Two small notes on Le Pur et l’Impur
- Publication type: Journal article
- Journal: Colette, réinventer le métier d’écrire
2023 – 8 - Author: Dupont (Jacques)
- Pages: 243 to 244
- Journal: Journal of Modern Literature
- Series: Colette, n° 1
DEUX NOTULES SUR LE PUR ET L ’ IMPUR
Dans le tome III de l’édition de la Pléiade (p. 1569-1570), nous avons cru pouvoir identifier un mystérieux « Pepe », « espagnol, de noblesse ancienne », et amateur d’ouvriers blonds (639). Nous avions tort. Dans le premier recueil de souvenirs de X.-M. Boulestin, Myself, My Two Countries1, nous apprenons, tout à fait en passant, qu’il s’agissait d’un certain « Pepe de Campo ». Nous n’avons pu trouver aucune autre information sur lui. Boulestin précise encore que c’est ce dernier qui a amené la marquise de Belbeuf rue de Courcelles, « vers 1906 ». Notre science s’arrête là, hélas.
Quelques pages plus haut dans le texte de Colette (P. 3 634), nous n’avions pu identifier en 1991 le peintre « Z » dont l’assassinat à Londres, le 24 mai 1906, dans son atelier de Bayswater, avait défrayé la chronique, et avait été commenté dans l’entourage de Colette. Une longue lettre de Boulestin à Colette2 est très probablement celle que Colette présente, bien plus tard, comme une lettre reçue de Londres par un de ses amis. Colette, qui n’a peut-être plus la lettre sous les yeux quand elle écrit, prend quelques libertés avec les détails, transforme par exemple en une « gorge poignardée » une tête fracassée par un marteau, mais se souvient plus nettement des « coups d’éperon sur les cuisses » du peintre en question : coups vraisemblablement portés par un membre des « Royal Horse Guards », levé ce soir-là dans Hyde Park par le peintre. La lettre de Boulestin désigne ce peintre par l’initiale de son nom, « W. ». Il s’agissait d’Archibald Wakley (1873-1906), peintre influencé par les Préraphaélites, qui exposait ce printemps-là à la Royal Academy (no 305 du catalogue) The Sleeping Beauty, toile sans doute dérivée de Burne-Jones3. Colette ne reprend pas la rosserie conclusive de Boulestin : « Résultat : 244tout le monde va voir à la Royal Academy le tableau de W. The Sleeping Beauty, ô ironie des titres ! C’est une jeune femme endormie dans les roses, qui montre une robe à la Rossetti, une forme de jeune garçon, et peu de talent ».
Jacques Dupont
1 X.-M. Boulestin, Myself, My Two Countries, Londres, Cassell, 1936, p. 91.
2 Collection Michel Remy-Bieth. Reproduite depuis dans Gérard Bonal et Michel Remy-Bieth, Colette intime, Paris, Phébus, 2004, p. 266-270.
3 Elle est passée en vente en 2020, pour £400 : voir https://www.christies.com/en/lot/lot-6290721 (consulté le 07/05/2023).