Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Érasme et la France
- Pages: 433 to 437
- Collection: Studies and Essays on the Renaissance, n° 115
- Series: Perspectives humanistes, n° 9
Résumés
Étienne Wolff, « Ce qu’Érasme dit des Français »
Cet article conteste l’idée tenace selon laquelle l’œuvre du Rotterdamois témoignerait d’une quelconque gallophobie. La France, certes, n’est pas épargnée par Érasme. Mais la Hollande, l’Italie, ni aucun autre pays ne le sont davantage. Et si ses plus farouches adversaires se sont trouvés être français, ce qui explique sans doute certaines de ses critiques, Érasme mêle de manière tout à fait subjective blâmes et compliments selon les circonstances.
Marie Barral-Baron, « Érasme et la France : un amour contrarié »
L’amour d’Érasme pour la France est un amour contrarié. En effet, jusqu’aux années 1520 environ, la France paraît à l’humaniste sur le point de réaliser cet âge d’or qu’il appelle de ses vœux. Mais bientôt, les amitiés avec Budé ou Lefèvre d’Étaples volent en éclats, les attaques de la Sorbonne se multiplient et deviennent pour lui une source d’angoisse. La terre de tous les bienfaits se transforme en pays de toutes les souffrances.
Alexandre Vanautgaerden, « La bibliothèque érasmienne d’un étudiant parisien. Beatus Rhenanus, 1503-1507 »
Cet article examine en parallèle les premières publications d’Érasme, à Paris, et les lectures de Beatus Rhenanus, qui s’y installe entre 1503 et 1507. La bibliothèque de Beatus témoigne de son admiration pour Érasme. C’est par l’entremise de ses ouvrages qu’il fait sa connaissance : en 1504 commence une frénésie d’acquisitions qui ne se dément plus, et qui le persuade d’encourager la diffusion des Adages à Strasbourg, lorsqu’il revient dans son Alsace natale.
434Sylvie Laigneau-Fontaine, « “La nouvelle de ma mort est fort exagérée”. Érasme et le sodalitium Lugdunense »
Il semblerait y avoir peu de chaleur dans les liens entre Érasme et les poètes du sodalitium Lugdunense. Mais à l’exception notoire de Dolet, ces épigrammatistes lyonnais qui publient leurs vers dans les années 1530-1540 savent reconnaître en Érasme l’exceptionnel passeur de textes antiques. Fort peu cicéroniens, ils entendent puiser comme lui à des sources multiples. Et quant à leurs convictions religieuses, elles rejoignent son christocentrisme.
Romain Menini, « Lucien batave, Lucien français »
La fameuse lettre de Rabelais à Érasme fut sans doute composée quelque part vers la rue Mercière, dans un contexte anti-scaligérien dont témoigne à son tour le prologue de Gargantua, que l’on peut lire comme une défense comique du Ciceronianus. Mais Érasme est surtout ce relais décisif qui assure chez Rabelais la filiation lucianesque, à une époque où lucianiser, c’est déjà érasmiser.
Christine Bénévent, « Impressions parisiennes d’Érasme (1520-1536) »
Les impressions parisiennes d’Érasme entre 1520 et 1536 représentent jusqu’à 10 % de la production globale. Une approche statistique de ces impressions révèle la prépondérance des écrits pédagogiques, qui se manifeste par exemple dans la publication de petits « digests » épistolaires. Cette prépondérance paraît témoigner, dans un premier temps du moins, de préoccupations commerciales plutôt que de véritables convictions humanistes.
Claude La Charité, « Erasmus cum annotatiunculis. L’atelier de Sébastien Gryphe et la diffusion d’Érasme en France et en Europe au xvie siècle »
Non seulement les textes d’Érasme occupent une place très importante dans les éditions de Sébastien Gryphe, mais ils font l’objet d’une riche annotation, fort précieuse pour une prosopographie des humanistes collaborant avec l’imprimeur lyonnais. Partie en quête de l’« Érasme en manchettes » que dessinent les éditions du De copia, cette étude conduit finalement à Rabelais, qui put en être l’annotateur, ou bien encore les consulter.
435Paul Smith, « Les traductions françaises de l’Éloge de la Folie du xvie au xviiie siècle »
Depuis le Triumphe de Prudence composé par Jean Thenaud jusqu’à la version de Nicolas Gueudeville, les traductions françaises de l’Éloge de la Folie manifestent des tendances communes, bien qu’elles soient de qualités inégales. Diverses stratégies d’articulation textuelle tentent par exemple de maîtriser une déclamation bien chaotique : elles en signalent ainsi la richesse.
Raphaël Cappellen, « Rabelais lecteur des Adages »
L’importance des Adages dans l’œuvre de Rabelais est si bien connue qu’elle a pu donner lieu à une sorte d’adagiomanie critique. Pourtant, elle se manifeste plus souvent par l’allusion que par des mentions explicites. Cette étude explore les voies permettant au Chinonais de s’avouer lecteur d’Érasme, et cherche à comprendre comment il parcourait les Adages, d’après la manière dont il les tisse dans sa prose.
Robert Kilpatrick, « L’apophtegme d’Érasme à Montaigne »
La poétique des adages a cette particularité d’avoir été illustrée par Érasme lui-même. Rien de tel pour les Apophtegmes, dont il faut rechercher ailleurs les utilisations. C’est ce que se propose de faire cet article, au sujet des Essais. Montaigne infléchit le contenu moral des apophtegmes en montrant surtout la subjectivité extrême de cette forme de parole, reflet partiel de l’esprit changeant de l’orateur.
Eric MacPhail, « Montaigne et les travaux d’Hercule »
Le chapitre « De l’art de conférer », étudié à la lumière des Adages, semble placer le projet de Montaigne sous l’égide de l’important proverbe Herculei labores. Il nous apprend en effet qu’« on ne parle jamais de soy sans perte ». Or, à en croire Érasme, les travaux d’Hercule s’entendent justement comme une perte généreuse. Mais les deux auteurs poussent si loin l’art de parler de soi et de se comparer qu’ils profitent aux autres sans dépens pour eux-mêmes.
436Hélène Cazes, « Remarques sur quelques remarques. Les Animaduersiones d’Henri Estienne (1558) et les Adages d’Érasme (1558, 1571, 1579, 1603) »
Érasme lance-t-il aux humanistes le défi de faire mieux que ses Adages ? Henri Estienne le relève. Entre le maître et son disciple, qui veut le dépasser, la conversation ne se déroule pas toujours à fleurets mouchetés : les corrections sont quelquefois sévères, et l’hommage ambigu.
Nicolas Correard, « Lucianisme, évangélisme, scepticisme. Enjeux de la satire érasmienne en France (1517-1537) »
Les deux satires érasmiennes que sont les Troys resolutions et sentences de Jean Thenaud et le Cymbalum mundi proposent la même combinatoire : lucianisme, évangélisme, scepticisme, mais selon un équilibre différent. Thenaud met le modèle lucianesque au service d’une profession de foi paulinienne. Le Cymbalum mundi reprend au contraire à l’Éloge ses propositions les plus transgressives, en s’essayant à une sorte d’érasmisme sans Érasme.
Anne-Pascale Pouey-Mounou, « L’indifférence, l’ambivalence et le sens. Les adiaphora, de l’Enchiridion à Rabelais »
Cette étude relit Rabelais à la lumière de l’Enchiridion militis christiani, dont les développements sur la notion stoïcienne d’adiaphoron influencent notamment le Tiers et le Quart Livre. La polémique contre le formalisme s’y cristallise sur une triade de questions indifférentes déjà présente chez Érasme, mais que Rabelais brouille à dessein, en même temps qu’il en souligne la cohérence.
Sarah Cameron-Pesant et Jean-François Cottier, « Les traductions françaises manuscrites des Paraphrases d’Érasme au xvie siècle »
Ce travail présente des extraits inédits de deux traductions manuscrites des Paraphrases, par Hubert Kerssan et René Fame. Le premier donne une version aussi fidèle que possible : il semble avoir poursuivi un objectif pédagogique et pastoral. Le livre luxueux laissé par le second, secrétaire de François Ier, est de teneur à la fois plus rhétorique et plus politique : il contribue à l’édification du roi.
437Natacha Salliot, « Érasme dans les controverses religieuses entre protestants et catholiques sous le régime de l’Édit de Nantes »
Sous le régime de l’Édit de Nantes, le statut d’Érasme est pour le moins complexe. Si son prestige scientifique perdure, les protestants se le figurent sans trop de peine en victime de l’Église romaine, tandis que les catholiques le regardent avec méfiance ; de son œuvre, ils retiennent la grammaire, non la théologie.
Ioana Manea, « Le libertin La Mothe Le Vayer, défenseur de la vertu des païens : disciple d’Érasme ? »
La Mothe Le Vayer rédige son traité De la vertu des païens en 1647. Si Érasme et lui ont une même prédilection pour la voie du milieu, cet article insiste plutôt sur les différences de pensée entre les deux auteurs. Dans des écrits de genres différents, Érasme christianise la morale des païens, quand La Mothe Le Vayer paganise celle des chrétiens.
Daniel Ménager, « Hommage à Jean-Claude Margolin »
Rappelant quelques temps forts de la vie de Jean-Claude Margolin et citant des extraits de l’œuvre de ce grand érasmien, cet hommage montre que l’humanisme ne fut pas qu’un mot pour cet inlassable chercheur.
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- ISBN: 978-2-8124-3862-2
- EAN: 9782812438622
- ISSN: 2114-1096
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-3862-2.p.0433
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 05-23-2017
- Language: French