Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Ignorance savante et savoirs ordinaires à la Renaissance
- Pages : 241 à 244
- Collection : Constitution de la modernité, n° 34
Résumés
Celso Martins Azar Filho, Sylvia Giocanti, Didier Ottaviani, « Introduction »
Parce qu’elle offre un modèle d’intelligibilité des transformations culturelles qui eurent lieu dans les temps modernes en Europe et dans le reste du monde, la Renaissance constitue l’un des moments clés de notre histoire intellectuelle. Par l’étude du phénomène d’hybridation des savoirs, des arts et des techniques, cet ouvrage montre comment le « vulgaire ignorant » a pu influencer le développement de certains courants scientifiques modernes.
Celso Martins Azar Filho, « Performance et cognition dans la philosophie de la Renaissance. Les jardins comme milieux et moyens de la pensée »
À travers les exemples de Machiavel, Bruno et Montaigne, il s’agit de montrer comment les espaces matériels et imaginaires des jardins constituent des scénarios philosophiques d’intersection entre les modes de vie et les savoirs qui y sont déployés : à la Renaissance les manières d’agir et de penser se confondent dans des textes qui, comme les jardins, sont à la fois des laboratoires et des ateliers, des lieux de recherche et de performances variés.
Didier Ottaviani, « L’écriture du savoir scientifique dans Il Saggiatore de Galilée »
Écrit en 1623 suite aux polémiques nées des discussions sur trois comètes apparues en 1618, Il Saggiatore de Galilée est un texte particulier dans l’œuvre galiléenne. Loin de présenter les principales avancées de son auteur, il s’agit d’un ouvrage polémique, qui cherche moins à établir une théorie scientifique qu’à répondre aux accusations violentes de ses détracteurs par une stratégie d’écriture minutieuse, dont le but véritable est de défendre en creux le système copernicien.
242Emiliano Ferrari, « L’épistémè ordinaire de la Renaissance par-delà la ressemblance. Foucault vs Montaigne »
Dans Les Mots et les Choses, Michel Foucault considère la « ressemblance » comme la structure ordinaire des savoirs à la Renaissance. À l’encontre de cette thèse, notre étude montre que dans la seconde moitié du xvie siècle les Essais de Montaigne constituent déjà une vigoureuse critique de la ressemblance au nom de la diversité et de la différence. La critique montaignienne s’adresse aux figures ordinaires de la ressemblance ainsi qu’à leurs présupposés théologico-métaphysiques.
Jeferson da Costa Valadares, « Droit et éthique dans le De actibus humanis de Francisco de Vitoria »
Le but de cet article est d’étudier la constitution et la relation entre le droit et l›éthique dans le De actibus humanis de Francisco de Vitoria pour démontrer sa contribution à la constitution d’une normativité juridique dans le contexte du xvie siècle. Pour ce faire, la place du texte de Vitoria dans la formation du concept de la dignité humaine est mise en évidence.
Marine Chevalier, « Rendre et reconnaître savantes les pratiques médicales quotidiennes dans la France du xvie siècle »
Par les publications de quatre médecins renommés du xvie siècle (Jacques Dubois, Christophe Landré, Charles Estienne et Laurent Joubert), seront étudiées les façons de rendre et reconnaître savantes les pratiques de santé exercées quotidiennement par le peuple. Entre la vernacularisation d’un savoir corporatiste et la valorisation d’une pratique ordinaire et domestique de la médecine, ces hommes révèlent autant les ignorances du vulgaire que celles du docte.
Nathalie Peyrebonne, « Érudition et savoirs ordinaires. Le livre de cuisine espagnol au Siècle d’or »
La cuisine, savoir « ordinaire », voit à la Renaissance son statut significativement renouvelé. La littérature culinaire, qui ressurgit, propose des livres composés d’emprunts à une culture hybride, mêlant érudition et savoirs familiers. Très vite, par ailleurs, une culture livresque culinaire se constitue, avec des livres qui empruntent largement à ceux qui les ont précédés, en une continuité référentielle marquée. La recette devient ainsi, à son tour, un objet référentiel d’origine livresque.
243Olivier Guerrier, « Le vocabulaire cynégétique : simple métaphore ou paradigme de savoir ? »
Suite à un examen des ouvrages de vénerie et des lexiques, l’article étudie comment le schème de la chasse pénètre les textes « littéraires » de la Renaissance. Après quoi, on montre que Montaigne hérite de Platon ou de Lulle un type de désignation qui figure sa quête de connaissance, ce que sa réflexion sur le vocabulaire fonde en raison. Se démarquant ainsi des méthodes en vigueur dans l’exégèse, il ouvre la voie aux « sciences baconiennes », qui reconduiront le paradigme cynégétique.
Luiz César deSá et Rafael Viegas, « Trois nouvelles entre l’empirique et le vraisemblable. Le Monstre de Ravenne en mars 1512 »
En étudiant la première circulation du Monstre de Ravenne, réalisée à partir de notes dans certains diarii italiens en mars 1512, le but de ce texte est de proposer une analyse préliminaire du fonctionnement des mécanismes de production et de réception des discours tératologiques dans la première période moderne, à partir des paradigmes d’autorisation et des critères datés de sa lisibilité en tant que dispositif informationnel.
Sophie Peytavin, « Entre mouche et ciron. Sens d’une culture matérielle chez Montaigne »
Les choses ordinaires (poils, mouches ou salades) qui peuplent les Essais de Montaigne méritent notre attention, en tant qu’elles n’y fonctionnent ni comme objets (de connaissance) ni comme biens (appelant une réflexion éthique). Elles semblent ainsi déconstruire un propos philosophique savant, articulé par le couple subjectivité/objectivité, travailler le discours et permettre de réévaluer ce qui se trame, en termes ontologiques, dans une pensée qui fait de la relation son principe.
Sylvia Giocanti, « L’inscience de Montaigne à l’égard des savoirs ordinaires »
Dans ses Essais, Montaigne se montre très critique à l’égard des savoirs des doctes, au profit de l’ignorance, présentée comme la forme maîtresse de son discours. Les arts et les techniques sont-ils pour autant épargnés par son scepticisme ? Il s’agit d’examiner à quel titre et dans quelle mesure ces savoirs ordinaires peuvent servir de modèle.
244Violaine Giacomotto-Charra, « La Curiosité naturelle de Scipion Dupleix, ou des mérites de l’ordre alphabétique pour démocratiser le savoir… »
Cet article analyse un ouvrage méconnu du juriste Scipion Dupleix, premier à avoir vulgarisé l’ensemble de la philosophie aristotélicienne en français. Il a en effet publié un recueil de Questions naturelles sur le modèle du genre alors très en vogue des Problemata. Nous essaierons de montrer comment les aménagements et infléchissements qu’il fait subir à ce genre scientifique témoignent de sa conception de la nécessaire rencontre entre les savoirs universitaires et la culture ordinaire.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-14154-9
- EAN : 9782406141549
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14154-9.p.0241
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 14/12/2022
- Langue : Français