Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : L’Image brisée aux xvie et xviie siècles. Breaking the Image in the Renaissance
- Pages : 309 à 313
- Collection : Rencontres, n° 412
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 103
Résumés
Christian Belin, « Introduction. L’image indécise »
Les treize études s’interrogent sur les deux temps d’une même opération subversive, geste violent et aussi processus, en France et en Angleterre aux xvie et xviie siècles. On a certes brisé, saccagé les images, mais cet iconoclasme concret s’inscrit dans le cadre plus général d’un renouveau des modes traditionnels de la représentation verbale ou figurée. Ces travaux explorent les possibilités d’un affranchissement épistémologique, esthétique ou idéologique qu’offre la brisure de l’image.
Mots-clefs : littérature du xvie siècle, littérature du xviie siècle, histoire des idées, France, Angleterre, Pays-Bas, histoire de l’art, iconoclasme, image
Michèle-Caroline Heck, « Construction et destruction de l’espace pictural du tableau »
La destruction des tableaux a servi une reconstruction d’un nouvel espace pictural dont il convient d’étudier les paradigmes et les modes de fonctionnement. Briser l’image, c’est en dissocier les parties, ou y introduire des éléments étrangers. La déconstruction entraine une reconstruction autour de paradoxes sous formes d’éléments apparemment contradictoires. Briser l’image n’ouvre-t-il pas sur une rhétorique de paradoxes qui se substituent alors au fondement de la peinture ?
Mots-clefs : théorie de la peinture, Martin de Vos, Pieter Aertsen, Joachim Beuckelaer, perspective, decorum, Poussin, Rubens, Cornelis Norbertus Gijsbrecht, Pays-Bas
Stuart Sillars, « Shakespeare’s Visual Fractures. Mirror and Perspective in Richard II »
Shakespeare utilise le terme de perspective, conscient des possibilités multiples de l’exploitation de l’anamorphose en théâtre ; le miroir, objet 310scénique, représente aussi la vision et ses troubles. Ces détournements visuels suggèrent des sens cachés, les exploitent de manière complexe tant sur le plan thématique que sur le plan métaphorique. Ces images brisées aux fonctions spécifiques en théâtre s’inscrivent plus largement dans le débat qui oppose représentations verbale et figurée.
Mots-clefs : mythologie, Narcisse, George Gascoigne, Giovanni Bellini, The Mirrour for Magistrates, perspective
Christian Belin, « Le portrait aboli. Un enjeu de l’écriture moraliste au xviie siècle »
« L’homme et son image » (La Fontaine) constitue l’un des concepts centraux de l’enquête menée par les écrivains moralistes du Grand siècle, alors même qu’ils insistent sur l’impossibilité radicale d’un portrait achevé. Pierre Nicole, en particulier, souligne le nécessaire éclatement fragmentaire de tout portrait, dans l’abolition des signes et le paradoxe des fausses ressemblances.
Mots-clefs : littérature épistolaire, xviie siècle, portrait mondain, théologie, mandylion, hagiographie, Contre-réforme, Port Royal.
Agnès Lafont, « Éclats et fragments de l’image mythologique de Myrrha dans The Mother of Adonis: Or, Lustes Prodigies (1607) de William Barksted »
Cet article examine l’épyllion mythologique érotique, Myrrha, The Mother of Adonis: Or, Lustes Prodigies, qui reprend la fable ovidienne de Myrrha. Brisant avec la tradition morale qui utilise Myrrha et son inceste comme un exemplum in malo, William Barksted en offre une reconfiguration qui titille le lecteur. Puisant tant dans l’héritage antique et que dans les étapes de sa transmission, notamment par l’Ovide moralisé, ce poème reflète et déconstruit le processus mythopoïétique, libérant son énergie érotique.
Mots-clefs : mythologie amoureuse, métamorphoses, poésie anglaise, Renaissance anglaise, traduction, Shakespeare, emblème, métaphore
Charles Moseley, « “Look on this Picture, and on this”, or “Words, Words, Words”? »
L’expérience théâtrale à la Renaissance porte un héritage iconographique riche et complexe en dépit des querelles religieuses qui pourraient laisser penser que l’iconoclasme a fait table rase de certaines images. L’utilisation du code 311emblématique dans la figuration sur la scène théâtrale, en décalage avec le script de la pièce, offre de nombreux exemples de la survivance de fragments d’images et de leur influence ironique sur la réception du spectateur de l’époque.
Mots-clefs : théâtre anglais, emblème, Renaissance anglaise, réception, Hercule, mythologie, médaille
Marguerite Tassi, « “Who Hath Martyred Thee?”. Responding to the Broken Image of the Body in Shakespeare’s Titus Andronicus »
L’article conduit un projet de lecture phénoménologique portant sur la corporéité à la Renaissance, sur la scène élisabéthaine, à partir de la tragédie de William Shakespeare, Titus Andronicus. L’enquête part du corps violé et mutilé de Lavinia, exposé sur scène, pour explorer d’une part l’expérience sensorielle de la douleur et de la brisure donnée à voir en théâtre et afin, d’autre part, de tenter une phénoménologie des émotions du spectateur.
Mots-clefs : Renaissance anglaise, femme, martyre, Richard Verstegan, John Foxe, théâtre anglais, Contre-réforme, corporéité
Inès Kirschleger, « Conjurer la brisure et la déliaison. L’image de la colombe chez les réformés Français au lendemain de la révocation de l’édit de Nantes »
La résurgence en régime réformé de l’image de la colombe, jusque-là dévolue dans la tradition chrétienne à la représentation de l’oraison mentale, témoigne plutôt d’une adaptation aux exigences d’une situation de crise (l’exil, la persécution des fidèles réformés) et d’une volonté de trouver un style propre à faire valoir sa spécificité confessionnelle. L’image traditionnelle de la colombe se diffracte et se recompose, au gré des emprunts bibliques, textuels et imaginaires.
Mots-clefs : xvie siècle, xviie siècle, histoire des idées, Réforme, Jean Chevallier, Claude Brousson, bestiaire religieux
Ralph Dekoninck, « Une idolâtrie iconoclaste. Usures et brisures pieuses des images saintes »
Peut-on briser une image par excès de dévotion ? L’existence d’un tel iconoclasme est attestée dans les pratiques de dévotion entourant les images miraculeuses de la Vierge dans les anciens Pays-Bas catholiques du xviie siècle. Le cas de ces images témoigne de l’ambivalence des comportements dévotionnels 312à l’égard de cette figure féminine déchaînant des passions balançant entre adoration et exécration, iconoclasme et idolâtrie n’étant finalement que les deux faces d’une même médaille.
Mots-clefs : xviie siècle, histoire des idées, iconoclash, défiguration, catholicisme, Contre-réforme.
Catherine Pascal, « L’Image brisée d’Élisabeth Ire d’Angleterre dans La Cour Sainte (1624) de Nicolas Caussin (S.J.) »
Le Jésuite Nicolas Caussin publie un best-seller du xviie siècle, La Cour sainte (1624-1636), réédité (jusqu’en 1691) et même traduit. Dans la galerie de « Reynes et de Dames » qu’il reconstitue dans la version publiée en 1647, le Jésuite, dans une rhétorique de l’éloge et du blâme, exalte les vertus de « l’incomparable Marie Stuart » et proclame son « innocence » en brisant l’image de sa rivale et persécutrice, « l’hérétique Elizabeth », en un diptyque.
Mots-clefs : reine, xviie siècle, histoire des idées, galeries de femmes, bible, héroïnes, hagiographie, Contre-réforme
Martin Dzelzainis, « “…Ridiculous Pictures, and Odious Medails”. Visual Propaganda in the Second and Third Anglo-Dutch Wars »
Bien que l’iconoclasme soit fréquemment considéré comme une intervention provenant des couches populaires, le bris violent ainsi que la manipulation des images était aussi le fait de l’État lors de la première modernité. Ce chapitre analyse certains aspects de la propagande néerlandaise au cours des années 1660 et 1670 ainsi que les réponses anglaises qu’elle a suscitées.
Mots-clefs : médaille, xviie siècle, histoire des idées, guerre, Réforme, Révolution anglaise, Pays-Bas, gravure politique, autorité
Nicholas Myers, « Objet somatique inébranlable, missile discursif imparable. Eikonoklastes contre Eikon Basilike »
Deux ouvrages traduisent les oppositions politiques et philosophiques fondamentales portant sur la notion d’autorité, après l’exécution de Charles ier, en janvier 1649. Charles, dans Eikon Basilike, se présente comme martyr ; une image textuelle corroborée par sa présence physique sur l’échafaud – jouant ainsi sur les deux corps du roi. Le pamphlet du poète John Milton, 313Eikonoklastes (1649-1650), brise, lui, cette image du martyr en se situant sur le terrain juridique.
Mots-clefs : xviie siècle, histoire des idées, statue, Angleterre, pamphlet politique, iconoclasme, iconolâtrie
Laïla Ghermani, « De l’image brisée au corps démembré du saint. John Milton et la réinterprétation du discours iconoclaste dans les années 1640 »
Ce chapitre jette un nouvel éclairage sur le paradoxe critique établi qui oppose la poésie imagée de John Milton et sa condamnation virulente des images dans ses pamphlets, grâce à l’étude de l’image du corps du martyr. Celle-ci offre une métaphore-clef de sa vision de la Réforme qui permet de comprendre la représentation du divin dans sa prose et dans sa poésie.
Mots-clefs : xviie siècle, histoire des idées, puritanisme, autorité, corporéité
Lois Potter, « The Royal Image and the Royal Oak, 1649-1667 »
Que l’exécution de Charles ier présente une image brisée au sens propre comme au figuré, l’ouvrage Eikon Basilike l’atteste par son frontispice illustré et par le témoignage du monarque qu’il est censé incarner. De même, ironiquement, la mort de Cromwell, commémorée par les panégyriques ultérieurs, illustre ce processus de brisure, soulignant par là la persistance et la labilité des métaphores arboricoles.
Mots-clefs : médaille, xviie siècle, histoire des idées, Réforme, Révolution anglaise, métaphore
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06822-8
- EAN : 9782406068228
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06822-8.p.0309
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/08/2019
- Langue : Français