En se décidant à prôner le commerce, ils n’ont considéré que le poids de l’or, l’énormité et la rapidité des fortunes mercantiles ; l’indépendance attachée à cet état qui est le plus libre et le plus favorable aux développements de l’ambition, l’air de haute spéculation répandu sur de viles manœuvres que le dernier lourdaud peut concevoir et diriger au bout d’un mois (si on les lui enseigne, car on n’enseigne rien dans le commerce) ; enfin le faste des agioteurs et accapareurs qui rivalisent avec les grands de l’État ; tout cet éclat a ébloui les savants, réduits à tant de veilles et d’intrigues avant de gagner quelques écus, avant d’obtenir quelqu’avilissante production. Ils ont été étourdis, désorientés à l’aspect des Plutus commerciaux ; ils ont hésité entre la flagornerie et la critique ; enfin le poids de l’or a emporté la balance ; ils sont devenus définitivement les très humbles valets des marchands et les admirateurs de la science mercantile qu’ils avaient tant persiflée.
Charles Fourier, Théorie des 4 mouvements (Origine de l’Économie Politique et de la controverse mercantile), Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1967, p. 199-200.