Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Femmes d’à côté. Filles, sœurs, épouses d’hommes célèbres
- Pages : 213 à 216
- Collection : Carrefour des lettres modernes, n° 5
Résumés
Sylvie Camet, « Adèle Hugo ou le fracas du silence. Son Journal entre logorrhée et mutisme »
Ayant suivi Victor Hugo en exil, Adèle, trop jeune pour prendre son indépendance, souffre de la réclusion qu’imposent les îles anglo-normandes. L’écriture d’un journal la sauve temporairement de l’ennui, mais plutôt que d’une pièce intime, il s’agit paradoxalement d’une collaboration familiale. La jeune fille accède à son expression par le truchement d’un journal dans le journal, entièrement crypté, texte énigmatique mêlant liberté et enfermement.
Naïma Meftah, « La tante, le peintre et l’enfant. Autour de Géricault »
L’article interroge la présence/absence dans la vie de Géricault de la figure féminine de sa tante et maîtresse, Alexandrine. Les études et biographies passent du déni total de cette relation aux fantasmes les plus extravagants. Cette femme d’à côté a répondu à l’appel du désir et a contribué de manière directe et/ou indirecte à orienter la vision et l’art de l’artiste. L’œuvre de Géricault dit ce que ce peintre romantique n’a pu ni assumer, ni nier.
Philippe de Vita, « Dido Freire-Renoir en filigrane dans l’œuvre de Jean Renoir »
La fonction de Dido Freire, la seconde épouse de Jean Renoir, consiste à perpétuer le capital symbolique du cinéaste : archivant un double de ses lettres, elle enrichit son œuvre en participant à l’édition de sa correspondance. Leur philia prend forme dans les lettres écrites à quatre mains mais signées du seul cinéaste. Elle voit dans cette correspondance le moyen de participer à un discours qui traverse les frontières du privé, du social et du public, mais aussi du masculin et du féminin.
214Marc-Léopold Lévy, « De la muse aux muses. Les femmes et la créativité »
L’article interroge la disparité de la production artistique des hommes et des femmes, tentant de répondre par la psychanalyse à ce que chacun constate, que l’histoire consigne moins de grandes artistes que de grands artistes. L’examen des mécanismes de la jouissance apporte un élément d’explication. Une sorte de contre-exemple est fourni par l’étude du cas de la mathématicienne Emmy Noether, parvenue quant à elle à un degré élevé de la pensée abstraite.
Marie-Laurentine Caëtano, « Jacques et Marie de Romieu. Une collaboration éditoriale à la Renaissance »
En 1581, Jacques de Romieu favorise la publication des Premieres œuvres poetiques de sa sœur Marie de Romieu. Trois ans plus tard, deux poèmes de Marie de Romieu figurent dans les textes liminaires des Melanges de Jacques de Romieu. C’est cette participation de Jacques à l’édition des poèmes de sa sœur qui contribuera à remettre en cause l’existence même de Marie. Aujourd’hui, vie et œuvre sont attestées.
Pérette-Cécile Buffaria, « “Comme Ulysse, [elle] cherche à n’être personne, pour sauver de toute prise du pouvoir quelque chose de sien, une vie à [elle] : lisse, cachée, marginale, mais sienne” »
Marisa Madieri, écrivaine italienne méconnue, auteure de nouvelles et de Vert d’eau, fut la femme de Claudio Magris, l’un des écrivains italiens vivants les plus célèbres. Un hommage à son mari transparaît en filigrane dans l’œuvre de l’épouse restée dans l’ombre. Des échos aux textes de celle qui s’effaça, laissant s’épanouir le talent de l’intellectuel de génie, ponctuent par ailleurs Trieste. L’article s’interroge sur le vécu paradoxal de cette compagne et auteure à la fois.
Simone Orzechowski, « Marta Feuchtwanger. Du dévouement de l’épouse à la revanche de la veuve »
Marta Feuchtwanger est restée dans la mémoire collective pour avoir été la femme du romancier allemand Lion Feuchtwanger. Durant les 46 ans de leur vie commune, elle s’appliqua à assurer à ce dernier un environnement propice à la création. Après le décès de son époux, elle vécut pour et de la 215mémoire de l’écrivain, mais elle sut également valoriser son propre rôle, de façon à être perçue comme une femme hors du commun. C’est cette ambivalence qui est mise en avant.
Matthieu Rémy, « La parole des pairs »
À travers l’analyse du livre de Virginie Linhart, Le Jour où mon père s’est tu, cette étude se propose de mettre à jour les ressorts de la rhétorique employée par une enfant de militants révolutionnaires pour évoquer l’histoire politique des années 60-70, rhétorique fondée ici sur la confrontation de sa propre histoire avec celle d’autres enfants d’activistes politiques d’extrême gauche.
Florence Fix, « Clara Schumann vue du pays d’à côté. Une tragédie musicale d’Elfriede Jelinek »
En 1982, Elfriede Jelinek publie Clara S., musikalische Tragödie, où elle s’empare du parcours de la pianiste virtuose passée de l’emprise de son père à celle de son époux, par un pas de côté, situant l’intrigue en 1930, dans l’Italie fasciste. Ce mouvement de déplacement et de ressaisissement invite à repenser la tragédie de la femme vestale d’un célèbre compositeur en tragédie des totalitarismes, dénonçant dans ceux-ci l’emprise des stéréotypes et notamment de l’imaginaire romantique allemand.
Isabelle Mons, « Camille Claudel. Le souffle de la sculpture intérieure »
La correspondance de Camille Claudel renferme les aveux dissimulés d’une artiste exceptionnelle, et illustre la relation passionnelle qui réunit Rodin, le maître, et sa disciple, conduisant la jeune femme du sommet de son art au déclin et à la perte. Paul Claudel assiste à l’émergence d’une sculptrice qu’il admire et soutient, mais la figure de Rodin cristallise le désaccord entre le frère et la sœur. Camille Claudel, décentrée, vit dans l’à côté de ceux qu’elle aime.
Sylvie Camet, « Elisabeth Nietzsche ou “Le fou d’à côté” »
Cherchant à asseoir sa domination, le parcours d’Elisabeth Nietzsche pourrait se résumer par la formule : « Qui veut la fin veut les moyens ». La méthode qu’elle emploie, tâtonnante dans les débuts, utilise peu à peu toutes 216les ressources à sa portée dans l’idée de devenir quelqu’un de préférence à quelqu’une. Sa vie personnelle ayant été un échec, elle spécule sur la maladie mentale de son frère Friedrich, dont elle falsifie les écrits, pour en faire un discours idéologique au service du fascisme.
Isabelle Mons, « Anna Freud et Emma Jung. Entre ombre et lumière »
Anna Freud et Emma Jung restent connues dans l’histoire de la psychanalyse pour leur lien respectif avec Sigmund Freud et Carl Gustav Jung. Tandis que la première réussit à se faire un prénom jusqu’à encourager la naissance de l’annafreudisme, la seconde incarne pour son mari un indéfectible soutien, jusqu’à devenir elle-même une analyste à l’influence subtile. Altérité à part entière, elles ont largement contribué à l’expansion du mouvement psychanalytique.
Simone Orzechowski, « “I’m still standing”. Joachim Sauer, l’imperturbable mari de la chancelière Angela Merkel »
La femme qui arrive régulièrement en tête du classement Forbes des 100 femmes les plus puissantes du monde, Angela Merkel, est mariée à Joachim Sauer : premier homme à se retrouver dans ce rôle secondaire. Il a lui-même défini la place qu’il souhaitait occuper dans l’espace public, la réduisant à un minimum incompressible afin de pouvoir continuer à mener sa carrière scientifique. L’article examine comment cette situation insolite est perçue par l’opinion publique et les organes de presse.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07283-6
- EAN : 9782406072836
- ISSN : 2494-7520
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07283-6.p.0213
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/04/2018
- Langue : Français