La fiction littéraire a suscité l’intérêt de nombreuses disciplines de recherche, qui ne tiennent pas toutes le même discours sur la nature du lien entre représentations fictionnelles et non fictionnelles. Existe-t-il des formes hybrides, entre Histoire et fiction, ou gagne-t-on au contraire à penser l’étanchéité de la frontière entre ces deux types de représentation ? La fictionnalité est-elle un prédicat scalaire, ou tous les récits d’imagination sont-ils fictionnels au même degré ? Ces questions qui opposent aujourd’hui encore les narratologues aux théoriciens des mondes possibles, les philosophes du langage aux linguistes, se sont posées aux auteurs, lecteurs et critiques du xviie siècle. La pensée de la fiction connaissait alors un bouleversement majeur : mue par l’exigence d’une vraisemblance nouvelle, car historique, la fiction semblait s’avancer sur les terres de l’Histoire. Pour toutes ces raisons, les nouvelles historiques galantes constituent un observatoire de choix où éprouver la validité de nos théories modernes de la fiction, et leur aptitude à décrire des corpus anciens.
En prêtant attention à la langue dans laquelle s’écrit la nouvelle, au regard des pratiques du roman et de l’Histoire, nous nous demanderons donc dans quelle mesure la fiction réaliste de la fin du xviie siècle se laisse décrire comme une « une mimèsis de formes factuelles1 », et dans quelle mesure elle semble mobiliser, plutôt, une langue qui lui est propre.
1 Genette, Gérard, Fiction et diction, ouvr. cité, p. 165.
Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique