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Classiques Garnier

Les territoires alimentaires à l’heure du changement global

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2020, n° 5
    . varia
  • Auteur : Soulard (Christophe-Toussaint)
  • Résumé : Face aux changements globaux, le système alimentaire mondial doit se transformer en profondeur pour assurer la sécurité alimentaire tout en respectant les limites des ressources planétaires. L’échelle territoriale offre une proximité entre acteurs qui facilite a priori la mise en cohérence des stratégies vers un système alimentaire durable. Cet article explore les cadres d’analyse disponibles pour articuler alimentation et territoire à partir de quatre points de vue sur le système alimentaire.
  • Pages : 35 à 55
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406110620
  • ISBN : 978-2-406-11062-0
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11062-0.p.0035
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/11/2020
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : système alimentaire, géographie, gouvernance, local, urbain
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Les territoires alimentaires 
à lheure du changement global

Christophe-Toussaint Soulard

INRAE Département ACT, Innovation, Univ. Montpellier, CIRAD, INRAE, Institut Agro,

Montpellier, France

Le système alimentaire mondial est un des principaux moteurs des changements globaux qui affectent les ressources de la planète (29 % GES, 80 % déforestation, 70 % eau)1. Selon les projections démographiques en 2050, il ne permettrait de nourrir que 50 % de la population mondiale, capacité qui pourrait doubler sil réduisait ses impacts (Gerten et al., 2020). Cette réduction dimpact suppose dopérer « la grande transformation alimentaire » telle que nommée par la commission EAT-Lancet Commission on Healthy Diets from Sustainable Food Systems, à savoir conjuguer des stratégies multiples pour orienter la diète vers un « régime de santé planétaire » qui réduise la part des produits animaux et accroisse les végétaux, réoriente les systèmes agricoles (diversification, intensification écologique), protège les terres et les océans, et réduise les pertes et gaspillages (Willett et al., 2019). La mise en œuvre de ces stratégies globales repose bien sûr sur la coopération internationale entre pays (COP 21, 24), avec les difficultés actuelles du multilatéralisme. Cest pourquoi cest aussi à léchelle des territoires infranationaux que sengage la grande transformation alimentaire. Ainsi, nous avons vu des États américains 36adhérer à la COP 21 en opposition avec lÉtat fédéral étatsunien, ou des maires français sopposant à la loi en prenant des arrêtés 0 pesticides sur leurs communes. Mais le phénomène le plus marquant est la multitude dacteurs locaux qui sengagent dans des initiatives en tout genre. Le mouvement de « reterritorialisation alimentaire » traduit lamplification des initiatives locales « du champ à lassiette » portées par une large diversité dacteurs publics et privés2. Ce bourgeonnement dinitiatives nest pas limité à la France. On lobserve aussi dans de nombreux pays, au Nord comme au Sud. À léchelle internationale, il est fortement soutenu par les villes et les pouvoirs métropolitains qui, forts de la masse des citoyens quils représentent et de leur centralité logistique, veulent peser sur les systèmes alimentaires (prospective MondAlim CEP, 2017). À titre dexemple, le Milan Urban Food Policy Pact réunit plus de 200 villes qui promeuvent des politiques alimentaires et la participation citoyenne. Ainsi, léchelle des territoires apparait comme un niveau clé pour amorcer « la grande transformation alimentaire » à lheure des changements globaux. Mais, de quels territoires parle-t-on lorsque lon veut agir sur le système alimentaire ? Comment la reterritorialisation alimentaire sinscrit-elle dans lespace ? Peut-on parler de territoires alimentaires ou est-ce une gageure ?

Dans cet article, jexplore ces questions à partir dune revue des concepts que la recherche propose pour penser les relations entre alimentation et territoire. Géographe de formation, je mintéresse aux traductions spatiales et territoriales des cadres danalyse proposés par les spécialistes des systèmes alimentaires, mais aussi à la façon dont les spécialistes des territoires semparent de lenjeu alimentaire. Le texte sappuie pour lessentiel sur une communication à un séminaire organisé par lINRA, unité ASTER de Mirecourt (Vosges), en mai 20173. Cette présentation navait pas pour but de proposer une définition clé en main dun concept, mais plutôt douvrir une réflexion sur une pluralité de cadres danalyse de la relation entre « lalimentation » et « le territoire ». En effet, les recherches qui territorialisent les systèmes alimentaires 37offrent des cadres danalyse qui ont été élaborés à différentes époques pour éclairer une diversité denjeux : la segmentation des marchés agricoles, le développement territorial et linnovation rurale, la transition agro-écologique, la lutte contre linsécurité alimentaire.

Larticle sorganise en quatre sections qui abordent chacune un point de vue sur le système alimentaire. Les deux premières sections placent le projecteur sur le système alimentaire vu comme une chaîne dactivités reliant la production à la consommation alimentaire, en partant dabord dune vision amont, depuis les produits agroalimentaires, puis en portant le regard inverse, depuis la consommation. La troisième section présente les concepts proposés pour analyser le système dapprovisionnement alimentaire et laccès à lalimentation dans un territoire urbain. La dernière section aborde le système alimentaire urbain vu comme un système à gouverner, moyennant une gouvernance bien particulière, mue par un mouvement social et régulée par des cadres dintervention publique encore peu stabilisés.

1er point de vue : le système alimentaire
vu depuis lamont

Des travaux se sont intéressés au système alimentaire avec une entrée par lamont : la production agricole, le terroir, la filière.

Les systèmes agroalimentaires localisés ou SYAL

Les travaux sur les systèmes agroalimentaires localisés (SYAL) (Muchnik et al., 2007) étudient le rapport entre lalimentation et le territoire à partir de productions agricoles et de savoir-faire agroalimentaires qui présentent des spécificités liées à un territoire donné, parfois nommé terroir (cas des indications géographiques protégées). Les travaux portent sur la qualification des produits locaux, la reconnaissance des indications géographiques ou autres labels, en vue de promouvoir des formes de développement local portées par des réseaux dacteurs économiques. Cela se traduit par le développement de filières qui mettent en marché des produits qui se différencient par leur qualité et, ce faisant, 38valorisent la rémunération des producteurs et crée une « image terroir » locale, générant alors un processus de développement rural, la mise en valeur de terroirs et la reconnaissance de cultures rurales. Ces recherches sont conduites depuis une vingtaine dannées au Cirad et à lInra. Au Cirad, les travaux se sont fortement développés en Amérique latine et, plus récemment, en Asie du Sud-Est. À lInra, un nombre important de travaux ont été menés en France, en particulier dans les pays de montagne, et dans les pays européens de culture latine, lItalie notamment. Les SYAL peuvent être vus comme une application à lagriculture de lapproche économique des systèmes productifs locaux (SPL), des districts industriels, des clusters dentreprises ou de léconomie de la proximité, travaux qui considèrent aujourdhui linnovation comme le moteur principal du développement territorial (Torre, 2018). Selon ces travaux, des fonctionnements en réseau permettent de créer du développement territorial en sappuyant sur un processus de qualification des produits agroalimentaires.

Par cette vision « amont » du système alimentaire, les recherches sur les SYAL ciblent principalement des territoires ruraux, même si certains auteurs ont questionné les AMAP comme émergence possible de SYAL métropolitains (Minvielle et al., 2011).

La diversité des systèmes agroalimentaires

La prospective DuAline (Esnouf et al., 2011) a proposé une typologie des systèmes alimentaires, ce qui permet de situer les SYAL et dautres systèmes territorialisés dans le paysage général du système alimentaire mondial. La typologie proposée par Colonna et al. (2011) sappuie sur le concept de système agroalimentaire défini comme « un ensemble de cohérences spécifiques entre des manières de produire, de transformer, de distribuer et de consommer des produits agroalimentaires ». Cette approche relève dune économie régionale qui caractérise la construction politique et économique des relations entre secteur et territoire (Touzard, 2008).

Selon Colonna et al. (2011), la diversité mondiale des systèmes agroalimentaires recouvre :

le système agro-industriel : produire des aliments pour des marchés de masse ;

les systèmes domestiques : jardins et petit élevage ;

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le système vivrier territorial : basé sur des produits vivriers stockables, mais qui ne font pas appel en tant que tels à des transformations industrielles ;

le système alimentaire de proximité regroupant les circuits courts, le marché local ;

le système de qualité différenciée qui correspond aux SYAL, autour de labels fermiers, bio, éthiques, les indications géographiques.

Ils ont ainsi montré que ces systèmes coexistent dans la plupart des pays, dans des proportions différentes. À léchelle mondiale, 60 % de lalimentation viendrait des systèmes traditionnels et des systèmes de qualité. Le système agro-industriel représenterait à lui seul 30 à 40 %.

Ce travail a été lun des points de départ des réflexions sur la coexistence de ces modèles dans les territoires, et sur les effets propres de cette combinatoire sur la durabilité dun système alimentaire territorial. Touzard et Fournier (2014) ont formulé lhypothèse que la combinaison de ces systèmes alimentaires dans les territoires produit une complexité qui renforce leur durabilité, doù lenjeu pour la recherche dinstruire la coexistence territoriale des modèles agricoles et alimentaires (Gasselin, 2017).

2e point de vue : le système alimentaire
vu depuis laval

Ces approches partent du consommateur pour comprendre comment la nourriture est produite et distribuée en vue dassurer la sûreté sanitaire, la sécurité alimentaire et les besoins nutritionnels dune population.

Le système alimentaire générique

Louis Malassis (1993) a proposé la définition générique suivante : « un système alimentaire est la façon dont les hommes sorganisent dans lespace et dans le temps pour obtenir et consommer leur nourriture ». Le point de départ de lanalyse dun système alimentaire est celui de la consommation pour comprendre comment produire et donner accès 40à la nourriture. Cette définition englobe le consommateur, mais aussi tous les acteurs de la chaîne alimentaire, non seulement de la fourche à la fourchette, mais aussi plus en amont, de la semence végétale ou animale au foncier pour lagriculture et, plus en aval, jusquaux déchets alimentaires et aux rejets sortis des unités de traitement des déchets. Cette définition générique est reprise par les économistes qui proposent des concepts et des méthodes danalyse du système alimentaire mondial (Rastoin et Ghersi, 2010).

Le système alimentaire territorialisé

Également proposée par Rastoin (2015, 2016), la notion de système alimentaire territorialisé met laccent sur la maximisation de lintégration locale des filières, par opposition aux filières longues de la mondialisation agroalimentaire. Il sagit dun système alimentaire alternatif (les circuits courts, les filières biologiques) en opposition au système dominant basé sur des filières longues et sur la prédominance des produits transformés. Cette notion sest construite pour analyser et promouvoir des formes alternatives au modèle dominant agro-industriel qui, lui, ne serait pas territorialisé, mais global. Elle met en valeur un objectif de réduction des externalités négatives et de valorisation des objectifs environnementaux, sociaux et économiques. Les systèmes alimentaires territorialisés sont aussi fondés sur des initiatives locales venant des acteurs.

Cette définition est promue par RESOLIS, un réseau qui réunit des experts comme Henri Rouillé dOrfeuil (2018) ou Jean-Louis Rastoin, qui promeuvent le développement de ces formes locales, en France notamment. RESOLIS a publié un inventaire des initiatives qui relèvent de ces systèmes alimentaires territorialisés. Cette notion de système alimentaire territorialisé épouse le mouvement des circuits courts en France (Fénéchère et al., 2008), étudié par ailleurs sous langle de linnovation sociale et de la sociologie économique (Chiffoleau, 2019). Elle est également proche des Alternatives Food Networks anglo-saxons (Goodman et al., 2012). Les chercheurs les plus actifs dans ce champ sont des socio-économistes ruralistes qui développent une approche basée sur les réseaux dacteurs (Brunori, 2007 ; Renting et al., 2003 ; Sonnino et Marsden, 2005). Cette communauté anglo-saxonne se retrouve avec celle des SYAL, précédemment citée, dans des colloques et projets européens.

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La notion de système alimentaire territorialisé est également une idée majeure reprise dans les PAT (projets alimentaires territoriaux) soutenus par le ministère de lAgriculture depuis la loi dorientation de 2014. Le point de vue qui domine est celui de la relocalisation de lalimentation.

Le système agroalimentaire territorial

Autre notion nouvellement usitée pour caractériser des territoires alimentaires, le système agroalimentaire territorial a été défini par Lamine (2012) pour élargir lapproche territoriale non seulement aux acteurs locaux des filières de production, de transformation, de distribution, mais aussi au conseil technique, aux politiques publiques territoriales, aux consommateurs et à la société civile. La vision proposée sécarte donc de la vision « chaîne alimentaire » et ne cible pas uniquement le système alternatif au modèle dominant. Cest une tentative darticulation entre la chaîne alimentaire et son environnement social et technique, dans un cadre territorial donné.

Cette approche se distingue surtout par le cadre théorique mobilisé pour lire le système alimentaire dans un territoire. Ce cadre est celui de lanalyse de la transition des systèmes sociotechniques, sappuyant sur la théorie dite de la multilevel perspective (Geels et Schot, 2007) qui propose une compréhension multi-échelle des changements qui sopèrent dans un processus de transition. La notion de système agroalimentaire territorial se réfère aux approches systémiques de lagroécologie, vue comme une écologie du système alimentaire (Francis et al., 2003), en la territorialisant (Lamine et Dawson, 2018). Lalimentation y est vue à travers les dispositifs et réseaux qui mettent en relation les activités de production, commercialisation et consommation, quil sagisse de circuits courts ou longs. Lanalyse des chemins de transition consiste à repérer et tracer les acteurs, les actions, les événements, mais aussi les controverses et les rapports de force qui vont impulser le changement ou au contraire provoquer son « verrouillage » pour ne pas changer. Il sagit donc dune vision proche du système alimentaire territorial, mais orientée vers lidée de transition agro-écologique des territoires. En France, cette démarche a été élaborée à partir du projet Biovallée®4 dans la Drôme, territoire qui sest engagé dans la transition agro-écologique 42et alimentaire (Lamine et Bui, 2015). Ces approches agro-écologiques sont également développées par des chercheurs belges de Louvain-la-Neuve qui mobilisent la théorie des transitions ; cf. par exemple Pierre Stassart (2012).

Ainsi, le système agroalimentaire ressemble au système alimentaire « alternatif », mais il sen distingue en explorant les chemins de transition quimplique la reterritorialisation alimentaire. On peut trouver des traductions opérationnelles de ces approches dans le mouvement des villes en transition. Ce mouvement est né dinitiatives locales ayant pour objectif dinventer des modes de vie moins dépendants du pétrole. Le moteur de ce mouvement est la crise de lénergie, lalimentation venant le renforcer. La ville de Totnes en Grande-Bretagne, qui se dit être 1re ville en transition, et la figure de luniversitaire Rob Hopkins qui a théorisé la permaculture, sont associées à lorigine de ce mouvement. Depuis, le transition town network5 a essaimé dans plus de 40 pays, prônant la permaculture comme modèle agricole nourricier (Ferguson et Lovell, 2015).

Le mouvement des villes en transition amène à un autre point dentrée dans les territoires alimentaires qui sélaborent : celui de la ville et, plus généralement, du phénomène urbain.

3e point de vue : le système alimentaire
vu depuis un territoire, la ville

Le système alimentaire peut aussi être regardé à partir dun territoire au sein duquel lalimentation est un enjeu. De tout temps, les villes se sont préoccupées dalimentation pour lutter contre la faim (Steel, 2013), même si leur rôle sest réduit durant lépoque contemporaine au profit des États qui se sont emparés de lenjeu alimentaire (Daviron et al., 2017). Depuis ces dernières décennies, on assiste à un retour des villes, et plus largement des territoires, dans la configuration des systèmes alimentaires.

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Le système alimentaire urbain

Le système alimentaire urbain, ou urban food system, est une notion mobilisée en réponse à une diversité de préoccupations reliant ville et alimentation.

Dans les pays du Sud, cest autour des questions de sécurité dapprovisionnement alimentaire des populations pauvres que les villes se mobilisent : comment armer les villes contre la faim ? Comment faire en sorte que les villes soient plus résilientes vis-à-vis de lalimentation ? Ces questions ont justifié le développement des premiers programmes dagriculture urbaine au Sud, dans les bidonvilles par exemple (Metro Manille Philippines, Colombo Sri Lanka, Rosario Argentine, etc.). Les impacts de ces initiatives sont inégaux, mais des travaux comparés ont montré un effet significatif de lagriculture urbaine sur la sécurité alimentaire des ménages pauvres (Zessa et Tasciotti, 2010) avec, localement, des résultats saisissants en termes dimpact économique et social, comme une thèse récente la montré à Antannarivo (Defrise, 2020).

Au Nord, il y a une autre origine historique récente, sans remonter jusquaux jardins de guerre ni aux jardins ouvriers du paternalisme industriel. Elle tient à la crise urbaine et aux inégalités sociales, alimentaires et de santé observées dans les villes des pays occidentaux. Ces constats sont à lorigine dun courant de recherche, lUrban Food Planning, qui consiste à la fois à penser la nourriture dans la ville, et à repenser la ville par rapport à la nourriture (Morgan, 2009). Selon cette approche, nourrir la ville consiste à remettre lalimentation et lagriculture dans la ville même, à reconnecter la ville avec la production locale et régionale, mais aussi à agir sur le paysage de la distribution alimentaire afin de lorienter vers une offre saine et diversifiée.

Considérer la ville du point de vue de lalimentation amène ainsi à repenser laménagement urbain. En effet, lalimentation est un enjeu transversal pour agir sur la réduction de la pauvreté via laide alimentaire et lautoproduction, la lutte contre le changement climatique, léconomie sociale et solidaire, lorganisation de la logistique dapprovisionnement, la végétalisation de lespace urbain, la gestion des commerces et de lalimentation dans lespace public, etc. Une notion résume cet ensemble, celle durbanisme alimentaire (Nasr et Comisar, 2012), les premiers à lavoir proposée étant des architectes du paysage urbain (Viljoen, 2012). 44Toutefois, une partie de lalimentation dans la ville échappe aux enjeux daménagement, car elle relève de processus informels, particulièrement dans les pays du Sud où de véritables économies circulaires animent le système alimentaire, comme par exemple le système agri-urbain à Bobo-Dioulasso (Robineau et Soulard, 2017). Cette part informelle, invisible, du système alimentaire est très présente dans les marges urbaines – interstices ou franges agricoles, délaissés routiers, squats, zones aéroportuaires ou industrielles désaffectées, etc. : les espaces ouverts métropolitains sont donc partie prenante du système alimentaire urbain (Perrin et Soulard, 2020).

Si les travaux français ont assez peu conceptualisé le système alimentaire urbain vu comme un type de système alimentaire territorial, les études anglo-saxonnes proposent plusieurs concepts utiles à connaître.

Le foodscape ou paysage alimentaire

La notion de paysage alimentaire désigne lenvironnement alimentaire du consommateur. Cet environnement peut être le foyer, la rue, le quartier ou lespace urbain dans son ensemble. Lhypothèse des travaux sur les paysages alimentaires est que loffre alimentaire de proximité influence les comportements alimentaires des consommateurs, et donc leur régime nutritionnel. Aux États-Unis, la cartographie des food deserts est utilisée pour les politiques daide alimentaire (food stamps) et les programmes dagriculture urbaine. Cependant, cette approche spatiale de laccès alimentaire a été critiquée, à la fois parce que les paysages alimentaires ne sont pas donnés – ils sont aussi construits par les pratiques habitantes – mais aussi parce que les food deserts sont le fruit dune histoire ayant discriminé et ségrégué des populations structurellement dominées (McClintock, 2011). Nier ces enjeux risque de reproduire les inégalités alimentaires et de santé (Shannon, 2014). En France, où les inégalités sont moins fortes et ou la culture du « bien manger » se maintient encore, il ny a pas à proprement parler de food deserts, même si de premiers travaux indiquent quil y aurait des déserts de produits en circuits courts (Nicoll et Le Gall, 2012).

Lintérêt de cette notion dans le contexte français est de porter un regard spatialisé sur laccès à lalimentation de qualité pour les couches de la population les plus fragiles, en articulant différentes approches du foodscape : spatiales, socio-économiques, culturelles, comportementales et 45systémiques (Vonthron et al., 2020). En résumé, les paysages alimentaires configurent des territoires ponctués des lieux où les habitants trouvent leur nourriture : les marchés, commerces et restaurants, mais aussi les lieux dautoproduction, récupération, glanage ou cueillette alimentaires.

Le foodshed ou territoire dapprovisionnement alimentaire

Le foodshed ou « hinterland alimentaire » désigne le bassin alimentaire dune ville, apprécié dans les deux sens de la relation : 1) le potentiel nourricier, cest-à-dire laire de production qui peut nourrir en partie la ville ; 2) lempreinte du système alimentaire, cest-à-dire les ressources mobilisées par une ville en fonction du régime alimentaire de sa population. Selon Horst et Gaolach (2015) qui ont effectué une revue des études américaines sur les foodsheds, les travaux dans ce domaine partent souvent de lhypothèse (controversée) quaugmenter le potentiel local de production va réduire lempreinte environnementale du régime alimentaire, et renforcer ainsi la durabilité dun système alimentaire urbain. Dautres travaux relevant de lécologie territoriale privilégient des approches en termes de métabolisme urbain (Bohle, 1994). Par exemple, ils modélisent les flux dazote mis en circulation dans un système alimentaire, comme cela a été fait pour Paris (Billen et al., 2009). Dautres travaux promeuvent la bioéconomie – voire léco-économie – territoriale (Marsden et Farioli, 2015), dans lobjectif de renforcer la circularité des flux, tant écologiques quéconomiques, et accroître lautonomie et la résilience des systèmes alimentaires urbains.

En conclusion, ces deux lectures du système alimentaire – lapprovisionnement des produits (foodshed) et laccès à la nourriture (foodscape) – sont à articuler dans tout projet qui vise à activer un système alimentaire dans un territoire. Se pose alors la question de la gouvernance territoriale.

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4e point de vue : le système alimentaire
vu par le mouvement quil crée

Le système alimentaire urbain peut également être vu comme un mouvement porté par des acteurs qui vont agir sur sa transformation.

Le Food Movement ou mouvement alimentaire

Lanalyse des politiques alimentaires urbaines montre quelles sont rarement des politiques décrétées en haut lieu par des structures politiques ou leurs administrations. Le plus souvent, les politiques viennent en réponse ou en réaction à lengagement de citoyens qui se mobilisent autour de lagriculture ou de lalimentation. La démultiplication de micro-initiatives, de revendications, de contestations, de luttes de pouvoir, finit par créer un mouvement social aux contours flous, mais qui va agir sur la dynamique des systèmes alimentaires. Cest ce quon nommera le mouvement alimentaire.

Plus ancien aux États-Unis quen France, ce mouvement alimentaire a été initié dans les années 1970 et a connu plusieurs étapes. Il y a dabord eu le mouvement critique de lagriculture conventionnelle revendiquant le développement de lagriculture biologique, depuis les années 1970, puis son extension au monde urbain qui sest emparé de lagriculture urbaine via les jardins communautaires depuis 1975, puis celui de laide alimentaire dans les années 1980, puis des circuits courts via les Community Supported Agriculture et les marchés fermiers dans les années 1990. La géographe Julie Guthmann (2008) a retracé lenchaînement de ces mouvements, expliquant la montée en puissance des mouvements alternatifs de lagriculture biologique et de lalimentation locale, puis leur mise en critique à cause des nouvelles inégalités créées par ces initiatives. En effet, et malgré elles, ces initiatives ont parfois reproduit le modèle néo-libéral conduisant à renforcer le pouvoir dune élite blanche (whiteness) et à « gentrifier » les quartiers jardinés, reléguant les groupes minoritaires vers des quartiers périphériques ou dégradés. Le mouvement de la justice alimentaire, Food Justice, nait en opposition à celui de la relocalisation alimentaire, pour redonner linitiative aux groupes sociaux désavantagés (Alkon et Agyeman, 2011 ; Gottlieb, 2010), de même que celui de la 47souveraineté alimentaire qui cible la réparation des dépossessions foncières et culturelles subies par les communautés indigènes (Williams et Holt-Giménez, 2017). Ces mouvements sont portés par des minorités qui revendiquent non seulement une meilleure alimentation, mais aussi un contrôle de laccès aux terres pour la produire. Ainsi, lenjeu alimentaire sétend à la revendication dun droit à la ville (Lefebvre, 1967).

En France, le mouvement alimentaire est apparu plus récemment et différemment, se focalisant davantage sur les relations entre les villes et lagriculture, via les circuits courts, lagriculture urbaine et périurbaine, et les questions daménagement (Bonnefoy, 2011). Toutefois, ce mouvement social existe et joue un rôle moteur dans lémergence des premières politiques alimentaires territoriales. En effet, les mobilisations citoyennes influencent la mise à lagenda politique de la question alimentaire, notamment lors des élections municipales (Michel et Soulard, 2017). En revanche, les formes instituées restent encore rares, ce qui pose la question des modes de régulation qui sinstaurent aux échelles territoriales de la gouvernance alimentaire.

La gouvernance alimentaire territoriale

Entre mouvement spontané instable et cadrages politiques balbutiants, la gouvernance territoriale dun système alimentaire est un sujet complexe. Des formes instituées existent sans être stabilisées. Aux États-Unis et au Canada où le mouvement alimentaire est ancien, la gouvernance a été formalisée via la création de Food Policy Councils (FPC), des conseils de politique alimentaire qui fédèrent les acteurs du système alimentaire et organisent le dialogue avec des instances publiques locales. Le FPC de Toronto est un des plus connus (Blay-Palmer, 2009) : ici, le conseil municipal dispose dun bureau de la santé qui est conseillé par le FPC sur la stratégie alimentaire de la ville ; le FPC regroupe 34 membres représentatifs du système alimentaire (institutionnels, entreprises, membres de la société civile, experts et universitaires). Dans ce type de gouvernance, une grande importance est donnée à la participation citoyenne pour construire et évaluer une politique alimentaire. Une telle visée ne va pas de soi, car des désaccords peuvent survenir ente acteurs privés et municipalité ou entre acteurs publics, jusquà conduire parfois à la dissolution du FPC comme ce fut le cas en 2012 à Portland (USA) lors dun changement politique (Coplen et Cuneo, 2015).

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En France, les lieux formalisés de gouvernance alimentaire territoriale restent exceptionnels (Perrin et Soulard, 2014 ; Billion, 2017 ; Perrin et al., 2018). Le développement des projets alimentaires territoriaux promus par le ministère de lAgriculture est encore récent. La diversité des acteurs qui les portent révèle une variété dentrées dans la question alimentaire. Les communes, agglomérations et métropoles sont nombreuses, cherchant souvent dans le label PAT un renforcement dinitiatives agricoles et alimentaires insérées dans des projets urbains. Les communes et intercommunalités rurales ainsi que les parcs naturels régionaux sont également nombreux, ce qui augure dune construction de territoires alimentaires en combinaison ou en confrontation avec la gestion des ressources naturelles ou avec lorganisation des filières agroalimentaires traditionnellement orientées vers des circuits longs. Mais ces grandes dominantes sexpriment plus ou moins selon les rapports entre acteurs qui se jouent dans les gouvernances qui sélaborent. Les trajectoires vers une gouvernance alimentaire territoriale restent embryonnaires, le système agro-industriel conservant un poids dominant, voire se renforçant en intégrant une partie des circuits locaux et bio et en se plaçant en pourvoyeur exclusif des populations qui échappent au mouvement alimentaire local (Fouilleux et Michel, 2020).

Ainsi, le système alimentaire territorial est également à regarder comme un mouvement historique animé par des acteurs multiples. Ce mouvement alimentaire est instable, alternant entre avancée et inertie, reposant sur un système complexe de rapports entre acteurs aux objectifs divers. Le caractère peu institué de cette gouvernance appelle à des cadres danalyse multiples, croisant des approches organisationnelles de la gouvernance (Rey-Valette et al., 2014) avec des approches anthropologiques dune « gouvernance par lusage » se construisant dans les pratiques quotidiennes des acteurs (Le Meur et Lund, 2001). Cest en effet en reconstituant les pratiques sociales qui sélaborent, se confrontent et se sédimentent que lon peut saisir lactivation du système alimentaire et les chemins transitionnels quil emprunte au cours du temps (Cohen et Illieva, 2015).

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Conclusion : les territoires alimentaires
à lheure du changement global

La revue des cadres danalyse des systèmes alimentaires montre la richesse des points de vue possibles pour semparer de cette notion. Pour autant, parler de « territoires alimentaires » reste un abus de langage, car le système alimentaire repose toujours sur une mise en réseau de territoires multiples et imbriqués. Cependant, le processus de territorialisation de lalimentation est bien à lœuvre. Il y a bien un phénomène nouveau de reconnexion des liens entre le mangeur et son alimentation, entre producteurs et consommateurs, entre les paysages alimentaires des villes et les bassins alimentaires des campagnes. Faite dune myriade dinitiatives allant de léchelle de la rue, de la ferme ou du quartier à la constitution de réseaux dacteurs multi-pays, cette reconnexion territoriale alimentaire sobserve partout dans le monde, au Sud comme au Nord. Elle épouse des formes plurielles, toujours singulières et évolutives. La multiplicité des cadres danalyse est le reflet de cette réalité complexe, chacun offrant une capacité à saisir une facette du système alimentaire territorial.

Le dynamisme des territoires alimentaires illustre aussi un paradoxe, puisque tout semble montrer que laccélération des changements globaux – quil sagisse de la mondialisation économique ou des crises climatiques, écologiques et sanitaires – concourt au renforcement du mouvement de reterritorialisation alimentaire. Au fil du temps cependant, les motifs et les moteurs de ce processus évoluent. Comme le suggère Latour dans son livre récent « Où atterrir ? » (2017), la crise climatique et sa négation provoquent une désorganisation sociale et politique qui impose de revenir au « territoire » pour sorienter en politique. Lalimentation est manifestement un de ces moteurs qui nous aideront à ré-atterrir. La crise sanitaire de la Covid-19 a été un révélateur de cet enjeu de territorialisation alimentaire. Les acteurs du système alimentaire global ont été durement touchés par la crise, à limage des grandes exploitations agricoles qui ne pouvaient plus récolter suite à larrêt des migrations transfrontalières des travailleurs agricoles, des caissières des supermarchés ou des employés des abattoirs, particulièrement exposés à la maladie. Les 50logiques de proximité ont aussi connu des difficultés tout en se réorganisant : tandis que les marchés de plein vent étaient parfois fermés pour raison de distanciation sociale, que les personnes âgées ne pouvaient plus assurer la distribution daide alimentaire, les acteurs de lalimentation locale se réorganisaient pour poursuivre les approvisionnements et les distributions, moyennant de nouvelles formes dorganisation logistique, de recours à Internet, dexpression des solidarités locales. Ainsi, la crise a été un révélateur de linventivité dans les systèmes alimentaires territorialisés6 tout en donnant à voir des facteurs de vulnérabilité et de résilience alimentaire des territoires. Ce sera peut-être un tournant important pour les recherches sur les territoires alimentaires, car la crise impose de penser les territoires autrement, du point de vue de leurs capacités à assurer les besoins vitaux dune société. Une nouvelle figure du système alimentaire territorial est peut-être en train démerger, celle dun territoire en crise qui reconfigure son système alimentaire pour assurer les besoins de subsistance de populations affectées ou privées de leur liberté de mouvement. Les recherches futures devront semparer de cette réalité nouvelle et repenser les territoires alimentaires du point de vue de leurs capacités à assurer les besoins vitaux dune société.

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Références bibliographiques

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Billen G., Barles S., Garnier J., Rouillard J., Benoit P., 2009, “The food-print of Paris : long-term reconstruction of the nitrogen flows imported into the city from its rural hinterland”, Regional Environmental Change, 9(1), p. 13-24.

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2 Voir le numéro spécial de la revue Villages : « Du champ à lassiette : le renouveau de lalimentation de proximité » coédité avec lINRA : https://www.villagemagazine.fr/village-hs-ndeg3 (consulté le 25/05/2020).

3 Exposé oral enregistré et retranscrit par Romain Fêche, ASTER Mirecourt. Je remercie lunité Aster de mavoir autorisé à publier cet exposé.

4 https://biovallee.net/projet-biovallee/ (consulté le 25/05/2020).

5 Communities coming together to reimagine and rebuild our world : https://transitionnetwork.org/ (consulté le 25/05/2020).

6 Voir lenquête « Manger au temps du coronavirus » du RMT Alimentation locale : https://www.rmt-alimentation-locale.org/post/bp2-tendances-et-perspectives (consulté le 25/05/2020).