Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Charles Nodier, création et métacréation
- Pages : 377 à 381
- Collection : Rencontres, n° 431
- Série : Études dix-neuviémistes, n° 46
Résumés
Valentina Bisconti, « Introduction »
La doctrine littéraire et la science linguistique de Charles Nodier sont mises en regard dans la tentative de rendre visible la continuité entre deux postures créatives, qui sont étudiées spécifiquement par les contributions du volume. Le point commun en est une tendance marquée à la réflexion sur le geste créatif et son expression. Une même réflexivité investit alors les ressources sémiotiques du langage dans son fondement oral et graphique, les genres littéraires et les dispositifs narratifs.
Roselyne de Villeneuve, « Nodier au prisme de l’anecdote. Création, recréation, métacréation »
L’article retrace la présence d’un métadiscours sur l’anecdote qui double le discours anecdotique, et dévoile les stratégies scripturales que la polysémie du mot anecdote autorise. Il est montré que Nodier institue une signification qui lui permet de concevoir la création d’une manière inédite. Si l’anecdote circule à travers les genres, elle pose la problématique textuelle de la réécriture et de l’effacement énonciatif. Son potentiel pragmatique est l’un des ressorts de la création nodiérienne.
Jacques-Remi Dahan, « Passages – Charles Nodier, du fou au fou littéraire. Invention et constitution d’une catégorie »
L’article propose une catégorisation de la folie dans l’œuvre narrative et critique de Nodier, en retraçant le cheminement qui mène du fou textuel au fou littéraire. On rencontre en chemin le fou en titre d’office, image mythique du dériseur, puis le bibliomane, fou du livre et envers du bibliophile. L’article aborde enfin la catégorie des fous littéraires et met en relief les liens du panthéon restreint de Nodier avec les autres figures de la déraison qui traversent son œuvre.
378Marc Décimo, « De l’invention des fous littéraires par Charles Nodier en 1835 »
L’article esquisse une historiographie des fous littéraires en amont et en aval de l’univers nodiérien. Est opéré un centrage externe de la question permettant de retracer la filiation dans laquelle s’inscrit Nodier et le sillon qu’il trace. Il est montré que l’invention nodiérienne des fous littéraires réorganise le genre bibliographique et engage une nosologie de la folie. La création nodiérienne de la catégorie va de pair avec la volonté du bibliomane de créer une bibliothèque spéciale.
Virginie Tellier, « “De la monomanie réflective”, ou de la réflexivité littéraire chez Nodier »
L’article analyse la réflexivité littéraire subsumée dans le concept nodiérien de monomanie réflective. Il est montré que Charles Nodier acclimate en littérature le terme monomanie forgé par Esquirol : si Nodier dispute la notion au corps médico-légal, il se sert de mécanismes énonciatifs de distanciation. La folie devient alors territoire de l’écrivain s’agissant d’une sorte de pathologie de l’imagination. L’article analyse le recoupement des termes monomane, fou et lunatique.
Marta Sukiennicka, « Le vocabulaire rhétorique comme source de réflexivité dans la fiction nodiérienne »
L’article aborde le phénomène métalittéraire à partir d’une étude des genres rhétoriques qui structurent la prose romanesque de Charles Nodier, et des vocabulaires associés aux différents genres d’éloquence. L’étude montre que la convocation de l’héritage rhétorique engage la définition même de roman. Nodier pousse les divers types d’éloquence vers d’autres registres et genres qui diversifient les facettes romantiques de l’éloquence, et qui montrent un nouvel aspect de la transgénéricité romantique.
Valentina Bisconti, « L’Examen critique des dictionnaires. Un chaînon manquant entre remarques sur la langue et lexicographie générale »
L’article analyse l’Examen critique des dictionnaires, texte inclassable qui réactive deux héritages (remarques sur la langue et dictionnaires) et mélange des micro-textes polémiques de doctrine grammaticale et lexicographique. 379Après avoir rappelé la genèse de l’ouvrage, l’article le situe dans le panorama de la lexicographie française et en retrace la réception. Sont analysés ensuite ses traits structurels et énonciatifs en regard des deux autres traditions métalinguistiques convoquées.
Jacques-Philippe Saint-Gérand, « Charles Nodier successeur de P. C. V. Boiste. La lexicographie française du xixe siècle entre fantaisie, philologie et prémisses linguistiques »
Après une mise en perspective de l’activité lexicographique de Charles Nodier par rapport à sa doctrine linguistique, l’article analyse son apport au Dictionnaire universel de Boiste. Le caractère métalexicographique du travail de Boiste met Nodier face à un ouvrage doté d’une historicité critique perceptible. L’article montre à quel point Nodier complexifie l’historicité du dictionnaire de Boiste. Car la refonte de ce dictionnaire s’accompagne d’une transformation des contenus lexicaux.
Christophe Rey, « Charles Nodier métalexicographe ? »
L’article commence par poser le cadre de la métalexicographie telle qu’elle est conçue à l’époque contemporaine dans ses articulations. La finalité de l’étude n’en est pas moins d’interroger la place qu’occupe Charles Nodier dans l’histoire de la tradition métalexicographique. L’article donne un aperçu des profils multiples de Nodier en essayant de lever quelques implicites de son intérêt pour l’activité lexicographique au vu de sa double posture de grammairien normatif et de lexicographe patenté.
Daniel Sangsue, « Nodier et l’espace du livre »
L’article restitue les positions de Charles Nodier face à la surproduction de livres. Il est montré que la condamnation paradoxale de l’imprimerie s’accompagne d’une valorisation de l’oralité contre l’écriture. L’oralité devient même un ressort narratif. Une autre réaction est la tentative de maîtriser cette prolifération par la classification bibliographique. Une dernière réaction est la spectacularisation de la textualité livresque en rupture avec l’uniformisation de formats que l’imprimerie impose.
380Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « “Par les précipices ou sur les lisières”. Entre préfaces et épigraphes, l’œuvre de fiction de Charles Nodier »
L’article analyse la quête de l’identité auctoriale de la part de Charles Nodier à travers le jeu de préfaces et épigraphes. L’originalité de l’œuvre oscille entre délégation d’écriture et dépossession maîtrisée grâce à la convocation par l’auteur de sa bibliothèque personnelle. Face au soupçon de plagiat, le tempérament d’auteur est à rechercher dans l’originalité des moyens expressifs. L’article montre l’effacement des dimensions para- et métatextelle organisé par la stratégie éditoriale de Nodier.
Georges Zaragoza, « L’Histoire du roi de Bohème, une mise à l’étude de la figure du narrateur »
L’article propose une nouvelle analyse de l’Histoire du roi de Bohême à partir de la figure et des fonctions du narrateur, en contrepoint de la réflexion mise en œuvre par Charles Nodier. L’absence de nom d’auteur signifierait d’emblée une interrogation sur la paternité de l’ouvrage et, en creux, sur l’universalité du pastiche. L’article analyse les procédés de création d’un narrateur intradiégétique, indépendant de l’auteur. Le savoir-faire du conteur devient l’objet même de l’entreprise narrative.
Caroline Raulet-Marcel, « La Fée aux miettes, ou les détours d’une fable sur la lecture »
L’article s’intéresse aux figures de récepteurs dans la fiction nodiérienne. Dans La Fée aux miettes, fable métatextuelle sur la lecture, la convocation du lecteur va de pair avec une enquête sur la réception du fantastique et du merveilleux. Or le cheminement du lecteur est sujet aux bifurcations textuelles et métatextuelles dont Charles Nodier parsème son conte. Ces détours dessinent le profil d’une lecture non prescriptive, dont le gage d’intelligibilité est la sagacité du lecteur.
Luc Ruiz, « Des effets de structure dans trois contes de Nodier. Smarra, ou Les Démons de la nuit, M. Cazotte et Inès de Las Sierras »
L’article analyse trois contes en comparant leurs structures, leurs ressorts narratifs et les effets produits. Ces contes partagent le même caractère 381hétéro-narratif en ce qu’ils exhibent l’acte de raconter et l’impact de la narration sur les auditeurs. Les modalités de narration font dès lors partie de l’histoire racontée. Quant aux effets produits, l’article suit l’exploration de divers registres : frénétique, presque véridique, mélodrame, autant de tentatives de renouveler le fantastique.
Patrick Berthier, « Sbogar sur scène »
L’article étudie la transposition de Jean Sbogar sur la scène pour savoir si les richesses du romanesque subsistent au théâtre. Sont analysées quatre pièces : Jean Sbogar de Cuvelier de Trye et Chandezon, Le Belvéder ou la Vallée de l’Etna de Pixerécourt, Les Frères invisibles de Scribe et Mélesville et Sbogar de Balisson de Rougemont, Boirie et Dupetit-Méré. L’article montre que celles-ci sont le lieu d’une mutation de la fable qui est à envisager non en termes de perte mais de gain d’écriture.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09214-8
- EAN : 9782406092148
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09214-8.p.0377
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/03/2021
- Langue : Français