Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Essence, puissance, activité dans la philosophie et les savoirs grecs
- Pages : 373 à 376
- Collection : Kaïnon - Anthropologie de la pensée ancienne, n° 21
- Série : Symposia, n° 10
Résumés
Adrien Lecerf, « Introduction. Essence, puissance et activité : quelques repères »
La triade Essence – Puissance – Activité est récurrente dans la pensée antique. Elle se caractérise par la diversité de ses emplois et applications (entre analyse des êtres individuels, condition de l’âme humaine et organisation du monde divin) ainsi que par la grande polysémie des concepts employés, qui tantôt rapproche, tantôt oppose les trois termes. Un parcours des principaux thèmes liés, en lien avec les contributions du volume, et une typologie des sens principaux sont proposés.
David Lefebvre, « La triade “ousia dynamis energeia” et l’antériorité logique en De anima II 4. Sens et contresens »
Cette étude discute le texte du De anima d’Aristote (II 4) d’où Jamblique a tiré sa triade Ousia – Dynamis – Energeia. On montre que la notion de priorité logique au centre du passage a suscité deux interprétations : priorité de ce qui est plus connu pour nous ou priorité des termes par rapport à la définition. La seconde interprétation est la bonne, mais c’est la première que Jamblique a retenue en raison de sa conception des relations ontologiques et épistémologiques entre les termes de sa triade.
Frédérique Woerther, « Οὐσία, δύναμις et ἐνεργεία dans la rhétorique de la période hellénistique et des débuts de l’Empire romain. Hermagoras, Théodore et Quintilien »
Le corpus des fragments rhétoriques de la période hellénistique et des débuts de l’Empire n’étant pas encore entièrement constitué, on examine ici la triade οὐσία – δύναμις – ἐνέργεια à travers trois questions : l’emploi de δύναμις dans les définitions de la rhétorique conservées sous le nom d’Hermagoras ; l’usage d’οὐσία dans le système des états de cause de Théodore de Gadara ; l’utilisation de la notion d’ἐνέργεια dans l’identification, chez Quintilien, d’un moyen d’ornement du discours.
374Véronique Boudon-Millot, « Entre médecine et philosophie. Substance, faculté et action dans le système médical de Galien de Pergame »
Galien emploie les notions d’ousia, dunamis et energeia dans quatre domaines majeurs : physiologie, diététique, pharmacologie et psychologie. Toutefois, bien que ces notions demeurent centrales à l’intérieur du système galénique pour penser aussi bien la formation des corps que l’équilibre des tempéraments ou le mélange des éléments, elles paraissent parfois vidées de leur sens, car le médecin ne s’intéresse aux débats philosophiques que pour autant qu’il les juge utiles à sa pratique médicale.
Gwenaëlle Aubry, « De l’être comme acte à la puissance d’être. Enquête sur un tournant ontologique (Aristote, Plotin, Proclus) »
On interroge ici le changement de paradigme en vertu duquel la puissance, exclue de l’être parfait chez Aristote, est pensée, dans les métaphysiques néoplatonicienne puis chrétienne, comme le signe de la perfection de l’être, voire comme elle-même parfaite. On montre comment cette valorisation ontologique de la puissance implique une rupture avec la dunamis aristotélicienne, mais aussi, à partir d’une analyse du concept proclien de dittē dunamis, comment elle se construit en référence au concept de dunamis hérité du Sophiste de Platon.
Riccardo Chiaradonna, « L’être, l’essence et l’activité dans le premier néoplatonisme grec. Le commentaire anonyme au Parménide de Platon »
Dans le commentaire au Parménide attribué par P. Hadot à Porphyre, on trouve la distinction entre état infinitif de l’être et état substantivé ou participe ; il en va de même pour les notions d’agir et d’activité. De cette position, on reconstruit les détails philosophiques et l’arrière-plan doctrinal (doctrines péripatéticienne de la définition et stoïcienne de la prédication). Des parallèles avec la Réponse à Porphyre de Jamblique suggèrent de retenir l’attribution du commentaire à Porphyre.
Laurent Lavaud, « Le Vivant, le Démiurge et le mouvement du monde. Proclus interprète du sixième don du Démiurge au monde (Timée, 34a) »
Tout en affirmant l’antériorité de l’être sur la pensée, Proclus interprète le mouvement attribué au Monde (Tim. 34a1-3) comme une manifestation de 375la pensée active du Modèle par le Démiurge qui, tout en lui étant inférieur, contient le Modèle intelligible sur son propre mode intellectif, processus décrit par les images de l’enveloppement et de l’avalement. Le discours cosmologique se double ainsi d’un discours sur l’intelligible, cherchant à atténuer la fracture entre celui-ci et le sensible.
Jan Opsomer, « Essence, puissance et activité dans la philosophie de la nature de Proclus »
La triade être – puissance – activité permet à Proclus de décrire la différence entre âmes divines, dont les activités ne sont pas dans le temps, et humaines, dont les activités sont discursives. Elle sert aussi à l’analyse des principes divisibles du cosmos (rattachés aux fonctions inférieures de l’âme) situés entre âme et corps, pour expliquer la naissance des formes dans la matière sous l’égide des « raisons » sises dans l’âme, selon un ordre inverse de celui prévalant dans l’intelligible.
Alain Lernould, « L’Essence divisible et la triade forme, nature, sensation, chez Proclus »
Selon Proclus l’Essence divisible dans les corps, que Platon oppose à l’Essence indivisible, est structurée par la triade formes dans les corps, nature, sensation. Cette triade qui suit l’ordre de la conversion est dans le Divisible qu’est la Nature une image spéculaire de la triade Être, Vie, Intellect, qui compose l’Essence indivisible et suit l’ordre de la procession. On retrouve chez Simplicius cette correspondance entre triades intelligible et physique, la seconde réfléchissant la première.
Thomas Galoppin, « Dunamis, energeia, ousia. Puissance(s) et rituel dans les “papyrus grecs magiques” »
Le lexique des papyrus grecs « magiques », écrits en Égypte dans l’Antiquité tardive, révèle une manière de dire le pouvoir rituel. Dans la communication avec le divin, la dunamis est l’agentivité du dieu, du praticien et d’objets fondamentale pour ce pouvoir rituel. Dans les prescriptions, elle souligne l’efficience des rites, comme energeia qui peut désigner le pouvoir rituel lui-même. Ousia est plus technique : c’est une matière efficiente de par son origine corporelle.
376Pascal Mueller-Jourdan, « De l’acte du diaphane à l’énergie opérative. Notes sur la nature de la lumière dans le commentaire de Jean Philopon au De Anima d’Aristote »
La présente contribution voudrait examiner comment de la conception statique de la lumière comme « acte du diaphane en tant que diaphane » (Aristote, De Anima 418b9), l’École d’Ammonius d’Hermias au vie siècle en est arrivée, sous la plume de Jean Philopon, à la considérer comme une énergie opérative distincte de sa source et soumise aux lois de l’optique géométrique et de la catoptrique.
Frederick Lauritzen, « La triade dynamis-energeia-ousia chez Maxime le Confesseur »
L’œuvre de Maxime le Confesseur représente une étape décisive dans l’émergence d’une théologie proprement byzantine, fondée sur la notion d’énergie et non plus de substance ou essence. Maxime soutient qu’à une nature correspond une activité, ce qui le pousse à poser deux natures du Christ. Son entreprise laisse voir plusieurs affinités avec les textes de Proclus.
- Thème CLIL : 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
- ISBN : 978-2-406-13131-1
- EAN : 9782406131311
- ISSN : 2428-713X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13131-1.p.0373
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 10/08/2022
- Langue : Français