Avant-propos
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Iliazd, un apatride à Paris
- Pages : 9 à 10
- Collection : Biographies, n° 5
AVANT-PROPOS
Qui est Ilia Zdanévitch, dit Iliazd ? Sur le marché international de l’art, les livres qu’il a conçus avec Max Ernst, Miró et Picasso, pour n’en citer que quelques-uns, s’arrachent à des sommes astronomiques sans que leur créateur y soit beaucoup plus qu’un nom. À Tbilissi, en Géorgie1, où il a vu le jour en 1894, sa notoriété est grande ; en Russie, elle n’est guère moindre. En France, où il est arrivé en 1921 pour y mourir en 1975, Iliazd est surtout connu des spécialistes russophones et des bibliophiles. En concluant qu’il y a, tout spécialement dans notre pays, un défaut d’informations concernant un homme dont les œuvres et la vie méritent d’intéresser un public élargi, nous avons entrepris de le rémunérer. Poèmes, romans, conférences, articles, études sur les églises byzantines, éditions d’art, la somme des productions d’Iliazd est étonnante. Notre objectif n’était pas d’en faire le catalogue mais de présenter Iliazd dans son époque, à partir du constat selon lequel son existence est marquée par la Révolution russe de 1917 et par ses conséquences à court et long terme sur les habitants de la Géorgie. Si un certain nombre de ces derniers émigrent en France, au même titre qu’Iliazd, il n’en est pas pour autant le représentant type : parlant et écrivant non en géorgien, mais en russe, du fait de l’origine de ses parents, il évite de prendre parti sur la question de l’indépendance de la Géorgie et ne fera rien pour modifier le statut d’apatride qui lui échoit en tant qu’émigré russe. Professionnellement, il a exercé tour à tour des fonctions diverses, dont celles d’interprète à l’ambassade d’URSS, de dessinateur de textiles pour la maison Chanel et d’éditeur, néanmoins, lui-même se définit principalement en tant qu’écrivain. De fait, c’est un auteur prolifique et talentueux qu’il importe de découvrir. Ses œuvres ont fait l’objet, à Moscou, en langue originale, d’une publication intégrale par Sergueï Koudriavtsev aux éditions Hylaea. Une partie en est accessible en 10français grâce aux traductions qu’en ont donné Régis Gayraud et André Markowicz, qui se sont respectivement attachés à la prose et à la poésie d’Iliazd. Une poésie particulièrement à même de susciter l’émotion quand elle lui est inspirée par son amour fou pour une citoyenne britannique, internée dans un camp en 1941, qu’il épouse en pleine guerre. Un fils est né de cette union, Chalva, à qui nous dédions cet ouvrage.
Catherine Boschian Campaner
1 La Géorgie faisait alors partie de l’empire russe et Tbilissi se nommait Tiflis.