Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Écrire l'encyclopédisme, du xviiie siècle à nos jours
- Pages : 407 à 412
- Collection : Rencontres, n° 467
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 34
Résumés
Susanne Greilich et Hans-Jürgen Lüsebrink, « Écrire l’encyclopédisme, du xviiie siècle à nos jours »
L’époque des Lumières vit la naissance d’un nouveau type d’encyclopédie, à savoir le dictionnaire encyclopédique, qui se voulait à la fois rassembleur de savoirs et foncièrement critique par rapport aux connaissances du passé. L’encyclopédie moderne trouve également écho dans la littérature des siècles suivants. Dans une perspective transgénérique se pose la question de savoir en quoi consiste l’écriture « encyclopédique » des dictionnaires d’une part et celle des œuvres littéraires d’autre part.
Eva Rothenberger, « Transitions frontalières et leur influence dynamisante dans le Dictionnaire historique et critique »
Le dictionnaire encyclopédique en tant que genre qui permet de réaliser un recueil de savoirs par ordre alphabétique semble au premier regard plutôt statique et aride. Pour y remédier et pour créer un ouvrage intéressant, il faut quelques ruses telles qu’on les trouve dans le Dictionnaire historique et critique. Dans cette œuvre, Bayle provoque, à plusieurs niveaux, une dynamisation en traversant les frontières géographiques, confessionnelles, culturelles, disciplinaires et formelles.
Christian Reidenbach, « Diderot, paysagiste des savoirs. Une cartographie épistémologique entre discontinuité et interprétation »
Diderot décrit la compréhension du monde acquise par l’observation scientifique comme une infinité de faits fragmentés. Ceux-ci sont en contraste avec l’idée d’un tout universel que l’interprétation de la nature véhiculerait. La particularité et l’intégrité constituent donc les deux principes selon lesquels Diderot cartographie les ordres du savoir et qui trouvent leur expression dans l’idée d’un océan de choses infini d’un côté et la structure arborescente du Système figuré de l’autre côté.
408Reinhard Krüger †, « L’ordre chaotique et aléatoire de l’univers et l’organisation du discours encyclopédique au xviiie siècle »
Le modèle de l’arbre que les encyclopédistes ont appliqué comme schéma pour l’organisation des connaissances humaines semble imposer une hiérarchie et un ordre aux choses, et les assujettir à l’écriture par le biais de l’alphabet. Par contre, cette vision des choses ne saisit pas d’une manière adéquate les concepts et les méthodes des encyclopédistes. Il faut prendre en considération le rôle que jouent le hasard et le chaos dans la conception de la réalité chez les encyclopédistes.
Jean-Yves Mollier, « Pierre Larousse et son entreprise encyclopédique »
Le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle symbolise aujourd’hui encore une extraordinaire réussite, celle d’un auteur-imprimeur-éditeur qui avait choisi de sacrifier sa vie à la publication d’une œuvre qu’il considérait comme la « chair de sa chair » et « l’os de ses os ». Dans cette communication basée sur plusieurs publications précédentes, nous essayons de montrer combien l’œuvre de Pierre Larousse fut, dans tous les sens du terme, une entreprise encyclopédique.
Hans-Jürgen Lüsebrink, « Origines coloniales de l’encyclopédisme sud-américain. Le Diccionario geográfico-histórico de las Indias Occidentales ó América (1786-1789) d’Antonio de Alcedo »
Le Diccionario geográfico-histórico de las Indias Occidentales peut être considéré comme le premier ouvrage encyclopédique sud-américain, faisant preuve de l’ambition délibérée de saisir l’ensemble des connaissances sur les Amériques. En même temps, l’œuvre manifeste d’une perspective résolument sud-américaine. Ce projet ambitieux et sa traduction anglaise étaient étroitement liés à la biographie de l’auteur, ainsi qu’au contexte politique et culturel des années 1780 et du tournant du siècle.
Annika Haß, « Les Lumières au xixe siècle ? L’Encyclopédie des gens du monde (1833-1844) comme adaptation française du Conversations-Lexicon de Brockhaus »
Inspirée du Conversations-Lexicon de Brockhaus, l’Encyclopédie des gens du monde est une publication typique des éditions Treuttel et Würtz (Paris, Strasbourg, Londres). L’encyclopédie poursuivit l’objectif d’adapter le modèle allemand 409au public français. L’article examine à la fois les objectifs de l’adaptation et sa mise en pratique. Finalement, il se pose la question de savoir pourquoi l’Encyclopédie des gens du monde n’a jamais eu autant de succès que son prédécesseur allemand.
Clorinda Donato, « Les récits de voyages. Source des articles d’encyclopédie au xviiie siècle »
À la recherche d’informations qui puissent être utiles, les encyclopédistes utilisent le genre du récit de voyage pour rédiger leurs articles. Cette contribution vise à étudier la citation ou non des récits de voyages dans les compilations encyclopédiques et le débat soulevé par l’emploi de récits de voyages contrastants. L’analyse s’appuie sur un corpus d’articles représentant la catégorie de la géographie dans l’Encyclopédie, l’Encyclopédie d’Yverdon et l’Encyclopédie méthodique en trois éditions.
Beatrice Nickel, « Les récits de voyage français du xviiie siècle et la perspective encyclopédique sur l’Autre »
La contribution analyse à quel point le genre du récit de voyage, qui connut son essor au siècle des Lumières, témoigne d’un effort de la part des voyageurs français pour enregistrer de manière systématique et encyclopédique le savoir sur des cultures totalement nouvelles et jusqu’alors inconnues. L’accent est mis sur la trilogie de Lahontan, qui est consacrée au continent nord-américain et qui amorce systématiquement un dialogue interculturel avec la culture étrangère.
Daniel Roche, « Le cheval et les philosophes. Culture équestre et encyclopédie »
Il s’agit ici de montrer l’importance de la connaissance des réalités équestres comme ensemble social culturel à partir des questions développées dans l’Encyclopédie. La mise en scène offerte par l’ensemble des articles confirme ce que l’on peut connaître par ailleurs quant à la diversité des questions concernant la Raison cavalière, entendons la place des chevaux par rapport à leur fonction dans la hiérarchie politique et sociale, et enfin par rapport à leur vocation esthétique.
410Klaus-Dieter Ertler, « Les aspects encyclopédiques dans l’écriture des feuilles périodiques morales du xviiie siècle. Le traitement et la migration des micro-récits »
Nous nous penchons sur le réseau européen des feuilles périodiques francophones dont la source est constituée par le Spectator. Dans la mesure où le prototype anglais puise dans le corpus proto-encyclopédique de Bayle, il faut relever la question de l’écriture intertextuelle de cette presse et de ses adaptations européennes. De quelle manière les textes spectatoriaux contribuent-ils à la construction d’une pratique encyclopédique ? Comment intègrent-ils les concepts moraux du Dictionnaire baylien ?
Sophie Dubois, « Une subjectivité sous contrainte, l’abécédaire de culture étrangère. Le cas du Québec »
Au-delà de son usage commun apparenté à l’imagier pour enfants, l’abécédaire s’incarne également sous la forme d’ouvrages d’initiation à un sujet. Utilisé pour définir une culture, il cherche à en saisir les aspects les plus représentatifs pour les vulgariser à l’intérieur de la forme contraignante de l’alphabet. Cette mise en forme se révèle un facteur de complexification dans la sélection des termes à retenir, laquelle ouvre paradoxalement la porte à une plus grande subjectivité.
Karen Struve, « “Toutes les fictions […] sautent aux yeux”. Savoir, fiction et écriture encyclopédique par rapport à l’Autre colonial dans l’Encyclopédie de Diderot et de D’Alembert »
Dans son article sur l’idole indienne du nom de « Tinagogo », D’Alembert rejette les informations qu’il en a reçues comme étant de pures fictions et il qualifie la source qui en parle comme menteuse. Néanmoins, cette évaluation ne l’empêche pas d’inclure de telles histoires inventées dans l’Encyclopédie. Quelles sont les formes et les fonctions de ces fictions au sein du texte encyclopédique ? Et en particulier dans les articles qui parlent de l’Autre colonial ?
Stephanie Wodianka (traduction de Monique Rival), « Denis Diderot. Le drame sérieux comme “drame encyclopédique” »
Dans la préface au Fils naturel, Diderot fait référence au 6e volume de l’Encyclopédie. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que c’est lui qui a été responsable de 411l’entrée fils dans ce volume, et que son drame reprend les notions contemporaines de « fils » et de « père » en les plaçant dans un contexte quasi-religieux. Dans le drame, la jeune génération incarne les vertus tout en remettant en question les figures paternelles et en renversant les relations père-fils conventionnelles.
Paul Strohmaier, « L’Itinéraire de Chateaubriand, une réplique au projet des encyclopédistes »
C’est dans le contexte de « l’explosion du savoir » que nous situons notre lecture de l’Itinéraire, ouvrage qui constitue peut-être la dernière tentative de recentrement des savoirs à travers le prisme de la tradition chrétienne. Le textemet en récit une érudition et un savoir énorme dont il atteste en même temps la valeur. À l’opposé d’une démonstration théorique, nous assistons à une mise en évidence esthétique qui se sert du paysage, du tableau poétique et de la contemplation sur l’histoire.
Dagmar Schmelzer (traduction d’Anne-Sophie Donnarieix), « Le savoir et l’espace dans le récit de voyage en Palestine. De l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de Chateaubriand comme appropriation conflictuelle de cultures du savoir »
L’Itinéraire participe à la négociation des modèles de savoir et récrée un dialogue avec la pensée encyclopédique : il part des topiques partagés et des techniques citationnelles de la tradition érudite, mais pour introduire à l’archive des contenus complémentaires. Il emprunte les stratégies narratives de la littérature de voyage pour mettre en scène un savoir en devenir, processuel et performatif, et fait évoluer la systématicité du savoir en traduisant le mappemonde en parcours.
Lydia Bauer, « L’écriture encyclopédique et l’archéologie du savoir dans l’œuvre de Stendhal »
L’œuvre stendhalienne se caractérise par la coprésence de différents ordres du savoir. L’épistemè de la ressemblance, celui de la représentation et l’épistemè moderne – tels que les décrits Foucault dans Les Mots et les Choses –, témoignent d’une réflexion de l’auteur sur les systèmes de signes et le classement du savoir. La communication met en relief les diverses formations du savoir ainsi que les parallèles entre les textes stendhaliens et les Affinités électives de Johann Wolfgang von Goethe.
412Susanne Greilich, « La littérature face à l’encyclopédisme du xixe siècle. Bouvard et Pécuchet et le Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert »
Bouvard et Pécuchet met en relation le roman et l’encyclopédie à travers deux procédés formels différents : par la mise en scène de l’encyclopédie au sens large de « cercle du savoir » et par l’insertion d’une encyclopédie au sens spécifique de « dictionnaire encyclopédique ». Le texte met en scène une écriture encyclopédique qui trouve son expression aux niveaux de la macrostructure, du discours et de la microstructure. Il s’inscrit ainsi dans l’encyclopédisme de l’époque qu’il reflète et commente.
Corinne Fritz, « Approches cubistes du lexique. Apollinaire et le Grand dictionnaire Larousse »
Apollinaire était un lecteur passionné des dictionnaires, en particulier du Grand Dictionnaire universel du xixe siècle. Il y puise des mots rares ou inconnus. Il en fait des listes et se constitue ainsi une réserve de mots qui se retrouveront dans son œuvre à venir. Cette contribution porte sur des mots dont Apollinaire a pu trouver la définition dans le Grand Dictionnaire Larousse. Elle propose quelques hypothèses pour justifier l’emploi par Apollinaire de tel ou tel mot rare ou suggestif.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10100-0
- EAN : 9782406101000
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10100-0.p.0407
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 03/06/2020
- Langue : Français