Note sur les domiciles parisiens de George Sand (y compris Palaiseau) pendant la période 1866-1868
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Correspondance. Tome XX. Juin 1866 – mai 1868
- Pages : 857 à 860
- Réimpression de l’édition de : 1985
- Collection : Bibliothèque du xixe siècle, n° 20 – Hors collection
879
NOTE
SUR LES DOMICILES PARISIENS
DE GEORGE SAND
(Y COMPRIS PALAISEAU)
PENDANT LA PÉRIODE
1866-1868
1866-1868. — 97, rue der Feuillantiner (aujourd'hui 90, rue Claude Bernard).
L'immeuble où G. S. élit domicile en juin 1864, en même temps qu'à Palaiseau, prenait son entrée par une porte cochère. Bâtiment sur rue ayant trois fenêtres de face, double en profon-
deur, avec aile sur la cour, élevé sur caves d'un rez-de-chaussée, entresol, l°~ avec balcon, 2~ et 3` carrés, 4` légèrement mansardé,
5` en mansardes. Construction en pierres et moëllons. Deux bouti-
ques en location. (Archiver de !a Seine, dossier DQ ~~ 84).
Le propriétaire Léguillette, 78, boulevard Beaumarchais, suc-
cédant à la Compagnie de la Rive gauche de la Seine.
G. S. occupait à l'entresol à gauche un logement de 4 pièces
cuisine
— sur la rue :antichambre, salle à manger, salon, pièce à feu ;
— sur la cour :couloir, cabinet noir, 2` pièce à feu et cuisine.
Le loyer est de 600 francs. Depuis la mort de Manceau, elle a
pris en outre deux pièces au rez-de-chaussée.
Voici l'impression de Nadar qui l'a vue dans ter appariement
c Je la retrouvai rue des Feuillantines, dans un logement d'étu-
diant, qu'elle payait six cents francs par an.
c L'ameublement en méchant reps algérien était plus que mo- deste et comme principal ornement du tout petit salon, un tapis- sier de journée avait appliqué aux murs quelques-uns de ces abo- minables dressoirs en découpages arabes d'un goût atroce, peinturlurés de bleu, de rouge et de jaune, plaqués de fausses dorures et supportant deux ou trois poteries kabyles aussi lourdes et laides que possible. Un petit oeuf d'autruche qui n'avait même pas l'excuse d'être plus gros qu'un oeuf de dinde forte, appendait,
880 pièce principale, avec une prétention mal justifiée, en guise de lustre.
c J'avais le coeur un peu serré. Jamais encore je n'avais w Mme Sand aussi gaie
< — Comment, lui dis-je, pouvez-vous vivre au milieu de ces horreurs ? Les quatre murs nus seraient peut-être préférables. Vous ne devez pas rester ici. > (Nadar, Ler Droitr de !'Homme, 13 juin 1876).
C'est Manceau qui avait procédé à l'emménagement. Faut-il lui attribuer le mauvais goût qui chagrine Nadar ? Pour en déci- der, il nous manque les lettres de G. S., qui écrit chaque jour à Manceau pendant les séjours à Pazis de ce dernier et sans doute lui donne des instructions détaillées.
1866-1868. — PalaiJeau, rue du Lavoir et rue du Four (aujour- d'hui rue George Sand).
Maison construite en moëllons pour partie, les étages en pans de bois et torchis recouverts de plâtre ; comprenant un rez-de- chaussée élevé sur cave pour un quart ; un 1°~ étage carré, un 2~ étage lambrissé ; couverte en ardoises, avec jazdin planté d'az- bres autour de la maison. Propriété acquise le 5 août 1864 par Alexandre Manceau de Mme Veuve Hippolyte Laurent Bordin, née Hottense Vemaz, moyennant la somme de 26 000 francs latte passé paz devant M° Neveu, notaire à Palaiseau).
Au rez-de-chaussée :vestibule, cuisine, office, salle à manger, petit salon ;
— au premier : 2 chambres à coucher, cabinet de travail, cabinet
de toilette ;
— au second : 2 chambres à coucher et chambre de domestique.
G. Sand et Manceau s'y installent le 12 juin 1864 au soir.
Le salon actuel sous terrasse est une addition imputable à un propriétaire postérieur.
1868. — 5, rue Gay-Lursac (5`)
George Sand, ne se plaisant plus au 97 rue des Feuillantines
dont le propriétaire a changé et où le portier c fait des mi.rèrea aux
881 locataires >, a cherché un autre appartement. Le i l mai 1868 elle en trouve un, richement décoré, dans une maison couse neuve, aux plafonds élevés, et plus proche de l'Odéon. C'est un entresol, comprenant :antichambre, salon à deux fenêtres sur la rue, salle à manger sur la cour, deux chambres à coucher dont une sur la rue, cuisine, cabinet noir. Loyer :1900 francs.
Propriétaires les frères Lavenant (Louis-Désiré et Jacques-
Eugène).
Elle s'y installe le 27 mai 1868, et ce sera sa dernière résidence
parisienne.
Aurore Lauth-Sand et Henri Amic ont publié sur cet apparte-
ment leurs souvenirs respectifs, assez contradictoires.
Amic, dans Mes rouvenirr, p. 83, écrit : < Mme Sand occupe là un gentil rez-de-chaussée... >, mais p. 202 produit une lettre de G. S. qui le supplie de prendre son appattement de Paris et ajoute que la rue est bruyante c surtout pour qui habite l'entre- sol >.
Aurore Lauth-Sand, dans le Figaro du 24 décembre 1932, dit ne pouvoir préciser si cet appartement était au 1°' ou au 2~ étage au-dessus de l'entresol (mais, soulignons-le, elle n'avait que dix ans à la mort de sa grand-mère).
Outre la précision apportée au moment de sa découverte par G. S. (voir la lettre du 11 mai, n° 13617), voici une confirma- tion : le 31 mai 1869, elle constate que son appartement est froid c parce que les boutiques au-dessous ne sont pas encore occu- pées >, ce qui ne peut être que le cas d'un entresol (Lettre à Lina, B. H. V. P., Fonds Sand, G 2337).
Voici un extrait de l'article d'Aurore, détaillant l'ameuble- ment
c Le salon était orné de quelques très beaux objets. Le magnifi- que tableau qu'Eugène Delacroix avait légué par testament à George Sand, La Nuit de Valpurgir, inspiré par le Faust de Goe- the ; une belle mise en croix de Rubens, quelques autres toiles de maîtres, des bronzes chinois ec de vieilles porcelaines. Les fauteuils au petit point d'époque Louis XIV, représentaient les fables de 'f~ fontaine ; une grande table à écrire Louis XV, que j'ai donnée au musée Carnavalet, était placée entre les deux fenêtres ; au- dessus était un beau carcel de Boulle. Un grand sofa de cuir brun pattait de la cheminée, faisant coin, et tenait toute la longueur du panneau, en face, sous le Delacroix, qui avait failli être percé d'une balle pendant la Commune.
Quelques jolies chaises et un beau buffet Renaissance complé- taient le mobilier. Par terre, un grand tapis clair, aux fenêtres de lourds rideaux, au plafond un lustre, tandis que dans le couloir
882 pendait un oeuf d'autruche enserré dans une résille passementée d'or et de soie, rapporté par Maurice Sand de son voyage en Afrique. >
On retrouve ici l'oeuf d'autruche qui avait choqué Nadar. En réalité, c'était un moulage d'un oeuf d'æpiornis, échassier des temps préhistoriques, que G. S. conservait en souvenir de Louis Maillard (voir t. XIX, p. 207, n. 2).
SUR LES DOMICILES PARISIENS
DE GEORGE SAND
(Y COMPRIS PALAISEAU)
PENDANT LA PÉRIODE
1866-1868
1866-1868. — 97, rue der Feuillantiner (aujourd'hui 90, rue Claude Bernard).
L'immeuble où G. S. élit domicile en juin 1864, en même temps qu'à Palaiseau, prenait son entrée par une porte cochère. Bâtiment sur rue ayant trois fenêtres de face, double en profon-
deur, avec aile sur la cour, élevé sur caves d'un rez-de-chaussée, entresol, l°~ avec balcon, 2~ et 3` carrés, 4` légèrement mansardé,
5` en mansardes. Construction en pierres et moëllons. Deux bouti-
ques en location. (Archiver de !a Seine, dossier DQ ~~ 84).
Le propriétaire Léguillette, 78, boulevard Beaumarchais, suc-
cédant à la Compagnie de la Rive gauche de la Seine.
G. S. occupait à l'entresol à gauche un logement de 4 pièces
cuisine
— sur la rue :antichambre, salle à manger, salon, pièce à feu ;
— sur la cour :couloir, cabinet noir, 2` pièce à feu et cuisine.
Le loyer est de 600 francs. Depuis la mort de Manceau, elle a
pris en outre deux pièces au rez-de-chaussée.
Voici l'impression de Nadar qui l'a vue dans ter appariement
c Je la retrouvai rue des Feuillantines, dans un logement d'étu-
diant, qu'elle payait six cents francs par an.
c L'ameublement en méchant reps algérien était plus que mo- deste et comme principal ornement du tout petit salon, un tapis- sier de journée avait appliqué aux murs quelques-uns de ces abo- minables dressoirs en découpages arabes d'un goût atroce, peinturlurés de bleu, de rouge et de jaune, plaqués de fausses dorures et supportant deux ou trois poteries kabyles aussi lourdes et laides que possible. Un petit oeuf d'autruche qui n'avait même pas l'excuse d'être plus gros qu'un oeuf de dinde forte, appendait,
880 pièce principale, avec une prétention mal justifiée, en guise de lustre.
c J'avais le coeur un peu serré. Jamais encore je n'avais w Mme Sand aussi gaie
< — Comment, lui dis-je, pouvez-vous vivre au milieu de ces horreurs ? Les quatre murs nus seraient peut-être préférables. Vous ne devez pas rester ici. > (Nadar, Ler Droitr de !'Homme, 13 juin 1876).
C'est Manceau qui avait procédé à l'emménagement. Faut-il lui attribuer le mauvais goût qui chagrine Nadar ? Pour en déci- der, il nous manque les lettres de G. S., qui écrit chaque jour à Manceau pendant les séjours à Pazis de ce dernier et sans doute lui donne des instructions détaillées.
1866-1868. — PalaiJeau, rue du Lavoir et rue du Four (aujour- d'hui rue George Sand).
Maison construite en moëllons pour partie, les étages en pans de bois et torchis recouverts de plâtre ; comprenant un rez-de- chaussée élevé sur cave pour un quart ; un 1°~ étage carré, un 2~ étage lambrissé ; couverte en ardoises, avec jazdin planté d'az- bres autour de la maison. Propriété acquise le 5 août 1864 par Alexandre Manceau de Mme Veuve Hippolyte Laurent Bordin, née Hottense Vemaz, moyennant la somme de 26 000 francs latte passé paz devant M° Neveu, notaire à Palaiseau).
Au rez-de-chaussée :vestibule, cuisine, office, salle à manger, petit salon ;
— au premier : 2 chambres à coucher, cabinet de travail, cabinet
de toilette ;
— au second : 2 chambres à coucher et chambre de domestique.
Le salon actuel sous terrasse est une addition imputable à un propriétaire postérieur.
1868. — 5, rue Gay-Lursac (5`)
dont le propriétaire a changé et où le portier c fait des mi.rèrea aux
881 locataires >, a cherché un autre appartement. Le i l mai 1868 elle en trouve un, richement décoré, dans une maison couse neuve, aux plafonds élevés, et plus proche de l'Odéon. C'est un entresol, comprenant :antichambre, salon à deux fenêtres sur la rue, salle à manger sur la cour, deux chambres à coucher dont une sur la rue, cuisine, cabinet noir. Loyer :1900 francs.
Propriétaires les frères Lavenant (Louis-Désiré et Jacques-
Eugène).
Elle s'y installe le 27 mai 1868, et ce sera sa dernière résidence
parisienne.
Aurore Lauth-Sand et Henri Amic ont publié sur cet apparte-
ment leurs souvenirs respectifs, assez contradictoires.
Amic, dans Mes rouvenirr, p. 83, écrit : < Mme Sand occupe là un gentil rez-de-chaussée... >, mais p. 202 produit une lettre de G. S. qui le supplie de prendre son appattement de Paris et ajoute que la rue est bruyante c surtout pour qui habite l'entre- sol >.
Aurore Lauth-Sand, dans le Figaro du 24 décembre 1932, dit ne pouvoir préciser si cet appartement était au 1°' ou au 2~ étage au-dessus de l'entresol (mais, soulignons-le, elle n'avait que dix ans à la mort de sa grand-mère).
Outre la précision apportée au moment de sa découverte par G. S. (voir la lettre du 11 mai, n° 13617), voici une confirma- tion : le 31 mai 1869, elle constate que son appartement est froid c parce que les boutiques au-dessous ne sont pas encore occu- pées >, ce qui ne peut être que le cas d'un entresol (Lettre à Lina, B. H. V. P., Fonds Sand, G 2337).
Voici un extrait de l'article d'Aurore, détaillant l'ameuble- ment
c Le salon était orné de quelques très beaux objets. Le magnifi- que tableau qu'Eugène Delacroix avait légué par testament à George Sand, La Nuit de Valpurgir, inspiré par le Faust de Goe- the ; une belle mise en croix de Rubens, quelques autres toiles de maîtres, des bronzes chinois ec de vieilles porcelaines. Les fauteuils au petit point d'époque Louis XIV, représentaient les fables de 'f~ fontaine ; une grande table à écrire Louis XV, que j'ai donnée au musée Carnavalet, était placée entre les deux fenêtres ; au- dessus était un beau carcel de Boulle. Un grand sofa de cuir brun pattait de la cheminée, faisant coin, et tenait toute la longueur du panneau, en face, sous le Delacroix, qui avait failli être percé d'une balle pendant la Commune.
Quelques jolies chaises et un beau buffet Renaissance complé- taient le mobilier. Par terre, un grand tapis clair, aux fenêtres de lourds rideaux, au plafond un lustre, tandis que dans le couloir
882 pendait un oeuf d'autruche enserré dans une résille passementée d'or et de soie, rapporté par Maurice Sand de son voyage en Afrique. >
On retrouve ici l'oeuf d'autruche qui avait choqué Nadar. En réalité, c'était un moulage d'un oeuf d'æpiornis, échassier des temps préhistoriques, que G. S. conservait en souvenir de Louis Maillard (voir t. XIX, p. 207, n. 2).
- Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN : 978-2-406-08488-4
- EAN : 9782406084884
- ISSN : 2258-8825
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08488-4.p.0879
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 11/12/2018
- Langue : Français