de l’anthropologie de Philippe Descola : une entorse au naturalisme occidental ».
– Conclusion. Bibliographie. Index des noms.
Historia Philosophica. An International Journal [Pisa / Roma], 20, 2022 : volume principalement consacré à Helvétius : philosophe, poète, critique.
Sommaire du volume :
– Opuscula. Pier Davide Accendere : « Iamblicus Latinus. Le epistole prefatorie di Scipione Bongalli (1501-1564) alle traduzioni giamblichee dell’agostiniano Niccolò Scutelli » ; Andrea Suggi : « Tra profezia e filosofia della natura. La monarchia universale di Spagna nel giovane Campanella » ; Simone D’Agostino : « Percepisco la vera natura del magnete ! Audacia e veridicità del metodo nelle Regulæ di Descartes ».
– Monographica : Helvétius : philosophe, poète, critique. Sophie Audidière et Francesco Toto : Avant-propos. Sophie Audidière : « Helvétius et le xxie siècle. Conceptualiser, interpréter, situer. Introduction » ; Gerhardt Stenger : « Faut-il réécrire l’histoire du matérialisme des Lumières ? À l’occasion de la nouvelle édition des Œuvres complètes d’Helvétius » ; Yûji Sakakura : « Les publications clandestines en France sous l’Ancien Régime : le cas des versions illicites des œuvres d’Helvétius imprimées à Lyon » ; 334Sylvain Menant : « Helvétius et son recours aux moyens poétiques » ; Alexis Tétrault : « Helvétius et l’ennui. La politisation d’un affect dans l’avènement de la félicité humaine » ; Francesco Toto : « Intolleranza e fanatismo. Dominio ecclesiastico ed emancipazione nel De l’homme di Helvétius » ; Girolamo Imbruglia : « Dopo Montesquieu. Helvétius, Boulanger e la storia filosofica » ; Angela Ferraro : « Estime ou affection ? Helvétius face à Malebranche » ; Laetitia Simonetta : « Plaisir et vertu chez Helvétius et Lelarge de Lignac » ; Marco Menin : « Sentiment moral et innéisme : Rousseau (et Bernardin de Saint-Pierre) contre Helvétius » ; Andreas Blank : « Helvétius and his Critics : Esteem, Benevolence, and the Question of the Diminution of the Individual » ; Pierre-François Moreau : « Cette équitable distinction. Damiron lecteur d’Helvétius ».
– Critica. Gianni Paganini, Mary C. Jacob, John Christian Laursen (dir.), Clandestine Philosophy : New Studies on Subversive Manuscripts in Early Modern Europe, 1620-1823 (Fiormichele Benigni).
Helvétius : philosophe, poète, critique : voir Historia Philosophica.An International Journal.
Hollewand (Karen), « The Making of a Libertine. Scholars, Sex, and Scandal in the Dutch Republic », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé infra], p. 221-245.
« Dans cet article, nous examinons le discours érudit sur la sexualité dans la république néerlandaise de la fin du xviie siècle. À partir, surtout, d’un cas particulier, nous mettons en évidence la complexité des relations qui existaient entre la recherche scientifique sur la sexualité, le scandale public et la désignation de “libertin”. Mais, par sa position sociale solide et grâce à un réseau de soutien, l’érudit était assuré de survivre au scandale et d’éviter une réputation de “libertin”. »
Holtz (Grégoire), Paganisme et humanisme. La Renaissance française au miroir de la Vie d’Apollonius de Tyane, Genève, Droz, 2021, 376 p.
« Roman grec composé par Philostrate au iiie siècle, la Vie d’Apollonius de Tyane suscite chez les humanistes une réaction ambivalente de fascination (pour un sage pythagoricien) et de répulsion (pour un supposé rival du Christ). L’étude de la réception de ce texte, à travers les médiateurs éditoriaux (traducteurs, commentateurs, libraires…) qui le rendent accessible, est l’occasion de scruter un autre visage de la Renaissance : celui de la confrontation de l’humanisme et du paganisme. Pour certains lettrés du xvie siècle, la VA n’entre pas dans le cadre commun, qui voit dans les écrits philosophiques de l’Antiquité une propédeutique à la lecture des lettres sacrées (comme pour le platonisme et l’aristotélisme). Condamnée pour son affabulation romanesque comme 335pour sa nature païenne, la VA est bien une œuvre sous tension qui amène à s’interroger sur les présupposés et les attentes de l’humanisme. »
– Introduction. Apollonius de Tyane au xvie siècle : la redécouverte d’un magicien antique ?
– I. Apollonius redécouvert. De la réception antique à la première traduction française (Lyon, François Juste, 1537). Des premières lectures chrétiennes aux premières éditions imprimées (1501). Un Apollonius rabelaisien ? La première traduction partielle en français. Lectures fictionnelles : sourire d’Apollonius et s’inspirer de Philostrate.
– II. Apollonius exemplaire. De l’édition savante de désiré jacquot (Guillaume Cavellat, 1555) à la VA comme « miroir du prince ». L’édition savante de Désiré Jacquot. L’autorité « scientifique » d’Apollonius. La VA comme autorité morale : le « miroir du prince ».
– III. Apollonius philosophe et bateleur. La traduction de Thomas de Sébillet (1556). Un « passetemps d’avocat » : Sébillet et la traduction des Anciens. Une « histoire philosophique » : Sébillet et la légitimation de la VA.
– IV. Apollonius « gaulois ». L’Illustration de la langue française : la traduction de Blaise de Vigenère (Paris, Abel L’angelier, 1599). Un « auteur maison » : la traduction de la VA par Vigenère chez L’Angelier. Vigenère et la tradition de l’occultisme. La francisation d’un « classique » de la Seconde Sophistique. Vigenère et les autres traducteurs à l’œuvre : une comparaison des trois versions françaises de la VA (1537 ; 1556 ; 1599). Un lecteur déçu par la traduction de Vigenère : le magistrat Claude Expilly.
– V. Apollonius moralisé. La réédition commentée par Artus Thomas (Paris, Veuve L’Angelier, 1611). La réédition de la VA dans le contexte de la Contre-Réforme. Artus Thomas et Fédéric ii Morel : la traduction révisée de la VA et sa mise en page. Un commentaire encyclopédique pour étouffer « la Philosophie Payenne ». L’autorité du commentateur : de l’autonomie de la glose à l’insertion du prêche. La fable en question : l’erreur des Anciens et la rédemption par le style.
– Conclusion. Croire en Apollonius ? La déification du sage, un rêve de la Renaissance.
– Bibliographie générale. Index.
Israel (Jonathan), « Spinoza’s Libertine “French Circle” », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé infra], p. 73-101.
« Cet article étudie les rapports qui existent entre le cercle spinoziste des années 1670 et surtout le cercle d’épicuriens libertins de Saint-Évremond, William Temple et Isaac Vossius, mais aussi Saint Glain, Lucas, et Morelli. Que révélait Spinoza en conversant avec ceux qui ne faisaient pas partie de son cercle intime ? Et à quel point ces conversations reflètent-elles l’évolution de ses positions intellectuelles et politiques ? »
336Jorink (Eric), « Cartesian Sex. Dutch Anatomists on Genitalia, Lust and Intercourse (ca 1660-1680) », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé infra], p. 247-288.
« En 1679, Beverland identifia le péché originel comme étant un rapport sexuel ; la même année Leeuvenhoek décrivit les spermatozoïdes. Leurs publications furent considérées comme dépassant les limites de la décence. Or, dès 1660 à la faculté de médecine de Leyde, il y avait déjà un débat vif sur l’anatomie et la fonction des organes génitaux, sur les rapports sexuels et sur le désir, illustrés par des impressions, des manuels anatomiques en langue vernaculaire et des cabinets. »
Kölving (Ulla) et Brown (Andrew), (dir.), Émilie Du Châtelet, son monde, ses travaux. Études réunies par Ulla Kölving et Andrew Brown, Ferney-Voltaire, Centre International d’étude du xviiie siècle, 2022, 488 p.
Ce volume est issu des colloques Du Châtelet de 2016 et 2017. Il l’est aussi de la sortie de l’ombre, en 2010, des immenses archives de la famille Du Châtelet et des manuscrits scientifiques de la plus illustre de ses membres.
– La maison Du Châtelet. Samuel Mourin, « “Celui qui rengera les archives n’y trouvera surment pas tout l’ordre convenable” : la gestion des archives de la Maison Du Châtelet au xviiie siècle » ; Paul Delsalle : « Un seigneur, ses bois, ses paysans et leurs cochons : la tibériade d’Amance, en 1614 » ; Georges Viard : « Les Du Châtelet, gouverneurs de Langres » ; Aurélie Gérard : « Dom Augustin Calmet, généalogiste de la maison Du Châtelet » ; Élisabeth Badinter : « M. Du Châtelet fils : esquisse d’un portrait » ; Claire Béchu : « Fils de… ou le parcours d’un Lorrain méconnu ».
– Cirey-le-Château. Sylvain Skora : « Cirey avant Émilie et Voltaire : l’état méconnu du domaine au xviie siècle » ; Xavier de Massary : « Les forêts de la seigneurie de Cirey-sur-Blaise au xviiie siècle » ; Bernard Ducouret : « Les travaux d’Émilie et Voltaire à Cirey » ; Sandrine Fritz : « La céramique d’Émilie Du Châtelet : l’apport du fonds Du Châtelet » ; Marc Lechien : « Émilie en son jardin de Cirey ».
– Émilie Du Châtelet. Claire Béchu : « Les Du Châtelet en leurs demeures parisiennes : errances entre locations et constructions » ; Ulla Kölving : « Du Châtelet contre Hoensbroeck : un procès fleuve arbitré par Voltaire » ; Jennifer Ruimi : « Émilie Du Châtelet actrice » ; Natalia Speranskaya : « Mme Du Châtelet dans la bibliothèque de Voltaire : le manuscrit 8-221 » ; Susana Seguin : « Mme Du Châtelet et l’univers de la philosophie clandestine : la “Collection Du Châtelet” » ; Bertram E. Schwarzbach : « Un carnet de critique biblique de la bibliothèque d’Émilie Du Châtelet » ; Catherine Voiriot : « Autour d’un portrait présumé d’Émilie Du Châtelet : faux portrait de Mme Du Châtelet et vrai portrait de Mme Lepaute ? » ; Michel Toulmonde : « L’éclipse de Soleil de 1764 » ; Catherine Voiriot avec la participation d’Ulla Kölving : 337« Le portrait d’Émilie Du Châtelet par Marie-Anne Loir et ses différentes copies en peinture, au pastel et en miniature : premier essai d’inventaire ».
– Science et philosophie. Véronique Le Ru : « Gabrielle-Émilie de Breteuil, marquise Du Châtelet, une grande dame savante » ; Eszter Kovács, « “La liberté est la santé de l’âme” : du pouvoir soi-mouvant au culte de la liberté chez Émilie Du Châtelet » ; Elena Muceni : « Lost in translation ? New insights into Émilie Du Châtelet’s La Fable des abeilles » ; Fritz Nagel : « Émilie Du Châtelet et Euler. Leurs relations scientifiques et leurs différences d’attitude à l’égard de la théorie newtonienne de la lumière » ; Gianni Paganini : « Rehabilitating hypotheses in the French Enlightenment : Émilie Du Châtelet and Condillac » ; Anne-Lise Rey : « Hypotheses fingo. Certitude et imagination dans les Institutions de physique d’Émilie Du Châtelet » ; Michel Toulmonde : « Des manuscrits scientifiques nouveaux d’Émilie Du Châtelet : lumière et astronomie ».
– Postérité. John R. Iverson : « La médisance, La Bigarure, et la mort de la marquise Du Châtelet » ; Ulla Kölving : « Deux notices lorraines sur Émilie Du Châtelet » ; Linda Gil : « Présences et absences d’Émilie Du Châtelet dans l’édition de Kehl » ; Alain Sager : « De Germaine à Émilie : sur le seuil incertain du bonheur » ; Osmo Pekonen : « Émilie : un opéra sur Mme Du Châtelet ».
– Auteurs. Index.
Lærke (Mogens), Spinoza and the Freedom of Philosophizing. Oxford, Oxford UniversityPress, 2021, 400 p.
Ce livre porte « sur la liberté d’expression, le bon gouvernement, la responsabilité civique, l’éducation publique et les fondements de la religion et de la société », tels que Spinoza les a connus. Au cours de l’âge d’or de la République néerlandaise émerge un nouveau type de sphère publique. Les structures politiques de cour font place à de nouvelles formes républicaines d’échange entre les pouvoirs souverains et l’ensemble des citoyens. Font cependant défaut des lignes directrices sur la manière et le moment d’aborder les questions d’intérêt public et sur la manière de former des citoyens sans préjugés, en possession de leur propre jugement, aptes à s’exprimer dans les délibérations publiques dans l’intérêt commun. Ce livre avance que la conception de Spinoza de la liberté de philosopher et la théorie politique systématique qu’il développe et soutient dans son Traité théologique et politique (1670) ont été conçues pour fournir de telles lignes directrices. « Il montre comment Spinoza comprenait la liberté de philosopher comme un style collectif de raisonnement et d’argumentation fondé sur l’enseignement et le conseil mutuels, un modèle pour la sphère publique dans une république libre. Il étudie les conditions dans lesquelles pourrait s’épanouir une telle sphère publique de la liberté de philosopher, comment elle exigerait une réforme populaire de l’instruction publique et une réorganisation démocratique des rapports entre le conseil politique et le commandement souverain. Il montre également comment Spinoza a conçu des doctrines théologiques et politiques de foi universelle et de contrat social 338afin de promouvoir la vraie religion et le sens du devoir civique, et a affirmé le droit de l’État sur les questions sacrées comme moyen d’assurer la tolérance mutuelle dans une société multi-religieuse. »
Lærke (Mogens), « Homo politicus. Spinoza, Oldenburger, and the Politics of Envy and Friendship », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé infra], p. 137-170.
« À partir du commentaire que fait Spinoza dans une lettre à Jelles, d’un livre intitulé
Homo politicus, cet article confronte la conception spinoziste de la pratique politique avec les conceptions libertines d’une politique machiavélique qui prenaient forme aux marges des traditions nord-européennes de la raison d’État. Je montre notamment comment, contre des pratiques politiques libertines qu’il estimait gouvernées par l’envie, il défendait une politique de l’amitié semblable à celle d’Érasme. »
Lavaert (Sonja), « Considérations politiques d’un libre penseur, Franciscus van den Enden », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé infra], p. 171-190.
« Nous considérons ici Franciscus van den Enden comme un libre penseur libertin, auteur de trois textes de théorie politique qui défendent la démocratie. Il appartient à la tradition libertine par le style de ses écrits et leur contenu radicalement nouveau, mais son naturalisme, loin de tout conservatisme, est la base de l’autodétermination et de l’activisme politique. La connaissance est pour lui une critique et une tâche sociale à rendre publique par l’éducation et des publications en néerlandais. »
Lavaert (Sonja) et Moreau (Pierre-François), (dir.), Spinoza et la politique de la multitude, Paris, Éditions Kimé, Coll. « Philosophie, Philosophie en cours », 2021, 296 p.
« Violence, domination, inégalité, tyrannie et insurrections : la réflexion de Spinoza sur le droit et la politique ne se limite pas au pacte social, ni à la liberté de philosopher. Il ne s’agit pas seulement de dresser la liste des droits respectifs du souverain et des sujets, dans le sillage des théories du droit naturel. Déjà Althusser avait rapproché Spinoza de Marx et Alexandre Matheron avait montré le rôle essentiel des passions dans la Cité et ses transformations. Toute une génération de chercheurs s’est interrogée ensuite sur les notions par lesquelles se pense ce devenir : foule, peuple, nation, mais aussi multitude. C’est ce dernier terme surtout qui concentre le mieux une pensée de l’initiative historique des citoyens et de leur puissance collective. Il restait à en tirer les conséquences sur les rapports entre individu et multitude, sur les relations de la pensée spinoziste avec Machiavel, Grotius et Hobbes, sur 339l’attitude de Spinoza envers révolution et conservation, résistance, assimilation et intégration, citoyenneté, désobéissance et révolte. Autant de thèmes qui sont développés ici, à travers la lecture renouvelée de L’Éthique, du Traité théologico-politique, et du Traité politique. Le volume s’achève par un entretien avec Toni Negri, qui fut le premier, dans son livre L’Anomalie sauvage, à mettre en lumière l’importance et le rôle de ce concept. Il y fait le bilan de son propre itinéraire et des discussions qu’il a suscitées. »
– Introduction, par Sonja Lavaert et, Pierre-François Moreau.
– Pierre-François Moreau : « A-t-on raison de se révolter ? Spinoza, la multitude et l’insurrection » ; Sonja Lavaert : « Le renversement de Spinoza, dans l’esprit de Machiavel » ; Laurent Bove : « L’avènement de la citoyenneté politique dans le Tractatus politicus » ; Chantal Jaquet : « Désobéissance et droit de guerre dans le Traité politique » ; Dimitris Athanasakis : « Individu et multitude dans le Traité politique de Spinoza » ; Tilman Reitz : « Droits subjectifs et puissance collective. Les perspectives d’une critique spinoziste du libéralisme » ; Blanche Gramusset Piquois : « De la résistance à l’assimilation, perspectives spinozistes sur les politiques d’intégration » ; Alexandre Mbomé : « Les fondements métaphysiques de la puissance politique de la multitude » ; Jacques-Louis Lantoine : « Spinoza et la passion de l’égalité » ; Céline Hervet : « Spinoza, philosophe de l’égalité ? L’aequum comme régime affectif et politique » ; Vittorio Morfino : « La “découverte” par Negri du concept de multitude » ; Antonio Negri (Entretien avec Sonja Lavaert, et Pierre-François Moreau) : « Spinoza, multiples histoires ».
– Bibliographie. Index des noms.
Libertinage et philosophie à l ’ époque classique ( xvi e - xviii e siècle), no 19 : Les Libertins néerlandais / The Dutch Libertines, dir. Nicole Gengoux, Pierre Girard et Mogens Lærke, Paris, Classiques Garnier, 2022, 352 p.
– Introduction, par Nicole Gengoux, Pierre Girard et Mogens Lærke.
– Dossier : Les libertins néerlandais / The dutch libertines. Catherine Secretan : « Qu’est-ce qu’être libertin dans les Pays-Bas au “siècle d’or” » ? ; Wiep van Bunge : « Seventeenth-Century Dutch Libertines. Classicists, Spinozists, Travel Writers » ; Jonathan Israel : « Spinoza’s Libertine “French Circle” » ; Maxime Rovere : « Shaping the Freedom of Speech. Toleration and Intimacy in Pieter Balling’s Light upon the Candlestick » ; Mogens Lærke : « Homo politicus. Spinoza, Oldenburger, and the Politics of Envy and Friendship » ; Sonja Lavaert : « Considérations politiques d’un libre penseur. Franciscus van den Enden » ; Joke Spaans : « Twists and Turns. The Life and Works of Barent Hakvoord » ; Karen Hollewand : « The Making of a Libertine. Scholars, Sex, and Scandal in the Dutch Republic » ; Eric Jorink : « Cartesian Sex. Dutch Anatomists on Genitalia, Lust and Intercourse (ca. 1660-1680) » ; Barbara de Negroni : « Histoire, critique, tolérance. Les enjeux de l’Histoire des juifs de Basnage de Beauval ».
– Varia. Ambre Perez-Parfait : « L’Héritage de La Boétie dans les textes libertins du xviie siècle ».
340Libertins néerlandais (Les) : voir ci-dessus Libertinage et philosophie à l’époque classique.
Martin (Laurent), Histoire de la censure en France, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », 2022, 128 p.
« La République démocratique, en France, garantit la liberté d’expression. Est-ce à dire que la censure n’y a plus cours ? N’existerait-elle pas sous de nouvelles formes ? Et si oui, quelle influence a-t-elle sur la société ? Les censeurs ont toujours été attentifs aux moyens de diffusion des idées. Du xvie au xviiie siècle, le contrôle de la parole affecta particulièrement l’édition. Il s’est porté ensuite, au xixe, sur la presse et le théâtre. Puis ce fut au tour des médias audiovisuels d’être dans le viseur. Aujourd’hui, les autorités se préoccupent surtout des publications sur Internet… Laurent Martin décrit l’histoire et le fonctionnement des appareils de contrôle culturel en France, leurs logiques et leurs acteurs, analysant les effets et contre-effets de ce contrôle sur la vie culturelle. »
– Introduction.
– I. La censure dans la France de l’Ancien Régime (xvie-xviiie siècles). 1. Le xvie siècle : la mise en place de l’appareil censorial contre les hérésies. 2. Le xviie siècle : la raison d’État l’emporte sur la raison d’Église. 3. Le xviiie siècle : les philosophes contre la censure ?
II. De la Révolution française à la iiie République (1789-1870). 1. La censure sous la Révolution française (1789-1799) : pas de liberté pour les ennemis de la liberté. 2. Du Premier Empire au Second : permanences et mutations de la censure (1804-1852). 3. La censure sous le Second Empire (1852-1870) : du tour de vis au tournant libéral.
– III. La censure sous la iiie République et le régime de Vichy (1870-1944). 1. De la iiie République à la Première Guerre mondiale (1870-1914) : la liberté d’expression enfin garantie ? 2. La censure pendant la Première Guerre mondiale. 3. D’une guerre à l’autre, contrastes français sur le front de la censure. 4. La censure pendant la Seconde Guerre mondiale
– IV. Censure et liberté d’expression en France depuis 1945. 1. Survivances et réactivation d’une censure d’État. 2. Censures en société.
– Conclusion. Bibliographie.
Montaigne Studies. An Interdisciplinary Forum, Vol. XXXV-1-2, mars 2023 : Material Montaigne / Montaigne et la culture matérielle, éd. Amy C. Graves.
Amy C. Graves : « Montaigne, A Field Guide » ; Sophie Peytavin : « Montaigne, philosophe de terrain » ; Elizabeth Black : « The Petrification of Montaigne » ; Jennifer H. Oliver, Lithic Montaigne : « Stone, “bastiment”, and “Du repentir” (III, 2) » ; Pauline Goul : « “Un certain respect qui nous attache” : la matière vibrante des Essais de Montaigne » ; Alison Calhoun : « Montaigne and Breath : 341Untranslatables and Material Power in the Essais » ; Amy C. Graves : « “La constance mesme n’est autre chose qu’un bransle plus languissant” : Metastable Montaigne » ; George Hoffmann : « The Moral Nature of Materiality » ; Philippe Desan : « Les choses de Montaigne » ; Marion Bet : « Montaigne et la sagesse des objets » ; David Laguardia : « Registering the Self in the Essais » ; Cathy Yandell : « Montaigne’s Cogito » ; Jean Balsamo : « La balance de Montaigne et la tradition emblématique » ; Coralie Barbe, Jacques Benelli & Julie Tyrlik : « À bords perdus : éléments pour une reconstitution de l’histoire matérielle de l’Exemplaire de Bordeaux ».
– Varia. Matthew Ancell : « Marrano Portraits : Montaigne and Derrida » ; Eric Macphail : « Montaigne contre le dialogue “Des prières” et le débat sur la tolérance à la fin du xvie siècle » ; John O’brien & Marc Schachter : « La Servitude volontaire et la bibliothèque d’un secrétaire du roi ».
Moreau (Pierre-François), Sangiacomo (Andrea), Simonutti (Louisa), (dir.), Spinoza en Angleterre. Sciences et réflexions sur les sciences, Turnhout, Brepols, coll. « The Age of Descartes », 2022, 215 p.
« Le volume s’interroge sur la place de Spinoza dans les milieux intellectuels, philosophiques et scientifiques de l’Angleterre et de l’Europe du xviie siècle, et il analyse les contextes scientifiques privilégiés qui ont fourni à Spinoza plusieurs motifs de réflexion et qui ont compté ensuite parmi ses principaux lieux de réception. Le rapport entre Spinoza et le débat philosophique en Angleterre a retenu l’attention des historiens depuis longtemps. Il s’agit d’un terrain historiographique complexe où questions de sources, réception des idées et enjeux polémiques se mêlent souvent.La première partie du volume a une approche plus thématique : on se focalise sur un thème de la philosophie de Spinoza pour y voir, comme dans un prisme, le reflet des débats croisés entre Pays-Bas et Angleterre. La deuxième partie du volume est consacrée principalement à Spinoza et à la considération du rapport avec la physique hobbesienne. La troisième partie du volume porte sur les polémiques autour des œuvres de Spinoza qui furent lues durant le dix-huitième siècle en Angleterre et sur le continent, les spéculations philosophiques d’un cartésien athée et les œuvres d’un impie. »
– Préface.
– Spinoza et la culture scientifique. Theo Verbeek : « Spinoza et la science nouvelle. Descartes ou Hobbes ? » ; Luisa Simonutti : « Dans le “cabinet scientifique” du philosophe. Spinoza et les sciences médicales » ; Guido Giglioni : « The Barnacled Conatus, or the Power of Self-Preservation in England before and after Spinoza » ; Annunziata Di Nardo : « Notes sur le développement du concept de “mémoire” chez Spinoza ».
– Spinoza et Hobbes. Catherine Secretan : « De l’Angleterre aux Pays-Bas : Hobbes et l’espace d’une “trading zone” » ; Cristina Santinelli : « Conatus et 342corpora simplicissima. Hobbes et Spinoza sur la nature et l’origine du mouvement » ; Andrea Sangiacomo : « Hypothèses sur la cohésion. Spinoza et Leibniz interprètes de la physique de Hobbes » ; Filippo Mignini : « Hobbes et Spinoza. Nature et puissance du vouloir ».
– Racines et disséminations. Evelyne Guillemeau : « Le statut de l’expérience dans la discussion entre Spinoza et Boyle sur la nature du salpêtre » ; Mogens Lærke : « Henry More, Spinoza, et le double statut de la Kabbale » ; Roberto Evangelista : « Droit de nature et forme politique. Moïse entre Spinoza et Toland » ; Manuela Sanna : « Remarques sur “imagination” et “corps” sous la plume de deux spinoziens italiens, Tommaso Rossi et Biagio Garofalo ».
– Postface, par Pierre-François Moreau.
– Index des noms.
Negroni (Barbara de), « Histoire, critique, tolérance. Les enjeux de l’Histoire des juifs de Basnage de Beauval », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé supra], p. 289-314.
« Pasteur calviniste, Jacques Basnage de Beauval est l’auteur d’une Histoire des juifs, où la pratique d’une méthode historique permet d’effectuer une analyse anthropologique de la religion en recourant à des arguments qui rappellent ceux des libertins érudits. Il dénonce la crédulité humaine, les jeux des passions qui se dissimulent sous la piété, et met en évidence les ressorts théologico-politiques de bien des religions. Il peut ainsi critiquer l’intolérance et justifier la liberté de conscience. »
Nicolì (Laura), Les Philosophes et les Dieux. Le Polythéisme en débat dans la France des Lumières (1704-1770). Traduction de Julia Ollivier, Paris, Honoré Champion, coll. « Les dix-huitièmes siècles » 2022, 508 p. [voir supra le compte rendu donné par Gianluca Mori]
« L’idolâtrie, le polythéisme, les cultes des païens, la religion “autre par excellence : le thème est omniprésent dans la réflexion religieuse et antireligieuse du siècle des Lumières. Les philosophes comme les théologiens, les savants comme les artistes, les orthodoxes et les idéologues, les académiciens et les salonniers se mêlent au débat. À la rencontre de ces différentes voix prennent naissance un regard de plus en plus historique et un intérêt véritablement philosophique envers l’univers religieux des païens, qu’on ne considérait auparavant que du point de vue exégétique et théologique. S’ensuit un renversement de paradigme : l’idée traditionnelle selon laquelle le monothéisme serait la religion originelle et le paganisme sa corruption est graduellement mise en doute. Le nouveau modèle du polythéisme primitif, qui s’impose à partir de la moitié du siècle, ne représente pas simplement une réponse inédite à la question de l’origine des divinités païennes. C’est le statut même du problème qui change, se chargeant d’une signification bien plus large et d’enjeux plus 343décisifs : s’interroger sur l’origine et la nature des dieux et des déesses signifie désormais s’interroger sur l’origine et la nature de la religion tout court. »
Antiquaires, érudits, historiens
– I. Le venin caché d’Évhémère. 1. Évhémère à l’Académie des inscriptions. 2. Évhéméristes dévots (Antoine Banier : mythe, histoire et orthodoxie. Deux sortes d’idolâtrie. Augustin Calmet et le Livre de la Sagesse). 3. Évhéméristes athées : John Toland. 4. Patriarches, anges et souverains : deux évhéméristes problématiques (Isaac Newton. Jean Le Clerc). 5. Nature humaine, nature divine : les dieux, les saints, le Christ. 6. Évhémère à sa fin. 7. Aspostille chinoise. / Note lexicale I. Les sens de l’idole.
– II. La faute du sculpteur. 1. Trop beaux pour être humains. 2. Le menuisier, le potier, le ciseleur. 3. Entre Lucifer et Prométhée. 4. Que vénère-t-on quand on vénère une statue ? 5. Statues de forme humaine : « le Dieu Cupidon des Thespiens n’est qu’une pierre brute ». 6. Beauté et monstruosité des idoles : amour et crainte.
– III. « Une espèce de système sur l’origine du monde » : nouveaux allégorismes. 1. Allégorismes. 2. Louis de La Barre et la religion des Grecs (Les poètes : ni historiens ni philosophes. Un assemblage d’allégories qui fait une histoire. À chaque religion son histoire : monothéismes, monolâtries, polythéismes. Allégorie, secret, respect religieux). 3. Nicolas Fréret : les religions antiques, de la chronologie à l’histoire culturelle (Lancement d’une polémique : la bataille anti-évhémériste. Contre l’évhémérisme radical : une critique philosophique. Contre l’évhémérisme modéré : “une longue suite de siècles”. Allégorie et méthode historique. Mythologie sans système. Des dieux comme des atomes. Allégories pour philosophes et allégories pour « sauvages ». Un allégoriste en évolution). 4. La fortune de l’allégorisme (et du néo-allégorisme). 5. Quelques conclusions philosophiques : allégories et unité de Dieu.
– IV. Du signe à l’idole. 1. La tyrannie du signe. 2. Religions hiéroglyphiques. 3. « Tout le mystère d’une énigme ». 4. Une maladie de l’écriture (« The uniform voice of nature ». L’histoire de l’écriture de William Warburton. Symboles en court-circuit. La source de toutes les idolâtries. L’Histoire du ciel de l’abbé Pluche. « Tout est plein de l’agriculture » : Pluche dans le sens et au rebours de la tradition). 5. Le philosophe du langage face à l’idolâtrie : Condillac.
Les philosophes
– V. Idolâtres, polythéistes, superstitieux : pensées diverses de Pierre Bayle sur les païens. 1. L’idolâtre, le superstitieux, l’athée (L’idolâtre et le superstitieux. L’idolâtre et l’athée). 2. Le polythéiste au tribunal du consensus universel. 3. Le polythéisme dans les Objectiones à Pierre Poiret. 4. De la superstition à l’idolâtrie et vice versa. Petite histoire d’une idée de Plutarque à d’Holbach. Note lexicale II. « Polythéisme » : une marque baylienne.
– VI. Premières traces de polythéisme. 1. La première religion selon Bayle : une impossible corruption. 2. La première religion selon Fontenelle (Fontenelle et Tournemine : pères et patriarches. Conformités étonnantes. « Les fables 344se tournèrent en religion ». « Un peu plus puissans que des hommes »). 3. La première religion selon Fréret (« Pas fort opposés dans le fond » : polythéisme et monothéisme selon Thrasybule-Fréret. Fréret académicien vu sous un nouveau jour). 4. La première religion selon Condillac : un sentiment de dépendance.
– VII. Histoires naturelles de la religion. David Hume et les Français. 1. « No symptoms of any more perfect religion ». 2. La cinquième partie : une perspective nouvelle sur la tradition. 3. Monothéisme en paroles, monothéisme fluctuant. 4. Lectures françaises (L’histoire de la religion n’est pas naturelle. Humien… en apparence : l’article « Idole » de Voltaire. La marche naturelle de l’esprit : Voltaire contre Hume. La religion de l’homme ordinaire. Des pouvoirs invisibles aux dieux fétiches : Charles de Brosses. Progrès de la raison, progrès de la religion). 5. Conclusion.
– Conclusion. Annexes (I. Les sources de l’article « Polythéisme » de l’Encyclopédie. II. L’origine de l’idolâtrie : Banier et Calmet. III. Les sources de l’abbé Banier et de Charles de Brosses sur les religions archaïques. IV. Louis de La Barre à l’Académie des inscriptions). Bibliographie. Index nominum.
Nicolì (Laure), (dir.), The Great Protector of Wits. Baron d’Holbach and His Time, Leiden, New York, Köln, Brill, Coll. « Brill’s Studies in Intellectual History », 2022, 332 p.
« L’ouvrage “propose un nouveau bilan au sujet du baron d’Holbach (1723-1789) et de son entourage. Figure emblématique des Lumières européennes, Paul-Henri Thiry d’Holbach ne fut pas seulement un philosophe radicalement matérialiste, un champion de l’anticléricalisme, l’auteur du Système de la nature – surnommé ‘la Bible des athées’ –, un idéologue, un vulgarisateur des sciences de la nature et un prolifique contributeur à l’Encyclopédie, mais il joua également un rôle crucial en tant qu’organisateur de réseaux intellectuels et il fut un maître de la diffusion de la littérature clandestine et un stratège consommé en matière de fictions auctoriales. Dans ce volume collectif, pour la première fois, ces fils multiples de la ‘philosophie en action’ holbachique sont abordés et analysés dans leur interconnexion.” »
– Introduction, par Laura Nicolì
– I. Holbach : Philosopher and“Philosophe”. 1. Alan Charles Kors : « Holbach’s Skepticism » ; 2. Brunello Lotti : « The Concept of Natural Order in the Système de la Nature » ; 3. Enrico Galvagni : « An Empire of Lies : Holbach on Vanity and Philosophy ».
– II. Holbach : Strategist of the Enlightenment. 4. Mladen Kozul : « Holbach traducteur, stratège et philosophe » ; 5. Jacopo Agnesina : « The Role of Prophecies : Baron D’Holbach as a Translator of Anthony Collins » ; 6. Gianni Paganini : « D’Holbach and the “Spirit of Judaism” » ; 7. Ruggero Sciuto : « The Absent Guest : D’Holbach’s Strategic Use of Voltaire’s Texts ».
345– III. Holbach : “Encyclopédiste”. 8. Alain Sandrier : « La critique religieuse du baron d’Holbach dans l’Encyclopédie : une approche méthodique » ; 9. Mélanie Éphrème : « L’autre d’Holbach : l’encyclopédiste traducteur de chimie et d’histoire naturelle »
– IV. Holbach and His Time. 10. Emilio Mazza et Gianluca Mori : « How Many Atheists at D’Holbach’s Table ? » ; 11. Paolo Quintili : « D’Holbach et Diderot : une amitié plus que philosophique » ; 12. Gerhardt Stenger : « Voltaire contre la coterie holbachique » ; 13. Maria Susana Seguin : « D’Holbach, les cercles holbachiques et la circulation de la littérature philosophique clandestine » ; 14. Nicholas Cronk : « Who Are D’Holbach’s Readers ? »
– V. Holbach and Revolutionary Consciousnesses. 15. Jonathan Israel : « D’Holbach’s Political and Social Thought : The Democratic “Revolution” in Western Values Prior to 1789 » ; 16. Iryna Mykhailova : « D’Holbach’s Legacy in the Russian Empire and the Soviet Union ».
– Index Nominum.
Paganini (Gianenrico), Il dubbio dei moderni.Una storia dello scetticismo, Roma, Carocci Editore, 2022, 256 p.
« Le problème de la connaissance, tel que nous le comprenons aujourd’hui, a en quelque sorte été “créé” par le scepticisme, c’est-à-dire par la nécessité de le réfuter pour valider nos croyances. Cela est particulièrement vrai pour la période moderne, au cours de laquelle le “défi sceptique” a été relancé et étendu, pour être rejeté par Descartes, repris par Hume et dépassé par Kant. Ce volume retrace les étapes fondamentales de ce courant philosophique, de la fin de la Renaissance (Montaigne) au siècle des Lumières (avec d’abord Locke, puis Berkeley et Hume, et enfin Kant). Au cours de la modernité, le scepticisme a connu son deuxième âge d’or, après l’hellénisme, non seulement en raison de la floraison d’auteurs qui furent d’authentiques sceptiques, mais aussi parce qu’il a obligé les philosophes non sceptiques à se mesurer à son défi exigeant et rigoureux. Les doutes sceptiques ont été décisifs pour le dépassement du rationalisme dogmatique, pour l’ouverture à l’empirisme, qui était une philosophie des limites de la connaissance, et pour l’émergence d’alternatives transcendantales ou non fondationnalistes. Les problèmes soulevés dans les sphères morale et politique sont tout aussi importants et pénétrants. On peut dire que le “sage sceptique” représente la première figure moderne de l’intellectuel autonome qui revendique une totale liberté de jugement sur les traditions, les coutumes, les institutions et, dans de nombreux cas, les religions. »
– Introduzione. Prima e dopo.
– 1. L’eredità del Rinascimento. Montaigne, Sanches, Charron, Sarpi e Luzzatto. Montaigne : la distinzione tra dogmatici, neoaccademici e pirroniani. Fenomeni e dubbi. Io e conoscenza riflessiva. Religione, scepsi e tolleranza. Sanches : 346scetticismo neoaccademico e stati interni della mente. Lo scetticismo attivo di Charron e l’esercizio del giudizio. A Venezia : Sarpi e Luzzatto.
– 2. Prime risposte allo scetticismo Campanella, Mersenne, Gassendi. Scetticismo e riforma della metafisica prima di Descartes : Tommaso Campanella. Una nuova idea di scienza : Francis Bacon e Marin Mersenne. Scepsi, empirismo e teoria : Pierre Gassendi.
– 3. La critica libertinaScepsi barocca. Il più “pirroniano” dei libertini : François La Mothe Le Vayer. Le “navigazioni spirituali” dello scettico : copernicanesimo, scoperte geografiche, critica dell’antropocentrismo e dell’eurocentrismo. Prudenza e diffidenza, ma non “odio della ragione”. L’analisi delle credenze e la storia naturale della religione.
– 4. Epistemologia e psicologia del dubbio. Descartes e il suo contesto. Dubbio scettico e dubbio cartesiano. Il criterio e il controfattuale. Descartes e il paradigma moderno dello scetticismo. Come rispondere agli « scettici che vanno al di là di ogni limite del dubbio » ? Descartes, La Mothe Le Vayer e gli « atei scettici ». Ateismo “metodologico” libertino e dubbio metodico cartesiano.
– 5. Intorno a Descartes. Discussioni su dubbio, criterio e certezza. Origini, ampiezza e motivazioni del dubbio. Il criterio e le sue aporie. Il cogito e il problema del circolo. Intuizione e inferenze. Verità della cosa o dell’apparenza ?
– 6. Dopo Descartes : da Bayle a Leibniz e Locke. Tra scetticismo e nuova scienza. Scetticismo e teoria delle idee : Foucher, Malebranche e Desgabets. Teodicea e scetticismo. Pierre Bayle : dalla critica dell’evidenza alla crisi della metafisica cartesiana. Oltre il pirronismo : Leibniz, Bayle e il buon uso dello scetticismo. Empirismo e scetticismo : Locke e i limiti della conoscenza umana.
– 7. Scetticismo e Illuminismo. Berkeley e Hume. Analisi dell’esperienza, scetticismo e immaterialismo : George Berkeley. David Hume : scetticismo e scienza della natura umana. Credenze e apparenze. Il “paradosso più violento” : i dubbi su causalità ed esistenza esterna. Dal pirronismo alla filosofia accademica o scetticismo moderato. La “soluzione scettica”. La razionalità humeana e la funzione dello scetticismo. Un bilancio in chiaroscuro : Kant e lo scetticismo di Hume.
– Note. Indice dei nomi.
Perez-Parfait (Ambre), « L’héritage de La Boétie dans les textes libertins du xviie siècle », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé supra], p. 289-315.
« L’article étudie la filiation entre La Boétie et les libertins, en comparant le Discours de la servitude volontaire et deux textes de La Mothe Le Vayer. À partir de références précises à La Boétie qu’il nous faut parfois déchiffrer, l’auteur libertin réinvestit les thèmes essentiels du Discours. Le fondement de l’organisation politique est alors en jeu car Le Vayer oscille entre la délégitimation totale du politique et une forme de contractualisme acceptant l’idée d’un “droit naturel”. »
347Pitassi (Maria Cristina), (dir.), Firmin Abauzit (1679-1767). Production et transmission des savoirs d’un intellectuel au siècle des Lumières, Paris, Honoré Champion, Coll. « Vie des Huguenots », 2022, 250 p.
« Savant aux intérêts multiples – historiques, scientifiques et religieux, connu et estimé dans l’Europe du xviiie siècle, bien qu’ayant très peu publié de son vivant, Firmin Abauzit reste à beaucoup d’égards un mystère. Comment ce réfugié huguenot, arrivé à Genève encore enfant après la révocation de l’édit de Nantes, a-t-il pu bénéficier d’une réputation flatteuse dans la ville d’accueil alors que ses opinions hétérodoxes sur la trinité ou la christologie ou les prophéties bibliques étaient notoires ? Au-delà des étiquettes faciles, quelle était la nature exacte de son hétérodoxie ? Comment sa légendaire “modestie”, qui lui a fait refuser honneurs et charges publiques, se concilie-t-elle avec le fait de laisser copier et circuler abondamment en Europe ses manuscrits ? Quel rapport existe-t-il entre une telle circulation et son refus obstiné d’autoriser la publication de ses travaux ? Comment interpréter, dans son cas, la tension entre réputation et publication ? À ces questions, souvent escamotées ou abordées dans une visée hagiographique, le volume répond par une réflexion large qui croise l’histoire des religions, de la littérature, de la philosophie et du fait religieux. Une approche qui intègre des aspects peu ou pas du tout étudiés de la vaste production de l’auteur, tels que le rapport entre idolâtrie et religion, ou sa lecture de textes déistes anglais, ou encore ses écrits de controverse confessionnelle, mais qui reprend aussi, en les renouvelant, des thèmes plus classiques, comme la célèbre note de Rousseau sur Abauzit philosophe ou les éditions concurrentes qui ont été publiées peu après la mort du savant. »
– Maria-Cristina Pitassi : « En guise d’introduction : Firmin Abauzit, une prudence dissimulatrice ? (L’intégration sociale d’un hétérodoxe. Abauzit, auteur malgré lui ? Une stratégie ruinée ?) ».
– Daniel Barbu et Philippe Borgeaud : « Les réflexions sur l’idolâtrie de Firmin Abauzit » (Idolâtrie et histoire des religions à l’aube du xviiie siècle. Idolâtrie et athéisme : Abauzit en contexte. Culte extérieur et culte intérieur : l’idolâtrie en esprit. Culte civil et culte religieux : une idolâtrie politique ?
Aux sources de l’idolâtrie. Religion et politique : d’Abauzit à Rousseau. Loi de dieu, lois des hommes : Idolâtrie et tolérance religieuse).
– Yves Krumenacker : « Une controverse à l’époque des lumières : la Lettre à une dame touchant les dogmes de l’église romaine » (Publications du texte. La question de la lecture de la Bible. Les attaques contre Rome. Un protestantisme ambigu).
– Luisa Simonutti : « Abauzit, philosophe plutôt que socinien ? » (Introduction. Voltaire et le patriarche des ariens de Genève. Fragments et dichotomies. Lumière naturelle et liberté de l’homme : Spinoza et Locke. Les trois témoins célestes et le socinianisme. Mahomet et l’imposture. Tolérance. Conclusion. Annexe).
348– Jacopo Agnesina : « Abauzit lecteur des Droits de l’église chrétienne (1706) de Matthew Tindal » (The rights of the christian church asserted et son Extrait. L’origine du gouvernement. Les deux pouvoirs. Le droit d’excommunier. La discipline ecclésiastique. Déviances papistes).
– Martin Rueff : « “un vrai philosophe” : Rousseau, Abauzit et les noms du philosophe » (Une suite de notes de bas de pages à une note de Rousseau sur Abauzit ? « Une note sur Monsieur Abauzit ». Le langage indirect et la voix du silence. « Analogue sinon identique » ? Les amis philosophes).
– Dinah Ribard : « Publier M. Abauzit ».
– Maria-Cristina Pitassi : « Une mémoire disputée. Les coulisses de l’édition des œuvres posthumes de Firmin Abauzit » (Des débuts consensuels à l’épreuve de la censure genevoise. En chemin vers deux éditions concurrentes. En coulisse. En guise de conclusion).
– Barbara Roth-Lochner : « Firmin Abauzit et ses papiers, ou l’archétype de l’érudit » (Une collection hétéroclite. Legs, dons, achats : les différentes provenances. Caractéristiques des papiers Abauzit. Le Socrate genevois).
– Bibliographie. Index des noms propres.
Rovere (Maxime), « Shaping the Freedom of Speech. Toleration and Intimacy in Pieter Balling’s Light upon the Candlestick », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé supra], p. 103-136.
« Cet article présente une conception originale de la liberté d’expression et de la tolérance religieuse développée par Pieter Balling, proche ami et collaborateur de Spinoza, à partir d’une étude de son pamphlet La Lumière sur le candélabre (1662). En inscrivant ce texte dans les débats théologiques entre collégiants, quakers et mennonites, il met en valeur la notion d’intimité intersubjective et l’idéal d’une pastorale sans hiérarchie, offrant l’image d’un penseur à la fois radical et pacifique. »
Secretan (Catherine), « Qu’est-ce qu’être libertin dans les Pays-Bas au “siècle d’or” ? », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé supra], p. 19-46.
« Partant du terme “libertin” popularisé par Calvin et les calvinistes (orthodoxes) pour stigmatiser les “spiritualistes” et les “débauchés”, cet article a pour objet de retracer les grandes lignes d’une généalogie du courant “libertin” aux Pays-Bas, entre la moitié du xvie siècle et le milieu du xviie et de proposer une synthèse de ce qui caractérise l’esprit “libertin”. Dès les années 1660 Spinoza introduit une radicalité critique qui va bien au-delà des idées de son entourage. »
349Spaans (Joke), « “Twists and Turns. The Life and Work of Barent Hakvoord », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé supra], p. 191-219.
« Barent Hakvoord, petit fonctionnaire et théologien laïc au sein de la communauté locale, et proche collaborateur de Frederik van Leenhof, fut accusé de spinozisme et d’athéisme. Mais un examen approfondi de ses œuvres permet de remettre en question de telles accusations. Son utilisation de l’œuvre de Spinoza pour éclairer l’enseignement réformé orthodoxe montre comment à cette époque la philosophie et la théologie réformée étaient mêlées et ne pouvaient impunément être étudiées séparément. »
Storni (Marco), Maupertuis. Le philosophe, l’académicien, le polémiste, Paris, Honoré Champion, coll. « Les dix-huitièmes siècles », 2022, 306 p.
« Aujourd’hui presque oublié, Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759) est pourtant une figure majeure de la vie intellectuelle et institutionnelle du siècle des Lumières. Cet ouvrage se propose de renouveler l’image du savant en approfondissant certains aspects saillants de sa vie et de son œuvre, et de lui restituer ainsi la place qu’il mérite dans l’histoire de son siècle. Il s’agit notamment d’interroger la genèse et l’évolution de sa pensée philosophique, en dévoilant l’originalité de son épistémologie et de sa métaphysique. L’identité du “Maupertuis philosophe se construit en parallèle avec celle de l’“académicien” et du “polémiste”. C’est pourquoi ce volume consacre aussi un large espace à l’étude des milieux académiques où Maupertuis travailla, à Paris comme à Berlin, ainsi qu’aux controverses auxquelles il prit part. »
– Introduction. Maupertuis philosophe. Maupertuis académicien et Maupertuis polémiste.
– I. La jeunesse de Maupertuis. 1. Maupertuis à Paris. 2. Le mémoire Sur la forme des instruments de musique. 3. Maupertuis, Bernoulli et la querelle des forces vives. 4. Histoire naturelle et théorie morale chez le jeune Maupertuis. 5. Conclusion.
– II. Les cartésiens à l’académie des sciences avant 1732. 1. Newton et les premières réactions continentales à ses théories. 2. Malebranche et les malebranchistes. 3. Les Leçons de physique de Privat de Molières. 4. Le Nouveau système de Jean Bernoulli. 5. Qu’est-ce qu’être cartésien au xviiiesiècle ?
– III. Maupertuis newtonien. 1. Géométrie, physique, épistémologie. 2. Maupertuis et Jean Bernoulli. 3. Le Discours sur les différentes figures des astres. 4. Le parallèle entre Descartes et Newton. 5. La réception du Discours. 6. Après le Discours : le mémoire Sur les lois de l’attraction.
– IV. La controverse sur la figure de la terre. 1. La question de la figure de la terre à la fin du xviie siècle. 2. La question de la figure de la terre au début du xviiie siècle. 3. Questions de méthode. 4. La controverse sur la figure de 350la terre dans les années 1730. 5. Le voyage en Laponie. 6. La conclusion de la controverse. 7. Qu’est-ce qu’une controverse scientifique ?
– V. L’Académie de Berlin à partir de 1745. 1. Le projet de Maupertuis pour l’Académie de Berlin. 2. Les membres et les publications de l’Académie de Berlin à partir de 1745. 3. Jean Henri Samuel Formey : une introduction. 4. La logique de système et la preuve de l’existence de dieu a contingentia mundi. 5. Raison suffisante et physico-théologie. 6. Conclusion.
– VI. Cosmologie, épistémologie et métaphysique chez Maupertuis.1. Maupertuis critique de Newton.2. La cosmologie de Maupertuis : une perspective nouvelle. 3. La Loi du repos des corps. 4. Optique et métaphysique. 5. La téléologie chez Leibniz. 6. Le principe de moindre action et la preuve de l’existence de dieu.7. Conclusion.
– VII. Les controverses philosophiques à l’académie de Berlin. 1. La controverse sur les monades à l’académie de Berlin. 2. Euler versus Formey. 3. La méthode mathématique et les controverses philosophiques. 4. Le mathématisme philosophique de Maupertuis. 5. Maupertuis et les limites du mathématisme. 6. Controverses philosophiques et controverses scientifiques.
– Conclusion. Bibliographie. Index des noms. Table des illustrations.
Van Bunge (Wiep,) « Seventeenth-Century Dutch Libertines. Classicists, Spinozists, Travel Writers », Libertinage et philosophieà l’époque classique, no 19 (2022), [signalé supra], p. 47-72.
« Le libertinage fleurissait aux Pays-Bas, au xviie siècle, parmi les “classiques”, les spinozistes et les écrivains du voyage, en particulier. Les classiques à Leyde mettaient en question la fiabilité de l’Écriture comme source historique, mais aussi l’attitude Chrétienne envers la sexualité. Des admirateurs de Spinoza se mirent à ridiculiser la théologie Calviniste. Les écrivains de voyage étaient bien plus prudents en répandant leur doute sur la supériorité chrétienne européenne. »
Nouveaux Manuscrits
La moisson est très conséquente, cette année, en particulier grâce aux trouvailles de Maria Teresa Bruno. Elle nous signale en particulier un nouveau recueil, appartenant à la Bibliothèque du Patrimoine de l ’ Institut Catholique de Lille, composé de six copies manuscrites et deux imprimées (voir son article dans le présent volume : « Sur un recueil hétérodoxe de l ’ Institut catholique de Lille de provenance “Champbonin” »). Elle nous signale en outre un Traité de l’infini créé, un Examen critique des apologistes 351de la religion chretienne, un Cymbalum mundi, des Pensées et sentiments du curé Meslier, et une dizaine de manuscrits de Michel Servet conservés en bibliothèque à Harvard et à Amsterdam. M.T. Bruno signale en outre plusieurs manuscrits récemment mis en vente, parmi lesquels un nouvel ensemble au titre inconnu de Pensées philosophiques et critiques sur le christianisme, un manuscrit autographe des Mœurs de Toussaint (l’imprimé de 1748 fut sévèrement censuré), puis de nouvelles copies des Pensées philosophiques de Diderot et de La Religion Chretienne analysée. Parmi les autres signalements, mentionnons une copie des Lettres à Eugénie de d’Holbach (deux seuls autres ms. connus), repérée sur Ebay par Sylvain Matton.
[Recueil]. Bibliothèque du Patrimoine de l’Institut Catholique de Lille, cote 1.M.25. Recueil signalé par M.T. Bruno.
Voir, pour la description précise de cet ensemble au début de l’article de M.T. Bruno publié supra : « Sur un recueil hétérodoxe de l’Institut catholique de Lille de provenance “Champbonin” ». Toutes les pièces du Tome I sont manuscrites, ainsi que la première du second volume : rare copie (tardive) de la Théologie portative de d’Holbach (tous ces mss. sont d’une seule et même main). Les pièces 2, 3 et 4 du Tome II sont imprimées.
Tome I
– Doutes sur la Religion. Par le C.te de Boulainvilliers (f. 1-58) [Benítez no 72 ; sans doute tiré, avec le suivant, de l’imprimé de 1767].
– Analyse du Traité Théologi-politique de Spinosa (f. 59-115) [Benítez no 10 ; sans doute tiré, avec le précédent, de l’imprimé de 1767].
– Les Questions de Zapata traduites par le S.rTamponet Docteur de Sorbonne (f. 117-160). [Benítez (1996) no 151 ; plusieurs impressions à partir de 1766].
– Le Militaire Philosophe ou Difficultés sur la Religion proposées au Reverend Pere Mallebranche, Prêtre de l’Oratoire, par un ancien officier (f. 161-351) [Benítez no 53 – mais sans doute tiré de l’imprimé de 1768 ; copie rare faite sur cette édition].
Tome II
– Théologie portative ou Dictionnaire abregé de la Religion Chretienne. Par M. l’abbé Bernier Licencié en Théologie […] Londres, 1768 (f. 1-173). [copie apparemment unique à ce jour]
– L’homme aux quarante ecus, 1768 (2 p. n. n. +120 p., la Table et les Errata inclus). [Texte imprimé, ainsi que les deux suivants].
– Lettres chérakéesiennes. Mises en françois de la traduction italienne. Par J.J. Rufus, Sauvage Européen, À Rome […] MDCCLXIX (3 p. n. n. + V-VIII p. + 168 p.).
– L’américain sensé, par hazard en Europe ; et fait chretien par complaisance. À Rome, De l’imprimerie de sa Sainteté, MDCCLXIX (2 p. n. n. + 28 p.).
Pensées philosophiques et critiques sur le christianisme. 3 volumes, petit in-8 de 287-248-266 p., veau marbré, triple filets dorés, dos lisse orné, tranches 352dorées (reliure du xviiie s.). Manuscrit, signalé à nous par Maria Teresa Bruno et par Maria Susana Seguin, passé en vente chez De Baeque et Associés en décembre 2022 (lot 361). Estimé au départ entre 150 et 250 euros, vendu 2.400 euros. M.S. Seguin nous informe que la Bibliothèque de la Sorbonne en a fait l’acquisition : les 3 volumes y sont cotés MSB 8= 7, MSB 8= 8 et MSB 8= 9.
Voir https://www.debaecque.fr/lot/128999/19472592-manuscrit-anonyme-pensees-philsort=num&. Consulté le 3 avril 2023
Commentaire du marchand : « Intéressant manuscrit dont toutes les pages sont encadrées d’un filet rouge. C’est un recueil de pensées qui ont été jetées sur le papier, indique l’auteur. Sur la charlatanerie ecclésiastique et la superstition, le fanatisme, la discipline ecclésiastique, la morale, la philosophie… Mors faibles. »
Fig. 1 et 2.
Les Mœurs… MDCCXLVIII [de François-Vincent Toussaint]. « [France], F.-V. Toussaint early 1748, in-4o (236 x 168 mm.). Contemporary pagination : [viii], 3-270 p. In Toussaint’s small cursive hand. Late 18th-century calf-backed vellum-tipped pink pastepaper over boards (rebacked), gilt and lettered spine, uncut. ». Manuscrit mis au prix de 55.000 $, signalé à nous par Maria Teresa Bruno.
Voir https://www.mckittrickrarebooks.com/pages/books/05628/francois-vincent-toussaint/les-m-urs-mdccxlviii (consulté le 28 février 2023).
353Commentaires du marchand :
– « Scandalous, impious and blasphemous » (Paris Parlement, 6 may 1748).
– « Les Mœurs shook the foundations of French society. It was the first work to openly formulate the morality of secular and humanitarian happiness and, under the guise of a roman à clef, to unapologetically promote a universal virtue freed from religion. Together with Montesquieu’s De l’esprit des loix (1748) and the Encyclopédie prospectus (1750), Toussaint’s Les Mœurs crystalized Enlightenment ideas into a conscious project and catalyzed the French Revolution. »
– « A close collaborator of Diderot for the early volumes of the Encyclopédie, Toussaint fled to Bruxelles after the publication of Les Mœurs, then to Prussia, where Frederick the Great offered his protection. “Toussaint was…the first writer who was forced into exile by the harshness of the government” (Mornet, tr.). The book had at least ten printings the first year and thirty-eight to 1800. Toussaint sold the manuscript to his publisher, Durand, for 500 livres : the Chief of Police, Joseph d’Hemery, thought it yielded 10,000 livres. »
– « Here Toussaint made nearly six hundred additions, deletions and corrections – many midstream – as he wrote out this final draft. The first two chapters became a single “preliminary discourse”. The following chapters were renumbered and the whole divided into three parts. Bold statements praising natural religion and comparing the love of God to that of a wife or of a mistress are among the newly inserted passages. »
– « His interest in the physical details of the first edition extended to specifying the position of the etched title vignette, suppressing the imprint, requesting a typographic headpiece for the dedication to his wife (pp. [iii]-[iv]) and selecting the type size of the Avertisssement » (St. Augustin ; pp. [v]-vii]). « L’imprimé rend quatre pour cinq de mes cahiers ».
– « In good condition (two inner margins neatly strengthened), marginal introductory notes in two contemporary hands. »
Le vendeur remercie le « Dr. Martin Anton Müller of the Universität Wien, Dr. Gerhardt Stenger of the Université de Nantes and to the Staatsbibliothek zu Berlin for their invaluable assistance ». Il renvoie en bibliographie à : Adams, François-Vincent Toussaint : Life and Work PhD Diss. (1966) 29 ; Mornet, Les Origines intellectuelles de la Révolution française 74-5 ; Linton, “The Intellectual Origins of the French Revolution” in The Origins of the French Revolution ed. Campell 144-5 ; d’Hemery, Notes de police sur divers écrivains français du xviiie siècle (BnF ms. NAF 10783) f. 124 ; see Peignot’s Dictionnaire…des…livres condamnés au feu II : 162-3 and Quérard’s Livres à clef 107-8 and Gay’s Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour III : 246.
354
Fig. 3, 4 et 5.
355Examen critique des apologistes de la religion chretienne / Par Mr. Fréret, secretaire perpétuel de l ’ Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres. Columbia University, MS General 253. Manuscrit signalé par Maria Teresa Bruno.
Il est noté dans le catalogue (https://clio.columbia.edu/catalog/11375365, consulté le 28 février 2023) : « Scribal copy of work attributed to Nicolas Fréret which circulated in manuscript before its posthumous publication, without place or publisher’s name on title page, in 1766. / Manuscript in ink on paper ; laid-in slip of paper on which is written a note to page 11 in a different hand. / Contemporary marbled calf binding, flat gilt spine, marbled endpapers and page edges. »
Cymbalum mundi. Stockholm, National Library of Sweden, Engestr. Osign. 90. Copie du xviiie s, faite sur un exemplaire de 1538, de 2 + 128 p., signalée par Maria Teresa Bruno. Pièce digitalisée visible à l’adresse : https://libris.kb.se/bib/5jf9lwd93q0qj4d9 (consulté le 28 février 2023).
Titre exact : Cymbalum mundi ; / ou / Quatre dialogues de Bonaventure des Perriers, Valet de Chambre de Marguerite de Valois, Reyne de Navarre / « Ex libris Bon DG » [+ paraphe] / Avec une Lettre Critique, dans laquelle on justifie [scil. on disculpe ou innocente] cet ouvrage d’Atheisme et d’Impieté. « Ex libris Johannis Baptistae Buccarelli, 1793 », plus une armoirie portant la devise « speravit infestis » (« Dans l’adversité, il espérait »). C’est la devise que s’était choisie le comte et homme d’État suédois Lars von Engeström (ou Engestroem, 1751-1826). Un article lui est consacré dans la Biographie universelle de Michaud (t. 63, Supplément D.-F., Paris, Michaud, 1837, p. 369-371). Le baron D.G. et J.B. Buccarelli restent à identifier.
356Fig. 6 et 7.
357Traité de l ‘ infini crée / attribué au P [ ère ] Malebranche. Philadelphia, University of Pennsylvania, Penn Libraries, Ms. Codex 968. 86 p., papier de 208 x 160 (156 x 105) mm, dans une reliure de 214 x 162 mm. Document digitalisé, signalé par Maria Teresa Bruno :
https://colenda.library.upenn.edu/catalog/81431-p3kk94c80 (consulté le 28 février 2023).
Commentaires. « Treatise from a Cartesian viewpoint on the infinity of the universe and transubstantiation. » « [By] Jean Terrasson (1670-1750), 1700. Provenance : sold by Boussus, 1915. »
– « Ms. codex. Origin : Written in France in the 18th century. Title from title page (f. 1r). Author from the research of André Robinet (Œuvres complètes de Malebranche, t. 17 (1960) pt. 1, p. 450-454, and t. 20 (1967) p. 321-326). The attribution to Malebranche, which appeared on the edition published in 1769, is considered apocryphal. Robinet also discusses attributions to the Comte de Boulainvilliers, P.V. Faydit and Pierre Varignon. Foliation : Paper, i + 86 + i ; [1-86] ; modern foliation in pencil, upper right recto. Binding : contemporary half leather (Zacour-Hirsch) ; upper cover detached. Layout : written in 15-17 long lines ; vertical margins marked by folding ; French. »
Pensées et sentiment [ s ] du Sieur Meslier Prêtre Curé d ’ Étrépigny en Champagne, 1755. Yale, Archives, LWL MSS 11, Series III [in Box 9, Folder 43 : Mixed Materials]. Signalé par M.T. Bruno.
Voir https://archives.yale.edu/repositories/8/archival_objects/3339128, consulté le 3 avril 2023. La notice – vraiment trop laconique – indique seulement que ce manuscrit (inconnu) comporte une « annotation au crayon au verso [?] d’une main différente » et provient de Wilmarth Sheldon Lewis (1895-1979). Cependant M.T. Bruno a contacté la Bibliothèque, qui lui a précisé que le ms. compte 86 pages de texte et mesure 22,5 cm de hauteur sur 17 de large. M.T. Bruno a aussi obtenu des photos qu’elle peut communiquer à des chercheurs.
La Religion Chretienne analisée 1764. Volume in-4 (25,4 x 17,5 cm). 105 pages, collationné complet. Reliure de l’époque en veau, dos lisse orné, gardes de papier marbré, tranches mouchetées (usures et manques). Manuscrit mis en vente sur ebay (avec un certain nombre de photos) au prix de 1800 € en février 2023. Signalé à nous par M.T. Bruno.
Lien : https://www.ebay.fr/itm/394459596193?hash=item5bd79fc5a1:g:u-YAAOSwTv1j6MO-&amdata=enc:AQAHAAAAsKhQfigDOgKqDO3HZAM7uFoGH5SrFdTcxie9CHWzP9IAIO4Bw9hoULgQrrZ+bqEBnA9khao4V1nzww72GwcOvjfOuii8bWdYjYJlooRmEn2+AcNTw1GOv6w1wS5tNSOQW3589xy1DEqM0+2Au4hVRmQ3WkVPJTnIj5WGbZoBUuqfE99l/a3uCP4DYJU/cZ9ytRpTXW7oQfmOzY+VtInj+6WL0lOdNAxVexHM3bmhUQbDHKd%7Ctkp:Bk9SR6j-lLjJYQ. Consulté le 3 avril 2023.
Notice du vendeur :
« Très important manuscrit clandestin qui circula de façon importante dans le milieu intellectuel des Lumières (voir Miguel Benítez, La Face cachée des Lumières qui décrit et analyse longuement ce texte). Il fut attribué à Voltaire qui publia ce manuscrit pour la première fois – de façon lacunaire – dans le Recueil nécessaire en 1765, attribué également à Nicolas Fréret (et publié dans ses Œuvres en 1792) ainsi qu’à Dumarsais (publié dans ses œuvres en 1797).
L’ouvrage est une importante réflexion critique sur la religion et se divise en deux parties dans à peu tous les manuscrits connus, la première étant le texte proprement dit (page 1 à 51 dans le présent manuscrit) et la seconde les Notes sur la Religion Analisée (ici p. 52 à 105), les deux textes n’étant pas du même auteur. »
« M.S. Seguin :“Il apparaît pourtant clairement que l’auteur des Notes est différent de celui du manuscrit principal, au point que deux des copies conservées (Mazarine 3564 et Rouen 1571) conseillent au lecteur d’en faire une lecture indépendante : “Les notes n’étant point de l’auteur du texte on peut les lire après. Cela est même nécessaire, car la longueur de ces remarques empêcherait qu’on ne sentit la force des raisonnements que le lecteur trouvera dans cette analyse de la religion.” » [Source : https://www.erudit.org/fr/revues/tce/2006-n81-tce1616/014961ar/, consulté le 3 avril 2023].
« Le présent exemplaire, comme les deux citées par M.S. Seguinà La Mazarine et Rouen possède cet avertissement au verso du titre (voir photo). La page de titre du présent manuscrit indique que l’ouvrage fut écrit par un Anglais Thomas… et traduit soit disant par Saint Evremond ou par Dumarsais. »
« Bel et important manuscrit clandestin des Lumières, parfaitement calligraphié et lisible, papier et encre en parfait état de conservation. »
« On connait environ 25 exemplaires de ce manuscrit conservés dans les bibliothèques françaises et étrangères, en mains privées il est de toute rareté. »
Ce manuscrit a la même provenance que le manuscrit suivant (Pensées philosophiques) : y figure la même note au bas de la page de titre : « Recopié sur mon manuscrit en [biffé] par un ami qui, à cette condition, l’a gardé. Il ne m’en a coûté que le papier et la reliure. »
359Fig. 8 et 9 – Photographies reproduites avec l’aimable autorisation du vendeur.
360Pensées Philosophiques par Diderot. 1765. Volume grand in-8 (23,5 x 17,5 cm) de 84 p. et 17 feuillets blancs à la fin, collationné complet. Reliure de l’époque en plein veau, dos lisse orné, pièce de titre en maroquin rouge, grades de papier marbré, tranches rouges (frottements et défauts d’usage). Mis en vente sur ebay en février 2023 (avec un certain nombre de photos) au prix de 1200 €. Signalé à nous par M.T. Bruno.
Lien ebay : https://www.ebay.fr/itm/394459524257?hash=item5bd79eaca1:g:mgYAAOSw7CBj6LfY&amdata=enc:AQAHAAAAoDSRUfqepjOYVPCh9BtY3SojN2lLWUfO+oiwoiNwAO3r8SDaeUA5hSIs7aC4H06OB4kvzi5C0diVlYfP5N0lk+TfLhyATZWVoGRxhekOLDdPyD37DYNGjT/
D2hOnTCP0KElMvl5cqcEHPfr3FVIJQRaUgnlL7+rnDbepYRnpdtU
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7Ctkp:Bk9SR_L1vLjJYQ
Notice du vendeur :
« Très belle copie manuscrite datée de 1765 des Pensées Philosophiques de Diderot, très jolie calligraphie d’une parfaite lisibilité dans un encadrement à l’encre rouge sur un beau papier vergé de beau format, aucun défaut d’encre et papier en parfait état tout le long du manuscrit. »
« Dans ce premier texte personnel, Diderot critique les dévots, leurs préjugés religieux, leur superstition, “plus injurieuse à Dieu que l’athéisme”, et leur fanatisme. Il expose ensuite les trois positions philosophiques relatives à l’existence de Dieu : l’athéisme, le scepticisme et le déisme. »
« Naturellement, cette attaque contre la religion établie fit scandale, ce que Diderot avait bien entendu anticipé : “Je connais les dévots : ils sont prompts à prendre l’alarme. S’ils jugent une fois que cet écrit contient quelque chose de contraire à leurs idées, je m’attends à toutes les calomnies qu’ils ont répandues sur le compte de mille gens qui valaient mieux que moi. Si je ne suis qu’un déiste et qu’un scélérat, j’en serai quitte à bon marché” (LVII). »
« En 1746, le livre est condamné par un arrêt du parlement de Paris. L’arrêt reproche notamment aux Pensées philosophiques de présenter “aux esprits inquiets & téméraires le venin des opinions les plus criminelles & les plus absurdes dont la dépravation de la raison humaine soit capable ; & par une incertitude affectée, place toutes les Religions presque au même rang, pour finir par n’en reconnaitre aucune”. »
« Très rare copie manuscrite des Pensées, important texte fondateur des Lumières et premier véritable écrit de Diderot. »
Ce manuscrit a la même provenance que le manuscrit suivant (La Religion chrétienne analysée) : y figure la même note au bas de la page de titre : « Recopié sur mon manuscrit en [biffé] par un ami qui, à cette condition, l’a gardé. Il ne m’en a coûté que le papier et la reliure. »
361Fig. 10 et 11 – Photographies reproduites avec l’aimable autorisation du vendeur.
362Holbach (baron d’), Lettres à Eugénie ou préservatif contre les préjugés, 1768, 2 vol. Manuscrit mis en vente sur ebay à l’automne 2022, et de nouveau en février 2023, au prix de 6000 €. Signalé à nous par Sylvain Matton.
Rare copie de cet écrit. Deux autres exemplaire sont connus connu : Nantes, BM, 206 (Benítez 1996, no 113) et l’exemplaire en possession de Muriel Adrien signalé dans La Lettre clandestine, no 29 (2021), p. 530-531 (copie digitalisée : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/notice/254038220, consulté le 28 février 2023)
Source ebay :
https://www.ebay.fr/itm/255832231980?mkevt=1&mkpid=0&emsid=e11021.m43.l1120&mkcid=7&ch=osgood&euid=862c314173584ddda3c71aee3281be3e&bu=43061653064&ut=RU&exe=0&ext=0&osub=-1%7E1&crd=20221117051757&segname=11021. Consuté le 3 avril 2023.
Le vendeur note que ce manuscrit comporte « des ratures, des rectifications, des annotations dans la marge ». Il suppose pour cela, probablement à tort, qu’il pourrait être antérieur à l’édition.
363Fig. 12 et 13 – Images reproduites avec l’aimable autorisation du vendeur ;
nous en conservons d’autres – A.M.
Manuscrits de Michel Servet
signalés par M.T. Bruno
Michael Servetus, Christianismi restitutio, 1786. 737 p., 24 cm. Harvard University, Houghton Library, MS Lat 217.
Voir http://id.lib.harvard.edu/alma/990093965390203941/catalog (consulté le 3 avril 2023) qui précise : « Transcription written in an unidentified hand in Vienna from the Szant-Ivanyi copy of the print edition of 1553, and used by Christoph Gottlieb von Murr for his reprint of 1790, published in Nurnberg. / Engraved portrait of Servetus by Johann Christian Gottfried Fritsch after Christoffel van Sichem. / Includes offprint of Leonard Leopold Mackall, “Servetus Notes,” 1919. / Bound in tan German calf with a marbled inlay and gilt edges. »
De Trinitatis erroribus libri septem : per Michaelem Serveto, alias Reves ab Aragonia Hispanum. Anno M.D.XXXI. 173 p., 22 cm. Harvard, Houghton Library GEN MS Lat 24.
Voir http://id.lib.harvard.edu/alma/990092999810203941/catalog (consulé le 28 février 2023), qui précise : « Source of acquisition unknown ». / 364« Transcription with marginal notes in an unidentified hand ; a double hyphen divides the word “Trinitatis” in lines 1 & 2 of the title, thereby distinguishing it from the later 1721 edition. / In a mottled paper binding ; in a protective tray case, 22.5 cm. »
Dialogorum de Trinitate libri duo : de justicia regni Christi : capitula quatuor. Pagination et format non précisés. Harvard Divinity School Library, Special Collections, BT110.S48.
Voir http://id.lib.harvard.edu/alma/990094445640203941/catalog (consulté le 28 février 2023) qui précise que ce ms. provient de la Niedner Collection (no 3237) et fut « possibly copied by Samuel Crell [1660-1747]. ».
De Trinitatis erroribus libri VII / manuscript. [between 1531 and 1714]per Michaelem Servetum alias Reves ab Arragonia Hispanum. Anno MDXXXI. 169 p., 21 cm. Harvard Divinity School Library, Special Collections, BT110.S48 1534.
Voir http://id.lib.harvard.edu/alma/990096008170203941/catalog (consulté le 3 avril 2023). Ce ms. provient, comme le précédent de la Niedner Collection (no 3236). Le catalogue précise : « Handwritten ms. probably created after the published text’s original publication in 1531 / P. 151-153 : biographical info. on Michael Servetus. / P. 153-169 : excerpt from a work of “Gottfrid Arnold” [sic] ».
Christianismi restitutio / Totius Ecclesiae Apostolicae est ad sua limina vocatio / in integrum restituta / cognitione Dei, fidei Christi, Justificationis nostrae, regenerationis baptismi, et coenae Domini manducationis / Restituto deniq [ ue ] nobis regno coelesti, Babylonis impiae captivitate soluta et Anti-Christo cum suis penitus destructo / MDLIII. [16] + 734 p., 24 cm. Harvard Divinity School Library, Special Collections, BT110.S48 1719.
Manuscrit daté de 1719. provenant, comme les deux précédents, de la Niedner Collection (no 3235). Le catalogue (http://id.lib.harvard.edu/alma/990094468610203941/catalog, consulté le 3 avril 2023) précise : « Preliminary (p. [3]) by Krell : “Adsribo ista Koenigswaldiaeae Anno. 1719. d. 19. Febr.” » / « Spine title :Mich. Serveti Restitutio Christianismi. Mist. »
De trinitatis erroribus libri VII et Michael Servetus, Dialogorum de trinitate libri duo ; De Iusticia regni Christi capitula IV. Ms. du xviiie s. 180 p., 16 cm (in-8o), vélin et illustrations colorées. Universiteit van Amsterdam, Bibliotheek, Allard Pierson Depot, PH481 B.
365Voir https://pid.uba.uva.nl/ark:/88238/b19940540072005131 (consulté le 3 avril 2023). Ce volume ayant appartenu à Bernard C. Middleton (1924-2019) fait partie de la Bibliotheca Philosophica Hermetica State collection. Ancienne cote : M 433.
De trinitatis erroribus libri septem per Michaëlem Serveto alias Reves ab Arragonia Hispanum Anno M.D.XXXI. Ms. du xviiie s. 119 p., 20 cm (in-4o). Reliure demi-vélin à plats marbrés. Universiteit van Amsterdam, Bibliotheek, Allard Pierson Depot, PH419 B.
Voir https://pid.uba.uva.nl/ark:/88238/b19940537539505131 (consulté le 28 février 2023). Et les précisions : « Transcribed from the edition S.l., s.n., 1531. / On pastedown : bookplate “E libris Roberti comitis de Crewe” ; label with crossed C’s ; and label showing a horizontal line in a circle in a dotted double square. / Bound with a copy of Henricus ab Allwoerden », Historia Michaelis Serveti, Helmstadii, stanno Bucholtziano, 1728. Ce volume fait partie de la Bibliotheca Philosophica Hermetica State collection. Ancienne cote : M 333.
De trinitatis erroribus libri VII per Michaelem Servetum alias Reves, ab Arragonia Hispanum anno mdxxxi Hagenoviae. Ms. du xviie s. 79 f. (paginés 2-156), 22 cm. Papier de reliure grossier (maculature) avec des plats marbrés. Universiteit van Amsterdam, Bibliotheek, Allard Pierson Depot, PH474.
Voir https://pid.uba.uva.nl/ark:/88238/b19940525233405131 (consulté le 28 février 2023), avec cette intéressante précision : « Paginated :. Inscription on pastedown : Nach [..] gelehrten Lexico wird dieses rare buch mit 20 ducate bezalt (repeated with variants on torn last leaf). » En outre : « Inscriptions on title page : “Ex donatione Dom. Doctoris et Archivarii Rucker d. 19 July 1794” and “Msct. 6. 14” ». Ce volume fait partie de la Bibliotheca Philosophica Hermetica State collection. Ancienne cote : M 412.
De trinitatis erroribus libri septem. Per Michaelem Serveto, alias Reves ab Aragonia Hispanum, Anno mdxxxi. 1700 ? [4] + 253 + [3] p. ; 22 cm. University of Oklahoma, History of Science Collection, 3319042-1001.
https://ou-primo.hosted.exlibrisgroup.com/permalink/f/sl6asd/NORMANLAW_ALMA21386439040002042 (consulté le 28 février 2023). Description : « A copy of the banned anti-trinitarian tract. This manuscript follows the only printed edition of Servetus’s book. / Handwritten by two unknown scribes ; the first transcribed the general text of Michael Servetus’s On the errors of the Trinity in black ink, while the second added the sub-title, made marginal additions, and text corrections in brown ink. / In slipcase. / Bookseller’s clipping pasted to p. [2] of cover. »
- CLIL theme: 3129 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie moderne
- ISBN: 978-2-406-15052-7
- EAN: 9782406150527
- ISSN: 2271-720X
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15052-7.p.0311
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 06-21-2023
- Periodicity: Annual
- Language: French