L’idée d’une méthode basée sur des principes rigides et immuables auxquels il faudrait absolument se soumettre pour la conduite des affaires de la science rencontre des difficultés considérables lorsqu’elle se trouve confrontée avec les résultats de la recherche historique. Nous constatons qu’il n’y pas une seule règle, aussi plausible et solidement fondée sur le terrain épistémologique soit-elle, qui n’ait été violée à un moment ou à un autre. Ces violations ne sont pas des faits accidentels ; elles ne proviennent pas d’une connaissance insuffisante ou d’une étourderie qui aurait pu être évitée. Au contraire, elles sont nécessaires au progrès […] La prolifération des théories est bénéfique à la science, tandis que l’uniformité affaiblit son pouvoir critique.
Paul Feyerabend, Contre la méthode, éditions du Seuil, 1975, pages 20 et 32 de l’édition française.