Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Günther Anders et la fin des mondes
- Pages : 235 à 237
- Collection : Constitution de la modernité, n° 23
Résumés
Pierre-François Moreau, « Introduction. Rattraper le monde »
L’œuvre de Günther Anders se comprend à la fois dans l’héritage de la philosophie classique allemande et dans le climat critique de la République de Weimar. Les instruments de pensée forgés alors éclairent la logique de destruction des décennies suivantes.
Christophe David, « Günther Anders et la fin du monde juif allemand »
Anders aimante notre attention par l’idée d’apocalypse nucléaire, mais il a pourtant parlé d’autres fins de l’humanité. Il a bien conscience de venir d’un monde qui a déjà pris fin : le monde juif allemand. Il cumule donc deux destins – celui d’appartenir aux « derniers Juifs à se dire à bon droit “Juifs allemands” » et celui d’appartenir à « la première génération des derniers hommes » vivant sous la menace nucléaire – et fait place à l’expérience d’une fin de monde.
Jean-Pierre Dupuy, « Anders et la menace nucléaire »
L’apocalypse nucléaire est inscrite dans l’avenir, elle se produira nécessairement, mais nous pouvons en retarder l’échéance. Cette étude se penche sur le concept de « délai » (die Frist). Nous sommes en sursis et vivons dans le temps suspendu. L’échéance, elle, est indéterminée. C’est cette indétermination (Unbestimmtheit) qui donne à la dissuasion, sur laquelle Anders a peu écrit alors qu’il nous donne les éléments pour la comprendre, et à sa forme paroxystique MAD, l’irrationnelle rationalité qui la caractérise.
Éric Lecerf, « Les vestiges de l’homo faber »
Afin de comprendre comment s’articulent ces deux foyers de vérité que Günther Anders a nommés « l’homme sans monde » et le « monde sans 236hommes », est ici interrogé le statut particulier qu’il a accordé au concept d’Homo Faber. Si Auschwitz et Hiroshima se rejoignent comme crimes contre l’humanité, ils divergent quant au rapport qui s’y est constitué vis-à-vis de la technique entendue comme milieu du genre humain. Se trouvent ainsi posées les bases de ce que nous nommons aujourd’hui anthropocène.
Emmanuel Pasquier, « Catastrophe et monde commun. Sur l’éthique de Günther Anders »
La question de l’intersubjectivité traverse l’œuvre de Günther Anders. Par-delà la diversité des thèmes, on retrouve, fil rouge plus que fil directeur, la confrontation au problème d’un rapport à autrui à la fois impossible et inéluctable. Intersubjectivité paradoxale, sous le sceau de la séparation plus que d’un projet commun, sans espoir de réconciliation dialectique, mais toujours ré-attestée par le fait même de prendre la parole pour en dire l’inaccomplissement.
Valéry Pratt, « Nuremberg, Auschwitz et le Vietnam. Günther Anders au Tribunal Russell, face aux crimes contre l’humanité et à la question du génocide »
Günther Anders a participé au Tribunal Russell en 1967 pour y juger les crimes commis par l’armée américaine. Il publie en 1968 Visit beautiful Vietnam, ABC der Agressionen heute : véritable abécédaire des atrocités qu’il décrit en mobilisant tant la catégorie de crime contre l’humanité que celle de génocide dont il faut un usage polémique, idéologique et pas seulement philosophique, pour ne pas dire juridique. Son propos en est d’autant plus incisif. On en présentera les enjeux.
Christian Dries, « Après “l’Homme”. L’anthropologie postfondamentaliste de l’étrangeté du monde selon G. Anders »
L’anthropologie, théorie philosophique de l’« essence » de l’homme, traite d’un objet inexistant – un spectre. Günther Anders, élève hétérodoxe de Martin Heidegger, esquisse une anthropologie négative : l’essence de l’homme consiste à ne pas avoir d’essence propre (condition de l’ouverture au monde et de la liberté humaine), ce qui permet la critique postfondamentaliste de toute peinture de l’homme historiquement contingente et des rapports sociaux et politiques qui ont partie liée avec elle.
237Sara Fadabini, « Günther Anders et l’imagination morale »
Depuis le commencement de l’âge industriel, est apparue une disproportion inédite entre notre capital technique, ayant tendance à s’accroître de manière illimitée, et notre sens moral, voué au dépérissement. Le sujet des technocraties vit ainsi dans l’irresponsabilité. Comment peut-il sortir de l’apathie face aux effets du progrès ? La réponse de Günther Anders surprend : en faisant appel non au bon sens, mais à la fantaisie, non à la raison, mais à l’imagination.
Ninon Grangé, « “Nous aussi encore”, Günther Anders, la morale et le temps. Ou portrait d’Anders en moraliste »
Au-delà de l’obsolescence de l’homme, il s’agit de découvrir la possibilité d’une morale sans fondement. Au travers de l’analyse des écrits personnels mais non intimes – journaux retravaillés, récits de voyage dans l’espace et dans le temps, échanges épistolaires ou lettres restées mortes – on reconstitue une morale retrempée dans un tissage de la temporalité du souvenir et de l’aujourd’hui, une morale de la première personne et de l’adresse, propre à l’ère atomique que nous vivons encore.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-10367-7
- EAN : 9782406103677
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10367-7.p.0235
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/11/2020
- Langue : Français