Si l’introduction au De fato annonce une exposition de la doctrine aristotélicienne « sur le destin et sur ce qui dépend de nous », la première partie, comme on l’a vu, porte en fait presque exclusivement sur le destin. À la fin du chapitre 6, c’est d’ailleurs ainsi qu’Alexandre résume le travail opéré par son enquête : « Et voilà, pour mentionner ses têtes de chapitre, la doctrine du Péripatos sur le destin1. » Concernant le second pan du programme, à savoir la doctrine relative au τὸἐφ’ἡμῖν, la première partie du traité ne donne finalement que peu d’indications. Cette observation suggère que, même si l’on parle parfois – je l’ai fait moi-même à plusieurs reprises – de pars construens et de pars destruens pour distinguer les deux parties du De fato, la pars destruens ne mérite pas complètement cette appellation car c’est principalement elle qui assume la fonction de présenter la conception péripatéticienne de « ce qui dépend de nous ». Il faut donc maintenant examiner comment cette partie, tout en étant essentiellement réfutative, utilise la conception compatibiliste de la responsabilité développée par les Stoïciens comme un contre-modèle pour formuler une position péripatéticienne sur la question.
1De fato 6, Bruns p. 171, 17 : καὶαὕτημὲνἡπερὶεἱμαρμένηςὡςἐπὶκεφαλαίωνεἰπεῖνκατὰτοὺςἀπὸτοῦΠεριπάτουδόξα.