Chronologie
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Illuminations dans l’ombre
- Pages : 25 à 29
- Collection : Littératures du monde, n° 50
CHRONOLOGIE
15 mars 1862 |
Alejandro Sawa est né à Séville, au 26 de la rue San Pedro Mártir, d’une mère andalouse, Antonia Gutiérrez, originaire de Séville, et d’un père, Alexandro Sabba, originaire de Carmona, et d’ascendance grecque. La famille Sawa, des marchands qui importaient des vins et des produits d’outre-mer, venait de Smyrne. Alejandro était l’aîné de cinq frères, dont deux, Miguel et Enrique, se consacrèrent également à la littérature et s’immergèrent dans la vie de bohème de Madrid. On a dit de lui qu’il était « un petit garçon sérieux, au teint blafard et au regard expressif ». Une précoce vocation religieuse le conduit à entrer au séminaire de Malaga, à l’évêque duquel il dédie un pamphlet de jeunesse intitulé El pontificado y Pío IX : apuntes históricos. |
1877-1878 |
Il étudie le droit à l’université de Grenade. Mais très tôt, il montre de l’intérêt pour la littérature et fonde une publication éphémère, Ecos de juventud, hebdomadaire consacré à la littérature, à la science et à l’art, dont il a été le principal rédacteur et contributeur pour les quatre premiers numéros. Il crée un peu plus tard, avec son frère Manuel, une autre revue, El SigloXIX, Revista Decenal de Ciencias, Literatura y Artes. |
1879 |
Il s’installe à Madrid avec l’ambition de s’insérer dans le monde du journalisme. Il noue quelques contacts dans la capitale, qui lui font connaître certains cercles littéraires madrilènes, comme ceux de Pedro Antonio de Alarcón, Campoamor et José Zorrilla. Luis París voit en lui l’apprenti poète « capable de donner sa vie pour une bonne métaphore ». |
26 |
Il fait ses premiers pas dans le journalisme en tant que rédacteur d’El Globo, puis de La Política et d’El Resumen. Durant ces années, il développe une activité intellectuelle frénétique, pleine d’idéaux et de projets littéraires, sans jamais subordonner ses idées esthétiques et littéraires aux tendances à la mode. La critique acerbe qu’il consacre aux vers de Núñez de Arce : « creux, trop sonores, droits et secs… » en est un bon exemple. Il n’hésite pas non plus à juger sévèrement le recueil de poèmes, Renglones cortos, de son ami d’enfance Salvador Rueda. |
1884 |
Publication de Les Poètes maudits de Paul Verlaine. |
1885 |
Sawa publie son premier roman La mujer de todo el mundo. Malgré son naturalisme naïf et ses accents romantiques tardifs (Byron, Musset et surtout Victor Hugo étaient, à cette époque, ses idoles littéraires), le livre est bien accueilli dans les cercles anarchistes madrilènes pour sa critique féroce contre l’aristocratie. A-t-il fait un voyage à Paris pour rencontrer Victor Hugo, peu de temps avant sa mort ? En tout cas, il évoque cette rencontre dans sa correspondance : « Sa maison était comme une cathédrale, la cathédrale de l’Art, et sa rue comme une route sacrée. Et Paris, pour avoir en son sein un tel temple et pour y encourager un tel homme, comme une Mecque, où, en longues et pieuses caravanes, se rendaient les croyants du monde. » |
L’environnement intellectuel de Sawa est celui d’une génération de jeunes bohèmes révoltés qui comprend, notamment, Joaquín Dicenta, Luis Bonafoux, Ernesto Bark, Camilo Bargiela, d’autres membres du groupe « Gente Nueva », et des disciples d’Émile Zola, comme Eduardo López Bago, Remigio Vega Armentero et José Zahonero. Nombre de ces « rebelles » et « anticonformistes » participent à la rédaction du journal El Motín,dirigé par l’anarchiste José Nakens, et défendent des idées sociales, anticléricales, antimilitaristes et anti-bourgeoises. C’est dans ce courant contestataire et réaliste que s’inscrivent les romans de Sawa. |
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27
22 mai 1885 |
Mort de Victor Hugo. |
1886 |
Publication de Crimen legal. |
1887 |
Publication de Declaración de un vencido. |
1888 |
Publication de Noche, et de La sima de Igúzquiza. |
1888 |
Publication d’Azul de Rubén Darío, l’une des œuvres fondatrices du Modernismo. |
1889-1896 |
Sawa se rend à Paris en 1889, l’année de l’exposition universelle, attiré par la vie artistique de la métropole. Il y fixe sa demeure durant plusieurs années – ses « années dorées » – même si son séjour est entrecoupé de voyages à Madrid. Il rencontre Verlaine qui deviendra, plus encore que l’ami cher et fidèle, « l’une des étoiles les plus évidentes du Zodiaque » dans « son paradis spirituel ». D’autres amitiés littéraires se forment dans le milieu symboliste, avec Jean Moréas, Gabriel Vicaire, Charles Morice, Léon Deschamps, Maurice Rollinat. Il participe aux banquets de La Plume organisés par Léon Deschamps et noue des liens avec le poète nicaraguayen Rubén Darío et le chroniqueur guatémaltèque Enrique Gómez Carrillo. Pendant un temps, il travaille à la constitution d’un dictionnaire encyclopédique, avec quelques autres amis espagnols, pour la célèbre maison d’édition Garnier. Il fait la connaissance de Jeanne Poirier, une française originaire de Bourgogne, qui deviendra sa femme après lui avoir donné une fille en 1892 : Helena Rosa. |
22 décembre 1894 |
Condamnation du capitaine Alfred Dreyfus au bagne à perpétuité. |
8 janvier 1896 |
Mort de Verlaine. Sawa est l’un de ceux qui le virent sur son lit de mort et assistèrent à ses obsèques. Cette disparation l’affecta durablement. |
Mi-janvier 1896 |
Compte tenu de l’aggravation de ses difficultés financières et de ses problèmes de santé, il part pour Madrid pour préparer le retour définitif avec Jeanne et Elena. |
23 mars 1896 |
Il est de retour à Paris et c’est à cette période qu’il se marie avec Jeanne Poirier. |
Juillet 1896 |
Il est à Spa en Belgique pour tenter de gagner de l’argent au casino. C’est un échec total. |
Fin-septembre 1896 |
La famille s’installe à Madrid. |
28
Octobre 1896 |
Publication de Los raros, premier livre en prose de Rubén Darío, qui réunit les médaillons de ses poètes préférés. Cette édition sera enrichie en 1905. |
1897-1902 |
Les premières années madrilènes sont plutôt fructueuses. De nombreux journaux le sollicitent et il fait une adaptation réussie du roman d’Alphonse Daudet, Les Rois en exil. La fascination de Paris est toujours aussi vive, au point qu’on le considère, selon Rubén Darío, « plus Parisien qu’Espagnol » et que « ses penchants, ses préférences, ses goûts portent le sceau du Quartier latin ». |
9 septembre 1898 |
Mort de Stéphane Mallarmé. |
10 décembre 1898 |
Traité de Paris. L’Espagne, après sa défaite humiliante à Cuba, cède l’île aux américains ainsi que Porto Rico, les Philippines et l’île de Guam. C’est la fin de l’Empire colonial. Ce désastre est à l’origine d’une grave crise morale et culturelle dans le pays qui donnera naissance à la génération « dite de 98 ». |
29 septembre 1902 |
Mort d’Émile Zola. |
1902 |
Sonate d ’ automne de Ramón María del Valle-Inclán. |
1903-1904 |
Sawa publie dans la revue Helios, Dietario de un alma,dont il reprendra certaines parties dans Iluminaciones en la sombra. Ramón María del Valle-Inclán publie Sonate d’été et Sonate de printemps. |
1905 |
Sonate d ’ hiver de Ramón María del Valle-Inclán. |
1906 |
Début de la cécité de Sawa. |
14 juillet 1908 |
Sawa se fâche avec Rubén Darío qui avait refusé de lui payer son dû pour une contribution dans le journal La Nación de Buenos Aires que le poète nicaraguayen avait signée, alors qu’il n’en était pas l’auteur. |
3 mars 1909 |
Sawa s’éteint à 47 ans, aveugle et fou, au numéro 3 de la rue Conde Duque à Madrid. Misère et indifférence étaient devenus le lot quotidien du roi de la bohème. Il laisse une femme et une fille dans la plus absolue pauvreté. Peu nombreux sont les amis qui assistent à ses obsèques. Valle-Inclán et Bark sont de ceux-là. Darío est absent. |
29
1910 |
Iluminaciones en la sombra est publié à titre posthume avec une préface de Rubén Darío. Cette publication est rendue possible grâce aux efforts personnels de Valle-Inclán qui a persuadé Rubén Darío d’écrire quelques mots d’hommage à son vieil ami. Un poème de Manuel Machado suit cet éloge. Il ne reste de l’original que 28 pages écrites en français et il est donc impossible de mesurer les différences entre celui-ci et le texte de la première édition. On estime cependant que le manuscrit devait comporter plusieurs centaines de pages. |
1911 |
Publication de El arból de la ciencia de Pio Baroja. Le personnage de Villasús pourrait être Sawa. |
1924 |
Publication de Luces de Bohemia de Ramón María del Valle-Inclán. Alejandro Sawa a vraisemblablement inspiré la figure tourmentée du personnage principal de la pièce, Max Estrella. |
1929 |
Nouvelle édition d’Iluminaciones en la sombra. C’est une simple réimpression sans aucune différence textuelle. Le dossier contenant les articles publiés qui avaient été sélectionnés pour l’original en 1910 n’a pas été consulté. |
21 mars 1963 |
Première représentation, au Palais de Chaillot, de Luces de Bohemia de Ramón María del Valle-Inclán, sous la direction de Georges Wilson. |
1er octobre 1970 |
Première représentation en Espagne, à Valence, de Luces de Bohemia, sous la direction de José Tamayo. |
1977 |
Première édition critique d’Iluminaciones en la sombra, par Iris M. Zavala. L’auteure souligne que « l’œuvre comporte des énigmes », et qu’il est « impossible d’affirmer avec précision la date définitive de sa composition : 1901, 1903-1907 ? ». |
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-14810-4
- EAN : 9782406148104
- ISSN : 2261-5911
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14810-4.p.0025
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/07/2023
- Langue : Français