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Call for papers
- Publication type: Journal article
- Journal: Économie appliquée
2021 – 2. varia - Pages: 145 to 155
- Journal: Économie appliquée
Appel à articles
Économie Appliquée 1
« Le patient et l’aidant dans les transformations
du capitalisme sanitaire »
Coordination :
Nicolas Da Silva
et Amandine Rauly
Nicolas Da Silva , CEPN (UMR 7234), Université Sorbonne Paris Nord
nicolas.dasilva@univ-paris13.fr
Amandine Rauly , REGARDS (EA 6292), Université de Reims Champagne-Ardenne, amandine.rauly@univ-reims.fr
Argumentaire
L’économie politique de la santé a connu un important développement ces vingt dernières années. En s’emparant de la santé comme un fait social total, elle a contribué à une compréhension fine des transformations du système de santé. Ces travaux ont mis en évidence deux grands mouvements : la marchandisation et l’industrialisation des soins2. La marchandisation se donne à voir sous diverses formes qui ont toutes en 146commun de chercher à donner du poids au signal prix. Que cela soit à l’intérieur des bornes du secteur public ; dans le privé ou encore en modifiant les frontières entre l’un et l’autre, chacun sait désormais que si la santé n’a pas de prix elle doit avoir un coût. La concurrence par comparaison, le paiement à la performance, le ticket modérateur, etc. ont pour objectif d’approcher les comportements réels du nirvana marchand.
L’autre grand bouleversement dans le système de santé concerne le processus d’industrialisation. Alors que le monde de la santé s’est construit comme une économie des singularités, le secteur n’arrête plus de se normaliser, de se quantifier, de s’homogénéiser. Ces dernières années ont vu se démultiplier les outils de l’industrialisation : normes de bonnes pratiques, référentiels, guides, systèmes d’information et outils numériques, etc. Coincé entre la marchandisation et l’industrialisation, le travail de soin a été bouleversé. Derrière ce double mouvement, l’économie politique de la santé a mise en évidence le rôle central de la main visible de l’État. Il est celui qui construit les marchés : il valide la financiarisation de la sécurité sociale, il organise le secteur des organismes complémentaires d’assurance maladie, il solvabilise l’industrie pharmaceutique, etc. L’État organise la participation du secteur de la santé au capitalisme. Avec la pandémie de covid-19, les transformation mises en évidence risquent de s’accélérer dans un contexte où les capitalismes se cherchent de nouveaux modèles de développement (Boyer, 2020).
Le réagencement du capitalisme sanitaire n’est pas sans conséquences sur le patient et ses aidants. Ces derniers sont même les acteurs principaux d’un nouveau compromis industriel marchand dans le système de santé (Gallois et Rauly, 2019). Alors que le système de santé français s’est construit sur une forte médicalisation et sur la prise en charge institutionnalisée (publique ou privée) des soins, il paraît désormais acquis que le patient et l’aidant doivent supporter le poids du désengagement de l’État. Dans un contexte de vieillissement et de généralisation des maladies chroniques, le patient et l’aidant sont de plus en plus mis à contribution soit par le rétrécissement de l’accès aux soins soit par la co-production des soins (Pedrot et al. 2019). La restructuration de l’offre de soin sous contrainte d’austérité se traduit par le développement des déserts médicaux et par la participation croissante du patient et de l’aidant à la production des soins. L’informel prend une place structurelle dans le capitalisme sanitaire qui se dessine sous nos yeux. Alors même que les théories du care pointent la nécessité de démarchandiser la protection sociale et de désengager la 147sphère domestique de la production de soin et d’aide à la personne (Daly et Lewis, 2000), dans le nouveau compromis ce n’est plus l’État qui prend le relais de la famille mais la famille qui prend le relais de l’État.
Les contributions attendues pour ce numéro spécial portent sur ce que les transformations du capitalisme sanitaire font au patient et à l’aidant. Les contributions pourront discuter par exemple des inégalités d’accès aux soins, du rôle des aidants et plus largement de la place politique et économique du couple patient/aidant dans le système de santé. L’économie politique de la santé n’est pas restée muette sur ces questions et offre plusieurs pistes pour explorer les figures du nouveau compromis. A minima deux d’entre elles peuvent être évoquées ici.
D’un côté, on pourra s’appuyer sur les réflexions menées sur l’empowerment du patient qui ont montré que les aspirations à la participation des associations de patients au système de santé ont été instrumentalisées par la politique publique (Batifoulier et al. 2011). Alors que les associations de patients souhaitaient débattre sur les procédures de décisions (voice) la politique publique a retraduit cette aspiration en pouvoir de marché (exit) (Naiditch, 2006). Quels éléments empiriques peuvent documenter ce processus (Hassenteufel et al. 2020) ? Ne peut-on pas aussi montrer l’acception du nouveau compromis (Sebai, 2020) ? Il est facile de critiquer l’assurance comportementale mais ne prospère-t-elle pas sur des consommateurs de soins acquis à ce nouveau rapport à la santé ? Le patient consommateur n’est-il qu’une figure théorique où peut-on le rencontrer dans la réalité ?
D’un autre côté, toutes les recompositions du système de santé excluent les patients et les aidants de la redéfinition du soin et de la façon d’en organiser la production et la distribution. Jamais le patient et l’aidant n’ont été consultés pour valider le nouveau compromis. Quelles institutions peuvent donner du poids au patient et à l’aidant ? N’est-il pas fructueux pour cela de penser la santé sur le modèle du besoin et non du désir (Batifoulier et al. 2013) ? Quelle place d’un point de vue politique est faite au couple patient/aidant ? Où en est la démocratie sanitaire (Dumez et Minvielle, 2017) ? Est-ce que le développement de l’État social contre la sécurité sociale est compatible avec la prise en compte des aspirations démocratiques dans le système de santé (Vahabi et al., 2020) ? Qui doit définir ce qu’est le soin ? L’État, les élites du welfare, le contribuable ou les patients eux-mêmes ? Qui doit définir ce qu’est le système de soin ? Le patient et l’aidant ne sont-ils pas les grands absents dans la reconstruction du capitalisme sanitaire ?
148Bibliographie
Boyer R. (2020), Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie, La Découverte, Paris.
Batifoulier P. et Da Silva N. (2021), « La santé, miroir des sociétés », Revue française de socio-économie, numéro 1.
Batifoulier P. et Domin J-P. (2015) (Ed.), « Économie politique de la santé, un exemple exemplaire », Revue de la régulation, numéro 1.
Batifoulier P. Domin J-P. et Gadreau M. (2007) (Ed.), « État social et politique de santé », Économie appliquée, numéro 1.
Batifoulier P., Domin J-P. et Gadreau M. (2011), « Market empowerment of the patient : The French experience », Review of Social Economy, 69(2), 143-162.
Batifoulier P., Braddock L., et Latsis, J. (2013), « Priority setting in health care : from arbitrariness to societal values », Journal of Institutional Economics, 9(1), 61-80.
Daly M. et Lewis, J. (2000), “The concept of social care and the analysis of contemporary welfare states.” British Journal of Sociology, vol.51, n.2, p. 281-298.
Dumez, H. et Minvielle, É. (2017), L’e-santé rend-elle la démocratie sanitaire pleinement performative ?. Systèmes d’information & management, 22, 9-37. https://doi.org/10.3917/sim.171.0009
Gallois F. et Rauly A. (2019), « De la relation de soins à la relation de service : quelle organisation de la télésurveillance médicale ? », Revue française de socio-Économie, (2), 203-219.
Hassenteufel, P., Naiditch, M. & Schweyer, F. (2020), Les réformes de l’organisation des soins primaires : perspectives multi-situées. Avant-propos. Revue française des affaires sociales, 11-31. https://doi.org/10.3917/rfas.201.0011
Naiditch, M. (2006), Usage stratégique de l’information par une association de malades, l’exemple du Lien. Les Tribunes de la santé, no 12, 83-95. https://doi.org/10.3917/seve.012.0083
Pedrot, F., Fernandez, G. et Le Borgne-Uguen, F. (2019), Les maisons de santé pluriprofessionnelles : des espaces de coordination du soin entre professionnels de santé, patients et proches-soutiens. Journal de gestion et d’économie de la santé, 1, 110-126. https://doi.org/10.3917/jges.191.0110
Sebai, J. (2020), La e-santé et le patient 2.0 : la colonisation démocratique !. Marché et organisations, 38, 123-144. https://doi.org/10.3917/maorg.038.0123
Vahabi M., Batifoulier P. et Da Silva, N. (2020), « A theory of predatory welfare state and citizen welfare : the French case », Public Choice, 182(3), 243-271.
149Format des réponses à l’appel à article
Les réponses à cet appel à article ne devront pas dépasser deux pages. Elles présenteront le champ d’étude et la problématique envisagée. Elles préciseront si le projet est plutôt empirique ou théorique et, le cas échéant, l’approche méthodologique. La bibliographie sera composée de cinq références maximum. Les propositions devront être envoyées aux deux coordinateurs le 15 décembre 2021 au plus tard. Ces derniers sont disponibles d’ici là pour répondre à d’éventuelles questions sur le format des réponses à l’appel à article.
En cas d’acceptation, la proposition finale ne dépassera pas 50 000 signes espaces compris.
Calendrier
Date limite de réponse à l’appel : 15 décembre 2021
Date de rendu des avis du comité de rédaction : 15 janvier
Date limite de rendu de la première version de l’article : 15 septembre 2022
Publication du numéro : décembre 2023
150 151Call for papers
Économie appliquée 3
The patient and the carer in the transformations
of health capitalism
Coordination :
Nicolas Da Silva
et Amandine Rauly
Nicolas Da Silva, CEPN (UMR 7234), Université Sorbonne Paris Nord
nicolas.dasilva@univ-paris13.fr
Amandine Rauly, REGARDS (EA 6292), Université de Reims Champagne-Ardenne,
amandine.rauly@univ-reims.fr
Argumentaire
The political economy of health has developed significantly over the last twenty years. By taking up health as a total social fact, it has contributed to a detailed understanding of the transformations of the health system. This work has highlighted two major movements : the commodification and industrialisation of health care. Commodification can be seen in various forms, all of which have in common that they seek to give weight to 152the price signal. Whether it is within the boundaries of the public sector, in the private sector or by modifying the boundaries between the two, everyone knows that if health does not have a price, it must have a cost. Competition by comparison, payment by performance, co-payments, etc., aim to approach the real behaviour of the market nirvana.
The other major upheaval in the health system concerns the industrialisation process. While the world of health care was built as an economy of singularities, the sector is becoming increasingly standardised, quantified and homogenised. In recent years, the tools of industrialisation have multiplied : standards of good practice, benchmarks, guides, information systems and digital tools, etc. Caught between marketisation and industrialisation, care work has been turned upside down. Behind this double movement, the political economy of health has highlighted the central role of the visible hand of the State. It is the state that builds markets : it validates the financialisation of social security, it organises the sector of complementary health insurance organisations, it solventises the pharmaceutical industry, etc. The state organises the participation of the health sector in the development of health care. The state organises the participation of the health sector in capitalism. With the covid-19 pandemic, the transformations highlighted risk accelerating in a context where capitalisms are seeking new development models (Boyer, 2020).
The reorganisation of health capitalism is not without consequences for the patient and his or her carers. The latter are even the main actors in a new industrial market compromise in the health system (Gallois and Rauly, 2019). While the French health system was built on a strong medicalisation and on the institutionalised (public or private) management of care, it now seems to be a given that the patient and the carer must bear the burden of the State’s disengagement. In a context of ageing and the generalisation of chronic illnesses, the patient and carer are increasingly called upon to contribute either through the narrowing of access to care or through the co-production of care (Pedrot et al. 2019). The restructuring of the supply of care under the constraint of austerity is reflected in the development of medical deserts and in the increasing participation of the patient and carer in the production of care. Informality is taking a structural place in the health capitalism that is taking shape before our eyes. While care theories point to the need to demarket social protection and to disengage the domestic sphere from 153the production of care and assistance to the person (Daly and Lewis, 2000), in the new compromise it is no longer the state that takes over from the family but the family that takes over from the state.
The contributions expected for this special issue concern what the transformations of health capitalism do to the patient and the carer. Contributions may discuss, for example, inequalities in access to care, the role of carers and, more broadly, the political and economic place of the patient/carer couple in the health system. The political economy of health has not remained silent on these issues and offers several avenues for exploring the figures of the new compromise. At least two of them can be mentioned here.
On the one hand, we can rely on the reflections carried out on patient empowerment, which have shown that the aspirations of patient associations to participate in the health system have been instrumentalised by public policy (Batifoulier et al. 2011). While patient organisations wanted to debate decision-making procedures (voice), public policy has translated this aspiration into market power (exit) (Naiditch, 2006). What empirical evidence can document this process (Hassenteufel et al. 2020) ? Can we not also show the acceptance of the new compromise (Sebai, 2020) ? It is easy to criticise behavioural insurance, but does it not thrive on consumers of care who have acquired this new relationship with health ? Is the patient-consumer just a theoretical figure, or can he or she be encountered in reality ?
On the other hand, all the recompositions of the health system exclude patients and carers from the redefinition of care and the way in which its production and distribution are organised. The patient and the carer have never been consulted to validate the new compromise. Which institutions can give weight to the patient and the carer ? Is it not fruitful to think of health in terms of need and not desire (Batifoulier et al. 2013) ? What place from a political point of view is given to the patient/carer couple ? What is the state of health democracy (Dumez and Minvielle, 2017) ? Is the development of the social state versus social security compatible with the consideration of democratic aspirations in the health system (Vahabi et al., 2020) ? Who should define what care is ? The state, welfare elites, the taxpayer or the patients themselves ? Who should define what the care system is ? Aren’t the patient and the carer the great absentees in the reconstruction of health capitalism ?
154Bibliography
Boyer R. (2020), Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie, La Découverte, Paris.
Batifoulier P. et Da Silva N. (2021), « La santé, miroir des sociétés », Revue française de socio-économie, numéro 1.
Batifoulier P. et Domin J-P. (2015) (Ed.), « Économie politique de la santé, un exemple exemplaire », Revue de la régulation, numéro 1.
Batifoulier P. Domin J-P. et Gadreau M. (2007) (Ed.), « État social et politique de santé », Économie appliquée, numéro 1.
Batifoulier P., Domin J-P. et Gadreau M. (2011), « Market empowerment of the patient : The French experience », Review of Social Economy, 69(2), 143-162.
Batifoulier P., Braddock L., et Latsis, J. (2013), « Priority setting in health care : from arbitrariness to societal values », Journal of Institutional Economics, 9(1), 61-80.
Daly M. et Lewis, J. (2000), “The concept of social care and the analysis of contemporary welfare states.” British Journal of Sociology, vol.51, n.2, p. 281-298.
Dumez, H. et Minvielle, É. (2017), L’e-santé rend-elle la démocratie sanitaire pleinement performative ?. Systèmes d’information & management, 22, 9-37. https://doi.org/10.3917/sim.171.0009
Gallois F. et Rauly A. (2019), « De la relation de soins à la relation de service : quelle organisation de la télésurveillance médicale ? », Revue française de socio-Économie, (2), 203-219.
Hassenteufel, P., Naiditch, M. & Schweyer, F. (2020), Les réformes de l’organisation des soins primaires : perspectives multi-situées. Avant-propos. Revue française des affaires sociales, 11-31. https://doi.org/10.3917/rfas.201.0011
Naiditch, M. (2006), Usage stratégique de l’information par une association de malades, l’exemple du Lien. Les Tribunes de la santé, no 12, 83-95. https://doi.org/10.3917/seve.012.0083
Pedrot, F., Fernandez, G. et Le Borgne-Uguen, F. (2019), Les maisons de santé pluriprofessionnelles : des espaces de coordination du soin entre professionnels de santé, patients et proches-soutiens. Journal de gestion et d’économie de la santé, 1, 110-126. https://doi.org/10.3917/jges.191.0110
Sebai, J. (2020), La e-santé et le patient 2.0 : la colonisation démocratique !. Marché et organisations, 38, 123-144. https://doi.org/10.3917/maorg.038.0123
Vahabi M., Batifoulier P. et Da Silva, N. (2020), « A theory of predatory welfare state and citizen welfare : the French case », Public Choice, 182(3), 243-271.
155Format of responses to the call for papers
Responses to this call for papers should not exceed two pages. They should present the field of study and the problematic envisaged. They should specify whether the project is empirical or theoretical and, if so, the methodological approach. The bibliography should be composed of a maximum of five references. The proposals must be sent to the two coordinators by 15 December 2021 at the latest. The coordinators are available until then to answer any questions on the format of the responses to the call for papers.
If accepted, the final proposal will not exceed 50,000 characters including spaces.
Timetable
Deadline for responses to the call : 15 December 2021
Deadline for the editorial board’s opinions : 15 January
Deadline for submission of the first draft of the article : 15 September 2022
Publication of the issue : December 2023
1 Après une longue période de non-parution, Économie appliquée reparaît à nouveau avec un nouvel éditeur (Classiques Garnier). Le no 1 a paru en juillet 2021.
2 On pourra se référer à plusieurs numéros spéciaux parus ces dernières années (par exemple, Batifoulier, Domin et Gadreau (2007), Batifoulier et Domin (2015), Batifoulier et Da Silva (2021)).
3 After a long period of non-publication, Économie appliquée is back with a new publisher (Classiques Garnier). The first issue was published in July 2021.
- CLIL theme: 3306 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie de la mondialisation et du développement
- ISBN: 978-2-406-12814-4
- EAN: 9782406128144
- ISSN: 2801-0620
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12814-4.p.0145
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-09-2022
- Periodicity: Biannual
- Languages: French, English