Principes de traduction
- Publication type: Book chapter
- Book: Correspondance. Lettres familières
- Pages: 25 to 26
- Collection: Correspondence and Memoirs, n° 57
- Series: Le seizième siècle, n° 2
Principes de traduction
La problématique du traducteur face à une langue mouvante non figée et qui se veut mimétique de l’oralité, est complexe. Il faut d’abord faire un travail sur le texte même et, en l’occurrence ici, sur des textes en plusieurs langues avec plusieurs références qui contiennent des éléments d’un réel qui nous échappe et ont un degré d’étrangeté supplémentaire1. Il faut ainsi d’abord répertorier les langues utilisées ou les variantes d’un même langage. Ensuite identifier les napolitanismes, les gallicismes, les catalanismes etc., trouver une solution pour respecter l’alternance des langues y compris dans une même phrase, identifier les ruptures de registre et de ton, identifier les lieux, personnages, situations avec leurs graphies parfois oscillantes et souvent différentes des graphies modernes, identifier les translittérations du vulgaire passées en latin pour désigner les realia du temps dans une langue qui ne les connaissait pas. L’ample annotation de la traduction permet de montrer le travail de traduction à l’œuvre. Tout est traduit, hormis les insertions en latin dans la lettre en vulgaire, comme « quidam » ou « ut ita dicam », « un certain », « pour ainsi dire », lorsque justement Pontano n’a pas le vocabulaire forcément précis ou bien lorsque ce sont des connecteurs logiques, « etiam », « tamen », « igitur », en alternance avec « però », « acciò che » et leurs formes composées.
Le plurilinguisme de Pontano se déploie aussi dans son usage de l’onomastique. Certains personnages ne sont nommés qu’en latin, d’autres qu’en vulgaire, avec des orthographes oscillantes, d’autres encore dans les deux combinaisons.
Je prends le parti d’essayer de présenter une traduction unitaire. Je respecte la graphie des noms propres telle qu’elle est dans les textes de 26Pontano, même si elle varie d’un texte à l’autre, mais dans ma traduction j’utilise la forme standard italienne pour les Italiens (Lorenzo Valla, Filippo Strozzi) ou, si elle est attestée, la forme française (Laurent de Médicis, Hercule d’Este) ; pour les Français j’utilise la forme français modernisée (Louis de Nemours, Raoul de Lannoy) ; pour les Espagnols la forme française si elle est attestée (Gonzalve de Cordoue) ou la forme italianisée utilisée par les contemporains de Pontano (Pere de Besalù, Belprat). Le nom de Giovanni Pontano lui-même est toujours traduit sous cette forme, quelle qu’en soit la graphie d’origine (Joanne, Ioanne) sauf en latin où « Iovianus » est traduit en Gioviano.
Pour la topographie, Pontano nous fait souvent une démonstration de savoir géographique en utilisant les formes antiques des territoires qu’il désigne, lorsqu’il écrit en latin. En vulgaire, il utilise les formes contemporaines, avec leur graphie oscillante également. Pour la zone de la Terra di Lavoro, à cheval sur les régions actuelles des Abbruzzes, Latium, Molise, les toponymes utilisés sont quasiment tous à commenter. Je reproduis à l’identique les formes employées et développe en note leur forme moderne si elles existent encore.
Pour le style des lettres, je ne me suis interdit aucun néologisme, aucune rupture de ton en essayant de ne rien laisser au domaine de l’intraduisible.
1 Voir le chapitre méthodologique Bistagne Florence, « Éditer et traduire une correspondance humaniste : enjeux et méthodes. Le cas Giovanni Pontano », dans De Capitani Patrizia et TerreauxCécile, dir., Actualité de l’Humanisme. Mélanges offerts à Serge Stolf, Classiques Garnier, Paris, 2020, p. 259-276.
- CLIL theme: 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
- ISBN: 978-2-406-15863-9
- EAN: 9782406158639
- ISSN: 2261-5881
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15863-9.p.0025
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-07-2024
- Language: French