Présentation du Tome I
- Publication type: Book chapter
- Book: Théâtre complet. Tome I
- Pages: 103 to 106
- Collection: The Gide Collection, n° 28
Présentation du Tome I
Le Théâtre complet d’André Gide édite, en respectant l’ordre chronologique des premières parutions complètes, ses textes dramatiques, ses écrits d’adaptation et de traduction, des pièces inachevées, ainsi que des textes portés à la scène de son vivant, et des conférences et articles reflétant ses réflexions sur le théâtre. Jean Claude, ainsi que les auteurs de l’appareil critique dans les tomes de la Pléiade, désignent comme « prépublications » tous les textes de Gide parus en revue, souvent répartis sur plusieurs livraisons et parfois incomplets. La collection de la Pléiade considère comme premières éditions, les parutions en volumes, même s’ils sont collectifs. Les textes dramatiques de Gide qui y sont publiés reproduisent les textes de l’édition des Œuvres complètes datant des années trente, établies par Louis Martin-Chauffier (1894-1980) qui décida de publier tous les textes de Gide en suivant l’ordre chronologique de leur création.
Le modèle suivi, pour la forme et le contenu des pièces, a été celui des huit tomes établis par Richard Heyd en 1947 et 1949 chez Ides et Calendes. Gide, sollicité par « son éditeur suisse1 », qui avait déjà publié le Théâtre de Jean Giraudoux avec des lithographies de Christian Bérard2, a choisi et révisé ses pièces pour ce projet de publication. La correspondance Gide-Heyd est la preuve que Heyd a suivi de près les indications de l’auteur, justifiant la mention qui est en tête de la dernière page de chaque volume : « Cet ouvrage est le premier [deuxième, troisième, etc.] de la collection du Théâtre complet d’André Gide. Le texte y est présent dans sa version définitive3. »
104Le premier tome que voici est constitué de huit pièces de Gide, dont une inachevée, accompagnées d’un appareil critique visant à tenir compte de l’état des études sur son théâtre ainsi que des perspectives adoptées par les historiens des arts vivants pour investiguer sur le rapport, plus large, entre Gide et les arts du spectacle en essayant de dépasser les questions liées aux textes dramatiques qui demeurent fondamentales.
Après une introduction générale sur Gide et le théâtre qui se clôt avec cette présentation, une « Chronologie théâtrale » rend compte, avec des citations tirées de documents d’archives et de la correspondance, des nombreux liens et événements qui marquent les rapports entre Gide et le monde de la scène. Il n’est pas seulement question des échanges avec ses proches à propos de l’état d’avancement de ses pièces, mais de ses réflexions sur l’art de la scène dont il a parsemé ses journaux intimes, et de ses contacts avec des personnes impliquées de manière plus ou moins directe dans la production de spectacles.
Philoctète ouvre la liste des textes dramatiques, suivi par Le Roi Candaule, Saül, Le Retour de l’enfant prodigue, Bethsabé et Ajax, dont Gide a seulement finalisé la première scène du premier acte. Amal et la lettre du roi, la traduction de Post Office de Tagore, et Œdipe clôturent le premier volume.
Structure de l’ouvrage
Chaque pièce de Gide donne lieu à des chapitres autonomes composés de plusieurs parties. La « Notice », texte d’ouverture, vise à restituer la genèse du texte dramatique en relation avec l’ensemble de l’œuvre de Gide ainsi que quelques clés de lecture pour son interprétation. Le but est également de rendre compte de l’évolution des rapports de l’auteur avec les professionnels des arts vivants pour la création du spectacle, s’il a eu lieu. La « Notice » s’achève sur une analyse de la réception du spectacle. D’une part, ce texte tâche de prolonger les réflexions de Jean Claude et d’autres éminents spécialistes de Gide ou de la période, grâce aux nouvelles études sur celui-ci et son théâtre, ainsi qu’aux correspondances récemment publiées qui contribuent, depuis presque 105un siècle4, à fournir des sources de premier ordre aux chercheurs et passionnés de Gide. D’autre part, nous avons utilisé, pour comprendre de manière approfondie les implications de ce dernier dans le monde du théâtre, des outils propres aux historiens et plus spécifiquement aux historiens des arts du spectacle, et puisé dans les fonds d’archives des départements de la BnF, de la bibliothèque littéraire Jacques-Doucet et surtout de la Fondation Catherine Gide, qui est loin d’avoir dévoilé tous ses trésors.
La « Note sur l’établissement du texte » comporte un bref historique des éditions du texte en question. En relatant les différentes parutions autant en revue qu’en volume, on signale des différences de forme et de contenu. En conclusion de la note, on souligne que l’édition de référence est celle, par Richard Heyd pour Ides et Calendes, des années quarante, pour laquelle Gide a choisi et revu ses textes.
Ensuite, c’est le texte dramatique qui est publié selon la version de l’édition suisse des années quarante. Sont indiquées les variantes par rapport à l’édition de la « Bibliothèque de la Pléiade », établie par Jean Claude. En ce qui concerne la forme typographique des pièces, la présente édition respecte les éditions critiques d’autres auteurs parus chez les Classiques Garnier.
Dans le cas de préfaces rédigées par Gide, elles sont placées, si elles ont été publiées successivement à la première parution, après le texte dramatique. Sinon, elles respectent la place qu’elles avaient dans la première édition. S’il existe des textes de Gide ou de personnalités du monde du théâtre concernant la pièce en question qui aident à mieux comprendre le sens et l’histoire de la pièce ou du spectacle éventuel5, ils sont placés après les éventuelles préfaces et la pièce.
La section « La pièce à la scène » est une liste des spectacles tirés du texte de Gide. Nous y indiquons le lieu et les dates des représentations, la compagnie et les interprètes principaux tels qu’ils apparaissent dans les programmes de salle quand ceux-ci sont connus. Il s’agit de productions françaises ou non, qui ont marqué le rapport de Gide avec la scène, de son vivant ou de manière posthume.
106Une bibliographie spécifique clôt chaque chapitre consacré à un texte dramatique de Gide, comportant une sélection d’études sur la pièce ainsi que, le cas échéant, la liste des documents d’archives consultés et mentionnés dans la « Notice ».
À venir…
L’opération éditoriale du Théâtre complet de Gide prévoit la publication de quatre tomes qui réuniront, d’une part, ses écrits et traductions pour la scène, et d’autre part, les réflexions, témoignages et visions de Gide sur le théâtre de son temps, du passé et de l’avenir, comportant entre autres les « Lettres à Angèle », les préfaces aux théâtres de Shakespeare et de Goethe, ses conférences et son hommage à Antonin Artaud. Dans les volumes en préparation paraîtront, dans l’ordre chronologique de leurs premières publications, Proserpine, Perséphone et la « plaisanterie en un acte », Le Treizième arbre, suivis de la traduction d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare et Robert ou l’Intérêt général. Les travaux les plus récents de Gide pour la scène – qui lui ont procuré le plus de satisfaction, bien que tardivement – suivront : la traduction d’Hamlet, la pièce inachevée Le Retour, l’adaptation – élaborée avec Barrault – du Procès de Kafka, ainsi que son adaptation théâtrale des Caves du Vatican, créée à la Comédie-Française en décembre 1950, peu de temps avant la disparition de l’auteur. L’édition du Théâtre complet accordera également une place aux fragments, ébauches et notes de projets de pièces – Le Curieux malavisé et Sylla –, aux traductions de Prométhée et d’un fragment du Second Faust de Goethe, et de la pièce élisabéthaine Arden de Faversham.
Vincenzo Mazza
1 Ibid.
2 Maurice Brianchon pour l’édition du théâtre de Gide, et Christian Bérard pour celui de Giraudoux, ont conçu deux versions, dont les sujets sont les mêmes mais dont les formes du logo pour la maison d’édition diffèrent : deux croissants de lune opposés par leurs bosses. Les ides et les calendes sont deux moments du calendrier romain, respectivement la moitié du mois et le début du mois qui correspond à une nouvelle lune. Le logo rappelle alors, avec le premier et le dernier croissant de lune, une lunaison complète.
3 TCH, I, p. 187.
4 Une première sélection de lettres de Gide a été publiée en volume par la maison d’édition À la lampe d’Aladdin, à Liège, en 1930.
5 C’est le cas d’Œdipe, où un texte de Jean Vilar, qui a monté la pièce à maintes reprises dès 1949, est publié après la pièce. Voir plus bas, p. 701-702.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-16042-7
- EAN: 9782406160427
- ISSN: 2494-4890
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16042-7.p.0103
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-07-2024
- Language: French