Résumés et présentation des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Huysmans et les arts
- Pages : 297 à 302
- Revue : La Revue des lettres modernes
- Série : Joris-Karl Huysmans, n° 4
Résumés et présentation
des auteurs
Aude Jeannerod, « “Se débrouiller l’œil”. Huysmans face à Monet et Pissarro »
Aude Jeannerod est agrégée de lettres modernes et docteure en langue et littérature françaises. Sa thèse intitulée « La Critique d’art de J.-K. Huysmans : esthétique, poétique, idéologie » (2013) a reçu le prix de thèse de l’université Lyon III – Jean-Moulin. Elle contribue aux Œuvres complètes de Huysmans et elle a publié plusieurs articles concernant la critique d’art et les rapports entre texte et image.
De la deuxième exposition impressionniste de 1876 à la dernière en 1886, le discours de Huysmans sur ce mouvement connaît des inflexions notables – parce que la technique, la palette et la vision des peintres évoluent, mais aussi parce que le regard du critique se modifie. Au cours de cette décennie, ses jugements successifs sur l’impressionnisme témoignent donc de véritables revirements, sans remettre en cause l’acuité de son regard, fondement de son ethos de critique.
Éléonore Sibourg, « Huysmans et Degas briseurs d’images. Les miroirs de la représentation »
Éléonore Sibourg enseigne à l’université Stendhal – Grenoble 3. Elle a écrit une thèse intitulée « Science et surnaturel dans le cycle de Durtal de Huysmans » (Paris, 2015). Elle a consacré plusieurs articles à Durtal personnage de J.-K. Huysmans, notammant « Fantasmes épidémiques : logique de contamination dans le roman de Durtal » et « Durtal et le désir d’idiotie ».
Solitaires, possédés par le goût du détail comme par la recherche d’un langage personnel, Huysmans et Degas se correspondent parfois étrangement. Cet article analyse les jeux de la représentation donnés dans leurs œuvres, afin de voir comment leur modernité se fonde sur la vérité du regard. La prégnance de Degas chez Huysmans témoigne certes de sa fascination pour la peinture, mais plus encore de son goût pour briser les lignes, afin de mieux les recomposer. Quitte à les faire sortir du cadre…
Clément Siberchicot, « Huysmans et Raffaëlli. Regards croisés »
Clément Siberchicot a suivi des études en histoire et histoire de l’art à l’université Paris Ouest – Nanterre – La Défense. Il a publié L’Exposition Volpini, 1889 (Paris, 2011). Ses recherches portent sur le post-impressionnisme, l’histoire des expositions et la critique d’art au xixe siècle. Diplômé de l’École de bibliothécaires-documentalistes, il travaille à la Bibliothèque nationale de France.
Huysmans assure la promotion de l’œuvre de Raffaëlli depuis 1879 jusqu’à son recueil Certains en 1889. Les représentations de la banlieue par Raffaëlli trouvent un puissant écho dans les romans naturalistes de l’écrivain qui le place aux côtés de Redon et Moreau dans son panthéon artistique personnel. Cette contribution met en lumière les conditions de leur rencontre, la position critique adoptée par Huysmans pour célébrer le peintre, puis les échanges et collaborations entre les deux créateurs.
Chantal Vinet, « Joris-Karl Huysmans et Jean-Louis Forain. Conversions croisées »
Chantal Vinet, agrégée de lettres modernes, enseigne en lycée. Elle a participé à la revue Les Moments littéraires et a établi l’édition de Madame Bovary de Flaubert (Paris, 2009) et d’Une vie de Maupassant (Paris, 2009).
Dès 1876, Huysmans voit dans le peintre et graveur Forain un alter ego pictural : même vision de la condition des filles, de leur gouaille et de leur grâce pathétique. Mais, tandis que Huysmans se libère du naturalisme et choisit l’ascèse chrétienne, Forain, en 1883, devenu un artiste recherché, diversifie sa création. Et c’est le hasard de retrouvailles au monastère de Ligugé en 1900 qui induit la conversion religieuse et esthétique de Forain, Huysmans consentant au rôle de guide spirituel.
Nicolas Valazza, « Peindre les ruines de l’Empire. Huysmans et Zola face à l’œuvre de Gustave Moreau »
Nicolas Valazza est professeur associé de littérature française du xixe siècle à l’université d’Indiana, Bloomington (États-Unis). Ses recherches portent sur les rapports entre littérature et peinture et sur la poésie clandestine. Son livre Crise de plume et souveraineté du pinceau : écrire la peinture de Diderot à Proust (Paris, 2013) comprend un chapitre consacré à J.-K. Huysmans.
En examinant l’influence de la peinture de Gustave Moreau, en particulier d’Œdipe et le Sphinx et de Salomé dansant devant Hérode, dans certains romans de Huysmans et de Zola, cet article montre comment l’intégration dans le récit naturaliste et « post-naturaliste » d’un symbolisme archaïque, apparemment retranché de l’histoire, engage néanmoins une réflexion historique sur les événements qui ont secoué la France dans les dernières décennies du xixe siècle, notamment sur la chute du Second Empire.
Delphine Durand, « De l’épiphanie du poison à la danse des tréponèmes. Une contamination picturale huysmansienne »
Delphine Durand, docteur en histoire de l’art, a soutenu une thèse consacrée à l’idéalisme mystique et a publié plusieurs anthologies dévolues à la littérature fin-de-siècle, dont les Contes surhumains de Victor-Émile Michelet (Cadillon, 2011), L’Ange noir : petit traité des succubes (Paris, 2013) et Chant de désir, chant de mort (Cadillon, 2013).
L’écriture fin-de-siècle minée par la guerre des sexes, la solitude cosmique et le désenchantement, porte en elle sa maladie et son pharmakon. À travers la puissance des œuvres de Gustave Moreau et de Grünewald mises en scène par Huysmans, le venin syphilitique se diffuse en arabesques poétiques et métaphores prophétiques. Cette langue décadente, symbolisée par l’image de la femme, est un monde empoisonné où le mal et l’érotisme pervers se marient en des embrassements vénéneux.
Ludmila Virassamynaïken, « Huysmans-Whistler. De “lestes et profonds accords” »
Ludmila Virassamynaïken a suivi des études de lettres classiques et modernes et d’histoire de l’art. Lauréate du concours de conservateur du patrimoine en 2004, elle a exercé cette fonction de 2006 à 2011 au musée Granet, à Aix-en-Provence, et est actuellement en charge des peintures et sculptures anciennes au musée des Beaux-Arts de Lyon.
En 1884, 1885 et 1887, Huysmans rédige, dans La Revue indépendante et L’Évolution sociale, trois comptes rendus de Salons et d’expositions où les œuvres du peintre américain James McNeill Whistler retiennent son attention. Le chapitre qu’il lui consacre en 1889 dans Certains en reprend nombre d’éléments mais, à cette date, la prose de Huysmans est empreinte de davantage de lyrisme pour rendre compte des « lestes et profonds accords » caractérisant la peinture de celui qu’il compare à Verlaine.
Arnaud Vareille, « “L’Ouverture de Tannhäuser” ou l’imagination concrète de Huysmans »
Arnaud Vareille est enseignant. Ses travaux de recherche portent sur la littérature engagée de la fin du xixe siècle ainsi que sur les interactions entre les modalités d’écriture et les représentations sociales. Il a édité Dingo et les Dialogues tristes d’Octave Mirbeau et a consacré plusieurs articles aux écrivains fin-de-siècle (Jules Vallès, Jules Barbey d’Aurevilly, notamment).
Interroger la relation que Huysmans entretient avec la musique par le biais de « L’Ouverture de Tannhäuser » permettrait de mettre en relief le poids de la réalité dans le processus de création de l’auteur. La surcharge lexicale propre au texte décadent, le recours à l’audition colorée, mais aussi la paraphrase des sensations auditives témoignent d’une inspiration qui, dans une forme d’exercice spirituel paradoxal, puise aux sources matérielles du monde afin de mieux s’élancer vers l’idéal.
Jérôme Solal, « Hantise à Francfort. Huysmans esthète et antisémite »
Jérôme Solal a publié le diptyque Huysmans avant Dieu (Paris, 2010) et Huysmans avec Dieu (Paris, 2015). Il a établi l’édition critique de trois livres de Huysmans, Gilles de Rais : la magie en Poitou (Paris, 2007), Esquisse biographique sur Dom Bosco (Grenoble, 2013) et Sainte Lydwine de Schiedam (Grenoble, 2015). Il a créé en 2011 la série « Huysmans » dans la collection « La Revue des lettres modernes ».
Lors d’un voyage effectué en Allemagne avec l’abbé Mugnier en 1903, Huysmans visite Francfort, il arpente ses rues, visite son musée où il s’extasie devant deux toiles de Bartolomeo Veneto et du Maître de Flémalle. Le récit de ce bref séjour est l’occasion pour lui d’une rêverie d’esthète gagné par l’antisémitisme et naviguant entre horreur du monde comme modernité hostile et extase de l’art comme refuge sublime.
Bertrand Bourgeois, « Ut pictura poesis : Huysmans, la critique d’art et le poème en prose »
Bertrand Bourgeois est maître de conférence à l’université de Melbourne. Spécialiste de littérature française de la seconde moitié du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle, il s’intéresse aux maisons-musées romanesques et aux rapports entre poème en prose et arts visuels. Il a participé à l’ouvrage Art et création chez Théophile Gautier (Paris, 2013), dirigé par Ana Clara Santos et Maria de Jesus Cabral.
Cet article interroge la pratique chez le jeune Huysmans de deux genres littéraires dits mineurs : la critique d’art et le poème en prose. Ces premiers écrits sont empreints d’une même thématique, la peinture flamande de l’âge d’or. L’article démontre que les frontières génériques sont poreuses pour Huysmans. Le recours à la transposition d’art mue la critique d’art en poème en prose, tandis que le poème ekphrasis la libère de ses carcans didactiques et l’érige en texte poétique.
Jonathan Devaux, « Le Drageoir, un objet littéraire et artistique »
Jonathan Devaux est vacataire à l’université de Nîmes. Il termine une thèse sur la pratique de la transposition d’art comme acte d’entrée dans la littérature chez J.-K. Huysmans, Maurice Maeterlinck et Eugène Demolder. Outre les nombreux articles qu’il a publiés sur le sujet et sur les rapports entre les écrivains belges et français, il collabore à l’édition des Œuvres complètes d’Alfred Jarry.
Cet article interroge le fonctionnement des seuils du Drageoir à épices d’un point de vue poétique, esthétique, graphique et plastique. Huysmans y expose le catalogue de sa collection de proses protéiformes et y définit une poétique picturale selon laquelle les textes du coffret seraient à l’évocation de la réalité qui l’entoure ce que sont les croquis et les gravures à la représentation de cette même réalité : des images fulgurantes dont les traits ont pour vocation de saisir un instantané.
Gaël Prigent, « Huysmans et l’art religieux »
Gaël Prigent est agrégé de lettres modernes, docteur en littérature et civilisation françaises de Paris IV-Sorbonne et enseignant en classes préparatoires scientifiques au lycée Bergson d’Angers. Auteur de Huysmans et la Bible (Paris, 2008), ses travaux portent essentiellement sur la décadence et la littérature de la fin du xixe siècle, mais aussi sur Gourmont, Barbey d’Aurevilly ou Francis Jammes.
Le rapport de Huysmans à l’art religieux est caractéristique de sa trajectoire. On constate une évolution, de la condamnation de l’art sulpicien à l’éloge de Grünewald. Contre la conception déficiente du réalisme, Fra Angelico et Grünewald deviennent les représentants des deux principes que la peinture religieuse offre à l’écriture. Car l’incarnation de la langue dans un style inspiré ne peut se présenter que sur le mode antithétique d’un réalisme transcendé formulé dans Là-bas.
Joëlle Prungnaud, « Huysmans et l’architecture »
Joëlle Prungnaud est professeur émérite en littérature comparée à l’université Lille 3. Elle a publié Figures littéraires de la cathédrale (1880-1918) (Villeneuve d’Asq, 2008) et a dirigé Poétiques comparatistes : écritures de la Grande Guerre (Nîmes, 2014). Elle s’intéresse à la relation littérature/architecture et à la réponse des écrivains aux destructions architecturales de 1914-1918.
À une époque où la critique architecturale occupe une place marginale dans la critique d’art, Huysmans se distingue par son intérêt pour les édifices. Il cherche à identifier l’école capable de secouer « l’apathie routinière des architectes et du public ». Son goût pour l’architecture sacrée du Moyen Âge ne date pas de sa conversion et ne le détourne pas de l’actualité. Envisagée comme un tout et non découpée par tranches chronologiques, sa vision de l’architecture apparaît dans toute sa cohérence.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-5046-4
- EAN : 9782812450464
- ISSN : 0035-2136
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5046-4.p.0297
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 21/04/2016
- Périodicité : Mensuelle
- Langue : Français