Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : George Sand et le monde des objets
- Pages : 499 à 506
- Collection : Rencontres, n° 504
- Série : Études dix-neuviémistes, n° 57
Résumés
« Introduction »
Alors que George Sand explique elle-même que les objets sont au cœur d’un processus d’appropriation du monde à condition de les saisir dans tout leur mystère, et donc au fondement d’une poétique, la critique s’y est rarement intéressée. Ils jouent pourtant un rôle majeur dont ce volume entend rendre compte en explorant leurs fonctions sociales et symboliques, ainsi que le lien qu’ils entretiennent avec l’écriture.
Annick Dussault, « Objets sandiens et musées, reliques ou outils de médiation ? »
À l’heure de la numérisation de manuscrits, pourquoi recueillir le moindre papier écrit de la main de George Sand, conserver au sein de ses maisons ou de musées, la moindre plume qu’elle a touchée, son linge ou une boucle de ses cheveux ? Quelle image de l’écrivain, de sa pensée et de son écriture l’objet peut-il contribuer à donner ? Retracer la constitution des collections des grands lieux et dresser une typologie des objets sandiens devraient permettre de répondre à ces quelques questions.
Domitille Raillon, « George Sand. Les objets de Nohant, construction scénographique et construction intime »
À partir du milieu des années 1830, George Sand invite chez elle et en particulier à Nohant des membres de la société littéraire, artistique, politique et aristocratique particulièrement remarquables. Nohant est le lieu où George Sand ritualise son existence et celle de ses visiteurs en structurant sa propre vie et celle des autres autour d’objets. Voyons ce que George Sand a souhaité donner à voir et à vivre à quelques hôtes prestigieux qui ont pu entrer dans l’intimité de son monde d’objets.
500Elena Mazzoleni, « “Nohant n’est plus Nohant, c’est un théâtre”. Le décor intime des objets scéniques »
Dans leur théâtre de Nohant, George et Maurice Sand animent un laboratoire, qui est le décor d’une migration d’objets entre la sphère intime et celle artistique. Les fonctions dramaturgiques dont les objets sont investis, prouvent leur pertinence dans le théâtre sandien. L’analyse de quelques pièces (L’Alchimiste, Jouets et Mystères, La Nuit de Noël) et essais théoriques (Le Théâtre des marionnettes de Nohant) explique ce système d’objets intimes et scéniques essentiel pour l’imaginaire sandien.
Elyssa Rebai, « L’objet herbier dans la vie et l’œuvre de George Sand »
La curiosité et l’amour du savoir ont toujours poussé George Sand à nourrir son esprit de cultures et de sciences diverses. Son goût pour les végétaux l’incite à cueillir des fleurs pendant ses voyages et excursions pour en faire, ensuite, un herbier. Son attrait infatigable pour l’herborisation et la collection des herbiers se traduit également dans ses fictions. Il s’agit ici de montrer la place de l’herbier dans la vie et l’œuvre de George Sand, tout en identifiant ses multiples fonctions.
Claire Le Guillou, « Objets tabagiques chez George Sand »
Le rapport que George Sand a entretenu avec le tabac n’a fait l’objet d’aucune réelle étude alors même que la pipe ou le cigare sont devenus l’un des objets permettant de la reconnaître sans ambiguïté possible dans l’iconographie. Il s’agira d’analyser comment l’herbe de Nicot – dans ses différentes déclinaisons – est tout à la fois « objet narratif » instaurant un métalangage et « objet sociologique » permettant d’affiner la typologie de ses personnages.
Gheorghe Derbac, « Le périple des chapeaux dans le récit sandien. Signifier et transformer »
Le chapeau, tantôt présent pour incarner la mode, souligner les distinctions de sexes, d’âge et d’appartenance à une certaine époque, tantôt ayant valeur d’indice de sociabilité, est un bon baromètre social. L’analyse, traversant œuvre fictionnelle et autobiographique, a pour objectif de montrer comment cet objet devient matériau romanesque.
501Àngels Santa, « Objets féminins, robes et bijoux dans quelques romans de George Sand »
Certains vêtements ou accessoires, les robes et les bijoux, sont représentatifs du goût de l’écrivaine pour la sphère du féminin. On les retrouve tout au long de son œuvre : depuis les premiers romans dont Indiana et Jacques, jusqu’au Dernier Amour, en passant par les romans de la maturité dont L’Homme de neige est un exemple. Cette étude est révélatrice de la continuité thématique des objets étudiés.
Lara Popic, « Quand les objets s’animent. Les instruments de musique chez George Sand »
La présente étude des instruments de musique chez George Sand se situe sur l’axe poétique et procède à l’analyse de la fonction diégétique et de l’usage rhétorique de l’instrument musical dans trois romans de musicien : La Dernière Aldini, Consuelo et Les Maîtres sonneurs. Médiateur sur le savoir-faire du personnage, objet structurant le récit, l’instrument a une valeur affective qui lui confère un rôle majeur, de révélateur.
Philippe Antoine, « “Cette vie de paquets et d’auberges”. George Sand et les objets du voyage »
D’octobre 1838 à juin 1839 George Sand entreprend un voyage dont l’étape principale est Majorque. La Correspondance, Un hiver à Majorque et Histoire de ma vie retracent cette expérience qui sera envisagée à travers le prisme des objets. Leur mise en texte renvoie à des manières de faire, de voir et de sentir et donc au sujet. Pour autant, en régime non fictionnel, l’objet dicte sa loi et résiste parfois aux tentatives d’interprétation destinées à le faire parler.
Laetitia Hanin, « Des voitures dans les romans de George Sand. Un objet ou un rythme ? »
Cet article s’interroge sur la présence de la voiture dans les romans de George Sand, où l’objet apparaît très fréquemment : il y remplit une fonction réaliste d’attribut qui explique sa visibilité dans les romans socialistes de l’autrice, mais aussi une fonction rythmique car ses propriétés de mobilité et de vitesse font de lui un conducteur narratif efficace pour qui veut convoquer un romanesque d’aventure.
502Cynthia Harvey, « Les dessous de la table de George Sand »
Objet réel remplissant une fonction utilitaire, la table comme objet littéraire, textuel et imaginaire, n’est guère étudiée. Or, selon l’hypothèse défendue dans cet article, la table ne participe pas qu’à un effet de réel, mais aussi à la « scénographie auctoriale » de la femme qui écrit. Ce meuble de « bois vivant » nous convie ainsi à l’agape sandien.
Agnese Silvestri, « La circulation des objets et la société égalitaire du futur. Une corrélation significative dans les romans de Sand des années 1840 »
Chez George Sand, le progrès ne coïncide pas avec l’amélioration individuelle de son propre statut social. C’est la raison pour laquelle certains transferts de propriété se révèlent dangereux, tandis que l’échec de la transition d’objets souligne la complexité de réalisation d’une société égalitaire. Ce n’est que lorsque les objets s’échangent mutuellement entre le haut et le bas de l’échelle sociale que se laisse entrevoir l’utopie socialiste.
Mary Rice-DeFosse, « Don d’objets dans quelques romans de George Sand »
Le motif clé du don permet de mettre en lumière une nouvelle vision des rapports humains dans les romans de George Sand car il met en scène la signification des interactions humaines sous des modalités variées. Médiation entre le sujet et le monde, le don d’objet implique aussi une relation entre l’objet et le donataire, annonçant une possible réciprocité.
Brigitte Diaz, « Propriété, don, partage. Économie symbolique et poétique de l’objet dans quelques romans de George Sand »
Répugnant à réduire le rapport aux objets au seul principe de la propriété, George Sand privilégie les liens esthétiques et affectifs qui l’unissent à eux. Ce refus de la captation matérialiste l’engage dans une représentation critique du monde moderne de la marchandise. Le rapport à l’objet sert une poétique et une politique du détachement qui s’exprime dans les romans dits socialistes comme Le Meunier d’Angibault. L’objet engage une analyse sociologique de l’homme moderne et de ses rapports à la communauté.
503Simone Bernard-Griffiths, « Les lits de l’écritoire dans l’œuvre de George Sand »
Le but de cette étude est de montrer comment, dans l’écriture sandienne, le lit fait l’objet d’un traitement paradigmatique. Loin d’être réduit à sa seule matérialité d’objet, à sa seule potentialité d’une gratuité descriptive, il s’enrichit d’efflorescences symboliques propres à irriguer une sociopoétique, une ethnopoétique et une fantasmatique du Moi. Il est donc étroitement intégré au processus de la création littéraire.
Marie-Cécile Levet, « Le livre à l’œuvre. Horace ; La Daniella ; Laura, voyage dans le cristal ; La Confession d’une jeune fille ; Nanon de George Sand »
Horace ; La Daniella ; Laura, voyage dans le cristal ; La Confession d’une jeune fille ; Nanon de George Sand montrent la réalisation, par un personnage, du livre que le lecteur tient entre les mains : l’existence de cet objet dépend des conditions de sa fabrication, et du lecteur qui s’en empare, tel l’écrivain de papier qui se lit et se relit au fil des pages, attitude réflexive réitérée qui lui permet d’accéder à une « seconde vie » (F. Jullien).
Carme Figuerola, « Espaces et objets de l’écriture dans la fiction sandienne »
Cette analyse a pour but d’interroger quelques romans publiés par George Sand pendant le dernier quart de sa vie pour mieux comprendre la valeur qu’elle attribue à des objets de l’écriture. Billets, carnets, lettres, journaux, livres et, par analogie, les lieux où ces pratiques scripturales se déroulent, révèlent les dimensions de l’être et du paraître de ses personnages. L’étude de leur facture ainsi que de leurs usages fait ressortir la conception de la romancière sur l’écriture et la lecture.
José-Luis Diaz, « George Sand dans le “palais de la fée Babiole” »
Brimborions, bibelots, colifichets, babioles : c’est sous l’angle de ces objets de petite taille, marqués par le féminin, qu’est abordée la question objet. Est soulignée d’abord l’habileté de la jeune Aurore à confectionner ces « brimborions ». Est considérée ensuite leur insistante présence dans les œuvres de fiction, en particulier Les Beaux Messieurs de Bois-Doré. George Sand aime à se faire historienne de la mode des « curiosités », dont elle-même fut partie prenante.
504Kyoko Murata, « Signification symbolique de la statue dans Jeanne »
Dans le Prologue de Jeanne, l’héroïne est comparée à une statue antique et traitée comme un objet d’art par trois hommes. Que penser d’une telle représentation ? La signification symbolique première de la statue, signe de réification du corps féminin, objet du désir masculin, se retourne quand Jeanne se la réapproprie pour résister au monde de la civilisation.
Annabelle M. Rea, « Le miroir dans La Filleule »
À travers divers miroirs, Sand explore les ressemblances entre une femme traditionnelle et sa mère, les contrastant avec une orpheline de mère. Plusieurs phénomènes de l’époque – un journal intime, une chambre individuelle et l’adolescence – s’ajoutent à la psyché pour aider cette jeune personne à construire son identité et découvrir sa vocation. Les dernières scènes du roman se dérouleront à deux : devant un miroir, Psyché et Éros préparent ensemble une carrière dans le théâtre musical.
Isabelle Hoog Naginski, « Le sceptre, la flamme et l’épée. Le matrimoine de Sand »
L’importance de l’objet symbolique est immense chez George Sand. Trois de ces objets ont retenu notre attention : l’épée, objet négatif dans le registre sandien, et la flamme qui la remplace dans la cérémonie maçonnique de La Comtesse de Rudolstadt. Le sceptre, quant à lui, est la marque pour Sand de la supériorité intellectuelle et artistique de la femme de génie. Cet apport poétique constitue ce qu’on peut appeler le matrimoine de Sand.
Béatrice Didier, « L’objet sacré chez George Sand. De l’idolâtrie de l’image à la lumière du symbole »
L’étude s’intéresse aux processus de sacralisation des objets en relation avec une approche ethnographique, avant tout rurale, du phénomène et l’interrogation s’étend au sentiment religieux dans son ensemble. Mais il est aussi une forme plus sensible, voire affective, de sacralisation. Ces différentes catégories expliquent que l’objet puisse prendre valeur initiatique.
505Corinne Fournier Kiss, « Les Contes d’une grand-mère, objets fantastiques ou merveilleux ? Pour une perception allégorique des objets dans Le Château de Pictordu »
Le Château de Pictordu, défini par George Sand comme un « conte », s’appuie sur des ressorts qui relèvent plus du fantastique que du merveilleux. Pour caractériser la perception originale de l’héroïne, nous empruntons le concept de « perception allégorique » à Walter Benjamin – concept qui traduit une capacité de résistance de l’individu à consommer le monde de la modernité sur le simple mode de l’hic et nunc et à être conscient des « constellations saturées de tensions » que contient chaque objet.
Fabienne Bercegol, « Usages du portrait peint dans les fictions de George Sand »
Après avoir fait le point sur le statut particulier de l’objet qu’est le portrait peint, l’article montre comment il fonctionne comme ressort fictionnel dans les intrigues que construit George Sand, qu’il s’agisse de mettre en scène une relation amoureuse, une quête identitaire ou de développer une réflexion politique sur la légitimité des privilèges nobiliaires emblématisés par la galerie de portraits d’ancêtres.
Catherine Masson, « La palette d’objets-acteurs de George Sand »
Dans « La palette d’objets-acteurs de George Sand », l’objet théâtral économise le narratif propre à d’autres genres et peut, à lui seul, épargner de longues descriptions. Mais le décor, les costumes et les accessoires de mise en scène indiqués dans les didascalies ou les notes de mises en scène, sont essentiels et ceux qui cristallisent les conflits entre les personnages dans le théâtre sandien ne sont pas que des accessoires : ils deviennent des éléments signifiants, des objets acteurs.
Valentina Ponzetto, « Les accessoires du théâtre de Nohant. Objets symboliques et clés d’accès au fantastique »
Le théâtre de société de Nohant, petit et familial, laisse plus de place que les théâtres officiels au bricolage, à la fantaisie et au lyrisme. Les objets y prennent des significations métaphoriques et symboliques, plutôt que de 506figuration réaliste. Ils introduisent aussi des éléments d’étrangeté qui sont la marque et la condition du fantastique. Ils deviennent dès lors les vecteurs de cette association entre monde métaphysique et monde réel que George Sand préconise pour un renouveau du théâtre.
Marta Caraion, « Objets et mémoire autobiographique dans Histoire de ma vie »
Dans Histoire de ma vie, le dépassement de la dichotomie entre matière et esprit, constitutive de la pensée littéraire du siècle, est revendiqué comme une méthode d’existence et de création. Très tôt, la matérialité des choses déclenche chez l’enfant l’imagination créatrice et apparaît comme le socle concret d’une vocation littéraire. Cette étude porte sur la triple fonction des objets dans Histoire de ma vie : embrayeurs imaginaires, vecteurs du souvenir et documents d’analyse sociale.
Pascale Auraix-Jonchière, « Discours des objets et définition d’un genre, le “roman romanesque” »
L’optique de cette réflexion est de montrer comment la mise en œuvre d’un système littéraire des objets dans les fictions narratives de George Sand contribue à créer ce qu’elle nomme « roman romanesque », une forme proche à certains égards du roman policier qui émerge en France autour des années 1850. Trois fonctions des objets sont ainsi dégagées : métamorphique, épiphanique et intertextuelle.
Michelle Perrot, « Postface. Le monde sandien des choses »
Les objets ont toujours été partie prenante de la vie de George Sand, vie domestique et créatrice. En se fondant sur ses écrits, ce livre révèle le rôle qu’ils tinrent dans son quotidien et la relation tout affective qui les reliait à elle. Ils ressortent dans toutes leurs dimensions : reliques, grimoires qui retracent la vie des gens, marqueurs sociaux, ils créent une dynamique. Par leur dimension esthétique, éthique et symbolique ils sont une clé pour découvrir la vision sandienne du monde.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11199-3
- EAN : 9782406111993
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11199-3.p.0499
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 28/07/2021
- Langue : Français