Chez Jean Paulhan, la poésie permet de revenir au lieu commun en ce qu’elle se fait, mieux que tout autre forme littéraire, un lieu d’expression universelle et libre. À plusieurs reprises elle est apparue à Paulhan comme le meilleur terrain d’exercice d’une littérature libre à l’égard des injonctions de la critique, des modes, des doctrines, mais aussi des rivalités sociales, philosophiques et politiques.
La poésie est aussi pour Paulhan un terrain d’expérimentation, si ce n’est d’expérience, de ses idées concernant le langage et les lois qui régissent l’expression c’est-à-dire, selon lui, qui régissent les relations entre l’intention d’un auteur et la réception d’un lecteur. Plus exactement Paulhan cherche dans la poésie les moyens de vérifier les hypothèses qu’il formule d’une part à l’égard du langage, comme combinaison de signes et de sens, d’autre part à l’égard des illusions que produit cette combinaison mouvante. C’est pourquoi la poésie lui permet également de mettre à l’épreuve sa méthode d’interrogation du langage. Pourquoi la poésie ? Quel est son rapport au langage commun ? Qu’en retirent la méthode et le jugement critiques ? Ce sont les principales questions qui occuperont la seconde partie de ce travail.