C’était un soir d’hiver, au vernissage d’une exposition d’art. Un ami est venu. Il était accompagné. Il m’a présenté un certain Georges. Je ne me souviens plus des paroles échangées. Mais je garde imprimé en moi cette vision ; une éminence grise qui perçait du regard, bienveillant.
Un jour Georges est venu chez moi. Il a vu cette toile nommée Prélude à l’Annonciation. Il est tombé amoureux d’elle. Mais il a refusé de la prendre chez lui.
Là est le mystère de la rencontre et le secret du Roi.
Ce qui peut rester d’une première rencontre, c’est la persistance rétinienne du regard de l’autre. Cet autre, face à un tableau non-figuratif, peut se mettre en tête de le baptiser – parce qu’il y trouve la trace-fantôme des colonnes et des voûtes d’une Annonciation de Fra Angelico, et de la pluie d’or de Danaé, et parce que le peintre porte le prénom d’un Annonciateur. Cet autre, enfin, peut ajourner sine die la possession du tableau-cadeau, de sorte que tout frémisse à l’état de « prélude ».
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