Avertissement du traducteur
- Publication type: Book chapter
- Book: L’Éthique d’Épicure. Les plaisirs de l’invulnérabilité
- Pages: 7 to 8
- Collection: The Ancient and Modern - Studies in Philosophy, n° 21
Book chapter: 1/12 Next
Avertissement du traducteur
Le livre de Phillip Mitsis Epicurus’Ethical Theory, publié en 1988 aux éditions Cornell, a fait date dans l’histoire des études épicuriennes et est rapidement devenu pour celles-ci un ouvrage de référence. Il est pour beaucoup dans le regain d’intérêt savant, caractéristique de ces dernières décennies, pour une doctrine jusque là souvent traitée de haut et passablement négligée.
Vingt-cinq ans plus tard, l’intérêt de ce travail reste entier pour les spécialistes de la pensée antique, mais aussi pour tous ceux qui sont concernés par les questions de philosophie morale. Un des choix remarquables de l’auteur consiste en effet à interroger la spécificité et la cohérence des thèses éthiques de l’épicurisme non seulement par le biais d’une analyse intrinsèque approfondie, mais aussi par une reconstruction des problèmes spécifiques dont ces thèses procèdent : le sens de la mort et les affects qu’engendrent sa représentation ; le rapport du bien et du plaisir ; la nature des vertus ; la compatibilité de l’hédonisme et de l’altruisme ; la nature exacte et la signification éthique du libre arbitre, en particulier.
Cette méthode authentiquement philosophique permet à l’auteur, enfin, d’inscrire les éléments de la doctrine épicurienne dans l’histoire des problèmes et des concepts moraux par des comparaisons rigoureuses avec, d’une part, les systèmes et doctrines des rivaux contemporains du Jardin (Académiciens, Péripatéticiens, Cyrénaïques, Stoïciens) et, d’autre part, les théories modernes dont on a pu les rapprocher : l’hédonisme et l’utilitarisme en particulier.
Le tout conduit Phillip Mitsis à renouveler à bien des égards l’interprétation d’une doctrine complexe, avec une pénétration qui a été reconnue dès la publication. Autant de bonnes raisons, donc, de rendre son travail accessible à un large public francophone.
Il faut souligner que l’ouvrage présenté ici est considérablement augmenté par rapport à l’original. Les lecteurs y trouveront en effet un
chapitre supplémentaire inédit sur la question de la mort, un appendice également inédit au dernier chapitre sur le problème du libre arbitre, ainsi qu’un appareil bibliographique en deux parties entièrement refondu et mis à jour.
Ma gratitude va à Phillip Mitsis, pour sa disponibilité et ses précieux éclaircissements, ainsi qu’à Thomas Benatouïl, pour sa lecture patiente, exigeante et compétente de mon manuscrit, qui m’a épargné un nombre incalculable d’erreurs. Celles qui subsistent relèvent évidemment de ma seule responsabilité. Je ne saurais, enfin, trop remercier Francesco Verde, qui a corrigé, complété et mis à jour de science sûre la bibliographie de l’ouvrage original et de ses suppléments.
Alain Gigandet