Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Culture Godot. En attendant Godot de Samuel Beckett et ses inscriptions culturelles
- Pages : 267 à 270
- Collection : Carrefour des lettres modernes, n° 13
Résumés
Marjorie Colin et Yannick Hoffert, « Introduction »
Dès les années 1950, En attendant Godot est devenu un phénomène culturel aux dimensions multiples. La pièce est sortie de l’avant-garde pour devenir un classique ; au-delà du théâtre, elle fait l’objet de plusieurs appropriations dans la culture populaire et dans la culture de masse. Sources savantes et sources populaires, fortune scénique, reprises et parodies, réappropriations par la culture d’écran, insertion dans les manuels scolaires sont tour à tour examinées.
Marie-Claude Hubert, « Préambule. Godot, un hapax »
En attendant Godot jouit d’un immense succès dans le monde entier alors que son auteur ne l’aimait pas beaucoup. Par sa dimension clownesque, qui la rend accessible à un large public, c’est un hapax dans son théâtre. Dès Fin de partie, le ton change, le burlesque s’amenuise. Par ailleurs, c’est une œuvre ouverte, qui laisse une large part d’interprétation tant aux spectateurs qu’aux metteurs en scène, aussi est-elle devenue une pièce culte.
Matthieu Protin, « Jacques et son maître à la Fontaine aux Saints. Du rôle de deux intertextes irlandais et français dans la création d’En attendant Godot »
Godot prend sa source dans la double culture française et irlandaise de Samuel Beckett. Montrer le rôle de celle-ci dans la création et la réception de l’œuvre, tel est l’objet de cet article. En nous appuyant sur deux intertextes, Jacques le fataliste et son maître de Diderot et La Fontaine aux saints de Synge, nous montrerons comment ces œuvres ont été le creuset d’une écriture, et en même temps comment leur occultation dans le processus de réception a contribué à forger la singularité de Godot.
268Marjorie Colin, « Godot, de la sciure aux planches. “Le sketch des Pensées de Pascal par les Fratellini” »
La présence du clown chez Samuel Beckett est liée avant tout au tragique. La marginalité révèle la figure archétypale du bouc-émissaire, figure beckettienne et clownesque de prédilection. Pour autant, la clownerie apparaît comme un remède à la pesanteur. Par cette réversibilité, le clown est la figure du débordement joyeux et les jeux auxquels se livrent les personnages dans Godot témoignent d’un véritable acharnement pour lutter contre le désespoir et la conscience de la fin.
Yannick Hoffert, « Chapeaux melons, nez rouge et bidon rouillé : un Godot du xxie siècle. Autour de la mise en scène d’En attendant Godot, par Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Marcel Bozonnet (2014) »
La mise en scène d’En attendant Godot créée en 2014 par la Comédie de Caen mérite l’attention. Son examen permet de dégager les principaux traits de la “culture Godot” du théâtre français contemporain. Il permet également d’identifier la pertinence de certaines options singulières de mise en scène, entre universalité et référence à la crise contemporaine des migrants. Le spectacle montre également l’intérêt d’un langage scénique clownesque pour, notamment, l’interprétation du rôle de Lucky.
Yannick Hoffert, « “Des rires de mémoire”. Entretien avec Jean Lambert-wild autour d’En attendant Godot »
Jean Lambert-wild témoigne du processus collectif de la création d’En attendant Godot à la Comédie de Caen (2014). Il revient sur la scénographie qu’il a conçue, puis évoque son clown de scène, nommé Gramblanc, créé dans les années 2000 et qui, dans En attendant Godot, apparaît pour la première fois dans une pièce du répertoire, endossant le rôle de Lucky. Alors que Gramblanc était jusqu’ici muet, il prend la parole pour la première fois à l’occasion de la tirade de Lucky.
Jeanyves Guérin, « Quelques remarques sur la fortune mondiale d’une pièce réputée apolitique. Attendre ou ne pas attendre Godot »
Du temps où les Brechtiens imposaient leur doxa, En attendant Godot était considéré – voire stigmatisé – comme une pièce dépolitisée. Sa carrière mondiale fait apparaître au contraire que c’est une pièce adaptable à des situations 269historiques variées et qui montre la domination. Après avoir recensé divers surgeons et continuations de la pièce, on examinera le rayonnement du syntagme « attendre Godot » dans des pays et régions aussi différents que le Nigeria, l’Afrique du sud, le Pakistan et le Maghreb.
Sylviane Dupuis, « La Seconde Chute, ou continuer Godot. Un regard rétrospectif »
Cet article revient sur la genèse, le processus d’écriture et la réception de la première pièce de Sylviane Dupuis, La Seconde Chute, « continuation » de En attendant Godot écrite en 1988 et créée en 1995, qui connut ensuite un destin inattendu dans les pays de l’ex-URSS. Godot s’y révèle être l’auteur de la pièce, observant et manipulant depuis quarante ans ses personnages dans l’invisible… qu’il va rendre à leur liberté en leur apprenant que le « quatrième mur » n’existe pas.
Audrey Lemesle, « Pourquoi joue-t-on avec Godot ? Parodi (di) à gogo »
En attendant Godot (Waiting for Godot dans sa version anglaise) a fait et continue de faire l’objet d’une multitude de détournements parodiques, de la simple phrase ironiquement sortie de son contexte à la réécriture extensive en passant par la caricature graphique ou le sketch télévisé. Ces travestissements, anglo-saxons pour la plupart, touchent aussi bien la culture savante que populaire. Cet article vise à comprendre les raisons d’un tel engouement pour la reprise de la pièce.
E. C. Osondu, « En attendant »
Le cadre du récit est un camp de réfugiés en Afrique. Le narrateur se fait appeler Orlando parce qu’il espère être adopté en Floride. Une religieuse lui a fait lire En attendant Godot. Pour elle, Vladimir et Estragon attendent Dieu. « Ici au camp, nous attendons, attendons et attendons encore. C’est la seule chose que nous faisons ». Lui et les autres attendent un camion de nourriture, un camion d’eau, un photographe de la Croix rouge, une éventuelle adoption par une famille américaine…
Benoît Barut, « Pixels and puppetry. De quelques avatars pop de Godot (I) – Godot vidéoludique »
Conçue en deux volets, notre étude explore la place de Beckett et de son Godot dans les univers vidéoludique et télévisuel. Dans cette première 270partie consacrée au vidéoludique, nous évoquerons le jeu indépendant de Simon Meek intitulé Beckett, le personnage de Godot/Godō dans Ace Attorney, l’environnement de développement intégré baptisé « Godot engine » et, surtout, le jeu « Game » imaginé par VectorBelly, pastiche transmodal des plus réussis.
Benoît Barut, « Pixels and puppetry. De quelques avatars pop de Godot (II) – Godot télévisuel »
Conçue en deux volets, notre étude explore la place de Beckett et de son Godot dans les univers vidéoludique et télévisuel. Dans cette seconde partie consacrée au télévisuel, nous nous arrêterons surtout sur l’épisode « Secret and Lies » de la série Urgences – qui interroge la place de Beckett sur l’échiquier socioculturel – et sur la parodie « Waiting for Elmo » issue de l’émission Sesame Street, une parodie d’autant plus savoureuse qu’elle est censée s’adresser à de très jeunes enfants.
Mathilde Dumontet, « Godot, le prof et l’inculte sont dans un cocovoit… »
Cet article se concentre sur l’épisode « En Attendant Godot » de la série de sketches Cocovoit diffusée à la télévision et sur Internet. Par l’analyse de cet épisode, qui joue de la confrontation entre la lecture savante de la pièce de Samuel Beckett et le pragmatisme populaire, l’article propose d’interroger ce que peut représenter Godot dans la culture contemporaine.
Yann Mével, « Épilogue. En attendant Godot de Samuel Beckett, construction d’un savoir et transmission didactique »
L’article analyse la réception d’En attendant Godot dans les manuels de lycée publiés en France depuis le début des années 1990. Attentif aux contextes dans lesquels figurent les extraits de la pièce et du paratexte, à l’articulation du texte et de l’iconographie, à la documentation sur les mises en scène, aux activités proposées, il cerne le rapport qu’entretiennent ces manuels avec une vulgate, selon laquelle l’œuvre de Beckett relèverait du « théâtre de l’absurde » ou même l’aurait inventé.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12729-1
- EAN : 9782406127291
- ISSN : 2494-7520
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12729-1.p.0267
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/04/2022
- Langue : Français