Philippe Boesmans : Reigen (sc. iv et x)1
et Au monde
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Scène
Protagonistes
Caractéristiques du motif
Idées générales, texte
IV. Le Jeune homme et la Jeune femme mariée
Même milieu social riche. Le Jeune homme, nerveux, perd ses moyens mais la Jeune femme « le séduit, le fait rire… et tout finit bien. »
Chant d’amour vocalisé par un autre couple, au moment où le Jeune homme fait une déclaration d’amour. À nouveau, cristallise le désir, ici sexuel, du Jeune homme. Soupirs des voix en 3ces prolongés à la cla.
Première étreinte « ratée » matérialisée par un fugato désordonné. Seconde, réussie, avec une citation d’un choral de Bach, traité de façon luxuriante en écriture figurée (Cf. tabl. 2).
LE JEUNE HOMME
Je découvre enfin ce qu’est le bonheur.
(La jeune femme se laisse tomber dans un fauteuil.)
Ce que pourrait être le bonheur… »
(Ils échangent un long baiser. On entend soupirer un autre couple dans la chambre voisine.)
X. Le Comte et la Prostituée
Milieux sociaux différents et les plus opposés. La ronde se referme avec le retour de la Prostituée, ici en position dominante en ce qui concerne la « maîtrise » des sentiments.
Citation instrumentale aux bois (bcla puis sax), très lent et triste : le Comte adopte comme « le Soldat, la Femme de chambre, le Poète et la Cantatrice, […] le visage grave de la clarinette basse2 ».
L’extrême fin de la sc. se conclut pp sur les deux 3ces qui composent le chant d’amour.
Le chant d’amour apparaît au milieu du long monologue du Comte qui introduit la sc., dans un moment de silence où il est précisé :
(Il veut partir. Pendant qu’il sort son portefeuille et dépose les billets de banque sur la commode, il jette encore un regard sur la prostituée.)
LE COMTE
Ma foi, c’est dommage que tu ne sois pas une autre. (fin répl. 488)
Tabl. 37 – Présence et retours du chant d’amour dans Reigen de Philippe Boesmans.
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Situation
Éléments textuels
Symbolique
Sc. 6, 7 et 8 : la pensée du sommeil émane toujours de la seconde fille.
Sc. 11, l’allusion au sommeil se fait plus fréquente.
Sc. 19, association du rêve et du sommeil.
la seconde fille. – Je devrais aller dormir, moi. (À la plus jeune) Et toi aussi, tu dois dormir. […] Et on peut dormir, se laisser aller au sommeil sans trembler (sc. 6, répl. 27).
la seconde fille. – Elle dort, elle là-bas. Elle est rassurée. Mais elle fait des rêves tellement compliqués. Elle rêve qu’on la torture. Je l’entends crier. Ces cris viennent de tellement loin… Je devrais aller dormir moi aussi… », sc. 7, répl. 10.
la seconde fille. – Ils l’ont endormi[le chien], seulement endormi. (La seconde fille prend sa petite sœur dans ses bras et la console.) (répl. 34).
le mari de la fille aînée. (S’éloignant). – Je vais dormir. (répl. 35).
la seconde fille (À la plus jeune fille) – Il faut dormir maintenant, ne pas faire de rêves, seulement dormir (répl. 38).
la seconde fille (Revenant vers les autres, l’air égaré). – Je ne sais pas pourquoi je pense à Ori. L’autre nuit, j’ai rêvé qu’il tenait des propos extravagants à cette étrangère… Je vais aller dormir, moi (répl. 11).
L’action de dormir, associée au rêve, est une manière d’échapper à la réalité et concerne peu à peu tous les personnages, même le chien de la télévision dans la sc. 11.
Sc. 10, 11, 12 et 13, retour plus fréquent dans les scènes centrales.
ori (Entrant). – Vous ne dormez pas ? Je crois… Je vais aller marcher dehors… Respirer un peu… (sc. 10, répl. 18)
la seconde fille (Elle va précipitamment à la fenêtre.) – Quand je regarde dehors le jardin, ma tête se vide. C’est tellement précieux d’habiter là. (sc. 11, répl. 6). Sur la partition est indiqué : « Elle semble manquer d’air ».
Manque d’air, besoin de respirer. Échappatoire à l’univers étouffant de la famille. Ne concerne qu’Ori et la seconde fille.
Tabl. 38 – Réminiscences textuelles dans Au monde.
1 Tous les exemples de Reigen peuvent être écoutés sur le CD dont nous donnons les références complètes dans notre discographie.
