France 2017 entries
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Encomia
2016 – 2018, n° 40-42. Bulletin bibliographique de la Société internationale de littérature courtoise - Pages : 159 à 212
- Revue : Encomia
FRANCE
2017 entries
I. COLLECTIONS
BOUCHET, Florence ed. Lectures croisées du Livre de l’Espérance d’Alain Chartier : enjeux éthiques et esthétiques, dans CRMH, numéro 33, 2017/1, 145-271.
Recueil d’articles proposant de pallier le peu d’études consacrées au Livre de l’Espérance, prosimètre inachevé et dernière œuvre d’Alain Chartier. Contient sept articles : sur l’importance du débat et des avis contradictoires (Laëtitia Tabard), sur l’expression grâce à l’allégorie d’une personnalité dépressive cherchant le savoir divin (Daisy Delogu), sur la valeur allégorique de la miniature frontispice (Philippe Maupeu), sur le rapport à la littérature, opposant la littérature profane à l’autorité biblique (Florence Bouchet), sur la vision de l’histoire liant la France à l’Italie et à l’Europe (Kevin Brownlee), sur son associations dans la tradition manuscrite et imprimée avec le Curial (Marta Marfany), sur son influence sur Jean Bouchet (Pascale Chiron). (YM)
CROIZY-NAQUET, Catherine, BORDIER Jean-Pierre et VALETTE Jean-René eds. Mythe, histoire et littérature au Moyen Âge. Paris, Classiques Garnier, Rencontres, 2017, 194 p.
Préfacé par Catherine Vincent, cet ouvrage transdisciplinaire rassemble huit articles qui s’interrogent sur la définition et les usages du mythe médiéval. Les interventions portent sur « Mythe et Fable » (J.-L. Backès), « Apollonius de Tyr et la fascination des Lettres médiévales » (J.-J. Vincensini), « Troie et le mythe » (C. Croisy-Naquet), le mythe d’Alexandre comme « captation(s) d’une figure historique » (L. Harf-Lancner), « Le lac Averne, pré-purgatoire sous la plume de Pierre Damien » (M. A. Polo de Beaulieu), « Le mythe de Pygmalion dans l’Ovide Moralisé en vers du début du xive siècle » (M. Possamaï-Pérez), « Le mythe comme forme et mesure de l’histoire. Les Douze triomphes de Henry VII (1497) » (G. Lecuppre). Une bibliographie, trois index (des auteurs et des 160œuvres anonymes ; nominum ; des personnages et des lieux mythiques) ainsi que les résumés des contributions apparaissent en fin de livre. (AL)
CROIZY-NAQUET, Catherine, SZKILNIK, Michelle éds, Rencontres du vers et de la prose : conscience poétique et mise en texte, Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2017.
Les études ici réunies offrent les actes d’une rencontre qui a eu lieu à la Sorbonne nouvelle en 2015, à la suite d’un premier colloque de 2013, dont les actes ont été publiés en 2015 : Rencontres du vers et de la prose : conscience théorique et mise en page, Turnhout, Brepols, 2015. Dans la préface de ce second volume les deux organisatrices expliquent leur désir, tout en conservant une attache à la production française, d’élargir le champ d’investigation et de franchir les frontières linguistiques (latin et langues vernaculaires), chronologiques (d’Augustin au xvie siècle), et géographiques, de l’Italie (Arioste, Boiardo), à l’Allemagne, (traductions allemandes de Mélusine) et aux mondes celtique et scandinave. (LHL)
Mots clés : forme vers et forme prose.
DEVAUX, Jean et MARCHAL, Matthieu eds. L’art du récit à la cour de Bourgogne : l’activité de Jean de Wavrin et de son atelier. Paris, Honoré Champion éditeur, Bibliothèque du xve siècle no 84, 2018, 402 p.
Actes du colloque international organisé les 24 et 25 octobre 2013 à l’Université du Littoral-Côte d’Opale. Regroupant des contributions relevant de la philologie, de l’histoire et de l’histoire de l’art, l’ouvrage permet de mieux comprendre l’activité littéraire et artistique qui s’est déployée autour de Jean de Wavrin (ca 1400-1475). La première partie porte sur l’œuvre de chroniqueur de Jean de Wavrin, la deuxième sur l’art de la mise en prose, et la dernière rassemble trois articles portant sur la narration par l’image. L’ensemble est complété par une bibliographie et de précieux index, dont l’un est consacré aux manuscrits cités. (LT)
Mots clés : Croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne a present nomme Engleterre de Jean de Wavrin ;roman de Jehan d’Avennes ; Histoire de Gérard de Nevers ; Roman de Florimont en prose ; Le Livre du conte d’Artois et de sa femme ; Gilles de Chin ; Blancandin et l’Orgueilleuse d’amours ; roman d’Othovyen.
DEVAUX, Jean, VELISSARIOU, Alexandra eds. Autour des Cent Nouvelles nouvelles. Sources et rayonnements, contextes et interprétations. Paris, Honoré Champion, Bibliothèque du xve siècle no 81, 2016, 320 p.
L’ouvrage, issu d’un colloque organisé à l’Université du Littoral – Côte d’Opale en 2011, comprend dix-sept articles portant sur le recueil des Cent161Nouvelles nouvelles. L’œuvre est envisagée à la fois dans ses liens avec la cour de Bourgogne (articles de J. Koopmans et de Jean Devaux), dans sa composition, par des études consacrées à certaines nouvelles ou à des thèmes particuliers (marchands et argent, désincarnation du corps, représentation de la masculinité), mais aussi dans sa réception (recueil de Philippe de Vigneulles, évolution du paratexte du Moyen Âge jusqu’au xxe siècle, relectures par Bonaventure des Périers et par La Fontaine, et même adaptations par un conteur contemporain). L’ensemble met en valeur l’importance du recueil dans l’histoire du genre narratif bref. (LT)
FERLAMPIN-ACHER, Christine ed. Arthur après Arthur. La matière arthurienne en dehors du roman arthurien (1270-1530). Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Interférences, 2017, 661 p.
Ce volume propose les actes d’un séminaire qui s’est tenu à Rennes entre 2013 et 2016. Partant du constat que le roman arthurien est moins productif en France après 1270, il s’interroge sur la place qu’occupe la matière arthurienne à la fois dans la littérature et dans les imaginaires, dans une vaste exploration conduite sur près de trois siècles, mettant en évidence la continuité entre Moyen Âge et Renaissance. Dans une première partie sont étudiées les attestations arthuriennes dans les différents genres littéraires, dans une deuxième partie les articles portent sur les modèles arthuriens, activés dans des textes d’horizon d’attente divers, dans une troisième partie est posée la question d’une mode arthurienne, qui déborderait la littérature pour devenir un phénomène culturel large. Une annexe (p. 561-611) propose un relevé d’attestations arthuriennes. Les articles sont recensés au nom de leur auteur : A. Barre, S. Baudelle-Michels, F. Bouchet, D. Boutet, J. Cerquiglini-Toulet, P. Courroux, C. Croizy-Naquet, C. Daniel, V. Dominguez, É. Doudet, C. Ferlampin-Acher, S. Fourcade, É. Gaucher-Rémond, D. Kahn, F. Laurent, S. Lefèvre, J.-C. Mühletahler, J. Pavlevski-Malingre, G. Péron, F. Pomel, D. Quéruel, C. Roussel, Z. Stahuljak, F. Suard, M. Szkilnik, R. Trachsler, T. Van Hemelryck, P. Victorin. (CFA)
Mots clés : romans ; cour ; bibliothèque ; réception ; intertextualité.
FERLAMPIN-ACHER, Christine, GIRBEA, Catalina eds. Matières à débat. La notion de matiere littéraire dans la littérature médiévale. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Interférences, 2017, 734 p.
Ce volume propose les actes d’un cycle de trois colloques organisés à Rennes, Poitiers et Bucarest par C. Ferlampin-Acher et C. Girbea en 2015. À partir d’une contextualisation de la notion de matiere dans une perspective pluridisciplinaire (histoire de l’art, philosophie, théologie, arts poétiques, culture 162matérielle…), le volume analyse les relations entre la matière matérielle et la matière littéraire, questionne la définition des matières par Jean Bodel, étudie les cas de transgression ou d’hybridation, propose d’articuler matière, religion et spiritualité autour d’une possible matière du Graal, avant de s’attacher à des poétiques singulières. Le volume concerne majoritairement la littérature française médiévale, mais s’ouvre aussi à des œuvres médio-latines, occitanes et anglaises. Les articles sont recensés au nom de leur auteur: V. Agrigoroaei, A. Apostu, C. Auger, A. Berthelot, H. Bouget, K. Bougie, J. Bourdier, E. Bozoky, S. Delale, J. Dévard, L. Diaconu, N. Dolgorukova, L. Dumitrescu, I. Fabry-Tehranchi, C. Ferlampin-Acher, S. Friede, J.-M. Fritz, C. Galderisi, C. Gaullier-Bougassas, C. Girbea, M.-G. Grossel, A. Ilina, D. James-Raoul, A. Latimier, E. Legrand-Varenne, A. Loba, D. Mariani, S. Ménégaldo, I. Munteanu, C. Noacco, I. Panzaru, F. Pomel, L. Spetia, G. Toniutti, K. Ueltschi, J.-J. Vincensini, M. Voicu, C. Voyer, M. White-Le Goff. (CFA)
Mots clés : translatio ;genres ; poétique.
GAUCHER-RÉMOND, Élisabeth ed. La corpo-réalité dans les œuvres du Moyen Âge, dans CRMH, numéro 34, 2017/2, 207-330.
Recueil de cinq articles (dont quatre sont détaillés dans la section « Études ») portant sur la manière dont la littérature acquiert une corporéité, notamment dans la manuscripture et dans l’écriture du moi. (YM)
HAUGEARD, Philippe, MENEGALDO, Silvère et PLOTON-NICOLLET, François eds. Jean de Meun et la culture médiévale. Littérature, art, sciences et droit aux derniers siècles du Moyen Âge. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Interférences, 2017, 370 p.
Ce volume propose les actes du premier colloque consacré à l’ensemble de l’œuvre de Jean de Meun (Roman de la Rose, mais aussi traductions du latin). Les différents articles portent, en trois parties, sur « Jean de Meun : un auteur et ses avatars », « Jean de Meun, l’intellectuel et le traducteur », « Jean de Meun lu et relu, débattu et enluminé ». Une introduction par Ph. Haugeard et S. Ménégaldo (p. 9-20), une conclusion par J.-P. Boudet (p. 359-363) et une bibliographie indicative (p. 365-370) complètent le volume, qui contient un cahier de 20 illustrations en couleurs. Les articles sont recensés au nom de leur auteur (H. Biu, A. Calvet, J.-M. Fritz, É. Gidoin, M. Lacassagne et T. Lassabatère, S. Lefèvre, C. Lucken, J.-M. Mandosio, C. J. Mews, E. J. Richards, P. Stirnemann, A. Strubel, M.-H. Tesnière, F. Vielliard, C. Vulliez). (CFA)
Mots clés : milieux intellectuels ; traduction ; manuscrits ; enluminures.
163POMEL, Fabienne ed. Lire les objets médiévaux. Quand les choses font signe et sens. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Interférences, 2017, 318 p.
Volume conclusif d’un ensemble de séminaires tenus à Rennes 2 sur les objets (et ayant donné lieu à des publications aux Presses Universitaires de Rennes, sur les miroirs, les clefs, les cornes et les plumes, les cloches et horloges, les machines et les mécanismes…), cet ouvrage s’interroge sur les spécificités de l’objet en littérature, dans une approche pluridisciplinaire (histoire de l’art, archéologie, anthropologie, philosophie), dans le but de contribuer à une anthropologie historique de l’imaginaire. L’objet médiéval, qui n’a pas encore atteint une autonomie matérielle propre, apparaît comme « carrefour herméneutique », apte à assurer « un rôle médiateur et une fonction identitaire ou transactionnelle », qui implique un rapport fort avec le sujet. Le volume traite de divers objets : les armes, le graal, les cuillers, les charrettes… dans des corpus variés, abordés à travers des approches « paradigmatiques, génériques, narratives, symboliques et idéologiques ». Les articles sont recensés au nom de leur auteur (S. Albert, D. Alios, D. de Carné, C. Girbea, M.-P. Halary, D. Hüe, D. James-Raoul, H. Legros, L. Mathey-Maille, Y. Meessen, V. Naudet et S. Douchet, K. Ueltschi, J.-R. Valette). (CFA)
Mots clés : symbole ; réalité ; création ; sémiotique ; enluminure.
II. TEXTS
CHRETIEN DE TROYES, Le Chevalier au lion, PIERREVILLE, Corinne ed et trad. Paris, Champion Classiques Moyen Age, 42, 2016, 592 p.
Ce roman de Chrétien de Troyes ressortit bien sûr à la littérature arthurienne mais il convient de mentionner dans Encomia cette nouvelle édition (bilingue), à la fois pour l’importance de la thématique courtoise dans le récit et pour l’importance que lui accorde Corinne Pierreville dans sa présentation. (LHL)
Mots clés : Yvain ; Gauvain.
CHRISTINE DE PIZAN, Les Sept psaumes allégorisés, Bernard RIBÉMONT et Christine RENO eds. Paris, Champion, Études christiniennes no 14, 2017.
Le volume offre la première édition avec traduction des Sept psaumes allégorisés, puisque cet ouvrage n’avait paru que dans une édition confidentielle publiée aux États-Unis en 1965. L’édition est faite à partir des quatre manuscrits disponibles, la trace ayant été perdue d’un cinquième manuscrit en mains privées. Le volume contient une longue introduction qui replace l’auteur et son œuvre dans la culture religieuse de l’époque et dans la tradition des sept 164psaumes de pénitence et des litanies. Suit une étude du texte de Christine de Pizan, dans sa structure (avec des tableaux extrêmement utiles sur les chevauchements thématiques entre le déroulé des psaumes et leur application en glose à des vertus ou des épisodes de la vie du Christ), son style (en particulier les latinismes) et son contenu. Les éditeurs s’interrogent enfin sur la place du latin des psaumes dans l’horizon d’attente parisien au début du xve siècle. La description codicologique des témoins originaux puis postérieurs aboutit aux principes d’édition (Paris, BnF, nafr. 4792 servant de manuscrit de base). Après l’édition des sept psaumes et des litanies figurent un glossaire et un index des noms propres et des notions. (SD)
CHRISTINE DE PIZAN, Heures de contemplacion sur la Passion de Nostre Seigneur Jhesucrist, DULAC, Liliane, STUIP, René, avec la collaboration de Earl Jeffrey RICHARDS eds. Paris, Champion, Études christiniennes no 15, 2017.
Cette édition critique est la première jamais publiée des Heures de contemplacion de Christine de Pizan. L’épître préliminaire précise que les Heures ont été composées pour la consolation des dames françaises mises à mal par la Guerre de Cent Ans, en particulier après la bataille d’Azincourt. L’œuvre retrace, en deux complies encadrantes, matines, prime, tierce, midi, nonne et vêpres, les dernières heures de la vie du Christ, depuis la Cène jusqu’au lendemain de la Crucifixion, lorsque les disciples se réunissent auprès de Marie. Le texte s’appuie sur le modèle de la contemplation, le lecteur ou la lectrice étant invité(e) à visualiser les scènes à travers les yeux d’un disciple ou de Marie. L’introduction de l’édition replace le texte dans les pratiques religieuses et de méditation de l’époque, puis compare l’œuvre à ses sources privilégiées (le De meditatione passionis Christi du pseudo-Bède et un Petit traictié de la mort et passion de Nostre Seigneur Jhesucrist attribué à Jean Gerson). Elle présente ensuite les deux manuscrits conservés et les principes d’édition du texte d’après le ms. Paris, BnF, nafr. 10059. Suivent l’édition des Heures, les variantes du second manuscrit, des notes sur le texte, un glossaire, une traduction en français moderne, un index et une bibliographie. Est adjoint en appendice (sans traduction) le Petit traictié attribué à Jean Gerson, lui-même précédé d’une brève présentation et suivi d’un glossaire. (SD)
DESCHAMPS, Eustache, Eustache Deschamps - Ca 1340-1404 : anthologie thématique, LAIDLAW James, SCOLLEN-JIMACK Christine eds. Paris, Classiques Garnier, POLEN –Pouvoirs, lettres, normes, 2017, 626 p.
Ce livre se compose de premiers chapitres introductifs (« Introduction », présentation de l’auteur, chronologie, présentation des manuscrits, des formes 165fixes et de l’établissement du texte) puis de chapitres collectant les poèmes de manière thématique. Sont rassemblés les « Portraits de l’auteur », les poèmes sur « L’officier royal », les « Supplications », les « Occasions royales », la « Nécrologie », les « Listes et écrivains », « La cour », Deschamps « Moraliste et philosophe », « Les fables », « Le chevalier et la guerre », « Le voyageur chauvin », « L’amour », « La femme », « Le mariage », « Le père de famille », « Le maître de maison », « La table, entre Le Viandier de Taillevent et le Mesnagier de Paris », « La Santé », « La vieillesse, traditions littéraires et éléments autobiographiques » et enfin « La mort ». On trouve en fin d’ouvrages des notes, un glossaire, une bibliographie, quatre index (des noms topographiques, des personnes et matières, des auteurs/ manuscrits/ ouvrages cités, des allégories et personnifications), une table des premiers vers et une table des refrains des ballades et chansons royales permettant de circuler facilement dans le livre. (AL)
Mots clés : poésie ; forme fixe ; cour ; morale ; fable ; chevalerie ; guerre ; voyage ; autobiographie.
PSEUDO-BÈDE, De mundi caelestis terrestrisque constitutione liber. La création du monde céleste et terrestre, PRADEL-BAQUERRE Mylène, BIASI Cécile, GÉVAUDAN Amand, BAKHOUCHE Béatrice, LAGOUANÈRE Jérôme eds. Paris, Classiques Garnier, Textes littéraires du Moyen Âge, 2017, 236 p.
Cette édition-traduction se compose d’une introduction traitant de l’identité véritable de l’auteur de l’œuvre avant d’en présenter le contenu, les sources, l’histoire et la réception. Les principes de l’édition précèdent le texte, donné en latin et en traduction. Suivent un dossier iconographique, quatre annexes (deux développements ajoutés, le texte du ms. T (Munich Clm 18), le plan des textes d’Isidore de Séville et de Bède), un glossaire, une bibliographie et trois index (biblicum ; nominum ; rerum). (AL)
Mots clés : Pseudo-Bède ; De mundi caelestis terrestrisque constitutione liber. La création du monde céleste et terrestre ; didactique.
Le Roman des sept sages, FOEHR-JANSSENS, Yasmina, SPEER, Mary, eds et trad. Paris, Champion Classiques Moyen Age, 44, 2017, 567 p.
Le Roman des sept sages de Rome est d’abord un recueil de récits enchâssés dont les origines remontent au viiie siècle, le pendant occidental des Mille et une nuits. Yasmina Foehr-Janssens et Mary Speer offrent ici, après l’édition de Mary Speer en 1989 (Lexington, Armstrong Monographs), la première édition bilingue des deux rédactions en vers français, qui est aussi la plus ancienne version occidentale connue. Plusieurs des contes ont une existence individuelle (la Vidua n’est autre que la matrone d’Ephèse) mais leur assemblage dans 166une intrigue romanesque, autour du thème de la femme de Putiphar, leur donne une résonance nouvelle : les récits que content alternativement les sept sages et la reine coupable en font « un roman de clergie » qui s’interroge sur l’inceste et l’adultère et traduit toutes les peurs inspirées par les femmes. Une riche introduction aide le lecteur à démêler l’écheveau de cette trame fabuleuse (LHL)
Mots clés : Roman des sept sages ; contes orientaux.
III. STUDIES
AGRIGOROAEI, Vladimir. « Quelle matière pour quelle translatio ? L’héritage sympériphérique de l’Antiquité dans certains textes français du xiie siècle ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] :587-602.
Certains textes français du xiie siècle se présentent comme des traductions de textes antiques et ils ont toujours posé un problème de classification : s’agit-il vraiment de traductions, ou faut-il les considérer comme une catégorie à part, étant donné qu’ils témoignent d’un rapport ambigu avec leur source ? L’article montre que l’héritage de l’Antiquité serait « sympériphérique » ; ces auctoritates accompagneraient les textes vernaculaires dans la mesure où les auteurs français étaient conscients de leur héritage. (CFA)
Mots clés : translatio studii ; traduction ; auctoritates ; prologue ; épilogue ; Samson de Nanteuil ; Evrat ; Philippe de Thaon.
ALAMICHEL, Françoise. « Les Versions de Barlaam et Josaphat en langue anglaise ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 1-13.
L’article dresse un panorama des différentes versions de la légende en moyen anglais, dont onze manuscrits et un imprimé de William Caxton ont conservé le texte. Sont distinguées version longue en prose de 1480, version courte en vers de la fin du xive siècle, version courte en prose apparaissant dans la traduction anglaise de La Légende dorée en 1438 ; l’auteure envisage enfin rapidement les reprises de certaines paraboles, à la fin du Moyen Âge et au-delà. (LT)
Mots clés : Geoffrey Chaucer ; The Pardoner’s tale ; John Gower ; Confessio amantis ; John Lydgate ; Everyman ; Shakespeare.
167ALBERT, Sophie. « Ausi come un saintuaire : armes du chevalier, objets et corps sacrés dans quelques textes des xiie-xiiie siècles ».[C- POMEL] : 111-125.
Étude sur les armes transitant par des lieux de culte ou considérées comme des reliques à partir d’un corpus arthurien mis en regard avec deux textes cléricaux, où le traitement des armes contribue à configurer le guerrier et la relation complexe entre la chevalerie et le sacré. (CFA)
Mots clés : Oratores ; bellatores ; Estoire del Saint Graal ; Queste del saint Graal ; Lancelot en prose ; Roman de Guiron ;lignage ; parenté ; Chronique de Waltham ;Baudri de Bourgueil (De scuto et Gladio).
ALIOS, Dominique. « Le diable se cache dans les détails. Objets et accessoires dans les représentations médiévales : symboles, discours et réalité ».[C- POMEL] : 31-50.
La combinaison entre l’écriture, l’image et le réel dans les œuvres médiévales soulève de nombreuses questions relatives à leurs sens, leurs significations et leurs valeurs symboliques. Souvent les analyses contemporaines délaissent les éléments esthétiques et sensibles au profit de véritables approches conceptuelles, suivant une grille de lecture cartésienne. En analysant la place des objets réels et figurés dans la sculpture romane, l’article met en évidence des similarités pouvant exister entre ce monde passé et le nôtre du début du xxie siècle, mais aussi et surtout leurs dissemblances. (CFA)
Mots clés : archéologie ; armes ; pots ; tombes ; réalisme ; chapiteaux.
APOSTU, Andreea. « Les digressions courtoises et religieuses de la matière iconographique dans les ms. Bodley 264 et fr. 790 de la B.n.F. du Roman d’Alexandre : le cas des filles fleurs ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 213-223.
Comparaison des miniatures du manuscrit Bodleian 264 et du ms. fr. 790 de la B.n.F. représentant l’épisode des filles-fleurs du Roman d’Alexandre. La matière iconographique de l’amour courtois et l’interprétation chrétienne du monde configurent le discours visuel, faisant d’Alexandre un contemporain de l’image et ouvrant ainsi la voie à l’anachronisme comme forme d’appropriation des modèles consacrés de l’Antiquité gréco-latine. (CFA)
Mots clés : hybridation ; verger ; mirabilia ; corps ; paradis ; courtoisie.
AUGER, Clément. « Quelques commentaires sur la matière poétique : Cristoforo Landino, Pic de la Mirandole et quelques autres ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] :141-162.
168L’A. dégage trois sens principaux de materia dans un corpus philosophique et théologique du quattrocento, puis se penche sur des textes où l’érudit florentin Cristoforo Landino (1424-1498) affirme sa conception de la poésie, avec un large développement sur l’explication du Proemio de son commentaire sur Dante. (CFA)
Mots clés : Pic de la Mirandole (Conclusiones) ; Alexandre d’Aphrodite ; Thomas d’Aquin ; création ; poétique ; Albert le Grand ; Virgile.
BARRE, Aurélie. « Poétique de la description : Lancelot dans la tente de Renart (Renart le contrefait, branche II ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 327-340.
La description de la tente de Renart, au sein d’une digression qui tient à la fois de l’ekphrasis et de la mise en abyme, juxtapose, selon une liste, les matières biblique, antique, arthurienne. L’avant-dernière scène peinte représente le combat entre Lancelot et Méléagant. L’auteur retient l’étonnante posture de dos du combattant qui permet de définir la poétique singulière de ce dernier épigone du Roman de Renart. (CFA)
Mots clés : Chrétien de Troyes ; matière antique ; locus amoenus ; description ; topique ; poétique ; tapisserie ; miniatures.
BAUDELLE-MICHELS, Sarah. « Les insertions arthuriennes dans la geste rinaldienne ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 121-135.
En passant du vers à la prose et des manuscrits aux imprimés, la matière épique rinaldienne incorpore des éléments arthuriens exogènes qu’elle gomme ensuite. C’est la prose cyclique bourguignonne de 1462 qui y recourt le plus puisqu’elle intègre un long voyage en Faërie. Cette insertion est traitée avec distance tandis que les éditions de la Renaissance forcent le trait jusqu’au burlesque ou jugent que les éléments arthuriens, de moins en moins maîtrisés, ne sont plus dignes d’être exploités. (CFA)
Mots clés : Renaut de Montauban ; Maugis d’Aigremont ; Les Quatre fils Aymon ; Mabrian ; La Conquête de Trebisonde ; Huon de Bordeaux ;merveilleux ; féérie ; réécriture ; nourriture ; Ogier ; Chanson d’Esclarmonde ;Merlin ; cour de Bourgogne ; David Aubert.
BERTHELOT, Anne. « Matière de Bretagne, matière d’Arthur, matière de Merlin : a matter of opinion ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 305-315.
L’A. discute la notion de matière de Bretagne, fragmentée en diverses « sous-matières » (de Tristan, d’Arthur, de Merlin) et met en évidence leur configuration 169en ensembles à intersections variables. L’utilité de la catégorisation est mise en doute. (CFA)
Mots clés : féerie ; lais ; Marie de France ; Tydorel ; Lai du Trot ; Lai du Mantel ; Lai du Cor ; Galeran de Bretagne ; Arthur ; Cligès ; Robert de Boron ; Folies Tristan ;Gottfried de Strasbourg ; Tristan ; Tristrams Saga ;Wace ; Prophéties de Merlin ;Merlin Merlot.
BESSON, Florian. « Un proto-Graal au cœur du monde : la première croisade et le “vase mystérieux” ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 181-192.
L’article explore les significations et les enjeux attachés à la mention, dans l’Historia d’Albert d’Aix, chronique rédigée vers 1102-1103, d’un vase sacré contenant la manne ou le sang du Christ, au cœur du temple de Jérusalem. (LT)
Mots clés : Orient ; relique ; Histoire ; Godefroy de Bouillon ; Tancrède de Hauteville ; Guillaume de Tyr ; Chrétien de Troyes.
BIU, Hélène. « ‘Tancier et fierement parler’. Honorat Bovet et ‘maistre Jehan’ ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 257-299.
Si un « maistre Jehan de Meun » apparaît à Honoré Bovet au début de L’apparicion Maistre Jehan de Meun, dans la suite de l’œuvre, la présence de cette figure et du Roman de la Rose est très discrète : l’article montre, à partir de la présence de Jean de Meun dans les miniatures de deux manuscrits et de l’analyse de son rôle dans le texte, qu’il constitue surtout une figure d’autorité, une garantie, dans une œuvre audicieuse et polémique. (CFA)
Mots clés : Miniature ; débat sur le Roman de la Rose ; jardin ; médecin ; songe ; auteur ; Honorat Bovet (Somnium super materia scismatis ; Église ; allégories ; Abélard (Collationes) ; Ramon Lull (Libre del gentil e dels tres savis) ; schisme ; traduction ; Végèce ; Honorat Bovet (Arbres des batailles) ; Jean de Meun (Le Testament) ; Christine de Pizan (Livre des Faits d’Armeset de Chevalerie).
BOUCHET, Florence. « Le Chevalier désenchanté : les souvenirs arthuriens de Thomas III de Saluces ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 309-326.
Dans le Livre du Chevalier errant, la matière arthurienne est réinvestie essentiellement dans la première partie de l’œuvre. Les personnages arthuriens sont absents de la dernière partie du livre. L’article constate une relativisation, voire une remise en cause éthique de la chevalerie arthurienne et de ses aventures, traduite par une écriture allusive, que corrobore l’approche iconographique 170du texte. Thomas de Saluces semble partagé entre ses lectures arthuriennes de jeunesse et un jugement critique acquis à l’âge mûr. (CFA)
Mots clés : allégorie ; encyclopédie ; Fortune ; amour ; Jean Bodel ; miniatures ; Tristan ; Lancelot ; Palamède ; Galehaut ; Graal.
BOUGET, Hélène. « Matière et source : approche historiographique et critique ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 67-82.
L’A. aborde la notion de matière sous l’angle de l’histoire de la critique littéraire, en confrontant les notions a priori parentes de matière et de source, en particulier dans le domaine dit de la « matière de Bretagne », où cette parenté ne va pas sans poser de problème. L’explicitation des postures adoptées par l’histoire littéraire, souvent en contradiction avec les textes, amène à discuter l’emploi de cette formule. (CFA)
Mots clés : Jean Bodel (Chanson des Saisnes) ; Hersart de La Villemarqué (Théodore) ; Barzaz-Breiz ; Paris (Paulin) ; Renan (Ernest) ; Faral (Edmond) ; Fleuriot (Léon) ; folklore.
BOUGIE, Karine. « La matere du Saint Graal et ses auteurs ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 479-490.
À partir d’une analyse des occurrences du mot « matiere » et des noms propres dans les romans du Graal, étude de la « matere du Saint Graal » que mentionne le narrateur qui prétend être Hélie de Boron dans le prologue de Guiron le Courtois. Le nom propre est à la fois un marqueur de matière et un substitut de cette matière. (CFA)
Mots clés : prologue ; Robert de Boron ; Jean Bodel ; Trachsler (Richard) ; onomastique ; auteur ; personnage ; matière ; roman ; Luce del Gat ; Gace li Blond ; Gautier Map ; courtoisie ; auctoritas.
BOURDIER, Juliette. « La “matière” d’Enfer, senefiance syncrétique et polyphonie littéraire ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 255-269.
L’A. s’interroge sur la mise en place et l’exploitation d’une matièrelittéraire d’Enfer constituée par la transcription de témoignages de passages en Enfer, en s’appuyant sur la notion de matière telle qu’elle est définie en particulier par Jean Bodel et Pierre de Jean Olivi. « Ce n’est qu’au moment où la matière (la substance en forme) est recyclée vers des situations littéraires distinctes, et remodelée vers d’autres dispositifs pragmatiques qu’elle a atteint sa maturité de matière littéraire ». (CFA)
Mots clés : Concile de Latran IV ; Purgatoire de saint Patrice ; Thomas d’Aquin.
171BOUTET, Dominique. « Arthur et le monde épique en Avalon (Jean d’Outremeuse, continuations et mise en prose d’Ogier) ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 107-119.
L’article examine, au-delà des détails narratifs et du matériel féerique plus ou moins topique, la présentation qui est faite du roi Arthur et le statut du monde faé d’Avalon au regard de la perspective chrétienne que plusieurs des textes qui réinvestissent le motif du passage en Avalon revendiquent à des degrés divers, réorientant de façon radicale la nature et donc la signification du merveilleux. (CFA)
Mots clés : Bataille Loquifer ; continuations de la Chevalerie Ogier ; Myreur des histors ; Jean d’Outremeuse ; Ogier en prose ; Morgue ; Wace (Brut) ; Étienne de Bourbon ; Gervais de Tilbury ; Aimant (montagne, île) ; île ; Chapalu ; Adèle de Blois.
BOZOKY, Edina. « Les sources non écrites de la matière hagiographique dans les livres des miracles de Grégoire de Tours».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 531-543.
L’enquête montre qu’une grande partie des sources non écrites des Miracle de Grégoire de Tours remonte à l’expérience vécue par l’auteur pendant son épiscopat à Tours, ainsi qu’à des récits que lui ont faits des « collègues », mais aussi à des informations recueillies pendant ses voyages et à de véritables enquêtes qu’il a menées. Les récits sont en général transcrits du discours direct, mais le récit enchâssé, produisant un effet de réel, est lui aussi utilisé. (CFA)
Mots clés : Grégoire de Tours (Miracles de saint Martin de Tours, Miracles de saint Julien de Brioude, Gloire des Martyrs, Gloire des Confesseurs, Vie des Pères) ; hagiographie ; autobiographie.
BUSCHINGER, Danielle, Poètes moralistes du Moyen Âge allemand (xiiie-xve siècle). Paris, Classiques Garnier, Recherches littéraires médiévales, 2017, 440 p.
Cette riche étude se compose de chapitres thématiques et examine, après une introduction, les poèmes à lecture politique, ceux évoquant la diversité des relations entre les hommes, les poèmes à caractère religieux, ceux qui critiquent l’époque et la société et discutent de la noblesse, la doctrine des états, le concept de « Hochvart », les relations entre les seigneurs et leurs sujets et entre le souverain et le peuple, les différents types d’enseignement selon le public auquel ils s’adressent, les querelles de poètes, la définition de l’art, les « panégyriques, invectives personnels et éloges funèbres de poètes », la science et le savoir et les énigmes. Une conclusion, une longue annexe de plus de cent pages composées d’un choix de poèmes de vingt-deux auteurs 172différents dont les noms apparaissent dans la table des matières, un glossaire, une bibliographie et deux index (des titres d’œuvres et des noms de personnes) couronnent l’analyse. (AL)
Mots clés : didactique ; art ; religion.
BUSCHINGER, Danielle. « Frédéric II dans la Sangspruchdichtung et le sirventès ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 90-98.
L’article s’intéresse à l’image de l’empereur dans la poésie morale, en allemand et en occitan, chez les troubadours, mais aussi dans les poèmes historico-politiques écrits en Italie dans la période de conflits entre guelfes et gibelins, visant notamment Charles Ier d’Anjou. (LT)
Mots clés : chanson politique ; prophétie ; Hohenstaufen.
CALVET, Antoine. « L’influence du Roman de la Rose dans les textes alchimiques des xive et xve siècles ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 175-185.
L’article répond à la question laissée sans réponse par P. Y. Badel : pourquoi Jean de Meun a-t-il consacré un développement à l’alchimie ? Après avoir précisé le statut de l’alchimie à l’époque du Roman de la Rose, analysé les 84 vers que Jean de Meun consacre à ce sujet et en avoir évalué la postérité aux xive et xve siècles, en particulier dans la Fleur d’Alkimie, l’auteur montre que pour Jean de Meun l’alchimie est une œuvre naturelle, fondée en raison et en pratique. (CFA)
Mots clés : Albert le Grand ; Vincent de Beauvais ; Roger Bacon ; Thomas d’Aquin ; Gilles de Rome ; textes alchimiques latins ; ars lapidifica ; Jean de Murs.
CARNÉ, Damien de. « Sémiotique des objets dans le Tristan de Béroul ». [C- POMEL] : 219-235.
Les objets, comme le langage, permettent chez Béroul de questionner l’évidence, le visible ou la preuve, mais aussi, au-delà, posent la question de l’interprétable en sollicitant l’interprétation – et l’erreur – de ceux qui les perçoivent. Le jeu de Béroul avec l’objet-signe tantôt dissout l’objet lui-même comme organe de signification, tantôt dissout la signification possible en démultipliant la polysémie de l’objet. (CFA)
Mots clés : Vêtements ; lépreux ; déguisement ; épée ; armes ; symbole.
CARNÉ, Damien de, « Un nouveau regard sur la composition et l’organisation du manuscrit BnF, fr. 12599 ». CRMH, numéro 34, 2017/2, 447-471.
Une première section présente l’assemblage de textes atypique de ce manuscrit. Deux sections suivantes en proposent une description matérielle précise 173apportant de nouveaux éléments. La quatrième section propose une hypothèse sur la création du manuscrit : un manuscrit incomplet de la version V.II du Tristan en prose a été coupé en deux et étoffé par deux copistes, qui ont ajouté et intercalé différents textes, au prix de raccords visibles. Une dernière section date le manuscrit du dernier quart du xiiie s. (YM)
Mots clés : Folie Lancelot ; Guiron le courtois ; Queste post-Vulgate.
CERQUIGLINI-TOULET, Jacqueline. « Traces arthuriennes chez Guillaume de Machaut ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 283-294.
Présence manifeste et présence secrète de la matière arthurienne se conjoignent dans l’œuvre de Guillaume de Machaut. Le poète fait lire à ses personnages des romans arthuriens – Le PetitArthur de Bretagne par exemple – et fait un clin d’œil appuyé en direction de Chrétien de Troyes en intitulant une de ses œuvres Le Dit dou Lyon. L’article étudie la manière dont le poète retravaille cette matière, qu’il saisit à travers le prisme d’un traitement allégorique qui a sa source dans LeRoman de la Rose. (CFA)
Mots clés : intertextualité ; Guillaume de Machaut (Voir Dit, Prise d’Alexandrie, Confort d’Ami) ; Roman de la Rose ; Froissart, Jean (Paradis d’Amour) ; Christine de Pizan (Debat de deux amans) ; onomastique ; aventure ; Roman du Hem ;fontaine ; merveilleux.
CLIER-COLOMBANI, Françoise. Images et imaginaire dans l’Ovide moralisé. Paris, Honoré Champion, Essais sur le Moyen Âge no 63, 2017, 344 p.
L’ouvrage réunit plusieurs études, remaniées, consacrées par l’auteur à la question des rapports entre texte et image dans les manuscrits enluminés de l’Ovide moralisé, afin de mettre en valeur le rôle joué par les enluminures dans la réappropriation chrétienne de l’héritage ovidien. Une première partie présente un classement et une étude de la tradition iconographique, des manuscrits enluminés jusqu’aux éditions illustrées. La deuxième et la troisième partie sont consacrées à une réflexion plus méthodologique sur les types d’images et sur les codes de la représentation. L’étude porte ensuite plus particulièrement sur la figuration problématique du surnaturel, des passions et du processus de métamorphose, questions qui sont étudiées successivement dans les trois dernières parties. (LT)
Mots clés : espace ; narration ; série ; paganisme ; Antiquité ; héros ; héroïne ; Enfer ; songe ; animal ; arbre ; maternité ; fable ; moralisation ; allégorie.
COURROUX, Pierre. « Le règne d’Arthur vu par les chroniqueurs de langue française aux aux xive-xve siècles (hors Bretagne continentale) ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 249-263.
174Les chroniqueurs français sont plus réticents que leurs homologues anglais à utiliser la matière héritée de Geoffroy de Monmouth. Certaines chroniques universelles françaises intègrent néanmoins des éléments tirés du Brut bien que cela entre en contradiction avec Grégoire de Tours. L’histoire arthurienne sert parfois de référence pour l’histoire contemporaine, lorsqu’il s’agit d’évoquer les rois d’Angleterre. L’Historia Regum Britanniae donne lieu à trois traductions en français. (CFA)
Mots clés : Cronique des Bretons ; Mort le Roi Artu ; Alexandre ; Charlemagne ; Grandes Chroniques de France ; Édouard III d’Angleterre ; Robert Gaguin (Compendium super Francorum Gestis) ; Manuel d’Histoire pour Philippe VI ; Sébastien Marmerot (Chroniques Martiniennes) ; Bernard Gui (Flores Chronicorum) ; traduction ; Froissart, Jean (Chroniques) ; Table Ronde ; Chronique des quatre premiers Valois ; Jean Wauquelin (Roman de Brut) ; Jean de Wavrin (Recueil des croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne) ; prophéties de Merlin
CROIZY-NAQUET, Catherine. « Traces arthuriennes dans les textes historiques et para historiques de l’Antiquité ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 179-196.
L’article étudie comment les mondes anciens (troyen et romain) et arthurien évoluent, à l’aune de deux éléments constitutifs de la « matière » de Bretagne, l’éthique courtoise et la merveille. Si dans l’histoire romaine, ces dernières sont au fur et à mesure dévoyées et mises en oubli au point de disparaître, elles sont remobilisées, détournées et recomposées dans les différentes versions de la guerre de Troie. Les poétiques qui s’inventent dans ce frottement des matières et la pertinence des catégorisations génériques sont analysées et discutées. (CFA)
Mots clés : Benoît de Sainte-Maure (Roman de Troie) ; Faits des Romains ; Histoire ancienne jusqu’à César ; César ; chevalerie ; Cléopâtre ; sorcière ; traduction ; Nicolas de Véronne (Pharsale) ; réception ; mise en prose ; Roman de Troie en prose ; Merlin ; Brunet Latin (Trésor) ; amour ; Guido delle Colonne ; Antoine de la Sale (Jehan de Saintré) ; Philippe de Mézières (Songe du viel Pelerin).
DANIEL, Catherine. « Attestations des prophéties de Merlin en France (xive-xve siècle) : entre détournement et réécriture ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 501-516.
À la fin du Moyen Âge les prophéties de Merlin portant sur la France se développent dans le contexte de la guerre de Cent Ans. D’abord détournées dans une guerre d’interprétation où l’espoir breton est convoqué pour prédire la fin des Anglais, les prédictions de Merlin profrançaises ou d’inspiration française font aussi l’objet de réécritures profrançaises ou d’inspiration française 175suffisamment diffusées pour se retrouver dans une grande variété de textes littéraires, montrant une audience réelle dans différents milieux sociaux. (CFA)
Mots clés : Geoffroy de Monmouth(Prophetiae Merlini) ; Valois ; Écosse ; Guillaume Le Breton ; dragon ; Paix aux Anglais ; Froissart, Jean (Chroniques) ; Prophéties des six Rois ; Christine de Pizan (Ditié de Jehanne d’Arc) ; animal ; symbole ; Édouard III ; Cuvelier (Chanson de Bertrand Du Guesclin) ; Guesclin (Bertrand Du) ; Philippe de Commynes ; Jean Brehal ; Simon de Phares ; juristes ; astrologues ; Jeanne d’Arc ; Charles VI ; cerf-volant ; Eustache Deschamps (Ballades) ; Jehan de Saint Paul (Chroniques de Bretagne).
DELALE, Sarah. « Matière à nouvelles lectures : imaginaire de la composition littéraire chez Christine de Pizan ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 631-644.
L’étude d’un réseau de 299 occurrences repérées au sein du corpus christinien permet d’identifier quelques éléments d’un imaginaire de la composition littéraire. « Parce qu’elle désigne à la fois la forme et le fond, le texte auquel on emprunte et celui qui s’écrit, parce qu’elle est à l’image d’un objet que l’on modèle ou d’un lieu que l’on parcourt, la matière peut renvoyer aux différentes étapes du travail littéraire ainsi qu’aux diverses strates du tissu textuel. Par son appartenance multiple, elle permet de représenter l’écriture comme la transcription d’une nouvelle lecture guidée par l’ymaginacion ». (CFA)
Mots clés : Christine de Pizan (Fais d’Armes, Charles V, Advision Christine, Corps de Policie, Cité des Dames, Epistre Othea) ; prologue ; création ; épilogue ; métaphore ; auteur.
DELALE, Sarah. « De la rhétorique à la tectonique. Mise en livre et construction du sens chez les lecteurs de Christine de Pizan (xviiie et xxie siècle) ». CRMH, numéro 34, 2017/2, 259-272.
Le Charles V de Christine de Pizan témoigne de la manière dont les lecteurs perçoivent le texte : au xviiie s., on lui reproche ses exempla antiques et son absence de lien à la chronique, au profit d’une lecture linéaire ; au xxie s., la critique est plus sensible à la construction du sens par juxtaposition et à la forme de miroir du prince de l’œuvre. (YM)
Mots clés : Abbé Lebeuf ; Dit de la pastoure ; Lacurne de Saint-Palaye ; Louise de Keralio ; Jean-Antoine Roucher.
DÉVARD, Jérôme. « La vision généalogique structurante de la matière de France : quand la ‘geste’ s’oppose au ’cycle’ ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] :289-303.
176La véritable ossature de la matière de France que mentionne Jean Bodel est mise en relief par Bertrand de Bar-sur-Aube qui, dans le Roman de Girard de Viane, explique que la matière de France se décompose en trois « gestes », ce qui écorne la vision cyclique d’une matière de France (vision reposant essentiellement sur la codicologie) et permet de réévaluer la valeur structurante des liens de parenté qui transcendent tous les récits, au-delà des chansons de gestes regroupées dans les manuscrits dits cycliques. (CFA)
Mots clés : cycles épiques ; cycle de Monglane ; cycle du roi ; cycle de Doon de Mayence ; cycle des barons révoltés ; lignage ; onomastique ; manuscrits.
DIACONU, Luminiţa. « Concurrence et degrés d’assimilation des matières dans deux romans du xiiie siècle : Guillaume de Dole et Flamenca ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 377-386.
L’A. étudie la relation de Guillaume de Dole et Flamenca avec la poésie lyrique des troubadours et des trouvères, et le lyrisme populaire. Il analyse les références aux diverses matières convoquées dans l’épisode des noces de Flamenca, et la fonction qui leur est assignée dans le roman occitan. Il montre la manière originale dont Jean Renart construit une relation complexe entre le récit et certaines pièces insérées, comme la chanson rudélienne Lanquan li jorn…. (CFA)
Mots clés : insertions lyriques ; Jaufré Rudel ; matière antique ; matière de Bretagne ; matière de France ; amour de loin.
DOLGORUKOVA, Natalia. « Quand la matière devient “héroïne” d’une parodie ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 431-440.
Cet article étudie le Lay dou Lecheor à la lumière de la théorie de la parodie telle que la définit Mikhail Bakhtine. Il relève les éléments bretons parodiés et s’interroge sur ce lien privilégie du lai breton à la parodie, après avoir posé la question de savoir si un texte parodique appartient au genre qu’il parodie. (CFA)
Mots clés : Marie de France.
DOMINGUEZ-GUILLAUME, Véronique. « Attestations ou légendes ? Les personnages arthuriens sur la scène dramatique française (xiiie-xvie siècle) ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 397-415.
L’article montre la rareté des attestations arthuriennes dans les œuvres médiévales identifiées comme dramatiques, du Jeu de la Feuillée aux mystères. On trouve des allusions à Arthur et ses compagnons dans le cadre d’une louange du pouvoir dans des manifestations festives. À l’opposé, le déplacement des frontières génériques permet d’inclure dans le corpus dramatique des textes arthuriens considérés comme narratifs, selon les modalités d’un enregistrement manuscrit qui rend possible leur performance. (CFA)
177Mots clés : Entrées royales ; théâtre ; personnage ; Adam de la Halle (Jeu de la Feuillée) ; Mystère de saint Rémi ; onomastique ; Vie de Jesu Crist ; mystères ; Passion selon Gamaliel ; passions ; Mystère de Joseph d’Arimathie ; Passion d’Arras ; Passion de Troyes ; Passion d’Auvergne ; Résurrection du Sauveur ; Neuf Preux ; Aucassin et Nicolette ;Marie de France (Lanval)
DOUCHET, Sébastien et Valérie Naudet, « “Couper avec des cizeaux les portraits de nos trouvaires”. Défiguration et reconfiguration d’objets manuscrits médiévaux au xviie siècle ». [C- POMEL] : 253-294.
Étude de la façon dont ont été conçus les recueils composites créés par un parlementaire et lettré aixois du xviie siècle que sont les manuscrits 405 et 408 de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, moins hétérogènes qu’il ne paraît au premier regard. (CFA)
Mots clés : manuscrits ; Gallaup de Chasteuil (Hubert) ; Roman de Judas Macchabées ; traduction de la Consolation de Philosophie de Boèce ; réception ; Beuves de Hantone ; Gerbert de Metz ; Loys des trespassez ; Dolent Fortuné (Romant du chevalier aux dames) ; Jean Chapuis (Les sept articles de la vraie foi) ; Jean de Meun (Codicille).
DOUDET, Estelle. « La référence oubliée ? La légende arthurienne chez les Rhétoriqueurs bourguignons, bretons et français ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 383-396.
Malgré la prégnance de la culture romanesque dans les cours dont ils sont les porte-parole, les Rhétoriqueurs utilisent rarement les références arthuriennes dans leurs œuvres politiques. La raison en est sans doute que la référence arthurienne est ressentie comme legenda, pédagogique ou divertissante. Poésies de circonstance, chroniques d’actualité, spectacles politiques, formes d’expression vouées à la représentation du présent demeurent peu perméables à un imaginaire jugé vain et plaisant. (CFA)
Mots clés : Bourgogne ; Bretagne ; cour ; Chastelain, Georges (Chroniques, Le Livre de Paix) ; Molinet, Jean (Ressource du petit peuple, Le Throsne d’Honneur, Complainte de Grèce, L’arbre de Bourgogne) ; Olivier de la Marche (Mémoires, Le Chevalier Deliberé) ; onomastique ; miroir au prince ; aventure ; prouesse ; Neuf Preux ; Micheau Taillevent (Songe de la Toison d’Or) ; Jean Meschinot (Lunettes des Princes) ; Jean Lemaire de Belges (Temple d’honneur et de vertus) ; Pierre Gringore (L’Union des Princes) ; Table Ronde.
DRAELENTS, Isabelle. « Cinq diagrammes musicaux inédits dans le manuscrit Venezia, Bibl. Marciana, lat. VIII. 22 (2760) ». CRMH, numéro 33, 2017/1, 27-41.
178Description de cinq diagrammes musicaux apparaissant à la fin du manuscrit de Venise, Bibl. Marciana, lat. VIII. 22 (2760) ; ce manuscrit aurait appartenu à Richard de Fournival.
Mots clés : Liber Nemrod ; musique.
DUMITRESCU, Laura. « Sur la notion de matière dans Le Roman de Fauvel ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 103-111.
La question de la matière du Roman de Fauvel est abordée à partir du problème des enjeux de ce texte et des postures auctoriales adoptées. (CFA)
Mots clés : auteur ; Gervais De Bus ; Chaillou de Pestain ; allégorie ; Roman de Renart ; animal ; mélancolie ; miniatures.
DUVAL, Frédéric. « Pour des éditions numériques critiques. L’exemple des textes français », Médiévales, numéro 73, 2017/2, 13-29.
L’article fait la synthèse des grands modèles éditoriaux numériques qui concernent le domaine médiéval français. Le modèle anglo-saxon qui accorde la préséance au témoin matériel et au texte comme variante ne débouche pas sur de véritables éditions critiques numériques. L’auteur invite au développement de telles éditions qui prendraient appui sur les éditions documentaires, actuellement dominantes dans le champ numérique. (AH)
Mots clés : édition critique ; philologie ; projet Charrette ; Queste del saint Graal ; Partonopeus de Blois.
FABRE, Sylvie. « Les manuscrits enluminés du Tristan en prose. Incidence de la polyphonie énonciative et des éléments péri-textuels sur le processus de construction du sens ». CRMH, numéro 34, 2017/2, 221-237.
La matérialité du manuscrit influence la lecture en tant que processus de construction du sens. La place des miniatures par rapport au texte illustré et aux chapitres de l’ouvrage est significative et révèle une interprétation du texte. (YM)
Mots clés : Condé 645 ; Condé 648 ; Genève BPU 189 ; Getty Ludwig XV-5 ; Paris BNF fr. 97 ; Paris BNF fr. 99 ; Paris BNF fr. 100 ; Paris BNF fr. 102 ; Paris BNF fr. 334 ; Paris BNF fr. 335 ; Paris BNF fr. 750 ; Paris BNF fr. 776 ; Vienne ÖNB 2542 ; Vienne ÖNB 2537 ; Vienne ÖNB 2539.
FABRY-TEHRANCHI, Irène. « But now repeireth the tale to his mater : le développement du terme mater(e) dans la traduction en moyen anglais du Merlin et dela Suite Vulgate ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 113-140.
179Contrairement au Merlin et à la Suite Vulgate, le Merlin anglais en prose emploie fréquemment le terme mater(e), dans des emplois génériques mais aussi spécialisés dans le domaine politique ou juridique, souvent en situation de conseil. On le trouve dans des passages qui illustrent l’écriture de l’œuvre, sa structuration et ses sources et il devient un élément contribuant à signaler les effets d’inter ou d’intra-textualité caractéristiques de l’écriture cyclique. (CFA)
Mots clés : traduction ; entrelacement ; Merlin.
FERLAMPIN-ACHER, Christine et GIRBEA, Catalina. « Introduction ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 8-23.
Après une approche définitionnelle du terme « matiere », l’article présente le volume Matières à débat à partir de la constatation de l’omniprésence de « matiere » dans le discours métapoétique médiéval. Sont mises en évidence la polysémie et la dimension métaphorique du terme ainsi que du latin materia (avec en particulier l’articulation de la matière littéraire et de la matière « matérielle »), ce qui engage une certaine conception du travail poétique. La répartition ternaire de Jean Bodel est mise à l’épreuve, tout comme son utilisation par la critique. (CFA)
Mots clés : transfictionnalité ; création ; art poétique ; artisan ; Estoire del Saint Graal ; Chrétien de Troyes ; métaphore.
FERLAMPIN-ACHER, Christine et GIRBEA, Catalina. « Conclusions ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 661-674.
L’article conclut sur la « densité sémantique » de « matiere » et sur le caractère problématique de la tripartition de Bodel, inopérante quant aux délimitations et restrictive, mais plus opératoire si on la considère sous l’angle de l’émulation ou de l’écart. « Matiere », à considérer à la fois en termes de poétique et de réception, véhicule une conception qui double la « translatio », mais n’a guère de valeur heuristique typologique. (CFA)
Mots clés : Bibliothèque universelle des Romans ; genres ; hybridité ; onomastique ; motifs ; intertextualité ; hagiographie ; création ; auctoritas.
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « Après Arthur ? » Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 7-21.
L’introduction, après avoir constaté et nuancé l’épuisement du roman arthurien après 1270, pose la question des rapports entre genres littéraires et matière arthurienne, en discutant les formulations « matière de Bretagne », « matière arthurienne », « romans de la Table Ronde ». Elle définit les différents types d’attestations, la difficulté de certaines évaluations, entre intertextualité, transfictionnalité, et transmédialité, entre allusions et actualisations. (CFA)
180Mots clés : romans néo-arthuriens ; chevalerie ; Artus de Bretagne ; Ysaïe le Triste ; Conte du Papegaut ; Perceforest ; Froissart (Méliador) ; Sala, Pierre (Tristan) ; Chroniques gargantuines ; Neuf Preux ; imprimés ; lectorat ; Saint-Gelais (Richard) ; chronotope.
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « Conclusion. En attendant le retour d’Arthur ? » Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 539-560.
Après avoir cerné les problèmes posés par l’identification des attestations arthuriennes (onomastique, motifs), l’article constate que les cas d’intertextualité sont peu nombreux et que l’allusion transfictionnelle est plus fréquente, parfois incertaine. Il établit le palmarès des sources arthuriennes privilégiées, et questionne les lieux communs. Il dessine les espaces où la matière arthurienne semble avoir été le plus appréciée et pose la question des compétences des lectorats. Il constate la marginalisation de la référence arthurienne, à la fois appréciée et dévalorisée. (CFA)
Mots clés : onomastique ; toponymie ; restor ; Graal ; motifs ; Table Ronde ; Saint-Gelais (Richard) ; entrelacement ; lieux communs ; lecture ; parodie ; île ; merveilleux ; féerie ; genres littéraires ; Angleterre ; enjeux politiques.
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « Les enfants sauvages dans quelques textes narratifs du Moyen Âge : le nice et le lait de la sirène ». Enfants sauvages. Représentations et savoirs, ed. Mathilde LÉVÊQUE et Déborah LÉVY-BERTHERAT. Paris, Éditions Hermann, 2017 : 173-191.
L’enfant sauvage est un motif littéraire à la mode à la fin du Moyen Âge, qu’il s’agisse du nice élevé dans la forêt comme Perceval, ou de l’orphelin noble pris en charge par des substituts parentaux (couple modeste, animaux). Le topos littéraire constitue l’enfant sauvage en figure littéraire, dans des œuvres narratives relevant d’horizons d’attente divers, où se joue le rapport complexe entre nature et norreture, avec en particulier le motif l’allaitement par un animal, voire une sirène. (CFA)
Mots clés : Chrétien de Troyes (Conte du Graal) ; Aiol ; Guillaume le Clerc (Fergus) ; Trubert ; Gauvain ; Renaut de Beaujeu (Le Bel Inconnu) ; Première continuation du Conte du Graal ; Dit du Prunier ; Jehan d’Avesnes ; Aiol ; enfants cygnes ; La Belle Hélène de Constantinople ; Perceforest ; Conte du Papegaut ; Guillaume d’Angleterre ; jumeaux ; allaitement par des animaux ; biches ; licorne ; hagiographie ; Guillaume de Palerne ; Lion de Bourges ; chansons d’aventure ; Tristan de Nanteuil.
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « Interpolations et ‘extrapolations’ : études de quelques épisodes arthuriens en contexte non arthurien ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 137-155.
181Les références arthuriennes nourrissent des épisodes qui prennent la forme d’interpolations dans Laurin, Sone de Nansay ou Aquilon de Bavière. Les « extrapolations », qui adjoignent un épisode arthurien en début ou fin de récit, sont plus rares : l’étude de quelques cas (Chanson de Roland, Eledus et Serene, Faits des Romans) suggère que l’ouverture structurelle liée à cette position n’est pas compatible avec le monde révolu de la matière arthurienne. (CFA)
Mots clés : Chanson de Roland (manuscrit de Lyon ; BM 734) ; Eledus et Serene ; Faits des Romains (manuscrit Bodmer 147) ; épisode ; interpolation ; Perceforest ; Sept Sages ; Queste del Saint Graal ; Graal ; île ; Alexandre ; féerie ; Chante Pleure ; onomastique ; vers/prose.
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « À la mode de Bretagne : la culture arthurienne dans le Roman du Hem de Sarrasin (1278) et le Roman de Guillaume d’Orange (entre 1454 et 1456) ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 517-538.
Le Roman du Hem détourne la matière arthurienne (objet d’un double transfert, de la littérature à la pratique du tournoi réel, puis du tournoi réel à la mise en roman), sans la dévaloriser, en l’associant à l’idéal chevaleresque anglais représenté par Edouard Ier, non sans une critique de l’interdiction des tournois en France. À l’opposé, dans le Roman de Guillaume d’Orange,les mentions arthuriennes sont très minces : elles illustrent la dévaluation sociale de cette matière vulgarisée, et sa monumentalisation, sous forme d’œuvres d’art, dans des ekphraseis. (CFA)
Mots clés : Kex ; transmédialité ; Jacques Bretel (Tournoi de Chauvency) ; Sarrasin (Roman du Hem) ; Guillaume de Machaut (Voir Dit) ; onomastique ; translatio ; Chrétien de Troyes ; proverbe ; Artus de Bretagne ; tournoi ; citation ; courtoisie ; cour ; héraldique ; Alexandre ; longueur (d’un texte).
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « “Des fables fait on les fabliaux […], Et des materes les canchons” : fabliau et matiere ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 83-102.
L’étude des emplois du mot « matiere » montre le passage de « matiere »au sens de « bonne histoire entendue, apprise, transmise », propre au fabliau, à l’incompatibilité entre « matiere »et fabliau (quand celui-ci se redéfinit comme pratique essentiellement littéraire, adoptant une posture de mise à distance par rapport à la « matiere »orale), puis à l’appropriation par les fabliaux du terme « matiere », vidé de son sens spécifique (« récit oral… ») et utilisé avec la valeur générale de « source d’une œuvre littéraire », « œuvre littéraire », au fur et à mesure que se développe une valorisation du genre. (CFA)
182Mots clés : Le prestre comporté ; Les braies au cordelier ; La plantez ; Des trois aveugles de Compiègne ; Estormi ; Connebert ; des deus chevaus ; Do maignien qui foti la dame ; De la grue ; La vieille truande ; Jean Bodel ; prologue ; jongleur ; Gautier Le Leu (Connebert).
FERLAMPIN-ACHER, Christine. « Laurin : li contes de Bretaigne sont sage et de sens aprendant ? » [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 441-462.
L’article discute l’appartenance de Laurin à la matière de Rome puis s’interroge sur l’épisode qui se déroule en « Bretagne » à la cour d’Arthur et sur la citation du début de la Queste del Saint Graal qui clôt l’œuvre, pour réévaluer la nature et les enjeux de ces éléments arthuriens. Laurin constitue une tentative originale et divers indices incitent à percevoir une certaine ironie : le roman, au lieu de conjuguer la sagesse de Rome et celle de Bretagne (autour du Graal), pourrait combiner les merveilles mensongères de l’une et de l’autre. (CFA)
Mots clés : Sept Sages de Rome ; cycle ; Helcanus ; Pelyarmenus ; Marquès de Rome ; digression ; interpolation ; citation ; Queste del Saint Graal.
FOURCADE, Sarah. « Les lecteurs nobles de la littérature arthurienne à la fin du Moyen Âge ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 429-442.
L’étude porte sur 59 individus ou familles de la noblesse laïque et francophone entre 1300 et 1520. Ils ont apprécié le Lancelot Graal et le Tristan en prose, et en milieu bourguignon, la tradition issue de Geoffroy de Monmouth et Wace. Guiron est en retrait. Quant à Chrétien c’est surtout Le Conte du Graal qui est présent. Les romans tardifs, comme Perceforest, Artus ou le Chevalier au Papegau figurent parmi les ouvrages possédés par des bibliophiles bourguignons. L’examen de deux cas (les Rohan et Bernard de Béarn) permet de relativiser la place de la matière arthurienne dans les bibliothèques nobiliaires. (CFA)
Mots clés : onomastique ; Croÿ ; Jacques d’Armagnac ; femmes lectrices ; Bourgogne ; bibliothèques.
FRIEDE, Susanne. « Les débuts d’une matière: approches définitoires et éléments constitutifs de la ‘matière du Graal’ ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 491-501.
À partir des premières traces de la constitution d’une « matiere du Graal » dans le Roman de l’Estoire dou saint Graal de Robert de Boron, l’article s’interroge sur la formation et le statut d’une telle matière en soulignant le rôle décisif que jouent les intertextes non littéraires et en mettant en 183évidence le croisement partiel avec la matière de Rome et l’élaboration d’une écriture propre. (CFA)
Mots clés : Jean Bodel (Saisnes) ; Continuation Gauvain ; Écritures ; Évangiles apocryphes.
FRIEDEN, Philippe. « L’incarnation de l’auteur dans les manuscrits recueil du Roman de la Rose ». [C - GAUCHER-RÉMOND]: 215-234.
Jean de Meun voulait se faire oublier comme auteur du Roman de la Rose, mais la postérité insiste sur sa personne, et sur son corps. René d’Anjou fait figurer son cadavre parmi les dépouilles des grands poètes. Un ajout dans un manuscrit du Roman est à l’origine de l’histoire, transmise par Jean Bouchet, de la ruse faite par Jean de Meun aux Jacobins devant l’enterrer. Enfin, certains manuscrits recréent une biographie spirituelle en présentant, dans l’ordre, la Rose, le Testament, le Codicille et le Trésor, pour insister sur la fin religieuse de l’auteur. (YM)
Mots clés :allégorie ; Arsenal 3339 ; BnF fr. 380 ; BnF fr. 12596 ; Sept articles de la foi.
FRITZ, Jean-Marie. « Jean de Meun traducteur de Boèce et d’Abélard : Confort de philosophie et Confortable epistre ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 213-228.
L’article montre qu’il n’y a pas solution de continuité entre Jean de Meun auteur et traducteur. Il met en évidence une démarche de traduction commune ainsi que des rapprochements rhétoriques et thématiques entre les traductions que Jean de Meun donne de la Consolation de Philosophie de Boèce et de la correspondance d’Héloïse et Abélard, autour du réconfort, de la consolation, que l’on retrouve aussi dans le Roman de la Rose. (CFA)
Mots clés : Chrétien de Troyes ; manuscrits ; prologue.
FRITZ, Jean-Marie. « La matière biblique selon Evrat ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 515-529.
Evrat écrit une paraphrase de la Genèse dont il a tiré la matière notamment de l’Historia scolastica de Pierre le Mangeur. Alors que la matière chez Comestor apparaît dans le cadre de la Création du monde en lien avec la question philosophique du rapport de la forme et de la matière, Evrat lui donne un sens métalittéraire. La matière constitue le fil du texte biblique dont il s’écarte pour développer des exégèses allégoriques ou typologiques ; elle est la lettre qui s’oppose aux sens. (CFA)
Mots clés : Marie de Champagne ; Chrétien de Troyes (Cligès, Lancelot) ; Pierre Comestor (Le Mangeur, Historia scolastica) ; bibliothèque ; glose ; Genèse ; conjointure ; artisan ; vérité ; histoire.
184GABAUDE, Florent. « Frédéric II, reconstruction et déconstruction contemporaine du héros mythique ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 99-107.
L’auteur explore l’image contrastée de l’empereur dans l’historiographie contemporaine, en examinant la construction du personnage dans les ouvrages d’Ernst Kantorowicz et de Michael Freund, ainsi que la lecture qui en a été faite par les historiens ; est analysée en particulier la comparaison avec la figure d’Alexandre. (LT).
Mots clés : biographie ; réception ; empire.
GALDERISI, Claudio. « Les chameaux d’Aristote et la matire des auteurs médiévaux ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 417-430.
À travers une analyse des motifs narratifs, des aspects formels et du Manuscript Context de Beuve de Hamptone, l’article définit le cadre de ce « no man’s land générique formel »,chanson de geste qui ne relève pas de la matière de France et suit davantage des schémas folkloriques, qui mêle hagiographie et idylle, la légende d’Ami et Amile et le récit exemplaire des vicissitudes d’Apollonius de Tyr, et que certains copistes médiévaux ont rattaché au cycle des Lorrains et à celui de Huon de Bordeaux. (CFA)
Mots clés : hybride ; classification ; hagiographie ; folklore ; enfances ; Apollonyus de Tyr ; Huon de Bordeaux ; cycle ; cycle des Lorrains ; manuscrits ; genres ; récit idyllique ; Ami et Amile.
GAUCHER-REMOND, Élisabeth. « Les influences arthuriennes dans les biographies chevaleresques au xve siècle : la fabrique du grand homme au carrefour du réel et de l’imaginaire ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 295-307.
Si l’Antiquité fournit aux auteurs la majorité des figures paradigmatiques auxquelles ils comparent leurs héros, l’influence arthurienne s’observe dans l’onomastique et la topique des biographies chevaleresques, pour la plupart écrites à la gloire du duché de Bourgogne. Toutefois, ces occurrences restent rares : le régionalisme de ces panégyriques accorde la primauté à la référence bourguignonne. Des enjeux pédagogiques et socio-politiques se conjuguent dans cet « arthurianisme » tardif, dévalué au rang d’une culture générale, voire d’un jeu de rôles. (CFA)
Mots clés : Livre des faits du maréchal de Boucicaut ; Livre des fais de messire Jacques de Lalaing ; Gilles de Chin en prose ; Jean d’Avesnes ; Histoire des seigneurs de Gavre ; Antoine de la Sale (Jehan de Saintré) ; prologue ; lecture ; Histoire ; bibliothèques ; cour de Bourgogne ; chevalerie, Table Ronde ; pas d’armes ; 185ordres de chevalerie ; merveilleux ; forêt ; motifs ; onomastique ; Cour d’Amour ; nice ; Pas de la Fontaine des Pleurs ; Ordre de l’écu vert à la dame blanche.
GAULLIER-BOUGASSAS, Catherine. « L’absence de la Grèce dans la trilogie des “matières” selon Jean Bodel et les conquêtes de la “matière” d’Alexandre le Grand ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 317-328.
Malgré l’importance de la Grèce et de l’Orient aux origines du roman, Jean Bodel n’y fait pas référence dans sa classification des matières. L’article questionne la définition de la matière de Rome et cerne une « matière d’Alexandre » (syntagme attesté dans la Chronique dite de Baudouin d’Avesnes), et son évolution jusqu’à la fin du Moyen Âge. (CFA)
Mots clés : Alexandre ; romans d’antiquité ; matière de Rome ; matière de Bretagne ; traduction ; Cligès ; Jacques de Longuyon (Vœux du Paon) ; Aimont de Varennes (Florimont) ; intertextualité ; Albéric de Pisançon (Alexandre) ; Alexandre en décasyllabes ; Romans d’Alexandre ; Jean Brisebare (Restor du Paon) ;Jean de le Mote (Parfait du Paon) ; Philippe de Madien ; Perceforest ; Gautier de Châtillon (Alexandreïs) ; Thomas de Saluce (Le Chevalier Errant).
GIDOUIN, Élodie. « L’enlumineur Robinet Testard interprète du Roman de la Rose dans le ms. Douce 195 de la Bodleian Library ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 341-357.
Étude des miniatures réalisées par Robinet Testard dans le manuscrit Douce 195 de la Bodleian Library du Roman de la Rose. À partir de la représentation des castrations de Saturne et d’Origène, de l’Âge d’Or, du mari jaloux, sont montrés à la fois l’imagination débordante du peintre et son souci d’assurer la lisibilité (chronologique et axiologique), en particulier grâce à des détails vestimentaires ou physiques. (CFA)
Mots clés : Charles d’Angoulême ; Louise de Savoie ; Livre des échecs amoureux ; coiffes ; vêtements ; nudité.
GILLIES, Patricia Harris. « Other Voices, Other Shapes: the Mystérieux in the Lyrics of Bertran de Born ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 193-205.
L’article s’intéresse à l’inscription, dans la poésie du troubadour Bertran de Born, de voix différentes faisant signe vers le mystère de l’altérité et en particulier vers l’animal ; l’auteure se concentre en particulier sur le poème 27, « Mailolin, Joglars Malastruc ». (LT)
Mots clés : Voix ; chant ; musique ; son ; ménestrel ; satire ; insulte ; transgression ; maladie.
186GIRBEA, Catalina. « Des armes-luminaires dans le roman médiéval ». [C- POMEL] : 93-109.
Inspirées des épopées helléniques et entretenues par l’intérêt que le Moyen Âge porte à la lumière, les armes lumineuses sont des objets symboliques. Avec l’avènement de la prose et surtout des romans du Graal, ce ne sont plus les heaumes et les armures, mais les épées et les écus, qui brillent et deviennent des reliques, héritages de l’imaginaire biblique et apocryphe. (CFA)
Mots clés : Heaume ; armure ; épée ; écu ; Hector et Hercule ; Perlesvaus ; Wolfram von Eschenbach (Willehalm) ; traité d’optique ; Robert Grosseteste ; Queste del Saint Graal ; Estoire del Saint Graal.
GIRBEA, Catalina « ’D’amour, d’armes et de joie est ma matière’ : y a-t-il une matière agonale au Moyen Âge ? » [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 339-348.
L’article propose d’identifier une matière « agonale », constituée par des récits de combats et tournois réels ou allégoriques. Cette matière, appelée dans le Tournoi de Chauvency « d’armes, d’amour et de joie », montre que les auteurs médiévaux ont une conscience esthétique qui va au-delà de l’ancrage spatio-temporel ou des personnages et des noms pour définir la materia, et qui conçoit celle-ci comme un réseau complexe de thèmes et motifs, stéréotypés, donnant lieu à des actualisations uniques. (CFA)
Mots clés : onomastique ; hybridation ; Huon de Méry (Tournoi Antecrist) ; psychomachie ; Jacques Bretel (Tournoi de Chauvency) ; miniatures ; allégorie ; Bataille des sept Arts ; Bataille de sainct Pensard a l’encontre de Caresme.
GRIGORIU, Brindusa. « Adam-Tristan au xiie siècle : une matière biblique ? »[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 503-513.
À partir d’un parallèle proposé par Jacques Ribard entre Tristan et Adam, l’article examine la pratique intertextuelle médiévale dans la mise en place de la configuration Tristan-Adam dans la littérature française du xiie siècle (Jeu d’Adam, romans de Béroul et Thomas). (CFA)
Mots clés : Conrad d’Hirsau ; Geoffroy de Vinsauf ; materia.
GROSSEL, Marie-Geneviève. « De la materia hagiographique à la matière romanesque ? Quelques questions autour de la translation romane des Vitae de Jérôme (Paul l’Ermite/Hylarion/Malchus) ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 571-584.
Le triptyque deVies de saints anachorètes composé par Jérôme – Paul l’ermite, Hilarion, Malchus – pouvait donner naissance à des romans dévots comme tant d’autres récits hagiographiques du même genre. Malgré la présence de 187certains thèmes que l’on retrouve dans les romans, les traductions des Vies de Jérôme n’ont guère quitté les légendiers, comme si la mise en recueil dans les Vies des Pères avait fait obstacle à une émancipation d’un contexte étroitement hagiographique. (CFA)
Mots clés : Wauchier de Denain (Vie de Paul l’ermite, Vie de saint Hilarion, Vie de saint Malchus) ; Vies des Pères ; biographie ; miracle ; animal ; traduction ; anonyme champenois ; Blanche de Navarre.
HALARY, Marie-Pascale. « “L’espee de quoi saint Jehans fu decolés” ou l’invention d’une relique romanesque». [C- POMEL] : 129-143.
L’épée qui a décapité Jean Baptiste dans Perlesvaus fonctionne comme marqueur de matiere fictionnelle renvoyant aux textes graaliens. Par rapport aux dispositifs légitimant au Moyen Âge l’accaparement des reliques, le roman se distingue en valorisant des modalités spécifiquement chevaleresques. L’épée-relique apparaît alors comme un objet essentiellement romanesque. (CFA)
Mots clés : Chrétien de Troyes (Conte du Graal) ; description ; Gauvain ; Perceval ; chevalerie.
HARF-LANCNER, Laurence. Dire et peindre le Moyen âge. Paris, Honoré Champion, Colloques, congrès et conférences sur le Moyen âge no 23, 2017, 644 p.
Cet ouvrage rassemble trente-trois articles publiés par L. Harf-Lancner, offrant ainsi la possibilité de consulter aisément ces études fondamentales tout en rendant hommage à leur auteur. La première partie est consacrée aux mythes et à la mythologie (métamorphoses animales, imaginaire féérique, merveilleux), la deuxième à la question de la réécriture des modèles antiques, la troisième réunit six articles portant sur les rapports de la littérature et de l’histoire, dans les contes de Mélusine et chez Froissart, et un dernier ensemble regroupe des études portant sur le rapport entre texte et image. L’ensemble est précédé d’une liste des publications de L. Harf-Lancner, et suivi d’un index nominum. (LT)
Mots clés : Loup-garou ; fée ; Marie de France ; Lais ; Gautier Map ; Alexandre ; Boccace, Décaméron ; parodie ; Jean d’Arras ; Le Bel Inconnu ; mise en prose ; motif ; Tristan ; Tristan en prose ; Thomas d’Angleterre ; fable ; Isopet ; bestiaire ; animal ; manuscrit BnF fr. 60 ; Ovide moralisé ; manuscrit BnF fr. 137.
HAUGEARD, Philippe. « Preuve et vérité dans le Tristan de Béroul et le Roman de la violette de Gerbert de Montreuil ». CRMH, numéro 34, 2017/2, 149-171.
Le Tristan de Béroul et le Roman de la violette de Gerbert de Montreuil présentent des épisodes judiciaires développés ; dans les deux cas, la question de 188la preuve est posée. Béroul témoigne des doutes de l’époque quant à la valeur de l’ordalie et du judicium dei ; Gerbert se montre encore plus méfiant et son œuvre témoigne d’une nouvelle vision des choses, où l’on s’intéresse moins à l’accusation qu’à la vérité des faits. (YM)
Mot clé : réécriture.
HÜE, Denis. « Clôture ». [C- POMEL] : 295-303.
Conclusion du projet rennais (CELLAM) consacré pendant une vingtaine d’années aux objets et rappelant les sujets et conclusions des divers séminaires qui ont été menés dans ce cadre. (CFA)
Mots clés : Clefs ; miroirs ; cornes ; plumes ; cloches ; horloges ; machines ; symbolique.
HÜE, Denis. « Marie objet dans la poésie palinodique ». [C- POMEL] : 63-91.
Dans la poésie du Puy de Rouen, la référence constante à tel ou tel objet représentant les propriétés de Marie permet de réexaminer le sens même du mot « objet », dans son acception moderne comme dans ses implications anciennes. L’auteur montre comment, alors même que des textes ouvrent des perspectives réalistes étonnantes, d’autres savent investir le sens philosophique du mot et offrir des ouvertures inattendues. 5 textes sont transcrits. (CFA)
Mots clés : Création ; corps ; liturgie ; litanies ; Oresme ; vitrail.
ILINA, Alexandra. « Rivalité des matières dans le Tristan en prose ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 361-376.
Cet article questionne à partir des emplois du mot « matiere » la façon dont la notion de matière littéraire est utilisée dans le Tristan en prose et le rapport qui s’établit entre les matières concurrentes du roman. Somme ambitieuse, le roman établit des rapports hiérarchiques entre les matières qui se disputent la suprématie à travers leurs figures dominantes : Tristan, Lancelot et Galaad forment une trinité héroïque invraisemblable au carrefour des matières. (CFA)
Mots clés : aventure ; amour ; Graal ; intertextualité ; Lancelot ; chevalerie ; Queste del saint grail.
INGRAND-VARENNES, Estelle. « Des inscriptions sans matière ? Foulcoie de Beauvais et Baudri de Bourgueil, le paradoxe de la poésie à caractère épigraphique ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 179-192.
Cet article étudie les inscriptions « sans matière », autrement dit des textes épigraphiques virtuels, « dormant » dans les manuscrits, afin de penser la 189matière dans le langage, notamment avec Foulcoie de Beauvais et Baudri de Bourgueil, dont les démarches sont comparées : le premier s’émancipe des contraintes textuelles et matérielles du genre de l’épitaphe ; au contraire, le second se saisit de la matière, amplifie son rôle, et déploie une poétique de l’abondance dans une esthétique de la brièveté. Cette poésie de circonstance vise moins la publicité et la pérennité de la pierre qu’une lecture de cénacle par une élite culturelle sachant décoder le jeu littéraire et les références tant classiques que bibliques. (CFA)
Mots clés : brièveté ; amplification ; encomium ; vituperatio ; personnage.
IVANOVA, Petya. « Le mystérieux désir féminin entre la “femme hideuse” du Moyen Âge et Nastassia de Dostoïevski, en passant par l’Ève de Milton ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 206-214.
L’article interroge l’association entre désir féminin et mystère dans les récits d’origine folklorique mettant en scène le personnage de la vieille femme hideuse (le Conte de Florent de Gower, le Conte de la femme de Bath de Chaucer, le Mariage de Sire Gauvain et Dame Ragnelle) et dans Sire Gauvain et le chevalier vert, en s’inspirant de la lecture que Giorgio Agamben fait de l’Idiot de Dostoïevski. (LT)
Mots clés : langage ; transgression ; narration ; normes.
JAMES-RAOUL, Danièle. « La materia en question dans les arts poétiques médio-latins des xiie et xiiie siècles ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 39-49.
Étude de l’emploi du nom materia dans les arts poétiques médio-latins entre 1170 et 1220, à une époque où la littérature de langue française prend son essor et emploie à son tour le nom « matiere ». L’attention portée à la materia, au cœur de ces artes, souligne la façon dont la création littéraire est envisagée comme technique ou comme ars. Ces emplois latins permettent de mettre en perspective la tâche accomplie par les écrivains médiévaux et les sens pris par le nom « matiere » dans les œuvres en langue vernaculaire. (CFA)
Mots clés : Matthieu de Vendôme (Ars versificatoria) ; Geoffroy de Vinsauf (Poetria Nova, Documentum) ; Gervais de Melkley (Ars versificatoria) ; Évrard l’Allemand (Laborintus).
JAMES-RAOUL, Danièle. « Les objets en question dans le Devisement du Monde de Marco Polo».[C- POMEL] : 187-204.
Si la mention des objets dans le Devisement n’est pas aussi fréquente ou précise que ce que l’on pourrait penser, elle est cependant rarement anodine. Elle 190conforte le projet d’un récit qui se veut d’abord témoignage. L’attention aux objets permet de particulariser non seulement le monde visité mais aussi le genre littéraire qui est censé en faire l’inventaire, le récit de voyage. L’objet permet d’appréhender le sujet. (CFA)
Mots clés : Rusticien de Pise ; récit de voyage ; exotisme ; altérité ; marchand ; ethnologue.
KAHN, Didier. « Attestations arthuriennes alchimiques (xive-xviie siècles) ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 363-378.
Les occurrences arthuriennes sont rares et limitées aux noms d’Arthur et de Merlin (présentés comme auteurs de traités d’alchimie) dans les textes alchimiques du Moyen Âge. Elles s’étoffent au xvie siècle, lorsque des alchimistes commencent à interpréter alchimiquement la littérature arthurienne. Cette vogue se ralentit considérablement dans la seconde moitié du xviie siècle, pour ne ressurgir fugacement qu’au xxe. (CFA)
Mots clés : réception ; Perceforest ; alchimie ; pseudoépigraphie ; Richard de Fournival ; Turba philosophorum ; Arthur ; Merlin ; Razi (Rhazès) ; Allegoria Merlini ; Commentarius Magni Merlini super lapide philosophico ; Jean de la Fontaine (La Fontaine des amoureux de science) ; Songe de Poliphile ; Jean Perreal (Complainte de Nature) ; Roman de la Rose ; Jacques Gohory.
KUKULKA-WOJTASIK, Anna. « Les Oiseaux, “peuple ailé” dans la symbolique médiévale : du charme céleste au menu de table. Jeux d’hypertextualité et de réécriture dans la littérature courtoise des xiie-xiiie siècles ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 215-223.
L’article envisage les oiseaux à la fois naturels et pensés comme métamorphosés (le cygne, la huppe, le rossignol et l’hirondelle), se concentrant sur les légendes attachées au cygne et sur la figure du miles cygni. (LT)
Mots clés : Ovide (Métamorphoses) ; bestiaire ; Isidore de Séville ; Philomena ; Chrétien de Troyes ; Chanson du chevalier au cygne et de Godefroy de Bouillon ; cycle de la croisade ; Elioxe ; Beatrix ; Chanson d’Antioche.
KUROIWA, Taku. La Versification des sotties : composer, jouer et diffuser les «parolles polies». Paris, Honoré Champion, Bibliothèque du xve siècle no 82, 2017, 340 p.
L’ouvrage, qui constitue la version remaniée de la thèse soutenue par T. Kuroiwa en 2009, examine la pratique de composition en vers propre aux textes dramatiques et permet d’envisager de manière nouvelle le problème de l’irrégularité formelle souvent reprochée aux pièces comiques de la fin du xve siècle et du début du xvie siècle. L’auteur s’attache d’abord à dégager les normes de 191l’écriture versifiée, par une étude des traités de seconde rhétorique, ainsi que les spécificités de la versification selon les types de témoins textuels, en prenant l’exemple de la farce de Maistre Pierre Pathelin. L’enquête met ensuite en lumière le formatage lié à la performance dans les sotties, montrant que les irrégularités, dans le détail et dans la structure globale, relèvent avant tout de l’adaptation aux exigences scéniques et rhétoriques. Les relevés et classements détaillés des irrégularités qui sont discutées figurent en annexe.
Mots clés : théâtre ; jeu ; quatrains ; strophe ; triolet ; rondeau ; couplet ; octosyllabe ; décasyllabe ; variation ; rythme ; imprimé ; Pierre Gringore ; Jeu du prince des sotz et mère sotte.
LACASSAGNE, Miren et LASSABATERE, Thierry. « Courtoisie et chevalerie : la critique de Jean de Meun et d’Eustache Deschamps ».[C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 231-255.
L’article étudie la réception du Roman de la Rose à travers le cas d’Eustache Deschamps en prenant en considération l’ensemble de son œuvre, en particulier en ce qui concerne la mise à distance de la courtoisie et la critique sociale et politique dans le Lay de Franchise ou dans le Miroir de Mariage. (CFA)
Mots clés : Dragonetti (Roger) ; Ovide (Métamorphoses) ; Âge d’Or ; misogynie ; royauté.
LATIMIER, Adeline. « Le nom et la matière dans le roman arthurien tardif en vers ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 273-288.
À travers l’étude de trois romans arthuriens tardifs (Les merveilles de Rigomer, Mélyador et Claris et Laris), l’article explore les usages que font les auteurs du terme « matiere ». Il discute dans les trois récits le caractère opératoire de la matière bodélienne, montre que la matière relève plutôt d’un projet d’écriture original, et met en évidence les implications pour ce qui est de l’organisation du récit. Le dernier temps de l’étude est consacré à l’imaginaire que les auteurs associent au travail de la matière, comme matière vivante ou mécanique harmonieuse. (CFA)
Mots clés : Froissart ; narrateur ; motifs ; onomastique ; Jean Bodel ; prologue.
LAURENT, Françoise. « Le roi Arthur et la composante historique des vies de saints anglo-normandes ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 157-177.
Les mentions du roi Arthur sont rares dans les vies de saints, en latin ou en vernaculaire. Quelques textes en territoire anglo-normand recourent à la figure du roi et confirment l’intérêt de certains hagiographes pour la culture laïque et le statut aristocratique de l’auditoire auquel ils s’adressent. Ils attestent 192l’existence aux xiie et xiiie siècles de liens étroits entre la matière hagiographique et l’écriture de l’histoire. La présence du roi Arthur permet d’analyser un mode d’organisation politique, propre à l’Angleterre et à la nation anglaise, durant une période où la quête de l’identité est importante. (CFA)
Mots clés : hagiographie ; Vita de saint Goueznou ; Vita de saint Cadoc ; Vita de saint Paterne ; Vita de Saint Carantoc ; Vita de saint Efflam ; Roman de Jaufré ; Denis Piramus (Vie de saint Edmond le roi) ; Matthieu Paris (Vie de saint Edouard le confesseur) ; Histoire ; Geoffroy de Monmoyth (Historia regum Britaniae).
LEFEVRE, Sylvie. « À cache-cache avec Jean de Meun ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 61-79.
Étude, dans les manuscrits de la famille B du Roman de la Rose,de la présence ou de l’absence du nom de Jean de Meun et de celui de Jean Clopinel ou Jean Chopinel, et de la suture, plus ou moins marquée, entre les deux parties de l’œuvre, qui rendent compte de choix contrastés de la part des copistes et contribuent à la difficulté d’établir une tradition manuscrite définitive. (CFA)
Mots clés : miniature ; Amour ; Ovide ; Tibulle ; interpolation ; Gui de Mori ; Jean Le Fèvre (Livre de Leesse) ; René d’Anjou (Livre du Cœur d’Amour Épris) ; Boèce ; signature.
LEFEVRE, Sylvie. « Jean de Saintré et les modèles arthuriens ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 269-282.
Les références arthuriennes ou romanesques citées en modèle au jeune Jean de Saintré par la Dame des Belles Cousines appartiennent toutes à l’encyclopédie moyenne du lecteur du xve siècle : Lancelot, Tristan, Gauvain, Guiron et Ponthus. Souvent considéré comme un témoignage de la faillite des valeurs traditionnelles associées au roman, le récit d’Antoine de La Sale ne manque pas d’ironie. Saintré vient remplacer Lancelot comme meilleur chevalier du monde en son temps, et à la transcendance présente dans les romans du Graal succède l’implication évidente de l’écrivain dans son œuvre. (CFA)
Mots clés : Antoine de la Sale (Jehan de Saintré, Salade) ; cour ; courtoisie ; chevalerie ; recueil ; lettre dédicatoire ; amour ; Fortune ; courtisan ; Geoffroy de Charny (Livre de chevalerie) ; lecteurs.
LEGROS, Huguette. « L’armement du chevalier : d’une topique à une senefiance».[C- POMEL] : 145-167.
Étude du topos de l’armement du chevalier à partir d’un vaste corpus, quimontre que cet équipement, distinctif d’un estat,peut aussi servir à révéler l’être véritable de celui qui le porte. Dans Aiol et Ipomédon, l’armement peut 193aussi être le révélateur du sens de l’action du chevalier et par là même de la signification de l’œuvre. (CFA)
Mots clés : chanson de geste ; Girart de Vienne ; Chanson de Roland ; Couronnement de Louis ; Chanson de Guillaume ; Aliscans ; Béroul (Tristan) ; Aiol ; Hue de Rotelande (Ipomedon) ; senefiance.
LOBA, Anna. « Un “rude” écrivain face à une matière “soutile” : Philippe de Mézières et son Livre de la vertu du sacrement de mariage et reconfort des dames mariees ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 603-613.
Étude des emplois de « matiere » dans le Livre de la vertu du sacrement de mariage et reconfort des dames mariees de Philippe de Mézières, qui concerne aussi bien le thème central de l’ouvrage (le sacrement de mariage), que le message théologique et moral qui l’accompagne. La difficulté et le caractère singulier de son œuvre viennent du fait qu’une « matiere » sacrée y est abordée par un laïc et qu’elle est adaptée, traduite et vulgarisée à l’usage d’un public de non initiés, comprenant des femmes. (CFA)
Mots clés : mariage ; Passion ; topos de modestie affectée.
LUCKEN, Christopher. « Jean de Meun, continuateur, remanieur et auteur du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 81-106.
L’auteur met en question l’attribution du Roman de la Rose à deux auteurs différents et étudie, à la suite de A. M. F. Gunn et Roger Dragonetti, l’hypothèse que Guillaume de Lorris aurait été inventé par Jean de Meun. Il relativise d’abord l’argument codicologique, régulièrement avancé, et montre que la première partie peut laisser au moins supposer un remaniement de la part de Jean de Meun, puis il met en avant un argument original, grâce à la mise en parallèle, fondé sur des rapprochements structurels et thématiques, du Roman de la Rose et de la traduction de la Consolation de Philosophie de Boèce par Jean de Meun. (CFA)
Mots clés : tradition manuscrite ; copies ; Gui de Mori ; variantes ; Raison ; Philosophie.
LUCKEN, Christopher. « La maison de Mémoire, le jardin de Savoir et la chambre de Philosophie. Topographie d’un homme de savoir (Richard de Fournival) ». [C - GAUCHER-RÉMOND]: 235-255.
Les figures de la maison de Mémoire (Bestiaire d’Amours), du jardin de la bibliothèque et de la chambre de Philosophie (Biblionomia) représentent l’auteur et sa vision topographique. Ces lieux peuvent s’opposer au tombeau où gît l’amant qui n’a pu conquérir la dame. (YM)
194Mots clés : allégorie ; Consolation de Philosophie (Boèce) ; enluminure ; saint Bernard de Clairvaux.
MANDOSIO, Jean-Marc. « La classification des sciences dans le Miroir des amoureux et l’érotologie de Jean de Meun ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 137-173.
L’article déconstruit, à partir de la position de Gérard Paré ou de celle de Félix Lecoy, l’évaluation courante de l’œuvre de Jean de Meun comme somme encyclopédique, vulgarisée, paradoxalement désordonnée. Il montre qu’il s’agit bien, comme le texte lui-même le suggère, d’un « miroir aux amoureux » en deux parties (érotologies humaine et mondaine –c’est-à-dire concernant le monde) et que les discours sur l’amour dans la continuation du Roman de la Rose donnent à lire non un art d’aimer, mais une doctrine de l’amour comme loi universelle, dont la connaissance est entravée par la fausseté qui règne dans la société et l’oubli de Nature. (CFA)
Mots clés : Genius ; Nature ; Boèce (Consolation de Philosophie) ; Raison ; courtoisie ; Alain de Lille (De planctu naturae) ; classification des sciences.
MARIANI, Daniela. « Matière, exempla et sermons : le cas de la Vie des Pères ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 545-569.
Les recueils d’exempla en latin et les recueils de contes religieux en langue vernaculaire présentent une même matière narrative, mise au service de l’éducation chrétienne. À travers une analyse sémantique des occurrences de trois mots-clés (matière, sermon, exemple), l’article compare la matière exemplaire dans le Tractatus de diversis materiis predicabilibus d’Étienne de Bourbon en latin et l’anonyme Vie des Pères en vernaculaire, ce qui permet de saisir la différence entre un recueil de récits à exploiter dans un prêche et un recueil de contes destinés à être inscrits dans le domaine littéraire. (CFA)
Mots clés : Vie des pères (anonyme champenois).
MARTINEAU, Anne. « Le “Mouton doré”, prix du tournoi de Chalons dans Sone de Nansay (entre 1270 et 1280) ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 224-230.
L’auteur présente un épisode dans lequel apparaît une version comique du Bélier à la Toison d’Or, un mouton proposé comme prix d’une joute par la comtesse de Champagne, et étudie l’éclairage que cela jette sur la dame et sur ses désirs secrets. (LT)
Mots clés : Ovide (Métamorphoses) ; Jason ; Benoît de Sainte-Maure (Roman de Troie) ; amour de loin.
195MATHEY-MAILLE, Laurence. « Enquête sur les objets dans le Roman de Rou de Wace». [C- POMEL] : 207-218.
Enquête sur les objets dans l’historiographie normande, à partir d’un exemple significatif du Roman de Rou, la cuiller de l’étrange épisode du « Chevalier qui vola les cuillers », éclairé par la mise en perspective avec la thématique du don, de la générosité et de l’échange des richesses. (CFA)
Mots clés : realia ; Wace ; chroniques ; armes ; miracle ; hagiographie ; Richard II duc de Normandie ; anthropologie.
MAUDOUX, Julien. « Autour des vieilles et de l’inconvenance au Moyen Âge ». LAVILLE, Béatrice, MAGNE, Élisabeth et PLET, Florence ed., L’Inconvenance, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, Eidôlon no 121, 2017, 41-51.
Vaste étude du rapport entre vieillesse et inconvenance, avec quelques éléments sur René d’Anjou, Guillaume de Loris et Jean de Meun, et la lyrique occitane. (YM)
Mot clé : allégorie.
MAUPEU, Philippe. « L’imaginaire corporel du livre à la fin du Moyen Âge. Autographie, actio et ethos : l’exemple de Martin Le Franc ». [C - GAUCHER-RÉMOND]: 311-330.
Le Champion des dames est suivi d’une Complainte du livre permettant d’appréhender la manière dont le livre, et plus précisément l’autographe, est lié à l’auteur. Le livre n’est plus présenté sous une métaphore végétale (la branche, etc.) mais corporelle. La matérialité du livre y est aussi évoquée comme objet curial. (YM)
Mots clés : allégorie ; cour de Bourgogne.
MEESSEN, Yves. « “L’œuvre de tes mains” (opera manuum tuarum) : Création et fabrication chez Maître Eckhart ». [C- POMEL] : 51-62.
Maître Eckhart ne décrit guère les objets (conformément à la posture de « désimagination » (Entbildung) qu’il adopte). Mettant en regard la création divine et la fabrication artisanale, il met en avant l’artifex, à la fois charpentier et tailleur de pierre, pour illustrer l’œuvre créatrice, et prend ses distances avec les conceptions platonisantes de la Création. (CFA)
Mots clés : artisan ; artiste ; image ; architecture.
MÉNÉGALDO, Silvère. « Erreurs en la matière ? À propos du recours parfois déroutant à la référence mythologique (ou non) dans la poésie lyrique au xive siècle ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 615-630.
196Dans certaines ballades, principalement du xive siècle, les unes anonymes, les autres constituant les pièces d’un échange poétique, vers 1340, entre Jean de Le Mote, Philippe de Vitry et un certain Jean Campion, peut se laisser déceler un recours quelque peu déroutant à la référence mythologique ou pseudo-mythologique, révélateur de certaines évolutions du lyrisme au xive siècle, notamment dans ses rapports avec la « poetrie », définie par Jacques Legrand dans son Archiloge Sophie comme la « science qui aprent a faindre et a faire fictions fondees en raison ». La transcription d’une « balade » du ms. University of Pennsylvania Codex 902, f. 8 est proposée. (CFA)
Mots clés : aigle ; Theseus ; sirventois ; héros antiques ; Theseus de Cologne ; Froissart ; Jean de le Mote ; Hélène ; Tholomee.
MEWS, Constant J. « Jean de Meun, Abélard et les tensions internes à l’université de Paris au xiiie siècle». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 123-136.
L’article situe la pensée de Jean de Meun, formé par l’ars dictaminis et l’étude des auteurs classiques, par rapport aux débats contemporains sur la pauvreté et la chasteté. Au sujet de la pauvreté, au-delà des ordres mendiants, Jean de Meun dénonce plus généralement l’hypocrisie à travers Faux Semblant, avec en particulier l’exigence de chasteté. Il est proche de la pensée religieuse d’un saint Bernard ou d’un Aelred de Rievaulx quand il fait prévaloir la vie intérieure, et, pour ce qui est de l’amour, de l’éthique du cœur, revendiquée par Héloïse auprès d’Abélard. (CFA)
Mots clés : Orléans ; enseignement ; université de Paris ; Guillaume de Saint-Amour ; Gérard d’Abbeville ; ordres mendiants ; Rutebeuf ; Étienne Tempier ; Thomas d’Aquin ; André le Chapelain (De Amore) ; Pierre d’Auvergne.
MÜHLETHALER, Jean-Claude. « Jeux de pistes : reflets d’auteur dans le manuscrit français 19139. Charles d’Orléans, Alain Chartier, Jean de Garencières… et les autres ». [C - GAUCHER-RÉMOND]: 257-278.
La constitution du recueil du manuscrits BnF fr. 19139 (Charles d’Orléans, Alain Chartier, Jean de Garencières) appelle le lecteur à deviner, sous les conventions courtoises de la voix lyrique, des éléments biographiques réels ; cela se fait grâce à différents éléments textuels (notamment le nom propre) ou graphiques, impliquant de prendre en compte le copiste et le possesseur dans le jeu de piste. (YM)
Mots clés : allégorie ; Antoine Vérard ; BnF fr. 25458 ; Bonne d’Armagnac ; Martin le Franc(Champion des dames) ; René d’Anjou (Livre du cœur d’amour épris).
197MÜHLETHALER, Jean-Claude. « Lyrisme courtois et mémoire arthurienne : La bibliothèque de l’Amant parfait dans La Chasse et le Départ d’Amours, publié par Antoine Vérard en 1509 ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 443-462.
Charles d’Orléans et les poètes de son cercle n’évoquent guère le monde arthurien, mais dans La Chasse et le Départ d’Amours apparaissent des listes de personnages issus de la tradition tristanienne. L’utilisation de figures exemplaires, de Jean Froissart à Michault Taillevent, permet de mettre en perspective les choix de l’imprimé, qui tient de l’anthologie et de l’art de seconde rhétorique et vise un public très large, des érudits humanistes aux bourgeoises. (CFA)
Mots clés : Froissart, Jean (Paradis d’Amour, Dit dou Bleu chevalier, Espinette amoureuse) ; liste ; Eustache Deschamps ; laudatio ; Reygnaud de Trie ; Chartier, Alain (Belle Dame sans mercy) ; Mélusine ; Micheau Taillevent (Congé d’amour, Bien allée) ; Villon (François) ; mythologie ; Vérard (Antoine) ; amour ; Neuf Preux ; auctoritates ; fées ; Beste Glatissant ; Octovien de Saint-Gelais (Chasse d’Amour) ; Blaise d’Auriol (Departie d’amour) ; onomastique ; art de seconde rhétorique ; anthologie ; recueil.
MUNTANEU, Ioana. « Matière subtile, matière non-corporelle, matière abstraite chez les auteurs latins de l’Antiquité tardive ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 27-37.
Étude de materies/materia et de ses dérivés dans les textes de l’Antiquité tardive. Les transitions fines entre les sens concrets d’une matière subtile, délicate, non-corporelle et des variations abstraites plus ou moins éloignées des anciennes conceptions philosophiques de la matière ont lieu dans le creuset d’une vaste culture polymorphe, au croisement de la métaphysique, de l’éthique, de l’esthétique gréco-romaines et de la théologie chrétienne. (CFA)
Mots clés : Aristote ; Plotin ; Augustin ; Tertullien ; rhétorique ; Platon ; saint Ambroise (De Noe et Arca).
Pânzaru, Ioan. « Le démembrement des saints. Matière sacrée et pratiques de piété au premier Moyen Âge ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 165-177.
Au début du Moyen Âge on constate souvent une vénération de la matière sainte, qui se transforme au xiiie siècle en vénération de la présence immatérielle dans l’hostie, pour laisser place avec la Réforme à un culte de la foi comme réalité intérieure. Un passage de Garin le Lorrain permet de comprendre les raisons du prélèvement de fragments corporels tout de suite après la mort des 198chefs laïcs et spirituels, à travers l’étude de pratiques du pouvoir spirituel, militaire et juridique. (CFA)
Mots clés : reliques ; corps ; vies de saints.
PAVLEVSKI-MALINGRE, Joanna. « Avalon, l’“Ille perdue” : la fin du temps arthurien dans les romans de Mélusine ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 41-70.
Les références à la matière arthurienne, rares, éclairent les modes de composition, les modèles, les ambitions littéraires et les enjeux idéologiques propres à chacun des romans de Mélusine. Elles traduisent cependant la fin d’un idéal chevaleresque dont les derniers héros sont morts, ne subsistant plus qu’à l’état de références littéraires. Le poids d’une tradition narrative arthurienne largement associée à la féérie a parfois favorisé l’assimilation de Mélusine à l’univers arthurien. Geoffroy au contraire, dont le personnage est fondé sur un modèle historique reconnaissable, est de plus en plus absorbé par une matière de France placée sous le sceau des Lusignan. (CFA)
Mots clés : féerie ; prologue ; roman ; présage ; fiction ; Histoire ; vers/prose ; merveille ; genre (littéraire) ; géant ; réception ; Geoffroy au grand dent ; croisade ; imprimés ; bois gravés ; Jean Bouchet (Annales d’Aquitaine) ; Chasse et départ d’Amour ; Rabelais ; Perrinet Dupin (Philippe de Madien) ; Guillaume Alexis (Blason des Faulses Amours) ; Olivier de la Marche (Le Chevalier Délibéré) ; Les conquestes du tres noble et vaillant Geoffroy ; Paris ; Jehan Bonfons ; Nodot (François).
PERON, Goulven. « Arthur dans les chroniques bretonnes du xve siècle ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 221-233.
Les premiers chroniqueurs bretons au xve siècle, loin de délaisser les récits arthuriens fantaisistes, les exploitent avec insistance, tout en cherchant à éviter le piège de l’exagération propre aux romans chevaleresques et susceptible de discréditer le tout nouveau mouvement historiographique breton : ils travaillent notamment au choix des sources et des références, et s’efforcent de rationaliser leurs récits. (CFA)
Mots clés : Chronique de Saint-Brieuc (Cronicon briocense) ; Jean de Saint-André (Chronique abrégée des rois et ducs de Bretagne) ; Pierre le Baud (Compilation des Croniques et Ystoires des Bretons) ; Alain Bouchart (Grandes Croniques de Bretagne) ; Histoire ; Geoffroy de Monmouth (Historia regum Britanniae) ; chroniques ; pseudoépigraphie ; Vincent de Beauvais.
PERON, Goulven. « Le matériau arthurien dans la Chronique d’Anjou de Jean de Bourdigné ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 235-247.
199Jean de Bourdigné, outre qu’il reprend des éléments présents chez Geoffroy de Monmouth, fait aussi, avec originalité, du chef saxon Hengist un consul d’Anjou, et du comte Paul, cité par Grégoire de Tours, le fils du sénéchal Keu. La fée Viviane est présentée comme originaire de Beaufort-en-Vallée, petit village de l’Anjou où elle aurait élevé Lancelot. L’article montre comment ces détails résultent de l’utilisation de divers textes et de traditions locales attestées au xve siècle. (CFA)
Mots clés : Geoffroy de Monmouth ; Saxons ; légende ; onomastique ; Grégoire de Tours (Histoire des Francs) ; Anjou ; Lancelot en prose.
POMEL, Fabienne. « Arthur en allégorie ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] :341-362.
Si l’intégration des figures arthuriennes à des types est toujours bien attestée dans les allégories de la fin du Moyen Âge, la nouveauté consiste dans une lecture nettement politique et dans le renforcement du processus de transfictionnalité, qui émancipe les personnages par rapport aux textes. Inversement, le Livre du cœur d’amour épris joue de la réécriture textuelle humoristique et ironique. L’aventure de la Fontaine de Barenton est un modèle de prédilection pour les réécritures allégoriques, en particulier dans le Tournoiement Antecrist. (CFA)
Mots clés : matières ; Chrétien de Troyes (Le Chevalier au Lion) ; chevalerie ; quête ; ironie ; réécriture ; Huon de Méry (Tournoiement Antecrist) ; Roman de la Rose ; fontaine ; Christine de Pizan (Livre de mutacion de Fortune, Débat des deux amans, Livre du chemin de longue estude) ; Froissart, Jean (Le Temple d’honneur, Le joli buisson de jeunesse) ; Michault Taillevent (Songe de la Toison d’Or) ; Olivier de la Marche (Le chevalier deliberé).
POMEL, Fabienne. « Matière et geste créateur chez Christine de Pizan dans Le Chemin de longue étude et L’Advision Cristine. Génération des êtres, engendrement de l’œuvre ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 645-660.
Corrélant engendrement des êtres et engendrement de l’œuvre, Christine de Pizan considère la matière du point de vue d’un savoir physique, philosophique et textuel mais aussi comme expérience autobiographique pour définir une esthétique allégorique propre. La mise en scène de Nature comme cuisinière nourrissant Chaos permet de décrire le geste créateur. Christine définit ainsi la matière et la manière allégoriques comme alliance subtile de l’imagination et de la spéculation mais aussi subversion permanente de l’opposition entre matériel et spirituel, tout en développant une conception du « poète théologisant ». (CFA)
200Mots clés : allégorie ; Christine de Pizan (Chemin de Longue Étude, Avision Cristine) ; autrice ; compilation ; intertextualité ; réécriture ; autobiographie ; genèse du monde ; Aristote ; Thomas d’Aquin.
POMEL, Fabienne. « Ce que (nous) disent les objets médiévaux. Pour une approche poétique, herméneutique et anthropologique de l’objet au Moyen Âge ».[C- POMEL] : 9-27.
Introduction au volume Lire les objects médiévaux, dont l’enjeu vise à souligner les spécificités de l’approche littéraire de l’objet médiéval. L’approche de l’objet par sa fonction transactionnelle impose de prendre en considération le sujet. L’objet fonctionne d’abord comme signe d’une grande plasticité dans les textes, mobilisant en amont la figure du créateur, et en aval celle du lecteur. (CFA)
Mots clés : Oresme ; cultural studies ; anthropologie ; philosophie ; realia.
QUERUEL, Danielle. « Réminiscences arthuriennes dans les romans de chevalerie du xve siècle : l’exemple des romans bourguignons ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 477-490.
Les textes romanesques composés entre 1450 et 1470 dans les milieux aristocratiques du Nord de la France ou de Bourgogne sont souvent éloignés du monde breton et les deux mises en prose d’Erec et Cligès gomment leur modèle arthurien. Cependant la mise en prose du Roman de la Violette ajoute un épisode tiré de la Continuation de Perceval. Dans Jehan d’Avesnes les enfances du héros rappellent celles de Perceval et sa folie amoureuse celle d’Yvain ; l’épisode de la demoiselle d’Agimont a des résonnances arthuriennes. Divers témoignages portant sur la lecture confirment cet intérêt pour la matière arthurienne, présente le plus souvent sous forme de traces. (CFA)
Mots clés : réception ; réécriture ; interpolation ; Chrétien de Troyes ; bibliothèque ; Gerbert de Montreuil (Roman de la Violette, Continuation Perceval) ; Roman de la Violette en prose ; Histoire d’Erec en prose ; Livre de Alixandre empereur de Constantinople et de Cligès son filz ; Philippe le Bon ; bain ; folie amoureuse ; enfance ; nice ; Jean d’Avesnes ; Paris et Vienne ; Dit du Prunier ; Jean de Condé (Chevalier à la Manche) ; Châtelain de Coucy ; Olivier de la Marche (Mémoires).
RICHARDS, Earl Jeffrey. « Jean de Meun mis en réseau : une analyse stylométrique de la Querelle du Roman de la Rose ».[C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 301-316.
À partir d’une étude stylistique quantifiée, l’article met en évidence des « communautés discursives » entre Jean de Meun (et en particulier le Roman de la Rose) et les principaux acteurs du Débat du Roman de la Rose. Il conclut que les opinions opposées sur le Roman remontent à un désaccord quant à 201l’importance du Roman de la Rose comme preuve de la supériorité intellectuelle de la France ou comme « danger pour la stabilité politique ». (CFA)
Mots clés : Pierre de la Vigne ; Christine de Pizan (Le Livre des epistres du debat sus le Rommant de la Rose) ; Jean Gerson ; Jean de Montreuil ; Gontier Col ; Pierre Col ; textométrie ; Maurice de Sully ; Chrétien de Troyes ; Guillaume de Lorris ; Rutebeuf ; Guillaume de Machaut ; Philippe de Mézières ; Évrart de Conty ; Honorat Bovet ; Évrart de Trémaugon ; Nicole Oresme ; Guillaume de Tignonville ; Grandes Chroniques de France ; Roman de Renart ; Renart le Contrefait ; Le Tumbeor Notre Dame ; Le Miroir aux Dames ; Boèce ; style ; clerc ; Étienne Tempier.
ROCHEBOUET, Anne. « Le texte médiéval à l’épreuve du numérique », Médiévales, numéro 73, 2017/2, 5-12.
L’article introduit un dossier thématique sur les humanités numériques appliquées à la littérature médiévale, en mettant en garde à la fois contre le brouillage du statut du texte numérique et contre l’illusion mimétique que procure la lecture de données numérisées. Les biais cognitifs mis en œuvre dans la lecture et l’exploitation des ressources numériques posent la question de la façon dont le numérique oriente notre appréhension des œuvres médiévales. (AH)
Mots clés : humanités numériques ; édition numérique ; philologie.
ROSENSTEIN, Roy. « Le troubadour Jaufre Rudel de Blaye, homme de voyage : de la Syrie en Italie, Angleterre, Écosse ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 51-64.
L’auteur s’intéresse à la manière dont le poète écossais Robert Burns aurait pu connaître la chanson du troubadour Jaufre Rudel et en donner une traduction en 1796, parmi des chansons dites écossaises. (LT)
Mots clés : réception ; circulation ; poésie.
ROUSSEL, Claude. « Souvenirs de Bretagne dans les chansons de geste tardives ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 71-89.
Les chansons de geste du courant du xive siècle, voire du début du siècle suivant, en pratiquant l’interférence arthurienne, ne font que prolonger, en l’amplifiant, une tendance ancienne. Les interférences les plus banales consistent à comparer l’exploit d’un héros aux prouesses d’Arthur, Gauvain ou Lancelot ou encore à doter un personnage secondaire d’un nom emprunté à la matière de Bretagne. L’empreinte bretonne affecte plus directement la diégèse lorsque celle-ci transporte le héros dans l’Autre Monde féerique d’Arthur et Morgue, christianisé conformément à la vocation apologétique explicitement revendiquée. (CFA)
202Mots clés : La Bataille Loquifer ; Huon de Bordeaux ; Esclarmonde ; remaniements d’Ogier ; Bâtard de Bouillon ; Lion de Bourges ; Tristan de Nanteuil ; Dieudonné de Hongrie ; Jean Bodel ; Trachsler (Richard) ; Chevalerie Ogier en décasyllabes ; Chevalerie Ogier en alexandrins ; Avalon ; féérie ; La Vengeance Fromondin ; Anseis de Carthage ; onomastique ; ekphrasis ; liste ; Chapalu ; motif ; Baudouin de Sebourc ; Enfances Garin de Monglane ; objets magiques ; enchanteur ; Graal.
RYZHIK, Michael. « La corte di Federico II e la sviluppo della poesia ebraica in Italia ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 147-155.
L’article s’intéresse à l’influence de la poésie italienne et de son système métrique et sonore sur l’acclimatation en Italie de la poésie hébraïque. (LT)
Mots clés : Mètre ; syllabe ; vers ; accent ; Sicile.
SIEFFERT, Mathias. « Les “chançons” de Charles d’Orléans. Une énigme en mouvement ». CRMH, numéro 34, 2017/2, 201-220.
Le terme chanson est ambigu. Charles d’Orléans l’emploie pour désigner une suite de rondeaux dans le BNF fr. 25458 (album de Blois), ce qui est étrange, surtout que la mise en page n’abrège que peu le refrain, contrairement aux pratiques de l’époque : la mise en page parait insister sur l’aspect chanté de pièces non musicales… Il semble que ces chançons soient un recueil enchâssé parmi les ballades, mais l’ajout de pièces a rendu ce projet illisible. (YM)
Mots clés : British Library Royal 16 G. II ; Grenoble Bib. Mun. 873/U. 1091 ; recueil.
SPETIA, Lucilla. « Le creuset du roman médiéval : l’interférence des genres dans Yvain et dans Partenopeus de Blois ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 387-400.
Yvain de Chrétien de Troyes et l’anonyme Partenopeus de Blois expérimentent des solutions narratives originales, avec le recours à des motifs et des thèmes épiques, hagiographiques, lyriques. L’hypothèse est proposée que les deux auteurs s’efforcent d’enrichir leurs compositions, dans un souci de rivalité poétique, en allant jusqu’à proposer deux modalités conclusives différentes (Chrétien dans Lancelot –roman jumeau d’Yvain- en confiant le travail à son confrère Godefroy de Lagny, l’anonyme en balisant une suite). Ils anticipent ainsi les modalités d’écriture propres aux romans en prose postérieurs. (CFA)
Mots clés : Chanson de Guillaume ; Chanson de Roland ; Vie de saint Alexis ; Voyage de saint Brendan ; Chrétien de Troyes (Yvain, Lancelot) ; suite ; Godefroy de Lagny ; cour de Champagne ; cour de Blois ; Henri le Libéral ; Thibaud de Blois.
203STAHULJAK, Zrinka. « Merlin à Jérusalem : un traité de croisade pour les rois d’Angleterre ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 491-500.
Le projet de croisade, L’Escarboucle d’armes de la conquête précieuse de la Terre sainte de promission, de Roger de Stanegrave, emploie l’allégorie pour évoquer la reconquête de la Terre sainte. La lutte contre les infidèles est placée sous le signe de la prouesse des trois preux chrétiens, Arthur, Charlemagne, et Godefroy de Bouillon. La prophétie de Merlin est le fil conducteur de cette allégorie. (CFA)
Mots clés : Philippe de Mézières (Songe du Viel Pelerin) ; Edouard II d’Angleterre ; prouesse ; Neuf Preux ; Froissart (Chroniques) ; autobiographie ; réforme de la chevalerie ; Prophéties des six rois ; Merlin ; Queste del Saint Graal.
STIRNEMAN, Patricia. « Jean de Meun : où et pour qui a-t-il travaillé ? ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 107-119.
L’article s’interroge sur les milieux dans lesquels Jean de Meun a travaillé. L’auteur montre que, contrairement à ce qui est souvent admis, le Paris des années 1270 ne saurait avoir vu naître le Roman de la Rose : grâce à des rapprochements historiques et aux témoins manuscrits les plus anciens (antérieurs à 1300), elle suggère que Jean de Meun a travaillé pour Philippe de Beaumanoir et peut-être pour la famille de Robert et Mahaut d’Artois, avant de traduire Boèce pour Philippe le Bel. (CFA)
Mots clés : Philippe de Rémy.
STRUBEL, Armand. « Jean de Meun figure de l’aucteur dans le Roman de la Rose ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 47-60.
Étude de la figure de Jean de Meun, aucteur du Roman de la Rose, telle qu’elle est élaborée par l’œuvre, les copistes et les lecteurs, avec deux effets de brouillage, l’un lié à la révélation, différée, de la continuation, ce qui déplace et complexifie l’identification entre auteur et narrateur en place dans le début de l’œuvre, l’autre dû à la multiplication des voix, entre texte et rubrique, figures allégoriques et interventions de l’auteur. Le je qui s’exprime dans l’œuvre est marqué par la « duplicité ». (CFA)
Mots clés : allégorie ; onomastique ; Amour ; glose ; senefiance ; double.
SUARD, François. « Les attestations arthuriennes dans les proses épiques ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 91-105.
Les attestations arthuriennes sont rares dans les proses épiques, plus encore que dans les chansons de geste tardives restées en vers. Lorsque ces attestations 204figurent déjà dans les modèles, on les retrouve dans les proses. On en trouve également dans des proses pour lesquelles les modèles versifiés sont perdus. Dans Huon de Bordeaux, Ogier le Danois et Meurvin, l’univers arthurien ne gouverne pas l’itinéraire du héros, mais apparaît seulement à la fin de son histoire et éventuellement au début ; Morgue est plus importante qu’Arthur. (CFA)
Mots clés : Huon de Bordeaux en prose ; Meurvin ; Ogier le Danois en prose ; Jean d’Outremeuse (Myreur des Histors) ; Aubéron ; imprimés ; mises en prose ; féerie.
SZKILNIK, Michelle. « Vraies et fausses réminiscences arthuriennes dans Clériadus et Méliadice ».Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 27-40.
Clériadus et Méliadice s’ouvre sur une référence à Arthur, pour l’oublier en apparence aussitôt, puisque l’histoire ne met pas en scène de personnages arthuriens. Toutefois l’onomastique est inspirée de la tradition arthurienne et bon nombre d’épisode semblent dériver de motifs arthuriens. La couleur arthurienne n’est pas une simple concession à une mode aristocratique : l’Angleterre de Clériadus et Méliadice est implicitement proposée comme modèle au royaume déchiré d’Henri VI. (CFA)
Mots clés : Espagne ; Angleterre ; France ; onomastique ; motifs ; cour ; fête ; intertextualité ; Perceforest ; lion ; merveilleux ; pas d’armes.
TABARD, Laëtitia. « “Saillir de une espece de rithme en l’aultre”. Variations sur la strophe d’Hélinand dans l’œuvre d’Alain Chartier ». CRMH, numéro 34, 2017/2, 153-173.
La Belle Dame sans mercy a popularisé le huitain ababbcbc, qui semble s’inspirer de la strophe d’Hélinand, forme avec laquelle Chartier avait déjà joué, et qu’il utilise notamment pour la complainte et le débat. Les arts de seconde rhétorique attestent du lien entre ces deux formes, et évoquent différentes formes de strophes à schéma de rimes croisé. (YM)
Mots clés : Christine de Pizan ; Froissart ; Machaut ; Othon de Grandson.
TESNIERE, Marie-Hélène. « Le Roman de la Rose d’un rhodophile : le manuscrit français 1563 de la Bibliothèque nationale de France ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 317-340.
Étude du manuscrit BnF fr. 1563, qui, peu après la Querelle, inclut une version du Roman de la Rose et des pièces relevant de cette querelle : les modifications introduites dans le Roman témoignent d’une excellente connaissance du texte et de modifications subtiles permettant de répondre à la version « édulcorée » des critiques de Christine contenues dans le même manuscrit : « en quelque 205sorte un travail d’humaniste », qui paraît assez bien correspondre au profil de Pierre Col. (CFA)
Mots clés : Jean de Meun (Testament) ; Jean de Meun (Codicille) ; Voie de pauvreté et richesse ; Jacques Bruyant ; Ballade de loyauté ; Jaloux (allégorie) ; Raison (allégorie) ; miniatures ; recueil.
TONIUTTI, Géraldine. « Les peintures troyennes dans Escanor de Girart d’Amiens : un cas d’interférence des matières au xiiie siècle ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 401-416.
L’interférence des matières est une pratique que l’on croit souvent propre à la fin du Moyen Âge. L’article montre qu’elle n’est pas rare au xiiie siècle : elle concerne moins les personnages que les motifs et structures narratifs. L’exemple des peintures dans Escanor permet d’illustrer cette pratique et de réfléchir à l’articulation entre genre et matière. L’étude des interférences entre les matières montre que le public avait conscience du cloisonnement de celle-ci, chaque matière étant associée dans les esprits à un genre particulier. (CFA)
Mots clés : Girart d’Amiens (Escanor) ; interférences des matières ; Trachsler Richard ; matière antique ; merveilles ; chambre ; Benoît de Sainte-Maure (Roman de Troie).
TRACHSLER, Richard.« Arthur au théâtre ? Les noms arthuriens dans le Mystère de Saint Quentin ». Arthur après Arthur. [C- FERLAMPIN-ACHER] : 417-428.
Contrairement au domaine allemand ou anglais, on ne connaît pas, en France, de pièce de théâtre mettant en scène des personnages arthuriens. Le Mystère de Saint Quentin présente cependant des personnages avec des noms de chevaliers de la Table Ronde. L’article montre que ces noms devaient évoquer leurs ancêtres littéraires plutôt qu’attester la pénétration de ces noms dans la société contemporaine. (CFA)
Mots clés : onomastique ; Gauvain ; Perceval ; Arthur ; motifs ; liste ; saint Quentin.
UELTSCHI, Karin. « Boîtes, sacs, charrettes : drôles de trafics ». [C- POMEL] : 237-251.
Étude de différents objets, qui sont des contenants (assurant l’enfermement et le transport), qui, détournés de leur fonction première, sont psychopompes, permettant de franchir des frontières entre les vivants et les morts. (CFA)
Mots clés : cercueil ; Lancelot ; Nef des Fous ; folklore ; chasse sauvage ; Mesnie Hellequin ; Père Noël.
206UELTSCHI, Karin. « La matière de Jérusalem : les raisons d’une omission ou l’exégèse de la rose».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 329-338.
Pourquoi Jean Bodel a-t-il négligé d’évoquer, dans sa célèbre tripartition des matières romanesques, cette source d’inspiration première de la littérature médiévale qu’est la matière de Jérusalem ? Matériau particulier qui ne sera que progressivement façonné en matière littéraire, la matière de Jérusalem est la source d’un rapport original au livre, au texte et au monde ; elle a généré la nécessité d’une exégèse et inventé l’exploration des sens derrière la lettre. Enfin, elle se situe aux antipodes de la fable, revendique sa vérité, assume une dimension historique. (CFA)
Mots clés : fictionnalisation ; réécritures ; métaphore ; quatre sens de l’Écriture ; integumentum ; topoi ; conjointure ; allusion ; croisades.
VALETTE, Jean-René. « Le Graal et le sujet de la merveille : poétique, sémiotique et idéologie de l’objet ».[C- POMEL] : 169-185.
Le Graal ne peut être appréhendé indépendamment du sujet qui le quête ou le croise. Les scènes du Graal sont étudiées comme des dispositifs sémiotiques trouvant leur origine dans l’hagiographie et l’historiographie du haut Moyen Âge, auxquels les textes courtois s’articulent en marquant un certain nombre d’écarts idéologiques afin de faire triompher une spiritualité décléricalisée. (CFA)
Mots clés : spiritualité ; merveilleux ; merveille ; Chrétien de Troyes ; transtextualité ; subjectivité ; hagiographie ; Grégoire de Tours.
VAN HEMELRYCK, Tania. « La matière arthurienne à la cour des ducs de Bourgogne dans les mises en prose (Erec et Cligès), miroir de la “bourgondisation” littéraire ? ». Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 463-476.
Les mises en prose bourguignonne d’Erec et Cligès sont conservées dans des manuscrits uniques. Empruntant aux historiens la notion de « bourgondisation » et définissant des bourgondisations textuelle et littéraire, l’article cerne les motivations et les modalités d’émergence de ces deux proses, et émet l’hypothèse de lectures aurales, curiales. (CFA)
Mots clés : Bourgogne ; Philippe le Bon ; Chrétien de Troyes ; réécriture ; mise en prose ; unicum ; pratiques de lecture ; lectures publiques ; réception ; traduction.
VENCHARD-WEISGERBER, Vaneeda. « Un autre devisement du monde : le périple de Nicolò de’ Conti, marchand de Venise ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 76-82.
207L’article analyse le voyage de Nicolò de’ Conti, tel qu’il a été consigné par son secrétaire, l’humaniste florentin Poggio Bracciolini, qui en a transposé le récit en latin dans le livre IV de ses Historiae de varietate fortunae (1448) : l’itinéraire suivi est retracé, puis l’auteur s’intéresse à l’attention portée par le voyageur et/ou par le conteur aux mœurs et coutumes des peuples rencontrés. (LT)
Mots clés : cartographie ; géographie ; Orient ; Inde ; exotisme ; merveilleux.
VICTORIN, Patricia. « Remarques sur les attestations arthuriennes dans les Chroniques de Froissart : devise littéraire ou indice d’un discours propagandiste au service de l’histoire de l’Angleterre ? » Arthur après Arthur.[C- FERLAMPIN-ACHER] : 197-220.
Après avoir étudié les mentions arthuriennes des Dits de Froissart, l’article s’intéresse aux peu nombreuses attestations présentes dans les Chroniques, entre évocations d’un temps révolu et mentions dans lesquelles l’Histoire se donne comme suite de la fiction : elles sont aussi témoin de l’ampleur du mouvement prophétique, de l’évolution de l’anglophilie de Froissart et indice d’une propagande de la royauté anglaise autour de la figure centrale d’Edouard III. (CFA)
Mots clés : Peire Vidal ; Rutebeuf ; prophéties ; Windsor ; Froissart, Jean (Joli buisson de jeunesse, Temple d’honneur, Melyador, Dit dou Bleu chevalier, Espinette amoureuse) ; Neuf Preux ; Édouard III ; Jean le Bel (Chroniques) ; guerre de succession de Bretagne ; Trésor amoureux (Froissart ?) ; Eustache Deschamps ; Guillaume de Machaut ; onomastique ; Table Ronde ; ordres de chevalerie ; amour courtois ; viol ; Alexandre ; Merlin.
VIELLIARD, Françoise. « Les traductions de Jean de Meun : essai d’inventaire et postérité littéraire ».[C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 187-212.
Après une mise au point sur l’identification de Jean de Meun et l’inventaire des traductions faites (perdues pour certaines) par Jean de Meun et leur tradition manuscrite, l’article étudie la réception de ces traductions jusqu’à la fin du xvie siècle. L’attribution erronée à Jean de Meun d’une traduction de l’Ars amandi d’Ovide et du Regimine principum de Thomas d’Aquin par Alain Bouchart est signalée. (CFA)
Mots clés : Végèce (De re militare) ; Boèce (Consolatio Philosophiae) ; traductions de Boèce au Moyen Âge ; Giraud de Bari (Topographia Hibernica) ; Aelred de Rivaulx (De spirituali amicitia) ; lettres d’Héloïse et Abélard ; Abélard (Historia calamitatum) ; Vie Pierres Abaelart ; Règles de seconde rhétorique ; Simon de Phares (Recueil des plus célèbres astrologues) ; Alain Bouchart (Grandes Chroniques de Bretagne) ; Jean Bouchet (Annales d’Aquitaine) ; Papire Masson (Annales Franciae) ; Fauchet Claude ; Thévet André ; Grudé François ; Verdier (Antoine du).
208VINCENSINI, Jean-Jacques. « Le réel du roman dit “réaliste” : de la mimèsis à la pensée symbolique ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 241-253.
S’interrogeant sur ce qu’est une définition puis traitant du cas particulier du roman médiéval dit « réaliste », l’article discute différentes définitions du réalisme, inopérantes, avant de valider, à partir de l’exemple de l’oiseau voleur de L’Escoufle, le réel de ces textes comme « construction symbolique qui fait de certaines narrations médiévales de véritables outils de connaissance ». (CFA)
Mots clés : Jean Renart (L’Escoufle) ; taxinomie ; motif ; symbolisme ; animal.
VINCENOT, Quentin. « La peau du loup-garou : une entrée en matière ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 193-212.
À partir du constat que le garou se rencontre dans les diverses matières littéraires, l’étude montre qu’un certain type de loup-garou, selon un processus qui est retracé, s’est intégré plus spécifiquement à la geste arthurienne : l’époux garou et mal-marié. La question de la matérialisation du loup par l’intermédiaire de la peau, absente du corpus arthurien, se révèle être le noyau d’un groupe de textes, qui mettent en scène un amant éconduit et traitent de l’infidélité féminine non sans humour en autorisant un discours sur la dissociation des désirs masculin et féminin, et sur l’indépendance du désir féminin au Moyen Âge. (CFA)
Mots clés : métamorphose ; Malory, Thomas (La Morte Darthur) ; Jean Bodel ; genre (gender) ; genre (littéraire) ; Mélion ; Marie de France (Bisclavret) ; Ovide (Métamorphoses) ; Ovide moralisé ; Mainet ; Froissart (Meliador) ; Ysaïe le Triste ; Folie de Berne ; Folie d’Oxford ; John Berners (The Boke of Huon of Burdeux) ; Yder ; Arthur et Gorlagon ; Girart d’Amiens (Escanor) ; Biclarel ; Peire Vidal ; Ballade du loup garoux ; Jardin de Plaisance et fleur de rhétorique.
VOICU, Mihaela. « La spiritualisation de la matière dans les romans du Graal ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 465-477.
La contradiction apparente entre la christianisation progressive du graal et l’aspect de plus en plus «concret» que revêt le saint vase dans les romans est contrebalancée, plus profondément, par le regard de celui qui voit, qui devient plus «spirituel», s’ouvrant à la vision face à face propre à la contemplation. L’action des chevaliers se double d’un examen intérieur, descente en soi qui seule permet l’illumination et la montée vers Dieu. (CFA)
Mots clés : Repas ; Chrétien de Troyes (Conte du Graal) ; Première continuation du Conte du Graal ; Lancelot en prose ; Queste del Saint Graal ; Perlesvaus ; vision ; figure ; Robert de Boron (Perceval) ; chevalerie.
209VOYER, Cécile. « Translatio et processus créatif des œuvres visuelles aux xe-xie siècles ».[C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 225-239.
Le mécanisme de création des images du premier Moyen Âge s’inscrit dans la translatio studii. Contrairement à l’Auctoritas suprême – la Bible, – qui n’a jamais à être reformulée, les œuvres humaines, les auctoritates, selon la pratique de la translatio définie par la rhétorique antique, doivent être recomposées dans un mouvement d’appropriation qui se concrétise grâce à l’inventio. L’œuvre nouvelle enrichit l’œuvre ancienne, la révèle pour ses contemporains, l’adapte pour la réception, voire la surpasse pour devenir à son tour une auctoritas. (CFA)
Mots clés : Évangiles de Gero ; Évangiles de Saint Médard de Soissons ; Évangiles de François II ; Évangiles (ms. Paris ; Arsenal 592) ; Évangéliaire de Lorsch ; Évangiles (ms. BnF lat. 9428) ; miniature ; copiste ; Aix-la-Chapelle ; création ; modèle ; sacramentaire de Drogon ; Guignes le Chartreux ; auctoritas ; translatio studii ; Anno (copiste) ; Adémar de Chabannes.
VUILLEZ, Charles. « Autour de Jean de Meun, esquisses de bilan des données prosopographiques ». [C- HAUGEARD, MENEGALDO et PLOTON-NICOLLET] : 23-46.
L’article fait le bilan des données prosopographiques, peu nombreuses, éparses et souvent contradictoires, concernant Jean de Meun, et les discute, proposant trois Jean de Meun : l’étudiant bolonais, l’archidiacre orléanais et le maître parisien, trois « avatars » possibles de l’auteur du Roman de la Rose. Rien ne permet d’établir avec certitude l’identité de celui-ci. (CFA)
Mots clés : Chopinel ; Meung-sur-Loire ; Orléans ; Paris ; Bologne.
WHITE-LE GOFF, Myriam. « Romans de Mélusine : Transgression des “matières” et conception de la “fiction” ». [C- FERLAMPIN-ACHER et GIRBEA] : 351-360.
Les romans de Mélusine de Jean d’Arras et de Coudrette transgressent les matières traditionnelles ainsi que les genres connus. Ces choix esthétiques participent à la création d’une impression totalisante. La tension entre roman et Histoire, notamment autour de la merveille, sur laquelle s’édifient les textes, invite à une prise de recul par rapport à ce que peut être et impliquer la fiction, qui peut être étudiée grâce à certains outils d’analyse de la fiction de théoriciens contemporains. (CFA)
Mots clés : féérie ; merveilleux ; transgénéricité ; temporalité ; histoire ; chronique ; chanson de geste ; Richard Saint-Gelais ; transfictionnalité.
210WOLFZETTEL, Friedrich. « Benjamin de Tudèle : un tour du monde médiéval à la recherche des juifs ‘dispersés’ ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 84-89.
L’article présente le voyage d’enquête du Rabbi Benjamin de Tudèle (entre 1160 et 1171). Centré sur la situation des communautés juives plus que sur les lieux visités et sur leurs particularités exotiques, le récit connut pourtant une grande renommée et fut traduit en latin et dans diverses langues vernaculaires. L’auteur met en valeur notamment la ville de Jérusalem, qui occupe la fonction de centre symbolique perdu. (LT)
Mots clés : pèlerinage ; Orient ; Perse ; Inde ; Chine ; Éthiopie ; exotisme.
YANG, Zhen. « François Villon dans la Chine moderne (1917-1937) ». Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 313-328.
L’auteur étudie la manière dont Villon est présenté dans les histoires de la littérature française, dans les revues littéraires et dans les traductions de son œuvre publiées en Chine, ainsi que l’évolution de son image ; il met en valeur les lectures politiques dont le poète est l’objet, sous l’influence du marxisme et de l’anarchisme, ainsi que les limites de ces approches, destinées surtout à légitimer la nouvelle littérature chinoise. (LT)
Mots clés : réalisme ; modernité ; individualism.
IV. REVIEWS
BOUCHET, Florence, KLINGER-DOLLÉ, Anne-Hélène, eds. Penser les cinq sens au Moyen Âge. Poétique, esthétique, éthique. Paris, Classiques Garnier, 2015. Rev. by Myriam WHITE-LE GOFF, CRMH, 2017: http://journals.openedition.org/crm/14151
Mots clés : Flamenca ; iconographie ; musique ; poésie ; Richard de Fournival.
BOUTET, Dominique. Poétiques médiévales de l’entre-deux, ou le désir d’ambiguïté, Paris, Champion, Essais sur le Moyen Âge, 64, 2017. Rev. by Alain CORBELLARI, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14300
Mots clés : genre littéraire ; littérature arthurienne ; lyrique d’oc ; Roman de la Rose.
211CORDONI, Constanza, Barlaam und Josaphat in der europäischen Literatur des Mittelalters. Darstellung der Stofftraditionen – Bibliographie – Studien. Berlin, Walter de Gruyter, 2014. Rev. by Danielle BUSCHINGER, Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 13-16.
Mots clés : manuscrit ; traduction ; Barlaam et Josaphat.
DUBOST, Francis. La Merveille médiévale, Paris, Champion, Essais sur le Moyen Âge, 60, 2016. Rev. by Myriam WHITE-LE GOFF, CRMH, 2017 :
http://journals.openedition.org/crm/14146
Mots clés : Bel Inconnu ; Chrétien de Troyes ; Mort Artu ; Tristan en prose.
GIRBEA, Catalina, ed. Armes et jeux militaires dans l’imaginaire, xiie-xve siècles. Paris, Classiques Garnier, Bibliothèque d’histoire médiévale, 15, 2016. Rev. by Marion BONANSEA, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14120
Mots clés : Mélusine ; roman arthurien ; tournoi ; Tristan en prose.
KERN, Peter, Die Sangspruchdichtung Rumelants von Sachsen. Edition – Übersetzung – Kommentar. Berlin, Walter de Gruyter, 2004. Rev. by Danielle BUSCHINGER, Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 329-331.
Mots clés : poésie ; chansonniers ; lyrique ; chant ; musique ; vagants ; edition.
KULLMANN, Dorothea, LALONDE, Shaun, eds. Réécritures, regards nouveaux sur la reprise et le remaniement de textes, dans la littérature française et au-delà, du Moyen Âge à la Renaissance. Toronto, Pontifical Institute of Medieval Studies, 2015. Rev. by Estelle DOUDET, CRMH, 2017: http://journals.openedition.org/crm/14152
Mots clés : Graal ; mise en prose ; troubadour.
LECUPPRE-DESJARDIN, Élodie. Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (xie-xve siècles), Paris, Belin, 2016. Rev. by Jan BURZLAFF, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14056
Mots clés : cour de Bourgogne ; histoire.
POMEL, Fabienne, ed. Engins et machines. Rennes, PUR, Interférences, 2015. Rev. by Myriam WHITE-LE GOFF, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14155
Mots clés : Amadas et Ydoine ; Escanor ; Geoffroy de Monmouth ; Perceforest ; Perlesvaus ; Wace.
212SCHWOB, Anton et Ute Monika, Ausgewählte Studien zu Oswald von Wolkenstein. Innsbruck, Innsbruck University Press, 2014. Rev. by Danielle BUSCHINGER, Études médiévales, numéro triple 17-19, 2017, 332-334.
Mots clés : Poésie ; chansonniers ; lyrique ; chant ; musique ; vagants ; edition.
SÉGUY, Mireille. Le Livre-monde. L’Estoire del saint Graal et le cycle du Lancelot-Graal, Paris, Champion, Essais sur le Moyen Âge, 62, 2017. Rev. by Jean-François POISSON-GUEFFIER, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14142
Mots clés : poétique ; narratologie ; rhétorique.
SERP, Claire. Identité, filiation et parenté dans les romans du Graal en prose, Turnhout, Brepols, 2015. Rev. by Damien DE CARNÉ, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14118
Mots clés : Joseph ; Lancelot en prose ; Perlesvaus.
THOMASSET, Claude, ed. D’ailes et d’oiseaux au Moyen Âge. Langue, littérature et histoire des sciences. Paris, Champion, Sciences, techniques et civilisations du Moyen Âge à l’aube des Lumières, 2016. Rev. by Myriam WHITE-LE GOFF, CRMH, 2017 : http://journals.openedition.org/crm/14150
Mots clés : Escoufle ; Floire et Blanchefleur ; littérature arthurienne ; lyrique d’oïl ; Tristan.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10958-7
- EAN : 9782406109587
- ISSN : 2430-8226
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10958-7.p.0159
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/10/2020
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français