Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Écritures des savoirs dans l’Antiquité aux premiers siècles de notre ère
- Pages : 445 à 450
- Collection : Rencontres, n° 593
Résumés
Valérie Naas, Marie-Pierre Noël et Fabien Pepino, « Introduction »
L’introduction présente brièvement l’ouvrage, l’inscrit dans le réseau thématique Le phénomène littéraire aux premiers siècles de notre ère, et comprend un résumé de chaque article.
Elisa Romano, « Magnitudines sunt artium deminutae. Saperi specialistici ed enciclopedismo nella cultura romana »
La fragmentation d’une unité culturelle qui s’identifiait à la παιδεία dans sa totalité et la constitution de savoirs autonomes correspondant à des domaines de compétence spécialisés caractérisent la culture hellénistico-romaine. Dans le De oratore, Cicéron met l’accent sur les tendances centrifuges des savoirs spécialisés, dont la quête d’autonomie se reflète dans la littérature technico-scientifique, en particulier dans le De architectura de Vitruve et le De medicina de Celse.
Alessandra Rolle, « La construction littéraire de L. Caecilius Metellus, une figure au croisement des savoirs »
L’article examine la construction littéraire de la figure de L. Caecilius Metellus et du récit de son sauvetage des sacra Vestalia en 241 av. J.-C. Jusqu’à présent, les études concernant cet épisode se sont consacrées essentiellement à distinguer les éléments de réalité et les données fictionnelles présents dans les sources littéraires. L’intérêt principal de cette contribution est plutôt de mettre en dialogue les différents témoignages et de faire ressortir leurs influences réciproques.
446Stefano Rocchi, « Due casi di mise en scène dell’architettura nelle Notti Attiche di Aulo Gellio »
En partant de quelques considérations sur la structure des Nuits attiques et sur les savoirs les plus représentés dans l’œuvre, l’auteur s’intéresse en particulier à deux cas de mise en scène de l’architecture : celui de la villa de Cephisia, d’Hérode Atticus (Gell. 1.2) et celui d’un nouveau complexe thermal dans la maison de Cornelius Fronton (Gell. 19.10), en analysant le contenu des chapitres d’un point de vue philologique, littéraire et historico-culturel.
Mireille Courrént, « La desideratio vitruvienne. Le goût du savoir et le temps de l’écriture »
Pourquoi Vitruve a-t-il attendu d’avoir achevé sa carrière pour écrire son traité d’architecture et a-t-il rédigé non un texte technique, mais une œuvre encyclopédique qui témoigne d’une véritable ambition littéraire ? Un précieux élément de réponse à ces questions se trouve dans son usage du mot desideratio, emprunté au Cato maior. C’est en effet après avoir lu ce traité cicéronien sur les vertus de la vieillesse qu’il s’est autorisé à partager avec ses lecteurs le contenu de son savoir.
Marine Glénisson, « Entre mythe et rationalité. Mise en forme du savoir dans La Personnalité des animaux et L’Histoire variée d’Élien »
Dans L’Histoire variée et La Personnalitédes animaux, Élien a compilé sans plan d’ensemble apparent, pour instruire et distraire son public, des faits divers et des extraits issus d’ouvrages historiques ou biologiques, mais aussi des récits mythiques et des mirabilia. Pour justifier le bien-fondé de savoirs si divers, Élien développe un ensemble de stratégies, qui engagent à la fois la structure de l’ouvrage entier et la construction individuelle de chaque anecdote.
Valérie Gitton-Ripoll, « Tradition orale et tradition écrite dans l’agronomie antique. Les racines de chiendent (gramen), pâture des chevaux étrusques (asturcones) »
Les recettes énoncées à la première personne dans les textes vétérinaires latins et grecs ne doivent pas être automatiquement attribuées à l’auteur du recueil. La première personne du § 27 de Pélagonius rapporte une recette déjà 447connue au début de l’Empire : un régime pour chevaux amaigris, supplémenté en racines de chiendent. Ce régime est présenté comme étrusque, et adapté aux petits chevaux d’Asturie représentés sur les peintures des tombes étrusques, facilement reconnaissables à leur pas, l’amble.
Jean-Christophe Courtil, « Du motif comique au traitement thérapeutique. La médicalisation de l’impuissance sexuelle dans la littérature latine »
Bien que la sexologie soit considérée comme une science moderne, les traités médicaux latins présentent déjà la volonté d’élaborer une médecine sexuelle à part entière. Leurs auteurs entreprennent en effet de déplacer le motif de la pratique sexuelle du domaine du rire et du divertissement auquel il appartenait jusqu’alors, à celui du savoir scientifique, un savoir en construction qui requiert la même rigueur et le même sérieux que les autres spécialités médicales.
Sébastien Barbara, « La mise en forme du savoir dans la section thérapeutique du poème de Marcellus de Sidè »
La contribution examine comment procède Marcellus pour exposer les savoirs médicaux dans une section de son poème didactique (v. 66-81) consacrée aux remèdes tirés des aquatilia. En la confrontant aux parallèles des Cyranides,on tente d’apprécier la méthode et les principes ayant pu guider le travail d’adaptation poétique (sélection d’informations, agencement, réduction ou amplification, choix lexicaux). Marcellus semble avoir transposé une source unique relevant de la médecine magique.
Hélène Capmartin, « La notion de semnotès appliquée à l’épopée dans Les Catégories stylistiques du discours (De Ideis) d’Hermogène »
Le rhéteur Hermogène de Tarse analyse dans Les Catégories stylistiques du discours la notion de semnotès, au sens de « noblesse », « majesté », et en développe les caractéristiques en s’appuyant sur plusieurs exemples extraits des épopées homériques. C’est inhabituel dans une œuvre consacrée à l’analyse et à la production de discours. La semnotès est donc une catégorie à part, dont les caractéristiques thématiques et rythmiques s’appliquent aussi à l’analyse de l’épopée.
448Ariane Jambé, « Reformuler l’Iliade pour la transmettre. De la paraphrase au réseau de savoir »
Le Genavensis græcus 44, un manuscrit byzantin, transmet, en plus de l’Iliade, un important matériel exégétique : scholies, gloses et paraphrase dialoguent ainsi avec l’épopée. Prenant appui sur un cas pratique autour des termes θυμός et ψυχή, cette contribution propose une lecture croisée du poème et de son matériel exégétique pour illustrer la façon dont se constitue un réseau de savoir. Ce faisant, il apparaîtra que la pratique exégétique relève aussi d’un enjeu herméneutique.
Marco Fernandelli, « Sulla scrittura del mito in Catullo e Virgilio »
La contribution examine deux textes qui fournissent un exemple du processus par lequel le mythe grec se trouve incorporé à l’épopée latine. L’ecphrasis du Carmen 64 de Catulle et la conclusion du livre V de l’Énéide illustrent respectivement le passage du mythe du sujet au texte et, inversement, le pouvoir qu’a le texte de mettre à nu le caractère « fabuleux » du mythe. Cette seconde situation préfigure le désenchantement du mythe comme thème du dernier voyage de l’épopée européenne.
Julie Houdenot, « Transmettre la sagesse par l’exemple de soi ? Le cas de la persona d’Horace dans les Épîtres : maître, disciple et ami »
L’article examine la constitution de la notion d’amicitia dans les Épîtres d’Horace au moyen de sa persona. L’amitié chez Horace apparaît comme une synthèse des positions épicurienne et académicienne, mais aussi des valeurs romaines prônées par le Principat, incarnées tour à tour par notre poète. Le genre particulier des Épîtres, à la fois lettre philosophique et poème didactique, ainsi que le sermo forgé par Horace permettent au mieux la transmission de cette notion.
Fabien Pepino, « Écriture du savoir philosophique et pédagogie éthique chez Sénèque – l’exemple des indifférents. Une lecture du De Vita beata, chap. 21-22 »
L’objectif de cet article est double. D’une part, il s’agit de présenter le rapport de Sénèque aux savoirs et quelques aspects de sa conception de l’écriture 449philosophique. D’autre part, il s’agit d’étudier précisément deux chapitres du De Vita beata où Sénèque présente la théorie stoïcienne des indifférents, afin de voir les procédés grâce auxquels il parvient à rendre accessible la philosophie stoïcienne au plus grand nombre possible, malgré sa technicité.
Marie-Pierre Noël, « Mise en scène et interprétation de l’ancienne sophistique dans les Vies des sophistes de Philostrate »
Dans ses Vies des sophistes, écrites entre 231 et 237, Philostrate met en scène une première génération de sophistes, contemporaine de Socrate, qu’il nomme « ancienne sophistique ». On s’est interrogé sur la fiabilité de ses notices, leurs sources et leur construction. Nous verrons comment, par un jeu constant avec les sources philosophiques et rhétoriques, notre auteur crée des « figures » de sophistes qui sont moins des personnages historiques que les produits d’une epideixis sophistique.
Marie-Odile Bruhat, « L’écriture du savoir chez Tertullien. De anima, X, 1-7 et De pallio, III, 1-3 »
À travers deux extraits du De anima et du De pallio, nous observerons comment Tertullien, pourfendeur de l’orgueil des philosophes, de la vaine curiosité et de l’éloquence dévoyée, réécrit le savoir zoologique. Dans la discussion philosophique, il s’inspire d’un développement de Pline sur les insectes, dont il adapte la rhétorique de l’éloge à sa visée polémique ; dans la performance oratoire, érudition zoologique et jeux littéraires créent une notice énigmatique qui anticipe la révélation finale du discours.
Anne-Isabelle Bouton-Touboulic, « La (dé)construction des savoirs chez saint Augustin. Du De ordine au De doctrina christiana »
Les savoirs, en particulier les arts libéraux, font l’objet d’un processus de revitalisation de la part de saint Augustin. Sont ici comparées deux écritures des savoirs, d’une part dans un Dialogue philosophique de jeunesse, le De ordine (386), qui pose les fondements d’un système (triuium et quadriuium) appelé à perdurer, et d’autre part dans le De doctrina christiana,qui constitue, dix ans plus tard, un projet de refondation chrétienne des savoirs, subordonné à une herméneutique biblique.
450Luís Manuel Gaspar Cerqueira, « Science, poésie et contemplation dans la Consolatio Philosophiae de Boèce »
La sagesse recherchée dans la Consolatio se fonde sur une culture scientifique d’origine pythagoricienne, qui se manifeste à plusieurs reprises dans le texte final de Boèce. Les savoirs mathématiques de ses travaux sur le quadriuium sont les fondements sur lesquels se construit l’édifice de la contemplation sereine de l’ordre universel. Ces rapports sont mis en lumière par l’examen des concepts fondamentaux et du vocabulaire commun aux ouvrages mathématiques et à la Consolatio.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-14951-4
- EAN : 9782406149514
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14951-4.p.0445
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 31/10/2023
- Langue : Français