Présentation générale
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers Valery Larbaud
2022, n° 58. Saint-John Perse – Valery Larbaud : Correspondance, 1911-1952 - Pages : 9 à 13
- Revue : Cahiers Valery Larbaud
Présentation générale
Premiers constats
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la correspondance entre Larbaud et Saint-John Perse n’a jamais été publiée, alors que les relations entre les deux hommes ont donné lieu à de fructueux travaux1. Il existe une raison à cela, le nombre peu élevé de lettres qui sont à notre disposition : 46 dont 15 sont de Larbaud, une de son secrétaire et 30 de Saint-John Perse, ce qui nous empêche de parler d’un réel échange. Autre constat, la répartition très inégale dans le temps de cette correspondance. De 1911, date de la première rencontre des deux hommes à 1914, celle-ci est assez fournie, mais on n’y trouve que des lettres de Leger, puis de 1914 à 1921, date du retour de Chine de Leger, elle est presque inexistante. Les échanges entre les deux hommes retrouvent une certaine densité au moment de la publication d’Anabase, en 1924, puis diminuent de nouveau par la suite en raison des activités diplomatiques de Saint-John Perse. En1935, après l’accident cérébral de Larbaud, les rapports directs cessent complètement. Dernière précision : puisque Saint-John Perse a édité dans sa « Pléiade » presque toutes les lettres qu’il a écrites à Larbaud et qu’il a mis en annexe certaines lettres de l’auteur de Barnabooth, la présente édition pourrait paraître inutile à certains. 10Mais nous savons2 que les lettres présentées dans la « Pléiade » de Saint-John Perse ne sont pas toujours conformes aux originaux : caviardage, réécriture, omissions les caractérisent. Il paraît donc important pour la connaissance des deux écrivains d’éditer la correspondance telle que nous la trouvons à Vichy dans le Fonds Larbaud et à Aix-en-Provence à la Fondation Saint-John Perse.
Classement des lettres
C’est donc un Alexis Leger-Saint-John Perse « sans masque3 », pour pasticher un titre célèbre chez les Persiens, que nous avons le projet de montrer ici. Et c’est aussi la relation particulière entre les deux hommes que nous avons l’intention de révéler. Pour ce faire, nous avons classé la correspondance en plusieurs parties et fait précéder chacune d’une introduction qui en présente les grands enjeux et permet ainsi d’alléger les notes de bas de page. Il y aura déjà la présentation des circonstances dans lesquelles s’est faite la rencontre entre les deux hommes, puis nous verrons comment s’amorce une relation fondée à la fois sur l’amour de la littérature, mais aussi sur les aides réciproques que les deux écrivains peuvent s’apporter. Leger s’honore de conseiller Larbaud dans sa carrière littéraire et il attend de ce dernier une grande aide pour sa carrière diplomatique (lettres l-16). Vient ensuite l’épisode concernant la traduction du Gîtânjali de Tagore que l’on retrouve dans deux lettres (lettres 17 et 18). On y voit combien Gide eut des difficultés à s’imposer comme le traducteur du poète indien et quel rôle joua Leger. Les lettres qui suivent, écrites par Leger, ne sont qu’un témoignage d’amitié. On n’y voit aucune demande, seulement l’envie d’avoir des nouvelles de Larbaud et de lui en donner (lettres 19-26). Entre 1915 et 1921, les deux hommes ne semblent pas s’être écrit, Leger se consacrant entièrement à son métier de diplomate. Le pneumatique envoyé par Larbaud à Saint-John Perse le 1120 octobre 1921 répond à une demande d’entrevue – non conservée – de ce dernier. Le suivant, écrit le lendemain, offre le même contenu. Les lettres 27 à 36 accompagnent la parution d’Anabase. Les dernières lettres (37-46) sont de circonstance et abordent des domaines variés : annonce d’une conférence sur Éloges, remise de la Légion d'honneur, lettre écrite par le secrétaire d’un Larbaud aphasique, qui réclame son ami, ultime lettre tapée à la machine par un Larbaud très diminué.
Notre but
Notre but, avons-nous dit, est de révéler les échanges tels qu’ils ont été réellement et d’offrir une chronologie des faits la plus exacte possible, dût-on corriger certaines datations de la « Pléiade ». Pour ce faire, nous avons toujours procédé de la même manière : nous avons lu toutes les lettres écrites par Larbaud et Saint-John Perse à d’autres correspondants où nous retrouvons les mêmes informations, et des lettres échangées entre leurs amis, lesquelles évoquent ces mêmes événements. Cette correspondance, en dépit de quelque lacune, révèle la haute estime que les deux hommes avaient l’un pour l’autre. Et en cela, sa publication est essentielle.
Les annexes
Deux annexes figurent à la suite de l’édition de la correspondance entre les deux écrivains. La première présente un échange entre un éditeur-libraire belge, Pierre Aelberts, désireux en 1964 d’éditer la correspondance entre Larbaud et Leger-Saint-John Perse, et le secrétaire de l’Association des Amis de Valery Larbaud, Robert Croquez, chargé de l’aider dans ses recherches. Le projet avortera, peut-être en raison du refus de Saint-John Perse de voir publier sa correspondance par un autre que lui. La deuxième contient les courriers échangés un peu plus 12tardivement entre Saint-John Perse et ce même Robert Croquez ainsi qu’avec Monique Kuntz, qui gérait alors le Fonds Larbaud à Vichy, au sujet de la restitution des lettres que le poète-diplomate avait écrites à Larbaud. Nous avons jugé important de publier ces « à-côté » de notre correspondance, qui en retracent l'historique. Que tous les ayants droit des correspondants de ces lettres soient remerciés pour nous avoir donné l’autorisation de les éditer.
Provenance des lettres
Les lettres de Valery Larbaud que nous publions proviennent de la Fondation Saint-John Perse (S1 à S 20 bis). La lettre datée du 1er juillet 1913 est conservée dans le Fonds André Gide de la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet. Elle a été éditée deux fois aux Éditions Gallimard, la première fois par G. Jean-Aubry, dans Valery Larbaud, Lettres à André Gide, Paris et La Haye, A.A. M. Stols, 1948, p. 88-89 et la deuxième fois par Françoise Lioure, dans la Correspondance André Gide-Valery Larbaud, Cahiers André Gide, 14, 1905-1938, Paris, NRF Gallimard, 1989, p. 149-150. Quelques lettres de Larbaud ont été publiées dans l’édition de la Pléiade de Saint-John Perse, d’autres dans Honneur à Saint-John Perse4.
Les lettres d’Alexis Leger/Saint-John Perse que nous publions proviennent du Fonds Valery Larbaud. La plupart de ces lettres de Saint-John Perse ont paru dans sa « Pléiade », parfois avec des modifications que nous signalons en note.
Nous signalons en notes celle des lettres qui sont inédites.
La correspondance entre Robert Croquez et Pierre Aelberts appartient à Delphine Viellard.
La correspondance entre Robert Croquez et Robert Carlier, la correspondance entre Monique Kuntz et Alexis Leger, la correspondance entre Alexis Leger et Robert Croquez et le texte de Robert Croquez proviennent de la Fondation Saint-John Perse.
13Remerciements
Pour ce travail, nous avons bénéficié de nombreux soutiens. Merci tout d’abord à Jean-Marie Laclavetine et Franck Perrussel, qui nous ont permis de commencer ce travail, aux bibliothécaires de la médiathèque de Vichy, Martine Chosson et Émilie Deschamps, qui ont toujours eu à cœur de faciliter nos recherches. Nous avons eu aussi un excellent accueil à la Fondation Saint-John Perse et nous remercions Muriel Calvet, sa Directrice, pour nous avoir accueillie chaleureusement et mise en contact avec les chercheurs persiens, et à Romain Mari, documentaliste, pour nous avoir fourni tous les documents nécessaires à cette édition. L’IMEC nous a permis aussi de consulter des documents annexes, nécessaires à l’explicitation de certains passages obscurs. Merci aussi aux Larbaldiens Françoise Lioure et Paule Moron, aux Persiens Claude Thiébaut et Renée Ventresque pour leur relecture. Enfin, the last but not least, merci à Yves Grimonprez de nous accompagner lors de nos périples, fussent-ils sur terre, et de partager notre intérêt pour le milieu littéraire des années 1930.
Nous dédions ce Cahier à nos parents, qui ont su l’un, nous faire aimer l’histoire et l’autre, la littérature, car c’est surtout d’histoire littéraire qu’il est question dans l’édition de cette correspondance.
Nous avons respecté pour cette édition, la typographie des deux auteurs, même si elle ne correspond pas à nos usages.
1 Voir notamment Allison B. Connell, « Saint-John Perse and Valery Larbaud », The French Review, vol. 41, no 1, octobre 1967, p. 11-22 ; Mitsuru Suda, Importance de Valery Larbaud dans l’évolution littéraire de Saint-John Perse Mémoire de maîtrise, Tours, 1980 ; Claude Thiébaut, « Rôle et influence de Francis Jammes sur Alexis Leger/Saint-John Perse », Souffle de Perse, no 5-6, revue de l’Association des Amis de la Fondation Saint-John Perse, Aix-en-Provence, juin 1995, p. 106-137 ; « Une amitié littéraire, Valery Larbaud-Saint-John Perse, Expositions à la Bibliothèque municipale V. Larbaud de Vichy, 25 mai-13 juillet 1991, à la Fondation Saint-John Perse-Aix-en-Provence, 28 septembre-31 décembre 1991, et au Musée municipal Saint-John Perse, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 15 janvier-27 février 1992.
2 C’est l’objet de l’ouvrage de Renée Ventresque, La « Pléiade » de Saint-John Perse, La Poésie contre l’Histoire, Paris, Classiques Garnier, 2011.
3 Voir Saint-John Perse sans masque : lecture philologique de l’œuvre, dir. Joëlle Gardes-Tamine, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Licorne no 77, 2006.
4 Ces indications seront systématiquement données dans notre édition des lettres.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-13256-1
- EAN : 9782406132561
- ISSN : 2429-3237
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13256-1.p.0009
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/05/2022
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français