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Classiques Garnier

Une stratégie multicanale impliquant le commerce ambulant et le commerce en supermarchés/hypermarchés en Afrique de l’Ouest Étude du cas Fan Milk

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Systèmes alimentaires / Food Systems
    2020, n° 5
    . varia
  • Auteurs : Gbetchi (Komlanvi Elom), Perrigot (Rozenn)
  • Résumé : Dans cet article, nous examinons une stratégie multicanale particulière en explorant la question de recherche suivante : « Comment le commerce ambulant (traditionnel en Afrique de l’Ouest) et la grande distribution (plus récente) peuvent-ils se compléter et aussi s’impacter ? », à travers l’étude du cas de l’entreprise Fan Milk commercialisant des produits laitiers. L’analyse d’une série de 23 entretiens clients permet de formuler des contributions à la littérature et à la pratique.
  • Pages : 111 à 131
  • Revue : Systèmes alimentaires
  • Thème CLIL : 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
  • EAN : 9782406110620
  • ISBN : 978-2-406-11062-0
  • ISSN : 2555-0411
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11062-0.p.0111
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/11/2020
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : commerce ambulant, grande distribution, stratégie multicanale, Afrique de l’Ouest
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Une stratégie multicanale impliquant le commerce ambulant et le commerce en supermarchés/hypermarchés
en Afrique de lOuest

Étude du cas Fan Milk

Komlanvi Elom Gbetchi

Rozenn Perrigot

IGR-IAE Rennes, CREM UMR CNRS 6211

Introduction

De nombreux détaillants ont adopté, ces dernières années, une stratégie multicanale. Ils commercialisent leurs produits (et services) dans des points de vente physiques et sur Internet. Nombreux sont aussi les chercheurs ayant étudié cette stratégie multicanale (ex. : Verhoef et al., 2015). Certains ont souligné la complémentarité des deux canaux offline et online alors que dautres ont examiné les challenges associés à cette stratégie.

Quen est-il des stratégies multicanales reposant sur dautres canaux que les points de vente physiques et les sites Internet ? Dans cet article, nous nous intéressons à cette question et, plus particulièrement, à la stratégie multicanale impliquant les supermarchés/hypermarchés et le commerce ambulant en Afrique de lOuest. En ralentissement ces dernières années dans les pays développés, le commerce ambulant connaît une croissance dans la plupart des villes africaines (Nordin et al., 2016). Il représente une source dapprovisionnement majeure pour les consommateurs dune part, et une activité principale pour de 112nombreuses personnes dautre part (Nordin et al., 2016). Les raisons de ce dynamisme sont multiples. La grande distribution (supermarchés, hypermarchés, etc.) est encore au stade embryonnaire dans la plupart des pays africains, favorisant ainsi le maintien du commerce ambulant (Ouattara, 1998). En outre, de nombreux Africains développent une activité de commerce ambulant pour sortir de la pauvreté (Steck, 2006).

Lobjectif de notre recherche consiste à comprendre le fonctionnement du commerce ambulant en Afrique, ses complémentarités avec les supermarchés/hypermarchés et les enjeux dune telle stratégie multicanale. Notre question de recherche est la suivante : « Comment le commerce ambulant –traditionnel en Afrique de lOuest– et la grande distribution –plus récente– peuvent-ils se compléter et aussi simpacter ? ». Ce type de stratégie multicanale, na –à notre connaissance– pas été étudié dans la littérature et mérite donc une attention particulière.

Notre étude empirique concerne le cas de Fan Milk, entreprise spécialisée dans la production et la commercialisation de produits laitiers, de produits glacés et de jus de fruits en Afrique de lOuest, zone qui connaît actuellement une forte croissance de ses activités commerciales. Nous avons réalisé 23 entretiens avec des clients de produits Fan Milk en Côte dIvoire, au Ghana, au Nigéria et au Togo.

Une analyse du contenu de ces entretiens, complétée par des données secondaires, a permis de faire émerger des résultats qui contribuent à la littérature existante ainsi quà la pratique. Plus précisément, cet article contribue à la littérature grandissante sur le commerce en Afrique dune part, et à la littérature sur la stratégie multicanale dautre part. En outre, les résultats permettent aux professionnels du commerce de comprendre les complémentarités ainsi que les enjeux associés à une stratégie multicanale impliquant les supermarchés/hypermarchés et le commerce ambulant.

Larticle est structuré de la façon suivante. Nous proposons une revue de littérature en sections 1 et 2. Nous décrivons la méthodologie de la recherche en section 3. Nous présentons en section 4 les résultats avant de les discuter en conclusion.

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1. Le commerce ambulant en Afrique

1.1. Les spécificités du commerce ambulant en Afrique

Dans le cadre du commerce ambulant, le vendeur parcourt les espaces urbains et ruraux dun territoire afin de proposer aux acheteurs potentiels des produits et/ou des services (Tsapi et Gilardi, 2011). Ces auteurs ont distingué deux formes de ventes ambulantes. La première rassemble les commerçants itinérants qui se déplacent dun marché à un autre. Ces marchés sont organisés à des jours fixes et durant une période déterminée. Les vendeurs disposent de meubles et/ou de véhicules adaptés, leurs assortiments sont relativement larges et leurs lieux de vente sont bien identifiés. Ils disposent dun emplacement déterminé et fixe quils occupent à période et fréquence régulières. Ainsi, les clients peuvent prévoir leurs venues et planifier leurs actes dachat. La seconde forme de ventes ambulantes est constituée de vendeurs surnommés « ultra-ambulants1 ». Ces derniers se déplacent avec leurs marchandises, toute la journée, de façon irrégulière. Il est ainsi impossible pour les clients de prévoir leurs passages à des endroits et moments précis, et donc de planifier leurs achats.

La vente ambulante en Afrique concerne de nombreux produits (Owhe-Ureghe et al., 1993) : des médicaments contrefaits provenant la plupart du temps du Nigéria et revendus à lunité, de la nourriture préparée et prête à consommer, des produits agricoles tels que des fruits, des tubercules, des céréales et des légumes, des produits alimentaires artisanaux et locaux, des produits alimentaires industrialisés, des produits alimentaires importés, des cosmétiques, de lélectroménager importé dEurope et/ou de Chine, des vêtements, etc.

La plupart du temps, les vendeurs ambulants transportent leurs produits sur leur tête, leur épaule, à bras ou bien sur des vélos, dans des chariots ou des pousse-pousse à roues (Tsapi et Gilardi, 2011). Ils sont surtout présents sur les marchés2 à côté des vendeurs plus sédentaires, 114sur les trottoirs en devanture des magasins grossistes, mais aussi dans les ruelles des quartiers, au bord des routes et des ronds-points, devant les écoles et les églises, etc. (Davis, 2008 ; Steck, 2007).

Les vendeurs ambulants ont des profils variés : des hommes, des femmes, des jeunes filles et des enfants, des autochtones, des étrangers (Davis, 2008), des personnes qui migrent vers les villes à la recherche dun emploi et qui, finalement, sadonnent à ce commerce ambulant pour survivre (Hernandez, 1993 ; Lessassy, 2007), des paysans, des détaillants. Lessassy (2007) distingue les vendeurs ambulants pour qui le commerce ambulant est une activité principale et quotidienne de ceux (écoliers, étudiants) qui le pratiquent comme une activité dappoint, à temps partiel, pendant les week-ends ou les vacances.

Enfin, une partie du commerce ambulant est considérée comme faisant partie du secteur informel : il sagit des activités menées à titre individuel, ni pour le compte dune grande entreprise ni avec des produits dune grande marque (Steck, 2006). En effet, selon Akinboade (2005, p. 284), le secteur informel regroupe « lensemble des petites activités génératrices de revenus qui sont menées en dehors du cadre réglementaire officiel et qui mobilisent généralement peu de capitaux, peu de technologies et peu de compétences, générant de faibles revenus et un emploi plutôt instable ». Le secteur informel du commerce de rue est considéré, en Afrique, comme une ressource entrepreneuriale regroupant à la fois des personnes sans emploi qui font de la vente ambulante une activité principale en attendant de trouver une autre activité, et aussi des personnes à la recherche de revenus complémentaires (Lessassy, 2007).

1.2. Les difficultés associées
au commerce ambulant en Afrique

Le commerce ambulant, étant pratiqué sans grand contrôle en Afrique, présente certains risques associés notamment aux produits vendus, surtout dans le secteur de la petite restauration et des médicaments, et à labsence de points de vente (Thaler, 1985).

Dabord, certains vendeurs ambulants exercent une activité de petite restauration sans réelle maîtrise du système de production alimentaire, 115sans formation en cuisine et improvisent ainsi leurs activités pour avoir des revenus. Labsence de réglementation à cet égard représente un vrai danger pour la santé de la population, car les conditions dhygiène, la qualité et le dosage des ingrédients ne sont pas toujours respectés (Ekanem, 1998). Il existe donc un ensemble de risques non négligeables, parfois avec des conséquences graves (problèmes de santé, blessures, décès, etc.), dans le cas de la vente de médicaments (Tsapi et Assene, 2006).

Ensuite, nayant pas de point de vente, le vendeur ambulant se promène et vend ses produits sans fournir ni reçu ni garantie. Tsapi et Gilardi (2011) révèlent que les risques associés à la vente ambulante peuvent venir du produit acheté (origine du produit non identifiée, qualité du produit défectueuse, etc.), mais aussi et surtout, du vendeur lui-même (fiabilité, honnêteté, crédibilité, responsabilité assumée ou non après la vente, etc.). Lachat dans ces conditions présente ainsi un risque pour les clients, car la probabilité de retrouver le vendeur en cas de problème est très faible, ce qui génère donc un risque financier. En effet, le client perdra de largent sil sagit dun produit de mauvaise qualité ou dune contrefaçon (Hernandez, 1995), ou si la consommation dudit produit acheté dans la rue induit des dépenses médicales par la suite (Tsapi et Assene, 2006).

Il existe aussi un risque de performance ou risque fonctionnel. Ce dernier est subi lorsque le produit acheté dans la rue ne possède pas les qualités escomptées. Par exemple, dans le cas des vêtements et produits électroniques importés de Chine, communément appelés « chinoiseries » par les consommateurs en Afrique, il est constaté que leur durée de vie est très courte.

Enfin, un risque social existe lorsque lachat ou la consommation dun produit contrefait peut être mal perçu par lentourage dudit client (Tsapi et Gilardi, 2011).

1.3. La coexistence du commerce ambulant et de la distribution en supermarchés /hypermarchés en Afrique

Le dynamisme du commerce ambulant attire les entreprises du commerce plus formel, par exemple les entreprises agroalimentaires, qui comprennent que ce canal est important pour les clients. En effet, la majorité des clients africains sapprovisionnent dans la rue (Canet et NDiaye, 1996). Les entreprises agroalimentaires veulent faire face 116à la concurrence que leur font les vendeurs ambulants qui eux, depuis longtemps, arrivent à séduire les clients à la recherche de prix bas, de proximité et ne prêtant que peu dattention à la qualité des produits (Tsapi et Gilardi, 2011). Leur objectif étant de pouvoir se rapprocher des clients (Steck, 2006), ces entreprises recrutent alors des vendeurs et les forment au métier de la vente ambulante.

Ces entreprises agroalimentaires commercialisent aussi leurs produits dans la grande distribution qui connaît actuellement une véritable modernisation dans les pays africains, à une vitesse semblable à celle qui avait été observée dans les pays occidentaux lors de lapparition du format de lhypermarché, puis celui du hard discount (Amine et Lazzaoui, 2011). Le comportement des consommateurs africains est en mutation (Amine, 2012). La migration vers des systèmes de distribution modernes est soutenue par lémergence de nouvelles classes moyennes (Diallo et Seck, 2014). En outre, les enseignes internationales pénètrent le marché africain pour y saisir des opportunités de croissance (Diallo et Seck, 2014) quelles ne connaissent plus dans leurs pays dorigine où louverture de nouveaux points de vente est difficile et où la concurrence est plus forte (Amine, 2012). Le continent africain, hors Afrique du Sud, comptait 292 centres commerciaux dune surface moyenne de 18 289 m2, dont 37 en Afrique de lOuest (Sagaci Research, 2015). La Côte dIvoire, le Ghana, le Nigéria, le Sénégal et le Togo voient larrivée denseignes étrangères et nationales, dans les formats hypermarchés (Carrefour, Géant Casino, Hyper U, Walmart, etc.), supermarchés (Auchan, Bonprix, Central Supermarket, Chan Supermarket, Leader Price, etc.), supérettes (Côté Marché, Hanouty, Pridoux, etc.) (GRAIN, 2018 ; Sagaci Research, 2015). Même si ces pays constituent un marché où de nombreux besoins restent à satisfaire, les enseignes sont conscientes des risques qui y existent, risques dordre politique (nationalisation, expropriation, instabilité, etc.), économique (dévaluation, faiblesse du niveau de vie, etc.), partenarial (recherche daccords avec les entreprises locales, diversification des fournisseurs locaux, variété des formats de vente à adopter) accentués par la distance ou les différences culturelles existant entre le pays dorigine et le pays daccueil (Amine, 2012).

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2. Stratégies multicanales
et contexte de coopétition

Selon Frazier (1999, p. 232), une entreprise adopte une stratégie de distribution multicanale « lorsque plus dun canal principal est utilisé pour vendre la même gamme de produits au même marché cible ».

On distingue deux courants de littérature sur la distribution multicanale : le comportement des acheteurs multicanaux (ex. : Balasubramanian et al., 2005) et la distribution multicanale incluant la conception et le management dun système de distribution composé de canaux multiples (ex. : Jeanpert, 2008). Concernant ce deuxième courant, sur le plan théorique, Poirel et Bonet-Fernandez (2008) distinguent deux approches : une approche économique de la stratégie multicanale fondée sur la théorie des coûts de transaction, la théorie de lagence et la théorie des jeux et une approche sociopolitique qui met en exergue les dimensions stratégiques et marketing des relations entre acteurs. Steinfield et al. (2002) distinguaient, eux, les stratégies orientées « synergies entre canaux » et les stratégies nexploitant pas les complémentarités entre canaux. Vanheems (2009, p. 42), quant à elle, considère que la stratégie multicanale permet « datteindre plus de clients, de vendre davantage de produits et daugmenter les profits ».

Notre travail sappuie sur la théorie de la coopétition qui correspond à la coexistence de collaboration et de compétition entre canaux dune même entreprise (Granata, 2014 ; Luo et al., 2006 ; Vargo et Lusch, 2004). Nalebuff et Brandengurger (1996) ont utilisé la théorie des jeux pour proposer une première théorie de la coopétition selon laquelle des concurrents peuvent coexister dans une logique gagnant-gagnant alors que, selon Granata (2014), lapproche classique en management nenvisageait quun seul gagnant. La coopétition est alors vue comme une forme de relation entre concurrents qui combine des échanges économiques et non économiques (Jeanpert, 2008).

La stratégie coopétitive a un double objectif : créer un sentiment de collaboration entre les canaux de lentreprise et les mettre en compétition (Poirel et Bonet-Fernandez, 2008). Ceci conduit à intégrer les partenaires de lentreprise dans une dynamique commune visant le succès de 118lentreprise tout en créant une compétition entre les canaux (Jeanpert, 2008). La coexistence des canaux conduit à des synergies (Poirel et Bonet-Fernandez, 2008) quand les décideurs comprennent quil ne faut pas seulement juxtaposer les canaux, mais plutôt sefforcer de les coordonner et de les intégrer (Gallino et Moreno, 2014).

3. Méthodologie

3.1. Le commerce en Afrique de lOuest

Notre étude empirique concerne le cas de Fan Milk en Afrique de lOuest. Ainsi, pour commencer, il convient dintroduire ce marché spécifique. Le commerce en Afrique de lOuest est fragmenté et faiblement intégré3. Les relations commerciales entre les pays dAfrique de lOuest restent limitées en raison, notamment, de labsence dapplication effective des accords signés sur le terrain, du manque dinfrastructures régionales (réseaux aériens, ferrés, maritimes et routiers, télécommunications, etc.) et de la persistance des barrières tarifaires. Ces dernières années, les États membres de la CEDEAO ont mis en place des directives afin dencourager le développement régional du commerce dans la zone ouest-africaine.

Malgré cette fragilité du commerce en Afrique de lOuest, le montant des échanges commerciaux de cette région était chiffré à 208.1 milliards de dollars américains en 2014 (CEDEAO, 2018). Les échanges intra-communautaires sont les plus élevés des regroupements intra-régionaux des accords Afrique Caraïbes Pacifique4, et cette région demeure le premier partenaire commercial de lUnion européenne en Afrique subsaharienne.

3.2. Le cas de Fan Milk en Afrique de lOuest

Créée en 1960 au Ghana, lentreprise Fan Milk est issue dune initiative entrepreneuriale du danois Erik Emborg (Fan Milk International 119A/S, 2018). En juin 2013, le capital-investisseur émirati Abraaj rachète lentreprise Fan Milk pour 350 millions de dollars et cède 49 % du capital à Danone dès la fin 2013 (AOF, 2013). Lobjectif de ces transactions était de maintenir Fan Milk comme la référence en matière de production de produits laitiers et de pouvoir répondre à la demande sans cesse croissante dans la région ouest-africaine.

Fan Milk, grâce à lexpertise et au savoir-faire danois en science laitière, est spécialisée dans la production et la commercialisation de lait pasteurisé fabriqué à partir de lait en poudre importé du Danemark. Son portefeuille de produits sest développé au fil du temps et inclut aujourdhui des produits laitiers comme le yaourt glacé, la crème glacée (FanIce, Fan Yogo) et le lait au chocolat (Fan Choco), conditionnés en portions sous forme de sachets plastiques ou de briks en carton ainsi que des jus et boissons gazeuses vendues en sachets, bouteilles et cartons sous les noms de Fan Dango, Tampico (Olodo, 2019).

Fan Milk est présent dans huit pays de lAfrique de lOuest : Bénin, Burkina-Faso, Côte dIvoire, Ghana, Libéria, Nigéria, Niger et Togo (AGET, 2019 ; Fan Milk International A/S, 2018). En termes dorganisation, Fan Milk dispose dusines de production en Côte dIvoire, au Ghana, au Nigéria et au Togo, et des entreprises de distribution au Bénin, Burkina Faso, Libéria et Niger (AGET, 2019).

Afin de vendre ces produits, Fan Milk a adopté une stratégie multicanale. Les produits sont commercialisés à la fois par 31 000 vendeurs ambulants dans la rue ainsi que dans les supermarchés/hypermarchés, supérettes, boutiques, stations-service et dépôts (AOF, 2013 ; Olodo, 2019). La distribution des produits Fan Milk dans les supermarchés/hypermarchés a pour objectif détendre les activités de Fan Milk, de contourner les réglementations limitant la vente ambulante dans certains pays (ex. : les autorités municipales tentent de contrôler le paiement des taxes au Nigéria), déviter la contrebande et la délinquance et de désengorger les rues (Fourchard, 2006), et enfin dattirer les consommateurs hostiles aux achats dans la rue et exigeants sur les questions dhygiène et les informations sur la composition des produits (Douet, 2016). La plupart du temps, ces vendeurs ambulants sont partout avec leurs vélos équipés de glacières isothermes : aux abords des grandes routes et des ronds-points, dans les rues et les ruelles, sur les marchés, devant les écoles et les églises, etc., en quête dacheteurs potentiels (Olodo, 2019). 120Plus récemment, des pousse-pousse5 ont été introduits dans le cadre de la vente ambulante en plus des vélos (Fan Milk International A/S, 2018).

3.3. Collecte de données

La méthodologie de létude de cas est, selon Yin (2013), appropriée lorsque les questions de recherche commencent par « comment ». Nous voulons ici comprendre comment fonctionne le commerce ambulant en Afrique de lOuest et comment ce commerce ambulant –traditionnel en Afrique de lOuest– et la grande distribution –plus récente– peuvent se compléter et aussi simpacter.

Dans le contexte de cette étude de cas, nous avons adopté une approche qualitative avec une série dentretiens approfondis menés par Skype et/ou par téléphone avec 23 clients de produits Fan Milk en Côte dIvoire, au Ghana, au Nigéria et au Togo.

Nous avons considéré ces quatre pays comme relativement homogènes daprès les considérations de Hofstede (2001), Fouda (2006) et Fourchard (2003). Ces auteurs ont distingué deux groupes de pays en Afrique : ceux de lAfrique de lOuest et ceux de lAfrique de lEst. Léchantillon des personnes interrogées était composé de femmes et dhommes âgés de 21 à 49 ans, de diverses catégories socioprofessionnelles (étudiants, infirmières auxiliaires, vendeurs, ingénieurs mécaniciens, entrepreneurs).

Le guide dentretien, au-delà de lintroduction et la conclusion, était articulé autour de quatre thèmes correspondant aux 4P : produit, prix, communication, distribution. Les entretiens ont été menés durant lété 2016, en français et en anglais, selon le pays de nos interviewés. Ils correspondent à une durée totale dune douzaine dheures. Les entretiens ont été intégralement retranscrits. Le contenu a été analysé suivant la procédure en deux étapes suggérée par Saldaña (2015), décrite par Miles et al. (2014). Dans le codage de premier cycle, nous avons codé le contenu des entretiens en utilisant des codes descriptifs (expressions courtes) afin détablir un inventaire des sujets abordés par les personnes interviewées, par exemple : vente ambulante auprès des écoles, vente ambulante auprès des églises, vente ambulante sur les ronds-points, etc. Dans le codage de second cycle, nous avons regroupé ces codes en 121catégories ou méta-codes pour faire émerger des tendances, par exemple « lieux – vente ambulante », et conclure que les vendeurs sont « partout ».

En complément des entretiens, nous avons collecté des données secondaires concernant lentreprise Fan Milk via les sites Internet de cette entreprise et dautres sites Internet tels que www.jeuneafrique.com, www.lsa-conso.fr, www.zonebourse.com.

4. Résultats

4.1. La bonne connaissance des deux canaux
de distribution Fan Milk par les clients

Les clients interviewés savent que Fan Milk vend ses produits via plusieurs canaux, ils citent la vente ambulante et les supermarchés/hypermarchés, suggérant ainsi la forte image de marque de lentreprise.

Ils vendent avec des vendeurs ambulants qui ont une caisse et qui vendent les produits. Ils vendent [également] les produits au supermarché. (Client #16)

Partout dans la ville. Il y a plein de dépôts dans tout le quartier. Il y a des magasins, il y a aussi des vendeurs ambulants, partout dans le pays. (Client #17)

En outre, plusieurs personnes interviewées ont indiqué quelles achetaient les produits Fan Milk dans les deux canaux, dans la rue et en supermarchés/hypermarchés, soulignant ainsi la complémentarité de ces deux canaux suivant les occasions dachat des clients, comme expliqué dans la littérature (Nicholson et al., 2002 ; Poncin, 2008).

Dhabitude, jachète chez les vendeurs qui passent parce que souvent au boulot, tu nas pas vraiment le temps daller [au] supermarché. Mais quand je suis à la maison, le week-end, je vais au supermarché. (Client #18)

Ça [peut] être avec des vendeurs ambulants comme au supermarché parce que, moi, je vais au supermarché, donc jai loccasion de prendre des produits au supermarché tranquillement. (Client #15)

Certains clients interviewés semblent tout de même privilégier un canal en particulier.

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Dans les rues avec [les gars avec les] vélos []. Jachète habituellement auprès deux. Il suffit de les interpeller et ensuite acheter. Au Ghana, la plupart des produits sont vendus dans les rues. (Client #6)

Jachète à un mec à vélo. (Client #22)

Jachète surtout en supermarché. (Client #21)

Par ailleurs, la plupart des clients interviewés ont mentionné que les produits Fan Milk étaient vendus au même prix quel que soit le canal choisi, dans la rue ou en supermarchés/hypermarchés. Ceci est en lien avec les travaux de Agatz (2008) et Van Baal (2014) qui ont trouvé une uniformité des prix pour les clients, quel que soit le canal auprès duquel ils sapprovisionnent.

[Ce sont] les mêmes prix [dans la rue et dans les supermarchés/hypermarchés]. (Client #19)

Le même prix. []. Une chose que jaime au sujet de lentreprise [Fan Milk], cest que partout où nous allons, nous avons dix régions, quand je suis dans la capitale, quand je vais dans la région du centre, Fan Milk pratique le même prix. Ils ont mis les autocollants sur les bicyclettes pour que vous puissiez les voir. (Client #6)

4.2. La disponibilité spatiale et temporelle
des produits Fan Milk grâce au canal des ventes ambulantes

Les clients interviewés ont souligné que les produits Fan Milk, via les vendeurs ambulants, étaient présents partout, et donc quil était facile de sapprovisionner. Ce canal des ventes ambulantes permet donc à Fan Milk davoir un fort maillage du territoire, en complément des supermarchés et hypermarchés.

Je marche dans la ville, il y a des vendeurs. Donc, [partout], cest toujours disponible. (Client #11)

Surtout sur la route. Cest disponible dans les supermarchés, mais la plupart des gens préfèrent acheter sur la route. Cest généralement comme ça quils [en] vendent beaucoup … car sous le soleil brûlant, tu as trop chaud et tu veux te rafraîchir. (Client #5)

Plusieurs interviewés ont précisé que les vendeurs ambulants Fan Milk étaient partout, dans les rues, les lieux publics, lors des attroupements, devant les écoles, les églises…

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Ils ont un réseau de distributeurs ambulants qui se déplacent avec des sortes de glacières mobiles. Ils sont partout, dans les lieux publics, partout où il y a un évènement, un attroupement, on peut trouver facilement les produits Fan Milk. (Client #20)

Lavantage, cest quils sont à la plage, [devant] les écoles, [devant] les églises, un peu partout, [] avec leur poussette. (Client #21)

Les enfants appréciant les produits Fan Milk, les vendeurs ambulants ont tendance à être présents aux abords des écoles comme nous la expliqué un interviewé. Ce canal des ventes ambulantes permet donc à Fan Milk dêtre au plus proche des clients ciblés.

Ils vendent [devant] lécole. [] Il y a des jeunes qui ont des poussettes et souvent ils sont sur la route []. Ils ont une poussette équipée de produits et puis les enfants viennent acheter. Il y a une école tout près de [chez] moi, il y a quelquun qui est toujours devant. Quand les élèves sortent de lécole, ils viennent toujours vers lui pour en acheter. (Client #13)

Les églises regroupant de nombreuses personnes, les vendeurs ambulants Fan Milk y sont également, toujours dans lobjectif de maximisation des ventes et de proximité avec les clients ciblés.

Certains sont dans la rue. Certains sont près de léglise. (Client #8)

Enfin, plusieurs clients interviewés ont indiqué que les vendeurs ambulants Fan Milk travaillaient sept jours sur sept et quils travaillaient toute la journée, du matin au soir. Un parallèle avec la vente en ligne peut donc être évoqué, en lien avec la grande disponibilité des produits quels que soient le jour et lheure choisis par les clients pour leurs achats (Katawetawaraks et Wang, 2011).

Cest tous les jours. Cest pratiquement du matin au soir [] que vous les voyez [] vendre des produits Fan Milk. (Client #7)

Ça ouvre à 8h et [ça] ferme vers 22h. 7 jours sur 7, vous allez trouver les produits Fan Milk. Donc cest pratique. (Client #17)

4.3. Les enjeux liés à la coexistence
des deux canaux de distribution chez Fan Milk

Tout dabord, de nombreux clients interviewés ont pointé un problème lié à lhygiène de certains vendeurs Fan Milk, ce qui peut encourager 124certains à privilégier lachat en supermarchés/hypermarchés. Ceci souligne limpact du fonctionnement dun canal spécifique sur limage de marque de lentreprise dans sa globalité (Vanheems, 2013).

Les revendeurs ici, je ne les trouve pas assez propres. [] Souvent, [] même sils ont des tenues, tu les vois déjà, ça [ne] te pousse pas à venir vers eux parce que, selon moi, souvent ils ont les pieds sales, des tenues pas appropriées. Donc, ça ne me donne pas envie daller acheter. (Client #13)

Je trouve que là-bas [dans les supermarchés/hypermarchés], il y a une bonne hygiène et cest bien protégé [par rapport aux] vendeurs ambulants qui vendent ça nimporte comment. Ils nont pas de gants donc cest surtout un problème dhygiène. (Client #21)

En outre, dautres clients interviewés ont pointé un problème lié à la conservation des produits Fan Milk par les vendeurs ambulants, là aussi pouvant encourager certains à favoriser les supermarchés/hypermarchés pour acheter les produits Fan Milk. Tel que précédemment, limage associée à un canal spécifique peut impacter limage de marque de lentreprise dans sa globalité (Cases, 2002 ; Zorai et Skandrani, 2018).

Au supermarché, cest plus pratique parce que souvent les jeunes [vendeurs] se déplacent et puis le goût change, parce que quand ils en vendent, cest déjà congelé. Et puis, à force de se promener sous le soleil, après cest déglacé, le goût nest plus le même. Ce nest plus la même chose. (Client #13)

Une fois que la glace a fondu, il ny a plus de congélation [][elle est conservée], elle ne peut plus être congelée. (Client #3)

Enfin, plusieurs personnes interviewées ont mentionné un problème lié au manque de conseils fournis par les vendeurs Fan Milk, là aussi mettant en exergue les différences entre les deux canaux de distribution : la vente ambulante et les supermarchés/hypermarchés. Ceci rappelle les travaux de Moon et Armstrong (2019) et Seck et Philippe (2013) qui ont examiné les différences de niveaux de services suivant les canaux.

Il ny a pas de conseil. Ils vous demandent simplement « lequel vous voulez » et vous dites « je veux ceci » et cest tout. Donc, il ny a pas de conseil. (Client #5)

En supermarché, des fois il y a des promotions, il y a des vendeurs qui sont brandés Fan Milk donc on a loccasion de demander quel est ce nouveau produit quand il y a un nouveau produit. Je me rappelle, il y avait à lentrée [], du produit Fan Dango. Cest un produit de Fan Milk que je ne connaissais 125pas. Cest un jus donc jai demandé [] à un vendeur au supermarché ce que cétait. Mais pas au vendeur ambulant, cest vraiment au vendeur du supermarché que je demande. (Client #15)

Conclusion

Synthèse des résultats

Lobjectif de notre recherche consistait à comprendre le fonctionnement du commerce ambulant en Afrique de lOuest, ses complémentarités avec la grande distribution et les enjeux dune telle stratégie multicanale. Le travail empirique, réalisé sous la forme dune étude de cas de lentreprise Fan Milk adoptant une telle stratégie multicanale en Afrique de lOuest, a permis davoir une vision plus claire des complémentarités existantes entre les points de vente modernes et la vente ambulante ainsi que les impacts possibles de la perception du commerce ambulant sur limage de marque de Fan Milk.

La stratégie multicanale de Fan Milk semble être connue et appréciée par les clients. Nombreux sont les clients à affirmer que lexistence des produits Fan Milk dans la rue et dans les supermarchés/hypermarchés, et ceci aux mêmes prix, facilite leurs approvisionnements, à tout moment et à tout endroit. Ceci rejoint laffirmation de Pentina et Hasty (2009) qui avaient souligné que la distribution multicanale favorisait lacte dachat pour les clients. Nombreux sont les clients interviewés à acheter des produits Fan Milk dans les deux canaux même si la stratégie de Fan Milk est davantage multicanale que crosscanale ou omnicanale.

Cependant, bien que la vente des produits Fan Milk dans la rue soit bénéfique pour lentreprise grâce à un maillage plus dense du territoire et une meilleure proximité avec les clients ciblés dune part, et appréciée par les clients dautre part, la vente ambulante suscite quelques inquiétudes chez certains clients et entache donc limage de marque de Fan Milk. Plusieurs clients interviewés ont mentionné le manque dhygiène et de propreté des vendeurs ambulants, linefficacité de leurs équipements de congélation, le manque de conseils fournis quant aux produits, les faisant alors privilégier lachat en supermarchés/hypermarchés.

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Contributions à la recherche

Notre recherche contribue à la littérature sur la stratégie multicanale et sur le commerce ambulant en Afrique. Dune part, la majorité des travaux sur le multicanal traitent des complémentarités et/ou des challenges associés à la coexistence des points de vente et de lInternet (Kwon et Lennon, 2009 ; Poirel et Bonet-Fernandez, 2008 ; Pentina et Hasty, 2009). Ici, au lieu de considérer la vente en ligne, nous avons examiné le commerce ambulant en complément des ventes effectuées en supermarchés /hypermarchés. Dautre part, notre recherche élargit le courant de recherche encore embryonnaire concernant le commerce en Afrique. Peu nombreux sont les articles concernant ce sujet pourtant dactualité, à lexception des travaux dAmine (2012), Amine et Lazzaoui (2011), Diallo et Seck (2014). En outre, les quelques auteurs sétant intéressés au commerce ambulant en particulier ont eu tendance à se concentrer sur son aspect informel (Steck, 2006) et les risques associés (Tsapi et Gilardi, 2011). Ce secteur informel regorge en effet dopportunités économiques dans les pays en développement (Su et Canipelle, 1997). Ici, nous avons mis en exergue quelques challenges associés au commerce ambulant, mais aussi sa complémentarité avec les supermarchés/hypermarchés.

Implications managériales

Au regard des résultats de notre recherche, ladoption dune stratégie multicanale reposant sur la vente ambulante et la vente en supermarchés/hypermarchés savère pertinente pour les entreprises de commerce opérant en Afrique de lOuest. Cette stratégie multicanale leur permettra daméliorer leur visibilité et daccroître leur chiffre daffaires.

Nombreux sont encore les consommateurs dans cette partie de lAfrique à ne pas fréquenter les supermarchés/hypermarchés ou à ne pas les fréquenter de façon exclusive. Les Africains ont certaines difficultés à rompre avec leurs anciennes habitudes dachat, à savoir fréquenter les marchés et/ou consommer dans la rue. Les responsables marketing dans les entreprises du commerce doivent ainsi considérer ce canal dans leur stratégie commerciale. Il sagira pour eux dexpérimenter une nouvelle façon de faire du marketing en rapprochant les produits des consommateurs et en réduisant les coûts de communication, tout en 127veillant à bien recruter, former et motiver leurs vendeurs ambulants dans la mesure où ces derniers contribuent à communiquer sur lentreprise et à renforcer (ou impacter) son image de marque.

Toutefois, les responsables marketing doivent commercialiser leurs produits dans les supermarchés et les hypermarchés qui se développent progressivement sur le continent africain. Lintégration de ces nouveaux points de distribution moderne permettra aux entreprises de conquérir la nouvelle classe moyenne (Diallo et Seck, 2014). Le succès des magasins modernes dépendra de la prise en compte de la dimension culturelle de lenvironnement africain (Diallo et al., 2015).

Limites et voies de recherche

Notre recherche comporte certaines limites. Dabord, lapproche qualitative présente en elle-même certaines limites telles que limpossibilité à généraliser les résultats. Une approche quantitative avec ladministration dun questionnaire auprès des clients Fan Milk permettrait daller plus loin dans lexamen de la perception des consommateurs à légard de Fan Milk, du commerce ambulant et de la complémentarité du commerce ambulant et des supermarchés/hypermarchés ainsi que les challenges associés à la coexistence de ces deux canaux. Ensuite, la conduite dentretiens avec des vendeurs ambulants et des salariés de supermarchés/hypermarchés pourrait apporter un éclairage complémentaire. Enfin, notre recherche est limitée aux produits Fan Milk et à lAfrique de lOuest, et plus précisément aux pays suivants : Côte dIvoire, Ghana, Nigéria et Togo. Considérer que ces quatre pays dAfrique de lOuest sont relativement homogènes peut consister en soi une limite de notre étude en raison de lexistence de différences culturelles entre ces pays. Létude de la question de la stratégie multicanale pourrait être appréhendée dans le contexte de la vente dautres produits que ceux commercialisés par Fan Milk, dans tous les pays de lAfrique de lOuest (pour examiner les similarités et les différences entre les pays) et/ou dans dautres pays dAfrique, dAmérique du Sud ou dAsie du Sud-Est. Enfin, lanalyse du fonctionnement de la vente ambulante, notamment le recrutement, la formation et la motivation des vendeurs serait intéressante.

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1 Notre étude du cas Fan Milk traite de la vente ultra-ambulante mais, pour la simplicité du texte, nous conservons le mot « ambulant ».

2 Les marchés en Afrique peuvent être de grandes tailles (par exemple : 18 ha et plus de 15 000 vendeurs pour le marché de Dantokpa au Bénin ; 4 000 magasins pour le grand marché de Niger ; 7 000 étalages et plus de 13 000 commerçants enregistrés sur le marché Addis Merkato en Éthiopie (http://www.afrizap.com/marches-afrique, consulté le 25/05/2020).

3 https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/pir_2007_2013_fr.pdf (consulté le 25/05/2020).

4 https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/pir_2007_2013_fr.pdf (consulté le 25/05/2020).

5 Le pousse-pousse ou poussepousse est une voiturette légère à deux roues et à une ou deux places, tirée ou poussée par un homme. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pousse-pousse_(transport_de_personnes) (consulté le 25/05/2020).