Dans une vraie description, il ne faut rien oublier1.
Quand on conte quelque chose, il faut y mettre la paille et le blé, et dire tout2.
La vérité, me direz-vous, est souvent froide, commune et plate ; par exemple, votre dernier récit du pansement de Jacques est vrai, mais qu’y a-t-il d’intéressant ? Rien. – D’accord. – S’il faut être vrai, c’est comme Molière, Regnard, Richardson, Sedaine ; la vérité a ses côtés piquants, qu’on saisit quand on a du génie. – Oui, quand on a du génie ; mais quand on en manque ? Quand on en manque, il ne faut pas écrire3.
1 Charles Sorel, Polyandre, histoire comique, Paris, chez la Veuve de Nicolas Cercy, 1648, p. 472 [cité par Henri Coulet, Marivaux romancier, p. 428, note 245].
2 Marivaux, Pharsamon ou les Nouvelles Folies romanesques, p. 598.
3 Diderot, Jacques le Fataliste, dans Œuvres romanesques, Classiques Garnier, éd. Henri Bénac, 1965, p. 526.